Création d`entreprise
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Création d’entreprise PORTAGE SALARIAL Amirat, DG de la société de portage ACPI et viceprésidente du SNEPS. Mais le portage salarial est surtout une solution intéressante pour ceux qui veulent éviter les tracas de la création d’entreprise et de l’embauche. Si le portage salarial est une solution pour répondre à des demandes de missions émises par des entreprises ou adminis- les gens qui souhaitent développer une activité principale sans avoir à se préoccuper des tracasseries administratives tout en bénéficiant d’une couverture sociale, le portage salarial est préférable.”Alors que les sociétés de portage permettent de cotiser pour la retraite et pour l’assurance chômage, l’auto-entrepreneuriat, s’il coûte peu, offre peu de protec- “L’auto-entrepreneuriat a un chiffre d’affaires limité à 32 000 euros par an. Il est parfait pour les petites activités parallèles” “Le portage salarial est une nouvelle façon de travailler, à mi-chemin entre un travail salarié et une activité indépendante”, explique Simon Denis, président de l’OPPS. dis que la Fédération nationale du portage salarial (FNEPS) a dénoncé “un accord élitiste et discriminatoire”.Car le texte prévoit notamment une rémunération minimale de 2 900 euros bruts mensuels (soit une facturation de plus de 4 500 euros) et limite le portage salarial exclusivement aux cadres. “Les signataires vont évincer plus de la moitié des professionnels faisant actuellement appel au por- trations, c’est aussi une solution pour les porteurs de projet de création. Ces entrepreneurs peuvent classiquement opter pour l’entreprise individuelle, en particulier le nouveau régime d’autoentrepreneur, ou pour la création d’une société (Eurl). Mais le portage salarial représente une alternative intéressante puisqu’elle permet d’une part de tester son marché, son offre de services, son mode de fonctionnement avant de créer sa propre entreprise, et d’autre part de développer une nouvelle posture durable, en “sous-traitant” la gestion administrative de son activité, pour se concentrer sur ses clients et sur son développement. Depuis sa création il y a un an, le statut La triangulation vise à concilier des aspirations contraires : flexibilité de la main-d’œuvre et stabilité de l’emploi d’une part, et accès aux droits sociaux du salarié et indépendance professionnelle d’autre part tage salarial et vont restreindre le nombre de personnes potentiellement concernées à 30 000 cadres au lieu de 500 000 personnes”, déplore Baudoin des Courtils, président de la FNEPS, qui considère que le portage peut s’adapter à toutes les professions, dont les services à la personne - de l’artisan à l’architecte -, à l’exception des métiers réglementés comme les médecins. Cependant, “pour être applicable, l’accord nécessite encore une transcription législative”, précise François Roux du Prisme. Ce qui renverrait à 2011, voire au-delà, la mise en œuvre effective d’une véritable réglementation de l’activité… d’auto-entrepreneur - aux démarches administratives et règles de fonctionnement minimum aurait les atouts pour chasser sur le terrain du portage. D’autant que les prélèvements obligatoires de l’auto-entrepreneur pourraient être deux fois moindres que ceux du salarié porté. Pour Baudoin des Courtils, les deux systèmes ne s’adressent pas aux mêmes profils : “L’auto-entrepreneuriat a un chiffre d’affaires limité à 32 000 euros par an. Il est parfait pour les petites activités parallèles. Mais pour L’auto-entrepreneuriat, moins concurrent qu’il n’y parait Le portage salarial reste une forme d’emploi caractérisée par le recours à un “tiers employeur”. La triangulation ainsi opérée vise à concilier des aspirations contraires : flexibilité de la main-d’œuvre et stabilité de l’emploi d’une part, et accès aux droits sociaux du salarié et indépendance professionnelle d’autre part. Le porteur joue non seulement le rôle de centre de gestion, mais aussi celui d’employeur. “La plupart des consultants aspirent au statut d’indépendant, mais la perspective de rester salarié, et notamment continuer à cotiser pour la retraite, reste très attrayante”, témoigne Radhia “Le nouvel accord va restreindre le nombre de personnes potentiellement concernées à 30 000 cadres au lieu de 500 000 personnes”, regrette Baudouin des Courtils, président de la FNEPS. L’intérim et le portage Tentative de récupération Le SNEPS (Syndicat national des entreprises de portage salarial), créé en 1998, a bataillé pour être reconnu. Il a été intégré en tant que 13e syndicat technique de la Fédération CICF (Chambre de l’ingénierie et du conseil de France) en 2006, peu après que les premiers accords d’entreprise ont été signés avec les syndicats de salariés. La même année, l’Observatoire paritaire du portage salarial (OPPS) regroupant ainsi le SNEPS, CFE-CGC, la CFDT et la CFTC est créé afin de structurer et réguler le portage salarial, et de donner de la visibilité à cette nouvelle forme de travail. Le 15 novembre 2007, ces acteurs signent un accord destiné à encadrer la pratique du portage dans l’informatique, l’ingénierie te les convoitises. La branche du travail temporaire qui dispose d’un puissant réseau pourrait ainsi récupérer le marché du portage en attirant vers elle une nouvelle population de cadres plus rentable que celle des intérimaires habituels, et pallier ainsi les conséquences de la crise… Au cours des débats, Xavier Bertrand, alors ministre du Travail, avait confirmé qu’il souhaitait que le portage soit “organisé par la branche de l’intérim sans que les personnes “portées” deviennent pour autant des intérimaires, l’activité de portage présentant des caractéristiques propres”. Une frontière floue qui a le don d’irriter toute la profession. Si le Prisme a finalement accepté d’inviter aux négociations les prin- “Les entreprises de portage salarial sont tournées vers les intérêts de leurs clients portés, alors que le travail temporaire est au service d’un employeur pour faire face à des besoins ponctuels” et le conseil, apportant des garanties pour les salariés portés. Cet accord collectif a permis au portage salarial de sortir de la confidentialité. Mais c’est la loi du 25 juin 2008 qui lui a donné une vraie légitimité, les pouvoirs publics confiant alors à la branche du travail temporaire la mission d’organiser l’activité. Si le SNEPS a salué cette reconnaissance du portage salarial, il s’est en revanche insurgé contre les manœuvres du lobby de l’intérim (Prisme) qui s’est fait désigner pour réguler à sa mesure une profession pourtant déjà régie par un accord sectoriel de branche. Si le portage salarial et l’intérim peuvent être apparentés sur la forme juridique de la relation contractuelle, il existe néanmoins de nettes différences. Mais ce marché florissant susci- 52 cipales organisations patronales du portage, dont le SNEPS, les désaccords sont nombreux. “Les entreprises de portage salarial sont tournées vers les intérêts de leurs clients portés, alors que le travail temporaire est au service d’un employeur pour faire face à des besoins ponctuels”, rappelle le SNEPS, qui déplore le conflit d’intérêt créé par la situation. Les organisations syndicales ont néanmoins finalement réussi à poser des limites et à imposer l’exclusivité de l’activité de portage salarial. Pour “porter”, les groupes d’intérim devront donc créer une filiale dédiée. “Un bon moyen d’éviter le mélange des genres”, se félicite le président de la FNEPS. C.F. tion. “C’est sur le plan des assurances que les sociétés de portage continueront à faire la différence, reconnaît-on à la Fédération des auto-entrepreneurs. Elles accompagnent leur client un à un sur un business plan et sont donc plus à même de proposer des solutions qualifiées pour chacun.” Un sas vers la création d’entreprise L’avantage réel du portage salarial est d’offrir au porté la possibilité de se consacrer à l’essentiel : la recherche du client. Il permet de se concentrer sur son développement commercial et d’accéder à un accompagnement ad hoc tout en s’affranchissant de la gestion administrative, les frais de gestion prélevés s’élevant en moyenne à 10 % du chiffre d’affaires (et généralement dégressifs). “Pour être applicable, l’accord nécessite encore une transcription législative”, temporise François Roux, délégué général du Prisme. au client du porté, il faut un contrat commercial en bonne et due forme, associé à une assurance responsabilité civile professionnelle. En plus d’un bulletin de salaire réglementaire,il faut un contrat de travail également en bonne et due forme, qui précise clairement le lien avec le porteur employeur. Et pour réaliser les tâches administratives, il faut un processus efficace, pour que les informations échangées entre le porteur et le porté soient parfaitement fiables. L’optimisation Le risque d’entreprise est celui du porteur, et non celui du porté, contrairement à l’indépendant, à l’auto-entrepreneur ou au gérant d’entreprise Ainsi, le portage salarial a priori destiné aux cadres, plutôt seniors, voit maintenant débarquer des profils plus jeunes, aux motivations différentes. Pour eux, le portage salarial n’est souvent qu’un sas vers la création d’entreprise, mais également un moyen simple pour tester son activité. Le fait de se dédouaner des contraintes administratives qui entravent et déroutent presque inéluctablement un jeune entrepreneur laisse le temps de se lancer, d’appréhender le marché et d’identifier quel type de société choisir plus tard… “Faire du portage pendant deux ou trois ans va me permettre de disposer d’une expertise réelle pour un jour, je l’espère,créer ma propre entreprise”,témoigne Christophe, graphiste-designer. La formule permet donc aussi de faire ses armes avec un nouveau concept, de juger de la pertinence de l’idée sur le terrain, et d’éventuellement peaufiner le projet. “15 % des portés ne restent que 2 ou 3 ans chez Ad’Missions puis créent leur société.Souvent au moment où ils ont besoin d’embaucher”,note Sabrina Cohen. Il existe effectivement un seuil d’honoraires à partir duquel il devient plus intéressant pour le porté, sur le plan financier, de créer son entreprise. “Au dessus de 150 000 euros par an, précise Radhia Amirat du SNEPS, le portage ne représente absolument plus une alternative rentable pour le porté, et c’est tout naturellement que la création de sa propre entreprise s’imposera.” La solution répond à un besoin beaucoup plus large que la volonté de création d’entreprise, mais elle ne l’exclut pas. D’ailleurs, Radhia Amirat indique qu’à l’ACPI, la financière que le porteur est en mesure de proposer constitue un autre atout de la formule. Seules les sociétés de portage qui ont une surface financière suffisante, un nombre important de portés et plusieurs années d’expérience, peuvent aider leurs “salariés” à rentabiliser au maximum “La plupart des consultants aspirent au statut d’indépendant, mais la perspective de rester salarié reste très attrayante”, assure Radhia Amirat, vice-présidente du Sneps. leurs revenus. Avoir un salaire est une chose, obtenir le remboursement de ses frais de mission en est une autre. Car le “porté” est généralement avant tout un entrepreneur : il veut pouvoir investir dans la prospection, bénéficier d’exonérations de charges ou d’impôts, en disposant de chèques emploi service universels par exemple Le “porté” est généralement avant tout un entrepreneur société de portage qu’elle dirige, “un accompagnement est offert à nos portés dans leur démarche de création d’entreprise pour trouver une banque, monter un business plan,créer un site,etc.”.En attendant, le numéro de registre du commerce à produire aux clients est celui de la société de portage, tout comme l’assurance responsabilité civile professionnelle. Le contrat commercial est signé par celle-ci, le risque d’entreprise est donc celui du porteur,et non celui du porté, contrairement à l’indépendant, à l’auto-entrepreneur ou au gérant d’entreprise. Et si nécessaire, le recouvrement est assuré par la société de portage. Le premier service du portage salarial est donc bien le portage administratif qui consiste au départ à transformer des honoraires en salaires. Si ce service basique ne requiert pas de compétence particulière et peut être facilement proposé, il est pour autant important de disposer de garanties de qualité du service ou encore de solidité financière. Que se passe-t-il si la société dépose le bilan ? Si l’organisme ne dispose pas de caution sur les salaires ? Si son responsable s’avère de mauvaise foi ? Le portage salarial est un vrai métier que seules les sociétés spécialisées peuvent prétendre savoir faire. Car, en plus d’une facture ou en participant au plan d’épargne entreprise. Avec un même montant d’honoraires, on peut disposer de revenus supérieurs par une gestion plus éclairée et mieux conseillée. � CHIFFRES REVELATEURS Un marché prometteur On estime entre 20 000 et 50 000 le nombre de portés en France, pour un chiffre d’affaires d’environ 450 ms et 10 Mds à l’horizon 2020 (Source : FNePS) Le secteur du portage salarial connaît une croissance de plus de 20 % sur un marché estimé à près d’1 ms de portés à l’horizon 2020. Les cadres représenteraient plus de 80 % de l’activité en portage. Lire les dossiers précédents Les archives numériques nouveleconomiste.fr (consultation gratuite) Le nouvel Economiste - n°1537 - Du 7 au 13 octobre 2010 - Hebdomadaire