Article Dossier enseignement Le Soir 240811

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Quand l’alcool et les drogues s’invitent à la récré | mini 07
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Des profs formidables
Chemins de traverse
Quand l’alcool et les drogues s’invitent à la récré
En Belgique francophone, près d’un jeune
sur€4€consomme de l’alcool chaque semaine. Et€20 %€des
ados ont déjà testé le cannabis. L’alcool€et€la drogue
sont-ils totalement absents desێcoles secondaires ? Le
phénomène existerait, mais€serait toutefois très limité.
Pour les écoles,
il s’agit ensuite de€traiter le problème.
Mais parler d’addictions aux jeunes n’est souvent
pas simple…
« Il y a quelques années, alors que j’étais encore proviseur dans un autre établissement, une
étudiante était revenue de son temps de midi très, très éméchée. À la limite du coma éthylique. Et je
ne suis pas certain qu’elle n’avait bu que de l’alcool… En réalité, elle n’était même plus élève dans
cette école. Mais elle se trouvait dans un état tellement avancé qu’elle l’avait oublié et qu’elle était
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revenue s’asseoir dans son ancienne classe, à la même place que l’année précédente. »
Pas du tout
Denis Felix, préfet de l’Athénée Adolphe Max à Bruxelles, n’a pas oublié cet improbable épisode,
qu’il raconte aujourd’hui sur un ton à la fois anecdotique et horrifié. Un accident de parcours pour
cette demoiselle, un élément perturbateur dans l’existence plutôt tranquille de cette école.
Un minimum
Très bien
Oui, mais les profs ne savent pas s'en servir
Ce n’est un secret pour personne : il arrive aux ados de boire un verre. Voire plusieurs. Selon la plus
récente étude du Sipes (Service d’information Promotion Éducation Santé, département de
l’Université libre de Bruxelles) publiée en 2008, environ un jeune du secondaire sur quatre
consommerait de l’alcool au moins hebdomadairement. Et un peu plus de 20 % d’entre eux s’étaient
livrés à une séance de binge drinking (ou « biture express », comprenez : boire au moins 5 verres
Il y en a assez à la maison
Aucune idée
Voter
lors d’une même soirée) à au moins trois reprises durant le mois qui précédait l’enquête. Il leur
arrive aussi de fumer. Tabac, pour 23 % d’entre eux (dont 13,9 de façon quotidienne), tandis que
20,9 % affirmaient avoir expérimenté le cannabis au moins une fois durant l’année écoulée.
Cas isolés
Alcool, drogues, tabac. Si toutes ces substances sont généralement consommées dans un cadre
extrascolaire, leur arrive-t-il de faire irruption dans les cours de récréation ? « Très rarement, répond
Christian Modave, directeur du Collège Sainte-Véronique, à Liège. En 25 ans de carrière, j’ai déjà été
confronté à quelques cas, c’est sûr. Essentiellement des problèmes d’alcool. Des élèves qui dînent à
l’extérieur durant le temps de midi, qui en profitent pour boire puis qui s’endorment l’après-midi
sur leur banc. »
« Ou des jeunes qui, avant d’arriver le matin au cours, passent dans le magasin du coin pour acheter
une bouteille, ajoute Philippe Anselin, directeur de l’Institut Saint-Joseph à Charleroi. Mais ce sont
vraiment des cas isolés. » « À l’école, les abus se déroulent généralement lors des voyages et autres
activités extrascolaires et non directement en classe », note quant à lui Damien Favresse, auteur de
l’étude du Sipes.
Le phénomène semble donc marginal. Un autre aspect du problème retient toutefois l’attention des
directeurs interrogés : l’âge des consommateurs pris sur le fait. « Auparavant, les soucis de drogue
ou d’alcool se cantonnaient surtout dans les classes de 5ème et 6ème, affirme Christian Modave.
Désormais, on en constate aussi en 3ème secondaire… »
Pour les écoles, ce genre de situations, même isolées, entraîne inévitablement une autre question :
que faire ? Généralement, la première réaction se déroule dans le bureau de la direction. « D’abord,
on discute. S’il s’agit d’un petit écart, l’étudiant écope d’un jour de renvoi et d’un travail sur les
méfaits de l’alcool. On convoque les parents. Certains sont conscients du problème, d’autres sont
dans le déni. Dans ces cas-là, il devient difficile pour nous de faire quelque chose… »
Projet de classe
Toute une série d’associations proposent également un soutien aux établissements confrontés à un
problème d’assuétude. « Il arrive que des écoles ou des professeurs nous contactent, explique
Pascale Anceaux, directrice d’Infor-Drogues. S’il s’agit d’un ou deux jeunes, de comprendre
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5/09/2011
Quand l’alcool et les drogues s’invitent à la récré | mini 07
pourquoi ils consomment. Si le problème s’étend à l’échelle d’une classe, on réfléchit à un moyen de
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sensibiliser les jeunes à faire attention à eux. »
Avec toutes les difficultés que cela implique. Comment ne pas se montrer moralisateur ? Comment
évoquer le problème sans le dramatiser ? Surtout, comment ne pas donner indirectement envie aux
élèves de goûter à ces produits ? « C’est pour cela qu’on évite au maximum d’aller directement dans
les classes, poursuit Pascale Anceaux. On tente plutôt de mettre en place un projet de classe. »
« Il faut remettre cela dans le contexte de l’adolescence, conclut Damien Favresse. Une période où
l’on teste des choses. Mais il ne faut pas non plus dramatiser. Consommer de l’alcool ou de la
drogue quand on est jeune ne signifie pas qu’on va nécessairement devenir accro à l’âge adulte ! Le
risque, en se focalisant sur ce sujet, serait de créer une nouvelle norme et d’amener l’idée chez les
ados que la jeunesse soit forcément liée à la consommation d’alcool. »
En France, une société propose aux établissements scolaires de leur fournir des tests anti-drogue
afin de dépister des groupes d’élèves au hasard. Le seul moyen de lutter contre le phénomène, selon
la société, qui ajoute que « si dans les années 1980, les pervers faisaient la sortie des écoles,
aujourd’hui, ce sont les dealers. Pas un collège ou lycée qui ne soit épargné par le fléau, et
manifestement, la seule prévention par l’information ne suffit pas ». Chez nous (heureusement ?), ce
genre d’entreprise n’existe pas…
Mélanie Geelkens
Des flics à l’école
Imaginez : vous êtes installé sur votre banc, un stylo à la main, lorsque des policiers en uniformes
accompagnés d’un chien débarquent dans la classe. « Déposez les bics, contrôle anti-drogue ! ».
Ceci n’est pas une fiction. « Il arrive que certaines écoles fassent appel à la police locale pour des
contrôles anti-drogue, explique Anne Verspecht, porte-parole de la police de Bruxelles. Soit parce
qu’elles soupçonnent un trafic, soit parce qu’elles pensent que certains élèves consomment. »
Des situations qui se présentent toutefois assez rarement. « Je me souviens d’une intervention, à
Laeken, il y a deux ans. On avait saisi quelques grammes de haschisch, rien de plus. On intervient
seulement de temps en temps. Mais c’est un phénomène assez récent. Il y a 15 ans, les écoles ne
nous appelaient jamais. » M.Gs.
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