Stet prépare l`« instant payment » comme un outil de conquête

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Stet prépare l`« instant payment » comme un outil de conquête
Expertise
innovation financière
Stet prépare l’« instant payment »
comme un outil de conquête
Pour offrir aux consommateurs européens un moyen de paiement en temps
réel, l’opérateur français dessine une infrastructure robuste et adaptable.
par
Alexandra Oubrier
L
’instant payment européen n’a pas
encore pris forme mais le processus s’accélère. L’EPC (European
Payment Council) a lancé le mois dernier une consultation de trois mois sur
un corps de règles – ou rulebook – du
futur « scheme » du SCT Inst, le virement Sepa en temps réel. Pour rappel,
ce mode de paiement devra fonctionner entre personnes morales et/ou
physiques, 365 jours par an et à toute
heure, il sera irrévocable, nécessitera
un accusé de bonne réception et permettra au destinataire du paiement
de réutiliser les fonds immédiatement.
Le corps de règles soumis à la consultation a apporté quelques précisions
importantes : le temps de traitement
moyen devrait être de 10 secondes
sans dépasser les 20 secondes, et les
fonds échangés seront plafonnés à
15.000 euros jusqu’en 2018. Les règles
définitives seront publiées en novembre
2016 pour une mise en œuvre opérationnelle en novembre 2017. Des
travaux de normalisation sont également en cours au sein de l’ISO dont le
format 20.022 a été retenu par l’EPC.
Quant aux risques de contrepartie, ils
seront gérés par la Banque centrale
européenne (BCE) qui mettra en place
des mécanismes de garantie : chaque
banque participante devra apporter un
montant en rapport avec les volumes
traités en instant payment.
Une offre enrichie
En France, la société Stet, qui réalise la
compensation des paiements de petits
montants pour la France et la Belgique,
se prépare activement à opérer l’instant
payment. Elle a d’ailleurs fusionné le
1er janvier dernier avec SER2S, le fournisseur d’eRSB, réseau d’autorisation
des opérations cartes. Une fusion qui
34 Rodolphe
Meyer, directeur
marketing et
développement
de Stet.
Stet Core
traite 52 % des
transactions en
euros passant par
des systèmes de
compensation.
En 2015, elle a
géré 8,28 milliards
d’opérations carte,
2,4 milliards de
prélèvements,
2,61 milliards de
virements et 1,9 milliard
de chèques.
L’agefi hebdo / du 19 au 25 mai 2016
lui permet d’accéder aux technologies
temps réel utilisées par le réseau d’autorisation carte dont le temps de traitement moyen est inférieur à la seconde.
« Stet déploie cette technologie sur la couche de
messagerie de l’‘instant
payment’, ce qui permet
d’offrir un service totalement instantané tout
en assurant le règlement
et la gestion des garanties, explique Rodolphe
Meyer, directeur marketing et développement
de Stet. Nous sommes
déjà en mesure de tenir
les positions de chaque
participant en temps réel. » En outre,
toujours grâce à la fusion avec eRSB,
Stet propose des services à valeur ajoutée, comme le contrôle et le scoring de
la fraude initialement développés pour
la carte bancaire et désormais étendus
au virement (SCT), au prélèvement
(SDD) et surtout au paiement instantané (SCT Inst) qui devra être bien sécurisé pour couper la route aux fraudeurs
toujours intéressés par un nouvel outil
de paiement. Autre service nouveau,
la « tokenization » en vigueur pour
certains types de paiements par carte,
notamment sur mobile, qui sera opérationnelle en juin prochain et permettra
d’opérer des virements et prélèvements
sans faire circuler l’Iban (International
Bank Account Number) sur le réseau.
En parallèle, sera également proposé le
« database proxy », une interface permettant de lier un numéro de compte
avec un numéro de téléphone ou une
adresse e-mail. Des moyens intéressants dans la perspective d’un paiement sur mobile. « Stet est ainsi le seul
opérateur à disposer de l’ensemble de
ces technologies », souligne Rodolphe
Meyer.
Fort de cette offre enrichie, Stet
est très actif sur le plan commercial et
répond aux appels d’offres lancés par
les différentes communautés d’établissements européens concernées
par l’instant payment (34 pays). Pour
les convaincre, l’opérateur a un argument de poids. « Chaque communauté
conservera la gouvernance de son propre
système de paiement instantané, indique
Rodolphe Meyer. C’est fondamental et
c’est ce qui nous a permis de travailler
avec la Belgique. La même question se
pose actuellement avec certains pays du
sud de l’Europe qui veulent garder la
maîtrise de leur système. Ce que nous
pouvons leur offrir grâce à nos technologies qui permettent de gérer diverses
communautés au sein d’une même instance. » Mais Stet n’est pas seul en lice et
d’autres sont entrés dans la course européenne comme ABE Clearing, Vocalink
ou Equens Worldline. Ce qui pose aussi
la question de l’interopérabilité entre
systèmes d’instant payment, un prérequis fixé par l’EPC. La BCE travaille
ainsi sur des mécanismes de règlement,
de garantie et de traitement des opérations qui sécuriseront les rapports entre
systèmes et fixeront un cadre obligatoire
à l’interopérabilité pour l’heure inexistante entre les quelques systèmes nationaux existants (Royaume-Uni, Suède,
Danemark, Pologne).
Reste encore à déterminer les cas
d’usages pour chaque communauté.
Les banques françaises y réfléchissent.
L’ouverture du service pour les paiements entre particuliers permettrait
de lancer une offre à moindre risque
compte tenu des faibles montants
échangés habituellement. La Belgique,
de son côté, envisage plutôt un système
permettant de remplacer les chèques de
banque notamment lors les actes notariés, mais cela nécessiterait de gérer de
grands montants. n

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