Thèse GILLIER Sandrine - Thèses
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Thèse GILLIER Sandrine - Thèses
ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT Année 2013 COMPARAISON DE DEUX MÉTHODES D’EXTRACTION D’ARN POUR IDENTIFIER DES MARQUEURS PRÉCOCES DE GESTATION CHEZ LES RUMINANTS THÈSE Pour le DOCTORAT VÉTÉRINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL le…………… par Sandrine GILLIER Née le 4 avril 1988 à Paris 18ème JURY Président : Pr. Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL Membres Directeur : Mme Fabienne CONSTANT Maître de conférences à l’ENVA Assesseur : Mme Marie Abitbol Maître de conférences à l’ENVA REMERCIEMENTS A notre jury de thèse Au président du Jury de la faculté de médecine de Créteil Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse Veuillez accepter mon hommage respectueux. Madame le Docteur Fabienne CONSTANT, Maitre de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort Reproduction animale Qui m’a guidée dans ce travail Veuillez considérer ma reconnaissance et mon plus profond respect. Madame le Docteur Marie ABITBOL, Maitre de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort Génétique médicale et moléculaire Qui m’a fait l’honneur d’accepter de faire partie du jury de thèse Sincères remerciements. A ma famille A mes parents pour votre soutien dans mes longues et parfois difficiles études et pour votre patience dans ma vie étudiante. A mes sœurs, Sophie et Laura, pour les bêtises partagées, les discussions sans fin d’adolescentes et le soutien dans les moments difficiles. A mes grands parents pour votre amour et votre présence depuis toujours. A Justine, ma sœur de cœur depuis presque 20 ans, pour me connaître mieux que personne. A mes amis Aux vétos : A Jérem, mon meilleur ami et mon confident de chaque instant. A Hélo, ma poulotte, pour la relation exceptionnelle qu’on a pu tisser. A mes M&M’s, Marion et Mathieu Brouty, qui me manquent chaque jour. A Ben et Chachou, pour votre amitié profonde. A Laura, mon hémi cerveau, souvent discrète et indépendante mais toujours là. A Stan, mon carré, pour ton soutien et ton amitié sincère depuis 7 ans. A Flo, pour tout le respect que j’ai pour toi mais aussi pour ta bonne humeur et tous les fous rires. A mon groupe de clinique, le groupe 9, Jerem, Ben, Chachou, Laura, Marie-Aude, Stan, Gaëlle, Chloé et Matthias, parce que choisir c’est renoncer et qu’il faut respecter le protocole. A la team Mongolie, pour ce superbe projet. A mes poulottes adoptives, Marina, Anaïs et Oriane, pour m’aider à ne pas vieillir trop vite. A la promo 2012, les Nocasses, en particulier Karine, Sandrine, LaureJ, Nishou, Julie, pour ces cinq années merveilleuses. A la promo 2015, les Ramonasses, vos Anciens sont fiers de vous. Aux toulousains, pour avoir si bien accueilli Blondie l’alforienne dans son école d’adoption. Aux fidèles : A mes amis, depuis longtemps ou pas, mais pour longtemps encore. Nadja, Ju, Nanou, Noémie. Aux saucisses, Eva, Claire, Mika, Nicot, Greg, Elise, Nico, pour les vacances, les soirées, mais surtout les fous rires ! Et puis A Claudio, pour me rendre si heureuse. A Martine, Isabelle et à l’Orchestre de Flûte du Val de Marne pour la bouffée d’oxygène que je viens chercher au conservatoire depuis plus de 15 ans. A Clm, pour m’avoir appris à avoir et à croire en mes rêves. A Céline, pour notre rencontre toulousaine et tous ces moments passés dans la ville rose. A Sandra, pour ta présence essentielle à ma nouvelle vie, en espérant que tu trouveras la sérénité dans ce coin de verdure. A tous les autres, Laurène, Marie-Laure, Sylvain, Anaëlle, Tony, Amy, Neil… Au Docteur Verlut et à l’équipe de la SELARL des Trois Vallées, pour vos enseignements et votre soutien dans mes début de véto. Aux animaux Jessie, Heaven, Doudou, Oscar, Elliot, Dipsy, Elice, Bibou, Genny, Zaïa, Samba, Nougat, Zaya, Goumitt, Woody et les autres. TABLE DES MATIERES LISTE DES FIGURES 5 LISTE DES TABLEAUX 7 LISTE DES ABREVIATIONS 9 INTRODUCTION 11 PREMIERE PARTIE : PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE 13 I) 13 Méthodes de diagnostic de gestation actuelles et perspectives A) Rappel : cycles ovariens et mise en place de la gestation chez la vache 13 1) Cycles ovariens chez la vache 13 2) Mise en place de la gestation chez la vache 14 B) Méthodes de diagnostic de gestation actuelles : avantages et inconvénients 1) Diagnostics cliniques 14 14 a. Palpation transrectale 14 b. Echographie par voie rectale 15 2) Diagnostics de laboratoire 15 a. Dosage de la progestérone 15 b. Dosage des PAG (Pregnancy Associated Glycoproteins) 16 c. Dosages non utilisés en routine 17 3) Intérêt du développement d’une nouvelle méthode de diagnostic de gestation C) L’interféron tau : rôles et intérêt pour le diagnostic de gestation 1) Rôles de l’interféron tau dans la reconnaissance de la gestation 17 18 18 a. Inhibition de la cascade lutéolytique 18 b. Réaction immunitaire locale 20 1 2) Mécanismes d’action de l’interféron tau 20 a. Action paracrine de l’interféron tau 20 b. Action endocrine de l’interféron tau 21 3) La famille des ISG 22 D) Application au diagnostic de gestation 1) 22 Utilisation de la Reverse Transcription quantitative Polymerase Chain Reaction (RT-qPCR) sur un échantillon sanguin : intérêts 22 2) 22 Mesure de l’ARN messager (ARNm) des ISG sur un prélèvement II) Facteurs influençant la quantification des ARNm 25 A) La technique de RT-PCR en temps réel : fiabilité de la mesure de la quantité réelle d’ARNm 25 1) RT-PCR : principe [1] 25 2) Défauts de mesure liés à la rétrotranscription : importance du choix des primers 28 3) Défauts de mesure liés à la réaction de PCR 28 4) Méthodes de normalisation utilisées 28 a. Normalisation de la taille des prélèvements 29 b. Normalisation par rapport à la quantité d’ARN total 29 c. Normalisation par rapport à l’ADN génomique 29 d. Utilisation de gènes de référence 29 e. Normalisation par rapport à une molécule artificielle 30 B) Modification de la quantité réelle d’ARNm dans le prélèvement 30 1) Dégradation des ARN au cours du temps 30 2) Activation génique ex vivo 31 a. Mise en évidence d’une modification de l’expression génique au sein d’un prélèvement conservé à température ambiante, en l’absence de stabilisateur 31 b. 33 Hypothèses explicatives III) Stabilisation de l’ARN et méthodes d’extraction 35 A) Stabilisation des ARN au cours du stockage des prélèvements 1) 2) 2 35 Congélation des prélèvements sanguins Ajout d’un stabilisateur avant conservation : les tubes PAXgene 35 ® 35 a. Description 35 b. Comparaison de la conservation du matériel génétique dans les tubes PAXgene® et les tubes contenant de l'EDTA : quantité et qualité de l’ARN total 35 c. Conservation de l’expression génique spécifique 36 a. Répétabilité 38 b. Adaptation aux conditions de température 38 B) Isolement des leucocytes avant extraction de l’ARN 38 1) Comparaison de l’expression génique des leucocytes par rapport au sang total 38 2) Isolement des leucocytes mononucléés circulants (LMC) par la méthode Percoll 39 a. Principe 39 b. Comparaison Percoll / Ficoll [75, 53] 40 3) Influence de la séparation des LMC sur l’expression génique 41 4) Conservation des LMC 41 DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPÉRIMENTALE 43 I) 43 Matériel et méthodes A) Animaux et prélèvements 43 B) Conservation des échantillons 43 C) Extraction des ARN 44 D) Rétrotranscription 47 E) PCR en temps réel 48 F) Analyses statistiques 49 II) Résultats A) Qualité des PCR 51 51 B) Comparaison des quantités moyennes d’ARN mesurées pour chaque méthode d'extraction 51 C) Corrélations entre les deux types de prélèvement 53 III) Discussion 55 CONCLUSION 59 3 4 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Cycles ovariens chez la vache p 13 Figure 2 : Persistance du corps jaune en cas de gestation chez la vache p 14 Figure 3 : Evolution de la progestéronémie en fonction du statut physiologique de la vache p 16 Figure 4 : Inhibition de la cascade lutéolytique par l’INFT p 19 Figure 5 : Etapes constituant un cycle de PCR p 25 Figure 6 : Amorces utilisables en RT-PCR p 26 Figure 7 : Comparaison des deux techniques de fluorescence : SYBR® Green et TaqMan® p 27 Figure 8 : Evolution au cours du temps de la quantité d’ARN dans du sang total, prélevé sur EDTA et conservé à température ambiante p 30 Figure 9 : Evolution au cours du temps du niveau d'expression du TNFα, rapportée à l’expression de l’actine, l’ARN 18S, la GAPDH ou la concentration totale d’ARN, dans un prélèvement de sang total prélevé dans un tube avec EDTA p 32 Figure 10 : Effet des conditions de conservation de sang total sur l’expression relative à T0 au cours du temps (T0+4 h ; T0+8 h ; T0 + 24 h ; T0 + 3 j. ; T0 + 5 j.) de 25 gènes p 37 Figure 11 : Obtention d’un gradient de densité avec du Percoll, permettant de séparer les cellules sanguines humaines p 40 Figure 12 : Protocole d’extraction des ARN à partir des leucocytes mononucléés circulants (LMC) isolés utilisant le RNEASY MINI KIT® (Qiagen, Courtaboeuf, France) p 45 Figure 13 : Protocole d’extraction des ARN à partir de sang prélevé dans les tubes PAXgene® à l’aide du PAXGENE BLOOD RNA KIT® (Qiagen, Courtaboeuf, France) p 46 Figure 14 : Protocole de rétrotranscription à l’aide du kit Superscript® II Reverse Transcriptase (Invitrogen, Cergy-Pontoise, France) p 47 5 Figure 15 : Niveaux d’expression de plusieurs gènes selon la méthode de prélèvement et d’extraction des ARN p 52 Figure 16 : Niveau d'expression observé avec les prélèvements en tube PAXgène® en fonction du niveau d'expression observé après isolement des LMC (Percoll) pour chacun des gènes étudiés p 54 Figure 17 : Profils cellulaires des deux types de prélèvement (isolement des leucocytes par la méthode « Percoll » et sang total avec le tube PAXgene®) p 56 6 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Comparaison des tests de diagnostic de gestation par quantification d’ARNm d’ISG avec un test à la progestérone p 23 Tableau 2 : Gènes correspondants, orientation, séquence, température de fusion des amorces utilisées pour les réactions de RT-qPCR et taille attendue des amplicons p 49 Tableau 3 : Quantités moyennes d’ARN mesurées pour chaque méthode d’extraction p 51 Tableau 4 : Coefficients de corrélation des niveaux d'expression de chaque gène, selon la méthode de prélèvement et d'extraction des ARN p 52 7 8 LISTE DES ABREVIATIONS ADNc : Acide DésoxyriboNucléique complémentaire ARN : Acide RiboNucléique ARNm : Acide Ribonucléique messager BAX = BCL-2-associated X protein. BCL = B-cell lymphoma 2 CJUN = Proto-oncogene c-Jun CMH : Complexe Majeur d’Histocompatibilité COX = Cyclo-oxygénase CRE = Causing REcombination CYP2D6 = Cytochrome P450 2D6 DUSP1 : Dual Specificity Protein Phosphatase 1 ECF : Early Conception Factor EDTA : Ethylene Diamine Tétraacétic Acid EIA : Enzyme ImmunoAssay ENOS = Endothelial Nitric Oxide Synthase FOS = Finkel-Biskis-Jinkins osteosarcoma oncogene GAPDH : Glycéraldéhyde 3-phosphate déshydrogénase HPRT : Hypoxanthine-Guanine Phosphoribosyl Transférase HSP = Heat Shock Protein ICAM = Intercellular Adhesion Molecule ICE = Interleukin-1 beta-Converting Enzyme IL : Interleukine INFtau : Interféron tau INRA : Institut National de Recherche Agronomique IRF : Interferon Regulatory Factor ISG : Interferon Stimulated Gene LMC : Leucocyte Mononucléé Circulant MMP = Matrix MetalloProteinase MYC = Myelocytose MX = Myxovirus resistance NFKB = Nuclear factor kappa-light-chain-enhancer of activated B cells OAS-1 : 2'-5'-oligoadenylate synthetase 1 P53 = Protéine 53 PAG : Pregnancy Associated Glycoprotein PBEF1 : Pre-B-cell colony-Enhancing Factor 1 PCR : Polymerase Chain Reaction PGE2 : Prostaglandine E2 Mis en forme : Anglais (États-Unis) 9 PGF2α : Prostanglandine Fα PLAC8 : Placenta Specific Gene 8 PMNC : Polymorphonuclear Cells PSPB : Pregnancy Specific Protein B RBC : Red Blood Cells RIA : Radioimmunoassay RIN : RNA Integrity Number RPL19 : Ribosomal Protein L 19 RT : Rétrotranscription RT-qPCR : RetroTranscription quantitative Polymerase Chain Reaction SDHA : Succinate dehydrogenase A STAT = Signal Transducer and Activator of Transcription TGF = Transforming growth factor TH : T-Helper TNF = Tumor Necrosis Factor UNCEIA = Union Nationale des Coopératives agricoles d’Elevage et d’Insémination Animale UPA = Urokinase-type plasminogen activator YWHAZ = Tyrosine 3-monooxygenase/trytophan 5 monooxygenase activation protein,14-3-3 10 INTRODUCTION « Un veau par vache et par an » : tel est l’objectif de tout éleveur de bovins, dans un contexte d’optimisation de la production. Mais ces dernières années l’augmentation de la production laitière individuelle des animaux s’est accompagnée d’une nette baisse des performances dans le domaine de la reproduction. En conséquence de la diminution de la fertilité et de la fécondité constatée ces dernières années chez les vaches laitières, plusieurs inséminations successives sont régulièrement nécessaires pour aboutir à une gestation. Suite à l’échec de la première tentative d’insémination, il est en principe possible de recommencer trois semaines après, au début du nouveau cycle de la vache. Mais, pour cela, l’éleveur ne dispose actuellement que d’un seul moyen pour savoir à temps que la vache n’est pas gestante : l’observation des chaleurs. Or, cela représente souvent une contrainte : l’éleveur a de moins en moins de temps à accorder à l’observation de ses animaux. De plus, les vaches elles-mêmes expriment parfois peu leurs chaleurs pour de nombreuses raisons : sol inadapté, problèmes de pied, …. C’est pour cette raison que le diagnostic de non gestation se fait fréquemment à l’aide d’une échographie ou d’un dosage de PAG (Pregnancy Associated Glycoproteins) vers le trentième jour après l’insémination. La deuxième insémination intervient alors 42 jours après la première, au lieu de 21 jours dans l’idéal. Il serait donc intéressant de développer une méthode de diagnostic de gestation précoce, pouvant être utilisée vers le 18ème jour du cycle. Or, dès le 14ème jour de gestation chez la vache, l’embryon signale sa présence par la production d’interféron tau, induisant une réaction immunitaire qui va permettre l’acceptation par l’organisme maternel du corps étranger que représente le conceptus. Celle-ci passe notamment par l’induction de cytokines produites par les leucocytes mononucléés sanguins. Cela constitue une voie de recherche très étudiée depuis quelques années pour établir un diagnostic de gestation précoce et non invasif chez la vache. Les ARN (Acides ribonucléiques) présents au cœur des cellules étant le reflet de l’expression génique en réponse à un changement environnemental ou intrinsèque, un diagnostic de gestation pourrait donc exploiter la quantification de l’expression d’un ou de plusieurs de ces gènes afin de la comparer aux résultats connus chez un animal gravide. Une étude dont l'objectif est d'identifier des marqueurs précoces de la gestation dans les leucocytes circulants est actuellement en cours à la station INRA de Jouy-en-Josas. Mais la méthode d'extraction des ARN utilisée n'est pas réalisable en élevage. Afin que ce test soit utilisable en élevage, il est nécessaire trouver une méthode de prélèvement non invasive permettant un traitement des échantillons simple et rapide. La prise de sang est un geste courant et facilement réalisable. Mais le prélèvement utilisé doit permettre la conservation des 11 ARN afin que ceux-ci représentent l’état physiologique réel de l’animal. C’est pourquoi nous avons voulu comparer deux méthodes de prélèvement et d’extraction des ARN qui permettraient d’identifier des marqueurs de gestation précoce chez la vache. Dans une première partie, après avoir revu rapidement les méthodes de diagnostic de gestation actuelles, nous nous intéresserons aux perspectives qu’offre le rôle de l’interféron tau au début de la gestation, ainsi que les contraintes liées à la conservation des ARN dans un prélèvement sanguin et au moment de leur extraction. Puis, nous présenterons les résultats de l’expérience dont l'objectif était de comparer deux types de prélèvements : à l'aide d'un tube avec anti-coagulant tel que le citrate, duquel les cellules mononucléées ont été isolées, ce qui est la méthode couramment employée, et le tube PAXgene® qui contient un conservateur des ARN et duquel on peut extraire ces derniers directement à partir du sang total. 12 PREMIERE PARTIE : Partie bibliographique Il ne s’agit pas ici de réaliser une synthèse exhaustive, ni des méthodes usuelles de diagnostic de gestation, ni des mécanismes physiologiques mis en jeu en début de gestation, mais de simplement situer le contexte dans lequel a été réalisée cette étude. Pour plus d’informations, il est possible de se référer aux thèses vétérinaires de Laura SILVA (Recherche de marqueurs précoces de la gestation dans les cellules immunitaires circulantes chez les ruminants, 2012) et Stéphanie INGHELS (Etude de marqueurs potentiels précoces de la gestation chez la brebis, 2012). I) Méthodes de diagnostic de gestation actuelles et perspectives A) Rappel : cycles ovariens et mise en place de la gestation chez la vache 1) Cycles ovariens chez la vache Chaque cycle ovarien dure en moyenne 21 jours et est composé de trois vagues folliculaires : en effet, tant que le corps jaune résultant de l’ovulation est présent et produit de la progestérone, les follicules dominants des deux premières vagues ne peuvent ovuler et persistent. Lors de la lyse du corps jaune par les prostaglandines PGF2α, le follicule dominant de la troisième vague ovule et forme à son tour un corps jaune (Figure 1). Figure 1 : Cycles ovariens chez la vache, d’après [16] 0 7 14 21 Temps (en jours) Légende : Petits follicules Follicules moyens Follicule dominant PGF2α : prostaglandine F2α 13 2) Mise en place de la gestation chez la vache En cas d’insémination fécondante, le corps jaune persiste, mais les vagues folliculaires continuent également (Figure 2). Figure 2 : Persistance du corps jaune en cas de gestation chez la vache, d’après [45] 0 Légende : 7 14 21 Temps (en jours) Petits follicules Follicules moyens Follicule dominant B) Méthodes de diagnostic de gestation actuelles : avantages et inconvénients La qualité d’un diagnostic de gestation est couramment évaluée par plusieurs critères qui sont la précocité, l’exactitude (nombre de diagnostics positifs/nombre de vaches gestantes), la sensibilité (nombre de diagnostics positifs exacts/nombre de vaches gestantes), la spécificité (nombre de diagnostics négatifs exacts/nombre de vaches non gestantes), la valeur prédictive positive (nombre de diagnostics positifs exacts/nombre de diagnostics positifs) et la valeur prédictive négative (nombre de diagnostics négatifs exacts/nombre de diagnostics négatifs). 1) Diagnostics cliniques a. Palpation transrectale Le diagnostic de gestation par palpation transrectale est réalisable à partir de 35 jours après l’insémination mais il ne devient vraiment pertinent qu’entre 40 et 50 jours [23], date à laquelle on peut détecter avec certitude la fluctuation des liquides fœtaux dans l’utérus. Il a 14 comme avantage d’être simple et peu coûteux (le prix du gant et du gel lubrifiant). Son exactitude varie selon l’opérateur et son expérience. Toutefois, outre sa date de faisabilité tardive, il comporte des risques : la palpation transrectale réalisée vers 45 jours après l’insémination pourrait faire passer le taux de résorption fœtale à 90 jours de 4,3% à 11,4% [17]. b. Echographie par voie rectale L’échographie par voie rectale est généralement réalisée à partir de 28-30 jours pour les génisses, 30-35 jours pour les vaches. Elle a pour principaux avantages de pouvoir présenter immédiatement le résultat à l’éleveur et une innocuité totale [24]. Contrairement à la palpation transrectale, elle permet également de différencier un pyomètre d’un début de gestation puisque le liquide apparaît alors non échogène. A 30 jours, on obtient une sensibilité proche de 98% et une spécificité de près de 88% [41]. Son inconvénient principal est le coût de l’échographe et de la formation de l’opérateur. 2) Diagnostics de laboratoire Chez la femme ou la jument, un diagnostic de gestation plus ou moins précoce est possible grâce à la détection d’une gonadotropine chorionique éliminée dans l’urine ou détectable dans le sang. Malheureusement, aucune hormone de ce type n’a été mise en évidence chez les autres espèces de mammifères [47], ce qui oblige à utiliser d’autres molécules marqueurs de la gestation chez la vache. a. Dosage de la progestérone Ce diagnostic est fondé sur le maintien de la progestéronémie à la fin du cycle, lié à la présence du corps jaune. En effet, le taux de progestérone chez la vache passe de 0,3 à 0,6 ng/mL pendant l’œstrus, à 6 à 9 ng/mL entre le 7ème et le 10ème jour du cycle [8]. Lors de gestation, le taux se maintient à ce niveau élevé au lieu de baisser comme il le fait à la fin du cycle. Il faut donc doser la progestérone entre les jours 19 et 23 (Figure 3). En pratique, on réalise ce dosage entre les jours 21 et 23, ce qui est particulièrement contraignant. 15 Figure 3 : Evolution de la progestéronémie en fonction du statut physiologique de la vache, d’après [65] Cycle 1 Cycle 2 Le dosage de la progestérone peut se faire soit par radio-immunologique (RIA) soit par une méthode immuno-enzymatique (EIA), sur plasma ou sérum, ou sur du lait dans un pot contenant un conservateur, en début de traite du matin car la mesure de la concentration de la progestérone varie selon la teneur en graisses du lait. Sur plasma, le test est positif au-dessus de 2 ng/mL et négatif en-dessous de 1 ng/mL [65]. Il existe donc des cas dits « douteux », entre 1 et 2 ng/mL. L’inconvénient majeur de cette technique de diagnostic est la variabilité de la durée du cycle de la vache. Ainsi, l’absence de progestérone assure à presque 100% que la vache n’est pas gestante, mais un taux encore élevé de progestérone peut être lié à un retard du cycle ou à un cycle court et ne garantit qu’à 65-75% la gestation [15]. De plus, c’est un test onéreux. b. Dosage des PAG (Pregnancy Associated Glycoproteins) Les PAG sont des glycoprotéines sécrétées par les cellules binucléées du trophectoderme (cellules qui migrent vers et fusionnent avec les cellules épithéliales utérines, permettant le passage de ces protéines qui passent dans la circulation générale maternelle). Actuellement, on peut les détecter par dosage radio-immunologique à partir de 30 jours de gestation. A partir de cette date, leur taux augmente avec le poids du placenta, d’abord progressivement jusqu’à la 35ème semaine, puis plus rapidement jusqu’à la fin de la gestation où leur maximum se situe autour de 2,5 g/mL. Ces tests sont fiables et précis assez tôt : par exemple, il a été montré que le dosage de PSPB (une PAG) avait une sensibilité de 92%, une spécificité de près de 83%, une valeur prédictive positive proche de 82%, et une valeur prédictive négative de 92,5% à 30 jours [80]. Toutefois, après le vêlage et l’expulsion du placenta, les PAG restent détectables (> 2 ng/mL) entre 70 et 100 jours [40], du fait de leur demi-vie relativement longue (environ 8 16 jours). Ainsi, sur une vache multipare, le dosage ne peut s’effectuer que si l’on se trouve à plus de 100 jours après le dernier vêlage. A ce jour, seuls trois laboratoires en France réalisent ce dosage (UNCEIA MaisonsAlfort, INRA Tours Nouzilly, INRA Jouy en Josas). c. Dosages non utilisés en routine Le dosage des œstrogènes (œstrone, œstradiol, sulfate d’œstrone) n’est possible qu’à partir d’environ 100 jours de gestation, ce qui n’a pas d’intérêt pour un diagnostic de gestation précoce. En revanche, il permet d’évaluer la viabilité fœtale au cours de la gestation [34, 3]. L’Early Conception Factor (ECF) est une glycoprotéine présente dans le sérum dès 48 heures de gestation. Une tentative de diagnostic de gestation très précoce a été réalisée par dosage de l’ECF à 6 jours de gestation, mais les résultats obtenus étaient décevants, avec une sensibilité de 86% mais une spécificité de 4% [17]. L’hormone lactogène placentaire, ou hormone chorionique somatomammotrope, produite également par les cellules binucléées du trophectoderme, comme les PAG, n’est détectable avec certitude dans le sérum des vaches gestantes qu’à partir du 110ème jour de gestation, ce qui ne présente pas d’intérêt en routine [64]. 3) Intérêt du développement d’une nouvelle méthode de diagnostic de gestation Le cycle œstral de la vache dure 21 jours, et chacune des méthodes décrites ci-dessus n’apporte pas de résultat fiable avant trois semaines. Ainsi, en cas d’échec d’une première insémination, à moins de surveiller attentivement le retour en chaleur de la vache (ce qui ne garantit pas de le voir), il est nécessaire d’attendre le cycle suivant pour réaliser une nouvelle tentative. Il serait donc intéressant de mettre en place une technique de diagnostic simple et précoce, comparable au test de grossesse réalisé chez la femme par dosage de la gonadotrophine. Toutefois, le taux de résorption embryonnaire étant élevé en début de gestation (40% entre le 15ème et le 17ème jour de gestation [80]), il faudrait pouvoir le différencier d’un défaut de fertilité ou de cyclicité. Il serait donc également intéressant de pouvoir évaluer la viabilité de l’embryon et la qualité de son implantation. Pour cela, il faut s’interroger sur les mécanismes moléculaires et hormonaux qui régissent la gestation et trouver un ou des marqueurs précoces de l’implantation de l’embryon dans l’utérus. 17 C) L’interféron tau : rôles et intérêt pour le diagnostic de gestation 1) Rôles de l’interféron tau dans la reconnaissance de la gestation a. Inhibition de la cascade lutéolytique Afin de permettre l’implantation de l’embryon, l’endomètre utérin subit de nombreuses modifications. Celles-ci sont permises par la production d’hormones par les glandes endométriales, situées dans l’espace intercaronculaire, sous l’influence de la progestérone produite par le corps jaune [66]. Cette dernière stimule également l’élongation de l’embryon [67]. La persistance du corps jaune, et donc l’inhibition de la cascade lutéolytique en fin de cycle œstral, est donc essentielle à la poursuite de la gestation. Ceci est permis par la production d’interféron tau (INFT) [72, 35, 41]. Il s’agit d’un interféron de type I, produit par les cellules mononucléées du trophectoderme [67] entre les jours 12 et 15 chez les ovins et 14 à 17 chez les bovins [31]. Il agit de deux manières dans l’inhibition de la lutéolyse (Figure 4) : - De manière directe sur le corps jaune [6], en inhibant la production de PGF2α ou en détruisant la PGF2α lutéale. De manière indirecte : il inhibe la transcription des gènes codant les récepteurs alpha aux œstrogènes situés dans la lumière et sur l’épithélium glandulaire. Les œstrogènes stimulant la production des récepteurs à l’ocytocine et donc la production de prostaglandines PGF2α, l'IFNT entraine donc une diminution de la production de prostaglandines PGE2α, ce qui augmente le rapport PGE2/PGF2 [31]. 18 Figure 4 : Inhibition de la cascade lutéolytique par l’INFT PGF2 R OCYT Cellule endométriale CJ R E2 INFT Cellule mononucléée du trophectoderme Légende CJ : corps jaune PGF2 : prostaglandine F2α OCYT : ocytocine E2 : œstrogène INFT : interféron tau R : récepteur : production : inhibition directe indirecte : stimulation 19 b. Réaction immunitaire locale L’arrivée d'un embryon dans l'utérus, corps étranger vis-à-vis de l'organisme maternel, entraîne une réaction immunitaire locale qui permet une tolérance de l'embryon et protège la gestation d'éventuels organismes pathogènes. Cette réaction immunitaire locale se traduit notamment par la production d’INFT puisque, tout comme les autres interférons, l’INFT possède également des propriétés antivirales, antiprolifératives et immunomodulatrices [57]. Ainsi, l’INFT intervient directement dans les mécanismes de mise en place de la gestation et serait donc une molécule pertinente à doser pour un diagnostic de gestation précoce. Toutefois, aucune méthode à ce jour ne permet de le détecter dans la circulation sanguine [64]. Les molécules dont la production est induite par cet interféron représentent donc des pistes à explorer. 2) Mécanismes d’action de l’interféron tau a. Action paracrine de l’interféron tau Knickerbocker et al. [43] ont étudié la localisation des récepteurs à l’INFT chez la brebis. Ils sont répartis uniformément sur l’ensemble de l’endomètre, sans qu’il y ait de différence de concentration entre les zones cotylédonaires et intercotylédonaires, que ce soit dans la corne controlatérale ou ipsilatérale au corps jaune. L’occupation de ces récepteurs par l’INFT varie au cours du cycle et selon le statut physiologique. En effet, elle est maximale au 4ème jour du cycle et diminue jusqu’au 12ème jour. A ce moment là, elle continue de diminuer chez un animal non gestant mais augmente en cas de gestation, tout comme l’affinité de ces récepteurs pour l’INFT [43]. De plus, il a été mis en évidence que lors d’injection d’INFT dans une corne utérine de brebis, l’autre ayant été ligaturée pour empêcher la circulation des fluides, seuls les gènes codant pour les récepteurs aux œstrogènes de la corne injectée étaient inhibés [65]. L’INFT agit donc de manière locale sur l’endomètre dès le début de la gestation, induisant l’expression de certains gènes. Ainsi, chez la brebis, on a retrouvé une forte expression du gène ISG15 (Interferon Stimulated Gene 15), dès le 13ème jour de gestation dans l’épithélium luminal mais aussi les cellules du stroma situées juste en dessous, ainsi que dans l’épithélium glandulaire superficiel [39]. Au 15ème jour de gestation, les ARNm de ce gène sont présents plus profondément dans l’épithélium et jusque dans le myomètre utérin [39]. Le même phénomène a été décrit chez la brebis par Ott et al. [55] pour un autre gène, MX (Myxovirus resistance), induit par l’INFT. En effet, en cas de gestation, ce gène est surexprimé dès le 13ème jour dans l’épithélium glandulaire et dans le stroma, puis dans le myomètre au 15ème jour. 20 L’INFT induit donc, dès le 13ème jour de gestation chez la brebis, l'expression de certains gènes. Cette induction a lieu progressivement dans toute l’épaisseur de la paroi utérine, de la surface de l’endomètre à la profondeur du myomètre. Il s’agit donc de phénomènes paracrines. b. Action endocrine de l’interféron tau Chez la brebis, au 15ème jour de gestation, ISG15 et OAS-1 (2’-5’-oligoadenylate synthetase 1) sont surexprimés dans les cellules sanguines issues de la veine et de l’artère utérines, ainsi que dans le corps jaune [48]. L’induction des ISG par l’INFT a donc aussi lieu en dehors de l’endomètre. De plus : - L’injection d’INFT dans le corps jaune n’induit pas de surexpression d’ISG15 [48, 78], contrairement à une injection d’INFT par voie sous-cutanée, ce qui suppose l’existence d’un mécanisme autre que paracrine au niveau du corps jaune ; - Au 15ème jour de gestation, l’activité antivirale de l’INFT dans la veine utérine est 500 à 1000 fois plus importante que dans l’artère utérine. Toutefois, la concentration des gènes stimulés par les interférons (Interferon Stimulated Genes = ISG) tels que ISG15 est la même dans la veine utérine, dans l’artère utérine et dans la veine jugulaire [48] ; - L’induction des leucocytes mononucléés au moment de leur passage dans l’utérus avant d’être drainés par voie lymphatique a été exclue car l’expression d’ISG15 dans les LMC est identique dans les nœuds lymphatiques utérins et périphériques [48]. Ces observations chez la brebis permettent de supposer que la stimulation de l'expression de ces gènes ailleurs que dans l'utérus n’est pas uniquement paracrine mais fait intervenir des intermédiaires dans la circulation périphérique [6]. Ainsi, l'IFNT est sécrété par le trophectoderme et passe dans la circulation générale par la veine utérine où il stimule les ISG par voie endocrine. Notons qu’aucune augmentation de la concentration des protéines codées par ISG15 et OAS-1 n’a été observée dans les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins, les érythrocytes et les granulocytes neutrophiles [48]. On obtiendra donc probablement une meilleure sensibilité si l’on recherche une augmentation de l’expression de ces gènes dans les lymphocytes mononucléés isolés plutôt que sur du sang total. 21 3) La famille des ISG Les gènes stimulés par les interférons, et notamment l’INFT, ont été regroupés sous le nom d’ISG. Plus de 100 ISG ont été mis en évidence [24]. Parmi eux, on trouve le gène de la OAS-1, [48], PBEF1 (pre-B-cell colony-enhancing factor 1 ou visfatine) [60], STAT-1 et STAT-2 (signal transducers and activators of transcription) qui sont des facteurs de transcription [31], certains gènes du complexe majeur d’histocompatibilité de classe 1 (CMH1) et le gène de la β2-microglobuline [59], des facteurs de régulation des interférons IRF1 et IRF2 (Interferon Regulator Factors) [31, 15], MX2 et ISG15 [30, 14]. Si la fonction de ces gènes est en général connue, leur rôle exact dans la gestation n’est pas vraiment déterminé. Par exemple, on sait que la protéine ISG15 se lie à des protéines intracellulaires précocement durant la gestation [38], supposant qu’elle module leur conformation et leur expression, sans comprendre réellement son mode d’action. D) Application au diagnostic de gestation 1) Utilisation de la Reverse Transcription quantitative Polymerase Chain Reaction (RT-qPCR) sur un échantillon sanguin : intérêts L'IFNT n'étant pas quantifiable dans le sang, la mise en évidence de sa présence par la quantification du niveau d'expression des ISG afin de diagnostiquer une gestation est envisagée. La quantification du niveau d’expression, sous forme d’ARN messager, d’un gène, peut être effectuée à l’aide de la technique de RT-qPCR, également appelée RT-PCR en temps réel (voir II). De plus, on a vu que la surexpression des ISG lors de gestation était mesurable dans les cellules endométriales dès le 13ème jour de gestation chez la brebis. Toutefois, un diagnostic de gestation faisant intervenir une biopsie utérine ne présentant aucun intérêt, des études ont été menées pour mesurer cette surexpression sur des prélèvements sanguins. Cela présente l’avantage d’une innocuité totale. 2) Mesure de l’ARN messager (ARNm) des ISG sur un prélèvement Il a été montré que des gènes comme ISG15 ou OAS-1 étaient surexprimés dans les cellules sanguines de la circulation périphérique au 15ème jour de gestation chez la vache [6]. De même, différentes études sur des vaches et des brebis ont montré que, dans les LMC, le niveau d'expression de MX2 augmentait largement à J16 et celui d'ISG15 à 18 jours par comparaison à des femelles non gestantes [27, 67, 79]. En revanche, l’augmentation du niveau d'expression de MX1 n'était pas significative à J20 et aucune modification du niveau d'expression d'IRF1 et IRF2 n’a été observée [27]. 22 Suite à ces observations, des tests de diagnostic de gestation sur des vaches à 18 jours de gestation ont été évalués, soit par la quantification des ARNm d’ISG15 sur sang total prélevé sur un tube EDTA (Ethylene Diamine Tétraacétic Acid) par Han et al. [30], soit par la mesure du niveau d’expression de MX2 dans les LMC par Stevenson et al. [68]. Le tableau 1 expose les résultats de ces essais. Comme pour le dosage de progestérone, les résultats de Han et al. étaient meilleurs en réalisant une série de prélèvements sanguins sur plusieurs jours. La faible fiabilité de ces tests a amené les chercheurs à s’orienter vers des gènes ne dépendant pas de l’IFNT. Notons toutefois que l’expression d’ISG15 et de MX2 peut également être reliée à la viabilité de l’embryon. Ainsi, un faible niveau d’expression de ce gènes à 18 jours est corrélé à un plus fort taux de résorption embryonnaire [43, 79]. Tableau 1 : Comparaison des tests de diagnostic de gestation par quantification d’ARNm d’ISG avec un test à la progestérone [30, 68] Test Sensibilité Spécificité Valeur prédictive positive Valeur prédictive négative Progestérone [32] / / Han et al. (2006) / / Stevenson et al. (2007) 57% 63% 47% 62% 63% 100% 89% 57% 23 24 II) Facteurs influençant la quantification des ARNm Le niveau d’expression des gènes à un moment donné peut donc donner des informations précises sur le statut physiologique de l’animal. Toutefois, les quantités d’ARNm mesurées sont elles le véritable reflet de l’expression génétique au moment du prélèvement ? A) La technique de RT-PCR en temps réel : fiabilité de la mesure de la quantité réelle d’ARNm 1) RT-PCR : principe [1] La RT-PCR comporte deux étapes : une première étape de rétrotranscription, où l’ARN est transformé en ADN complémentaire (ADNc) beaucoup plus stable, puis une étape de PCR où l'ADNc correspondant au gène choisi est amplifié grâce à des amorces spécifiques (Figure 5). Figure 5 : Etapes constituant un cycle de PCR, d’après [1] A B 3’ 5’ 5’ 3’ 3’ 5’ 5’ 3’ 3’ 5’ 5’ 3’ C Légende : A : séparation des brins B : hybridation des amorces C : élongation du brin complémentaire par la Taq polymérase Trois types d’amorces (ou primers) peuvent être utilisés pour la première étape qui transforme l’ARN en ADNc (Figure 6) : - des oligonucléotides dT qui se fixent sur la queue polyA des ARN, - des amorces random qui amplifient des ADNc de grande taille sous forme de fragments, - des amorces spécifiques de la séquence que l’on souhaite transformer en ADNc. 25 Figure 6 : Amorces utilisables en RT-PCR A C B L’intérêt de la RT-PCR en temps réel est la mesure quantitative de l’ARN initial, grâce à l’observation de la cinétique de la réaction de PCR. Pour cela, plusieurs techniques de fluorescence existent pour mettre en évidence le nombre de copies d’ADN au cours du temps (Figure 7) : - les agents intercalants qui s’insèrent entre les deux brins de l’ADN (donc de tous les ADN amplifiés par PCR) lorsqu’ils sont appariés, le plus utilisé étant le SYBR® Green (Applied Biosystems, Carlsbad, USA), - les sondes : ce sont des amorces spécifiques des brins amplifiés qui émettent un signal fluorescent après s’être liées à l’ADN d’intérêt. Les plus employées sont les sondes TaqMan® (Applied Biosystems, Carlsbad, USA). 26 Figure 7 : Comparaison des deux techniques de fluorescence : SYBR® Green et TaqMan® (Applied Biosystems, Carlsbad, USA), d’après [70]. A B ADN 1) 1) ADN ADN ADN ADN 2) 2) ADN ADN ADN ADN 3) 3) ADN ADN Légende : A : Fluorescence en utilisant une sonde TaqMan® 1) Un rapporteur fluorescent et un quencher sont fixés respectivement aux extrémités 3’ et 5’ de la sonde TaqMan®. 2) Quand la sonde est intacte, le rapporteur n’émet pas de fluorescence. 3) Au moment de la polymérisation de l’ADN double brin, le rapporteur est clivé et, séparé du quencher, il devient fluorescent. Sonde TaqMan® Rapporteur fluorescent Quencher B : Fluorescence en utilisant le SYBR® Green 1) Lorsque les brins de nucléotides ne sont pas appariés, le SYBR® Green n’émet pas de fluorescence. 2) Au cours de la polymérisation de l’ADN double brin, la fluorescence augmente. 3) Lorsque le brin d’ADN est entièrement polymérisé, la fluorescence est maximale. SYBR® Green 27 2) Défauts de mesure liés à la rétrotranscription : importance du choix des primers Au moment de la rétrotranscription, quel que soit l’amorce utilisée, des amorces endogènes peuvent modifier l’ADNc rétrotranscrit et aboutir, après la PCR, à un résultat inférieur à la quantité réelle d’ARNm initiale [11]. Lors de l’utilisation d’amorces random, la majorité des ARN transcrits est constituée d’ARN ribosomaux, ce qui peut poser problème si l’ARN cible est présent en très petite quantité. Dans ce sens, l’utilisation d’oligo dT est plus spécifique puisqu’elle ne rétrotranscrit pas les ARN ribosomaux ; toutefois l’inconvénient de ces amorces est la nécessité d’un ARN d’excellente qualité puisqu’il doit avoir conservé sa queue polyA. L’utilisation d’amorces spécifiques est la méthode donnant de meilleurs résultats, notamment pour des ARN rares car cela évite la rétrotranscription des autres ARN qui diluent les ARN d’intérêt. Toutefois, dans le cas de l’amplification de plusieurs gènes, elle nécessite plusieurs réactions séparées, ce qui a, bien sûr, des conséquences pratiques et financières. 3) Défauts de mesure liés à la réaction de PCR La première limitation de la PCR est l’effet "Monte Carlo" qui limite l’amplification des fragments d’ADNc présents en petite quantité : plus la concentration d’un élément est faible, moins sa concentration après amplification sera proche de la réalité [11]. La deuxième limite vient de l’analyse de la fluorescence émise. Lors de l’utilisation d’un agent intercalant, la fluorescence sera d’autant plus grande que le fragment d’ADN est long, ce qui rend imprécis le nombre de copies déduites de cette fluorescence. De plus, les amplifications non spécifiques émettent également de la fluorescence. Lors de l’utilisation d’une sonde, la fluorescence émise est spécifique de la cible qui est amplifiée, mais une simple mutation peut empêcher la sonde de se fixer et donner ainsi de faux négatifs [11]. 4) Méthodes de normalisation utilisées Afin de s’assurer de la fiabilité de la comparaison des résultats, plusieurs méthodes de normalisation peuvent être utilisées [35]. Leur but est de corriger la variabilité des résultats due aux différentes étapes de l’analyse des prélèvements : tailles d’échantillon différentes, qualité de la conservation de l’ARN, efficacité de la synthèse d’ADNc. 28 a. Normalisation de la taille des prélèvements La première méthode, pour s’assurer que les mesures d’ARN de deux prélèvements sont comparables, est de réaliser des échantillons de même taille. On réalise ainsi des prélèvements sanguins de même volume ou le cas échéant des prélèvements de tissus de même taille et poids. Cette technique ne présente toutefois pas toujours une bonne fiabilité. Par exemple, deux prélèvements sanguins ne contiennent pas toujours la même quantité de cellules [19]. Il est alors difficile de comparer l’expression d’un gène entre ces deux prélèvements. b. Normalisation par rapport à la quantité d’ARN total Cette technique consiste à rapporter les quantités d’ARNm variables des gènes d’intérêt à la quantité totale d’ARN dans le prélèvement. La majorité des ARN totaux est constituée d’ARN ribosomaux, et on s’appuie alors sur l’hypothèse que ceux-ci représentent 80% de l’ARN total et que ce rapport ne change pas. Mais cette technique présente des inexactitudes puisque les ARNm mesurés ne représentent que 1 à 5% des ARN totaux et que leur concentration peut ainsi changer sans modifier la quantité d’ARN total. De plus, Johansson et al. [37] ont montré que la proportion d’ARNm par rapport aux ARN totaux variait selon les techniques d’extraction des ARN utilisées. c. Normalisation par rapport à l’ADN génomique On peut normaliser les quantités d’ARNm à la quantité d’ADN génomique, qui reste stable selon le statut physiologique de l’animal et est moins fragile que l’ARN. Cette technique pose l’inconvénient de nécessiter une réaction supplémentaire pour mesurer la quantité d’ADN. De plus, la mesure de la quantité d’ADN peut inclure l’ADN de bactéries qui est parfois non négligeable dans certains prélèvements [69]. d. Utilisation de gènes de référence Le principe de cette méthode repose sur la mesure de l’expression de gènes de référence, appelés également gènes de ménage, connus pour avoir une expression forte et stable, dans toutes les cellules nucléées de l’organisme, quel que soit le statut physiologique de l’animal prélevé. Les mesures de quantité d’ARN de gènes cibles sont rapportées à la quantité d’ARN de ces gènes de référence [37]. Les gènes de ménage les plus couramment utilisés sont les gènes codant la β-actine, la Glyceraldéhyde-3-Phosphate Déshydrogénase (GAPDH), l’Hypoxanthine-Guanine 29 Phosphoribosyl Transférase (HPRT) ou l’ARN ribosomal 18S. Ils ont été choisis pour la RTPCR en temps réel car leurs qualités de gènes de référence avaient été historiquement prouvées pour le Northern Blot et la RT-PCR conventionnelle notamment [37]. e. Normalisation par rapport à une molécule artificielle Cette méthode repose sur l’incorporation, au moment de la rétrotranscription, d’une concentration connue d’une molécule d’ARN clonée in vitro ou synthétisée. Actuellement, l’utilisation de cette méthode reste limitée du fait de son coût élevé [37]. Des techniques existent donc pour rendre les résultats de la RT-PCR en temps réel les plus représentatifs possibles de la quantité d’ARNm présente dans le prélèvement au moment de la réaction. Mais cette quantité est-elle le reflet exact du statut physiologique de l’animal, autrement dit, est-elle identique à celle que l’on mesurerait in vivo ? B) Modification de la quantité réelle d’ARNm dans le prélèvement 1) Dégradation des ARN au cours du temps La conservation de sang total dans un tube avec EDTA entraîne une dégradation rapide et importante de la quantité d’ARN total [56, 50]. Ainsi, Pahl et Brune ont montré que la quantité d'ARN était divisée par deux en moins de 24 heures, comme l’illustre la figure 8 [50]. Concentration en ARN (%) Figure 8 : Evolution au cours du temps de la quantité d’ARN dans du sang total, prélevé sur EDTA et conservé à température ambiante, d’après [50]. Temps (jours) Légende : * p<0,05 ; ** p< 0,01 par rapport à la quantité initiale 30 L’hypothèse la plus probable pour expliquer cela est la libération d’endonucléases lors de la lyse des cellules sanguines consécutive à la prise de sang. 2) Activation génique ex vivo a. Mise en évidence d’une modification de l’expression génique au sein d’un prélèvement conservé à température ambiante, en l’absence de stabilisateur La conservation d’un prélèvement sanguin pendant une nuit à température ambiante modifie de manière spécifique les quantités d’ARN mesurées. En effet, Baechler et al. [4] ont identifié 2034 gènes dont l’expression subissait des variations plus ou moins importantes dans les premières heures. Selon les gènes, on observe une activation ou une inhibition de l’expression. La plupart de ces gènes sont connus pour intervenir dans des situations de stress et jouent un rôle dans la transcription, l’apoptose, la réponse immunitaire ou le cycle cellulaire [28, 18]. On peut noter que deux des gènes choisis pour la partie expérimentale du travail présenté ici, le gène oncogène FOS (Finkel-Biskis-Jinkins osteosarcoma oncogene) et STAT1, avaient un niveau d’expression respectivement multiplié par plus de 1000 et divisé par 10 en une nuit, et font ainsi partie des gènes sensibles aux conditions de conservation. De plus, une importante réaction inflammatoire, objectivée par différents phénomènes, tels qu'une augmentation de la synthèse de cytokines et une modification de l'expression de gènes par les cellules leucocytaires mononucléées dès les premières heures qui suivent le prélèvement sanguin, a été mise en évidence. Ainsi, Pahl et Brune [50] ont montré que l'expression de TNFα (Tumor Necrosis Factor) sur un prélèvement réalisé sur un tube avec EDTA et conservé à température ambiante augmentait de manière importante, quelle que soit la méthode de normalisation utilisée (Figure 9). 31 ARNm du TNFα (expression relative) Figure 9 : Evolution au cours du temps du niveau d'expression du TNFα, rapportée à l’expression de l’actine, l’ARN 18S, la GAPDH ou la concentration totale d’ARN, dans un prélèvement de sang total prélevé dans un tube avec EDTA, d’après [46]. Temps (jours) Légende : ** = p< 0,01 par rapport à l’ARN total au moment de la prise de sang RNA conc = concentration totale d’ARN Une modification de l’expression d’autres gènes codant pour des cytokines a également été observée. Par exemple : - l'expression des interleukines (IL) IL-6 et IL-8 [50, 28] subissaient une forte augmentation, - l'expression d’IL-1β diminuait les six premières heures, augmentait pendant 3 jours puis diminuait jusqu’à atteindre sa valeur initiale au septième jour [50]. Ils ont également montré des modifications des proportions des différentes populations cellulaires. L’étude du ratio de l’expression d’INFγ (Interferon gamma) sur IL-4 suite à un prélèvement sanguin sur anticoagulant a mis en évidence une modification au cours du temps de l’expression des gènes de la population lymphocytaire, traduisant une augmentation de l’expression génique des lymphocytes T helper 1 (TH-1) par rapport à celle TH-2 [50]. De même, on observe une augmentation de l’expression des gènes spécifiques des monocytes et des lymphocytes T régulateurs, prouvée par une augmentation de la production d’IL-10 [50], dans les 24 heures suivant le prélèvement. Ainsi, suite à un prélèvement sanguin, les leucocytes mononucléés circulants modifient leur profil d’expression et sont plus ou moins activés selon les populations. Ces modifications de l’activité génique se produisent très rapidement puisqu’on en observe les effets dès les deux premières heures après le prélèvement [28]. Pahl et K. Brune [50] ont également montré que l’ajout d’actinomycine D, inhibiteur de la transcription, ne stabilisait la quantité d’ARN de TNFα que si l'ajout avait lieu le premier jour. Ainsi, les 32 modifications d'expression de gènes consécutives au prélèvement ont lieu essentiellement dans les premières 24 heures. b. Hypothèses explicatives Plusieurs hypothèses ont été énoncées pour expliquer cette réaction des cellules immunitaires. La première est la modification du milieu plasmatique, caractérisée par : - une situation d’hypoxie, avec une diminution de la pression de dioxygène et une augmentation de la pression de dioxyde de carbone [28]. En effet, l’expression de DUSP1 (Dual specificity protein phosphatase 1), codant pour une protéine (phosphatase) exprimée dans des conditions de stress oxydatif, est augmentée lors du stockage du prélèvement sanguin pendant une nuit [4], - une diminution du glucose et une augmentation du lactate, - une diminution du pH [28]. A cela s’ajoute une modification de l’environnement sanguin : le contact avec les parois du tube est différent de celui des cellules endothéliales des vaisseaux sanguins [56, 50]. On peut citer également le contact avec l’hémoglobine libérée lors de la lyse des globules rouges [56] ainsi qu’une éventuelle légère coagulation involontaire lors du prélèvement [56]. Des études ont également montré que les conditions de prélèvement influent sur la qualité des échantillons. Ainsi, la vitesse de prélèvement a des conséquences sur la production de cytokines. En effet, Härtel et al. [32] ont montré que l’augmentation importante du flux sanguin lors de la prise de sang était liée à une augmentation significative de l’expression d’IL-2, IL-4 et de TNFα dans les premières 24 heures, par rapport à un prélèvement réalisé lentement. De plus, Marteau et al. [44] ont montré que la qualité et la quantité de l’ARN total mesurées étaient meilleures lorsque le prélèvement sanguin avait été effectué sur un tube avec EDTA plutôt que sur un tube avec héparine. 33 34 III) Stabilisation de l’ARN et méthodes d’extraction A) Stabilisation des ARN au cours du stockage des prélèvements 1) Congélation des prélèvements sanguins La congélation des prélèvements sanguins entraîne la lyse d’un grand nombre de cellules, libérant des endonucléases qui détruisent le matériel génétique. De plus, l’ARN est ensuite difficile à isoler puisque qu’il est emprisonné dans les débris cellulaires [9]. Des stabilisateurs de l’ARN ont donc été mis au point. 2) Ajout d’un stabilisateur avant conservation : les tubes PAXgene® L’ajout de Trizol (solution chimique contenant du thiocyanate de guanidine et du phénol) stabilise les concentrations d’ARNm spécifique [50]. Toutefois, ajouter quelques millilitres d’une solution de Trizol dans un tube avec EDTA immédiatement après le prélèvement est difficilement réalisable lors de prélèvements de routine. Des tubes contenant déjà un stabilisateur du matériel génétique ont donc été développés : les tubes PAXgene® (Becton Dickinson, Le Pont de Claix, France). a. Description Ces tubes pouvant recevoir 2,5 mL contiennent un stabilisateur du matériel génétique. Un kit spécial, le PAXgene Blood RNA Kit® (Qiagen, Courtabœuf, France) doit être utilisé pour l’extraction des ARN sur sang total. b. Comparaison de la conservation du matériel génétique dans les tubes PAXgene® et les tubes contenant de l'EDTA : quantité et qualité de l’ARN total Il a été montré que les tubes PAXgene® permettaient la conservation de la quantité d’ARN total. En effet, Beekam et al. [36] ont travaillé sur des échantillons qui avaient été congelés immédiatement après le prélèvement. Des tubes PAXgene® ont été incubés une journée à température ambiante alors que des tubes EDTA ont décongelé pendant 2 heures dans de la glace. Suite à ces traitements, les tubes PAXgene® contenaient 40 fois plus d’ARN que les tubes avec EDTA. Jia et al. [56] ont également montré qu’après 30 jours de congélation, on mesurait 100 à 120% de l’ARN total initial sur les tubes PAXgene® contre 20% sur des tubes avec EDTA. 35 Beekman [9] a également montré que la qualité de l’ARN total était bien meilleure avec les tubes PAXgene®, en utilisant trois paramètres : - Le RIN (RNA Integrity Number) est une mesure de la qualité (valeur de 1 à 10, 10 équivalant à des ARN de très grande qualité) fondée sur la marque électrophorétique de l’ARN. Il était en moyenne proche de 10 pour les ARN provenant des tubes PAXgene® alors qu’il n’a pu être déterminé pour les ARN provenant des tubes avec EDTA. - La taille de l’ARN : elle avoisinait les 1500 bases en moyenne pour les ARN provenant des tubes PAXgene®, contre 250 bases en moyenne pour les ARN provenant des tubes avec EDTA. - Le ratio GAPDH 3’/5’ est obtenu en ajoutant des sondes se fixant sur les extrémités 3’ et 5’ des ARNm de GAPDH et permet ainsi d’évaluer la quantité d’ARNm ayant entièrement été transcrits. Il augmente donc lorsque la qualité des ARN diminue (recommandations : inférieur à 3). Il était en moyenne proche de 1 pour les ARN provenant des tubes PAXgene® et en moyenne supérieur à 4 pour les ARN provenant des tubes avec EDTA. c. Conservation de l’expression génique spécifique Il a été montré que la conservation des prélèvements à température ambiante pendant plusieurs jours ne modifiait pas les concentrations des ARN spécifiques. En effet, Rainen et al. [56] ont comparé l’évolution sur cinq jours, de la quantité d’ARNm spécifiques de 25 gènes dans du sang total prélevé dans un tube avec EDTA et dans un tube PAXgene® et conservé 24 heures à température ambiante. Ils ont démontré la stabilité des ARNm spécifiques conservés dans des tubes PAXgene®, par rapport à ceux conservés dans des tubes avec EDTA (figure 10). 36 Figure 10 : Effet des conditions de conservation de sang total sur l’expression relative à T0 au cours du temps (T0+4 h ; T0+8 h ; T0 + 24 h ; T0 + 3 j. ; T0 + 5 j.) de 25 gènes, d’après [52] Légende : A : conservation dans un tube avec EDTA ; B : conservation dans un tube PAXgene® IL = Interleukine ; INF = Interféron ; TGF = Transforming growth factor ; TNF = Tumor Necrosis Factor ; COX = Cyclo-oxygénase ; ICE = Interleukin-1 beta-converting enzyme ; CJUN = Protooncogene c-Jun ; MMP = Matrix metalloproteinase ; UPA = Urokinase-type plasminogen activator ; HSP = Heat shock protein ; CRE = Causing recombination ; ICAM = Intercellular Adhesion Molecule ; FOS = Finkel-Biskis-Jinkins osteosarcoma oncogene ; MYC = Myelocytose ; CYP2D6 = Cytochrome P450 2D6 ; NFKB = Nuclear factor kappa-light-chain-enhancer of activated B cells ; STAT = Signal Transducer and Activator of Transcription ; P53 = Protéine 53 ; BCL = B-cell lymphoma 2 ; ENOS = Endothelial nitric oxide synthase ; BAX = BCL-2-associated X protein. 37 a. Répétabilité Feezor et al. [21] ont montré une répétabilité satisfaisante des niveaux d'expression de gènes mesurés par analyse transcriptomique à partir de sang total prélevé dans des tubes PAXgene®. b. Adaptation aux conditions de température Thach et al. [71] ont montré que conserver les tubes PAXgene® à température ambiante quelques heures (jusqu’à neuf heures) avant de les congeler n’altérait pas la qualité de l’ARN et n’avait qu’une influence minime sur la variabilité des niveaux d’expression des gènes étudiés. Ces résultats sont donc en faveur d’une utilisation simple et rapide des tubes PAXgene® dans le cadre d’études épidémiologiques ou diagnostiques, grâce à la qualité de la conservation du matériel génétique du sang total, notamment à température ambiante. Toutefois, on se place ici dans le cadre de la quantification de l’expression de gènes en lien avec l’immunité et principalement exprimés par les leucocytes. On peut donc envisager l’isolement de ceux-ci afin de mesurer plus efficacement les modifications de leur expression. B) Isolement des leucocytes avant extraction de l’ARN 1) Comparaison de l’expression génique des leucocytes par rapport au sang total Hammerle-Fickinger et al. [29] ont comparé la quantité et la qualité des ARN extraits à partir de sang total ou après isolement des leucocytes par lyse des érythrocytes. Ils ont obtenu avec l'isolement des leucocytes purifiés une plus grande quantité et une meilleure qualité d’ARN total. De même, Feezor et al. [21] ont voulu déterminer si 2 méthodes d'extraction des ARN (extraction des ARN après isolement des leucocytes prélevés dans un tube avec héparine et extraction des ARN à partir de sang total collecté dans un tube PAXgene®) avaient les mêmes capacités pour détecter des modifications de niveaux d'expression suite à une stimulation ex vivo (par ajout de l'entérotoxine B staphylococcique juste après le prélèvement de sang), grâce à une analyse transcriptomique. Ils ont constaté que la première méthode (isolement des leucocytes) était significativement plus fiable que la seconde. Cette différence serait majoritairement liée aux gènes spécifiques des érythrocytes, très abondants dans le sang total. Toutefois, l’utilisation de la RNase H associée à des marqueurs spécifiques des principaux gènes de l’hémoglobine afin d’éliminer l’expression de ces gènes n'a pas suffit à conduire à 38 des résultats identiques à ceux obtenus avec les leucocytes isolés, ce qui suggère que d’autres gènes, comme ceux associés aux thrombocytes, constituaient aussi des artefacts. Ainsi, il semble avantageux de mesurer l’expression génétique uniquement sur les leucocytes afin d’éviter les imprécisions liées aux gènes liés spécifiquement aux autres éléments figurés du sang (érythrocytes et thrombocytes). 2) Isolement des leucocytes mononucléés circulants (LMC) par la méthode Percoll a. Principe Le principe consiste à séparer les différentes populations cellulaires du sang par un gradient de densité et de taille. Pertoft et al. [54] ont décrit en 1979 la méthode suivante : - Mélange de 10 mL de Percoll dilué à 70% dans du NaCl (support de gradient de densité, voir après) à 0,15 mmol/L, centrifugés pendant 15 minutes dans un rotor d’angle 14° à 20 000 g. - Deux mL de ce gradient sont retirés du fond du tube et 2 mL de sang dilué à 50% dans du NaCl à 0,15 mmol/L est déposé au dessus. - L’ensemble est centrifugé comme indiqué sur la figure 11. 39 Figure 11 : Obtention d’un gradient de densité avec du Percoll, permettant de séparer les cellules sanguines humaines [12] Légende : MNC = Mononuclear Cells (LMC) ; PMNC = Polymorphonuclear Cells Polynucléaires ; RBC = Red Blood Cells Globules rouges ; Platelets = Plaquettes ; Density gradient = Gradient de densité La distance depuis le ménisque, mesurée en centimètres (distance from the meniscus cm) est spécifique des différentes populations cellulaires du sang b. Comparaison Percoll / Ficoll [75, 53] Le Percoll et le Ficoll sont les deux supports de gradient de densité les plus utilisés. Le Percoll est constitué de particules de silicate colloïdales de 15 à 30 nm de diamètre, recouvertes de polyvinylpyrrolidone pour protéger les cellules de la toxicité de ces particules. Le Ficoll est un polysaccharide. L’augmentation de la densité est associée, surtout pour le Ficoll, à une augmentation de l’osmolarité qui est néfaste aux cellules que l’on souhaite séparer. Le Ficoll est donc habituellement associé à un composé iodé (Ficoll-Hypaque par exemple) afin de le stabiliser. Toutefois, le faible poids moléculaire des composés iodés leur permet de passer les membranes cellulaires et d’entrer dans les cellules. L’osmolarité du Percoll reste faible malgré l’augmentation de densité. 40 Un autre avantage du Percoll par rapport au Ficoll est qu’il ne modifie pas la densité des monocytes, ce qui permet, après isolement des LMC, de séparer plus précisément les monocytes des lymphocytes si besoin [75]. 3) Influence de la séparation des LMC sur l’expression génique Härtel et al. [29] ont montré que la simple séparation des LMC par la méthode FicollHypaque entrainait une augmentation significative de la quantité d’ARNm spécifiques de l’IL-2, l’IL-4 et du TNFα. En revanche, l’augmentation de l’expression génique de l’INFγ n’était pas systématique et n’était pas significative. De même, les marqueurs Cluster de différentiation (CD) CD69 et CD25, exprimés lors de l’activation des lymphocytes T, n'étaient pas plus nombreux suite à la séparation des LMC [32]. Ainsi, la séparation des LMC peut provoquer la synthèse de cytokines éventuellement responsable d'une préactivation des leucocytes et ainsi d'une modification de l’expression génique traduisant l’état physiologique de l’animal. 4) Conservation des LMC Marteau et al. [44] ont montré que la congélation à -80 °C pendant 15 mois des LMC issus de sang collecté dans un tube avec EDTA n’altérait ni la quantité ni la qualité de l’ARN total. On peut ainsi envisager deux méthodes de prélèvement et de conservation des ARN des leucocytes sanguins afin de mesurer des modifications des niveaux d'expression de gènes durant la gestation : soit à partir de sang total prélevé dans un tube PAXgene® afin de stabiliser l’ARN, soit dans les LMC uniquement, isolés directement après un prélèvement dans un tube contenant un anticoagulant. 41 42 DEUXIEME PARTIE : Etude expérimentale De nombreuses études recherchent actuellement des gènes différentiellement exprimés au début de la gestation chez la vache. Certaines de ces études, comme celle présentée dans la thèse de Laura SILVA (2012), sont réalisées à l’aide d’échantillons sanguins prélevés dans des tubes contenant un anti-coagulant et de la méthode « Percoll ». Afin d’alléger les protocoles opératoires en élevage, il s’agissait, dans cette étude, de vérifier que les résultats obtenus par la méthode « Percoll » étaient transposables à des prélèvements sanguins réalisés dans des tubes PAXgene®. I) Matériel et méthodes A) Animaux et prélèvements Les prélèvements ont été réalisés sur dix brebis de race Préalpes du Sud à la station INRA de Jouy-en-Josas. Par le fait du hasard, toutes les brebis se sont avérées gestantes depuis 12 jours. Leur gestation a été constatée à l’abattage par observation directe des conceptus. Chaque animal a subi une prise de sang à la veine jugulaire afin de prélever 20 mL de sang dans des tubes contenant du citrate (Buffered Na3-citrate 5 mL VENOJECT®, Terumo France, Guyancourt, France) et 2 x 2,5 mL de sang dans des tubes PAXgene® (Becton Dickinson, Le Pont de Claix, France). B) Conservation des échantillons Les LMC ont été isolés à partir du sang prélevés avec anti-coagulant, immédiatement après la prise de sang, par la méthode Percoll (thèse S. Inghels, 2012), puis congelés à -80 °C dans du Trizol LS® (Invitrogen, Cergy-Pontoise, France) jusqu'à l'extraction des ARN. Selon les instructions du fabricant, les tubes PAXgene® ont été laissés à température ambiante pendant 2 heures, puis congelés à -20°C jusqu’à l’extraction des ARN. 43 C) Extraction des ARN Après décongélation et homogénéisation des LMC à l’aide d’une aiguille 18 gauge et d’une seringue de 2 mL, l’extraction des ARN a été réalisée selon le protocole schématisé sur la figure 12 en utilisant le RNEASY MINI KIT® (Qiagen, Courtaboeuf, France). De même, la figure 13 résume le protocole d’extraction de l’ARN à partir des tubes PAXgene® décongelés, à l’aide du PAXGENE BLOOD RNA KIT® (Qiagen, Courtaboeuf, France). Les ARN ont ensuite été quantifiés par spectrophotométrie (NANODROP ND-3300, Labtech, Wilmington, USA). Leur qualité a été évaluée par l'AGILENT 2100 BIOANALYZER (Agilent, Santa Clara CA, USA). 44 Figure 12 : Protocole d’extraction des ARN à partir des leucocytes mononucléés circulants (LMC) isolés utilisant le RNEASY MINI KIT® (Qiagen, Courtaboeuf, France) Légende : RDD, RPE, RW1 = tampons spécifiques du RNEASY MINI KIT® composition non publiée ; RNase = Ribonucléase ; ADNase I = Désoxyribonucléase I 45 Figure 13 : Protocole d’extraction des ARN à partir de sang prélevé dans les tubes PAXgene® à l’aide du PAXGENE BLOOD RNA KIT® (Qiagen, Courtaboeuf, France) 46 Légende : RDD, BR1, BR2, BR3, BR4, BR5 = tampons spécifiques du PAXGENE BLOOD RNA KIT®, composition non publiée ; Colonnes SHREDDER et PAXGENE RNA fournies avec le PAXGENE BLOOD RNA KIT® RNase = Ribonucléase ; ADNase I = Désoxyribonucléase I D) Rétrotranscription Les ARN ont ensuite été rétrotranscrits par le kit Superscript® II Reverse Transcriptase (Invitrogen, Cergy-Pontoise, France) d’après le protocole décrit figure 14. Les ADNc ainsi obtenus ont été dilués 5 fois, 200 fois (échantillons utilisés pour étudier les gènes d’intérêt) et 500 fois (échantillons utilisés pour étudier les gènes de référence). Figure 14 : Protocole de rétrotranscription à l’aide du kit Superscript® II Reverse Transcriptase (Invitrogen, Cergy-Pontoise, France) Légende : Buffer 5X First Strand, DTT 0,1 M, Superscript II : fournis avec kit Superscript® II Reverse Transcriptase ; H20 = eau sans ribonucléases ; qsp = quantité suffisante pour. 47 E) PCR en temps réel Les gènes utilisés pour comparer les deux méthodes d’extraction des ARN ont été choisis à partir des gènes répertoriés dans la littérature et identifiés à partir d'une analyse transcriptomique réalisée dans le laboratoire, montrant que leur expression est modifiée pendant la gestation de la brebis. Nous avons donc choisi comme gènes de référence ceux utilisés classiquement c’est-à-dire RPL19 (Ribosomal Protein L 19), GAPDH (Glycéraldéhyde 3-phosphate déshydrogénase) et β-actine. Nous avons ajouté cinq gènes d’intérêt : FOS (Finkel-Biskis-Jinkins osteosarcoma oncogene), MX1 (Myxovirus resistance 1), PLAC8 (Placenta Specific Gene 8), PBEF1 (Pre-B-cell colony-enhancing factor 1) et STAT1 (Signal Transducer and Activator of Transcription). Les amorces utilisées pour chaque gène et présentées dans le tableau 1 ont été dessinées à l’aide de l’application «Primer Blast» (NCBI, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/tools/primer-blast), synthétisées et fournies par Eurogentec (Liège, Belgique). L’efficacité de ces couples d’amorces a été testée sur une gamme de référence créée à partir d’un mélange d’échantillons représentant les différents stades physiologiques liés à la gestation, après dilutions successives (dilutions au ¼) de la solution mère issue de la rétrotranscription (RT). Les produits de PCR ont été analysés par migration dans un gel d’agarose à 2 % en Tris/Borate/EDTA concentré une fois (TBE 1X), suivie d’une coloration au bromure d’éthidium (BET ; Invitrogen, Cergy-Pontoise, France) et d’une lecture au phospho-imageur FLA-3000 (Fujifilms France, Bois d’Arcy, France). La taille des fragments a été mesurée et comparée à la taille attendue des amplicons, puis les produits de PCR ont été séquencés au laboratoire Beckman Coulter Genomics (Takeley, Royaume-Uni) afin de vérifier que l’amplicon obtenu correspondait au gène d’intérêt. Les échantillons ont été déposés en dupliquas sur des plaques 96 puits (Applied Biosystems, Carlsbad, USA), chaque puits contenant : - 5 µL d’échantillon - 10 µL de Mix PCR : • 7,5 µL de Master Mix (SYBRGreen®, Applied Biosystems, Carlsbad, USA) • Soit 0,15 µM d’amorces sens et antisens pour PBEF1, FOS, soit 0,30 µM d’amorces pour β-actine, STAT1, PLAC8, GAPDH, MX1 et RPL19 • 1,9 µL d’H20 RNase free. Les réactions de PCR ont été réalisées avec un appareil de type Step One plus (Applied Biosystems, Carlsbad, USA) en utilisant le programme suivant : - 10 min à 90°C 48 - 45 cycles de 15 secondes à 95°C suivis par 1 min à 60°C - Dissociation des amorces : 15 secondes à 95°C, 20 secondes à 90°C puis 15 secondes à 95°C. Le niveau d’expression des transcrits, déterminé à l’aide de la courbe standard (gamme de référence), a ensuite été rapporté à un facteur de normalisation généré par le logiciel Qbaseplus (Biogazelle, Zwijnaarde, Belgique) à partir des trois gènes de ménage (GAPDH, RPL19 et β-actine). Tableau 2 : Gènes correspondants, orientation, séquence, température de fusion des amorces utilisées pour les réactions de RT-qPCR et taille attendue des amplicons Nom du gène GAPDH β-ACTINE RPL19 MX1 STAT1 FOS PLAC8 PBEF1 Sens Séquence de l’amorce ( 5’ vers 3’ ) Température de fusion (°C) Sens Antisens Sens Antisens Sens Antisens Sens Antisens Sens Antisens Sens Antisens Sens Antisens Sens Antisens GCTGACGCTCCCATGTTTGT TCATAAGTCCCTCCACGATGC GCTTTACCACCACAGCCGAG CGACGCAGCAGTCATCT CCCCAATGAGACCAATGAAATC CAGCCCATCTTTGATCAGCTT CCACCACCGACAGCTCCCCT GCAGGTGTGGGCGTGAAGCA GTGGCGGAGAGTCTGCAGCA GGTGAGTTGGCATGCAGGGC TCATCCTAGCGGCTCACCGACC CCTCAGATTCAGGGGTGGCAGC GCCACAAGACACAGCTGCCCA CGCTTGCAACTCCGGGCTGA CCTGACGGCTCTGTCATTCC TGATTGGATACCAGGACTGAACA 67,4 66,1 69,8 61,5 66,2 65,3 68,0 66,0 66,0 66,0 55,3 55,3 53,6 66,0 64,0 48,4 Taille attendue de l’amplicon 243 pb 100 pb 73 pb 167 pb 190 pb 126 pb 123 pb 121 pb F) Analyses statistiques Les données ont été traitées avec le logiciel GRAPH PAD PRISM (Version 4.0 ; GrapPad Software, La Jolia, USA). Pour chaque gène, nous avons procédé à un calcul du coefficient de Spearman pour évaluer la corrélation entre les deux prélèvements de chaque brebis, ainsi qu’à un test de Student pour comparer les moyennes obtenues sur chaque type de tube. Ces calculs ont été faits à partir du logarithme décimal des quantités d’ARN mesurées. 49 50 II) Résultats Suite à la coagulation du sang prélevé dans plusieurs tubes PAXgene® de trois des dix brebis, seules sept brebis ont été analysées. Le RIN des ARN obtenus, estimant leur qualité, était compris entre 8 et 9,5 et comparable entre les deux types de prélèvements. A) Qualité des PCR Avant d’exploiter les résultats de chaque PCR, nous avons contrôlé la qualité de la réalisation des dépôts et de la réaction de PCR. Pour cela, nous avons vérifié trois paramètres : - La qualité de la courbe standard avec un r² > 0,98, une pente proche de –3,4 et une efficacité comprise entre 90 et 110%. - Une absence de fluorescence dans le puits contenant le témoin négatif (eau), ou au moins une fluorescence inférieure à celle mesurée dans le puits contenant l’échantillon de la gamme le plus dilué. - Une courbe de fusion ne présentant qu’un seul pic par gène étudié. B) Comparaison des quantités moyennes d’ARN mesurées pour chaque méthode d'extraction Les moyennes étaient significativement différentes au risque 5% pour tous les gènes, sauf pour β-actine, comme le montre le tableau 3. La distribution des valeurs est présentée dans la figure 15. Tableau 3 : Quantités moyennes d’ARN mesurées pour chaque méthode d’extraction FOS Percoll Moyenne +/- écart-type 2,31 +/- 1,35 PAXgene Moyenne +/- écart-type 0,31 +/- 0,15 <0,05 MX1 1,35 +/- 2,38 4,41 +/- 8,49 <0,05 PLAC8 2,11 +/- 0,97 0,79 +/- 0,25 <0,05 PBEF1 2,04 +/- 0,78 0,89 +/- 0,50 <0,05 STAT1 1,73 +/- 0,95 1,03 +/- 0,34 <0,05 RPL19 1,54 +/- 0,25 0,78 +/- 0,10 <0,05 GAPDH 0,98 +/- 0,17 1,54 +/- 0,25 <0,05 β-ACTINE 0,70 +/- 0,19 0,86 +/- 0,19 0,58 Gène p 51 Figure 15 : Niveaux d'expression de plusieurs gènes selon la méthode de prélèvement et d'extraction des ARN MX1 * FExpression old change exp ression relative Expression relative Fo ld change exp ression FOS 4.5 4.0 3.5 3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 0.0 20 15 10 5 0 Percoll Percoll Paxgene STAT1 * 4.5 4.0 3.5 3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 0.0 FoExpression ld change exp ression relative Expression Fold change exprelative ression PLAC8 * 4 3 2 1 0 Percoll Percoll Paxgene PBEF1 ACTINE * Fold change expression Expression relative 4 3 2 1 0 Percoll 1.1 1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 Percoll Paxgene * 1.5 1.0 0.5 0.0 Paxgene RPL19 Fold changerelative expression Expression GAPDH 2.0 Lot Paxgene Lot Lot Percoll Paxgene Lot Lot Expression relative Fo ld change ex pression Paxgene Lot Lot Expression Fold changerelative expression * 25 * 2 1 0 Percoll Paxgene Lot Légende : Percoll : isolement des leucocytes mononucléés circulants après prise de sang sur tube avec citrate ; Paxgene : prise de sang sur tube PAXgene® ; chaque carré ou triangle représente une brebis ; la barre horizontale représente la moyenne ; * = p < 0,05 52 C) Corrélations entre les deux types de prélèvement Aucune corrélation significative n’a été observée, sauf pour MX1 (tableau 4). La figure 16 présente le niveau d'expression observé avec les prélèvements en tube PAXgène® en fonction du niveau d'expression observé après isolement des LMC (Percoll) pour chacun des gènes étudiés. Tableau 4 : Coefficients de corrélation des niveaux d'expression de chaque gène, selon la méthode de prélèvement et d'extraction des ARN Gène Coefficient de Spearman P 0,61 NS FOS 0,89 < 0,05 MX1 0,61 NS PLAC8 0,32 NS PBEF1 0,64 NS STAT1 0,21 NS GAPDH -0,46 NS β-ACTINE -0,39 NS RPL19 *NS = Non significatif 53 Figure 16 : Niveau d'expression observé avec les prélèvements en tube PAXgène® en fonction du niveau d'expression observé après isolement des LMC (Percoll) pour chacun des gènes étudiés MX1 25 0.5 20 0.4 Paxgene Paxgene FOS 0.6 0.3 0.2 15 10 5 0.1 0 0.0 0 1 2 3 4 5 0 6 1 2 5 6 7 8 2.0 1.3 1.2 1.1 1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 1.5 Paxgene Paxgene 4 STAT1 PLAC8 1.0 0.5 0.0 0 1 2 3 4 5 0 6 1 2 3 4 Percoll Percoll ACTINE PBEF1 1.2 2.5 1.1 Paxgene 2.0 Paxgene 3 Percoll Percoll 1.5 1.0 1.0 0.9 0.8 0.7 0.5 0.6 0.5 0.4 0.0 0 1 2 3 4 5 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 Percoll Percoll GAPDH RPL19 2.00 0.95 0.90 Paxgene Paxgene 1.75 1.50 0.85 0.80 0.75 0.70 1.25 0.65 1.00 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 1.2 1.3 1.4 Percoll Légende : chaque carré représente une brebis 54 0.60 1.00 1.25 1.50 1.75 Percoll 2.00 2.25 III) Discussion L'un des axes de recherche du laboratoire dans lequel ce travail a été réalisé est l'identification de marqueurs sanguins précoces de la gestation chez les ruminants. Jusqu'à présent, le matériel biologique utilisé est constitué des leucocytes mononucléés circulants (LMC) isolés à partir du sang total par une méthode au Percoll. Cette méthode d'obtention des échantillons n'est pas compatible avec une application en élevage. Les tubes PAXgene®, qui contiennent un stabilisateur des ARN, sont tout à fait indiqués pour cela. Mais il fallait s'assurer, dans un premier temps, que l'utilisation de ces tubes pouvait se substituer parfaitement à l'isolement des LMC. Pour cela, nous avons comparé les niveaux d'expression de plusieurs gènes d'une même brebis, en prélevant du sang avec le tube PAXgene® et le tube avec anti-coagulant suivi d'un isolement des LMC (méthode « Percoll ») au même moment et dans les mêmes conditions. Les gènes choisis étaient cinq gènes d’intérêt, qu'une analyse transcriptomique réalisée au laboratoire a montré différentiellement exprimés dans les LMC entre des brebis non gestantes et des brebis gestantes à J15 [61] : MX1, PBEF1, PLAC8, STAT1 et FOS. Trois gènes de référence, a priori non liés à l’état physiologique de l’animal et exprimés en grande quantité ont également été étudiés : GAPDH, RPL19 et β-actine. Que ce soit pour les gènes de référence ou pour les gènes d’intérêt, les quantités d’ARNm mesurées étaient significativement différentes entre les tubes PAXgene® et la méthode « Percoll ». De plus, aucune corrélation entre les deux types de prélèvement n’a pu être établie. Les deux méthodes ne semblent donc pas être équivalentes, bien qu'il faudrait poursuivre l'expérience sur un plus grand effectif pour le confirmer. Il n'est donc pas sûr que le ou les marqueurs de la gestation identifiés avec l'une des méthodes pourront être utilisés à des fins diagnostiques avec l'autre méthode. Plusieurs études ont constaté que le niveau d'expression des gènes était moins élevé lorsqu’il était mesuré à partir de sang total qu'à partir des cellules mononucléées préalablement isolées, indépendamment des conditions de prélèvement [46, 71]. Nos résultats sont en accord avec cette observation, sauf pour MX1 (mais probablement à cause d'un échantillon hors norme), GAPDH et l'actine. Pour ces deux derniers gènes, il est possible que malgré leur utilisation en tant que gènes de référence, ils soient davantage exprimés par les cellules qui sont éliminées dans la méthode "Percoll". La principale raison permettant d'expliquer ces différences entre les deux méthodes est donc la proportion des populations cellulaires dans les prélèvements : il n'y a que des lymphocytes et des monocytes pour la méthode Percoll, alors qu'il s'agit de sang total pour les tubes PAXgene® (figure 17). 55 Figure 17 : Profils cellulaires des deux types de prélèvement (isolement des leucocytes par la méthode « Percoll » et sang total avec le tube PAXgene®), d’après [46] A B B Légende : A : tube PAXgene® ; B : méthode « Percoll » LT = Lymphocytes T ; Lymphocytes B Chaque type cellulaire possède sa propre expression génique. Par exemple, Min et al. ont mesuré une forte expression des gènes liés au transport des gaz dans le sang total, qui sont des gènes principalement exprimés par les érythrocytes. Les lymphocytes et monocytes, quant à eux, expriment plus fortement les gènes de facteurs de transcription que les leucocytes polynucléaires [18, 21, 51, 78]. Plus concrètement ici, les granulocytes neutrophiles expriment largement le gène PBEF1 lors d’inflammation. Ainsi, la prise de sang en ellemême va entraîner une surexpression de PBEF1 qui ne devrait pas être mesurée avec la méthode « Percoll ». Or l’expression de PBEF1 mesurée est plus élevée avec cette méthode, ce qui laisse penser que d’autres facteurs sont en jeu. Par exemple, les granulocytes éosinophiles, eux, contiennent une forte concentration de RNases, qui sont responsables de la dégradation de l’ensemble des ARN [63]. L’effet Monte Carlo pourrait expliquer, au moins en partie, le plus faible niveau d'expression avec les tubes PAXgene® : moins la concentration d’un ARN est élevée, moins l’amplification sera le reflet de la concentration réelle. Dans le sang total, les ARN leucocytaires sont dilués dans l’ARN total, notamment celui des réticulocytes, qui représentent 1 à 4% des érythrocytes. Ainsi, chez un individu sain, on compte entre 5.107/mL et 2.108/mL de réticulocytes contre 7.106/mL de leucocytes [56]. Une des méthodes recommandées pour contrer l’effet Monte Carlo est d’utiliser de l’ARN spécifique plutôt que de l’ARN total, mais l’élimination des ARN liés à l’hémoglobine ne permet pas d’obtenir des résultats similaires à ceux obtenus sur des leucocytes préalablement isolés [21], probablement du fait de l’ajout d’une étape supplémentaire favorisant la dégradation des ARN. Enfin, certains composants sanguins tels que des composants de l'hème de l’hémoglobine, qui sont présents lors d'utilisation des tubes PAXgene®, sont connus pour 56 inhiber la réaction de PCR [56]. Les étapes entre le prélèvement et l’isolement de l’ARN sont également différentes selon les deux méthodes et peuvent influencer différemment la dégradation des ARN ou l'expression des certains gènes des cellules. Par exemple, si la congélation des leucocytes à -80°C n’influence ni la quantité ni la qualité de l’ARN, leur isolement constitue une étape susceptible de les activer et d’augmenter l’expression des gènes liés à l’inflammation [44]. Les trois gènes de référence utilisés dans cette étude sont classiquement utilisés lors de PCR en temps réel, car ils sont supposés être fortement exprimés et ne présenter que de très faibles variations. Or, ces gènes ont été choisis de manière historique, après que leur qualité en tant que gènes de référence ait été démontrée pour le Northern Blot ou la RT-PCR conventionnelle (techniques non ou semi quantitatives), sans qu’elles ne l’aient été pour la RT-PCR en temps réel qui est une technique quantitative [35]. Il a même été montré que βactine et GAPDH notamment étaient différentiellement exprimés dans certains tissus [55, 10]. Si dans certains cas cette variabilité n’a que peu d’influence sur les résultats, l’utilisation de ces gènes comme gènes de référence peut ne pas être appropriée lorsque les conditions expérimentales interviennent dans leur régulation [74, 5]. Facci et al. [20] recommandent l’utilisation de l’association GAPDH et β-actine lors de RT-PCR en temps réel lors d'isolement des LMC, RPL19 et SDHA (Succinate dehydrogenase A) sur les lymphocytes T, et RPL19 et β-actine sur les monocytes. Toutefois, Pelleto et al. [52] ont recherché les combinaisons de gènes les mieux adaptées lors de RT-PCR en temps réel à partir de sang total d’ovins et ont trouvé les associations suivantes : SDHA/HPRT (Hypoxanthine-Guanine Phosphoribosyl Transférase), YWHAZ (Tyrosine 3-monooxygenase/trytophan 5 monooxygenase activation protein, 14-3-3)/GAPDH et SDHA/YWHAZ. Ces combinaisons garantissaient l’utilisation de gènes fortement exprimés et stables quel que soit le statut physiologique et clinique de l’animal. Il serait alors intéressant d'ajouter l'une de ces combinaisons dans notre étude. 57 58 CONCLUSION La comparaison des niveaux d'expression de huit gènes à partir de sang total prélevé dans un tube PAXgene® et à partir de leucocytes mononucléés circulants (LMC) isolés du sang total a permis de mettre en évidence l’importance d’un protocole standardisé pour la réalisation d’une RT-PCR en temps réel à partir d’un échantillon sanguin. L’utilisation des tubes PAXgene® présente des avantages évidents pour une réalisation en routine d’un diagnostic de gestation puisqu’il permet une conservation des ARN à température ambiante et évite l’étape supplémentaire de l’isolement des LMC. Toutefois, les gènes étudiés sont connus pour avoir une expression différenciée dans les LMC entre des animaux gestants et des animaux non gestants. Les différences de niveaux d'expression que nous avons observées entre les deux méthodes de prélèvement sanguin et l’absence de corrélation entre les deux méthodes montrent la nécessité de confirmer que le différentiel d'expression entre les animaux gestants et non gestants obtenu avec la méthode de référence (isolement des LMC) sera détectable à partir de sang total et les tubes PAXgene®. Le profil cellulaire des prélèvements, l’expression génique de chaque type cellulaire et leurs réactions aux conditions de prélèvement et de conservation, les étapes de traitement des échantillons, sont autant de paramètres modifiant l’expression génique réelle et mesurée des deux types de prélèvement, même sur des gènes de référence qui devraient être stables. Pour la mise en place d’un test de diagnostic de gestation précoce par RT-PCR en temps réel, il convient donc, non seulement de s’interroger sur les gènes que l’on va utiliser, mais également sur la technique de traitement des prélèvements sanguins qui leur est associée, tout en sachant que la fiabilité de la technique peut être partiellement ou entièrement liée au gène étudié. 59 60 BIBLIOGRAPHIE 1) ABITBOL M. Génétique et biologie moléculaire préclinique – Document de cours de Génétique Moléculaire 1ère année d’enseignement, Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, Unité de génétique médicale et moléculaire, 2007, 153 p 2) AKANE A, MATSUBARA K, NAKAMURA H, TAKAHASHI S, KIMURA K. Identification of the heme compound copurified with deoxyribonucleic acid (DNA) from bloodstains, a major inhibitor of polymerase chain reaction (PCR) amplification. J Forensic Sci 1994, 39, 362–372 3) AUSTIN KJ, WARD SK, TEIXEIRA MG, DEAN VC, MOORE DW, HANSEN TR. 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Cette étude a porté sur la comparaison des quantifications des ARN de cinq gènes d’intérêt et trois gènes de ménage, réalisées sur deux types de prélèvements sanguins réalisés sur dix brebis gestantes : un tube avec anticoagulant, tel que le citrate, suivi d’un isolement des lymphocytes, et un tube PAXgène® qui contient un conservateur d’ARN. Les mesures obtenues pour sept brebis (3 animaux exclus pour cause de coagulation du sang) étaient significativement différentes pour tous les gènes d’intérêt et pour deux gènes de ménage, et aucune corrélation entre les mesures n’a pu être déterminée. Ces deux méthodes ne semblent donc pas être équivalentes et pouvoir être interverties, mais des données supplémentaires sur des effectifs plus grands sont nécessaires pour conclure. Mots clés DIAGNOSTIC PRECOCE DE GESTATION / ARN / MARQUEUR PRECOCE DE GESTATION / PAXGENE / PERCOLL / RUMINANT / OVIN / BREBIS Jury : Président : Pr. Directeur : Dr. CONSTANT F. Assesseur : Dr. ABITBOL M. COMPARISON OF TWO METHODS OF RNA ISOLATION TO IDENTIFY GENES FOR EARLY PREGNANCY DIAGNOSIS IN CATTLE SURNAME : GILLIER Given name : Sandrine Summary In a context of optimizing the milk production by cows, it is also important to maintain the reproductive performances. Therefore, a method of early pregnancy diagnosis would allow, in case of failure of the first insemination, to carry out a second insemination as soon as the estrous cycle ends. Recent studies have aimed at measuring the RNA of early gene markers of gestation in circulating mononuclear lymphocytes. So far, a previous isolation of the lymphocytes had remained necessary. This study consisted in comparing the RNA measurement of 5 genes of interest and 3 housekeeping genes, in two different blood samples in ten pregnant ewe: on the one hand a blood collection tube with an anticoagulant, such as citrate, then mononuclear cells isolation, and on the other hand a blood collection tube called PAXgene® with a RNA preservative. The results were significantly different for every gene of interest and for 2 of the housekeeping genes. Besides, no correlation between these results could be determined. So these two methods are not equal and cannot be compared. Keywords EARLY PREGNANCY DIAGNOSIS / RNA / EARLY GENE MARKERS OF PREGNANCY / PAXGENE / PERCOLL / RUMINANT / OVINE / EWE Jury : President : Pr. Director : Dr. CONSTANT F. Assessor : Dr. ABITBOL M.