MERCREDI`21`octobre`2015`à`17`heures`45` Joan`Miro,`Mur,`frise
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MERCREDI`21`octobre`2015`à`17`heures`45` Joan`Miro,`Mur,`frise
KIWANIS CLUB ZURICH-ROMANDIE www.kiwanis.zurich-romandie.ch INVITATION'AVEC'DAMES'ET'VOS'AMIS'FRANCOPHONES'ET'FRANCOPHILES' MERCREDI'21'octobre'2015'à'17'heures'45' Joan'Miro,'Mur,'frise,'murale' Avec!Mme!Marion!Bernauer! Kunsthaus,!Zurich! Le! travail! de! Joan! Miró! (1893! –1983)! se! caractérise! par! une! ! littéralité,! qui! toujours! thématise! aussi! la! matérialité! de! sa! ! ! peinture.!Dans!ses!écrits,!il!fait!du!mur!en!tant!que!tel!le!point! de! départ! de! sa! peinture.! C’étaient! au! début! les! murs! de! la! ferme!de!Montroig,!dont!l’imperfection!faisait!surgir!des!images! où! se! révélait! toute! la! beauté! du! matériau,! saisi! dans! tous! ses! détails,! et! en! même! temps! traduit! avec! une! grande! poésie.! Le! mur! n’était! pas! seulement! objet! de! représentation,! il! imposait! aussi!la!qualité!physique!et!haptique!de!la!peinture.!Il!n’y!avait! donc!qu’un!pas!de!la!simple!représentation!à!l’assimilation!de!la! toile!à!un!mur,!et!le!choix!minutieux!des!fonds,!leur!préparation! soigneuse,!que!l’on!retrouve!dans!toutes!les!phases!de!l’oeuvre! de! Miró,! doivent! être! rapprochés! de! cet! objectif.! Coulures! et! tâches! volontaires,! fonds! blanchis,! jute! brut,! matériaux! inhabituels!tels!que!panneaux!d’aggloméré,!papier!de!verre!ou! carton!bitumé!sont!mis!au!service!de!l’imagination!artistique!et! donnent!naissance!à!l’univers!pictural!de!Miró.! ! Très!tôt,!Miró!s’est!intéressé!à!un!format!de!tableau!allongé!à! Joan!Miró!travaillant!aux! l’extrême!mais!fort!étroit,!qui!même!dans!de!petites!dimensions! «Oiseaux!qui!s’envolent»!à! annonce!ses!grandes!frises.!À!partir!de!travaux!réalisés!pour! Gallifa,!1971! Photo:!Francesc!Català!Roca,!©! certains!espaces!spécifiques,!de!grands!triptyques!et!de!toiles! Arxiu!Fotogràfic!de!Barcelona! murales,!l’exposition!retrace!cet!oeuvre!en!grand!format,!et! ©!Successió!Miró!/!2014! offre!une!mise!en!perspective!historique!du!célèbre!mur!en! ProLitteris,!Zurich! céramique!«Oiseaux!qui!s’envolent»,!de!1971!/!72,!qui!fait! partie!de!la!collection!du!Kunsthaus.! ' Programme:! ! ! 17!h!45! Prenez'vos'billets,!la!visite!est!offerte!par!le!KCZR,! Distribution!des!écouteurs! 19!h!30! Repas!au!«!Zunfthaus!Zum!Grünen!Glas! ! Prix:''' ' CHF'65.Q'par'personne,'repas,'3'dl'de'vin,'eau'minérale'et'café'compris' ' ' Inscription':! via!Doodle!pour!les!membres' par!email!pour!les!amis!:[email protected]' jusqu’au!lundi!19'octobre'2015' ! Pour%le%KC%Zurich.Romandie,% Serge%Colomb,% responsable%du%programme%2014/2015% % Consulter%notre%programme%online! ! ! LE TEMPS MARDI 6 OCTOBRE 2015 22 Culture «La Ferme», 1921-1922. Huile sur toile 123,8x121,3 cm. «Deux oiseaux de proie», 1973. Acrylique sur toile préparée. 258x210,5 cm A VOIR Au Kunsthaus de Zurich Miró, mur, frise, murale Jusqu’au 24 janvier 2016. (SUCCESSION MIRÓ/ PRO LITTERIS) Un Âge d’or Jusqu’au 29 novembre. Des chefs-d’œuvre de la peinture hollandaise du XVIIe siècle issus d’une collection particulière zurichoise. How Much Can You Take? Jusqu’au 1er novembre. Une quarantaine d’œuvres de l’enfant terrible du cinéma américain, John Waters. Délicieusement tragi-comique. www.kunsthaus.ch Chez Joan Miró, le mur est un territoire BEAUX-ARTS Le Kunsthaus de Zurich montre comment l’artiste catalan a utilisé la paroi comme support et comme inspiration ELISABETH CHARDON Au Kunsthaus de Zurich, les jours de beau temps, la cour intérieure est un havre paisible. D’autant plus que les couleurs et les formes si caractéristiques de Joan Miró vous libèrent d’un possible sentiment d’enfermement. La pièce, un mur de céramique, s’appelle d’ailleurs Oiseaux qui s’envolent. On peut y laisser planer son regard, composer et recomposer les ailes colorées et les yeux ronds, imaginer poussins hirsutes et ocelles de paons. C’est cette œuvre qui a servi de prétexte à la grande exposition ouverte la semaine dernière – Joan Miró, mur, frise, murale. Pour celui qui n’aurait en souvenir que les incontournables posters qui ont multiplié et aplani son œuvre, rattacher Miró au concept de mur peut sembler saugrenu. Trois pas PUBLICITÉ dans l’exposition et cela prend tout son sens. Chaque pièce se matérialise, s’épaissit. Le curateur, Olivier Wick, nous offre une clé de lecture évidente, peut-être même trop, en plaçant au début de l’exposition La Ferme, un tableau de 1921-1922 – chef-d’œuvre de Miró avant Miró, si l’on peut dire. Le sujet l’enracine dans ses origines. Même si cette ferme de Mont-roig del Camp, près de Tarragone, n’a été achetée par ses parents qu’en 1910, quand il a déjà 17 ans, c’est là que le jeune homme soigne son typhus avant de commencer ses études artistiques. Il commence la toile sur place, la continue à Barcelone, la termine à Paris, où il va entrer en surréalisme. Le tableau, qu’un galeriste faillit découper en plusieurs scènes pour mieux le vendre, fut acquis par Ernest Hemingway quelques années plus tard grâce à un épisode de crowdfunding comme il se pratiquait alors, c’est-à-dire en faisant la tournée des bars de Montparnasse pour taper les amis. La toile semble composée comme un grand rassemblement pour des adieux. C’est tout un monde que le peintre détaille avec une tendre naïveté. Jusqu’à cette façade qui est comme un tableau dans le tableau, avec ses taches, ses fêlures, minérales, végétales, qui dessinent une géographie. C’est là que ça se passe. Joan Miró a trouvé dans le mur le meilleur outil d’évasion. Ne pas le franchir, ni le nier, mais s’y arrêter, exploiter sa richesse. Pour l’artiste, désireux de s’affranchir des limites de la peinture, le mur n’est plus une frontière, il devient un territoire. Le parcours de l’exposition nous montre ensuite comment dans ces années 1920, Joan Miró imite les vieux murs en travaillant des fonds bruns. En fait, même les fonds bleus, qu’on identifie bien sûr au ciel, rappelaient au Catalan des murs de ferme enduits à la chaux pigmentée d’outremer. «Je veux assassiner la peinture», déclaret-il en 1927, évoquant un art «en décadence depuis l’âge des cavernes». A Zurich, ces propos polémistes sont illustrés par une Ernest Hemingway a acquis ce tableau grâce à une collecte dans les bars de Montparnasse toile dont la pureté et l’équilibre vous clouent sur place. Sur un vaste fond blanc, deux grandes taches, la rouge encore un peu plus grande que la jaune, avec des bords agrandis par de fins coups de pinceaux en demi-cercles, et un petit rond noir. Signée en 1930, cette abstraction s’appelle Peinture (La Magie de la couleur). Elle est un souffle d’absolu dans ce parcours plutôt dense où l’on se perd facilement dans des circulations pas toujours évidentes. A cette révolution sereine répondent d’autres œuvres plus matérielles et brutes. Dans ces mêmes années autour de 1930 Joan Miró expérimentait en effet des fonds plus inhabituels, de la toile de jute épaisse aux panneaux d’aggloméré. Il juxtapose les textures, glisse dans ses tableaux du sable, du goudron, du papier de verre. Cette matérialité brute est aussi un reflet de la noirceur des temps, de la guerre d’Espagne qui s’approche et qui devance d’autres terribles horizons. La paix revenue, l’artiste retrouve de grands fonds clairs pour des toiles composées comme de larges fresques. Mais il continue à expérimenter aussi les matières, recouvrant par exemple des surfaces cartonnées, quand il ne sculpte et ne moule pas des personnages, travaillant cailloux, ciments et vernis comme un maçon. L’exposition se termine avec les dessins grandeur nature qui ont permis la réalisation du Mur de la lune et du Mur du soleil commandés pour le siège parisien de l’Unesco. Inaugurées en 1957, ces deux murales lancent le peintre dans une nouvelle pratique dont le mur de céramique de la cour du Kunsthaus est un bel exemple. ■ Miroslav Marsalek, l’originalité au quotidien EXPOSITION Le Centre d’art contemporain de Genève célèbre un de ses collaborateurs: un dessinateur compulsif qui croque la ville et la vie, au talent découvert par hasard par le directeur de l’institution «Surtout pas d’originalité», dit l’intitulé de l’exposition, au Centre d’art contemporain de Genève, des dessins de cet original. Miroslav Marsalek, dit Mirek, y apparaît comme un dessinateur compulsif, et très talentueux. Semi-autodidacte, puisqu’il a suivi une formation de graphisme et de calligraphie à la SOSV de Prague, il manie l’ironie aussi bien que le crayon, la plume et le pinceau. Arrivé en Suisse en 1988, Marsalek a rejoint en 2011 l’équipe technique du centre. «Mirek est un homme peu bavard, il apparaît et disparaît avec l’agilité d’un chat. (…) L’hiver dernier, alors que je traversais la plaine de Plainpalais, je l’ai vu devant un chevalet en train de peindre à l’aquarelle.» C’est ainsi qu’Andrea Bellini, le directeur du Centre d’art contemporain, et donc de Mirek, explique comment il a «découvert» son employé et le «raffinement corrosif» de son travail. Accompagnée d’un catalogue dont les pages souples rendent justice à la qualité des des- sins, l’exposition au Project Space pose évidemment la question de la nature de cet indéniable talent. Textes superbement calligraphiés, croquis rapides, à l’encre, dessins plus longuement travaillés, lavis mêlés de lignes et alliage de textes et d’images proche de la bande dessinée, ces pages de carnets et feuilles isolées sont truffées de références, de clins d’œil et d’interpellations. Le dessinateur observe les passagers dans le tram, il brosse son autoportrait alors qu’il se lave les dents, il crée, dans l’idée de dormir à la rue, des personnages emballés dans du papier journal – personnages qui acquièrent une aura un peu inquiétante. Le clandestin Si l’exposition a été conçue en collaboration avec le Museum of Everything, c’est naturel- A travers le crayon de l’artiste les personnages deviennent inquiétants. (PRO LITTERIS) lement que Miroslav Marsalek œuvre en marge de l’art tel que l’exposent habituellement les galeries et centres d’art, comme celui de Genève. Cet homme qui ne se cache pas n’en est pas moins, selon le mot d’Andrea Bellini, «un clandestin de l’art». Un air de Renaissance Quel que soit le statut de leur auteur, les dessins exposés, où l’esprit d’observation sert l’inventivité, comme un tremplin, où le sens critique côtoie la générosité, s’offrent à leur tour à la lecture et à l’observation. On a beau jeu de relever la diversité des sources d’inspiration, et du traitement des sujets, toujours liés, peu ou prou, à ce regard qui s’exerce au quotidien. Traitement varié, à la fois audacieux et d’une grande délicatesse, et qui renvoie aux dessins de la Renaissance. Vraiment, il valait la peine d’exposer cet artiste ouvert à tout, qui voit de l’art partout, et dans la ville surtout. Un homme, une femme, un mouvement, une tache, tout lui est sujet. ■ LAURENCE CHAUVY «Miroslav Marsalek: Surtout pas d’originalité!», Centre d’art contemporain, Project Space (rue des VieuxGrenadiers 10, Genève, tél. 022 329 18 42). Ma-di 11-18h. Jusqu’au 8 novembre.