Place de l`examen psychomoteur dans l`évaluation
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Place de l’examen psychomoteur dans l’évaluation neuropsychologique de l’enfant Place of the psychomotor appraisal in the child’s neuropsychological evaluation Sitio del examen psicomotor en la evaluación neuropsicológica del niño Jean-Michel Albaret, psychomotricien DE, maître de conférences, EA 3691 – Laboratoire “Adaptation Perceptivo-Motrice et Apprentissage”, directeur de l’Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse Université de Toulouse - 31062 Toulouse cedex 09 [email protected] Résumé La neuropsychologie a pour objectif l’étude des relations entre cerveau et comportement. L’évaluation neuropsychologique de l’enfant est donc une entreprise complexe prenant en considération la maturation et les changements liés au développement. Elle inclut différents domaines qui tentent de rendre compte du fonctionnement holistique de l’individu mais les symptômes psychomoteurs et perceptivo-moteurs y sont minimisés. Pourtant leur évaluation chez l’enfant peut réduire les risques ultérieurs de désadaptation et de troubles des apprentissages. Après une présentation de plusieurs modèles neuropsychologiques mettant en relation différents niveaux de description des Abstract Neuropsychology aims to study of the relationship between brain and behavior. Thus child’s neuropsychological appraisal is a complex method considering the maturation and the changes connected with the development. It includes various domains which try to report the holistic functioning of the individual but the psychomotor and perceptivo-driving symptoms are minimized. Nevertheless their evaluation in the childhood can reduce later risks of mismatch and learning disorders. After a presenting several neuropsychological models which propose to relate various levels of description of the disorders, the Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 troubles, l’auteur propose une revue des principaux tests permettant de diagnostiquer le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité ou encore d’étudier la motricité, le Trouble de l’Acquisition de la Coordination et les praxies gestuelles, les fonctions visuospatiales et attentionnelles, préconisant ainsi une vision interactionniste des troubles psychomoteurs. Mots clefs Développement de l’enfant – Trouble des apprentissages – Test psychomoteur –Sémiologie psychomotrice – Modèles interactionnistes author proposes a review of the main tests to diagnose TDA/H or to study motricity, Coordination Acquisition Disorder and gestual praxis, visuospatial and atentional functions, recommending so an interactionist vision about psychomotor disorders. Key words Child development – Learning disturbances – Psychomotor test – Psychomotor Semiology – Interactionist models 45 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique Resumen La neuropsicología tiene como objetivo el estudio de las relaciones entre cerebro y comportamiento. La evaluación neuropsicológica del niño es una empresa compleja que tiene en cuenta la maduración y los cambios vinculados al desarrollo. Incluye diferentes dominios que intentan dar cuenta del funcionamiento holístico de la persona, pero minimiza los síntomas psicomotores y perceptivo-motores. Sin embargo su evaluación en casa del niño puede reducir los riesgos ulteriores de desadaptación y de confusiones de los aprendizajes. Después de una presentación de varios modelos neuropsicológicos que ponen en contacto diferentes niveles de descripción de los disturbios, el autor propone una revista de las principales pruebas que permiten diagnosticar el Disturbio Déficit de la Atención/Hiperactividad o estudiar la motricidad, el Disturbio de la Adquisición de la Coordinación y las praxias gestuales, las funciones visuo-espaciales y de la atención, preconizando así una visión interaccionista de los trastornos psicomotores. Palabras claves Desarrollo del niño – Trastornos del aprendizaje – Prueba psicomotor – Semiología psicomotriz – Modelo interaccionista La neuropsychologie a pour objectif l’étude des relations entre cerveau et comportement, ou « des corrélations entre phénomènes cérébraux et phénomènes comportementaux » (Corraze, 2009, p. 87), tout en prenant en compte les influences environnementales et celles qui sont liées aux émotions et à la personnalité. Dans ce cadre, la neuropsychologie cognitive se propose d’analyser les particularités des déficits consécutifs aux atteintes ou dysfonctionnements cérébraux avec comme objectif final de tenter de déterminer les procédures, ou les étapes, des processus mentaux du sujet ordinaire. Plus récemment, la neuropsychologie, après avoir investigué les conséquences des lésions cérébrales chez le sujet adulte, s’est tournée vers l’enfant et la question du développement et de ses troubles. Mais, contrairement à ce qui est observé chez l’adulte, la majeure partie des troubles neuropsychologiques de l’enfant n’est pas la conséquence d’une lésion cérébrale visible ou d’un traumatisme crânien et, même dans ce cas de figure, la plasticité neuronale joue un rôle prépondérant dans un cerveau en cours de maturation, tout ceci interdisant une simple transposition de la clinique neuropsychologique adulte à celle de l’enfant. L’évaluation neuropsychologique de l’enfant est de fait une entreprise complexe compte tenu d’un contexte associant maturation et changements liés au développement, elle « vise à appréhender l’état de fonctionnalité de processus impliqués dans le développement cognitif du sujet, le terme « processus » renvoyant aux opérations de traitement de l’information. » (Walch et Bon, 2009, p. 50). Elle inclut différents domaines qui tentent de rendre compte du fonctionnement holistique de l’individu, tout en adoptant un découpage artificiel au regard de celui-ci : l’intelligence, la mémoire, l’attention, les fonctions exécutives, les compétences visuo-spatiales, le langage oral et écrit, les compétences numériques, la motricité et les praxies gestuelles. Dans cet ensemble, les symptômes psychomoteurs et perceptivo-moteurs sont dans la pratique quotidienne grandement minimisées, voire regardées comme une curiosité quand ils ne sont pas tout simplement omis de cette approche neuropsychologique de l’enfant (Baron, 2004 ; Albaret, 2007b). Parmi ceux-ci, les signes doux occupent une place essentielle. Ces signes dont la présence est relativement stable dans le temps sont, pour la plupart, mis en évidence par l’examen psychomoteur : mouvements anormaux, syncinésies, troubles de l’équilibre, incoordination motrice, agnosie digitale, confusion droite-gauche, anomalies perceptivo-motrices. Toutefois « ils ne sont pas pathognomoniques d’une atteinte focalisée du système nerveux » (Corraze, 1999, p. 15) ce qui rend difficile leur actualisation. Pour autant, leur prise en compte est essentielle. Nous savons en effet depuis plusieurs décennies que la présence de signes doux est un facteur de risque pour différents troubles psychiatriques ou désordres cognitifs, augmenté dans le cas d’enfants à faible poids de naissance (Fish, 1977 ; Breslau et coll., 2000). L’étude de Breslau et coll. (2000) aboutit ainsi à différentes conclusions sur une cohorte de 675 enfants (prématurés et contrôles) évalués aux âges de 6 et 11 ans : • Les enfants à faible poids de naissance présentent plus de signes doux que les sujets contrôles, 46 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique • Ces signes sont d’autant plus nombreux que la prématurité est élevée, • Ils constituent un facteur de risque d’avoir un QI < 85 plus élevé chez les enfants prématurés, • Ils ont une valeur prédictive de troubles des apprentissages et sont associés à des troubles internalisés pour l’ensemble des sujets, • Ils sont associés à des difficultés d’attention et des troubles externalisés chez les enfants prématurés. Les signes doux sont considérés comme des précurseurs dans la schizophrénie, voire dernièrement comme des endophénotypes1 (Chan et Gottesman, 2008 ; Krebs et Mouchet, 2007). Ils sont également associés à différents troubles comme le trouble obsessionnel compulsif – TOC – ainsi que l’a montré Denckla (1989) qui trouve un examen anormal des signes doux (Physical and Neurological Examination for Soft Signs – PANESS) chez 44 des 54 enfants avec TOC examinés. Modèles neuropsychologiques L’examen de l’enfant s’attache tout autant aux carences qu’aux moyens dont il dispose afin de faire un état des lieux et de réduire ainsi les risques ultérieurs de désadaptation. L’analyse de ces deux aspects permet de poser des hypothèses quant au fonctionnement du sujet et aux processus qui entrent en compte dans les difficultés d’apprentissage présentées par ce dernier, en lien avec les modèles théoriques. S’agissant des pathologies développementales, les modèles neuropsychologiques se multiplient, mettant en relation différents niveaux de description : comportemental, cognitif et biologique (Morton et Frith, 1995). Ils intègrent aussi les composantes perceptivo-motrices. Facteurs génétiques Biologie Cerveau Cognition Comportement Environnement Figure 1 : Représentation schématique des modèle neuropsychologiques incluant différents niveaux de description (d’après Morton et Frith, 1995). 1 Ou marqueurs phénotypiques. Ils sont associés à la maladie et mesurables, ils sont stables sur une période donnée et non modifiés par la thérapeutique médicamenteuse, ils sont présents chez les apparentés (sains ou non) et constituent un facteur de vulnérabilité, ils peuvent obéir à un mode de transmission génétique (Soppelsa et coll., 2009). Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 47 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique Ainsi, dans le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité - TDA/H - différentes formalisations mettent en avant le rôle des fonctions exécutives ou de l’aversion pour le délai (Sonuga-Barke, 2005). Cerveau Circuit exécutif thalamocortico-striatal Trouble du circuit exécutif D NE Cx préfrontal dorso-latéral Cognition Comportement Striatum dorsal Noyau caudé TDA/H D Figure 2 : Modèle explicatif du TDA/H selon Barkley, d’après Sonuga-Barke (2005). D = Dopamine ; NE = Noradrénaline Cerveau Circuit de récompense thalamo-cortico-striatal Anomalies des circuits de récompense Cortex orbitofrontal NE DA Cingulaire antérieur Cognition Signalement dé gradé du délai de récompense Inputs amygdale Comportement TDA/H Striatum ventral Noyau Accumbens DA Figure 3 : Modèle explicatif du TDA/H selon Sagvolden, d’après Sonuga-Barke (2005). D = Dopamine ; NE = Noradrénaline Le modèle de Barkley (1997) est centré sur la pauvreté de l’inhibition comportementale des enfants TDA/H (manque d’inhibition de la réponse habituelle face à un événement, un arrêt de la réponse en cours autorisant un délai de réflexion, contrôle des interférences). Ce déficit primaire a des répercussions sur plusieurs fonctions exécutives qui correspondent à différentes activités mentales, utilisées par l’individu pour s’autocontrôler et pour générer des comportements dirigés vers un but : la mémoire de travail non verbale, la mémoire de travail verbale, l’autorégulation des motivations et de l’éveil, la reconstitution ou capacité à organiser des éléments d’une façon originale. La résultante ultime est un défaut de l’organisation et du contrôle moteur se traduisant 48 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique par la présence de comportements sans rapport avec la tâche en cours, des actions stéréotypées, incomplètes ou labiles ainsi qu’une capacité limitée à produire des séquences motrices nouvelles ou complexes. D’un point de vue neuro-anatomique, ces fonctions sont sous-tendues par un circuit reliant le cortex préfrontal au noyau caudé et les ganglions de la base au noyau thalamique dorsomédian puis au cortex préfrontal (cf. figure 2). De son côté, le modèle de l’aversion du délai repose sur le fait que, dans une tâche de choix, les enfants TDA/H préfèrent une récompense immédiate de moindre valeur à une récompense plus importante mais délivrée plus tardivement, cette réduction du délai se manifeste alors comme de l’impulsivité. Lorsque la situation d’attente est imposée mais n’implique pas de choix, l’enfant s’intéresse à des éléments dans l’environnement qui accélèrent la perception subjective du passage du temps pour échapper au caractère insupportable de la situation : c’est l’inattention. Il peut aussi mettre en place de telles stimulations en se livrant à diverses gesticulations et de l’hyperactivité. Ces manifestations comportementales permettent d’éviter l’expérience subjective de l’attente ou d’accélérer le sentiment subjectif du passage du temps. Ce modèle se fonde sur une perturbation dans le circuit de récompense à l’origine des sensations de plaisir et de satisfaction contrôlé par les catécholamines et notamment la dopamine (cf. figure 3). La théorie dynamique du développement du TDA/H (Sagvolden, Johansen, Aase et Russell, 2005) est proche de la précédente et précise les répercussions d’un hypofonctionnement des différentes branches du système dopaminergique qui, en interaction avec les circuits frontostriataux, entraînerait les différentes manifestations du TDA/H : • La voie mésocorticale, de la substance noire au cortex préfrontal, rendrait compte du défaut d’attention et d’un manque d’organisation des comportements ; • La voie mésolimbique joue un rôle dans les processus de renforcement et serait responsable d’un gradient très bref du délai de renforcement et d’un défaut d’extinction ; • La voie nigrostriatale serait responsable des problèmes de contrôle moteur, de la maladresse, des déficits dans les apprentissages non déclaratifs, de la variabilité des réponses. De tels modèles se retrouvent dans différents troubles spécifiques des apprentissages comme la dyslexie (Ramus, 2004) ou encore dans l’autisme avec les modèles portant sur le déficit de mentalisation ou théorie de l’esprit, le déficit des fonctions exécutives ou encore la faible cohérence centrale (Valeri et Speranza, 2009). La tentative la plus récente est la proposition d’un modèle unifié des troubles des apprentissages faite par Nicolson et Fawcett (2007), s’appuyant sur le mode procédural d’apprentissage et ses deux boucles cortico-striatales et cortico-cérébelleuses décomposées chacune en deux sous-circuits responsables du langage pour l’un et de la motricité pour l’autre et rendant compte de différents troubles comme le Trouble de l’Acquisition de la Coordination - TAC, le TDA/H type inattention prédominante, la dyslexie, le Trouble Spécifique du Langage Oral. Examen de la motricité et des praxies gestuelles Élément cardinal du diagnostic du Trouble de l’Acquisition de la Coordination (Albaret et de Castelnau, 2005) mais aussi de la dysgraphie (Albaret, 1995), l’examen de la motricité et des praxies gestuelles est également important dans le cadre du syndrome de Gilles de la Tourette (Bloch et coll., 2006), du retard mental (Newell, 1985 ; Thomas et Chissom, 1972), du trouble de la lecture (Basse et coll., 1999 ; Chaix et coll., 2007), du trouble du calcul (Poovathinal et Swapna, 2000), du trouble du langage oral (Albaret, 2007a), des troubles de la communication (Haynes et Naidoo, 1991) ou encore du trouble envahissant du développement (Nayate et coll., 2005 ; Teitelbaum et coll., 1998). Il en va de même pour différentes atteintes ou anomalies du système nerveux central SNC - comme par exemple l’hydrocéphalie, les épilepsies, les tumeurs cérébrales, les traumatismes crâniens ainsi que dans nombre de maladies et syndromes (Yeates, Ris et Taylor, 2000), comme la neurofibromatose de type 1 (Rowbotham et coll., 2009). Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 49 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique Les principaux outils à la disposition du psychomotricien (cf. tableau 1) sont : la Batterie d’évaluation du mouvement chez l’enfant (M-ABC), l’Échelle de développement psychomoteur de Lincoln-Oseretsky, le Purdue pegboard, l’Échelle d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant (BHK) et différents items de la Nepsy (Albaret, 2007a). Dimensions Tests Subtests Âge Coordination multi-membres Charlop-Atwell LOMDS Pantin – animal préhistorique Facteurs F2 et F3 4-6 ans 6-14 ans Équilibre statique Charlop-Atwell M-ABC LOMDS Équilibre sur pointe des pieds Équilibre 1 Facteur F5 4-6 ans 4-12 ans 6-14 ans Équilibre dynamique Charlop-Atwell M-ABC Sauts successifs sur un pied Équilibre 2 et 3 4-6 ans 4-12 ans Écriture y compris contrôle graphique BHK M-ABC NEPSY Motricité manuelle Purdue pegboard M-ABC LOMDS NEPSY Test d’imitation de gestes NEPSY Dextérité manuelle 3 Précision visuo-motrice 1, 2 et 3 Dextérité manuelle 1 et 2 Facteurs F1, F4 et F8 Tapping Imitation de positions de mains 6-11 ans 4-12 ans 3-12 ans 6-10 ans 4-12 ans 6-14 ans 3-12 ans 4-8 ans 3-12 ans Distinction de doigts 3-12 ans Praxies idéomotrices Gnosies digitales NEPSY Tableau 1 : Tests mesurant la motricité et les praxies gestuelles Examen des fonctions exécutives Un trouble des fonctions exécutives est invoqué dans le TDA/H (Pennington et Ozonoff, 1996 ; Barkley, 1997 ; Sergeant et coll., 2002), le syndrome de Gilles de la Tourette (Lussier, 1992) et le Trouble Envahissant du Développement (Hill, 2004 ; Valeri et Speranza, 2009). Il est observé notamment chez l’enfant prématuré (Aarnoudse-Moens, 2009), après un traumatisme crânien (Mangeot, 2002), dans l’épilepsie (Parrish et coll., 2007), dans la phénylcétonurie (Smith, Klim et Hanley, 2000), dans la neurofibromatose de type 1 (Hyman et coll., 2005). Les tests utilisés par le psychomotricien sont la Tour de Londres ou de Hanoi, le Test de Stroop, le Test d’appariement d’images, le Test de labyrinthes Laby-16, le Test de classement des cartes du Wisconsin – WCST-, le Test de fluence figurale, la Figure de Rey, les Blocs de Corsi (Albaret et Soppelsa, 2005 ; Censabella, 2007 ; Roy et coll., 2005). Dimensions Planification Tests Subtests Âge NEPSY Tour de Hanoi Laby-16 Tour de Londres - 3-12 ans Mémoire de travail Blocs de Corsi - 3-8 ans Inhibition Test de Stroop Test d’appariement d’images - 8-16 ans 8-15 ans 50 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états 5-13 ans Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique Fluence Fluence figurale - 8-12 ans Flexibilité Test de classement des cartes du Wisconsin Trail making test - 8-89 ans - Tableau 2 : Tests mesurant les fonctions exécutives Examen des fonctions visuo-spatiales Les fonctions visuo-spatiales sont souvent atteintes dans le TAC, la dysgraphie, l’incapacité d’apprentissage non-verbal (Rourke, 1989), la dyscalculie ou encore le TDA/H (Sims et coll., 2003). Des troubles visuo-spatiaux se retrouvent chez l’enfant prématuré (Marlow et coll., 2007), lors de lésions cérébrales focales (Stiles et coll., 2008) ainsi que dans différentes maladies génétiques : neurofibromatose de type 1 (Hyman et coll., 2005), syndrome de Williams (Bellugi et coll., 2001), de l’X fragile (Reiss et Dant, 2003), de Turner ou encore le syndrome vélo-cardio-facial (Walter et coll., 2009). L’examen des fonctions visuo-spatiales, domaine qui regroupe les aspects visuo-moteur, visuospatial et viuso-constructif, s’effectue avec différents tests : Test de développement de la perception visuelle de Frostig, Blocs de Corsi, Figure de Rey, Test des bâtonnets, Test des trajets au sol, Test des praxies constructives tridimensionnelles de Benton, Test de rotation mentale certains items de la NEPSY : Copie de figures, Cubes, Flèches, Orientation, et de la BREV (Albaret et Soppelsa, 2005 ; Barisnikov et Pizzo, 2007). Dimensions Tests Visuo-motrice Perception visuelle Frostig Visuo-spatiale Subtests Âge - 4-7 ans Blocs de Corsi NEPSY Flèches ; Orientation 3-8 ans 3-12 ans Visuo-constructive 2D Figure de Rey A et B Test des bâtonnets NEPSY Copie de figures 4ans-adulte 7-12 ans 3-12 ans Visuo-constructive 3D Test des praxies tridimensionnelles de Benton NEPSY 5-10 ans Cubes 3-12 ans Tableau 3 : Tests mesurant les fonctions visuo-spatiales Examen des fonctions attentionnelles Les troubles des fonctions attentionnelles constituent un élément cardinal du TDA/H, mais se retrouvent également chez les enfants prématurés (Shum, 2008), dans l’épilepsie (Dunn et Kronenberger, 2005) et dans différentes maladies génétiques comme la neurofibromatose de type 1 (Hyman et coll., 2005) ou le syndrome de l’X fragile (Cornish, 2004). L’examen de l’attention porte sur plusieurs aspects de son fonctionnement. Pour l’attention soutenue, les tests de barrage sont indiqués : Test des barrages de Zazzo, Test d2 et, à un degré moindre, Test de Corkum, Test de barrage des 3 de la BREV, Tests de barrages de la Nepsy (lapins, chats, visages) par exemple. L’attention sélective est mesurée par le Test de Stroop ou encore le Test jour-nuit. L’attention divisée est essentiellement étudiée à l’aide du Trail making test partie B. Il existe enfin des batteries qui permettent d’examiner différentes capacités attentionnelles comme le Test d’évaluation de l’attention chez l’enfant : TEA-CH. Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 51 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique Dimensions Attention soutenue Attention sélective Attention divisée Tests Test des deux barrages Test d2 Test d’évaluation de l’attention chez l’enfant (TEA-CH) Test de Corkum et coll. BREV Tests d’exploration visuelle Test de Stroop Test jour-nuit Test d’évaluation de l’attention chez l’enfant (TEA-CH) BREV Trail making test Test d’évaluation de l’attention chez l’enfant (TEA-CH) Subtests Âge 1 et 2 Coups de fusil, écouter deux choses à la fois, marche – arrêt, transmission de codes Test de barrage des 3 - 9-15 ans 9-20 ans 6-13 ans Recherche dans le ciel, carte géographique Attention sélective motrice Partie B Faire deux choses à la fois 8-16 ans 4-7 ans 6-13 ans 4-9 ans 4-9 ans 6-13 ans Tableau 4 : Tests mesurant les fonctions attentionnelles Conclusion Du fait des dimensions mesurées et des troubles diagnostiqués, « il paraît donc manifeste actuellement qu’il n’est pas possible d’établir un bilan psychomoteur complet sans entrer dans la symptomatologie neuropsychologique, et inversement » (Corraze 2009, p. 86). Le diagnostic des principaux troubles du développement ne peut se passer de l’examen psychomoteur mais l’approche neuropsychologique comporte quelques exigences et renvoie notamment à la question de la nature des troubles psychomoteurs. En effet, faire passer des tests aussi sophistiqués et valides soient-ils n’est pas suffisant sans modèle théorique de référence pour mettre en perspective les éléments recueillis. Ceci amène, dans le cas présent, à considérer que les troubles psychomoteurs chez l’enfant résultent de l’interaction entre un fonctionnement cérébral en cours de maturation, le développement de processus cognitifs et l’effet de facteurs environnementaux et qu’il faut rechercher dans cette interaction les modalités qui influencent leur déclenchement et leur maintien. Il est également judicieux de s’appuyer sur des connaissances actualisées concernant les troubles, regardant par exemple les regroupements syndromiques, les éléments qui permettent un diagnostic différentiel ou encore le type de trouble fréquemment lié aux manifestations qui sont mises en avant lors de la demande d’examen afin d’orienter celui-ci. Par ailleurs, il est nécessaire de savoir quels sont les processus ou dimensions mesurés par les tests et, dans l’autre sens, quels sont les outils qui rendent compte au mieux des fonctions que l’on veut mesurer. Nous avons vu, en effet, qu’un même test peut mesurer plusieurs fonctions selon les variables prises en compte et qu’au cours de son histoire l’utilisation d’un test peut subir des évolutions. Ainsi la figure de Rey, construite à l’origine pour étudier l’organisation perceptive et la mémoire visuelle est également considérée par plusieurs auteurs comme une mesure des fonctions exécutives. La démarche neuropsychologique a le souci de la prise en compte de l’individu avec ce que cela suppose de variabilité, au niveau interindividuel mais aussi intra-individuel. Cette individualisation est également une constante du travail du psychomotricien ce qui facilite leur complémentarité au sein d’une équipe pluridisciplinaire. 52 Dossier - Le bilan psychomoteur dans tous ses états Évolutions Psychomotrices - Vol. 21 - n°83 - 2009 Place de l’examen psychomoteur dans l’approche neuro-psychologique Enfin, la question des signes doux est une nouvelle fois au centre des débats dans un nombre croissant de pathologies aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte et devrait susciter un intérêt renouvelé de la part des psychomotriciens quel que soit leur lieu d’exercice. Cette prise en compte aurait pour conséquence de positionner le psychomotricien comme « le » spécialiste de cette symptomatologie fine et exigeante. 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