Centres De Jeunes et de Séjours du Festival d`Avignon

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Centres De Jeunes et de Séjours du Festival d`Avignon
Centres De Jeunes et de Séjours du Festival d’Avignon
La culture et l’éducation : une exigence des politiques territoriales
A la suite d’arbitrages de certaines collectivités territoriales à contre-temps des urgences sociales,
éducatives et culturelles du moment, ce sont plus de 300 lycéens qui ne seront plus en mesure de
venir en juillet prochain vivre quelques jours au Festival d’Avignon. Les Centres de Jeunes et
de Séjours du Festival d’Avignon (CDJSFA) créés en 1959 à l’initiative de Jean Vilar, de la Ville
d’Avignon et des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active (Ceméa) constatent
avec amertume une diminution très importante de la présence de « Lycéens et Apprentis en
Avignon »* cette année. Ces 300 lycéens et apprentis de métropole et des Outres-Mers n’auront
pas l’opportunité de rencontrer la création contemporaine, y apprendre sur eux et le monde, y
développer leur libre-arbitre et leur sens critique, y échanger et vivre une expérience culturelle
forte, qui compte dans une vie et un parcours de citoyen. Autant d’intentions au cœur du projet
de ces centres dédiés à l’accueil de Jeunes et d’Adultes.
Nous voulons par cette déclaration collective (Ville, Festival et Ceméa) porter une parole commune
à destination des territoires. En effet, il nous semble que cette action doit de nouveau s’inscrire
dans l’espace politique des Régions, qui sont aussi des lieux de vie et de construction d’imaginaire
commun.
Un partenariat fondé sur une démarche partagée
L’équipe du Festival et les équipes des CEMÉA s’associent pour mettre en œuvre une politique
d’éducation artistique en direction des publics accueillis : jeunes, adultes et publics étrangers.
La Ville d’Avignon est, elle, grandement investie dans la mise en œuvre du dispositif d’accueil.
Le CDSJFA, à travers le partenariat des CEMÉA avec la Ville d’Avignon et l’équipe du Festival, se
propose de développer l’autonomie des jeunes et leur prise de responsabilité à travers l’accès à
des loisirs éducatifs de qualité, en référence aussi à la circulaire relative à la « directive nationale
d’orientation pour le pilotage et la mise en œuvre au niveau territorial des politiques publiques de
la jeunesse et des sports » pour l’année 2016 qui stipule « la nécessaire mobilisation des pouvoirs
publics autour des finalités éducatives, de citoyenneté, de cohésion sociale, de sécurité et de
solidarité ».
Savoir/savoir faire/savoir être
Dans la conjonction des rencontres sensibles avec les productions artistiques, il s’agit de proposer
à ces jeunes les moyens de comprendre leur environnement social et leur histoire afin d’y trouver
leur place et de s’inscrire dans une reconnaissance de soi et une relation à l’autre. Ces séjours
fondés sur une pédagogie active et les pratiques artistiques mises en œuvre par les CEMÉA au
Festival d’Avignon, à l’invitation de Jean Vilar, figurent parmi les finalités éducatives fortes partagés
par les différents acteurs : enseignant.e.s, artistes, militant.e.s investi.e.s sur le dispositif.
L’action des CEMÉA, pour qui l’éducation est globale, vise à élargir l’action de l’École. Il s’agit
d’éduquer, d’enseigner et de transmettre. C’est dire qu’il ne s’agit pas seulement de dispenser des
savoirs ou d’acquérir des biens culturels, il convient également de développer des savoirs faire
et de donner des éléments du savoir Être. Cette conjonction s’inscrit dans un projet de réussite
pour tous et toutes, de réduction des inégalités culturelles, de défense des valeurs d’égalité et de
coopération.
Les transformations profondes de la société sur le plan social, économique et culturel qui, depuis
plus de 30 ans, fragilisent l’intérêt commun, doivent nous inciter à reprendre à nouveaux frais la
question de l’Éducation populaire dans ses rapports à l’art et la culture.
La nécessité de l’action des pouvoirs publics dans ces domaines résulte de l’importance de la
sensibilité et de l’imagination dans l’épanouissement de la personnalité et de la l’élaboration d’un
sens commun, le sensus communis des humanistes du XVIIe siècle, fondement d’une identité
collective.
Quel que soit le domaine de pratiques circonscrit par sa définition, la culture intervient comme le
lieu où se construit et se vit le sentiment d’appartenance à la collectivité. La dimension sensible
de la culture demeure encore largement ignorée dans l’éducation traditionnelle, et cette carence
est l’une des raisons qui maintiennent l’art en marge de la vie.
À l’heure où des forces de division, de fracture et de stigmatisation menacent la société française ;
à l’heure où la crise économique amplifiée par la crise des réfugiés qui tentent d’échapper à la
guerre civile, conduite par des régimes dictatoriaux, rend l’Europe incertaine sur ses aptitudes et
son destin, il convient de donner aux politiques territoriales leur rôle dans le maintien de liens forts
entre la transmission de la culture, la pratique artistique du théâtre et la capacité de l’événement
à rendre compte de la soif d’exigence de la jeunesse, du besoin de partage du savoir, de la vitalité
d’une intelligence populaire.
* Un partenariat avec l’Éducation Nationale et les Régions
Le ministère de l’éducation nationale a conclu en 2004 un partenariat avec le Festival pour le développement du
projet Lycéens et Apprentis en Avignon. Destinée à la fois aux lycéens et aux enseignants, cette opération a vu le
nombre de lycées bénéficiaires passer de 30 en 2004 à 753 en 2013, cette opération se déroule pendant le festival
d’Avignon et s’appuie sur sa programmation. Elle est l’occasion, à travers la représentation théâtrale, de permettre
à des jeunes collégiens et lycéens ainsi qu’aux enseignant.e.s qui les encadrent, de vivre, collectivement, à la fois
une expérience de spectateur et des activités d’expression qui mobilisent leur sens critique, l’écoute et la prise de
parole. Elle a pour objectif de favoriser le développement de la pratique de spectateur dans et hors de l’institution
scolaire.
Cécile Helle, Maire d’Avignon
Olivier Py, Directeur du Festival d’Avignon
Jean-luc Cazaillon, Directeur de l’Association nationale des Ceméa