La faillite - Infos

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La faillite - Infos
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La faillite
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Note
Ce dossier s’adresse aux indépendants, dirigeants de petites et moyennes entreprises, ainsi
qu’à leurs conseillers.
Les termes abordés ont été volontairement vulgarisés et simplifiés, afin d’utiliser un langage
clair et pratique.
Les différents raisonnements exposés dans ce texte peuvent connaître des exceptions ou
devront être relativisés selon les situations.
Ce dossier est réservé à un usage exclusivement documentaire. En utilisant ce dossier, vous
renoncez à mettre en cause la responsabilité de l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation
ainsi que du Centre pour Entreprises en difficulté - Wallonie, de ses auteurs ou de l’auteur du
texte, même en cas de faiblesse ou d’inexactitude, flagrante ou non, de son contenu.
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Généralité.
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La faillite est une procédure judiciaire de liquidation collective du patrimoine, régie par la
loi du 8 août 1997. Un curateur est désigné pour vendre le patrimoine de l’entreprise et
payer, autant que possible, les dettes de l’entreprise.
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Trois conditions cumulatives doivent être réunies pour que le Tribunal prononce la
faillite :
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Etre commerçant (personne physique ou société commerciale) ;
Etre en état de cessation de paiement (concrètement vous n’arrivez plus à faire face
à vos obligations financières ni à négocier des plans de paiement avec vos
créanciers) ;
Etre en état d’ébranlement de crédit (perte de la confiance des créanciers –
concrètement c’est en général la dénonciation du ou des crédit(s) bancaire(s) et/ou
le refus d’octroi de financement).
Pour qu’il y ait faillite, celle-ci doit être prononcée par le Tribunal de Commerce, soit suite à
l’aveu de faillite, soit suite à une citation (voir ci-dessous : qui peut demander la faillite ?)
Quid de la faillite d’office (c’est-à-dire prononcée par le Tribunal sans que personne ne le lui
ait demandé) ? Cette possibilité a été supprimée par la loi du 8 août 1997.
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Procédure de faillite
Qui peut introduire une procédure de faillite ?

Par Citation, la procédure peut être introduite par :
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Un ou plusieurs créanciers de l’entreprise.
Le Procureur du Roi peut prendre de lui-même l’initiative de citer le débiteur en
difficulté, soit de le faire sur base du rapport qui lui est transmis par la chambre
d’enquête commerciale.
Un administrateur provisoire désigné par le Tribunal de Commerce pour une
durée de 15 jours, à la demande d’un créancier ou du Procureur du Roi, peut
introduire cette procédure.
Remarque : La désignation d’un administrateur provisoire ne peut se produire qu’en cas
d’indices graves, précis et concordants que le commerçant est en état de faillite. Le
Tribunal désigne alors un administrateur provisoire qui prend les commandes de
l’entreprise et fait rapport au Tribunal sur l’état de faillite ou non. Il a pour mission de
solliciter le prononcé de la faillite si les conditions sont réunies (concrètement lorsque
l’on suspecte le commerçant de ne pas déposer le bilan et d’en tirer avantage au
préjudice de ses créanciers).
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Par aveu :
Le commerçant en difficulté peut déposer son bilan au greffe du Tribunal de Commerce
en reconnaissant son état de cessation de paiements et d’ébranlement de crédit (perte
de la confiance des créanciers).
Le commerçant dépose au greffe les pièces suivantes :
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son bilan et ses comptes annuels ;
la liste de son personnel et les coordonnées du secrétariat social ;
la liste de ses clients débiteurs ;
la liste de ses fournisseurs créanciers ;
la liste des personnes qui sont cautions.
Le greffier fixe ensuite le dossier à l’audience. C’est le Tribunal qui prononcera la faillite.
Tout commerçant est tenu dans le mois de la cessation de ses paiements, d’en faire
l’aveu au greffe du Tribunal de Commerce, à défaut le commerçant s’expose à des
sanctions pénales.
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Les voies de recours
L’appel, dans un délai de 15 jours.
L’opposition, dans un délai de 15 jours en cas de jugement par défaut.
La tierce opposition dans un délai de 15 jours, par toute personne non partie au procès.
→Le délai court à partir de la signification du jugement (si recours par le failli), ou de la
publication au Moniteur belge (si recours par une autre partie).
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Effets du jugement déclaratif de faillite.
Dessaisissement du failli
Le jugement déclaratif de faillite entraîne le dessaisissement du failli de l’administration
de ses biens et la formation d’une masse. Cela signifie que le commerçant ne peut plus
gérer les biens qui lui appartenaient au moment de la faillite, c’est le curateur qui
dispose de ce pouvoir. Pour les personnes physiques, certains biens échappent à cette
règle : ce sont les biens insaisissables, car indispensables pour mener une vie conforme
à la dignité humaine (mobilier de base).
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Formation d’une « masse » d’actifs
Le curateur a la mission de vendre le patrimoine du commerçant failli pour payer les
créanciers.
La « masse » gérée par le curateur est en réalité le patrimoine qui va être vendu ( fonds
de commerce, immeuble, véhicules, outillages …) pour payer d’abord les frais de
réalisation de ces biens, ensuite les frais et honoraires du curateur, suivent les
créanciers privilégiés spéciaux (bailleur par exemple) puis les privilégiés généraux
(travailleurs, ONSS, précompte professionnel, TVA, impôts, …) puis les créanciers
chirographaires, ces derniers n’étant généralement pas payés dans le cadre des faillites,
faute d’un actif suffisant.
Il existe également des créanciers particulièrement privilégiés, qualifiés de créanciers
« hors masse » (soit principalement le gagiste sur fonds de commerce et le créancier
hypothécaire) parce qu’ils ont des droits sur un actif dont ils peuvent procéder euxmêmes à la vente ou obtenir le paiement du prix en intégralité, sans supporter les frais
exposés par le curateur pour la masse, par exemple pour donner les préavis aux
travailleurs).
Les nouveaux actifs qui seraient acquis par le commerçant après faillite sur ses
nouveaux revenus insaisissables ne rentrent pas dans cette masse. Par contre la partie
saisissable de ses revenus et les biens dont il hériterait en cours de faillite tombent dans
la masse et seront donc réalisés par le curateur pour payer les créanciers.
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La suspension des poursuites individuelles des créanciers impayés
Une distinction doit être faite entre les créanciers de la masse et dans la masse :


Les créanciers de la masse sont ceux dont la créance est née avant ou du fait de la
faillite.
Les créanciers dans la masse sont ceux qui ont contracté avec le curateur après le
jugement déclaratif de faillite (ils sont privilégiés par rapport aux créanciers de la
masse) : ce sont les frais de gestion de la masse, qui sont payés au fur et à mesure
par le curateur, mais également les créances des cocontractants du commerçant
pendant la période de sursis d’une procédure de réorganisation judiciaire précédant
la faillite.
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A partir du jugement déclaratif de faillite, les créanciers ne peuvent plus faire de saisies
ni poursuivre leur saisie en cours, ils doivent déclarer leur créance au curateur. Les
créanciers hors masse (ex : hypothécaire, gagiste sur fonds de commerce …) peuvent
procéder à la réalisation par poursuite de la saisie (après le 1er PV de vérification des
créances), mais en pratique ceux-ci laissent souvent le soin de réaliser les biens au
curateur. Par ailleurs, s’il y a un désaccord entre le créancier souhaitant agir seul et le
curateur qui souhaite, parce qu’il y voit un intérêt, pouvoir réaliser les biens donnés en
garantie (souvent avec d’autres biens de la masse, l’un valorisant l’autre), le Tribunal
peut ordonner la suspension des voies de recours individuelles de ces créanciers que
pour une période maximale d’un an à dater du jugement déclaratif de faillite.
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Les créanciers du failli peuvent néanmoins agir en justice en reconnaissance de leurs
droits, ils le feront contre le curateur. Ils obtiendront dans ce cas un jugement qui ne leur
permettra pas de faire une saisie, mais qui leur servira, en cas de contestation du
curateur, pour obtenir l’admission de leur créance au passif.
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Les créanciers qui sont propriétaires de biens en possession du commerçant failli
peuvent récupérer leur bien, sous réserve de respecter des conditions qui diffèrent
suivant la raison du non-transfert de propriété (exemple : clause de réserve de propriété
dans les conditions générales, objet en dépôt, biens en leasing …).
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Autres effets de la faillite
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Suspension du cours des intérêts entre les créanciers et le failli.
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Les créances à terme deviennent exigibles à dater du jugement déclaratif de faillite.

La faillite fait en principe (mais de moins en moins) obstacle à la compensation, car
la compensation est admise si :
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
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si les conditions de la compensation légale ont été réunies avant la faillite ;
ou si les créances réciproques se trouvent dans une situation d’étroite
connexité ;
ou également depuis la loi de 2004 sur les sûretés financières, en cas de
clause de compensation conventionnelle conclue avant faillite, sans exigence
d’une connexité réelle entre les créances compensées. Les clauses d’unicité de
comptes des banques trouvent ainsi une assise légale, mais les applications
sont bien plus larges.
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La période suspecte
Le Tribunal de Commerce ne peut faire remonter la date de la cessation de paiement plus de
6 mois avant la date du jugement déclaratif de faillite.
Faire remonter cette date avant le jugement de faillite permet au curateur de remettre plus
facilement en cause des opérations effectuées par le failli avant faillite, parce qu’il était
exsangue financièrement, mais qui ont préjudicié les créanciers ou certains d’entre eux.
Fiche mise à jour avec la collaboration de Maître Marielle SCHUMACKER – Barreau de
Namur
Version du 01/10/2015
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