Du klezmer et des classiques

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Du klezmer et des classiques
LA LIBERTÉ JEUDI 8 AOÛT 2013
SORTIR
NYON
L’art qui se demande ce qu’il est
Invité au festival Far° à Nyon, le Fribourgeois
Philippe Wicht questionne l’émergence de
l’art dans la vie. Influencé par Andy Warhol,
il présentera son spectacle ironiquement
intitulé «Commande» > 31
À L’AFFICHE
25
VOTRE SEMAINE
Du klezmer et des classiques
MORAT • Les Murten Classics donnent le coup d’envoi de leur 25e édition ce dimanche. Avant les
plats de résistance, quatre apéros-concerts seront servis par l’ensemble Les Nuages. Interview.
PROPOS RECUEILLIS PAR
BENJAMIN ILSCHNER
FRIBOURG
Six jours de
folklore en ville
NICOLAS MARADAN
Rendez-vous traditionnel de la
mi-août, les Rencontres de folklore internationales (PHOTO VINCENT MURITH-A) prendront
possession des rues de Fribourg dès mardi prochain et
jusqu’au 18 août. Avec, pour
cette trente-neuvième édition,
une nouveauté de taille: le festival déménagera en effet ses
quartiers de la place GeorgesPython, centre historique de la
manifestation, vers Saint-Léonard. Mais les soirées de gala
auront toujours lieu à la salle
Equilibre.
En revanche, mardi soir à 20 h,
c’est à la halle de basket de
Saint-Léonard que se tiendra
le spectacle d’ouverture, l’occasion de découvrir les
groupes invités en provenance
de neuf régions: La Bulgarie, la
Colombie, le Mexique, la Moldavie, le Népal, la Pologne, le
Portugal, le Togo et la Iakoutie,
un territoire appartenant à la
Russie. Auparavant, sur les
coups de 17 h, le cortège réunissant danseurs, chanteurs et
musiciens – plus de trois cents
en tout – remontera le boulevard de Pérolles en partant du
parc du Domino. En parallèle,
la fête aura aussi lieu au Village
des Nations. I
> Ma 17 h Fribourg (cortège)
Départ du Domino.
> Ma 20 h Fribourg (spectacle
d’ouverture)
Halle de basket de St-Léonard.
ÉPENDES
Beethoven à la belle étoile, le génie mozartien de père en fils, Piazzolla en écho à Vivaldi… Le menu
des Murten Classics s’annonce alléchant. Pour célébrer une vingtcinquième édition variée à souhait, le festival d’été de Morat
déroule son tapis rouge aux artistes d’ici et d’ailleurs, avec une
programmation brodée autour du
chiffre 4 (lire ci-contre). Avant de
passer aux plats de résistance, servis dès jeudi prochain, quatre apéros-concerts ont lieu à partir de ce
dimanche sous le ciel de Môtier,
Montilier, Meyriez et Courgevaux.
Sur scène, on découvrira Alessandra Osella (accordéon), Lucia Marino (clarinette), Anna Paraschiv
(violon) et Elisabetta Bosio
(contrebasse), alias Les Nuages,
que le président du festival Daniel
Lehmann a invitées à la suite d’un
heureux concours de circonstances. Il y a deux ans, il avait pris
part à un voyage avec la commune
de Montilier, jumelée avec le village de Castiglione Falletto dans le
Piémont. Conquis par les mélodies grisantes des quatre musiciennes qui animaient une soirée
de fête, il est allé trouver les artistes pour leur parler des Murten
Classics… Or ce festival, la clarinettiste le connaissait déjà bien
puisqu’elle s’y était produite en
2009 avec l’orchestre du Teatro
Regio de Turin! Quelques années
plus tard, voici donc à l’affiche le
quatuor Les Nuages, avec à l’interview l’accordéoniste Alessandra
Osella.
Quel bon vent vous a amenées dans
l’univers du klezmer?
Alessandra Osella: J’ai commencé par jouer dans un petit
ensemble de world music et j’ai
tout de suite eu un faible pour le
répertoire du klezmer en particulier. Alors j’ai formé un groupe
avec trois collègues et nous
sommes parties à Paris pour suivre un cours d’été qui portait sur
la musique klezmer, la culture
juive, la langue yiddish. Nous
avons approfondi nos connaissances, écouté beaucoup d’enregistrements anciens et récents.
Nous avons compris que c’est un
style qui a des racines profondes,
mais que beaucoup de groupes
L’ensemble Les Nuages revisite à sa manière les mélodies grisantes de la musique traditionnelle klezmer. DR
différents
manière.
pratiquent
à
leur
Comment avez-vous trouvé votre
propre voie?
Pendant des années, nous avons
parcouru des partitions. Mais le
klezmer ne doit pas être une musique écrite, alors nous n’avons retenu que la mélodie et les accords.
Avec le temps, nous avons trouvé
nos marques. Nous avons mémorisé nos propres arrangements et
jouons sans partitions. Notre style
est devenu très personnel et aujourd’hui, ce serait très difficile
pour nous de jouer sans l’une de
nous quatre.
La musique klezmer est nomade, et
vous?
Notre inspiration musicale, nous
la trouvons dans nos contacts avec
les communautés hébraïques.
Nous sommes souvent invitées
pour des bar-mitsva, des mariages
ou d’autres fêtes. Nous avons aussi
joué dans des festivals à Zagreb et
dans beaucoup de villes d’Italie
notamment, et chaque nouvelle
étape est très enrichissante.
Votre répertoire est ancré dans une
longue tradition, comment a-t-il
évolué?
Si vous écoutez les vieux enregistrements, vous entendez des motifs de danse qui se répètent. Les
pièces étaient jouées lors de fêtes
et les danseurs avaient besoin de
ces répétitions. Mais si nous
jouons cette musique en concert
pour un public assis, cette formule serait ennuyeuse. Alors on
enlève les répétitions et on
ajoute du nouveau, et c’est un
bonheur d’aller chercher cette
diversité. Au fond, la mélodie
n’est qu’un squelette et chacun
est libre de jouer la musique
comme il la sent.
Ces mélodies pourraient aussi être
chantées…
Une nuit pleine
d’étoiles
Nous n’utilisons pas la voix dans
notre quatuor mais nous accueillons régulièrement des invités. Une chanteuse russe nous a
récemment apporté cette dimension vocale.
Lucia Marino, votre clarinettiste,
joue aussi dans des orchestres
classiques. Avez-vous toutes un
parcours classique à la base?
Nous avons toutes fait une formation classique au conservatoire. Mais chacune de nous s’est
essayée à d’autres genres musicaux, au jazz, à différentes musiques du monde… C’est cette
curiosité qui nous a unies en tant
que quatuor. I
> Sa 17 h Môtier
Maison de Chambaz, jardin.
> Lu 19 h 30 Montilier
Sportplatzweg am See.
> Ma 19 h 30 Meyriez
Campagne Chatoney.
> Me 19 h 30 Courgevaux
Parc du château.
MOZART AU
CHÂTEAU
Les Murten Classics misent
comme toujours sur un généreux mélange d’œuvres et
d’artistes connus ou à découvrir. Dans une semaine, les
premiers concerts à la cour du
château verront entrer en
scène le English Chamber
Orchestra, avec notamment
l’incontournable «Quatrième
symphonie» de Beethoven,
l’intrigant «Notturno pour
quatre orchestres» de Mozart
et le trop rare «Konzertstück
pour quatre cors» de Schumann. Parmi bien d’autres
variations sur le chiffre
«quatre», signalons la venue,
le 18 août, de l’excellent Carmina Quartett de Zurich. BI
BAD BONN
De la pop orageuse
L’observatoire astronomique
d’Ependes organise sa «Nuit
des étoiles», samedi dès
20 h 30. Après avoir vu la Lune
et Vénus se coucher, puis
Saturne, observer les étoiles
filantes Perséides, la Voie
lactée, nébuleuses, galaxies et
constellations du ciel d’été à
l’aide du télescope de 50 centimètres et d’autres instruments hors de la pollution
lumineuse des villes, en compagie d’astronomes amateurs.
Par ciel couvert, le programme
sera réduit mais l’observatoire
reste ouvert avec des présentations et autres séances de
planétarium.
NICOLAS MARADAN
> Sa dès 20 h 30 Ependes
Observatoire astronomique.
www.observatoire-naef.ch
Les Québécois de Suuns, collègues de label de Damian Jurado ou Antony and the Johnsons. DR
A peu de choses près, la musique des Québécois de Suuns
est à l’image de cet été caniculaire: une succession de plages
grillées par une lumière incandescente, parfois interrompue
par un orage ravageur. Preuve
en est «Images du futur», le
deuxième opus de ce quatuor
montréalais couvé par l’excellent label Secretly Canadian,
parrain notamment d’Antony
and the Johnsons. Des titres
«Sunspot» à «Powers of Ten» en
passant par l’excellent «2020»,
volontiers grinçant et hypnotique, Suuns pose ici ses guitares cinglantes entre psychédélisme et shoegaze, dans un
mélange qui rappelle les premiers albums des Anglais de
Clinic, au début des années
2000.
Le krautrock n’est jamais
très loin non plus. Ce n’est pas
pour rien que les Canadiens citent les Allemands de Neu!
parmi leurs influences. «Nous
écoutons surtout des vieux
trucs», avait confessé le batteur
Liam O’Neill dans une récente
interview accordée à «La Liberté», ajoutant Paul McCartney ou encore Pink Floyd à la
liste. Demain, les Québécois seront à Guin pour une étape
singinoise. I
> Ve 21 h 30 Guin
Bad Bonn.

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