La démarche Montessori d`un peu plus près

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La démarche Montessori d`un peu plus près
La démarche Montessori d’un peu plus près
La pédagogie Montessori est pratiquée dans le monde entier. Phénomène qui s’explique, d’abord, par la personnalité même de
Maria Montessori. En effet, sa vie est étroitement liée à son œuvre, comme ses théories philosophiques et pédagogiques découlent
directement de ses expériences concrètes.
Maria Montessori est née le 31 août 1870 à Chiaravelle près d’Ancône. A l’âge de seize ans, elle obtient son premier diplôme
technique d’ingénieur. En 1896, elle devient la première femme diplômée en médecine, en Italie.
Elle travaille, alors,
immédiatement à la clinique psychiatrique de Rome et donne ses premières conférences sur l’éducation des enfants handicapés.
En 1897, elle fonde une école d’orthophrénie pour les enfants déficients mentaux, or c’est dans ce nouveau cadre qu’elle va
expérimenter, avec succès, les principes qui forment aujourd’hui sa pédagogie. Et c’est en 1901, prenant un poste dans le
département d’anthropologie de Rome afin de parfaire sa compréhension des mécanismes d’apprentissage, qu’elle fait une
rencontre déterminante avec les travaux des français Itard et Seguin. Ceux-ci étaient connus, notamment, pour l’éducation de
Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron, et fournissent à Maria, par leurs études, le premier matériel adapté pédagogiquement.
Elle fonde alors, en 1907, la première Maison des Enfants à Rome, pour connaître une renommée quasi immédiate qui conduira,
en 1912, à la traduction en anglais de ses travaux et à la création d’une centaine d’écoles Montessori en Amérique du Nord. Reçue
par Graham Bell, en 1913, elle préside l’association Montessori des Etats-Unis et rencontre Edison et Helen Keller. Par la suite,
Maria Montessori donne des conférences sur presque tous les continents et enrichit sa pédagogie, ainsi que son matériel, pour
tous les stades du développement de l’enfant, de 0 à 24 ans. En 1931, elle fuit Mussolini, pour l’Espagne, puis l’Angleterre, les
Pays-Bas et l’Inde où elle restera durant six années, en contact avec le Mahatma Gandhi. Maria Montessori meurt le 6 mai 1952, à
Nordwijk aan Zee aux Pays-Bas. Mais sa mort ne marqua pas la fin de ses recherches pédagogiques qui perdurent et s’enrichissent
dans les Instituts Montessori des plus grandes villes du monde.
La pédagogie Montessori : « Aide-moi à faire seul »
Le principe fondateur de cette pédagogie repose sur l’idée qu’aucun être humain ne peut être éduqué par une autre
personne. L’individu agit par lui-même pour apprendre, motivé par une curiosité naturelle et par un amour de la connaissance.
Aussi, le rôle de l’éducateur est d’aider l’enfant à faire seul, mais pour parvenir à cela il s’agit d’identifier comment l’enfant se
développe, ce qu’il ressent intérieurement et comment il reçoit les signaux et les stimuli. Dans cet esprit, Maria Montessori a
identifié les principales étapes dans le processus d’éveil et de construction de l’individu.
1.
Les aspects de l’enfant
Physique : c’est le plus évident et le plus visible. L’individu change radicalement pendant son enfance, son corps
passe du stade de l’embryon à celui d’adulte, dans un long processus d’une vingtaine d’années.
Intellectuel: pendant les étapes de son développement, l’enfant apprend le langage, les mathématiques, les
sciences par les sens. Il passe progressivement de l’exploration de concepts concrets à l’abstraction.
Social: l’enfant commence sa trajectoire de vie par une perception de sa sphère sociale limitée, le plus souvent, à
la cellule familiale. Puis, il élargit son horizon pour prendre en compte la société. Le langage est l’outil social
principal.
L’enfant passe du stade dépendant à celui d’être autonome. Transformation qui va l’aider à apporter des réponses
aux questions fondamentales que tout homme se pose.
Emotionnel : L’enfant est fait d’émotions, dimension importante. En effet, les expériences accompagnées
d’émotions positives permettent de mieux mémoriser.
2.
L’esprit absorbant de l’enfant
Dans ces écrits, notamment dans L’Esprit Absorbant, Maria Montessori compare l’enfant à une « éponge ».
L’enfant absorbe complètement les informations de l’environnement. Ce procédé apparaît de façon évidente dans
l’apprentissage de la langue maternelle, sans instruction formelle, sans effort conscient.
Or, puisque l’enfant détient cette capacité, au moins jusqu’à l’âge de sept ans, nous pouvons, de la même
manière, en le plaçant dans un environnement adéquat, faire en sorte qu’il « absorbe » d’autres connaissances,
d’autres savoir-faire.
Dans une ambiance Montessori, nous constatons que l’enfant, aussi naturellement qu’il a appris à parler ou à
marcher, peut acquérir la lecture, l’écriture, le calcul, etc…
3.
L’intelligence et la main
L’intelligence ne peut se développer sans l’aide de la main. Pour apprendre, la concentration est importante, et la
meilleure façon pour l’enfant de se concentrer est de fixer son attention et d’accomplir des activités avec ses
mains.
4.
Les périodes sensibles
On observe, chez l’enfant, des périodes de sensibilités très marquées et propres à certaines activités. Tous les
enfants passent par ces mêmes périodes, à des moments bien précis de leur vie. Elles sont transitoires et
croissent graduellement. Durant la période sensible, l’enfant est totalement absorbé par son activité. Elles ne sont
pas isolées les unes des autres et il est possible que plusieurs périodes se chevauchent car elles sont liées et se
soutiennent mutuellement.
Ces périodes ont été observées par Maria Montessori :
La période sensible du langage : de 2 mois à 6 ans. Lorsque le bébé vient au monde, il n’est pas encore
capable de verbaliser ses besoins. Son seul moyen d'expression est le pleur. Vers six à huit semaines il se fascine
pour la voix humaine. Il est alors très fréquent de le voir s'arrêter de téter lorsque quelqu'un lui parle. Le toutpetit observe le mouvement des lèvres et réalise que des sons sortent de la bouche. Il va à son tour essayer d'en
produire : c'est la période du babillage. De la même façon, le bébé va répondre au sourire et imiter l’intonation de
la voix de l’adulte. Ainsi se met en place le langage sans que l'adulte n’ait à intervenir.
La période sensible de la coordination des mouvements : de 18 mois à 4 ans. Le corps est constamment en
mouvement, même durant le sommeil, puisque le cœur bat et que les poumons respirent. Il en est de même pour
le petit bébé toujours en mouvement par ses mains, ses bras et ses jambes qu'il agite. Ces mouvements ne sont
pas tout de suite coordonnés. Avec le temps et l’activité l’enfant apprend à les contrôler et la myélinisation qui se
met en place va permettre la coordination. Quand l’enfant arrive en partie à les contrôler commence la période
sensible de coordination du mouvement. Cette coordination ne peut se faire que si le cerveau et le corps
travaillent ensemble pour atteindre un même but. Ainsi, l’enfant commence par voir un objet qu’il souhaite
atteindre, puis son intelligence en prend conscience et enfin sa volonté le pousse à se mettre en mouvement afin
de saisir cet objet. L’intelligence et le corps œuvrent ainsi ensemble pour pouvoir atteindre un but bien précis.
C'est donc par ses activités que l’enfant crée des connexions nerveuses qu’il pourra réutiliser par la suite. En effet,
il ne faut pas oublier que la myélinisation se construit en grande partie après la naissance. Il est donc important
de ne pas empêcher l’enfant d’agir afin que toutes les connexions nerveuses dont il aura besoin pour son
développement puissent s'établir. Ainsi l’intelligence, le mouvement et la volonté doivent collaborer. Lorsque ces
forces travaillent ensemble, la coordination s'accroît et plus elle s'accroît, plus l’enfant apprend à se contrôler.
La période sensible de l’ordre : de la naissance à six ans. La période sensible de l’ordre est très importante car
c’est grâce à elle que l’enfant va pouvoir donner un sens à son environnement. Lorsque le bébé naît, il ne connaît
rien du monde dans lequel il arrive et ne reconnaît même pas sa mère. Il doit tout apprendre. Ainsi il lui faut :
découvrir qui est qui, savoir quelles relations il a avec ces différentes personnes, comprendre la fonction de
chaque chose. Tout cela va se faire grâce à l’ordre qui permet à l’enfant de percevoir les relations qui existent
entre les éléments, à comprendre leur fonctionnement et à réaliser l'identité des personnes qui l’entourent. Si cet
ordre est perturbé l’enfant l'est aussi. Il est donc absolument nécessaire que l'environnement de l'enfant garde
une certaine constance. Cet ordre s’applique également au langage car le langage est ordonné. L’enfant doit
pouvoir entendre les mots employés à bon escient dès le début.
La période sensible du raffinement des sens : de 18 mois à cinq ans. Durant les premières années de vie,
l’enfant découvre son environnement grâce à ses sens. L’ouïe, la vue, le toucher, le goût et l’odorat vont lui
permettre d’absorber toutes sortes d’informations concernant ce qui l'entoure. Toutes ces informations vont lui
permettre de développer son intelligence. Et C'est en explorant son environnement que l'enfant le comprend et
peut ainsi y trouver sa place. Voilà pourquoi l’affinement des sens est si important. Durant cette période sensible,
l'enfant est constamment en exploration. Dans un premier temps, l’enfant absorbe de manière inconsciente toutes
les informations reçues par ses sens puis, petit à petit, il les mémorise, les trie et les ordonne grâce à son cerveau
pour lequel chaque sens a une localisation spécifique. Le sens du toucher y occupe une place importante étant
donné qu’il s’agit du sens qui est en constante interaction avec l’environnement.
La période sensible du comportement social : Cette période permet à l’enfant d’imiter les comportements des
personnes qui l’entourent et ainsi de les comprendre. Grâce à celles-ci il va pouvoir s’adapter à la culture de la
société à laquelle il appartient. Tout d'abord, l’enfant intègre toutes les habitudes sociales de son groupe culturel.
De cette observation et cette identification des principales étapes dans le processus d’éveil et de développement
de l’individu, découlent des principes pédagogiques appliqués dans un espace Montessori :
1.
Le mélange des classes d’âges
Dans une classe Montessori, les enfants sont nombreux et d’âges variés. Les différents âges permettent aux
enfants de s’ouvrir les uns aux autres. Avoir des enfants âgés de 3 à 6 ans ou de 6 à 9 ans, par exemple, fournit
aux enfants plus jeunes une série graduée de modèles d’imitation, et aux moins jeunes une opportunité de
renforcer leurs propres connaissances en aidant les moins âgés.
2.
L’éducation par les sens
Un jeune enfant saisit le monde qui l’entoure au travers de l’utilisation constante de tous ses sens. Puisqu’il utilise
tout à fait naturellement la totalité de ses pouvoirs d’observation durant ses premières années, c’est donc le
moment idéal pour donner à l’enfant le matériel qui aiguise ses sens et lui permet de comprendre les nombreuses
impressions qu’il expérimente.
3.
L’enfant acteur de ses apprentissages
L’enfant a soif de grandir et d’avancer dans sa compréhension et sa maîtrise du monde qui l’entoure. Chaque
matériel ou exercice doit être pensé, préparé, installé pour répondre aux besoins de l’enfant. C’est le "Aide-moi à
faire seul" puis dans un deuxième temps "Aide moi à penser seul".
4.
Le mouvement
L’enfant en pleine croissance physique a besoin d’espace et de mouvements. Dans le mouvement, il apprend et
mémorise les concepts. Il est physiquement acteur de ses apprentissages, il se déplace librement dans la classe,
choisit un exercice, manipule du matériel. Activité physique et activité mentale ne peuvent être dissociées.
5.
L’environnement préparé ou l’ambiance
Il s’agit de l’espace dans lequel se trouve l’enfant à tout moment de sa vie, mais aussi de l’ambiance sociale qui
s’y développe. A partir des besoins de l’enfant, nous pouvons mettre en place un environnement conçu pour y
répondre et favoriser son épanouissement et ses apprentissages.
6.
Le rôle de l’éducateur
L’éducateur montessorien est formé à la pédagogie Montessori. Il est un respectueux de la personnalité de
l’enfant. Il accompagne et propose des activités en fonction du rythme de l'enfant.
7.
L’observation
L’observation est au cœur du travail de l’éducateur.
8.
Liberté
Dans la pédagogie Montessori, l’enfant, en tant qu’individu est reconnu, il peut s’exprimer, il évolue à son propre
rythme. On lui permet d’exercer son libre choix. Ce qui ne veut pas dire de faire ce qu'il veut mais de vouloir ce
qu'il fait.
9.
Du concret à l’abstrait
L’appréhension des notions abstraites est progressive et repose sur des éléments très concrets. Le matériel
Montessori est ainsi pensé pour amener l’enfant des éléments sensibles les plus concrets aux abstractions les plus
complexes.
Conclusion
C’est avant tout une ambiance bienveillante où l’enfant peut puiser suivant son rythme les éléments nécessaires à son
développement.
Cette proposition trouve son enracinement dans les découvertes de Maria Montessori qui, médecin avant d’être pédagogue et
visionnaire pour son temps, a transmis des clefs concrètes pour le développement du potentiel humain. Son travail est aujourd’hui
reconnu dans le monde entier. Des scientifiques et spécialistes de la petite enfance soulignent les bienfaits de cette pédagogie.
L’espace est étudié pour permettre une pédagogie du mouvement. Tout le matériel est à hauteur d’enfant et conçu pour lui
permettre un maximum d’autonomie et de confiance en lui. C’est une atmosphère stimulante et apaisante par l’attitude des
adultes qui accompagnent l’enfant.
Le déroulement de ces moments est propice à différentes activités proposées dans les quatre groupes suivants :
Vie pratique :
·
Acquisition des gestes de la vie quotidienne (ex : verser, laver, coudre…)
Vie sensorielle :
·
Découverte de concepts abstraits, matérialisés par des expériences concrètes dans les domaines suivants :
géographie, musique, géométrie...
Mathématiques :
·
Découverte du système décimal et jeux pour apprendre la fonction de l’addition, la soustraction, la multiplication
et la division
Langage :
·
Préparation à l’écriture, la lecture
L'un des points essentiels de la pédagogie Montessori est d'encourager l'autonomie et l'initiative chez l'enfant, et ce, dès le plus
jeune âge, d'une part pour faciliter et motiver ses apprentissages et d'autre part pour favoriser son développement en tant que
personne. Maria Montessori part du constat selon lequel la motivation de l'enfant pour apprendre est naturelle.
Ce qui est essentiel est de comprendre cette pédagogie comme une véritable aide à la vie dans tous ses aspects : physique,
intellectuel, social, culturel.