Barthélémy-Toguo-Barthélémy Toguo

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Barthélémy Toguo
Barthélémy Toguo
04 nov. - 23 déc. 2005
Paris. Galerie Anne de Villepoix
Barthélémy Toguo n’aime pas les injustices (comme tout le monde !),
ni la guerre (comme tout le monde !), ni les croisades bushistes
(comme tout le monde !). Barthélémy Toguo est un artiste (comme
tout le monde !)… qui évite (souvent) le pathos (comme très peu !)
Par Maxence Alcalde
L’exposition de Barthélémy Toguo s’ouvre sur une étrange
pièce. Il s’agit d’une table basse très colorée en céramique
rappelant à la fois une maquette d’architecture et le jeu des
«Petits Chevaux» de notre enfance. Son titre, Baby Bomb
(2005), nous met la puce à l’oreille. En s’approchant de
l’œuvre, on découvre des visages de nourrissons parsemés
de végétaux formellement proches des sculptures des
bâtiments d’Antonio Gaudi. On apprend que Baby Bomb est
un mémorial dédié aux enfants irakiens morts durant
l’assaut américain à Fallouja. Le ludique s’efface alors
devant la cruauté ambiguë qui se dégage de cette pièce :
les visages deviennent des «emmurés» et les jolis végétaux
font figure de couronnes funèbres… Le ton de l’exposition est
donné.
Mais on continue à jouer, du moins pour sauver les
apparences. Quatre œuvres nous y invitent. Keep Your
Shape (2005), I’m Fed Up With the Little Woman Role
(2005), Harvest (2005) et Loneliness (2005) sont chacune
constituées d’une image banale que Toguo transforme en
figures de jeux de cartes. Dans l’ambiance de cette
exposition, on ne peut que penser aux jeux de cartes
distribués aux GIs durant la dernière guerre d’Irak. Ces
cartes avaient pour but de familiariser les soldats avec les
visages des dignitaires du régime de Sadam Hussein alors
en fuite. Avec Toguo, ces portraits des dignitaires sont
remplacés par des images du quotidien : un baiser, un
homme sur une chaise, une famille qui visite un zoo, un
étalage de chaussures… Doit-on alors chasser le banal? Si
on s’attache à la «couleur» du jeu de carte, notre vision est
totalement différente.
Ces cartes sont toutes des as de trèfle, trèfle symbole de
chance à moins qu’il ne s’agisse d’espoir…
Comme toujours avec le jeu d’échecs, l’affaire se complique.
Si Marcel Duchamp avait pour un temps abandonné l’art
pour les échecs, Toguo abandonne les échecs à l’art. La
série «Life is a Chessboard» (2005) présente quatre
dispositifs identiques constitués d’un échiquier accroché au
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mur tel un tableau, en dessous duquel est décliné une
mosaïque de visages. Davantage tourné vers un regard
intérieur que vers l’exploration de l’actualité mondiale la
plus sordide, Toguo offre avec cette pièce une pause
méditative et introspective.
Mais la politique n’est jamais très loin… Les pièces du jeu
d’échec représentent des groupes dont l’activité belliqueuse
a ponctué l’histoire occidentale : les guerres coloniales, les
nordistes et les sudistes, les royaumes européens, etc.
Comme pour nous rappeler que ce jeu — apparemment
inoffensif — est une abstraction des pratiques guerrières ;
jeu qui a par ailleurs été — depuis sa création —
unanimement apprécié des différents chefs de guerre.
Mis en regard de certaines pièces très fortes présentées
pour «Slow Destruction», la plupart des œuvres sur papier
ont du mal à trouver leur place dans cette exposition. Avec
ses aquarelles monochrome (rouge), Toguo semble répéter
ses propos antérieurs tout en adoptant un style proche
d’œuvres du début des années 1990 de Marlène Dumas. Ce
genre de pièces trouve cependant un sursaut salvateur avec
Head Above Water 2, Nigeria (2005), œuvre finalement
assez complexe composée de 96 cartes postales mêlant
texte et aquarelle.
Est-il alors possible de résumer l’œuvre de Toguo? Au fond,
oui : Barthélémy Toguo n’aime pas les injustices (comme
tout le monde !) ; Barthélémy Toguo n’aime pas la guerre
(comme tout le monde !), Barthélémy Toguo n’aime pas les
croisades bushistes (comme tout le monde !) ; Barthélémy
Toguo est un artiste (comme tout le monde !)… qui évite
(souvent) le pathos (comme très peu !).
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