En Papouasie Nouvelle-Guinée, on continue de - Infos

Transcription

En Papouasie Nouvelle-Guinée, on continue de - Infos
En Papouasie Nouvelle-Guinée, on continue de brûler les sorcières
Une femme suspectée de magie noire a été immolée par ses voisins mardi matin près de Mount
Hagen, dans une zone rurale...
Elle n’avait pas 20 ans. Mardi, une jeune femme a été traînée de force hors de chez elle, déshabillée,
ligotée, bâillonnée, attachée à un poteau et brûlée vive après qu’on ait enflammé une pile de pneus.
Les habitants de son voisinage, près de Mount Hagen, dans une région montagneuse et reculée de
Papouasie Nouvelle-Guinée, pensaient qu’elle était une sorcière.
Le décès de cette jeune femme vient s’ajouter sur une liste déjà longue. Celle des hommes et
femmes accusées de magie noire dans cette nation du Pacifique Sud, torturés et tués selon des
traditions ancestrales. Ces victimes sont souvent des boucs émissaires. Lorsque des décès
inexpliqués frappent les communautés, des groupes d’hommes se forment et châtient quelqu’un
pour ces supposés pouvoirs magiques.
«Même les proches de la victime ne parlent pas»
«On a beaucoup de difficultés sur un certain nombre d’incidents de ce genre, explique à CNN
Simon Mauba, commissaire adjoint de la police nationale et commandant de la région des
Highlands, où le bûcher a été dressé. Les gens ne veulent pas raconter les circonstances, ce qu’ils
ont vu. On essaie de les convaincre de nous aider. Même les proches de la victime ne parlent pas.
Mardi matin, quelqu’un a pourtant perdu sa mère, sa fille, sa sœur...»
Mauba poursuit: «Ce sont les gens des environs qui ont découvert le bûcher. En voulant connaître la
cause du feu, ils ont vu quelqu’un en train de brûler. C’était horrible.»
Au moins 50 cas l’an passé
Et terriblement fréquent. Le journal «Post-Courier» explique ce jeudi que près de 50 personnes sont
mortes pendant l’année 2008 dans deux provinces des Highlands après avoir été accusées de
pratiquer la magie noire.
Bruce Knauft, professeur d’anthropologie à l’Emory University qui vécut dans un village d’une
province occidentale de la Papouasie Nouvelle-Guinée au début des années 1980, a remonté les
histoires familiales de sa communauté sur 42 années. Il a découvert qu’un adulte sur trois était
décédé d’une mort violente: «Et la grande majorité de ces homicides était le meurtres collectifs de
sorciers présumés, écrit-il dans son livre From Primitive to Postcolonial in Melanesia and
Anthropology (University of Michigan Press, 1999).
Sorcellerie et virus du sida
Ces dernières années, c’est le virus du sida qui a provoqué un regain de ce type de rituel sanglant.
Les Nations unies ont fait part de leur inquiétude alors que l’épidémie se propage et que le pays
compte près de 90% des séropositifs de la zone Pacifique (voir encadré).
Et dans les villages les plus isolés, les gens accusent les sorcières, et non le virus, lorsqu’une
victime de l’épidémie succombe. «Nous avons un certain nombre de cas où les personnes ont été
tuées parce qu’elles étaient accusées de “transmettre” le virus», ajoute le commissaire Mauba.
Les raisons qui ont conduit la jeune fille au bûcher ne sont toujours pas connues. La police a
prévenu qu’elle se concentrait sur l’arrestation des meurtriers, pas sur les spéculations à l’origine du
drame. En Papouasie Nouvelle-Guinée, les croyances dans la sorcellerie ne sont pas prêtes de partir
en fumée.
Source : 20 Minutes

Documents pareils