Barthélémy toguo Christian lhopital
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Barthélémy toguo Christian lhopital
Le regard de Christian Lhopital se nourrit de tout et entretient avec le Maniérisme un appétit pour des motifs « au goût de déjà vu » 4, déjà représentés, presque éculés. Le vaste panorama de figures qui hantent ses dessins convoque tour à tour celles des nuées du Tintoret, les défilés et parades de Federico Fellini, une modernité fin de siècle (Odilon Redon, Victor Hugo, William Blake…), la tragi-comédie des personnages de Samuel Beckett ou encore le silence médusé de Buster Keaton. Christian Lhopital est gourmand de tout : art, cinéma, danse, jazz, littérature. Cet éclectisme référentiel est assumé par l’artiste qui répond à ceux qui lui reprochent cet excès : « C’est ma vie. » L’atelier de l’artiste offre un paradigme à son travail : les dessins s’y accumulent comme par strates. Certains reposent et sont redécouverts longtemps après leur réalisation donnant lieu à l’émergence d’une nouvelle série. C’est le cas ici des Echo, initiés par de petits formats issus d’un travail interrompu par l’artiste. INFOS PRATIQUES Musée d’art moderne de Saint-Étienne Métropole Rue Fernand Léger 42270 Saint-Priest-en-Jarez T. +33 (0)4 77 79 52 52 F. +33 (0)4 77 79 52 50 [email protected] www.mam-st-etienne.fr Sa symbolique associe à la notion d’éphémère la joie d’une apparition : splendeur et désolation d’un motif qui se meurt à Fukushima. Ci-dessus : Voyage organisé 24, 2011, Technique mixte sur papier, 65 × 50 cm. 4. Op. cit. A, B et ci-contre : Courtesy Galerie Polaris (Paris) et Domi Nostrae (Lyon). Photographie Didier Michalet © ADAGP, Paris, 2013. Christian LhopitaL Splendeur et désolation 23 FÉVRIER – 26 MAI 2013 Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h. Fermé le mardi sauf pendant les vacances scolaires de la zone A. Fermé le 1er mai. Visites guidées Toute l’année : Samedi et dimanche, 14 h 30 et 16 h. Mercredi, 14 h 30. Vacances scolaires zone A : Visite adultes, tous les jours, 14 h 30. Visite enfants, mardi et jeudi, 14 h 30. Le temps est le maître du dessein : formes et images enfouies, recouvertes de peinture comme dans la série Fixe, face, seule, figures répétées, déplacées et subissant dans cet écart les métamorphoses du temps comme dans la série Voyage organisé de 2011. Enfin, dans la série Splendeur et désolation, la fausse symétrie des ailes de papillon se prête à des jeux formels de plis et de déplis. Le motif révèle l’obsession de Christian Lhopital pour le mouvement qui défait les formes. Barthélémy Toguo Talking to the Moon Entrée 1. Charlotte Perriand et le Japon 2. Barthélémy Toguo 3. Christian Lhopital 4. Collection design : en connivence avec Charlotte Perriand 5. Le Cortège de l’art GUIDE DU VISITEUR BARTHÉLÉMY TOGUO TALKING TO THE MOON Christian LhopitaL Barthélémy Toguo est né au Cameroun en 1967, il a fait ses études à Grenoble, puis à Düsseldorf, aujourd’hui il vit et travaille entre Paris et son pays natal. Travaillant la sculpture, la peinture, le dessin, la photo, la vidéo ou la performance, par le biais de la métaphore et du symbolisme, Barthélémy Toguo crée des installations qui ressemblent à des scènes de théâtre. Splendeur et désolation « Les enfants sont célestes, ils vivent toujours dans une sorte de ciel, quand ils grandissent le monde se dérobe à eux. » Comment parler de l’Afrique ? « Nous ne parlons plus de “l’Afrique” que par facilité, par confort. En réalité, cette Afrique n’est qu’une notion géographique [car] elle est un authentique océan, une véritable planète, un cosmos riche et varié 1 ». L’imaginaire de Barthélémy Toguo donne lieu à des dessins qui semblent produits sous l’effet « d’une potion [magique] préparée par un sorcier ». Dans African Spirit (2010), ces dessins à l’encre et à l’aquarelle sont peuplés de créatures fabuleuses, de bêtes, de têtes ou de corps humains. Ces dessins fluides et translucides laissent « libres des espaces dans lesquels l’imagination du spectateur peut prolonger les rêves et les récits de l’artiste ». Couverture : Judith tranchant la tête d’Holopherne n°08, 2012, Porcelaine de Sèvres, 40 cm de diamètre. © ADAGP, Paris, 2013. Ci-dessus : Head above water, 2011, Cartes postales, techniques mixtes. 1. R. Kapuscinkin in B. Toguo, Cahiers d’art contemporain, Repères n° 146, Galerie Lelong, 2010. La série des fantômes Ghost tonight (2012) est une invitation dans son jardin secret rempli de saynètes « où les corps jouissent et souffrent, continuellement tiraillés par l’excès de plaisir qui entraîne leur perte ». Cette idée de la souffrance se retrouve dans des figures percées de petites aiguilles. D’autres figures tiennent à la fois de l’homme et de la plante et se présentent comme l’arbre de la vie (Affiche de R. Garros, 2011). Imprégné de culture européenne, Barthélémy Toguo réinterprète à sa manière la scène biblique de Judith tranchant la tête d’Holopherne sur des plaques en céramique (porcelaine de Sèvres, 2010) en jouant sur la plasticité du corps, des organes. Elles fonctionnent comme une surface vivante et organique. Robert Walser, La Promenade, 1917. B « À ma sortie de l’École des beaux-arts de Lyon en 1976, le dessin s’est imposé à moi par sa pratique légère et nomade, une feuille de papier, un crayon ou un stylo bille. » 2 Cette pratique depuis s’est développée de manière constante, voire itérative, au travers de séries qui à chaque fois, éprouvent et mettent en jeu des modalités du dessin qui vont du répertoire de l’informe au dessin au trait, exploitant tous les possibles du médium dans une variation de supports, de formats et de techniques. The African Spirit, 2010, Encre de Chine. © ADAGP, Paris, 2013. Citoyen du monde, étranger partout où sont nos racines, d’où sommes-nous ? Le nomade a-t-il une conscience plus forte de son identité que le résident ? L’artiste est-il toujours un nomade, même immobile ? Dans la série d’aquarelles intitulée What’s your name (2004), Barthélémy Toguo s’interroge sur sa propre identité. Elle se présente comme des cartes à jouer de la série des trèfles. Avec humour, une des têtes a un ballon de foot au lieu d’un nez rouge. L’artiste fait souvent allusion à ce sport et il aime se comparer aux footballeurs camerounais qui doivent s’expatrier en Europe pour jouer. Barthélémy Toguo traite des questions politiques et sociales. C’est l’occasion sans doute pour lui, de faire le point sur les nouvelles zones de conflit : entre la représentation médiatique et la fiction, entre esthétique et géopolitique, entre engagement personnel et problématique universelle. Comme l’artiste l’a déjà fait pour le Kosovo et la Serbie en 2004, cette exposition donne la parole aux habitants du Caire et de Tunis, qui parlent librement des manifestations politiques, du Printemps arabe, de leur environnement, de leur réalité quotidienne et de leurs espoirs sur des cartes postales adressées à Barthélémy Toguo (Head Above Water, 2011). Comme le dit l’artiste en citant Emmanuel Kant, « l’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire, il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes ». Pour la création de sa nouvelle pièce sculpturale dans une salle du musée, Barthélémy Toguo accorde « autant d’importance à son aspect esthétique (choix des matériaux, couleurs, formes, rendu visuel) qu’à son contenu, qu’il soit politique, économique, social ou autre ». Artiste engagé, Barthélémy Toguo pense « qu’au regard de l’absence de démocratie et de liberté, les Africains doivent comprendre qu’ils ne doivent pas capituler ». A A. Echo VI, 2012, Crayon, acrylique sur papier, 153 × 114 cm. B. Splendeur et désolation, 2012, Poudre de graphite, pastels, crayons de couleur. 210 × 114 cm. 2. Rires, silence et peur, Christian Lhopital, extrait du colloque « 1959 – 2009 – 2059 ré-inventer la politique culturelle », Université Lumière Lyon 2 / Drac Rhône-Alpes, 2009. 3. Op. cit. Le corpus présenté ici sous le titre Splendeur et désolation rassemble des dessins réalisés entre 2010 et 2012 et montre un ensemble cohérent pour qui veut pénétrer un monde halluciné « où se mêlent, le songe, le rêve et le réel ».3 Un univers enfantin de têtes, de monstres, de diablotins, d’objets anthropomorphes effectuent des mouvements glissés de chutes. Une peuplade d’innocents habite les flaques (série Flaques, 2012). D’autres trouvent une demeure dans de légères bulles cosmiques ou de savon (série Echo, 2012). De petits corps se liquéfient au contact d’un plan dur ; des enfants portent des masques étranges de candeur et de mort, se consument ou se dégonflent dans un geste de poudre de graphite, un sourire rouge aux lèvres, mi-figue, mi-raisin (série La peau sur la table, 2012).