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22 Éco-Emploi LUNDI 11 JUILLET 2016 Entretien avec Mehdi El Yousfi, DGA au sein du cabinet Diorh «Il y a une rareté importante en viviers de managers capables de porter le changement» Mehdi El Yousfi. «Pour attirer et retenir les talents, il faut se garder de toute tentation d’inflation salariale irréfléchie» Éco-Emploi : Quels sont les secteurs qui souffrent de la rareté des talents ? Mehdi El Yousfi : L’ensemble des secteurs de l’économie marocaine sont a priori logés à la même enseigne : la crise des compétences est structurelle et largement généralisée, sous l’effet du double décalage entre les besoins de l’entreprise et les offres tant de l’Éducation nationale que de la formation professionnelle. La différentiation compétitive du Maroc se fait par les salaires jusqu’à un certain point. L’enjeu majeur est dans l’agilité des entreprises face à l’évolution des marchés, des attentes, des technologies… et l’offre de compétence est largement insuffisante. Quel que soit le secteur, les DRH se plaignent de leur difficulté à recruter certains profils. Il y a en particulier une rareté importante en viviers de managers capables de porter le changement, de faire preuve d’agilité et d’adaptabilité et d’accompagner la montée en compétence. Cependant, bien que la rareté des talents soit une donne largement partagée par tous les secteurs, il faut noter que certains souffrent probablement plus que d’autres de la rareté des talents, notamment des experts techniques. Il y a ainsi les secteurs relativement neufs de l’économie marocaine, voués à jouer un rôle de fer de lance des exportations : les call centers, les entreprises d’ITO (Information Technology Outsourcing), les équipementiers automobiles ou aéronautiques, le textile sont particulièrement concernés, car ils font face à un besoin d’agilité face aux exigences des donneurs d’ordres, de changements technologiques, d’évolutions des business models (le textile notamment). Il y a également au sein des secteurs traditionnels une rareté des talents qui se traduit ces dernières années par une véritable inflation salariale (experts du secteur de l’assurance, informaticiens, chefs de projets d’infrastructures). Il y a particulièrement une rareté (donc guerre) des talents dans les secteurs érigés en priorités nationales de développement. La segmentation de ce problème n’est du reste pas que sectorielle. Ce ne sont pas uniquement certains secteurs qui souffrent de pénurie de talents, mais également certaines familles professionnelles. Je prends un exemple que je connais un peu mieux que les autres et qui est celui de la famille des Ressources humaines. Il est indéniable que les en- La performance d’une organisation repose sur la bonne intégration et la valorisation de ses talents. treprises marocaines souffrent particulièrement de pénurie en professionnels ou spécialistes RH expérimentés. Les juristes aussi ne sont pas légion, et sont fortement demandés pour accompagner la complexification des processus de contractualisation. Quelles sont les pistes à étudier pour attirer les talents ? Il ne s’agit pas uniquement d’attirer les talents. Il s’agit également de les retenir. Pour attirer et retenir les talents, il me semble qu’il faut se garder de toute tentation d’inflation salariale irréfléchie. Nous ne répéterons jamais assez que si la rémunération est une composante clé de l’offre RH d’une entreprise, il s’apparente plus à un facteur d’hygiène qu’un levier d’attractivité. Ce n’est pas en se focalisant sur la seule politique salariale que les entreprises seront capables d’attirer ou de retenir leurs talents. Une étude récente conduite aux États-Unis auprès d’un très large échantillon a notamment fait ressortir que respectivement 64% des employés payés au prix du marché et 35% des employés payés au-dessus du prix du marché pensent qu’ils sont sous-payés. Pour attirer et retenir les talents, il faut une véritable politique de gestion des talents. Elle doit traduire l’ambition et les valeurs de l’entreprise et mettre en musique un certain nombre de leviers d’actions. On peut citer à titre d’exemple le renforcement des capacités managériales des cadres intermédiaires (ne dit-on pas que si c’est une entreprise que l’on rejoint, c’est son manager que l’on quitte ?) la mise en place d’une culture de l’excellence, la construction de chemins d’évolution offrant de la visibilité aux meilleurs, la mise en place de programmes de mobilité permettant de confier aux meilleurs de nouveaux projets, la mise en œuvre de programmes d’incentives permettant de rétribuer la performance, la mise en place de dispositifs de rémunération différée (stockoptions, bonus différé)… Comment rendre alors sa marque employeur attractive ? Le digital joue un rôle croissant dans la politique de marketing RH de l’en- Ph. Fotolia treprise qui vise à renforcer son image externe. On parle à cet effet de marque employeur. Le digital offre un certain nombre de canaux de communication et de dialogue avec l’environnement extérieur de l’entreprise qui lui permet de dialoguer avec les parties prenantes externes. Au final, il s’agit (à travers l’animation de réseaux sociaux, du portail de l’entreprise…) de développer la réputation de l’entreprise, son actif le plus précieux. On parle alors d’e-réputation. Le digital présente, en revanche, tout autant de risques qu’il n’offre d’opportunités. Une image volée peu flatteuse, voire embarrassante, a vite fait, à travers la viralité d’internet, de tenir durablement la réputation et donc l’attractivité de l’entreprise. Au final, le digital constitue un champ de plus en plus incontournable de veille et développement de la marque de l’entreprise, avec au final l’ambition de construire un positionnement, une marque robuste, à même d’attirer les meilleurs. n Propos recueillis par Najat Mouhssine Responsabilité sociale Enseignement L’école marocaine : des acquis, mais... Le palmarès Emerging Market 70 L’ école marocaine a réalisé des acquis importants, malgré les nombreux défis auxquels elle fait face. C’est ce qu’ont souligné les participants à un séminaire organisé, récemment par le centre Takamul des études et des recherches interdisciplinaires en partenariat avec le Conseil communal de Marrakech sur le thème «Lecture dans la vision stratégique de la réforme 2015-2030 : Pour une école de l'équité, de la qualité et de la promotion». À cette occasion, les intervenants ont indiqué que «si l’école marocaine a réalisé des acquis importants notamment au niveau du taux de scolarisation et d’expansion horizontale de l’infrastructure, elle a fait, toutefois, face à plusieurs problèmes». Et d’expliquer qu’elle souffre, notamment, d’une crise de confiance et de doute au niveau de son efficacité, ainsi que de différents dysfonctionnements, relevant dans ce sens que la vision adoptée par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique est venue pour déterminer les dysfonctionnements que connait l'école marocaine (CSEFRS). En outre, les intervenants n’ont pas manqué de souligner que la vision stratégique de la réforme 20152030 a pour objet d'identifier les causes sous-jacentes de l'échec des résultats souhaités par la mise en œuvre des ré- dévoilé L'école marocaine a réalisé des acquis importants notamment au niveau du taux de scolarisation. La vision du CSEFRS est venue pour déterminer les dysfonctionnements que connait l'école. formes qu’a connues ce secteur. Selon les participants, cette vision consiste à asseoir une école nouvelle portée par trois grands fondements : l’équité et l’égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion de l’individu, appelant à la nécessité d'une classification des écoles et la création d’un prix dédié aux meilleurs établissements scolaires, ainsi que de créer un partenariat entre les universités et les établissements scolaires afin de promouvoir l’école marocaine. n L.M. Le Vigeo Eiris EM 70 remplace l'indice Euronext Vigeo Emerging 70 qui avait été mis en place le 22 juin 2015. «L e palmarès Emerging Market 70 de Vigeo Eiris rassemble les 70 entreprises dont les démarches de responsabilité sociale sont les plus avancées parmi un univers de 800 émetteurs cotés dans 31 pays émergents ou en développement». C’est ce qui ressort d’un communiqué de presse rendu public qui ajoute que ce palmarès est issu de la notation, selon la méthode exclusive d'analyse et de notation Equitics* développée en 2004 par Vigeo (devenu Vigeo Eiris en 2015). Selon la même source, les 70 entreprises sélectionnées sont cotées dans 15 pays, appartiennent à 29 secteurs d'activité et emploient plus de 2 millions de personnes. Leurs scores globaux sont les plus élevés de leur univers en matière de respect des droits de l'Homme, de travail décent et de valorisation du capital humain, de protection de l'environnement, de gouvernance, d'éthique des affaires et de contribution au développement économique et social des territoires d'activité. À noter que le Vigeo Eiris EM 70 remplace l'indice Euronext Vigeo Emerging 70 qui avait été mis en place le 22 juin 2015. Cette substitution, selon le communiqué, permet de mettre en exergue une sélection avancée d'émetteurs des pays émergents indépendamment de la volatilité de l'appartenance d'un grand nombre d'entre eux aux zones frontière des univers d'investissement définis par les principaux fournisseurs d'indices. Pour rappel, les méthodes et les produits de Vigeo et d’Eiris se conforment à des standards de qualité et d’indépendance exigeants et bénéficient de la certification externe ARISTA®, norme de qualité de référence pour la recherche en investissement responsable. Vigeo Eiris est présent à Paris, Londres, Boston, Bruxelles, Casablanca, Milan, Montréal et Santiago au Chili et compte plus de 180 collaborateurs. n N.M.