Le pôle - Landes public

Transcription

Le pôle - Landes public
Édito
A la veille d’une saison feux de
forêt importante pour le SDIS des
Landes, notamment dans la concrétisation de
l’efficacité du système PRODALIS, j’aurais
envie d’exprimer un seul mot d’ordre :
VIGILANCE !
Sommaire
Parce que nous devons rester humbles au
regard des incertitudes de notre activité, parce
que nos efforts en terme de modernité ne se
substituent pas à la remise en question
perpétuelle des compétences humaines qui
nous sont demandées, parce que nous savons
que l’engagement des sapeurs pompiers
volontaires au quotidien reste fragile et ne
constitue en rien un gage de pérennité, nous
devons rester vigilants.
DANS L’AIR DU SDIS ......................................... 3
• Mouvements internes
• Actualités du SDIS des Landes
Nous devons rester vigilants car la société a
pris un virage sécuritaire, qu’elle nous sollicite
de plus en plus, et qu’elle continue à exiger de
nous une disponibilité et une réactivité de
chaque instant. Nous savons que nous n’avons
pas droit à l’erreur, que l’attente de nos
concitoyens à notre égard ne tolérera aucune
médiocrité de notre part.
Nous nous devons donc d’être présents et
compétents sur tous les fronts. Nous nous
devons d’activer tous nos moyens, qu’ils soient
matériels et surtout humains.
DEUX JOURS AU SDIS .................................... 13
• 48h avec les pompiers d’Hagetmau et de St-Sever
Cet été, nous aurons besoin de toutes les
forces. Nous aurons besoin des 305 sapeurs
pompiers professionnels et de l’ensemble des
sapeurs pompiers volontaires du département,
des personnels du SSSM et des personnels
administratifs et techniques, pour avancer et
rester performants.
DOSSIER BRÛLANT ........................................... 7
• La convention SDIS / SAMU / Ambulanciers privés :
les réalités du terrain
LE GROS CAMION ROUGE ............................... 11
• Le Bras Élévateur Aérien (le B.E.A)
EN POLE POSITION ......................................... 17
• Le pôle de Léon Magescq
UDSP 40 ......................................................... 25
• Interview du Capitaine Marc Tastet
Président de l’Union Départementale
SERVICE SDIS ................................................. 27
• Le Groupement Opérations
« SDIS D LAND’» Magazine N°7 – Juin 2008
SDIS 40 – Rocade – Rond Point de St-Avit
BP 42 – 40 001 Mont de Marsan Cedex
Tél. 05 58 51 56 56 – Fax. 05 58 51 56 91
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication : M. Robert Cabé
Directeur de la Rédaction : Colonel Olivier Bourdil
Rédacteur : M. Fabrice Gaujacq
Crédit Photos : SDIS des Landes - Pascal BATS
Merci à tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de ce magazine
Colonel Olivier BOURDIL
Directeur Départemental
Chef du Corps Départemental
Impression / Réalisation : Imprimerie Castay - 05 58 71 60 43
N° ISSN 1953-7239 – Dépôt légal à parution
DANS L’AIR DU SDIS
Mouvements internes
ILS PRENNENT
LEUR RETRAITE
Sergent Alain LABEYRIE
Pôle de Léon/Magescq
Sergent Jean-Marc ZANCHETTA
Pôle Capbreton/Tyrosse
St Martin de Seignanx
Sergent-Chef
Pierre CARTY
Pôle St Justin
Gabarret/Losse
Adjudant-Chef
Christian ROBIN
Pôle Capbreton/Tyrosse
St Martin de Seignanx
ILS SONT ARRIVÉS AU SDIS DES LANDES
Le SDIS des Landes
en chiffres
au 1er Juin 2008
Nombre de Sapeurs
Pompiers Professionnels
305
Sapeur
Ludovic
DULAC
Sapeur
Jean-Michel
DEYRES
Sapeur
Ramuntxo
RECARTE
Sapeur
Jean
DESTRADE
Sapeur
Pascal
BAROFFIO
Nombre de Sapeurs
Pompiers Volontaires
1 618
dont 147 pour le Service de
Santé et de Secours Médical
(SSSM)
Nombre de Personnels
Administratifs et Techniques
62
Sapeur
Florence
MARCEAU
Sapeur
David
POUTS-BARAILLE
Sapeur
Julien
FORESTIER
Sapeur
Aurélien
PERLETTI
Sapeur
Samuel
ANCEAU
Les interventions
au 1er Juin 2008
Nombre Total d’interventions
7 796
Incendies
649
Capitaine
Olivier
LOUSTAU
Capitaine
Lionel
CAZASSUS
Christian
CONDAMINAS
Secours à personnes
6 396
Opérations Diverses
751
ILS ONT QUITTÉ LE SDIS DES LANDES
Adjudant Hervé GAUZERE (Pôle St Justin/Gabarret/Losse) ...........
Caporal Jean-Christophe REVIRON (Pôle Labouheyre/Sabres) ....
Sergent-chef Franck NADAL (Pôle Côte Sud) ................................
➥
➥
➥
SDIS 32
SDIS 33
Disponibilité d’1 an
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
3
DANS L’AIR DU SDIS
Mouvements internes
Centre de Secours
LE TABLEAU
DES TRANSFERTS
Pôle
Côte Sud
Capitaine Lionel CAZASSUS *
(SDIS 31)
Sergent-chef Thierry MESPLEDE
(Pôle St Justin/Gabarret/Losse)
Sergent-chef Jean-Pierre MOLINA
(Pôle Léon/Magescq)
Sergent-chef Julien VIC
(Pôle Léon/Magescq)
Sergent-chef Joël CAPDEVIELLE
(Pôle Dax/Pontonx)
Sergent Sébastien ESCOFFIER
(Pôle Léon/Magescq)
Sergent-chef Hervé ADO
(Pôle Léon/Magescq)
Adjudant Vincent DUHOURQUET
(Pôle Mimizan/Pontenx/Mézos)
Sergent-chef Michel CARTY
(UMD Mont de Marsan)
Sergent Sébastien HACHETTE
(Pôle Labrit/Lencouacq)
Adjudant-chef Eric PLAQUAIN
(Pôle Dax/Pontonx)
Pôle
Mimizan/Pontenx/.Mézos
Adjudant Alain BADETS
(Pôle Morcenx/Ygos/Lesperon)
Pôle
Léon/Magescq
Sergent David TARIS
(Pôle Capbreton/Tyrosse
/St Martin de Seignanx)
Caporal Sébastien PERSILLON
(Pôle Labouheyre/Sabres)
Caporal Steve PONSONNAILLE
(Pôle Labouheyre/Sabres)
Sapeur Jean-Philippe LASSUS
(UMD Biscarrosse)
Sapeur Lucile BRISSARD
(UMD Biscarrosse)
U.M.D.
Dax
Caporal Grégory MARQUET
(Pôle Labouheyre/Sabres)
U.M.D.
Biscarrosse
Sapeur Ludovic DULAC
U.M.D.
Mont de Marsan
Sergent-chef Jean-Claude DUPLANTIER
(Pôle St Justin/Gabarret/Losse)
Pôle
Biscarrosse/Ychoux/Sanguinet
Sergent Joël MORA
(UMD Biscarrosse)
Sergent-chef Sébastien DUCOM
(Pôle Côte Sud)
Pôle
Labrit/Lencouacq
Major Francis ARRUABARRENA *
(CSP Marsan)
CSP
Mont de Marsan
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Arrivées
Sapeur Samuel ANCEAU
DANS L’AIR DU SDIS
Mouvements internes
Centre de Secours
Pôle
St
Justin/Gabarret/Losse
Arrivées
Sapeur Florence MARCEAU
Sapeur David POUTS-BARAILLE
Adjudant Bruno BADET
Pôle
Morcenx/Ygos
Sapeur Jean-Michel DEYRES
Pôle
Labouheyre
Sabres
Major Jean-Marc GUILLET *
(CSP Marsan)
Sapeur Ramuntxo RECARTE
(Groupement Formation)
Sapeur Jean DESTRADE
Sapeur Julien FORESTIER
Groupement
Opérations
Capitaine Olivier LOUSTAU*
Pôle
Pissos/Luxey
Sapeur Pascal BAROFFIO
Pôle
Dax/Pontonx
Sergent-chef Pascal SESCOUSSE
(UMD Dax)
Sergent Christophe DOUTHE
(Pôle Biscarrosse/Ychoux/Sanguinet)
Adjudant-chef Philippe DUPUCH
(CSP Mont de Marsan)
P.A.T.S.
(SDIS 31)
Sapeur Aurélien PERLETTI
Christian CONDAMINAS
(Service Patrimoine)
Jean-Pierre HERNANDEZ
(Groupement Ospérations)
Le SDIS D LAND’
Magazine a une
immense pensée
pour le Sapeur
Manuel RIPOLL,
sapeur pompier
volontaire au CSP
Mont de Marsan,
décédé dans un
accident de voiture
le 9 mars dernier.
* CHEF DE PÔLE
Les reconnaissez−vous?
Il y a 20 ans…
en 2008
Solutions du numéro précédent : Adjudant-chef Alain Bahougne – Sergent Georges « Jojo » Soubiran – Sergent-chef Jean Jacques « Catiote » Dupouy.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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DANS L’AIR DU SDIS
Actualités du SDIS des Landes
Comme le prévoit la loi, par arrêté du 22 Mai 2008, Monsieur Henri Emmanuelli a
Nouveau Conseil
désigné Monsieur Robert Cabé pour exercer les fonctions de Président du
➤
d’Administration
Conseil d’Administration du SDIS des Landes.
du SDIS des Landes
Ce conseil d’administration a fait l’objet du renouvellement de ses membres.
Il est composé de 14 représentants du Conseil Général (Henri Emmanuelli – Robert Cabé – Hervé Bouyrie –
Jean Claude Deyres – Christian Cazade – Guy Destenave – Odile Lafitte – Yves Lahoun – Gérard Subsol –
Gabriel Bellocq – Maryvonne Florence – Jean Louis Pedeuboy – Pierre Dufourcq – Michel Herrero), de
7 représentants des communes (Jean Paul Alyre, maire de Geloux – Jean Marie Boudey, maire de Luxey –
Geneviève Darrieussecq, maire de Mont de Marsan – Alain Dudon, maire de Biscarrosse – Serge Lansaman,
maire d’Hagetmau – Vincent Lesperon, maire de St Yaguen – Max Roumegoux, maire de Sore) et
d’1 représentant de la communauté de communes de Mimizan (Jean Marc Billac, maire de Pontenx les
Forges).
Quant aux élections des représentant du personnel, elles ont eu lieu le 21 Mai dernier. Les listes SNSPP pour
les sapeurs pompiers professionnels et UDSPV pour les sapeurs pompiers volontaires sont arrivées en tête
chez les officiers et non officiers. Ainsi le major Dominique Mucci, l’adjudant chef Philippe Bastiat pour les
professionnels, le lieutenant Serge Privat et l’adjudant Jérôme Pessan pour les volontaires, siègeront au
conseil d’administration.
Les majors Mucci et Lavigne, l’adjudant chef Bastiat, les sergents chefs Denguilhem et Cantet siègeront à la
Commission Administrative et Technique des services d’incendie et de secours (CATSIS) au titre des SPP, et
les lieutenants Privat et Causit, l’adjudant Pessan, le sergent Desclaux et le caporal-chef Corbi, au titre des
SPV. Enfin, les sept candidats de la liste UDSPV siègeront au comité consultatif départemental des sapeurs
pompiers volontaires (CCDSPV) : il s’agit du 1ère classe Laurent, du caporal-chef Dubedat, du sergent-chef
Faucheron, de l’adjudant Pessan, du lieutenant Privat, du lieutenant Mathon et du médecin-commandant
Fohr.
Antarès ➤
La migration vers Antarés est en plein développement (cf. Rubrique « Service SDIS »).
Après les véhicules PC et les véhicules d’encadrement, la moitié des VLHR seront
équipés d’ici la mi-juin. Ensuite, grâce à la subvention du fonds d’aide à l’investissement,
le SDIS des Landes profitera du 2ème semestre 2008 pour étendre les équipements au
CTA/CODIS ainsi qu’aux centres de secours. A partir de 2009, d’autres types de
véhicules seront équipés. Il faut savoir que l’équipement d’un véhicule s’élève à 2.800 €
TTC.
Pour améliorer la protection des personnels sur les feux de forêt mais aussi pour éviter
Protection des CCF ➤« les coups de chaud » du matériel, le SDIS40 a décidé de poursuivre et d’accroître la
protection des camions citernes forestiers. Cette démarche préventive s’établit sur trois
mesures :
• Mise en place de LDV 500 sur les CCF pour la protection des personnels depuis
2002.
• Protection des organes sensibles du châssis par un système d’arrosage spécifique.
• Equipement annuel de 2 CCF Pelle pour faciliter le franchissement (8 CCF en
4 ans).
Toujours en matière de prévention, le SDIS des Landes continue à s’engager sur le thème des accidents de la route,
Sécurité routière ➤notamment ceux qui concernent les sapeurs pompiers en mission.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Au-delà des mesures préventives inculquées à travers la formation (COD2 et COD 6, formation SAP dans le cadre du
transport de victimes), du Règlement Intérieur (Article 13 – Exercice des missions opérationnelles et Article 17 –
Hygiène et sécurité), et des différentes notes (n°28 du 26 Juin 2007), le Groupement Formation du SDIS40 prépare
une note de service qui reprécise les règles de conduite des véhicules d’incendie et de secours en opérations.
Ce même groupement est en train de finaliser avec le Groupe CENTAURE, la possibilité pour le SDIS40 d’accéder à
la formation contrat sécurité (1 jour) en permettant aux véhicules d’intervention (VL – VSAV – PL) d’évoluer sur les
circuits CENTAURE.
Enfin, dans le cadre des contrats Atout-Route (www.atout-route.com), le groupement Formation garantit la présence
de M. Castéran, directeur de l’Administration Générale et de la Réglementation à la Préfecture des Landes, lors des
journées de recrutement SPV, afin de sensibiliser les nouvelles recrues au respect des règles de conduite.
DOSSIER BRULANT
La convention SDIS / SAMU / Ambulanciers privés :
les réalités du terrain
Après un congrès national des sapeurs-pompiers de France dominé par le
conflit pompiers-Samu et la sortie du manifeste de la Fédération « pour
sauver le secours à personnes », après la diffusion dans « Envoyé Spécial »
d’un reportage pointant du doigt les dysfonctionnements opérationnels entre
les « rouges » et les « blancs », la question épineuse du secours à personnes
et de l’organisation des secours gagne peu à peu l’ensemble des SDIS de
France. Pour certains d’entre eux, c’est l’omerta. Pour d’autres, les
conventions et les plateformes communes sont exposées comme des
trophées dans des vitrines. Avant de regarder et juger ce que font les voisins,
balayons devant notre porte ! C’est ce que nous avons fait, sans hypocrisie ni
complaisance, en questionnant ceux qui détiennent aujourd’hui les clefs du secours à
personnes dans les Landes, en l’occurrence Rachel Ricard, directrice du Samu et notre
directeur départemental, le Colonel Bourdil, mais aussi ceux qui travaillent dans l’ombre, au
Centre du traitement de l’alerte 18 ou à la régulation du SAMU, et finalement les plus exposés,
ceux qui interviennent dans les VSAV.
En 2004, la bonne volonté de chacun sur le terrain et l’intelligence partagée des instances
dirigeantes ont permis de signer une convention tripartite entre le SDIS des Landes, le SAMU40
et les ambulanciers privés du département. Cette convention a pour objet « d’assurer aux
malades et blessés, en quelque endroit qu’ils se trouvent, les soins appropriés à leurs états » et
d’assurer la permanence de la réponse aux demandes d’intervention.
Quatre ans après, la « victime » y a-t-elle gagné ? La convention n’est-elle qu’un leurre de
bonne entente ? Les excellents rapports qu’entretiennent le SDIS et le SAMU dans les textes
sont-ils aussi palpables dans les conférences téléphoniques des opérateurs ou aux pieds des
UMH et VSAV ? Nous avons enquêté…
Entre des interventions qui augmentent sans cesse (+ 2000 interventions par an depuis 4 ans pour les sapeurs
pompiers), l’appréciation délicate de la régulation entre prompt secours et assistance, la victimisation d’une
société qui accroît l’incohérence de l’évaluation d’une situation à risque, l’attente irrémédiable de solutions
amenées par l’Etat providence, les enjeux et incidences budgétaires pour chacun des acteurs, la phobie du
contentieux, le secours à personnes est désormais au centre des préoccupations.
Aujourd’hui, 81% des interventions du SDIS des Landes concernent le secours à personnes. C’est
considérable. Quant on sait, qu’il y a à peine 30 ans, notre organisation était essentiellement dédiée à la lutte
contre les incendies, la transition paraît brutale. Aujourd’hui, sur 60 interventions quotidiennes, on recense 1 à 4
feux par jour hors activité feu de forêt. Il y a donc eu une évolution majeure dans l’activité du service.
Maintenant, il faut ramener cet effet aux préoccupations de la société. Si on en est arrivé là, c’est qu’il y a un
réel besoin qui émane de nos concitoyens et ce besoin se ressent inévitablement de manière importante sur
l’activité du SDIS. Le SDIS a pris alors un certain nombre de mesures pour essayer de s’organiser par rapport à
la recrudescence de l’activité liée au secours à personnes. Il a donc optimisé l’emploi de ses moyens
notamment à travers la mise en place de la convention SDIS/SAMU/Ambulanciers privés de 2004 qui a pour
objectif d’améliorer les relations dans le système et la coordination des moyens, afin de maîtriser la tendance
inflationniste.
Manœuvre
commune
SDIS / SAMU
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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DOSSIER BRULANT
La convention SDIS / SAMU 40 / Ambulanciers privés
les réalités du terrain
Objectivement, avons-nous atteint les limites du système ? Quel est le point de rupture ? Pourronsnous, proportionnellement, continuer à assurer les réponses aux besoins grandissants ? Surtout que la
société n’est pas prête à s’imposer une conjoncture inverse. Henri Emmanuelli, président du Conseil
Général des Landes, le dit bien : « Plus on possède et plus on a peur de perdre ! ». C’est vrai pour tout,
surtout pour le secours à personnes quand il s’agit de préserver son bien être dans une société basée
sur le tout sécuritaire.
Le CRRA 15
Le CTA 18
Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’un SDIS est avant tout un service de sapeurs pompiers qui a
l’obligation de rester sur son cœur de métier, en l’occurrence l’incendie et le secours d’urgence. « Nous
ne sommes pas à la recherche de missions ! » précise le Président Cabé. « Nous ne sommes pas là
pour prendre le travail à qui que ce soit. » Surtout que la convention est là pour délimiter le terrain de
chacun.
Dés le départ, le choix de la répartition des interventions a été clair. Les textes nationaux les
répartissaient suivant deux notions médicales : toute intervention à variable exogène (qui provient de
l’extérieur du corps) incombait aux pompiers, celle à variable endogène (phénomène qui prend
naissance à l’intérieur du corps) incombait au SAMU. Ce n’est pas la répartition qui a été choisi dans
les Landes, lors des discussions qui ont précédé la signature de la convention. Pour plus de clarté, et
afin de réduire les erreurs d’appréciation, la donnée géographique a été privilégiée : pour la voie
publique ou assimilée, l’intervention du SDIS est automatique, pour les domiciles et lieux privés,
l’intervention concerne le SAMU.
Au cœur du dispositif opérationnel, le SSSM n’est-il pas sous exploité ?
On a toujours le sentiment que l’on pourrait utiliser plus fréquemment nos services. Aujourd’hui, les
personnels SSSM sont peu sollicités mais encore faut-il qu’ils soient disponibles. N’oublions pas que
le SSSM est constitué de médecins et infirmiers volontaires, intervenant selon leurs disponibilités. Il
est impossible, par exemple, d’établir un tour de garde ou d’astreinte local ou départemental des
médecins. Par ailleurs, les médecins sapeurs pompiers sont également des médecins généralistes
libéraux.
Interview
du Lt-Colonel
Daniel
GARNIER
Médecin-chef
du SSSM
au SDIS des Landes
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Pensez-vous que le médecin correspondant SAMU va être le fossoyeur du médecin
SSSM ?
Il est encore trop tôt pour répondre catégoriquement à cette question. Pour l’instant, le
correspondant SAMU est un médecin encore plus virtuel que le médecin SSSM, qui a au moins
l’avantage d’exister. Qui sera correspondant SAMU ? D’où viendra t-il ? Combien seront-ils ? Sur
quels secteurs ? Qui les paiera ? Autant de questions qui maintiennent en vie le médecin SSSM. Et si
le correspondant SAMU était un médecin SSSM ?
A l’heure où la disponibilité et la proximité des médecins généralistes semblent être
remises en question, comment peut-il y avoir encore des médecins SSSM impliqués
opérationnellement ?
D’abord un constat : près de 2500 interventions secours à personne ont été médicalisées en 2007,
soit 14% des interventions globales (le double de la moyenne nationale). C’est une bordure basse qui
tend à évoluer avec l’augmentation du nombre des infirmiers « protocolés », une meilleure entente
entre pompiers et médecins SSSM sur les départs, une meilleure connaissance du monde des
médecins sapeurs pompiers, et la mise en place de nouvelles missions (notamment le soutien
sanitaire sur d’autres interventions que le feu de forêt). De toute façon, les médecins du SSSM ont fait
savoir qu’ils tenaient à assurer la garde en tant que médecins libéraux associant ainsi leur implication
opérationnelle. Non, le SSSM n’est pas mort car il garde encore !
DOSSIER BRULANT
La convention SDIS / SAMU 40 / Ambulanciers privés
les réalités du terrain
Une seule dérogation (et elle est de taille) peut venir modifier cette règle. Elle se situe dans le prompt
secours. On entend par prompt secours l’action de secouristes agissant en équipe et qui visent à
prendre en charge sans délai des détresses vitales ou à pratiquer des gestes de secourisme. Dans ce
cadre là, lorsque le CTA 18 reçoit un appel provenant d’un domicile et qu’il existe un risque vital
imminent (détresse vitale avérée ou potentielle), alors le stationnaire sapeur pompier peut déclencher
d’emblée les moyens du SDIS. L’appelant est alors transféré au CRRA 15 dans le cadre de la régulation
médicale par le SAMU (conférece à 3).
Toutefois cette dérogation peut être une contrainte pour le SDIS, parce qu’au final celui-ci est
susceptible d’engager ses moyens sur tous les fronts : la voie publique et le domicile en prompt
secours. Le colonel Bourdil en a conscience. Il ne veut pas que ses hommes interviennent là où ils ne
devraient pas intervenir. C’est pourquoi, depuis quelques mois maintenant, il a chargé le major Christian
Pradelles, officier CODIS, d’affiner des analyses sur tout ce qui concerne le domicile (téléalarmes,
détresse vitale, carences, accidents à domicile). « J’ai besoin d’analyser les statistiques pour recadrer
nos missions dans l’urgence absolue. Il faut rester dans nos missions. » précise t-il.
Pour le SDIS, l’enjeu est de taille. Le Colonel Bourdil se rend à l’évidence : « Dans cette explosion
d’interventions sapeurs pompiers à domicile, je ne doute pas une seule seconde de l’intégrité du SAMU
et je veux croire à des évolutions démographiques et sociales peu favorables. On a peut être aussi
favorisé cette conjoncture puisque les citoyens savent que nous répondons à tous leurs appels de
détresse, que nous avons tout fait pour maintenir un service public de proximité et que nous sommes
opérationnels 24h/24 ! ».
L’autre contrainte posée à l’engagement des sapeurs pompiers sur intervention réside sur le
« monopole » du SAMU dans la régulation des appels d’urgence. Aujourd’hui, le Centre de Réception et
de Régulation des Appels (le CRRA) peut engager les moyens du SDIS sur les appels 15 reçus, que ce
soit pour des interventions sur la voie publique, sur du prompt secours à domicile, ou alors par carence
lorsque aucun véhicule (UMH ou ambulances privées) n’est disponible. Ce système peut connaître des
limites surtout dans l’esprit des sapeurs pompiers car il est toujours difficile de se subordonner à une
autre entité dans la prise de décision de l’engagement de ses propres moyens. Entre le SDIS et le
SAMU, la régulation est avant tout une question de confiance.
Certains SDIS ont opté pour la solution de la plateforme commune de réceptions des appels. Elles
permettent aux permanenciers du CRRA 15 et aux opérateurs du CTA 18 de travailler ensemble dans
les mêmes locaux. « Ce serait intéressant pour nous tous d’être ensemble, ceci étant il y a dans les
Landes une tellement bonne interconnexion téléphonique entre le 15 et le 18, qu’on ne gagnerait pas
grand-chose de plus ! Qu’est ce qu’on y perdrait ? Le CTA ne peut pas se séparer de son CODIS, le
SAMU ne peut pas se séparer de son SMUR et de l’hôpital. On est plutôt en train de vouloir trouver un
lien informatique entre nos deux logiciels, pour gérer un seul et même dossier » explique Rachel Ricard,
directrice du SAMU.
Finalement, lorsqu’on s’attarde sur le dossier du secours à personnes et de la convention avec chacun
des acteurs, on se rend compte qu’ils tendent unanimement vers une même finalité : l’intérêt de la
« victime » (terme pompier) ou du patient (terme SAMU). « Ce qui fait que ça marche, c’est qu’on a eu
l’intelligence de se rendre compte qu’on était là pour les patients. On a réussi à travailler ensemble et à
écrire une convention qui soit destinée à la sécurité des patients. On est conscient que ça peut être
tendu mais c’est aussi une affaire de personnes entre les deux directions. On ne peut pas être antipompiers dans un département comme les Landes. On protège plus les victimes que nos services
respectifs » déclare Rachel Ricard.
SAMU 40
N° d’appel
Le 15 / le 05 58 44 11 11
(permanence des soins)
le 112 (dans les Landes)
Matériel SMUR
(Mont de Marsan / Dax)
4 ambulances de réanimation
En relation avec
438 médecins libéraux
avec 42 secteurs de garde
140 pharmacies
Interventions 2007
3874 interventions SMUR
avec renfort saisonnier
(Hossegor-Mimizan-Biscarrosse)
95 330 affaires traitées
par le SAMU 40 en 2007
Effectif CRRA par jour
3 permanenciers
+ 1 médecin hospitalier
ou médecin généraliste de garde
SDIS 40
N° d’appel : 18
Effectif CTA par jour (24h)
1 chef de salle + 2 opérateurs
+ 1 officier C.O.D.I.S
50 VSAV opérationnels
Service de Santé
et de Secours médical
147 sapeurs pompiers volontaires
dont
98 médecins
38 infirmiers
7 pharmaciens
3 vétérinaires
1 expert
Interventions 2007
22 077 interventions
81% des interventions globales
dédiées au secours à personnes
17 718 interventions secours à personnes
(+12,25% par rapport à 2006)
Ambulanciers privés
17 ambulances de garde
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
9
DOSSIER BRULANT
La convention SDIS / SAMU 40 / Ambulanciers privés
les réalités du terrain
« La victime doit être au centre de nos préoccupations, ce n’est pas de la démagogie, c’est une réalité. Le
cœur du système, la « cible », c’est la victime » renchérit le Capitaine Poyau, responsable du CTA/CODIS au
SDIS des Landes.
C’est un constat. Dans les Landes, la convention SDIS/SAMU/Ambulanciers fonctionne. Certes tout n’est
pas rose, et quelques dysfonctionnements épars remontent à la surface pour rappeler aux différents acteurs
que le sujet est sensible et la réussite fragile. Mais déjà, chaque entité ne daigne pas à se remettre en
question et chacun des intervenants propose des solutions pour améliorer la collaboration.
Hiver 2007,
Mont de Marsan :
AVP sur rocade
Le capitaine Poyau avance une prise de conscience : « La solution passe inévitablement par une régulation
qui émane d’une volonté commune de la part des acteurs de ne pas transférer le travail ou les basses
besognes aux autres ! Il faut que les médecins régulateurs soient conscients qu’en déclenchant le VSAV
d’Aire sur Adour en pleine nuit pour un transport de malade, ce sont des pompiers volontaires qui s’engagent
avec pour la plupart des hommes et femmes qui travaillent le lendemain matin à 7h… ». Justement, pour que
chacun comprenne le métier de l’autre, le SAMU a eu la bonne idée de recruter dans les rangs de ces PARM
(Permanencier Auxiliaire à la Régulation Médicale) 2 sapeurs pompiers volontaires : Stéphane Georgeon (voir
encadré) et Sébastien Lafitte (SPV à Tartas). Aussi, au-delà de cette passerelle idéale, le capitaine insiste sur
la continuité des échanges, des formations communes, afin que chacun puisse mieux comprendre le métier
de l’autre et mieux appréhender l’organisation opérationnelle de la structure voisine.
Le Docteur Ricard avance les efforts qui ont été effectués auprès des ambulanciers privés, avec une
formation axée sur la variable endogène, avec l’équipement médical d’une dizaine d’ambulances. « On
essaye de travailler ensemble non pas pour avoir un maillage qui se fasse compétition mais qui soit
complémentaire ».
De toute façon, aucune structure ne pourra à elle seule répondre à la demande. On aura toujours besoin de
l’avis médical du SAMU, des 50 VSAV du SDIS des Landes et leur couverture départementale exceptionnelle,
de la compétence des médecins et infirmiers du SSSM, de la disponibilité des sapeurs pompiers
professionnels et volontaires, et de l’apport de plus en plus médicalisé des ambulanciers privés.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
10
Stéphane Georgeon incarne la réussite landaise de la convention tripartite et témoigne des bonnes
relations nouées entre le SDIS des Landes et le SAMU. Sapeur pompier volontaire à Dax depuis
1995, opérateur au CTA depuis 2003 et permanencier auxiliaire à la régulation médicale du SAMU,
Stéphane représente un élément majeur dans la coordination des secours. Il connaît le terrain et les
contraintes que peuvent rencontrer les sapeurs pompiers en intervention, il profite aussi d’une
expérience concrète en tant qu’opérateur et semble indispensable dans la compréhension des
rouages des deux structures pour lesquelles il travaille. Son rôle chez les pompiers diffère de celui
qu’il joue au SAMU : « Chez les pompiers, on engage les moyens ou on n’engage pas ! Au Samu, le
panel des moyens est plus important, on a les UMH, les ambulances privées, les médecins, les
pompiers, etc. La réaction au 18 est plus spontanée, au 15 l’appel engendre plus de questions, plus
d’écoute, plus de temps de réflexion ! ».
Il le dit clairement, il a l’avantage au SAMU de connaître le terrain sur lequel évolue les pompiers :
« C’est une question d’empathie. J’imagine la prise d’appel, la souffrance des gens, la situation à
laquelle on est confronté, je l’ai vécu en tant que pompier ». Cela va même plus loin et profite
indéniablement aux pompiers sur intervention : « je connais les contraintes des pompiers, j’y réfléchis
à deux fois quand je sais que les pompiers de Morcenx ou Mimizan sortent pour au moins deux
heures d’intervention pour une évacuation sur l’hôpital le plus proche ! ». Il anticipe même : « Sur
chaque engagement de moyens SDIS, il y a une réflexion d’anticipation opérationnelle ! Je sais
qu’engager un VSAV à Dax n’a aucune conséquence de couverture opérationnelle par contre
engager le VSAV de Labrit en Août, pendant la saison feux de forêt peut être plus préjudiciable ! ».
Il n’y a aucun doute, Stéphane Georgeon est le meilleur allié des pompiers dans la régulation
médicale du SAMU. Finalement, il est l’ambassadeur du bon fonctionnement de la convention,
puisque non seulement sa priorité reste la « victime » mais en plus il veille sur l’intérêt propre à
chacune des structures pour lesquelles il travaille.
LE GROS CAMION ROUGE
Le Bras Elévateur Aérien (le BEA)
Le Centre de Secours de Biscarrosse vient d’être doté à titre expérimental d’un BEA (Bras
Elévateur Aérien). Bien connu des sapeurs pompiers au début des
années 80, le bras élévateur aérien a toujours été considéré comme un
véhicule très imposant, trop lourd, et peu maniable en intervention.
Délaissé jusqu’en 2005, il réapparaît sur le marché dans une version plus
appropriée aux difficultés d’interventions, à la fois plus légère et plus
maniable. Aujourd’hui, le SDIS des Landes a décidé d’en faire
l’acquisition et de le tester sur le terrain, avant peut être de développer
son utilisation sur l’ensemble du département.
Le BEA fait partie des moyens élévateurs aériens. Il est basé au CSP Biscarrosse de façon à le
tester sur intervention en complément de l’E.P.S (Echelle Pivotante Semi-automatique) du CS
Mimizan.
Il est destiné :
• à l’extinction des feux (lance-canon 250/1000 LDV montée à demeure sur plateforme, présence d’une
colonne sèche disposée le long du bras télescopique et d’une auto-protection).
• au sauvetage (plateforme pivotante à 180° équipée d’un système d’horizontalité électro-hydraulique
automatique, d’une auto protection, d’une lance canon et d’un support pour brancard).
• à la reconnaissance (bras pendulaire qui couvre 180° permettant d’effectuer des reconnaissances en
passant derrière des obstacles (toiture, murs….).
• à supporter des appareils d’éclairage.
Porteur : Renault Trucks Type Midlum 240.14 Light
- Poids : 14 T
- Moteur : 240 CV
- Châssis : 4x2 - 2 roues motrices arrière avec blocage différentiel.
- Longueur : 8,50 m
- Empattement : 4,40 m.
- Stabilisation en « H » automatique, qui peut être reprise manuellement avec une
correction de dévers automatique sur celle-ci. Largeur minimale de stabilisation :
2,55 m et largeur maximale de stabilisation : 5 m.
Equipement : COMILEV (Siège social à Roquefort – 40), société spécialisée dans la
conception et la fabrication de Plates-formes Mobiles d’Elévation de Personnels sur porteurs
de 10 m à 46 m.
• Plate-forme :
- Pivotante horizontalement de 90° à droite et de 90° à gauche, munie d’une lance
canon (DN65), d’une autoprotection et d’un support pour brancard.
- Déport : 19 m
- Poids maximum : 270 kg (3 personnes).
- Equipée d’un système d’horizontalité électro-hydraulique automatique.
- 2 projecteurs orientables.
- Détection d’obstacle par ultrasons.
- Anémomètre.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
11
LE GROS CAMION ROUGE
Le Bras Elévateur Aérien (le BEA)
Avantages :
- Moins coûteux qu’une
échelle.
- Bras pendulaire
permettant les
reconnaissances
derrière un obstacle.
- Robustesse.
- Solidité.
- Présence d’une
colonne sèche
(pas d’établissement
de tuyaux).
- Plateforme en position
arrière du véhicule
(accès avant déploiement).
- Pivotement de la
plateforme 90° à droite
90° à gauche
Inconvénient :
- Pas de cheminement
en phase sauvetage.
• Bras élévateur :
- Déploiement total = 25,20m
- Un bras principal télescopique (formé de 4 sections appelées téléscopes dont 3 sorties
simultanées actionnées par un vérin hydraulique double effet, équipé de valves d’équilibrage) +
1 bras pendulaire télescopique supportant la nacelle qui couvre 180° qui permet un surplomb
de 6 m.
- 1 colonne sèche
- 2 projecteurs orientables sur plateforme
- 2 projecteurs motorisés sur téléscope.
• Tourelle centrale
avec poste de pilotage qui peut pivoter sur 360°.
• Temps d’exécution
- mise en place stabilisateur
en largeur maxi : 25 s.
- atteinte 25 m avec pivotement 90° : 1mn 40 s.
- vitesse du vent maximale tolérée : 45 km/h.
Prix : 376 022 € TTC
Sergent Joël MORA
Sapeur pompier professionnel au CSP Biscarrosse
Formateur « COD 6 »
Pour que le B.E.A
soit opérationnel,
le SDIS des
Landes a formé
tous les agents «
COD 6 »
(formateurs
échelles),
tous les agents du
CSP Biscarrosse
et les mécaniciens
de l’Atelier
Départemental.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
12
« J’ai connu les anciens BEA, installés sur des gros porteurs, très difficile
d’emploi. Ce BEA n’a rien à voir ! Il y a eu une évolution technique
considérable. Aujourd’hui ce véhicule spécifique peut concurrencer l’échelle.
Ce qui lui manque, c’est le parc échelle. On ne rencontre pas les mêmes
possibilités d’évacuation surtout lors de sauvetages multiples. La différence
se situe dans le nombre de personnes que l’on pourra évacuer en simultané !
Sur un BEA, on peut faire évacuer une personne voire deux à la fois en
mettant en place des norias. Avec un parc échelle, le nombre de personnes
que l’on peut évacuer en même temps est illimité.
Le gros avantage du BEA, c’est de pouvoir travailler en négatif, derrière un
obstacle grâce au bras pendulaire de 4 mètres. Autre avantage, c’est la colonne sèche qui évite l’établissement de
lances et la manipulation de tuyaux au sommet de la nacelle.
Ce qui est peut être le plus impressionnant, c’est la sensation de vide due à l’absence du parc échelle. Sinon, c’est
un véhicule très facile à manipuler, sécurisé par une haute technologie qui nous oblige à revoir notre façon de faire
et de se placer par rapport à l’objectif.
La technologie avancée de ce véhicule rend son utilisation plus souple. La manipulation est primordiale, sa
technicité implique une utilisation intense. Aujourd’hui, à Biscarrosse, dans la maîtrise du BEA, nous insistons sur la
formation et le recyclage des agents. En ce moment, le véhicule sort tous les jours en manœuvre. »
2 JOURS AU SDIS
48 h avec les pompiers volontaires
des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever
Lorsque vous lirez ce reportage, vous aurez peut être l’amère sensation de ne rien
apprendre, vous aurez aussi la désagréable impression que dans les Landes, les
interventions se suivent et se ressemblent. Et pourtant, contrairement aux apparences,
passer 48 heures avec les sapeurs pompiers volontaires d’Hagetmau et Saint Sever, est
une expérience riche en enseignements.
Considérez d’un point de vue statistique, que les centres de secours d’Hagetmau et de
St Sever étaient respectivement en 2007, les 8ème et 12ème centres de secours du
département au nombre de sorties annuelles, avec pour l’un 546 sorties et pour l’autre
471 sorties (voir tableau statistiques).
Considérez ensuite que les effectifs des deux centres de secours sont composés
uniquement de sapeurs pompiers volontaires, que 80% des interventions des sapeurs
pompiers des Landes concernent le secours à personnes, et que sur ces 80%
d’interventions, un bon nombre d’entre elles relèvent de la « bobologie » ou de
l’assistanat social.
Alors ce reportage vous donnera une idée précise de ce que peuvent connaître les
sapeurs pompiers landais dans leur quotidien opérationnel. Une réalité qui nous confirme
que le service départemental d’incendie et de secours pourrait devenir peu à peu « un
service d’ambulances qui fait des incendies de temps en temps », et que les sapeurs
pompiers volontaires sont vraiment les derniers héros des temps modernes à la fois dans
leur disponibilité, leur engagement, et leur renoncement. Car plus la société évoluera
dans cette globalisation de la victimisation, et plus leur engagement pourrait devenir
fragile !
Des pompiers de plus en plus sollicités pour de moins en moins de gravité, telle est la
dérive sécuritaire d’une société qui modifie considérablement l’activité du SDIS.
Finalement, l’importance d’un appel de détresse ne se mesure pas dans la gravité de la
situation mais dans la possibilité de pouvoir toujours y répondre !
Quoi qu’il en soit, les sapeurs pompiers volontaires sont encore là. Ils répondent au bip et
transforment encore et toujours la tristesse de leur centre de secours vide en jovialité
solidaire et taquine de vestiaire sportif. Au moment où ils ont quitté leur famille, leur
travail, ou leurs loisirs, pour venir porter secours à des gens en détresse, nous les avons
suivis… Extraits !
10
Jeudi
INCENDIES
SECOURS A PERSONNES
OPERATIONS DIVERSES
TOTAL :
Interventions
31
443
31
Sorties
46
465
35
505
546
500
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
INCENDIES
SECOURS A PERSONNES
OPERATIONS DIVERSES
INCENDIES
6%
OPERATIONS
DIVERSES
6%
SECOURS A
PERSONNES
88%
Interventions sur le secteur de 1er appel
Sorties totales
INCENDIES
SECOURS A PERSONNES
OPERATIONS DIVERSES
TOTAL :
Interventions
33
361
49
Sorties
45
377
49
443
471
400
350
300
250
200
150
100
50
0
INCENDIES
SECOURS A PERSONNES
OPERATIONS DIVERSES
INCENDIES
7%
OPERATIONS
DIVERSES
11%
SECOURS A
PERSONNES
82%
12:38
AVRIL
Interventions sur le secteur de 1er appel
Sorties totales
Accident de travail
Etablissements Laffite à Montaut
Il est 12h44, soit six minutes après le déclenchement de l’alerte, lorsque le VSAV St Sever quitte le
centre de secours, avec à son bord les sergents Campoy et Monge, le caporal-chef Agostinelli et le
sapeur Manso. Derrière, Nathalie Duchesne, infirmière SSSM, suit l’équipage avec un véhicule léger.
Quand ils arrivent sur les lieux, à 12h51, l’accident de travail pour lequel ils sont partis n’en est plus
un. En fait, Elodie, 20 ans, employée de l’entreprise Lafitte, a fait un malaise sans perte de
connaissance. Un médecin privé de Montaut, dont le cabinet est voisin de l’entreprise, est sur les
lieux. La jeune fille a de la fièvre et souffre de fortes douleurs abdominales. Un premier bilan est
donné : il y a suspicion d’appendicite ou de kyste. Après régulation avec le 15, Elodie est évacuée
sur l’hôpital Layné de Mont de Marsan. Une heure après le VSAV St Sever revient au centre de
secours.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
13
2 JOURS AU SDIS
48 h avec les pompiers volontaires
des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever
21:11
AVRIL
Malaise voie publique
10
Salle des sports d’Horsarrieu
Jeudi
Cela fait un petit quart d’heure que l’hommage à Charlton Heston a débuté sur France 3. Pour la 50ème
fois en 50 ans, la chaîne publique diffuse « Les dix commandements ». « Tu ne dérangeras pas les
pompiers pour rien », en voilà un qui semble avoir échappé aux descendants de Moïse. A 21h11, le
VSAV d’Hagetmau est déclenché pour un malaise sur la voie publique. Sept minutes après, le caporalchef Christian Cazalot et les sapeurs Lansaman, Cazalot (David), et Laborde partent pour Horsarrieu, où
Marie, 45 ans, a fait un malaise sans perte de connaissance. Lorsque les sapeurs pompiers se
présentent sur les lieux en compagnie du Docteur Fohr, médecin SSSM, la salle de sports est pleine à
craquer. Ce soir, c’est Loto. Marie se plaint de fortes douleurs à la poitrine. Elle est très rapidement
conditionnée dans le VSAV. Avec un pouls à 104 et une tension de 17.9, Marie vient sûrement de
décrocher le gros lot ! Il n’en est rien. Marie s’est juste emballée en croyant qu’on lui avait dérobé un
carton. Fausse alerte donc, pas de carton dérobé ni d’urgence pour les pompiers. Marie a fait sa crise et
les pompiers s’en sont allés…
22:42
AVRIL
Détresse vitale à domicile
10
Lieu-dit Petit Cabos à Saint Sever (route de Grenade)
Jeudi
A 22h58, lorsque l’équipage VSAV de Saint Sever arrive au Petit Crabos, Maurice, 74 ans, est victime
d’une décompensation respiratoire. Gravement malade, il est depuis deux ans mis en permanence sous
oxygène. Ce soir là, il est très essoufflé et se plaint de fortes douleurs au thorax. Nathalie Duchesne,
l’infirmière SSSM qui accompagne l’équipage VSAV sur l’intervention, lui prend les constantes. La
saturation d’oxygène est basse, elle est à 88. Maurice est anxieux et peine à retrouver une respiration
« normale ». Le médecin Lefort arrive alors sur les lieux. Après avoir fait un bilan de l’état de Maurice, il
décide d’augmenter le niveau d’apport en oxygène. L’état de Maurice s’améliore. Après régulation avec
le SAMU, il est décidé de ne faire aucune évacuation. Vers 23h36, le Sergent Monge, le caporal
Bagalciague, les sapeurs Malet et Labadie ainsi que Nathalie Duchesne retournent au centre de secours.
09:49
AVRIL
Accident de sport
11
Cité verte d’Hagetmau
Vendredi
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
14
Qui a dit que le handball n’était pas un sport physique ? Sûrement pas le
jeune Raphaël, 13 ans, qui a du écourter sa séance de sport scolaire,
victime d’une fracture du poignet gauche. Conditionné dans le VSAV
d’Hagetmau, il quitte la Cité Verte pour prendre la direction de l’Hôpital
Layné de Mont de Marsan. Il fera le voyage en compagnie de l’Adjudant
Durou, des sapeurs Carrère et Ringot, et de l’infirmière Laurence
Jouannaut.
En chemin, la douleur s’amplifie. Raphaël supplie qu’on atténue sa
souffrance. “L’arrêt perfusion” est inévitable. C’est à la sortie de Saint
Sever, le long d’une quatre voie tout juste aménagée que le VSAV stoppe
sa route et que la perfusion est posée. Qui s’y colle, pique ! C’est la devise
de Laurence Jouannaut qui achève la douleur du jeune homme. Il est déjà
11h35 lorsque le VSAV rentre de son voyage montois.
2 JOURS AU SDIS
48 h avec les pompiers volontaires
des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever
13:19
AVRIL
Accident de travail
11
Zone Industrielle d’Aurice
Vendredi
La cheville qui voulait se faire plus grosse que le bœuf…
(Jean de la Fontaine)
Les pompiers de Saint Sever virent une cheville
Qui semblait de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Se coince entre deux palettes, s'étend, s'enfle, et se travaille,
Pour réduire la cheville en grosseur.
Le chef d’agrès dit : "Regardez bien madame, je vais poser un bandage.
Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
Nenni. – Qu’à cela ne tienne, je vais l’immobiliser avec une attelle de décompression.
M'y voilà ?
Vous approchez, je ne sens plus rien…"
La cheville meurtrie et chétive
S'enfla si bien qu’à la fin elle fut évacuée sur le centre hospitalier
Le monde est plein de gens qui se blessent juste avant de débaucher,
plein de pompiers qui décalent à l’heure du déjeuner,
Toute blessure à son sauveur,
quelle que soit sa gravité et quelle que soit l’heure !
06:57
AVRIL
Accident de travail
12
Route de Saint Cricq Chalosse à Hagetmau
Samedi
David a 37 ans, il est chauffeur livreur. Ce matin, il doit charger des caisses de volailles chez un
particulier. Au moment de la cargaison, il se coince le majeur de la main gauche dans l’essieu de
son camion. La plaie est profonde mais David est conscient quand le sergent-chef Simon, les
sapeurs Langlade et Ringot et Laurence Jouannaut, infirmière SSSM, arrivent sur les lieux.
Les constantes sont prises, Laurence nettoie la plaie et y dépose une poche de glace. Le docteur
Fohr, médecin SSSM, arrive sur les lieux et décide, après régulation, d’évacuer le blessé vers son
cabinet médical pour des soins plus approfondis. Les équipiers VSAV s’exécutent. Vers 8h, ils
reviennent au centre où la première intervention de la journée servira finalement de prétexte à un
petit déjeuner commun et convivial au centre de secours.
Ce même jour, le samedi 12 avril, les sapeurs pompiers du département sont intervenus à 65 reprises. Un
homme de 36 ans a tenté de se suicider en avalant des médicaments. 2 feux de véhicules, 2 feux de
véhicules légers et 2 feux de poubelles ont été éteints. A Parentis, une jeune fille de 17 ans a percuté une
voiture avec son scooter, elle a été évacuée sur le centre hospitalier de La Teste. A Bretagne de Marsan, les
sapeurs pompiers ont désincarcéré de son véhicule un homme gravement blessé et à Soustons, ils ont
récupéré des dauphins échoués sur la plage.
Ce même jour, sur l’ensemble du département, près de 60 sapeurs pompiers professionnels étaient casernés
et un peu plus de 400 sapeurs pompiers volontaires étaient susceptibles de répondre (en première intention)
au bip en cas d’alerte !
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
15
2 JOURS AU SDIS
48 h avec les pompiers volontaires
des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever
• 15 communes défendues
en premier appel
par le CS Hagetmau :
Castelner – Cazalis – Doazit –
Hagetmau – Horsarrieu Labastide Chalosse – Lacrabe –
Momuy – Monségur – Morganx –
Peyre – Poudenx - Saintt Cricq
Chalosse - Ste Colombe Serreslous et Arribans
Le centre de secours d’Hagetmau
• 11 communes défendues
en premier appel
par le CS Saint Sever :
Audignon – Aurice – Banos Bas Mauco – Coudures – Dumes
- Eyres Moncube – Montaut –
Montsoué - Saint Sever –
Sarraziet
Adjudant
Sergent-Chef
Infirmière
Michel DUROU
Pierre SIMON
Laurence JOUANNAUT
• Population défendue
par le CS Hagetmau :
9164 habitants (dont 4500
habitants sur la commune
d’Hagetmau).
• Population défendue
par le CS Saint Sever :
8325 habitants (dont 4600
habitants sur la commune de
Saint Sever).
Sapeur
Sapeur
Sapeur
Jean-François CARRERE
David LANGLADE
Julien RINGOT
Des soucis techniques nous ont empêché d’éditer les photos
du Caporal-chef CAZALOT et des Sapeurs LANSAMAN, CAZALOT et LABORDE. Nous présentons nos excuses à ces derniers.
Le centre de secours de Saint-Sever
Nombre de sorties
(au 27 avril 2008)
CS Hagetmau : 150
Secours à personnes
123
Incendies
19
Opérations diverses
8
Sergent
Sergent
Caporal
Denis CAMPOY
David MONGE
Benoît BALDACIAGUE
CS St Sever : 127
Secours à personnes
98
Incendies
12
Opérations diverses
17
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
16
Infirmière
Sapeur
Sapeur
Sapeur
DUCHESNE
Christophe MALET
Vincent IRENEE
Jérôme TASTET
EN POLE POSITION
Les pompiers de Léon - Magescq
Salle d’embarquement pour sapeurs pompiers professionnels en attente de
correspondances, zone de transit pour expatriés, le pôle de Léon/Magescq est
l’endroit idéal pour attendre son heure. Raoul Volfoni l’avait prédit : « Il entendra
chanter les anges, le gugusse de Montauban, je vais le renvoyer tout droit à la maison
mère, au terminus des prétentieux ! ». Justement pour le gugusse de Chalosse ou des
Landes Océanes qui veut décrocher le pompon, il est de bon ton de venir à Léon !
Pour certains même, c’est devenu un fantasme, une pseudo stratégie : « Si tu veux
toucher le CSP Dax ou Capbreton, viens donc prendre des gardes à Léon ! ».
L’Adjudant-chef Lasserre n’y garantit pas la chorale de chérubins (loin de là !) mais
assurément, pour ceux qui aspirent à d’autres prétentions, du sport, de l’ambiance et
quoiqu’on puisse dire des interventions !
Bien que certains angelots aient pris du plomb dans l’aile, le pôle de Léon/Magescq
Léon une sorte de paradis : il y a d’abord la maison bleue adossée au pylône, il y a
toutes ces filles, de plus en plus nombreuses, 16% de l’effectif professionnel du pôle
désormais, il y a aussi les jeun’s de la Star Ac affûtés comme des lames (Sébastien,
Jean Philippe, Steve, David… et P’tit Louis), et puis il y a les « tontons », des
premières gâchettes verbales, multirécidivistes en moqueries, à l’expérience
opérationnellement transmissible, et enfin il y a les hommes et femmes du cru,
léonnais ou magescquois, volontaires, sollicités et disponibles. Sur le pôle, la mixité
éclabousse la tête de pôle et son centre de reversion, de toute sa cohérence, de toute
sa diversité, de toute sa complémentarité.
Alors Léon-Magescq, pôle de transit ? Finalement, pas tant que cela, pôle vivant,
familial voire familier, où il est peut-être stratégique d’arriver mais finalement difficile
de repartir !
Adjudant-chef
Olivier
LASSERRE
Chef de Pôle
Communes défendues
en 1er appel
par le CS Léon :
Léon - Saint Michel Escalus
et Vielle Saint Girons
Communes défendues
en 1er appel
par le CS Magescq :
Herm et Magescq
Population défendue
(en 1er appel
hors période estivale) :
CS Léon : 2 754 habitants
CS Magescq : 2 211 habitants
Nombre de sorties
en 2007) :
CS Léon : 400
CS Magescq : 218
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
17
EN POLE POSITION
Les pompiers de Léon - Magescq
Adjudant-Chef Michel Dulamon
Sapeur pompier professionnel depuis 1982
Tition le chalossais est un des derniers « portolan » en voie de disparition, plutôt poules de 20 que Top 14, plutôt
maillot à lacet que tunique près du corps. Le ballon « Gilbert », il ne l’a pas connu, par contre la « mornifle » de
Gilbert dans le museau, il s’en souvient encore ! L’homme est du terroir. Né à la ferme, à l’époque où ça se faisait
encore (ça ne le rajeunit pas), imprégné de respect (on ne chausse pas un homme à terre), des coutumes locales
(une mêlée relevée est une mêlée qui ne progresse plus), des joutes festives (manger c’est tricher), Michel a très
rapidement compris qu’il était doté de doigts de fée. Il compris également qu’il pourrait tirer profit de cet avantage.
Dactylo, coiffeur, kinésithérapeute, pianiste, chirurgien, une ribambelle de métiers s’offrait à lui ! C’est ainsi que
Michel partit se faire les mains au LEP de St Médard chez les ferrailleurs. Mélomane dans l’âme, il arrêta très tôt le
piano, il lui préféra la trompette, instrument beaucoup plus maniable avec trois doigts (il s’était retourné les autres
en grattant un ballon dans un regroupement). La banda des « Copleros » de Montfort surent alors dénicher la perle
rare et surtout le bout en train qui sommeillait en lui (même si dormir c’est tricher aussi !). Le début des années 80
sonnera alors pour le petit Michel comme les prémices d’un destin doré.
Malgré un physique un peu léger pour être “talon”, Michel compensa sa faible densité par un mental à toute
épreuve, plus de « 100 kgs dans la tête » maintenus à l’élastoplast. Son tempérament interpella les recruteurs de la
capitale landaise. Alors que 95% des montfortois auraient choisi d’immigrer à Dax, Michel fit le choix de devenir
montois. Il muta pour les Reichels où il fit la connaissance de Bouboule Lamarque, entraîneur des juniors et chef
des pompiers forestiers. A l’époque on préparait les matchs route de Sabres puisque bon nombre de pompiers
étaient licenciés chez les abeilles. Les doigts de fée tracèrent de nouveau le chemin de Michel. Le ferrailleur entra
chez les pompiers direction l’Atelier pour y démonter les GMC. L’ambiance, les copains, les odeurs de vidange,
Michel était aux anges. C’est à ce moment qu’il connu son heure de gloire, avec le « TIC TIC CIRCUS », troupe
théâtrale burlesque en charge de l’animation des noëls des pompiers sur le département (définition aseptisée). «
On a commencé clowns pour les gosses, ça a fini un peu érotique… » avoue Michel. Le clown Kakali et sa bande
avaient inventé un genre… C’était la grande époque de Kakali, de Jean-Louis, Pinpin, le grand Jean puis ensuite
Louiche, Flipper, etc. Tic Tic conduisait le car et souvent le TIC TIC CIRCUS TOUR rentrait à la torche !
Un beau jour, le ciel se chargea. L’Atelier fut démonté et on envoya Tition “à la grêle” ! C’est curieux de charger un
talonneur de mettre en place un système anti-grêle ! Michel, grand météorologue, spécialisé dans la bourrasque de
phalanges, a toujours été un grand prévisionniste. Il étudiait souvent le phénomène, il avait pour habitude de
déclencher les intempéries. Épaulé par Néné, dirigé par Mucci, le fils du MODEF avait semé le vent, il récoltait
désormais la tempête.
Aujourd’hui, Michel a changé. Il a intégré l’opérationnel, a passé le sous-off, est devenu chef de garde, mais ne
donne pas sa part aux chiens quand il s’agit d’être l’animateur de la garde.
Bien qu’ancien talonneur, Michel n’a pas pris le casque, il reste humble et solidaire des autres. Il veille à rester
proche de la base, à ne pas creuser le fossé entre ceux qui donnent les ordres et ceux qui les exécutent. C’est un
adjudant à l’ancienne, bonhomme et humain, chalossais donc engagé, la blague parfois grasse mais le sourire
franc. Aujourd’hui, ses doigts se sont engourdis, il n’a plus la même dextérité pour le bourre-pif, ni la même agilité
pour le piano. Il pourrait alors ne s’en servir que d’un, l’index, pour étaler toute sa fierté. Il monterait sur son mont
de chalosse, le pointerait en direction des fontaines chaudes, et dirait à sa fille : « Tu vois, là-bas, ma fille, moi le
montfortois, en tant que rugbyman, je n’y ai jamais signé !!! ».
Adjudant-Chef Pierre DEHEZ
Sapeur pompier professionnel depuis 1985
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Discret, parfois solitaire, Pierre Dehez est à lui seul une équation à plusieurs inconnues. Pour décrypter le
personnage, il faudrait tout d’abord trouver l’abscisse de cet homme ordonné. L’abscisse, son point de départ, se
cacherait peut-être dans la nécessité absolue de service qui entraîna son départ de Lesperon, l’envoya à Dax et
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Les pompiers de Léon - Magescq
divisa jusqu’à l’infini la présence des pompiers professionnels sur le centre historique forestier. C’était une évidence
pour l’œil de Linxe du « mathématicien », dans les calculs bureaucratiques, il n’y avait rien de cartésien !
Quand on aime, on ne compte pas ! dit le fameux adage. Justement, Pierre n’a pas trop aimé qu’on le force à
bouger mais il ne s’est pas mis pour autant à compter les jours passés au CSP.
Six mois après, il s’en est allé. Certes, il aurait pu rester chef de garde dans un centre où l’activité opérationnelle
était assurée, mais Pierre est ainsi fait, il ne supporte pas qu’on lui donne la solution du problème sans qu’il ait mis
le temps à la chercher. Alors, « par nécessité absolue de bien être », il muta pour la deuxième fois sans galon, et
s’en alla rejoindre les pompiers de Léon. Là-bas, il retrouve d’anciens lesperonnais, comme Ponsonnaille, Duporté
et son alter-ego Cantet. Il retrouve surtout une ambiance qu’il avait abandonnée, celle d’un centre mixte où il prend
plaisir à travailler. Bien qu’il ne supporte pas le désordre, Pierre avoue un penchant certain pour la surprise, pour
l’évènement qui met le chaos dans la routine ! De routine, justement, il en fut question, il y a trois ans, lorsque son
rôle de chef de garde ne lui procurait que l’adrénaline d’un départ d’unité ou l’armement soudain d’un FPT !
C’est une constante chez les pompiers, les vases communiquent : plus on prend de grade, moins on part en
intervention ! Mais chaque problème a sa solution. Pierre a résolu celle de son inactivité opérationnelle, en doublant
son statut d’un contrat volontaire du côté du centre de secours de Linxe, soudain dépourvu de patron. Il y prend le
relais intérimaire de l’adjudant-chef Lasserre, devient chef de centre, et délaisse sur son temps de récupération, le
pôle de Léon, pour décaler avec les linxois sur n’importe quelle intervention. Encore un peu plus qu’à Léon, il y
retrouve l’ambiance « communale » de ses débuts, son rôle de chef de centre, impliqué et disponible, les aléas de
la gestion d’un groupe mais aussi la position incontournable et les responsabilités d’un chef au cœur de la cité !
L’équation désormais se dessine, on y voit plus clair chez Pierre malgré sa discrétion. Il nous reste quelques
inconnues. Pour percer le mystère, on lui rejoue le registre de la nécessité absolue. Il déteste ça, mais on prend le
risque. Cette fois, son mètre quatre vingt cinq devra se plier, courber quelque peu l’échine et enfin parler par
« nécessité absolue de portrait ». On apprend alors que Pierre se nourrit d’une passion. Tous les jours, depuis
20 ans, il relève minutieusement les données météorologiques à partir d’une station qu’il possède à la maison. Il
note tout, méthodiquement, de la température maximale à la minimale, des épisodes orageux à ceux de grêle.
Il « excel » désormais dans le mélange des chiffres et s’en fait des tableaux. La météo ne lui ressemble pourtant
pas. Elle est anarchique, il est organisé. Elle est parfois exubérante, il est plutôt discret. Pierre est conscient que
cette pratique méthodique et quotidienne ne sert à rien, qu’il ne changera pas la face du monde et ne pourra
sûrement pas ralentir le réchauffement climatique, mais qu’importe, la donnée météorologique est sûrement
indispensable à l’équilibre de sa propre équation. Elle apaise en tout cas son insatiable curiosité de l’imprévisible !
Pierre passe plus de temps à observer qu’à parler. Il se réjouit de la surprise et s’offusque des paradoxes, surtout
ceux qui conduisent à la défaillance de la cohérence humaine. Parfois, il se sent victime, mais surtout impuissant
face aux lobbies politiques, économiques, industriels. Ceux là même qui donnent les Jeux à Pékin par intérêt
financier, ceux qui préconisent le tri sélectif des déchets tout en maintenant l’usage des véhicules à essence. Il se
dit alors qu’il vaut mieux, dans son coin, prendre note du temps qu’il fait. Dans dix ans, quand il en aura fini avec
les pompiers, il s’imagine retraité et apaisé, carburant à la météo, au vélo et à la course à pied !
Sergent-Chef Dominique Cantet
Sapeur pompier professionnel depuis 1984
Lorsqu’en 1749, dans « L’esprit des lois », Montesquieu fait l’analyse de ce qu’est la liberté et conclut sur la
nécessaire séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, il avance que la liberté politique est une
expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir, est porté à en abuser. Pour qu’on ne puisse abuser du
pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
Cette notion de contre pouvoir, Dominique Cantet l’a bien comprise. Certes il ne possède pas les clefs de la piaule,
n’est pas représentant du peuple ni avocat au barreau, mais à la droite (ou à la gauche, n’y voyez aucun
positionnement politique) de Jean Bernard le « Pape », il piste la dérive libérale de sa corporation. Syndicaliste
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EN POLE POSITION
Les pompiers de Léon - Magescq
encarté, engagé et reconnu, Domi respecte la hiérarchie sans être un béni oui-oui (c’est un comble pour un fidèle
du Saint Père).
Déjà lycéen, il avait du mal à rentrer dans le rang. Le « Dissipé, mais peut mieux faire » fleurissait précocement ses
cahiers d’annotations. Dissipé mais discipliné, Dominique appliquait les recommandations à la lettre et s’améliorait
dans la dissipation !
« Je n’aime pas qu’on m’oblige » renchérit l’homme devenu adulte. La mobilité, le double statut professionnelvolontaire, les disparités de temps de travail, se sont alors inscrits comme des plans de bataille dans sa quête
d’une justice certaine. Pour le coup, il s’aperçoit à ses dépends, que l’exécutif et le judiciaire ne marchent pas
toujours main dans la main.
Aujourd’hui, Domi a toutes les qualités requises pour le combat syndical. Patient, mesuré, attentif, sociable et
surtout bavard, il entretient naturellement la rancœur, celle qui ravive la mémoire, celle qui relance le verbe, celle qui
assure la longévité de la lutte.
Ca ne s’invente pas, Dominique secrète le syndicalisme, non seulement dans ses traits de caractère, mais aussi
dans ses références, dans ses choix de vie. On ne peut pas aimer Cohn Bendit ou Angus Young et rester muet. On
ne peut pas avoir été maître chien sans aboyer. Il raconte : « A l’armée, j’étais chargé de la surveillance du dépôt de
munitions, même le Colonel ne pouvait pas rentrer !! ». C’est aussi cela entretenir le contre-pouvoir. Même dans sa
moustache, pilosité commune à de nombreux révolutionnaires, on peut déceler un signe fort de contestation. « Je
l’ai depuis que j’ai travaillé dans des chambres froides, quand tu as le nez qui coule par -30°, c’est pratique ! ».
C’est un peu comme quand une réforme refroidit l’ambiance, tu conditionnes ta colère au congélateur et tu la
ressors plus tard quand la fièvre monte !
Justement, il regrette parfois que la fièvre ne soit pas épidémique, que la division des troupes gèle les avancées
sociales. Mais qu’importe, au Sud, souvent le climat se réchauffe. Cohn Bendit en est la preuve, c’est souvent à la
sortie de l’hiver, que fleurissent les barricades ! Mais il ne faudrait pas qu’il parte à la pêche, Dominique, lorsqu’il
faudra uniformiser le temps de travail des pompiers, régulariser les arriérés et négocier les IAT. C’est que ça lui est
déjà arrivé de rater le jour J. C’était à l’époque où il était dissipé et qu’il pouvait mieux faire. Il avait carrément
sécher le bac français pour aller taquiner la truite.
Ce serait toutefois assez réducteur de ne parler que de syndicalisme quand on parle de Dominique Cantet.
L’homme est reconnu par ses pairs et sa hiérarchie comme un indispensable meneur d’hommes et un pompier de
grande qualité. Il rubalise alors son action : « Je suis professionnel avant tout ». Incorporé sur le tard, à l’âge de
24 ans, le montois d’origine se rappelle alors de sa première affectation, Lesperon, qu’il avait cherchée sur la carte
départementale du calendrier de la poste. Il se souvient aussi de sa toute première intervention à récupérer des
tourteaux sur la 10, et de son premier feu de forêt où il y avait plus de camions plantés que de cuves vidées.
L’ex frigoriste se demande alors où est ce qu’il est tombé ? 24 ans plus tard, il est à Léon, substitut chef de garde
lorsqu’il y a pénurie d’adjudant. Ses qualités d’écoute et son calme apportent toute la mesure expérimentale
nécessaire aux jeunes sapeurs pompiers professionnels et volontaires qu’il « encadre ». Il avance en locomotive de
centre, désireux de l’égalité de tous. Il y a certes cette rancœur qui parfois le freine. Il ne dit rien, se rappelle, et agit
en contre-pouvoir ! Pour la mobilité des troupes, qu’il a jadis connue, qu’il a lui aussi subie, qui l’a fait souvent
enrager, il vient peut être de trouver son « antidote ». Aussi pour le Comité d’Action Sociale, il s’occupe de la
gestion des « mobil-homes » ! C’est peut-être ça, aussi,… le contre-pouvoir !
Caporal-Chef Jean-Louis Levasseur
Sapeur pompier professionnel à Léon depuis 2002
Sapeur pompier volontaire à Mugron depuis 2003
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P’tit Louis, l’enfant de Pontoise, a connu un véritable choc culturel. A l’aube du développement pileux, au moment
même où l’acné commence à tuméfier les visages pubères, le p’tit Louis a du quitter les barres du Val d’Oise pour
les zones désertiques de Baigts Chalosse. La transhumance aurait pu lui être fatale. C’est vite l’enfer pour JeanLouis ! Au Collège, les vieux relents haineux face à l’occupant ressortent, on l’appelle l’Allemand. P’tit Louis n’a rien
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Les pompiers de Léon - Magescq
demandé, il a juste suivi sa mère qui s’est remariée avec un agriculteur chalossais. P’tit Louis est perdu. Son avenir
s’obscurcit. Il redouble sa troisième, intègre le lycée agricole d’Oereluy, devient ouvrier agricole, l’expérience dure
cinq jours, puis il suit une formation dans la sylviculture. Rien n’y fait, il a vraiment du mal avec le monde rural. Non
pas qu’il dénigre ce qu’il ne connaît pas, mais le changement est vraiment trop brutal. Pourtant, Jean Louis a
vraiment envie de s’adapter au monde qui l’entoure. Son mètre quatre-vingt devient alors son principal allié dans
sa conquête du nouveau monde. Il saisit vite qu’en terre de chalosse, il existe deux solutions pour être accepté :
être agriculteur ou basketteur. Il pose alors un « dunk » sur la ségrégation régionale et les idées arrêtées. Il signe à
Baigts puis Poyanne où il rencontre celle qui deviendra sa femme. Dépourvu d’avenir professionnel, il se rappelle
sans mal, qu’il fût jeune sapeur pompier à Osny à l’époque où il jouait du clairon dans la fanfare des pompiers du
Val d’Oise. Les pompiers sonnèrent alors le réveil de son ambition professionnelle. Un peu refroidi par l’expérience
rurale, il tente à 17 ans d’incorporer la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. L’attente est longue, il n’obtient son
sésame que deux ans et demi plus tard. Il remonte enfin à Paname et y restera finalement quinze ans. En 1991, il
règle ses différents avec sa terre d’accueil en se mariant avec une chalossaise. Quatre ans plus tard, il arrive même
à la convaincre de le rejoindre dans le « Nord ». Ils vivent à Tremblay en France mais le spectre de la qualité de vie
sudiste revient sans cesse. En 2002, il a la possibilité de revenir définitivement dans les Landes. Il n’hésite pas une
seconde, le monde urbain ne lui dit plus rien, il sait désormais que le bonheur est dans le pré !
Aujourd’hui, il n’y a pas plus chalossais que P’tit Louis. « L’allemand » s’est fait naturalisé. Basketteur à Poyanne,
marié à une vraie chalossaise (elle !), sapeur pompier volontaire à Mugron, conseiller municipal depuis deux mois,
P’tit Louis est un modèle d’intégration. Aujourd’hui, il ne bougerait pour rien au monde. D’ailleurs, même s’il voulait
bouger, il ne pourrait plus. C’est qu’il a pris cher le P’tit Louis ! La gastronomie locale lui a été fatale. Son problème,
c’est le mental, la bonne résolution diététique. Aujourd’hui, il refuse de monter sur la balance, ça lui donnerait
mauvaise conscience. La dernière pesée l’a déprimé… Au centre de secours de Léon, Yoko, son nutritionniste, son
mentor sportif, a baissé les bras. Il voulait en faire un sauveteur aquatique d’élite mais il n’y avait pas la taille de
P’tit Louis chez Arena. Non, il n’y a rien à faire, P’tit Louis préfère la salade landaise au raid landais, et le magret
frites au parcours sportif ! Pourtant, Jean Louis est sportif mais le problème c’est le sandwich d’après match, la
gestion des calories. « J’y arrive pas ! » avoue P’tit Louis avec son moral de fonte.
N’en faisons pas une fixette, Jean Louis, ce n’est pas que quelques kilos superflus. C’est surtout un homme jovial,
compétent et disponible, toujours de bonne humeur, qui témoigne par son sourire l’immense plaisir qu’il prend
quand il monte des gardes à Léon ou Magescq. « Je viens au boulot en courant ! » s’enthousiaste l’ex-allemand.
S’il se prenait aux mots alors Yoko aurait gain de cause. Ce que Jean Louis déteste par-dessus tout, c’est les gens
qui font la gueule, ça le « fait monter dans les tours » et quand on lui demande pour quelle grande cause, il
s’investirait, il répond gravement : la faim dans le monde ! P’tit Louis, vraiment, reste comme tu es, tu nous régales.
Caporal Thierry Lanot
Sapeur pompier volontaire à Magescq depuis 2001
« Il faut que l’emploi du temps de tous les hommes libres soit réglé dans la totalité de sa durée, à commencer
presque depuis l’aube sans la moindre interruption jusqu’à l’aube du jour suivant ». Celui qui a écrit cette pensée
philosophique vivait à Athènes, 400 ans avant Jésus Christ, il s’appelait Platon. Celui qui l’applique à la lettre, est
né en 1970, vit à Magescq, et s’appelle Thierry Lanot !
Le temps qui passe, le même qui additionne méthodiquement les heures, les jours, les semaines, les années, celui
que l’on tente d’accélérer à l’aube de sa vie, et qu’on ralentit au crépuscule de celle-ci, ce temps là, Thierry Lanot
ne le voit plus passer. Il avoue même en fin de portrait : « Chez moi, le temps est une notion importante ».
La vie en 3/8 peut être brutale car mathématique surtout lorsqu’elle divise 24 heures en trois centres d’intérêt. Elle
est encore plus pragmatique lorsque les contraintes économiques d’un côté et les sollicitations humaines de l’autre
grignotent inexorablement le temps que l’on souhaite consacrer à soi ou à son foyer. Au final, il reste quoi ? De la
fatigue souvent, de la lassitude parfois mais aussi et surtout l’immense satisfaction de donner du sens à sa vie.
Thierry Lanot est sur tous les fronts ou plutôt sur trois fronts. Il s’investit sans tricher, sans s’économiser. Il est
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EN POLE POSITION
Les pompiers de Léon - Magescq
honnête avec lui-même et clair avec tout le monde : « Quand je m’engage, je le fais, et j’essaie de bien faire. Quand
je décide d’arrêter, je le fais ! ».
Aujourd’hui, Thierry divise ses 24h entre son foyer, son travail à la DRT de Vielle St Girons et le centre de secours
de Magescq. Depuis quelques années maintenant, Thierry travaille en trois huit ce qui lui permet d’avoir du temps,
toujours un peu de temps devant « lui ». A la débauche, la famille est là, essentielle, apaisante, exigeante parfois !
Quoique ! C’est elle qui, finalement, laisse le plus de latitude à l’emploi du temps de Thierry. Et puis, entre les deux,
empiétant généreusement sur les moments de repos, il y a le centre de secours, « qui vient souvent frapper à sa
porte » (il habite à 50 mètres). C’est devenu un cercle vicieux. A l’époque, en 2001, parce que son rythme de travail
lui permettait de se libérer, alors Thierry s’est engagé chez les pompiers. Depuis, son temps libre s’est
considérablement amenuisé. D’ailleurs, il ne se passe plus un jour sans qu’il vienne à la caserne. « Quand je
m’engage, je le fais… ». C’est une certitude ! Petit à petit, sur le pôle de Léon-Magescq, Thierry est devenu le
responsable du centre de reversions. Magescquois, disponible, à l’écoute, sociable et serviable, Thierry est
aujourd’hui le prolongement des bras de l’adjudant-chef Lasserre. Il rend compte mais garde la main ! Il se régale
de l’esprit de groupe, de la gestion humaine que ses responsabilités entraînent. C’est comme une entreprise, pas
classé SEVESO celle-là, mais qui n’est jamais à l’abri de la détonation dévastatrice. A Magescq, les professionnels
sont encore là, importants dans la dynamique de groupe, essentiels dans la vie du centre, indispensables dans la
formation et en intervention. « J’aurais du mal à les voir partir » avoue Thierry. Et puis, comme Thierry, il y a les
volontaires, disponibles, formés, actifs. Plus ça va, plus les exigences de la vie du centre sont nombreuses, et plus
la disponibilité des volontaires est sollicitée. « On a un engagement… mais on est quand même volontaires ! »
rectifie t-il parfois, porte-parole d’un groupe parfois plombé par la lourdeur du système. Il y a les interventions de
plus en plus nombreuses, l’organisation des astreintes, la formation, la réactivité de tous face à une réversion
retirée au dernier moment, il y a aussi le rouleau de fax à changer, celui du papier toilettes à commander, etc… Il le
dit clairement, s’il n’y avait pas les pros pour les épauler, la tâche des volontaires serait encore plus ardue. Et le
temps lui serait encore plus compté… Aznavour le chantait bien : « Le temps, le temps, le temps, le temps, et rien
d’autre, le tien, le mien, celui qu’on veut nôtre… ».
Pour certains le temps c’est de l’argent, pour Thierry, c’est devenu une question de liberté ! Non plus la liberté
philosophique de Platon, mais la liberté morale de Lanot, celle d’un engagement assumé, encore motivant, mais
qui serait alors délesté de certaines responsabilités.
Sapeur 1ère Classe Jennifer Daguerre
Sapeur pompier volontaire à Magescq depuis 2004
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Ce n’est un secret pour personne. Depuis quelques années déjà, l’Ecole républicaine est sous perfusion, alitée,
gangrenée dans ses entrailles par un mal profond. Sa souffrance est terrible mais de grâce, ne lui accordons pas le
droit de mourir. Il reste encore un petit espoir. Aujourd’hui, on passe plus de temps à chercher les coupables qu’à
trouver l’antidote. On montre du doigt les soixante-huitards, responsables libertaires de tous les maux, on fustige
les conservateurs adeptes du tablier et des coups de règles sur les doigts. On cherche désespérément la bonne
solution. Soudain, une jeune apprentie institutrice s’approche de la bête blessée. Elle ne risque pas de faire des
miracles avec son accent d’Agen même, mais sa volonté de réinventer l’école, bien qu’utopiste, est inébranlable.
Elle se penche sur la souffrante, lui glisse quelques mots réconfortants. Il est question de valeurs telles que le
respect, la politesse. Il est surtout question de citoyenneté, notion impliquant l’engagement, la solidarité, mêlant
devoirs, droits et responsabilités. Dans cette quête incessante du perfectible, il y a de l’Emma Bovary chez Jennifer
Daguerre, il y a aussi de l’Amélie Poulain dans son envie de tendre vers un monde meilleur, de l’Anne Franck dans
cette brutale clairvoyance de raconter ce qui ne va pas. Il y a surtout de l’Elsa Zylberstein sur son visage mais aussi
Corinne Frêche dans son cœur ! Réfléchie, comme souvent, déterminée comme jamais, Jennifer voudrait que
l’école ne soit plus là pour éduquer mais pour enseigner ! C’est sociétal, les parents ont rendu les armes, ils n’ont
plus la force de lutter et s’en remettent au service public… Ils refourguent l’éducation de leur rejeton au corps
enseignant comme ils appellent pour un petit bobo les pompiers ! C’est pratique, tous les fonctionnaires répondent
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Les pompiers de Léon - Magescq
encore présents ! Ils répondent encore mais ne sont pas à l’abri du contentieux, de la procédure, pour une sanction
jugée de suite « abusive » ou pour un délai « à priori » non respecté. Ils ne sont pas à l’abri, ils se dévouent mais à
la moindre incartade, rien ne leur sera pardonné ! Jennifer n’a que 20 ans mais elle assume la charge des
responsabilités. Elle sait qu’elle a grandi plus vite que son âge. Déjà, on mesure dans son extrême volonté de ne
rien céder, les vertus d’une grande détermination, d’une extrême maturité. Institutrice et pompier, elle sait que
chaque engagement est compliqué mais aujourd’hui il lui serait inconcevable de ranger l’un des deux costumes
que la vie lui a taillés. Et puis, il y a ce mot qui revient sans cesse, le mot « valeur », héritage d’un père plus que
jamais en paix dans son Panthéon. La reconnaissance du ventre en est une comme celle du cœur. Alors, elle ne
lâchera rien, ni la part de son corps enseignant pour Corinne, ni la part de son corps de pompier forestier pour
Philippe.
A Magescq, au centre de secours, malgré l’a priori d’un milieu essentiellement masculin, malgré ceux qui doutaient
de sa motivation, elle a obtenu à force de pugnacité, sa consécration. Et même s’ils viennent à peine d’être
réhabilités, elle fait désormais partie des murs. Elle a fini toutes ses formations, a vaincu le cliché facile de la fille
secouriste qui vient faire le ménage à la caserne, et a compris que son intégration dépendait de son implication.
Sa consécration professionnelle, quant à elle, ne devrait plus tarder et la souffrance de l’éducation nationale devrait
bientôt s’estomper. Dans quelques jours, Jennifer deviendra institutrice. Ce sera peut-être l’heure du choix crucial
entre vocation et passion, entre ses rêves d’élèves citoyens et sa motivation de décaler. Pour l’institutrice, il s’agira
alors de trouver la bonne ponctuation, de poser une virgule pour relancer sans cesse son envie de réformer ou de
poser un point qui succéderait, au bas de son engagement volontaire, au mot « fin ».
Sapeur Kévin TECHOUEYRES
Sapeur pompier volontaire à Léon depuis 2004
En langage familier, « l’affranchi », c’est celui qu’on met au courant, qu’on initie, petit à petit pour savoir ce dont il
est capable, pour savoir surtout si on peut lui faire confiance, s’il peut faire partie de la grande famille.
L’affranchi est repéré très tôt, à la sortie des écoles. Les murs de la maison et ceux de l’école lui sont étouffants. Il
est alors la cible idéale des « kapo », ceux qui ont la main et font tourner les affaires.
A 13 ans, il a des rêves plein la tête et la vie des « grands frères » devient très vite idéale. L’action, l’esprit de
groupe, la reconnaissance et les grands espaces sont autant de « carottes » pour s’affranchir d’un quotidien
monotone et trop étroit. La tentation est grande, l’appât trop appétissant.
Le gamin se laisse convaincre. Les premières besognes sont faciles puisque initiatiques, les suivantes, plus
basses, requièrent qu’on s’y joue les tripes ! Pendant ce temps, les bulletins scolaires s’égarent, le facteur est mis à
l’amende. L’ascension suit son cours, le petit devient grand, et puis un jour, c’est l’adoubement, le franchissement
de barrière, l’heure des « Affranchis », de l’affranchi !
Comme le héros du célèbre film éponyme de Scorcese, Kévin Téchoueyres est devenu un affranchi ! Son histoire,
sa famille, c’est plus celle du corps de Léon que celle des « Corleone » ! A Léon, à la caserne, « sa » caserne, au
milieu des « parrains », ses « parrains », il est encore et toujours « le petit », celui qu’on chicane mais qu’on
protège, celui qu’on s’étonne de ne pas voir, celui qu’on pousse à la « patibourre ». Kévin, c’est celui que tous ont
adopté et que certains ont vu grandir !
Tout petit, il s’invitait déjà sur les interventions, guettant les bruits de sirènes et reniflant les odeurs de Brimont. Il
traînait à la caserne, montait sur les camions, glissait entre les bottes, et s’agrippait aux pantalons. A 12 ans, Kévin
n’a qu’une idée en tête, devenir pompier forestier. Il regarde les « grands » toucher du doigt le rêve qu’il convoite.
Un jour, dans le calendrier des PTT, il apprend qu’à Pontenx on forme des jeunes sapeurs pompiers (JSP) ! Il
n’hésite pas une seconde, JSP c’est déjà mieux que regarder le gâteau sans y goûter ! Il convainc ses parents de
l’y accompagner, d’avaler tous les dimanches matins les 50 kilomètres qui le séparent de l’école des pompiers.
Kévin y passera 4 ans. Chez les JSP, avec sa section, il se grise des manœuvres sous la pluie, de la discipline et du
respect qui sont imposés, de la rigueur militaire de René Degorce et Pierre Pons, de la motivation générale malgré
le matériel désuet et les moyens rudimentaires qui leur sont accordés. A l’école, il pêchait dans l’ennui, aux JSP, il
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EN POLE POSITION
Les pompiers de Léon - Magescq
Le Caporal William Lucas,
originaire de Seine et Marne et
sapeur volontaire à Magescq, a
créé il y a 3 ans un blog dédié aux
véhicules d’interventions du
département des Landes.
Passionné de photos et surtout de
camions de pompiers, William a
mis en ligne près de 300 photos de
véhicules de 1949 à nos jours. Il
lance un appel à toutes les
personnes qui détiennent des
photos de véhicules susceptibles
d’alimenter son blog qui compte
aujourd’hui près de 30.000
connexions (en 3 ans d’existence).
réussit par envie ! Quatre ans de régalade et deux jours de consécration alimentèrent sa passion : le jour de
l’incorporation où il touche sa tenue (il dort même avec le soir) et le jour de la remise du brevet des cadets,
épilogue chargé en émotions.
A la sortie, il peut enfin prétendre à décaler avec les « kapos », ses héros ! C’est donc en 2004, que « l’affranchi »
rentre définitivement dans la famille. Kévin ne change rien à ses habitudes. Il ne se passe pas un jour sans qu’il
vienne à la caserne. « Dès que je peux, je viens… sinon ils m’appellent quand je ne suis pas passé. ». A Léon, c’est
un peu la mascotte, le porte bonheur, le générateur de bonne humeur, celui qui provoque l’affection de tous et la
confiance des pros. Il connaît les moindres recoins de la boutique, d’ailleurs quand il y a un nouveau venu, c’est lui
qui méne le tour du propriétaire.
Malgré le plaisir qu’il prend dans la vie de la caserne et sa motivation sur intervention, Kévin n’a toujours pas
décroché sa lune. Obstiné voire même entêté, Kévin veut devenir sapeur pompier professionnel. Mais à ce jour le
dilemme est profond. Engagé depuis septembre au SITCOM, Kévin se voit parfois immigrer vers le Nord et tenter
l’aventure de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris. Il y trouverait l’esprit militaire et rigoureux qu’il affectionne
et les interventions qui le font se sublimer. Mais voilà, quitter Léon par passion est aussi compliqué qu’y rester par
raison ! Il y a quand même un travail qui lui plaît et qui lui permet de décaler, et il y a aussi sa deuxième maison, le
centre de secours de Léon ! Puis finalement, mieux vaut peut être rester « un affranchi » que devenir «un repenti »
! Comme dit la chanson : « Repenti… j’ai trahi ! »
Pour visiter ce blog, tapez :
www.galakfr.skyrock.com
Effectifs
Léon
En juillet prochain,
le sergent-chef
Michel Ponsonnaille
prendra sa retraite.
Mais « Ponpon » ne laissera pas
Léon sans « Pin-pon »
ni « Ponpon » puisque
« Ponpon Junior »
vient d’intégrer le pôle de Léon.
Après le poinçonneur des Lilas,
Le Ponsonnaille de Léon
a lui aussi fait son trou
dans la profession après être
passé par Uza, St Julien en Born,
Lesperon, Morcenx et Léon.
Bonne retraite Michel !
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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20 sapeurs pompiers professionnels
Adjudants-chefs : Olivier Lasserre (chef de
pôle) – Pierre Dehez – Michel Dulamon
Adjudant : William Mezrich
Sergents-chefs : Dominique Cantet – Michel
Cazaumartin – Guy Duporté – Didier
Lecollonier – Thierry Lupé – Michel
Ponsonnaille – Jean Luc Lespes
Sergents : Anne Loubère – David Taris
Caporaux-chefs : Sébastien Persillon – Jean
Louis Levasseur
Caporaux : Steve Ponsonnaille – Cédric
Boizieau – Julie Saint Pic
Sapeurs : Lucile Brissard – Jean Philippe
Lassus
24 sapeurs pompiers volontaires
Adjudant : Cyril Naud
Sergents : Pascal Besset – Patrice Doulet
Caporaux-chefs : Bernard Damestoy –
Christian Dubedat – Bernard Martinez
Caporaux : Loïc Cazaux – Philippe Dubos
Sapeurs : Vincent Badoux – Cédric Caumont
– Thierry Chabadière – Emmanuelle Cordobès
– Anaïs Doulet – Frédéric Dumas – Romain
Duvignac – Patrick Gallet – Elisabeth Graczyk
– Flavien Lasserre – Konogan Lefeuvre – Loïc
Pereira – Rémi Ruiz – Laetitia Salles – Kévin
Téchoueyres
Médecin Capitaine : Michel Gilly
Magescq
21 sapeurs pompiers volontaires
Adjudant : José Arigita
Sergent : Stéphane Lalanne (SPP)
Caporal-chef : Vincent Dupin
Caporaux : Cédric Boizieau (SPP) – Thierry
Lanot – William Lucas – Franck Mora
Sapeurs : Jeremy Bertrand – Jennifer
Daguerre – Florent Fourteau – Tony Grande –
Jean Claude Labastugue – Rémi Labeyrie –
Mickaël Lahonta (SPP) – Jean Pierre Libier –
Matthieu Mora – Romain Mora – Christian
Pallier – Jean Marc Soubrie – Julien Subsol.
UDSP 40
Aider… Informer… Fédérer…
INTERVIEW
de Marc TASTET
Président de l’Union Départementale
Sapeur pompier volontaire depuis 1975, ancien chef du centre de secours
de Grenade, président de l’Union Départementale depuis 2003, le
Capitaine Marc Tastet est en passe de céder sa place à la tête de
l’association départementale. Avant de partir, il nous livre ses sentiments
sur son mandat, sur sa vision de l’engagement volontaire, sur l’avenir de
l’Union.
En 2003, quelles étaient vos motivations pour devenir Président de l’Union Départementale ?
Marc Tastet
recevant les galons
de capitaines des mains
du Président Cabé et
du Préfet des Landes.
Depuis longtemps, la position de l’Union Départementale, avec le système qui existait, ne me convenait
pas. Au moment de la départementalisation, les sapeurs pompiers volontaires ont été cédés « pour le
franc symbolique » au département sans opposition et sans dialogue entre le service et les volontaires.
Nous étions des chefs de corps, avec des responsabilités lourdes que nous assumions pleinement. Nous
étions seuls maîtres à bord lors des interventions avec la responsabilité de dégager les moyens ou les
renforts nécessaires. La donne avait changé, les chefs de corps étaient devenus des chefs de centres.
A cette époque, j’ai eu du mal à assimiler cette nouvelle fonction. J’avais déjà les fonctions de patron
d’entreprise et à Grenade, je me sentais le patron du centre de secours. Je n’ai pas compris qu’on
prenne ma place sur les décisions du terrain. D’après moi, il n’y a que le chef de centre pour connaître
parfaitement les moyens disponibles et le secteur. Le changement de statut des anciens « chefs de
corps » m’a donné envie de monter au créneau, non seulement pour défendre la position de ceux qui
avaient le même rôle que moi mais pour améliorer le sort des pompiers volontaires en général. Je ne
voulais pas qu’on devienne les portes bidons du service. Je voulais garder mon autonomie sur les
interventions quotidiennes et sur ma vision des choses sur le terrain. Cependant, je voyais bien le service
reprendre la main sur les interventions d’envergure impliquant l’intervention de plusieurs centres de
secours.
Le jour où je suis monté au créneau, pour le congrès de Capbreton, c’était avant tout pour défendre le
volontariat, et ouvrir le dialogue avec la direction. Je voulais assumer mes responsabilités de sapeur
pompier volontaire comme j’ai toujours assumé mes responsabilités au sein de mon entreprise !
Quel bilan dressez-vous de vos années de présidence ?
Lorsque j’ai pris la tête de l’Union Départementale, j’ai assumé dans la continuité de mon prédécesseur,
Michel Roumégous, la lutte engagée pour la reconnaissance sur le terrain des sapeurs pompiers
volontaires. Au bout de mon mandat, je pense que l’Union Départementale a gagné en organisation avec
la mise en place d’un secrétariat permanent et réactif. Au niveau des assurances, et notamment de
la mutuelle des pompiers, on a travaillé pour une meilleure couverture sociale en signant le contrat
ASSO 18. Ensuite, on a assuré la transparence des finances. On s’est finalement donné les moyens
d’être clairs sur nos engagements et structurés dans notre méthode. Là, où j’ai enfoncé le clou, c’est
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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UDSP 40
Aider… Informer… Fédérer…
quand il a fallu définir les nouvelles grilles pour les vacations et les indemnités de chefs de centres. On
entrait alors sur un terrain qui me tenait à cœur ! Aujourd’hui, je suis fier de la reconnaissance des chefs
de centres, de la revalorisation de leur engagement, et des moyens financiers et matériels qui leur ont
été accordés. J’ai encore une seule préoccupation, et je l’ai amené au niveau national, c’est le paiement
des heures de formation qui ne sont rémunérées qu’à 75%. On peut et on doit faire plus à ce niveau. On
nous demande d’être efficaces à 100% et formés à 100% alors soyons rémunérés à 100% !
Aujourd’hui, je n’ai qu’un regret : l’argent a pourri certaines fonctions. J’ai peur que l’éthique
du volontariat soit souillée par l’attrait économique. Moi, j’ai été chef de centre 24h/24
pendant 25 ans. Ça sonnait, je partais ! De plus en plus, les volontaires fonctionnent comme
des professionnels. Il y a des centres, comme à Grenade, qui fonctionnent en quatre équipes
de huit personnes qui ne se rencontrent pas sur intervention. Ils sortent par équipe, c’est fini le
temps du bip général et des manœuvres communes. On a professionnalisé le volontariat !
Maintenant, on ne trouve que des pompiers volontaires qui ne sont volontaires qu’une
semaine par mois. Pour moi, la vie du centre se perd, et la vie des amicales se meurt.
Marc Tastet
en compagnie
du Président Cabé et
du Préfet des Landes
lors du Congrès
Départemental à Grenade.
Aux yeux de bon nombre de sapeurs pompiers professionnels, l’Union Départementale,
au-delà de l’association qu’elle représente, n’est-elle pas le syndicat des sapeurs
pompiers volontaires ? Et quid des professionnels à l’Union départementale ?
L’Union départementale ne sera jamais le syndicat de qui que ce soit ! Le terme syndicat entraîne des
idées telles que la défense d’un salaire, d’un travail, de conditions de travail, vis-à-vis d’un employeur.
Nous sommes volontaires pour aller porter secours aux gens dans le temps qui nous est disponible et
possible d’accorder à cette mission. Nous ne pouvons pas nous positionner dans une lutte des classes
au sein d’une corporation. Il est important cependant de faire part de l’avis des sapeurs pompiers
volontaires dans l’organisation du service. A ce sujet, j’ai été un des principaux artisans de l’éclosion de
la commission des volontaires au sein de notre association.
Il faut préciser que l’Union Départementale est l’union de tous les sapeurs pompiers du département.
Alors pourquoi il y a peu d’adhérents professionnels ? Je crois que c’est notre absence de
revendications syndicales qui finalement nous met en marge de l’intérêt du professionnel. Ce que les
professionnels peuvent venir chercher chez nous, c’est le social, les assurances et l’esprit convivial que
nous essayons de préserver. Finalement, l’Union Départementale servirait à rassembler tout le monde
dans un même esprit associatif.
Détenez-vous les clefs de votre succession ?
Ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui dans les Landes, nous ne sommes pas prêts à nommer à la tête
de l’Union départementale, un sapeur pompier professionnel. Je ferais tout pour que ce soit un sapeur
pompier volontaire par souci de représentativité. Dans le département, il y a 1600 sapeurs pompiers
volontaires et 300 sapeurs pompiers professionnels. Par contre, l’Union Départementale sans
professionnels au sein de son bureau, ne serait plus l’Union Départementale. Je suis favorable à la
nomination de deux professionnels aux vices-présidences. J’ajoute que j’aurais un rôle de conseiller à
jouer lors de ma succession, et vous pouvez être sûr que je le jouerais pleinement !
“Chez les pompiers,
je suis capitaine.
Au sein de mon entreprise,
je suis général…”
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Quels sont à vos yeux les axes d’évolution de l’Union Départementale pour les trois ans à
venir ?
L’axe majeur sera et devra être le social. Compte tenu de l’évolution de la société et de la conjoncture
actuelle, nous n’avons plus les moyens de venir en aide aux personnes en difficultés financières. Les
besoins sont de plus en plus nombreux mais nous n’avons plus les moyens de répondre à toutes les
sollicitations. Sachez que j’en suis profondément désolé !
LE SERVICE SDIS
Le Groupement Opérations
En 1996, lorsque le Lieutenant Colonel Jean Marc Antonini, alors capitaine, prend ses fonctions
de chef de groupement territorial de Mont de Marsan, la départementalisation des services
d’incendie et de secours est proclamée depuis deux ans déjà. L’entité communale du corps,
historique et sentimentale, vit ses dernières heures. C’est comme si on enlevait aux maires, un
peu de leur école, un peu de leur église. A l’époque, la gestion opérationnelle se décline suivant la
logique locale concernée. Tout l’effort est donc de construire les fondations de la maison
départementale. Le premier ciment est coulé en 1998 lorsque le Schéma Départemental
d’Analyse et de Couverture des Risques sort du chapeau du 1er Groupement Opérations dirigé à
l’époque par le capitaine Richard Desbieys. Véritable outil de péréquation, le SDACR voit large,
additionne les contraintes locales et résonne pour la première fois à l’échelle d’un département.
Les choix politiques en découlent. C’est l’heure des plans (équipement, casernement), des choix
stratégiques (maintien de tous les centres de secours, stabilité du nombre de sapeurs pompiers
professionnels, développement du volontariat, effort considérable en matière de formation), c’est
l’heure de la vision globale !
En 2001, le premier outil concret de structuration opérationnelle voit le jour, le SDIS des Landes
se dote d’un système informatisé d’alerte, l’outil « START » de Systel, dans lequel sont définies la
nature des interventions, la programmation des départs, la gestion des matériels disponibles.
Avec les premières préoccupations opérationnelles, c’est le CTA/CODIS (Centre de Traitement de
l’Alerte/Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours) qui connaît son
émergence. La deuxième poussée de fièvre opérationnelle se fera sous la houlette du
Commandant Groisillier avec le développement de la prévision.
Enfin, depuis 2004, avec l’arrivée du Colonel Bourdil à la direction départementale et du
Lieutenant Colonel Antonini à la tête du Groupement Opérations, on sent que l’opérationnel vit
pleinement sa maturité dans l’accession aux techniques nouvelles. Il prend enfin ses
responsabilités, non plus de faire le boulot, mais d’aller au-delà pour être encore plus performant.
Aujourd’hui, garant des pôles « méthodes opérationnelles », « prévision » et « des systèmes
d’information et de communication », le Groupement Opérations est le centre névralgique de
l’organisation départementale, l’expression même de ce qui garantit la vie d’un SDIS :
les interventions.
Le Groupement
Opérations
La Prévision / Planification
• Connaissance et analyse des
risques
• Connaissance des ressources
(accès – eau)
• Planification des actions pour les
établissements
• Etudes (lotissements – industries
– artisanat – ICPE).
• Le Bureau Forêt et
Développement cartographique
Les méthodes
opérationnelles
• Gestion du CTA/CODIS
• Méthodes liées à la formation et
adaptées à l’évolution des
risques, de la société, des
techniques.
• Elaboration des statistiques,
exploitation des données START.
Le P.S.I.C
• Gestion des outils et logiciels
opérationnels (START – PRODALIS
– SIG – ANTARES – BUSINESS
OBJECT)
• Maintenance technique du
CTA/CODIS
• Gestion des outils et logiciels
administratifs
Le schéma fonctionnel
du Groupement Opérations
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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LE SERVICE SDIS
Le Grouprement Opérations
Le pôle
« méthodes opérationnelles »
C’est le « nerf de la guerre ». Il est géré par le Capitaine Stéphane Poyau. La principale
entité du pôle est le CTA/CODIS (voir « SDIS D LAND’ Magazine numéro 4) qui nécessite
une coordination importante. Avec ses 9 opérateurs, ses 4 chefs de salle, et son pool
restreint d’officiers CODIS, le CTA/CODIS est l’outil opérationnel qui doit absorber toute
l’activité opérationnelle ainsi que tous les changements dus à l’adaptation technologique.
C’est aussi l’outil en prise directe avec le directeur départemental. Aujourd’hui, le
capitaine Poyau dispose d’une équipe qui travaille dans un bon état d’esprit, qui connaît
parfaitement le département, ce qui représente une réelle plus-value dans l’approche du
travail au quotidien. Pour plus de souplesse dans la réactivité opérationnelle, il
souhaiterait que le CTA/CODIS puisse à terme ne plus déclencher des engins mais des
sapeurs pompiers professionnels et volontaires auxquels on associerait des engins (c’est
le système de planning centralisé avec serveur vocal de disponibilité) !
Capitaine
Stéphane POYAU
Pour le pôle « méthodes opérationnelles », l’actualité réside dans la réalisation d’un guide
de rédaction des comptes-rendus d’interventions, le maintien de l’effort consenti en
matière de gestion opérationnelle et de commandement (équipement VPC/VLPC,
formation continue FDF3 et 4, stages chefs de groupes), et la poursuite de la migration
ANTARES, mutation essentielle du réseau des transmissions.
Le capitaine Poyau est également l’interlocuteur SDIS auprès de nos partenaires tels que
l’ASF, le SAMU, la Gendarmerie, la BA 118, et le CEL.
Le pôle
« prévision-planification »
C’est l’entité du Groupement la plus fournie en ressources humaines. Elle est dirigée par
le Capitaine Olivier Loustau. Depuis son arrivée au SDIS40, en janvier 2008, le Capitaine
Loustau est chargé de la révision du SDACR qu’il doit finaliser fin juin. Avec l’explosion
démographique (+3.500 habitants par an) et économique du département, l’activité
opérationnelle a connu ses dernières années une croissance considérable. Avec la
croissance démographique, les risques se sont accrus. Le SDIS des Landes doit donc
s’adapter au contexte conjoncturel actuel. Après avoir fait le recueil des données sur les
risques du département, l’analyse statistique du nombre d’interventions, et l’analyse de la
couverture des risques (délais d’interventions, répartition des moyens), le service
Prévision doit éditer le document (SDACR) qui pourra guider les choix stratégiques et
politiques de la direction qui définiront l’organisation opérationnelle du service sur les
prochaines années.
Capitaine
Olivier LOUSTAU
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Le deuxième chantier du pôle consiste à dresser les plans d’établissements répertoriés de
100 établissements à risques identifiés dans le département (ERP, industries). Il s’agit
d’apporter au sapeur pompier qui va intervenir, l’outil lui permettant d’appréhender les
risques qu’il va rencontrer. Le capitaine Loustau travaillera en étroite collaboration avec
les officiers prévisionnistes au sein des groupements territoriaux : le Capitaine Cazassus,
le major Zion, le major Tastes et le major Lavigne.
LE SERVICE SDIS
Le Groupement Opérations
Le « pôle prévision », c’est aussi :
• Le capitaine Jean Paquero qui est en charge des installations classées pour la
protection de l’environnement, des dossiers concernant les manifestations qui
nécessitent des services de sécurité. C’est aussi l’officier référent en terme de
surveillance aérienne.
• l’adjudant-chef Bruno Capdeville qui gère la prévision sur les lotissements et les
établissements industriels.
• l’adjudant-chef Hervé Chosserie qui est chargé de la centralisation et du traitement des
données dédiées au système de navigation. Il tient à jour le registre départemental des
ressources en eau. Il est opérateur cartographique et opérateur « Prodalis ».
• le sergent-chef Jean-Claude Herran est opérateur cartographique et opérateur
« Prodalis ».
Adjudant-Chef
Bruno CAPDEVILLE
Adjudant-Chef
Hervé CHOSSERIE
Capitaine
Jean PAQUERO
Sergent-Chef
Jean-Claude HERRAN
Le « pôle prévision », c’est enfin :
Le Bureau Forêt et Développement cartographique
Thierry Caule en est le responsable. Son intervention s’articule autour de 3 grands
thèmes :
• la forêt : suivi des aménagements et des infrastructures (DFCI), relations avec les
services de l’Etat (DDAF et DDE), aménagement de la forêt (PPFCI), règlement PFCI et
suivi des dossiers d’incinérations.
• le feu de forêt : gestion de l’outil PRODALIS (expertise permanente et utilisation de
l’outil) et suivi particulier des statistiques feux de forêt (regard précis, analyse du risque,
conditions climatiques, recherche des causes, investigations, engagement des mesures
préventives, réglementation)
• la cartographie : administration du SIG (gestion des données, remontées du terrain),
aide à l’opérationnel (édition Atlas, cartes, outils VPC, données SDACR, relevés
cartographiques GPS), aide à la formation (cartes FDF3 et FDF4).
Thierry CAULE est sapeur pompier volontaire expert. Il aide l’officier renseignement
auprès du COS (cartographie, tour du feu, appui technique, infos géographiques).
Thierry CAULE
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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LE SERVICE SDIS
Le Grouprement Opérations
Le P.S.I.C
ou Pôle des Systèmes d’Information
et de Communication
Le P.S.I.C est un pôle récent qui émane de la fusion entre
l’informatique opérationnelle et administrative et les
transmissions. Après avoir été CIT (Cellule Informatique et
Transmissions), la cellule est devenue PSIC car elle englobe
toute une gamme de nouvelles technologies au-delà des
notions basiques de transmissions et d’informatique.
Désormais, le pôle est dirigé par Philippe Arnould, assisté de
Dominique Cazaubieilh. Le rôle transversal du pôle le situe à
l’intersection de tous les services. Son rôle est de mettre à
disposition tous les outils techniques et informatiques pour
que les agents puissent remplir leurs missions.
L’actualité du P.S.I.C perpétue la refonte totale des logiciels
de gestion pour les services administratifs (ressources
humaines, gestion financière) qui a débuté en 2005, et
annonce l’arrivée progressive de l’informatique
administrative, notamment Intranet, dans les centres de
secours. Dans le domaine opérationnel, le PSIC assure le
suivi de Prodalis (fonctionnement des systèmes, amélioration
des algorithmes de détection, maintenance du matériel),
accélère la « révolution » ANTARES, développe la
cartographie opérationnelle et participe activement à la
maintenance technique du CTA/CODIS.
Philippe Arnould
(Le P.S.I.C sera détaillé dans le prochain magazine comme
un service SDIS à part entière.)
Le secrétariat du groupement opérations est assuré par
Odile Destenave, au Groupement Opérations depuis 2002.
C’est la mémoire du groupement.
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Elle gère le secrétariat de 7 personnes ce qui l’a amené à
taper en 2007 près de 1.700 courriers (permis de construire,
planification, suivi de dossiers services de sécurité, suivi de
dossiers incinérations, suivi des compte-rendu des visites et
contrôles de points d’eau, attestation d’interventions, notes
de service, etc….). Elle gère également le planning de
chacun (congés – récupération – astreintes – gardes), assure
l’accueil téléphonique et l’enregistrement puis la
classification des courriers. Elle fait aussi de très bons
gâteaux et s’assure du bien être professionnel de chacun
des membres du Groupement Opération, voire des autres
personnels de la Direction.
Odile Destenave
LE SERVICE SDIS
Le Groupement Opérations
INTERVIEW
du LIEUTENANT COLONEL
ANTONINI
Si vous deviez insuffler une « philosophie opérationnelle » au corps
départemental, quelle serait-elle ?
Ce serait la connaissance du risque. Connaître le risque pour le prévenir en amont, c’est
l’objet de la prévention. Connaître le risque pour anticiper ses effets et prévoir les moyens
pour le combattre, c’est l’objet de la prévision. C’est cette connaissance du risque qui
permet au sapeur pompier d’agir efficacement, en toute sécurité durant l’opération.
Aujourd’hui, quand on voit des centres comme Tyrosse, Pontonx ou Gabarret
qui gagnent en autonomie, n’est ce pas le début de la fin pour la notion de
« pôle » ?
L’entité « pôle » connaît aujourd’hui des évolutions contradictoires. Elle est devenue un outil de
gestion territoriale opérationnelle (c’est le cas de Saint Justin qui gère de façon dynamique les
effectifs professionnels et volontaires suivant le risque), mais elle reste une entité de réversion et de
prévision forestière. Demain, le SDACR viendra peut être redéfinir le concept ou le faire évoluer.
Les différentes évolutions du « pôle » obéissent à des logiques différentes. Il est vrai que le modèle de
base est remis en question. Nous sommes de plus en plus dans une logique de subdivision territoriale
de groupement. Mais cette logique peut poser des problèmes de gestion humaine, notamment dans
le maintien de l’autonomie de certains centres volontaires. Il faut clarifier la question et redéfinir la
notion de pôle. Est-ce simplement une question de gestion d’effectif à l’échelle d’un territoire ou estce une subdivision territoriale du groupement qui recouperait l’ancienne appellation de « zone
forestière ? ».
En quoi le SDIS des Landes, en terme opérationnel, reste t-il perfectible ?
Nous sommes perfectibles dans le détail de la gestion des outils opérationnels et notamment dans
l’optimisation de ceux-ci. Nous nous sommes considérablement modernisés mais maintenant il s’agit
de maîtriser la modernité de nos outils. Ca ne sert à rien d’avoir désormais des lances à débit variable
si on ne sait pas gérer le débit de l’eau. Affiner son outil, c’est la tendance ! Aujourd’hui, un nouveau
virage technologique s’offre à nous. Il nous permettra d’optimiser l’efficacité de nos outils
opérationnels, que ce soit dans notre action sur le terrain (Antares – Prodalis – Cartographie – GPS)
comme dans les comptes-rendus d’interventions (précision des rapports, terminologie adaptée). Si
nous tendons vers cet objectif, ce n’est pas pour s’auto satisfaire mais pour répondre aux attentes
opérationnelles des sapeurs pompiers. Je tiens à préciser que toutes ces évolutions ne peuvent
exister sans le retour d’expérience des centres de secours. (Exemple : si nous insistons aussi
lourdement sur le système ANTARES aujourd’hui, c’est parce que nous connaissons les limites de
notre réseau analogique actuel et que la nouvelle technologie nous assurera une réelle plus-value
dans la gestion des interventions au quotidien.)
Le SDIS des Landes - Juin 2008 -
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Les Sapeurs Pompiers
de PEYREHORADE
prochainement…

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