L`expert-comptable et le «Nouveau Marché»

EDITORIAL
L’expert-comptable et le «Nouveau Marché»
Les experts-comptables sont eux aussi
confrontés à un environnement des affaires en rapide mutation. Hanspeter
Thiel l’a rappelé dans son discours présidentiel du Congrès de la Chambre fiduciaire: «Quel cap suivre?»
L’émergence des marchés nationaux
dans le cadre de la mondialisation ainsi
que la révolution de l’informatique ont
modifié les conditions-cadres de l’audit. Le président sortant a également
remarqué que de nouvelles prestations
innovatrices doivent permettre aux experts comptables et fiscaux de «contribuer fortement à la création de valeur
ajoutée dans l’économie et la société».
Des sessions ouvertes et (auto) critiques, introduites brillamment par le
professeur T. Flemming Ruud par ses
thèses sur l’audit axées sur l’avenir, les
participants ont remis en question le
rôle et les perspectives de l’expertcomptable. Les transformations rapides sont les caractéristiques principales
de son activité, la formation continue
permanente est la clé du succès.
La formule de l’avenir: «Changer»
«Changer», voilà le mot d’ordre pour
l’avenir dans tous les domaines de la vie
et plus particulièrement dans le monde
du travail. Les nouvelles possibilités
que nous offre la technologie d’Internet
et du commerce électronique changent
de fond en comble les données des marchés. Toutes les entreprises prospères
doivent réorienter complètement le processus de leurs activités. Les mutations technologiques comportent des
risques et impliquent des mesures de sécurité différentes. Les experts-comptables doivent apporter des réponses
cohérentes et actuelles aux nouveaux
problèmes qui se posent. Car, (adaptation libre de Gorbatschev), qui arrive
en retard est puni par le marché.
Le Reporting financier en tant
qu’élément central de la profession
n’est pas non plus épargné par les mutations. Les activités rétrospectives ne
disparaîtront toutefois pas complèteL’Expert-comptable suisse 12/99
ment, mais comparées aux activités
prospectives, elles perdront peu à peu
de leur importance. L’expert-comptable doit répondre par une nouvelle
compétence qui comporte assurément
des éléments de gestion d’entreprise. Il
en est de même pour l’audit qui nécessite des méthodes de travail et des outils
nouveaux. L’audit et le conseil restent
dans une relation tendue qui ne peut en
aucun cas trouver une solution satisfaisante sur le plan juridique. L’indépendance de l’auditeur doit être définie
concrètement, des subtilités juridiques
et un formalisme rigide ne changeront
rien au conflit.
Les investisseurs jettent un coup d’œil
plutôt sur un business plan bien ficelé
que sur les attestations. Les chiffres du
passé ne comptent plus, mais les perspectives présentées sous un jour avantageux retiennent l’attention. «Une atmosphère de casino» était le titre d’un
article de la «Neue Zürcher Zeitung»,
retraçant l’admission en bourse d’un
fabricant de logiciels; toujours dans les
chiffres rouges, cette entreprise avait
enregistré en 1998 des pertes allant jusqu’à 20% de son chiffre d’affaires annuel, c’est-à-dire un montant de CHF
20 millions. Son introduction sur le
Nouveau Marché lui a permis de lever
des fonds propres pour plus de CHF
100 millions.
«Une atmosphère de casino»?
Dans un contexte international, le Nouveau Marché tel qu’il a été introduit
depuis peu à la Bourse suisse présente
une approche intéressante remettant en
question les produits conventionnels de
l’audit. Les jeunes chefs d’entreprise
créatifs (et les conseiller non moins innovateurs) voient s’ouvrir des possibilités d’autofinancement que le réviseur et l’interlocuteur traditionnels des
PME n’auraient jamais soupçonnées.
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pour l’information concernant l’impôt
sur la consommation. De plus, nos lecteurs profitent de l’Expert-comptable
suisse sur CD-Rom, édité annuellement avec des fonctions de recherche
conviviales. L’augmentation des coûts
internes nous oblige à augmenter le
prix de l’abonnement de CHF 17.– à
CHF 175.– TVA incl. Notre objectif
reste le même: fournir à nos lecteurs
un savoir théorique et pratique de haut
niveau.
La rédaction
Ces possibilités sont-elles compatibles avec les connaissances dérivées
de l’analyse financière trditionnelle?
Avec le Nouveau Marché, la bourse ne
s’engage-t-elle pas sur une voie périlleuse? Il est certain que les introductions spectaculaires en bourse qu’on
observe en ce moment et auxquelles on
s’attend prochainement sont en partie
un phénomène de mode; le désenchantement suivra à coup sûr. Mais cette réponse ne satisfait pas l’intéressé. L’expert-comptable devrait alors intervenir
et résoudre les contradictions. Quelle
est l’erreur que les sociétés de haute
technologie cotées en bourse avec un
fort potentiel de rendement ont faite,
comparées aux sociétés vedettes momentanées du Nouveau Marché qui ont
pu, apparemment libérées du rapport
coût/profit actuel, émettre leurs nouvelles actions à vingt, trente ou quarante
fois leur valeur nominale? Ou autrement dit: comment expliquer la foi en
l’avenir du Nouveau Marché?
Kurt Schüle
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