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31 janvier
Centre d'Information sur les
Renseignements
et le Terrorisme
au Centre d'Etudes Spéciales (CES)
Le Jihad Islamique Palestinien, en collaboration
avec le Fatah, a commis pour la première fois un
attentat suicide à Eilat. Le terroriste suicide, parti
de la bande de Gaza, est entré en Israël par la
frontière égypto-israélienne. Les porte-parole du
JIP ont déclaré que l'organisation prévoyait de
commettre d'autres attentats et ont appelé les
différents groupes palestiniens à cesser leurs
luttes intestines afin de pointer leurs armes vers
Israël
Corps de l'une des victimes sur les lieux de l'attentat
(Gil Cohen Magen, Reuters, 29 janvier 2007)
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1. Le 29 janvier à 9h40, un terroriste suicide s'est fait exploser dans une
boulangerie du quartier Isidore d'Eilat. Les deux propriétaires des lieux
et un employé ont été tués dans l'explosion. Il n'y a pas eu de victime,
mais plusieurs personnes ont été choquées. L'examen de la charge
explosive a révélé que le terroriste portait un sac d'explosifs mêlés aux
débris d'un obus de 100 mm.
2. Selon les proches du terroriste, ce dernier aurait quitté la bande de
Gaza le 26 janvier dernier. Après plusieurs jours passés dans le Sinaï, il
se serait introduit au Nord d'Eilat dans la nuit du 28 au 29 janvier. Le
matin du 29 janvier, le terroriste a été pris en autostop par un Israélien.
Celui-ci, alerté par le comportement suspect de son passager, lui a
demandé de descendre du véhicule. Le terroriste s'est ensuite rendu à
pieds vers la boulangerie (cible choisie par hasard) où il s'est fait
exploser.
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3. Lors d'une conférence de presse organisée à Gaza, un porte-parole du
Jihad Islamique Palestinien (JIP) a revendiqué la responsabilité de
l'attaque, commise en collaboration avec les Brigades des martyrs
d'al-Aqsa du Fatah (un groupe auto-baptisé "l'Armée des croyants").
Ce porte-parole a déclaré que le terroriste suicide était Muhammad
Feisal al-Siqsiq, membre des Bataillons de Jérusalem (la branche
armée du JIP), âgé de 21 ans, et originaire de Beit Lahia au Nord de la
bande de Gaza (Télévision Al-Jazeera, 29 janvier).
Le terroriste suicide Muhammad Feisal al-Siqsiq (Site Internet Paltoday du JIP,
30 janvier)
4. Voici les autres points du communiqué du porte-parole du JIP :
a. Selon cette organisation, le cessez-le-feu signé avec
Israël n'a pas lieu d'être. Le porte-parole a déclaré qu'après
l'attaque d'Eilat, son groupe prévoyait de commettre d'autres
attentats "de qualité", y compris en Judée-Samarie.
b. Le Fatah et le Hamas ont été invités à mettre un terme à leurs
luttes intestines et à pointer leurs armes contre "l'ennemi
israélien", et uniquement contre lui.
c. Le porte-parole a menti en déclarant que le terroriste n'avait
pas été envoyé de Gaza mais était entré à Eilat par la
Jordanie, dans le cadre de préparatifs qui auraient duré sept
mois.
Poster du JIP publié sur le site Internet du groupe. En haut on peut lire "[la
chaîne] Paltoday accompagne aujourd'hui, avec joie et allégresse, le fiancé vers
le dais nuptial, [l'auteur de] l'opération suicide héroïque d'Eilat, le héros1 fils des
Bataillons de Jérusalem, Muhammad Feisal al-Siqsiq à la rencontre des vierges
aux yeux noirs qui l'attendent au paradis2 (Source : site Internet Paltoday, 30
janvier)
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5. Principales réactions palestiniennes
a. Abu Mazen, le Président de l'Autorité Palestinienne, a
dénoncé l'attentat suicide d'Eilat. Dans un communiqué à la
presse, lu au moment de son arrivée à l'aéroport du Caire, il a
déclaré que "l'Autorité Palestinienne dénonçait toutes les
opérations contre des civils" (Agence de Presse Palestinienne, 29
janvier). Ses conseillers politiques et un porte-parole du Fatah
ont également dénoncé l'atteinte aux civils.
b. Le Hamas, et notamment les porte-parole de sa branche
militaire, ont salué l'attentat, le qualifiant de "punition" à
1
En arabe "Istishhadi ", celui qui se sacrifie volontairement pour Allah.
Le terroriste tombé dans une opération pour Allah dans le cadre de la guerre sainte (Jihad) est appelé "chahid".
Selon la tradition musulmane classique, une série de récompenses est assurée au "chahid", dont 72 vierges aux
yeux noires avec lesquels il s'unira au paradis (voir à ce sujet l'article (en anglais) "Suicide bombing terrorism
during the current Israeli-Palestinian confrontation" (September 2000 – December 2005)), à l'adresse
http://www.terrorism-info.org.il/malam_multimedia/English/eng_n/pdf/suicide_terrorism_ae.pdf
2
"l'occupation sioniste". Les médias du Hamas (y compris sa
chaîne de télévision) ont largement couvert l'attentat. Par
contre, le porte-parole du gouvernement Ghazi Hamad a refusé
de réagir à l'attentat.
c. Les porte-parole de la branche armée du Fatah ont salué
l'attentat. Abu Qusay, responsable des Brigades des martyrs d'alAqsa en Judée-Samarie a salué l'attaque et a appelé toutes les
organisations à pointer leurs armes vers Israël (Agence de Presse
Ma'an, 29 janvier). Zakaria Zbeidi, commandant des Brigades
des martyrs d'al-Aqsa à Jenine a, lui aussi, salué "l'opération
héroïque" d'Eilat et a fait part de son espoir que l'attaque
contribue à l'arrêt des hostilités fratricides dans la bande de
Gaza (Radio BBC, 29 janvier).
d. Les porte-parole du JIP et les organes de presse de
l'organisation ont insisté sur le fait que l'attaque était un
message adressé à tous les groupes palestiniens, les invitant à
cesser leurs affrontements internes, à pointer leurs armes vers
Israël et à replacer le jihad (guerre sainte) et la "résistance" [cf.
le terrorisme] en tête des priorités du peuple palestinien. Khaled
al-Batash, haut responsable du mouvement, a déclaré que selon
le JIP, "tous les territoires palestiniens étaient occupés, qu'il
s'agisse d'Eilat, de Jaffa, de Haïfa ou d'Ashquélon" (Radio Sawa,
29 janvier).
6. Les médias palestiniens ont été nombreux à interviewer la famille
du terroriste suicide. Sa mère a déclaré qu'elle était au courant de
l'intention de son fils de commettre un attentat, mais en ignorait le
timing. Elle a reconnu qu'il était parti "en mission" vendredi 26 janvier,
et ses oncles ont démenti l'information selon laquelle il serait passé par
la Jordanie (contrairement à l'annonce mensongère du porte-parole du
mouvement). La mère et la femme du terroriste ont fait part de leur joie
suite à l'annonce de sa mort (Agence de Presse Ma'an, 29 janvier).
La mère du terroriste suicide arbore le portrait de son fils
(Site Internet Paltoday, 30 janvier)
7. Sur la scène internationale, l'attentat a été vivement dénoncé,
notamment par la Maison Blanche, l'Union Européenne et la Ministre
des Affaires étrangères britannique. Le porte-parole de la Maison
Blanche a déclaré que l'échec de l'Autorité Palestinienne à lutter
contre le terrorisme portait préjudice aux aspirations du peuple
palestinien; la Présidence de l'UE a appelé la direction palestinienne
à tout faire pour mettre un terme au terrorisme; la Ministre des
Affaires étrangères britannique a fait part de ses craintes que des
attentats de la sorte ne provoquent une nouvelle escalade dans la
région.
8. Ci-dessous quelques réactions du monde arabo-musulman :
a. Egypte (par laquelle est passé le terroriste) : le Ministre des
Affaires étrangères égyptien Ahmed Abu al-Gheit a dénoncé
l'attentat. Il a appelé Israéliens et Palestiniens à faire preuve de
retenue et à éviter tout acte qui pourrait compliquer la situation
et faire échouer les pourparlers (Agence de Presse du ProcheOrient, 29 janvier)
b. Jordanie (par laquelle serait passé le terroriste selon le JIP) : le
Roi Abdallah a publié un communiqué condamnant l'attentat. Il
a rappelé que ce genre d'action ne faisait qu'accroître la misère
des Palestiniens et empêcher une reprise des négociations. Un
porte-parole du gouvernement s'est empressé de démentir les
propos mensongers du JIP selon lesquels le terroriste serait
entré en Israël par la Jordanie.
c. Iran (qui soutient le JIP) : le porte-parole du Ministère des
Affaires étrangères, Taher al-Nunu a salué l'attentat terroriste. Il
a accusé Israël de ne pas avoir respecté le cessez-le-feu et a
ajouté que l'attaque était prévisible puisque le peuple palestinien
ne "restera pas les bras croisés face aux crimes d'Israël" (Radio
Téhéran, 29 janvier).
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9. Le JIP, responsable de l'attentat suicide d'Eilat, est l'organisation
terroriste auteur du plus grand nombre d'attaques depuis 2005
(jusqu'à cette date, c'est le Hamas qui tenait le haut du pavé dans ce
domaine). L'organisation opère avec le soutien de l'Iran et de la
Syrie, sur les directives de son siège de Damas, dans le but de
provoquer une escalade dans les territoires administrés par
l'AP et de torpiller toute tentative de cessez-le-feu (comme il
tentait de torpiller la pseudo "trêve" en 2005). En 2005, le JIP a
commis cinq attentats en Israël, et deux autres en 2006. Ces attaques
ont coûté la vie à 32 Israéliens, et 270 autres ont été blessés.
10. Depuis son application, le JIP a refusé l'accord de cessez-lefeu signé entre le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le
Président de l'AP Abu Mazen qui est entré en vigueur dans la
bande de Gaza le 25 novembre 2006. Depuis cette date,
l'organisation n'a de cesse de torpiller l'accord, notamment en tirant
des roquettes depuis la bande de Gaza (où elle jouit d'une grande
influence) ou en commettant des attentats comme celui d'Eilat. Le
Hamas soutient ouvertement les actions du JIP, tandis que les forces
palestiniennes de sécurité, fidèles à Abu Mazen, occupées à essayer de
faire face au Hamas, ne font rien pour tenter de mettre un terme aux
opérations terroristes de l'organisation.
11. C'est la première fois depuis le début du conflit actuel que la ville
méridionale d'Eilat est choisie comme cible par une organisation
terroriste (même si la boulangerie en question a été choisie par hasard).
Ceci est du, selon nous, à deux facteurs : tout d'abord, les difficultés
auxquelles font face les cellules de l'organisation en Samarie (la région
dont a été lancée la majorité des attentats dans le passé) suite aux
opérations de contre-terrorisme des forces israéliennes, ajoutées à la
barrière de sécurité (même si son édification n'est pas encore
terminée). Seconde raison : la liberté d'action dont jouit le JIP
dans la bande de Gaza et la relative facilité de franchissement de
la longue frontière qui sépare l'Egypte d'Israël3. Le "succès" de
l'attentat d'Eilat pourrait, selon nous, encourager les cellules terroristes
de la bande de Gaza à continuer d'envoyer des terroristes en Israël par
cet itinéraire.
3
Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois que des organisations terroristes de la bande de Gaza, y compris
le JIP, envoient des terroristes en Israël via le Sinaï. Ainsi, le 8 février 2006, des membres du JIP qui avaient
emprunté ce parcours ont été arrêtés dans le Néguev. L'un d'entre eux était un terroriste suicide potentiel de 17 ans
et demi équipé d'une ceinture piégé, qui prévoyait de se faire exploser à Jérusalem.

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