Données historiques : D`Abbeville à La Châtre, la collection Baillon

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Données historiques : D`Abbeville à La Châtre, la collection Baillon
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Données historiques : D’Abbeville à La Châtre, la collection Baillon de chauves-souris
Michèle LEMAIRE* & Laurent ARTHUR*
Résumé. - Le musée de la Châtre, dans l'Indre, possède une collection d'oiseaux naturalisés d’un grand intérêt historique constituée à la fin du
XVIIIème et au début du XIXème siècle par Emmanuel Baillon (1742-1802) et son fils François (1778-1855). L'inventaire de ce fonds
en 2011 allait dévoiler un trésor qui n'était pas qu'ornithologique : 19 boîtes contenaient en effet plus de 40 spécimens de chiroptères
totalement oubliés. Si les spécimens avaient souffert du temps, il y avait au dos des boîtes des étiquettes calligraphiées qui conféraient à
ces pièces une inestimable valeur : descriptions, dates et commentaires sur des espèces collectées en Picardie et le nord de la France dans
les années 1810/1850.
Mots-clés. - Baillon ; Abbeville ; Picardie ; Nord – Pas-de-Calais ; Leisler ; Savi ; Tizenhauz.
LE MUSÉE GEORGE SAND
ET DE LA VALLÉE NOIRE
Le musée George Sand de La Châtre, dans l’Indre, abrite
des souvenirs et œuvres littéraires ou épistolaires de George
Sand, des toiles et dessins d’artistes de l’école de Crozant et une
section d’histoire naturelle réputée par sa collection historique
d’oiseaux naturalisés.
Cette prestigieuse collection, riche de 2478 oiseaux, est
d’un grand intérêt avéré car elle fut constituée entre la fin du
XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle, ce qui la
place parmi les plus anciennes collections connues, et ses
auteurs sont les Baillon père et fils, pourvoyeurs d’oiseaux pour
Buffon, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire.
BAILLON PÈRE ET FILS
Le père, Jean-François-Emmanuel Baillon (1742-1802),
commença la collection en naturalisant lui-même des spécimens de sa région, dans les environs d’Abbeville dans la
Somme, et en pratiquant des échanges avec ses prestigieux
correspondants.
Le fils, Louis-Antoine-François Baillon (1778–1855), dans
le sillage de son père, fut quelques années assistant-naturaliste
au Jardin des Plantes puis, de retour à Abbeville à la mort de
son père, correspondant de Geoffroy Saint-Hilaire et de
Bonelli. Il pratiqua, lui aussi, des échanges, proposant les
oiseaux d’Abbeville contre ceux des grandes expéditions du
XVIIIe et XIXe s.
La postérité retiendra ces naturalistes assidus en leur attribuant 3 espèces dédiées à leur nom : la Marouette de Baillon
(Porzana pusilla), le Puffin de Baillon (Puffinus lherminieri
bailloni) endémique de l'île de la Réunion et le Toucan de
Baillon - ou Araçari - (Pteroglossus bailloni).
COLLECTION BAILLON DE LA CHÂTRE
Conséquence des successions, les oiseaux du musée de La
Châtre correspondent une partie seulement de la collection
Baillon, l’autre moitié étant restée dans la région d’origine de
la famille et se trouvant aujourd’hui au musée Boucher de
Perthes d’Abbeville [QUEMIN & GOURAUD 2011].
L’intérêt porté par les experts du MNHN tels que C. Erard
ou Jacques Cuisin, du laboratoire des Mammifères et Oiseaux,
Amandine Péquignot, spécialiste de l’histoire de la taxidermie
ou Michel Van Praët, muséologue, a déclenché la nécessité de
mieux connaître la collection et d’envisager une meilleure
gestion et une conservation irréprochable des spécimens.
Annick Dussault, la directrice du musée de la Châtre, mènera
toutes les démarches pour qu’un inventaire complet des
oiseaux soit programmé et il sera réalisé durant 9 mois en 2011
grâce à l’aide financière de la DRAC Centre et du Ministère de
l’Enseignement supérieur et la Recherche par Christophe
Gouraud et Madeline Quemin. L’inventaire est l’étape
préalable à un déménagement de la précieuse collection vers
des locaux plus adaptés à leur conservation que le donjon dans
lequel elle est conservée.
Suite à cet inventaire, la collection Baillon ne démentira pas
son intérêt avec 8 spécimens de 5 espèces disparues (Conure de
Caroline, Eider du Labrador, Tourte voyageuse ou pigeon
migrateur, Monarque de Nuku Hiva, Glaucope cendré). Il en
ressort aussi des spécimens provenant des premières grandes
expéditions (Dumont d’Urville en Terre Adélie et en Amérique
du Sud, Nicolas Baudin, …). Une étude plus approfondie
pourra peut-être détecter des types que l’ancienneté des naturalisations peut laisser espérer.
Au hasard des manipulations nécessaires à l’inventaire, une
série de 19 boîtes contenant des chauves-souris a émergé, ce
qui n’était pas particulièrement connu. A partir de là, le
muséum de Bourges fut contacté pour expertiser ce nouvel
ensemble, vérifier les identifications et tenter d’en découvrir
plus sur l’histoire de ces spécimens.
ETAT DE LA COLLECTION DE CHAUVES-SOURIS
CONSERVATION
Les chauves-souris sont présentées dans des boîtes de type
boîte entomologique ce qui induit 2 constats, l’état du contenant et celui des spécimens.
> Le contenant :
Les boîtes sont en bois brut à l’extérieur et peintes en blanc
à l’intérieur. Le bois est parfois d’une récupération évidente
(inscription sans rapport avec la collection). Une vitre est
collée au-dessus.
Les boîtes sont de taille standardisées et mesurent : 40 x 30
ou 30 x 30 cm.
L’état du contenant est globalement mauvais. Certaines
vitres sont cassées ou décollées. On ne constate pas cependant
une poussière excessive, leur empilement ayant dû les protéger
au cours du temps.
> Le contenu :
Les boîtes contiennent de un à quatre spécimens.
Ces chauves-souris ne sont pas séchées momifiées mais
naturalisées. Les individus les plus abimés permettent de
repérer qu’ils sont remplis de coton pour donner le volume du
corps. Le crâne est présent et les dents sont parfois visibles, ce
qui peut aider à l’identification. La position est classique, iden-
——————————
* muséum - Les Rives d’Auron - 18000 Bourges. [email protected] et [email protected]
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tique à celle des chauves-souris des collections du XIXe siècle,
c'est-à-dire en position crucifiée. Seul un individu est présenté
ailes repliées (dit « empaillé debout ») dans une boîte avec
2 autres de la même espèce en position étalée.
Une étiquette accompagne certains spécimens donnant le
nom scientifique de l’époque. Certaines étiquettes sont vierges,
il est possible que l’écriture ait disparu.
L’état des chauves-souris est globalement assez mauvais.
Elles sont décolorées, preuve qu’elles ont été exposées à la
lumière autrefois. Des ailes sont rongées, certains spécimens
très abimés. L’un d’eux est totalement détruit par des parasites
des collections et forme un amas informe. Dans une autre
boîte il ne reste qu’une aile sans trace du reste du corps ce qui
doit signifier que l’animal a été enlevé.
LES INFORMATIONS
Pour qu’une collection soit intéressante, elle doit être renseignée afin d’être pourvoyeuse d’informations. A ce titre, les
étiquettes accompagnant les chauves-souris sont décevantes, le
nom de l’espèce est indiqué sans autre précision de localisation
ou de date. Sans informations, les naturalistes ne peuvent rien
interpréter.
Nous avons pensé qu’il pouvait exister un catalogue à part.
La seule publication retrouvée est le Catalogues des mammifères,
oiseaux, reptiles, poissons et mollusques observés dans l’arrondissement d’Abbeville par François Baillon, en 1833 dans les
Mémoires de la société royale d’émulation d’Abbeville. Cette
petite publication est aussi pauvre, sans aucune localisation, il
s’agit d’une simple liste des espèces de Picardie, quelques
descriptions anatomiques complètent certaines espèces, un
astérisque désigne celles qui n’avaient été observées qu’une fois.
Les chauves-souris représentent 12 espèces sur les 57 mammifères décrits. Le catalogue n’est pas lié à la collection.
Une excellente surprise nous attendait toutefois lorsque
nous avons regardé sous les boîtes. Rédigés à l’encre noire sur
papier collé ou directement sur le bois, des inscriptions
courtes, ou des textes, décrivent les spécimens.
Les chargés de l’inventaire ornithologique ayant l’habitude
de lire les étiquettes collées sous les socles des oiseaux, voient
aussitôt que l’écriture est identique. Le lien est bien confirmé
entre la collection ornithologique des Baillon et la série chiroptérologique découverte.
Pour lire le plus aisément possible les mentions inscrites
sous les boîtes, il a été procédé en 2 étapes. Les chargés de la
collection ornithologique ont d’abord décrypté l’écriture et
transcrit ce qu’ils déchiffraient des textes, puis les spécialistes
en chiroptères ont repris cette première transcription pour
éventuellement la compléter en fonction de leurs connaissances des espèces et de leur comportement.
RÉSULTATS
Le travail a consisté, d’une part, à vérifier les identifications
et, d’autre part, étudier les informations délivrées par la collection.
LES ESPÈCES
Identifications
Compte tenu de leur intérêt historique, nous avons procédé
à une identification sans aucune action intrusive sur les spéci-
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mens. Nous nous sommes contentés de mensurations, d’observation des dents visibles et nous n’avons pas manipulé les individus même s’il pouvait y avoir des renseignements sur la face
non visible, notamment pour déterminer leur sexe.
Seules exceptions, nous avons extrait le crâne du spécimen
détruit par les nécrophages pour une identification plus fiable
et nous avons extrait les dents de lait et les incisives du vespertilionidé 650.1 4. Le crâne et les dents ont été bien entendu
conservés et replacés dans leur boîte dans un container fixé.
Pour les oreillards, l’observation sur le spécimen complet
sans autre intervention fait que nous ne pouvons donner
qu’une identification très probable car basée uniquement sur
des mensurations externes. Il aurait fallu extraire le crâne pour
être plus précis.
Les 39 individus d’espèces européennes ont été identifiés
(Tab.1).
Tableau 1. - Les
espèces de la collection Baillon.
12 espèces européennes sont représentées. Pour la famille
des Rhinolophidés, seul le Petit rhinolophe est en collection.
Les 11 autres espèces sont des Vespertilionidés : Murins de
Daubenton, de Bechstein, à oreilles échancrées, Grand murin,
Oreillards roux et/ou gris, Noctules commune et de Leisler,
Pipistrelle commune, Sérotine commune et Barbastelle.
3 individus sont encore à étudier, il s’agit d’espèces non
européennes : un Ptéropodidé et 2 Verpertilionidés (annexe 2).
Confrontation avec les identifications d’origine (annexe 1)
Une fois nos identifications achevées nous avons pu vérifier
les synonymies avec les noms utilisés au XIXe siècle [Tupinier
2001]. Les identifications d’origine confirment les bonnes
connaissances naturalistes de Baillon qui étaient loin de la
« grande et de la petite chauve-souris » du XVIIIe siècle.
Seules les noctules communes posent problème. L’une est
inscrite sous la dénomination Nyctalus lasiopterus, soit la Grande
noctule, l’autre avec différentes synonymies de N. noctula mais
avec aussi « Vesp. ferrugineus (Brehm) et lasiopterus (Schreb.) »
qui n’étaient en principe attribués qu’à la Grande noctule.
On peut constater que les dénominations inscrites sur les
étiquettes pour une même espèce diffèrent mais sont toujours
une bonne identification. Les nomenclatures variaient peut-être
en fonction de la date de la détermination.
Baillon discute l’hypothèse qu’un Murin de Daubenton
(n° d’inv. 650.1.1) pourrait être un Murin des marais (« dasyc-
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nemus »), nom apparu en 1825 par Boie [Tupinier 2001]. Il
connaissait les équivalences récentes tel que le nom de genre
Plecotus créé par G. Saint-Hilaire en 1828 ou bien était informé
de la description nouvelle de Vespertilio beichsteinii par Leisler et
publiée par Kuhl en 1817. Tout ceci montre son intérêt pour les
découvertes de son époque.
Pour les oreillards, il a indiqué toutes les synonymies :
Plecotus vulgaris, Plecotus brevimanus, Vespertilio auritus, Plecotus
auritus, comme on les trouve dans le dictionnaire des sciences
naturelles de Desmarest (1829) avec lequel il a pu travailler.
Cette multitude de noms reflète les difficultés d’identification et
les questionnements des naturalistes du moment sur des différences observées entre spécimens.
Rappelons qu’à cette époque Vespertilio murinus ne désignait
pas le Vespertilion bicolore mais correspondait au Myotis myotis
actuel, soit le Grand murin.
Bien entendu, certaines espèces sont difficilement distinguées
à cette époque, notamment au niveau des vespertilions. D’autres
étaient encore inconnues, ainsi il n’y avait pas de distinction
entre les Oreillards roux ou gris.
Cet inventaire a permis de confirmer et d’actualiser les identifications.
LES COMMENTAIRES
Pour une bonne exploitation de la collection, nous nous
sommes ensuite penchés sur les commentaires relevés au dos des
boîtes. Ces dernières ayant subi les atteintes du temps, de l’humidité et les ravages des xylophages et des moisissures, des
manques parfois importants gênent dans la lecture des observations consignées et sont, dans certains cas, définitivement
perdues.
La majorité de la transcription a été assurée par les chargés de
l’inventaire de la collection ornithologique. Cependant quelques
termes plus spécifiquement chiroptérologiques ont pu être
ajoutés (annexe 3). Un travail plus approfondi pour décrypter le
long texte de la boîte des Barbastelles indiqué au départ comme
indéchiffrable nous a motivé car cette espèce est peu connue
dans le nord de la France.
Les commentaires apportent des données variables suivant les
boîtes : ils précisent des localisations, donnent des datations, un
certain degré de rareté, des observations comportementales et
offrent aussi l’occasion de connaître les personnalités que
côtoyait Baillon.
Il est à noter que le terme chauve-souris n’est utilisé qu’une
seule fois, pour nommer la « chauve souris oreillard ».
Datations (Tab. 2)
Les datations des chauves-souris, toutes entre 1818 et 1851,
indiquent que cette collection a été montée par François Baillon
(1778–1855), le père étant décédé en 1802.
Un Petit rhinolophe est le spécimen le plus ancien daté de la
collection (septembre 1818) ce qui en fait également la donnée
la plus ancienne de Picardie, une pipistrelle commune est la plus
récente de la collection (1851) mais est aussi l’individu le plus
ancien de son espèce pour la région.
Cependant sans être datés, deux noctules et un Petit rhinolophe sont obligatoirement plus anciens car ils ont été envoyés
de Hanau (Allemagne) par Johann Leisler qui est décédé en
1813.
19 individus sur les 39 ne sont pas datés ou la date est
malheureusement indéchiffrable.
Tableau 2. - Datations et localités des spécimens de la collection
Baillon.
Les localisations (Tab. 2)
Des précisions sont données sur le milieu de vie où les individus ont été trouvés :
Ainsi l’oreillard vit « Dans les souterrains des fortifications et
dans les greniers », la Barbastelle s’observe en souterrain, le
Murin de Daubenton, le Grand murin et le Murin de
Bechstein dans des carrières mais plus rarement dans les
souterrains et les fortifications en ville : « Cette espèce [M. bechsteini] a été trouvée …, une dans la carrière de m. d’Applaincourt
à Cauchy, quatre dans celle des Monts de Caubert près d’Yonval
et trois dans celles du pont Remi… ».
Le Grand murin est « Rare à Abbeville dans l’intérieur de la
ville et dans les souterrains des fortifications. Mais commune dans
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les carrières et les cavités et surtout dans celles du pont Rémi
correspondant l’hiver où elles [sont] très abondantes. [...] dans les
carrières du [...] en février 1835.[...] ou cette espèce [...] plus
[...] »
D’une manière plus générale, les carrières semblent un site
de prédilection pour trouver et mettre en collection les
chauves-souris : carrières du Pont Rémi, du bois d’Epagne, de
Cauchy, des monts du Caubert, d’Eaucourt et du site non
déchiffré du [Pratell…].
Baillon précise, à l’inverse, que les noctules et les sérotines
ne sont jamais trouvées dans les souterrains.
Les localisations géographiques indiquent régulièrement
Abbeville ce qui permet d’identifier 7 espèces pour l’époque
dans cette ville (R. hipposideros, B. barbastellus, M. daubentonii,
M. myotis, N. noctula, P. pipistrellus, P. austriacus). Dans la cité,
carrières, souterrains, tours des fortifications et arbres creux
étaient explorés.
Peu de spécimens sont des prélèvements hors région : une
Barbastelle a été rapportée de Dijon par une relation, m.
Delahaye d’Amiens, deux noctules et un Petit rhinolophe
expédiés de Hanau et un Petit rhinolophe d’Italie (Pise ?).
Sexe et âge
Lorsque cela était possible sans manipulation, nous avons
pu confirmer le sexe des individus. Baillon tentait de faire une
collection de référence cohérente en ayant au moins un mâle et
une femelle par espèce. Il est allé jusqu’à prélever au moins un
juvénile « pris sur la mère » et non volant dans le cas de M.
emarginatus.
Il n’a pas osé identifier un jeune de l’année de Murin de
Daubenton prélevé en hibernation. Baillon remarque le pelage
plus gris et il interprète cet animal particulier comme une
espèce très voisine. Il rajoute d’ailleurs prudemment : « …s’il
avait été trouvé dans une autre saison, je le croirais peut être un
jeune du daubentoni,… ». Il connaît la biologie des chauvessouris, la période des naissances et la vitesse de développement
des juvéniles.
Le comportement
Baillon constate que le comportement diffère suivant les
espèces mais aussi au sein d’une espèce entre l’hiver et la
période d’activité.
Ainsi les oreillards ne forment pas d’essaim en hibernation
alors qu’en été les femelles se regroupent : « Femelle prise avec
huit autres semblables et toutes les neuf femelles dans un trou de
mortaise d’une poutre dans une grange, à Bailleul, il y avait
davantage dans le trou mais on ne m’en a apporté que neuf et
toutes semblables, dans les premiers jours du mois de mai 1840.
…»
Le Murin de Bechstein s’accroche à la paroi « quatre individus trouvés dans la carrière près d’Yonval étaient ensemble, et ne
formaient qu’une seule masse. » alors que le Murin de
Daubenton s’installe dans les fissures : « Cet individu qui a été
trouvé dans la carrière du Bois d’Epagne dans une fissure de la
craie. »
Les relations
Baillon travaillait avec un réseau de prospecteurs locaux
dont les noms figurent dans ses notes : « jeune femelle trouvée
dans la carrière du bois d’Epagne par Colus Paul en février
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1845. », « …été envoyé de Marconne près de Hudin par m.
Fasquel », « …a été trouvé par m. Wignier dans la carrière des
Monts du Caubert vis à vis Yonval ».
Baillon indique un « m. Blainville » qui pourrait
correspondre à Henri-Marie Ducrotay de Blainville.
« Cet individu qui a été trouvé dans la carrière du Bois
d’Epagne dans une fissure de la craie au mois d’8bre a été envoyé
à m. de Blainville qui a cru y voir le Vespertilio discolor de
Natterer, et qui me l’a renvoyé sous ce nom discolor, mais m. de
Blainville s’est probablement trompé, …»
Ducrotay de Blainville est originaire de la région de Dieppe
donc assez proche de la région Picardie. Il a débuté des collaborations avec Cuvier vers 1810 [CABARD 1998] alors que
Baillon avait quitté le muséum de Paris en 1802 cependant
tout en restant correspondant jusqu’à la fin de sa vie. Cette
piste est à vérifier.
Plus certain, François Baillon pratiquait des échanges de
spécimens avec des personnalités renommées dans le domaine
des chauves-souris.
Il eut plusieurs contacts avec Leisler (écrit « Leisler » ou «
Liesler »). Johann Philipp Achilles Leisler (1772-1813) décrivit
durant sa vie quatre espèces : l’oreillard (Plecotus auritus sensu
lato), le Murin de Bechstein, la Noctule de Leisler (V. dasykarpos) et le Murin à moustaches.
La collection Baillon comprend un Petit rhinolophe, une
Noctule commune et une Noctule de Leisler « envoyé(e)s de
Hanau par m. Leisler ». Les deux étiquettes du dos de la boîte
des noctules sont particulièrement intéressantes (Photo 1).
La plus petite, en bas, est celle qui est arrivée d’Allemagne
avec les spécimens et correspond à l’identification de J. Leisler
pour l’individu du bas : « Vespertilio dasykarpos // Stark behaarte
Fledermaus » (en allemand gothique). Leisler avait attribué V.
dasykarpos à la Noctule de Leisler en se basant sur sa pilosité
abondante. Cependant, à la fin de sa vie, il n’était pas satisfait
de cette appellation et aurait aimé donner une autre connotation. C’est son jeune disciple, Heinrich Kuhl, qui la nommera
Nyctalus leisleri en hommage à son maître qui aimait tant cette
espèce [Hinkel 2013].
La grande étiquette au-dessus correspond à celle rédigée par
Baillon.
Pour la Noctule commune, il a laissé l’identification V.
lasiopterus mais en précisant prudemment que «… (C’est
probablement un jeune vesp. noctula)… ».
Pour la Noctule de Leisler, il a reporté l’identification de
Leisler puis a inscrit le nom actualisé par Kuhl : « Vespertilio
leisleri », la couleur d’encre différant, ceci a été fait dans un
deuxième temps.
Ces inscriptions de Baillon confirment ses qualités de
connaissance et sa volonté d’actualisation. On ne trouve
aucune trace d’échanges avec Kuhl (1797 – 1821) qui a pourtant repris les travaux de Leisler au moment de la constitution
de la collection Baillon.
Le spécimen totalement détruit par des parasites des collections et qui forme un amas informe, est la Noctule de Leisler
provenant de Hanau. Les techniques allemandes de naturalisation étaient moins pérennes que ce que pratiquait Baillon. La
taxidermie française avait à cette époque un temps d’avance
grâce à l’invention du savon arsenical par Jean-Baptiste
Bécoeur.
Le Petit rhinolophe correspondant au numéro d’inventaire
667.1.3, révèle à nouveau les contacts entre Leisler et Baillon.
« … un individu semblable mais plus jeune encore m’a été envoyé
d’Hanau par m. le docteur Leisler en 1813, sous le nom de v.
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oiseaux et mammifères dans lequel il avait noté la rareté du V.
discolor [TIZENHAUZ 1844, DOMANIEWSKI 1931, SHPAK
2011]. Cette dénomination correspond aujourd’hui au V.
murinus, le Vespertilion bicolore. Baillon a donc eu cette
espèce rare en main mais elle ne se trouve pas dans la collection
de La Châtre.
Même si nous ne traitons pas les 3 chauves-souris non européennes de la collection, il est à noter qu’elles ont été données
par l’ornithologue néerlandais Jacob Temminck (1778-1858)
avec qui il a pratiqué des échanges d’oiseaux puisqu’on
retrouve leurs traces dans l’inventaire des oiseaux de La
Châtre : « Don par M. Temminck 1826 ».
COMPARAISON AVEC LE CATALOGUE DE BAILLON
Lorsqu’on compare les espèces de la collection Baillon aux
Catalogues des mammifères, oiseaux, reptiles, poissons et
mollusques observés dans l’arrondissement d’Abbeville qu’il a
publié en 1833, on constate des différences (Tab. 3).
Les Murins de Bechstein et de Daubenton ne sont pas
décrits dans le catalogue de 1833 ce qui est cohérent avec les
dates de capture postérieures de la collection (1845 et 1848).
A l’inverse, le Grand rhinolophe (« R. uni-hastatus ») et le
Murin à moustaches sont décrits alors qu’ils sont absents de la
collection.
Photo 1. - Dos de la boite où sont conservées les noctules
envoyées par J. Leisler.
hipposideros, mais en me disant que m. Bechstein avait eu tort et
que ce n’était certainement pas une espèce mais le jeune âge du
petit fer à cheval de Buffon, cet individu a été détruit par le
[musée ?] mais celui là est semblable, seulement un peu moins
jeune. »
Ce texte illustre les discussions de l’époque. Leisler s’est
appuyé sur les travaux de Bechstein qu’il trouvait admirables et
les a seulement complétés ou rectifiés par ses propres observations [Leisler 1810].
Ce Petit rhinolophe envoyé de Hanau est absent de la série
du musée de la Châtre. Johann Leisler l’avait envoyé peu avant
sa mort car il est décédé le 6 décembre 1813 du typhus à l’âge
de 41 ans.
Baillon a reçu un autre Petit rhinolophe, cette fois d’Italie,
il provenait de Paolo Savi (1798 – 1871), autre grand savant :
« Donné ou plutôt envoyé sous ce nom par m. Paolo Savi, professeur à l’université de Pise 1832. » P. Savi était non seulement
professeur d’université mais aussi le directeur du muséum
d’histoire naturelle de Pise qu’il enrichit grâce au soutien financier de Léopold II [CABARD 1998]. Les manuscrits de Savi
encore existants sont gardés à la Biblioteca di Scienze naturali
e ambientali de Pise [DUCCI 1997]. Aucune trace de courrier
ou échange avec Baillon n’y a été trouvé.
Enfin, nous avons pu déchiffrer à propos du Murin de
Daubenton n° 650.1.2 : « …véritable discolor qui m’a été envoyé
de la Lithuanie par les soins de m. Tyzenhauz ». Si ce correspondant est moins connu aujourd’hui, car aucune espèce ne porte
son nom, Konstanty Tizenhaus était l’un des plus importants
naturalistes du XIXe siècle de Lituanie et le fondateur principal
de l’ornithologie biélorusse [DASZKIEWICZ 2009]. Pour les
chauves-souris, il en a rédigé une liste dans le Catalogue des
Tableau 3. - Comparaison entre la collection et le catalogue de
Baillon.
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La pipistrelle est composée de 2 variétés aujourd’hui non
valides (Vespertilio pipistrellus var. fulva et nigra).
Deux espèces sont dans le catalogue, sans spécimen
correspondant dans la collection :
- Vespertilio brachyotos sans nom d’auteur, car Baillon est le
premier à publier cette espèce avec sa description anatomique.
L’espèce n’étant pas valide, c’est aujourd’hui une synonymie de
P. pipistrellus (= V. brachyotos Baillon, 1833).
- il en est de même pour Vespertilio humeralis que Baillon
décrit et dit « proche de mystacinus ». C’est une synonymie de
M. mystacinus (= V. humeralis Baillon, 1833).
Les spécimens types de V. brachyotos et V. humeralis sont
absents de la collection ce qui est étonnant connaissant la
démarche rigoureuse de Baillon.
Enfin pour la Noctule de Leisler, Baillon n’a pas de donnée
de sa région, que ce soit sur son catalogue ou dans sa collection. L’unique spécimen de sa collection vient de Hanau.
CONCLUSION
On ne sait jamais quelles bonnes surprises naturalistes
peuvent surgir du passé. Des données historiques de Picardie et
du Nord – Pas-de-Calais pouvant se retrouver à La Châtre, au
centre de la France, il est possible d’espérer d’autres découvertes tout aussi étonnantes dans d’autres collections ou catalogues.
Si les Baillon ont une renommée qui est arrivée jusqu’à nous
grâce à leurs contributions de qualité pour l’ornithologie, on
peut aussi apprécier le travail rigoureux de François Baillon
quant à sa collection de chauves-souris tout comme sa volonté
d’être aussi au fait de son temps dans le domaine de la chiroptérologie.
La collection semble malheureusement incomplète, comme
le suggèrent la liste du catalogue et les textes concernant V.
murinus ou le Petit rhinolophe envoyé par Leisler. Soit ces
spécimens ont disparu, soit ils ont été échangés, soit d’autres
boîtes sont ailleurs. Peut-être du côté du MNHN dont Baillon
était un correspondant, mais on n’y trouve pour l’instant pas
trace de chauves-souris provenant de Baillon. Il serait intéressant de chercher aussi du côté du musée Boucher de Perthes
d’Abbeville où se trouve l’autre partie de la collection de
Baillon.
Il reste aux chiroptérologues de Picardie et du Nord - Pasde-Calais à reprendre la piste. Il semble pour l’instant que ces
spécimens soient les plus anciens prélèvements connus dans
l’Abbevillois (comm. pers. A. Adelski) et que certaines localisations n’existent plus car les guerres ont détruit nombre de
bâtiments et de fortifications.
Remerciements. - Nous tenons à remercier chaleureusement ceux qui nous ont aidés à décrypter cette collection :
Jean-Jacques Chaut, Jacques Cuisin, Annick Dussault,
Christophe Gouraud, Brigitte Massonneau, Peter Lina,
Madeline Quemin et Marco Riccucci.
Références bibliographiques
Baillon L.-A.-F., 1833. - Catalogues des mammifères, oiseaux,
reptiles, poissons et mollusques observés dans l’arrondissement
d’Abbeville. Mémoires de la société royale d’émulation
d’Abbeville, 49-80.
CABARD P. & CHAUVET B., 1998. - L’étymologie des noms de mammifères. Eveil nature, 240 p.
DASZKIEWICZ P., 2009. - Konstanty Tyzenhauz (1786-1853) et l’ornithologie en Lituanie et en France. Cahiers Lituaniens, 10 : 3032.
DOMANIEWSKI J., 1931. - Tyzenhauza spis ptakow i ssakow ziem polskich. Fragmenta faunistica musei zoologici polonici, 44 (10) :
209-288.
DUCCI A., 1997. - Manoscritti di Paolo Savi. http://www.
bibsna.unipi.it/oldSNA/MaterialeSpeciale/SaviManoscritti.ht
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HINKEL A. & KOLB A., 2013. - Zum 200sten Todestag des
Symbioses, , n.s., 32
Frankfurter Grossherzogglichen Obermedizinalrats Johann
Philipp Achilles Leisler in Hanau / Main. Nyctalus, 18 : 160167.
LEISLER, 1810. – Einige Bemerkungen über deutsche Fledermäuse.
Magazin der Gellschaft der naturforschenden Freunde zu Berlin,
IV : 155-158.
QUEMIN M. & GOURAUD C., 2011. - Inventaire de la Collection
Baillon d'animaux naturalisés. La Châtre, France, Musée
George Sand et de la Vallée Noire, 29 p. + annexes.
SHPAK A., 2011. – Bats of Belarus of the 19th century : a retrospective analysis. Vespertilio, 15 : 79-86.
TIZENHAUZ K., 1844. – Catalogus Avium et Mammalium. 3 pages
manuscrites.
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DONNÉES HISTORIQUES : D’ABBEVILLE À LA CHÂTRE, LA COLLECTION BAILLON DE CHAUVES-SOURIS
103
Annexe 1
Taxons européens de la collection Baillon de la Châtre
Symbioses, , n.s., 32
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MICHÈLE LEMAIRE & LAURENT ARTHUR
Annexe 2
Taxons non européens de la collection Baillon de la Châtre
Annexe 3
Le texte en italique est la transcription des manuscrits se trouvant à l’arrière des boîtes avec le texte en noir correspondant à
ceux établis par les chargés de l’inventaire et le texte en rouge à des compléments par les chiroptérologues.
MYOTIS EMARGINATUS
n° d’inv. 649.1.1
« n°1 : Mâle - Pris dans les carrières du pratell[...] en mars 1845 »
n° d’inv. 649.1.1
« n°2 : femelle Pris dans les carrières du pratell[...] en mars 1845 »
n° d’inv. 649.1.3
« n°3 : jeune ne pouvant pas encore voler, pris sur la mère dans la tour
du haut degré en juillet 1826. »
de la taille des adultes. le plus grand des deux est un mâle, l’autre est une
femelle »
PLECOTUS AUSTRIACUS
n° d’inv. 651.1.1
« Vespertilio auritus, Lin. [Linnaeus] Plecotus communis : geoff.
[Geoffroy Saint-Hilaire] ann. des Muser. chauve souris oreillard, Buff.
[Buffon]
n°1 : femelle / … »
MYOTIS DAUBENTONII
n° d’inv. 650.1.1
« n°1 : vespertilio... Ce vespertilion a été trouvé par m. Wignier dans
la carrière des Monts du Caubert vis à vis Yonval dans le mois de
décembre, il ressemble au Daubentonii qui est celui dont il se rapproche
le plus, mais il en diffère par sa taille qui est un peu plus grande, par la
couleur et la contexture du pelage, et par un tout autre faciès, surtout
quand l’animal était vivant, mis à côté l’un de l’autre, tous deux étant
vivants ils ne se ressemblent nullement. Comme le daubentonii, le dasycnemus [?], il était caché dans une fissure de la craie. »
n° d’inv. 650.1.2
“n°2 : vespertilio daubentoni ? Liesler
Cet individu qui a été trouvé dans la carrière du Bois d’Epagne dans
une fissure de la craie au mois d’8bre a été envoyé à m. de Blainville qui
a cru y voir le Vespertilio discolor de Natterer, et qui me l’a renvoyé sous
ce nom discolor, mais m. de Blainville s’est probablement trompé, et ce
n’est pas le discolor décrit par m. Natterer, du moins il diffère essentiellement du véritable discolor qui m’a été envoyé de la Lithuanie par les soins
de m. Tyzenhauz”
n° d’inv. 650.1.3 & 650.1.4
« n°3 et 4 vespertilio... trouvé par m. Colus Paul dans les carrières du
pont Remi le 25 février 1848, espèce bien voisine du daubentonii, dont
elle diffère par sa petite taille et par le peu de largeur de ses ailes, et aussi
par la couleur cendrée noirâtre de ses parties inferieures, s’il avait été
trouvé dans une autre saison, je les croirais peut être un jeune du daubentoni, qui naissent au mois de juillet, comme toutes les autres espèces de
cette famille, mais au mois de février et même bien avant, les jeunes sont
Symbioses, , n.s., 32
n° d’inv. 651.1.2
« vespertilio auritus, Lin. [Linnaeus] / Plecotus communis : geoff.
[Geoffroy Saint-Hilaire] ann. des Muser. / chauve souris oreillard, Buff.
[Buffon]….
n°2 : Male - Pris dans les souterrains du Rempart entre la porte StGilles et la porte Dubois en février 1845. Cette espèce ne paraît pas vivre
en société, comme le fer a cheval, l’Emarginus. il y en avait deux ou trois
éloignés les uns des autres dans chaque souterrain, ils étaient presque
toujours collés contre la [Muraille] dans les angles et noir.
Pendu à la voûte comme le fer a cheval, et la X, elle ne paraît pas
habiter les carrières et il ne s’en est plus trouvé une seule dans les nombreux individus qui m’ont été apporté des carrières d’Eaucourt et de Pont
Remi. »
n° d’inv. 651.1.3
« N°3 : femelle prise à Airon dans le grenier, celle qui est empaillé
debout. »
n° d’inv. 652
« Plecotus auritus, Lin. [Linnaeus] oreillard, Buff. [Buffon] abb.
[Abbeville] dans les souterrains des fortifications et dans les greniers »
NYCTALUS NOCTULA
n° d’inv. 653.1.1
“Vespertilio Lasiopterus, Schreb.
, tab. X / (C’est probablement un jeune vesp. noctula) / Envoyé de
Hanau par m. Leisler. X non de lasiopterus »
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DONNÉES HISTORIQUES : D’ABBEVILLE À LA CHÂTRE, LA COLLECTION BAILLON DE CHAUVES-SOURIS
NYCTALUS LEISLERI
n° d’inv. 653.1.2
« vespertilio dasykarpos, Leisler, femelle
envoyé de Hanau par m. Leisler vespertilio Leisleri, Kuhl.
___________________________________
Vespertilio dasykarpos, Leisl. Femina
Stark behaarte Fledermaus. Weibchen.”
105
et dans la carrière du bois d’Epagne…. » Indéchiffrable
MYOTIS DAUBENTONII
n° d’inv. 661.1.1 et 661.1.2
“vesp. daubentonii, Liesler
vespertilio daubentonii, Leisler
Abb. [Abbeville] carrières du pont Remi, rare et carrières du Bois
d’Epagne. »
PIPISTRELLUS PIPISTRELLUS
PLECOTUS AURITUS
n° d’inv. 654.1.1
“Vespertilio Pipistrellus, Schreb. ?
Est-ce bien la pipistrelle? Elle s’en distingue par une plus grande taille,
les ailes plus larges. Abb. [Abbeville] Rue de Longues. En aout 1851. »
n° d’inv. 654.1.2
Néant
MYOTIS BECHSTEINII
n° d’inv. 656.1.1 et 656.1.2
« Vespertilio Beichsteinii, Liesl. [Leisler] carrières du pont-Remi,
rare »
n° d’inv. 657.1.1
“Vespertilio beichsteinii, Leisler
vespertilio Bechsteinii, Liesler / n°1 : Male - …”
n° d’inv. 657.1.2
« … / n° 2 : femelle
Cette espèce a été trouvée ici pour la 1ère fois dans l’hiver de 1845,
une dans la carrière de m. d’Applaincourt à Cauchy, quatre dans celle des
Monts de Caubert près d’Yonval et trois dans celles du pont Remi, nous
n’avons pas trouvé ce vesperlion dans aucun des souterrains de la Place. il
s’accroche aux murs. les quatre individus trouvés dans la carrière près
d’Yonval étaient ensemble, et ne formaient qu’une seule masse. »
EPTESICUS SEROTINUS
n° d’inv. 658.1.1
« Vespertilio serotinus »
n° d’inv. 658.1.2
« a monsieur provost, capitaine / 7° Régt. de Cuirassiers en / garnison
a abbeville / Dept. de la Somme »
(sans rapport avec Baillon)
BARBASTELLA BARBASTELLUS
n° d’inv. 659.1.1
“Vespertilio barbastellus Schreb. Barbastellus communis, Gray
Barbastelle, Buff. [Buffon]
n°1 de Dijon, donné par m. Delahaye d’Amiens … »
n° d’inv. 659.1.2
« … n°2 abb. [Abbeville] souterrain du Bastion de l’Eperon près la
porte St-Gilles »
n° d’inv. 660.1.1
“Plecotus barbastellus, Geoff
Barbastelle daub. [...] 1779 / vespertilio Barbastellus, schreb / Plecotus
Barbastellus, geoff. [Geoffroy Saint-Hilaire] / Barbastellus barbastellus,
Bonap. [Bonaparte] / Synotus Barbastellus, Keyserling / n°1 : Male / …”
n° d’inv. 660.1.2
« … n°2 : femelle /
… aux vespertilio… pendant l’hiver 18[…]5, nous avons pris 5
barbastelles. La première dans le souterrain … une autre dans celui du
bastion du flanc de la reine, une troisième dans celle du…dans la cave…
n° d’inv. 662.1.1
« Plecotus [...]
n°1 : femelle prise avec huit autres semblables et toutes les neuf
femelles dans un trou de mortaise d’une poutre dans une grange, à
Bailleul, il y avait davantage dans le trou mais on ne m’en a apporté que
neuf et toutes semblables, dans les premiers jours du mois de mai 1840.
…»
n° d’inv. 662.1.2
« …/ n°2 : Mâle pris à Marconne près de Hudin en février 1841 et
donné par m. Farquel, ce mâle comme les 9 femelles paraissait être
adulte. »
n° d’inv. 662.1.3
« …. n°3 : Espèce que je ne puis nommer et qui est peut-être nouvelle
à moins que ce ne soit le vesp. cornutus de Faber , pris dans le juttaud.
(Jutland ?).
Trouvée dans un creux d’arbre au Milieu de la forêt de Cressy en avril
1844, elle était seule, et je n’ai pu jusqu’à aujourd’hui avoir que cet individu. Une oreille a été déformée lors de l’empaillage. »
NYCTALUS NOCTULA
n° d’inv. 664
“Vespertilio noctula, Schreb. [Schreber] et X vesp. serotinus, geoff.
[Geoffroy Saint-Hilaire] vesp. Lasiopterus, schreb. [Schreber] vesp.
proterus, Kuhl vesp. altivolans White vesp. ferrugineus, Brehm
abb. [Abbeville] le soir dans les fortifications. Nous n’avons jamais
trouvé cette espèce, de même que la sérotine dans les souterrains des fortifications ni dans les carrières du Pont Rémi et autres. Elle n’habite probablement que les arbres creux, et peut-être aussi les greniers, moins rare que
la sérotine, ou hiverne-t-elle?
10 individus ont été trouvés par Colus Paul dans un creux d’arbre, au
blanc bois, à Epagne, ils étaient tous femelles il y en avait davantage, mais
on n’en a pris que 10. »
MYOTIS MYOTIS
n° d’inv. 665.1.1 et 665.1.2
“Vespertilio murinus, Lin. [Linnaeus] , Vesp. myotis Bechst.
[Bechstein] Chauve souris commune, Buff. [Buffon] pl. 16
Rare à Abbeville dans l’intérieur de la ville et dans les souterrains des
fortifications. Mais commune dans les carrières et les X et surtout dans
celles du pont Rémi correspondant l’hiver où elles [sont] très abondantes.
[...] dans les carrières du [...] en février 1835.[...] ou cette espèce [...] plus
[...] »
PLECOTUS AURITUS
n° d’inv. 666.1.1
« Plecotus brevimanus, Jenys
Dans une grange à Bailleul 15 individus semblables et tous femelles.
Etaient dans un trou d’une poutre…. »
Symbioses, , n.s., 32
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106
MICHÈLE LEMAIRE & LAURENT ARTHUR
PLECOTUS AUSTRIACUS
n° d’inv. 666.1.2
« …un Male semblable à ces femelles pour la forme et la teinte du
pelage m’a été envoyé de Marconne près de Hudin par m. Fasquel »
RHINOLOPHUS HIPPOSIDEROS
n° d’inv. 667.1.1
“Rhinolophus hippocrepis Hermann Rhinolophus bi-hastatus, Geoff.
[Geoffroy Saint-Hilaire] ou du X petit fer à cheval, Buff. [Buffon] pl. 17
f. 2 vespertilio ferum equinum, vespertilio Minutus, Montagu
n°1 : Mâle trouvé dans les carrières du pont Rémi par Colus Paul en
9bre 1818. … »
n° d’inv. 667.1.2
« …. n°2 : Mâle trouvé en juillet 1829 dans le souterrain derrière
l’hôpital sous le bastion dit du flanc de la Reine, il était seul, accroché à
la muraille, et non suspendu à la voûte comme le sont ordinairement les
fer à cheval. … »
n° d’inv. 667.1.3
« …. n°3 : jeune femelle trouvée dans la carrière du bois d’Epagne par
Colus paul en février 1845. C’est ce jeune âge et surtout quand il est
Symbioses, , n.s., 32
encore plus jeune que Bechstein a décrit comme espèce sous le nom de vesp.
hipposideros un individu semblable mais plus jeune encore m’a été envoyé
d’Hanau par m. le docteur Leisler en 1813, sous le nom de v. hipposideros, mais en me disant que m. Bechstein avait eu tort et que ce n’était
certainement pas une espèce mais le jeune âge du petit fer à cheval de
Buffon, cet individu a été détruit par le musée mais celui là est semblable,
seulement un peu moins jeune. Cette espèce paraît être ici une des plus
rares des chiroptères dans les explorations nombreuses que nous avons
faites en 1844, 45 &, dans les carrières et dans les souterrains des environs d’Abbeville. nous n’en avons trouvé que quatre : un dans la carrière
à pont Remi, un autre dans celle du Bois d’Epagne, un dans le souterrain
du bastion du flanc de la Reine et le 4ème dans le souterrain de l’Eperon
et de St Gilles, cette espèce ne paraît pas vivre en société, comme fait le
grand fer à cheval, on la trouve toujours accroché à la muraille, mais
jamais suspendu aux voutes, elle ne se trouve pas non plus dans les fissures
ou crevasses des carrières, comme beaucoup d’autres espèces de chiroptères
les daubentonii [...] / »
n° d’inv. 667.1.4
« n°4 : Rhinolophus eggenhöffner, Michael de dalmatie... donné ou
plutôt envoyé sous ce nom par m. Paolo Savi, professeur à l’université de
Pise 1832. Ne serait pas aussi le Rhinolophe X de Cretsehm. »