Autour de la table de cuisine

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Autour de la table de cuisine
Autour de la table de cuisine
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Étude de cas
Organisation : Chee Mamuk Aboriginal Program, BC Centre for Disease Control
Région :
Colombie-Britannique
Préparé :
2010
En bref
Objectif (immédiat)
Impliquer les femmes comme éducatrices et leaders naturels dans l’organisation d’ateliers
éducatifs sur le VIH, les ITS et l’hépatite ainsi que d’activités culturelles dans leurs
communautés.
Objectif (à long
terme)
Empêcher la dissémination du VIH, des ITS et de l’hépatite chez les populations autochtones
Population
Autochtones, Femmes
Participants
Les femmes autochtones
Type de
programme
Ateliers
Lieu
Centres communautaires et autres salles disponibles
Ressources
requises
Site pour la formation
4 animatrices par communauté
Des personnes locales bien versées dans les enseignements et les activités traditionnels
Un classeur et des ressources visuelles
Un site dans la communauté où organiser les ateliers
De la nourriture et des rafraîchissements pour la formation et les ateliers
Du matériel promotionnel
Des fournitures pour les activités traditionnelles des ateliers
Envergure et duré
e
Recrutement et sélection des communautés
Orientation avant la formation et évaluation des besoins
Formation de 4 jours pour les animatrices communautaires
Calendrier suggéré de 6 ateliers par communauté, mais cela peut changer selon la
communauté
Soutien continu de Chee Mamuk pour aider les animatrices à mettre en place la formation
Date de lancement
2004
Région
Colombie-Britannique
Recrutement
Les communautés sont invitées à poser leur candidature. La sélection se fait en fonction de
certains critères. Les participantes sont recrutées par le bouche-à-oreille, des bulletins, des
affiches, sur invitation personnelle ou par Facebook.
Défis
Stigmatisation du VIH/sida, décès dans la communauté, un juste équilibre de l’information
sur le VIH et l’information culturelle, travail et responsabilités familiales des animatrices,
nouveauté de leur rôle pour les animatrices communautaires
Évaluation du
programme
Documentation sur le programme, observation pendant la formation, formulaires
d’évaluation et entrevues téléphoniques de suivi à 1 mois et 3 mois d’intervalle. Consultation
régulière avec l’équipe de Chee Mamuk.
En quoi consiste le programme?
Autour de la table de cuisine forme les femmes autochtones à devenir des leaders et des éducatrices dans leur
communauté, à renouer avec les traditions et à sensibiliser la communauté au VIH, aux ITS et à l’hépatite. Autour de
la table de cuisine utilise l’approche autochtone traditionnelle à l’éducation qui veut que les connaissances et le savoir
traditionnels soient transmis de manière informelle au cours d’activités quotidiennes. Autour de la table de cuisine
s’appuie sur la théorie de changement communautaire appelée « modèle de réceptivité potentielle d’une
communauté » qui tient compte de la culture, des ressources et de l’envie de changer de la communauté pour
aborder efficacement un sujet comme la prévention du VIH. Vous trouverez plus d’information sur ce modèle cidessous.
Autour de la table de cuisine identifie des organisations, au sein des communautés autochtones, qui seraient prêtes
à participer et recrute, forme et soutient des femmes locales comme animatrices. Les ateliers Autour de la table de
cuisine menés par des pairs combinent de l’information sur la prévention et le traitement du VIH, des ITS et de
l’hépatite avec des activités culturelles traditionnelles; chaque communauté créant sa propre approche.
Le but d’Autour de la table de cuisine est de créer un effet de ricochet grâce auquel les idées et concepts se
transmettent au-delà des personnes immédiatement impliquées dans chaque communauté. Les leaders autochtones
renouent avec la tradition en aidant à garder leur communauté et leur culture vivantes et en santé. Une fois qu’elles
ont reçu leur formation, ces femmes sont en mesure d’organiser un support de pairs dans leur communauté et
jouent alors un rôle actif dans le ralentissement de la transmission du VIH. Les communautés participantes sont
encouragées à communiquer entre elles pour se soutenir.
Qu’entend-on par modèle de réceptivité potentielle d’une communauté?
Le modèle de réceptivité potentielle d’une communauté est un modèle de changement communautaire. Pour aborder
de manière efficace un problème comme le VIH, ce modèle tient compte de la culture, des ressources et du niveau
de réceptivité de la communauté à ce problème. Autour de la table de cuisine se sert de questions d’évaluation
extraites de ce modèle pour déterminer le niveau de réceptivité d’une communauté à un programme sur le VIH.
Pour plus d’information sur l’utilisation du modèle de réceptivité potentielle, veuillez consulter les autres ressources
pertinentes.
Raison d'être du programme
Les autochtones, et surtout les femmes, sont affectés de manière disproportionnée par le VIH/sida. D’après le
Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, bien que les autochtones représentent environ 5 % de
la population totale de la C.-B., les femmes autochtones représentaient 24 % de tous les nouveaux cas d’infections
au VIH en 2009.
Étant donné l’héritage du colonialisme et l’asservissement historique des communautés autochtones, les femmes
autochtones doivent surmonter de multiples défis et obstacles à leur santé. La pauvreté, une nutrition inadéquate,
un manque d’éducation et un niveau élevé de violence affective et physique font des femmes autochtones l’une des
populations les plus vulnérables. Les femmes autochtones ont également moins facilement accès aux services de
soutien, ce qui les rend plus susceptibles de contracter le VIH.
Dans ce contexte, Chee Mamuk implique les communautés locales et éduque les femmes autochtones (souvent des
employées des services sociaux et de santé) sur le VIH, les ITS et l’hépatite d’une manière non seulement
culturellement pertinente, mais qui renforce aussi leur sentiment d’identité culturelle ainsi que leur capacité
d’éducatrice et de modèle au sein de leur communauté traditionnelle.
À ce jour, Autour de la table de cuisine a mis en place deux cycles (2004-2007 et 2008-2010) au cours desquels les
employés du programme ont organisé des ateliers de formation qui tenaient compte des différences culturelles pour
les animatrices locales. Celles-ci ont ensuite transmis cet enseignement dans leurs communautés de la ColombieBritannique, aussi bien à Vancouver que dans les communautés isolées. Autour de la table de cuisine en est à son
troisième cycle avec cinq communautés en cours de formation et soutenues en 2010-2011.
Six communautés ont participé au premier cycle. Quatre d’entre elles continuent à animer des activités. Le deuxième
cycle du projet comptait cinq communautés, trois dans le nord-ouest de la C.-B., une dans l’intérieur et une dans le
centre-ville est de Vancouver. Le troisième cycle implique deux communautés de l’Île de Vancouver, une du nord de
la C.-B., une du sud-est et une de l’intérieur.
Au départ, Chee Mamuk s’est occupé de tout le financement de la mise en place communautaire. Toutefois, à la suite
de difficultés associées à l’éloignement de certaines communautés participantes, comme la distribution rapide de
fonds à mesure des besoins, chaque communauté reçoit maintenant un petit budget (2 500 $) qu’elle contrôle. Les
communautés doivent dire comment ces fonds sont utilisés. Chee Mamuk continue à promouvoir le programme, à
former et à soutenir les animatrices dans les communautés et à distribuer le matériel de formation et de promotion.
Mise en œuvre du programme
Lieu
La formation et les ateliers Autour de la table de cuisine peuvent se tenir dans n’importe quel lieu relativement privé,
confortable, bien éclairé et tranquille pour encourager une participation confidentielle aux discussions et aux
activités. Le plus souvent, ces évènements ont lieu dans une salle de centre communautaire local.
Recrutement et engagement
Des exemples de nombreux documents mentionnés dans cette section sont disponibles dans la section Matériel du
programme.
Animatrices du programme Autour de la table de cuisine et organisations locales
Pour mettre en place ce programme dans une communauté, une organisation locale de santé ou de services
sociaux et aux moins deux de ses employées doivent s’engager dans le projet. L’organisation locale est nécessaire
pour assurer le support institutionnel, fournir un espace de travail, l’accès à une photocopieuse et à un télécopieur
et mettre deux employées ayant de l’expérience en services de santé à disposition.
Pour entamer le processus de recrutement, la coordonnatrice du programme Autour de la table de cuisine envoie
une lettre d’invitation et un dossier d’information à toutes les communautés Premières nations de la province. Ces
dossiers sont envoyés à des travailleurs communautaires, des chefs et des personnes influentes clés par le biais de
réseaux comme Santé des Premières nations et des Inuits, les associés de la santé communautaire, les centres
d’amitiés et les organisations autochtones.
La lettre d’invitation présente le programme Autour de la table de cuisine et Chee Mamuk aux destinataires. Elle
explique que ce programme à la fois novateur et traditionnel peut aider les fournisseurs de service à poursuivre leur
formation, à acquérir d’autres compétences et à apprendre des autres femmes. La lettre explique aussi le
processus de demande de candidature en précisant que les groupes intéressés peuvent contacter la coordonnatrice
du programme pour obtenir de l’aide.
Les communautés doivent joindre à leur demande une lettre de soutien du directeur de la santé ou du directeur
d’une organisation communautaire qui se consacre au projet et qui peut détacher deux employées pour aider à la
mise en œuvre. De plus, chaque communauté doit identifier au moins quatre femmes qui seront formées en tant
qu’animatrices — deux femmes employées dans les services de santé ou sociaux (comme une représentante de la
santé communautaire et une conseillère en matière de drogue et d’alcool) et deux représentantes bénévoles de la
communauté (comme une aînée et une travailleuse auprès des jeunes) qui s’engagent à participer à la formation
d’animatrice de quatre jours. Il est aussi préférable que les communautés participent financièrement au projet, car
cela aide à sa survie à long terme.
La communauté doit aussi indiquer si des ressources suffisantes (temps des employées, lieu de rencontre, soutien
de la communauté, personnes pour diriger les activités culturelles) seront disponibles pour animer les ateliers qui
auront lieu dans la communauté.
Le processus de demande lui-même est conçu pour indiquer la capacité de la communauté à entreprendre le
programme. En complétant la demande dans les délais, la communauté prouve son esprit d’équipe et l’existence
d’un soutien local pour le programme. Les communautés qui manquent de capacité peuvent recevoir le soutien de
Chee Mamuk pour la mise en œuvre du programme. Les communautés qui ne sont pas choisies seront
recommandées à d’autres organisations autochtones de lutte contre le sida qui assurent une éducation
communautaire. Elles pourront les aider à augmenter leur niveau de réceptivité à des programmes comme Autour
de la table de cuisine.
La coordonnatrice de programme et le groupe de travail évaluent les demandes et envoient les lettres d’acceptation
aux communautés choisies, puis prennent un rendez-vous téléphonique avec les représentantes de la communauté.
Au cours de ces conversations, on demande à chaque femme de penser aux points forts et aux défis de sa
communauté et d’en discuter, surtout relativement à sa réceptivité aux discussions sur le VIH, les ITS et l’hépatite.
Le groupe de travail se compose d’employés de Chee Mamuk, d’un évaluateur, d’un représentant de l’organisme de
financement de la Santé des Premières nations et des Inuits et d’une infirmière de rue du programme partenaire de
Chee Mamuk. Le groupe de travail aide à guider la prise de décisions importantes du programme comme la sélection
des communautés, l’évaluation des résultats et les recommandations pour les programmes futurs.
Un appel téléphonique de suivi permet d’identifier quelles questions précises les représentantes de la communauté
estiment qu’il faut aborder pendant la formation.
Formation
La formation de quatre jours prépare les représentantes de la communauté à devenir des leaders qui organiseront
et mettront en place le programme Autour de la table de cuisine dans leur communauté. Les participantes de
différentes communautés sont formées ensemble dans un lieu central pour leur permettre de sortir de leur
communauté et de se consacrer entièrement à la formation Autour de la table de cuisine. Cela leur donne aussi
l’occasion de rencontrer des femmes d’autres communautés avec lesquelles elles peuvent partager des idées et
former des réseaux.
La formation s’attache à l’adaptation du programme Autour de la table de cuisine que les femmes mettront en place
dans leur communauté. Les futures animatrices doivent d’abord être participantes au même type d’atelier que ceux
qu’elles dirigeront dans leur propre communauté. Les formateurs leur expliquent ensuite comment animer ces
ateliers à l’aide de techniques d’enseignement traditionnelles et leur donnent des conseils pour que l’atelier qu’elles
animent soit un succès.
Les sujets couverts sont les suivants : le contexte du VIH et les communautés autochtones; une bonne confiance
en soi; des notions de base sur le VIH, les ITS et l’hépatite; comment consommer de l’alcool et des drogues de
manière plus sécuritaire; et une sexualité saine.
Les futures animatrices reçoivent des outils de planification, des guides pour les ateliers, du matériel éducatif et un
tableau illustré autoportant. Ce dernier remplace une présentation PowerPoint et donne un caractère plus intime et
informel à la partie éducative visuelle de chaque atelier. Pour plus d’information sur ce matériel, veuillez communiquer
avec Chee Mamuk.
Les animatrices reçoivent aussi six plans de cours (les titres des ateliers figurent dans la rubrique « Mise en œuvre
dans la communauté ») qui aideront les femmes à organiser et diriger les ateliers Autour de la table de cuisine dans
leurs communautés. Chaque plan de cours présente les objectifs de l’atelier, l’évaluation des connaissances du
groupe sur le sujet, les activités, le calendrier et le matériel requis avec précision. Le plan de cours indique aussi à
l’animatrice à quel moment utiliser le tableau autoportant pour illustrer les sujets discutés.
Finalement, les animatrices reçoivent des conseils et des directives pour créer, mettre en œuvre et animer un
programme adapté aux besoins de leur propre communauté. Elles reçoivent de l’aide pour élaborer un plan de mise
en œuvre dans la communauté. Celui-ci comprend les dates des ateliers, le ou les sites, quelle animatrice prendra la
direction de l’équipe et qui sera responsable des différentes tâches (organiser la nourriture, communiquer avec la
coordonnatrice de programme, etc.). La formation se termine par une cérémonie traditionnelle qui célèbre la fin de la
formation et reconnaît la force des femmes qui vont rapporter ces enseignements difficiles dans leurs
communautés.
Mise en œuvre dans la communauté
Bien qu’Autour de la table de cuisine suive une structure spécifique, les ateliers peuvent être facilement adaptés aux
besoins de chaque communauté selon les indications des participantes et animatrices locales.
Les animatrices commencent par décider du meilleur moment pour organiser les ateliers – après-midi ou soirée, jour
de semaine ou fin de semaine, etc. – pour attirer le plus de participantes possible. Il peut y avoir 10 à 35 femmes par
atelier, le nombre idéal varie selon la communauté. En se basant sur les expériences précédentes, Chee Mamuk
recommande d’organiser un atelier toutes les deux semaines. Un atelier par mois n’est pas assez fréquent pour que
le groupe se solidifie et un par semaine peut être difficile à organiser.
Recrutement des participantes dans la communauté
Les participantes sont recrutées principalement par le bouche-à-oreille surtout dans les petites communautés
isolées. Les animatrices sont encouragées à parler à leur famille, leurs amies, à mettre des annonces dans les
journaux, à envoyer des invitations personnelles ou à faire des annonces lors de rassemblements ou de réunions
communautaires.
Le recrutement donne de bien meilleurs résultats quand le programme est présenté comme un « groupe sur le bienêtre des femmes » qui aborde des sujets de culture et de santé traditionnels comme une bonne estime de soi, les
drogues et l’alcool, la sexualité saine et le VIH. Une communauté qui avait commencé à annoncer le programme
comme étant un « groupe sur les femmes et le VIH » n’a attiré aucune participante. Quand la communauté a
annoncé un groupe sur le bien-être des femmes avec le VIH comme l’un des nombreux thèmes de discussion, elle a
pu recruter un grand nombre de participantes.
La taille des groupes varie de 11 à 35 participantes. Dans les communautés qui avaient signalé le besoin d’une
programmation plus ciblée, le recrutement était limité à une certaine population comme les jeunes femmes, ou les
femmes à haut risque de contracter le VIH, une ITS ou l’hépatite.
Ateliers
Le programme se compose généralement de six ateliers de trois heures. Typiquement, les femmes se retrouvent
pour partager un repas qui est suivi d’une heure d’activités d’apprentissage sur le sujet prévu illustrées par le
tableau autoportant et d’autres matériels visuels. Puis le groupe participe à une activité culturelle tout en continuant
à parler du sujet de la soirée de manière informelle. Chaque atelier couvre un sujet différent :
Atelier 1 : Introduction au programme Autour de la table de cuisine et discussion sur les points forts
et les défis des populations autochtones
À la fin de l’atelier, les participantes seront en mesure :
D’identifier les défis et les points forts des populations autochtones
De décrire comment des défis peuvent exposer une personne au risque de contracter le VIH, une ITS ou
l’hépatite
D’expliquer comment les individus et les communautés peuvent utiliser leurs points forts pour prévenir les
infections et aider les personnes atteintes d’une infection
Atelier 2 : Bonne estime de soi
À la fin de l’atelier, les participantes seront en mesure de :
Décrire ce qu’est une bonne estime de soi
Identifier des sources d’estime de soi
Identifier comment l’estime de soi a des répercussions sur la vie des personnes
Identifier les messages positifs relatifs à l’estime de soi
Atelier 3 : Mythes et réalités sur le VIH et l’hépatite
À la fin de l’atelier, les participantes seront en mesure de :
Décrire comment on peut contracter le VIH et l’hépatite ou pas
Offrir un soutien informel aux personnes vivant avec le VIH
Atelier 4 : Sexualité saine
À la fin de l’atelier, les participantes seront en mesure de :
Décrire ce qu’est une sexualité saine
Décrire le dépistage, le traitement et la prévention des ITS
Identifier les messages positifs sur la sexualité
Atelier 5 : Drogues et alcool
À la fin de l’atelier, les participantes seront en mesure de :
Décrire la consommation de drogues et d’alcool dans leur communauté
Décrire comment la consommation de drogues et d’alcool augmente le risque de transmission du VIH, de
l’hépatite B et C et des ITS
Décrire les façons de réduire sa consommation de drogue et d’alcool ou de s’arrêter
Identifier les ressources de soutien
Atelier 6 : Cérémonie de clôture
Les communautés sont encouragées à aborder ces six thèmes, mais elles peuvent choisir d’autres thèmes mieux
adaptés à leurs cas avec la coordonnatrice de projet. Les groupes choisissent une activité traditionnelle qui
accompagnera chaque sujet abordé. Certains groupes choisissent une activité culturelle différente pour chaque
atelier alors que d’autres préfèrent travailler à une seule activité comprenant plusieurs étapes (comme la fabrication
d’un tambour) pour tous les ateliers.
Les activités culturelles comprennent la fabrication de mocassins, la mise en conserve, le tissage, la pêche, la
fabrication de panier, de pagaie, la culture et la collecte de plantes médicinales traditionnelles.
Les guides d’ateliers d’Autour de la table de cuisine, qui sont remis aux animatrices pendant leur formation,
indiquent les points à souligner lors de chaque atelier et donnent des conseils pour encourager la participation aux
discussions.
Pour illustrer les différents sujets et les liens qui existent entre eux, Chee Mamuk se sert d’un certain nombre
d’activités brise-glace et de jeux qui augmentent le niveau d’énergie afin de stimuler la participation et la discussion.
Le jeu de l’« épée et du bouclier » en est un bon exemple. Les participantes sont assises en cercle. Chacune choisit
deux personnes : l’une sera l’épée et l’autre le bouclier. Au début, tout le monde bouge pour essayer de placer le
bouclier entre elle et l’épée. Le manuel de formation de l’animatrice comprend aussi d’autres jeux conçus pour
garder le niveau d’énergie élevé et encourager l’interaction entre les participantes.
Les animatrices peuvent également faire venir des invités comme des aînés, des infirmières ou des leaders culturels
pour guider les participantes dans ces sujets. Chaque atelier se termine par un rappel des dates, heures et sujet de
l’atelier.
Assurer un soutien continu à la communauté
Pendant la phase de mise en œuvre du programme, la coordonnatrice fait un suivi continu par le biais de courriels
réguliers et de conversations téléphoniques avec chaque animatrice. Bien que les animatrices disent apprécier le
soutien continu, Chee Mamuk n’offre pas de téléconférences générales avec toutes les animatrices, car celles-ci
préfèrent de loin un soutien personnel.
La coordonnatrice se rend dans chaque communauté pour rencontrer les animatrices, aider à la planification et à la
mise en place des ateliers, résoudre des problèmes et remplir les papiers s’il y a lieu. Cette visite est une excellente
occasion de resserrer les liens entre les animatrices et Chee Mamuk.
Ressources requises
Ressources humaines
Les compétences et l’expérience de la coordonnatrice de programme sont essentielles au succès du programme. Il
est préférable qu’elle soit autochtone, mais si cela est impossible elle doit avoir :
Des compétences prouvées dans l’offre de services culturellement pertinents aux autochtones
Une grande expérience prouvée de travail avec les femmes autochtones dans des régions rurales, isolées et
urbaines
La coordonnatrice de programme doit aussi avoir :
De l’expérience de travail dans le domaine du VIH/sida
D’excellentes qualités d’organisation et de gestion efficace du temps
Un esprit analytique et critique et de bonnes compétences de communication
De l’initiative et le désir de travailler en collaboration avec d’autres
Les instructrices qui animent la formation Autour de la table de cuisine doivent avoir :
Une grande expérience de travail dans les communautés autochtones
Une expérience de travail crédible dans les communautés autochtones
De l’expertise dans le domaine du VIH, des ITS et de l’hépatite
D’excellentes compétences d’enseignement et d’utilisation de techniques éducatives variées qui sont à la fois
interactives et engageantes
Une expérience dans le domaine infirmier chez au moins l’une des deux instructrices est préférable
Animatrices professionnelles et bénévoles :
Il faut compter environ 150 heures en tout pour animer Autour de la table de cuisine dans une communauté.
Les deux animatrices de la communauté doivent être :
Des femmes de la communauté
Des professionnelles dans un domaine connexe (représentante de la santé communautaire, infirmière,
conseillère ou travailleuse sociale)
À l’aise pour parler ouvertement et en privé de sexualité et du VIH/sida avec les membres de la communauté
Les deux animatrices bénévoles de la communauté doivent être :
Des femmes respectées et influentes dans leur communauté
À l’aise pour parler ouvertement et en privé de la sexualité et du VIH/sida avec les membres de la communauté
Les aînés de la communauté ou les spécialistes de la culture doivent être :
Des personnes respectées et influentes dans leur communauté
Des personnes qui connaissent bien les activités traditionnelles locales et sont capables d’enseigner ces
traditions aux animatrices et aux participantes
Ressources matérielles
Classeurs de formation
Tableau illustré autoportant
Matériel promotionnel comme des affiches, autocollants, cartes postales, aimants, t-shirts et châles portant le
logo du programme
Matériel visuel pour la formation et les ateliers
Fournitures pour les activités culturelles pendant la formation et les ateliers
Repas et rafraîchissements pour la formation et les ateliers
Ressources financières
Pour éviter que les communautés demandent des fonds à Chee Mamuk pour couvrir leurs dépenses, chacune reçoit
2 500 $ en « subventions de départ » pour prendre en charge les frais de nourriture, de fournitures pour les
activités et les autres dépenses nécessaires pour lancer le programme. Exemples de coûts :
Financement des communautés
Chaque communauté reçoit 2 500 $ en subventions de départ pour mettre en place le programme Autour de la table
de cuisine. Cette somme couvre le coût de la nourriture et des fournitures requises pour les activités. Jusqu’à
présent Chee Mamuk versait la moitié des fonds avant la formation et le reste à la moitié de la mise en place du
programme. À l’avenir, les fonds seront versés à la communauté une fois que cette dernière aura établi un budget
et un plan de mise en œuvre du programme, c’est-à-dire après la formation. Chaque communauté décide qui est
responsable du budget et des relevés de dépenses.
D’autres fonds sont requis par Chee Mamuk pour couvrir l’impression des classeurs de formation, des tableaux
illustrés et du matériel promotionnel (environ 7 500 $), embaucher une coordonnatrice de programme et payer les
quatre jours de formation y compris les frais de transport des participantes (environ 80 000 $).
Obstacles à la mise en œuvre du programme
Retards fréquents causés par des évènements majeurs dans la communauté comme les naissances, la
maladie, les décès.
Impossibilité pour certaines animatrices de se consacrer au programme à cause de leurs autres
responsabilités; c’est pourquoi il est important de recruter quatre animatrices pour pallier ce problème.
Il est possible qu’une des animatrices communautaires soit surchargée de travail et que la tâche soit mal
répartie au sein de l’équipe. Pour éviter cette situation, demander aux équipes d’identifier les points forts de
chacune pendant la formation pour clarifier les rôles et mieux répartir le travail.
Les résultats recherchés impliquent des changements dans des attitudes et des comportements
profondément ancrés. Le processus est donc long et difficile à mesurer. Pour atteindre les résultats escomptés
à long terme, il est nécessaire de poursuivre ce programme. Il faut donc un financement continu et des cours
de rappel pour aider les animatrices à rester à jour dans leurs connaissances.
Évaluation du programme
À ce jour, au moins 361 personnes, animatrices et participantes, ont participé à ce programme. Depuis 2006, des
données d’évaluation ont été compilées à partir de plusieurs sources :
Documentation et rapport sur le projet préparés par diverses animatrices communautaires (voir des exemples
de formulaires de rapport dans Renouer avec nos traditions dans Matériel du programme)
Entrevues personnelles (menées en personne, au téléphone ou par courriel) avec des employées du
programme, des membres du groupe de travail Autour de la table de cuisine, des animatrices communautaires
et des participantes
Observations relevées par les employées du programme pendant les ateliers
Évaluation des ateliers
Il en a été conclu que le programme a un impact général positif sur le partage culturel entre les communautés
participantes et sur l’amélioration des compétences et de la confiance en soi chez les membres de chacune de ces
communautés.
La collecte de données continue à être un défi pour Chee Mamuk. Les animatrices communautaires ont manifesté
une certaine méfiance à l’égard des évaluateurs et une certaine appréhension relative à la conduite d’évaluation.
Chee Mamuk s’efforce de résoudre ce problème en encourageant l’envoi de formulaires en échange, par exemple,
de fonds supplémentaires pour d’autres ateliers.
Bien que Chee Mamuk estime que chaque communauté qui termine le programme Autour de la table de cuisine est
un succès et que certains résultats positifs aient été notés dans les communautés desservies, les évaluateurs sont
dans l’impossibilité de déterminer les normes qui définissent le « succès ». Chaque communauté ayant ses propres
priorités et des ressources locales différentes, les résultats sont donc très variés. La majorité des personnes
interrogées s’entendent toutefois sur le fait qu’intégrer une éducation sur la santé à un renouveau des
enseignements traditionnels est un modèle efficace pour rejoindre la communauté.
Les évaluations des ateliers de formation par les animatrices étaient toujours positives. Les résultats à court terme
comprenaient une augmentation des connaissances sur le VIH/sida et de la confiance en soi pour enseigner aux
autres les pratiques culturelles petite, mais prometteuse. Les participantes ont ressenti une amélioration dans leurs :
connaissances culturelles
connaissances sur la santé
compétences culturelles
confiance en soi
fierté et identité culturelle
Les animatrices locales ont signalé une amélioration dans l’autogestion de la santé chez les participantes aux ateliers
ainsi qu’un effet de ricochet quand les participantes transmettent ce qu’elles ont appris à d’autres membres de la
communauté. Elles ont aussi signalé une réduction de la stigmatisation du VIH dans leur communauté.
Un intérêt croissant pour le programme se fait ressentir dans les communautés de C.-B. Dix-neuf communautés ont
posé leur candidature au troisième cycle, sans compter les 10 dont la candidature est arrivée trop tard. Depuis le
début de ce troisième cycle, 44 communautés ont demandé cette formation. Pour Chee Mamuk qui ne peut former
que cinq communautés à la fois, cet intérêt est énorme. À l’avenir, Chee Mamuk espère tenir ce programme deux
fois par an et organiser deux jours de formation pour les animatrices d’Autour de la table de cuisine qui aimeraient
recevoir une formation et un soutien supplémentaires.
Un manque de ressources financières a empêché Chee Mamuk de mesurer les résultats à moyen et long terme.
Ce qu'on a appris et les conclusions
Un moyen efficace d’engager les communautés autochtones à s’informer sur le VIH, les ITS et l’hépatite est
d’utiliser les qualités naturelles de leader des femmes autochtones et de faire le lien avec les enseignements
traditionnels.
Les communautés n’ont pas toutes le même niveau de réceptivité à l’égard d’un programme géré par des pairs
et qui traite du VIH, des ITS et de l’hépatite.
Il faut déterminer avec précision dans quelle mesure la communauté est prête, adapter le programme à cette
réalité et trouver du personnel engagé dans le projet pour augmenter les chances de succès.
Les animatrices communautaires doivent bien comprendre le programme, élaborer un énoncé clair d’objectifs
et d’activités, identifier des ressources et planifier une évaluation continue avant la mise en œuvre dans chaque
communauté. Le soutien continu du personnel du programme augmente les chances de succès.
Le réseautage entre les animatrices communautaires et les femmes qui ont déjà instauré le programme Autour
de la table de cuisine facilite l’apprentissage dans les nouvelles communautés et aide à assurer la continuation
du programme dans le temps.
Matériel du programme
Reclaiming Tradition Around the Kitchen Table: A model for HIV, Hepatitis C and Sexual Health Education
(http://www.catie.ca/sites/default/files/STI_Chee_Mamuk_ATKTguide_20100409.pdf)
Reclaiming Our Traditions Poster, Postcard and Sticker
(http://www.catie.ca/sites/default/files/STI_Chee_Mamuk_reclaiming_poster_20100513.pdf)
Autres matériels pertinents
Information disponible sur le site Web de CATIE
Information sur et à l’intention des Premières Nations, des Inuits et des Métis
(http://www.catie.ca/fr/prevention/populations-specifiques#autochtones)
Information sur culture, race et ethnicité
(http://www.catie.ca/fr/prevention/enjeux-sociaux-juridiques#sociaux)
Centre de distribution de CATIE : Ressources pour les Peuples autochtones
(http://orders.catie.ca/index.php?language=fr&cPath=14_52)
Ressources
Notre recherche d'espaces sûrs : Une étude qualitative sur les rôle de la violence sexuelle dans la vie
des femmes autochtones atteintes du VIH/sida
2009, Réseau canadien autochtone du sida (RCAS)
Rapport
Anglais, Français
Plus d'informations
(http://www.catie.ca/fr/ressources/notre-recherche-despaces-surs-une-etude-qualitative-sur-les-role-de-la-violencesexuelle-)
Le Réseau canadien autochtone sur le sida
2010, Réseau canadien autochtone du sida (RCAS)
Ressources pour les clients
Anglais, Français
Plus d'informations
(http://www.catie.ca/fr/ressources/le-reseau-canadien-autochtone-sur-le-sida)
Pauktuutit: Inuit Women of Canada
2010, Pauktuutit Inuit Women of Canada
Ressources pour les clients
Anglais, Inuktitut
Plus d'informations
(http://www.catie.ca/fr/ressources/pauktuutit-inuit-women-canada)
Canadian Native Friendship Centres Directory
2009, First Nation Information Project Directory
Ressources pour les clients
Anglais
Plus d'informations
(http://www.catie.ca/fr/ressources/canadian-native-friendship-centres-directory)
Coordonnées
Pour plus de renseignements sur le programme veuillez communiquer avec :
Melanie Rivers
Chee Mamuk
BC Centre for Disease Control
655 West 12th Avenue
Vancouver, British Columbia
V5Z 4R4 Canada
Tel: 1-604-707-5605
www.bccdc.ca
Produit par:
555, rue Richmond Ouest, Bureau 505, boîte 1104
Toronto (Ontario) M5V 3B1 Canada
téléphone : 416.203.7122
sans frais : 1.800.263.1638
télécopieur : 416.203.8284
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Déni de responsabilité
Toute décision concernant un traitement médical particulier devrait toujours se prendre en consultation avec un
professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) qui a une expérience des maladies liées au VIH et à
l’hépatite C et des traitements en question.
CATIE fournit des ressources d’information aux personnes vivant avec le VIH et/ou l’hépatite C qui, en collaboration
avec leurs prestataires de soins, désirent prendre en mains leurs soins de santé. Les renseignements produits ou
diffusés par CATIE ou auxquels CATIE permet l’accès ne doivent toutefois pas être considérés comme des conseils
médicaux. Nous ne recommandons ni n’appuyons aucun traitement en particulier et nous encourageons nos
utilisateurs à consulter autant de ressources que possible. Nous encourageons vivement nos utilisateurs à consulter
un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) avant de prendre toute décision d’ordre médical ou
d’utiliser un traitement, quel qu’il soit.
CATIE s’efforce d’offrir l’information la plus à jour et la plus précise au moment de mettre sous presse. Cependant,
l’information change et nous encourageons les utilisateurs à s’assurer qu’ils ont l’information la plus récente. Toute
personne mettant en application seulement ces renseignements le fait à ses propres risques. Ni CATIE ni aucun de
ses partenaires ou bailleurs de fonds, ni leurs personnels, directeurs, agents ou bénévoles n’assument aucune
responsabilité des dommages susceptibles de résulter de l’usage de ces renseignements. Les opinions exprimées
dans le présent document ou dans tout document publié ou diffusé par CATIE ou auquel CATIE permet l’accès ne
reflètent pas nécessairement les politiques ou les opinions de CATIE ni de ses partenaires ou bailleurs de fonds.
L’information sur l’usage plus sécuritaire de drogues est offerte comme service de santé publique pour aider les
personnes à prendre de meilleures décisions de santé et ainsi réduire la propagation du VIH, de l’hépatite virale et de
toute autre infection. Cette information n’a pas pour but d’encourager ni de promouvoir l’utilisation ou la possession
de drogues illégales.
La permission de reproduire
Ce document est protégé par le droit d’auteur. Il peut être réimprimé et distribué dans son intégralité à des fins non
commerciales sans permission, mais toute modification de son contenu doit être autorisée. Le message suivant doit
apparaître sur toute réimpression de ce document : Ces renseignements ont été fournis par CATIE (le Réseau
canadien d’info-traitements sida). Pour plus d’information, veuillez communiquer avec CATIE par téléphone au
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publique du Canada.
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