Ile de Ré - envlit
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Ile de Ré [ morphologie I hydrographie I eaux souterraines I activités du marais I données numériques I documentation ] Les numéros entre parenthèses renvoient aux références bibliographiques de la page documentation Morphologie La côte de Charente-Maritime présente une alternance d'éperons calcaires et de baies comblées en partie par des alluvions ; l'île de Ré est donc une avancée en mer des calcaires de l'Aunis (Jurassique supérieur) qui se poursuivent vers l'ouest jusqu'à proximité des hauts-fonds granitiques de Rochebonne (2). Formation et évolution du site (anciennes îles et chenaux) L'île de Ré correspond à l'extrémité nord-ouest de la grande auréole sédimentaire nord-Aquitaine. Dans cette région, les assises de l'Oxfordien supérieur et du Kimméridgien sont à l'origine d'une morphologie différenciée qui, sur le littoral atlantique, est soumise à une évolution récente, encore très active. Les rivages sableux de l'île s'appuient sur les affleurements rocheux des calcaires du Jurassique supérieur. La physionomie de l'île paraît déterminée par trois facteurs essentiels : les dislocations tectoniques tertiaires, puis l'importance de l'érosion marine et continentale durant le Quaternaire, enfin le colmatage des dépressions par le "bri" et l'ensablement de la plate-forme calcaire lors de la transgression flandrienne (1). Les accumulations de cette période existent sous divers faciès : ● ● ● la tourbe (conche des Baleines, banc du Bûcheron...), les pélites des marais qui comblent progressivement les zones déprimées envahies par la mer (fier d'Ars, fosse de Loix et anse du Martray, puis réunit trois îlots (St Martin, Ars et Les Portes). Au XVIIème siècle, l'îlot de Loix est enfin rattaché au reste de l'île. Sous le bri existe un sable sinon antérieur, du moins contemporain de la formation de la vasière, les dunes littorales, qui ont recouvert indifféremment, en un épisode récent (Dunkerquien), les calcaires et le bri (3). Particularités topographiques (pentes et zones dépressionnaires) Actuellement, la moitié nord-ouest de l'île est occupée pour au moins 50 % de sa superficie par des marais répartis autour du fier d'Ars et de la fosse de Loix. La limite entre terre et eaux est très floue et fluctue encore : d'anciennes concessions à charge d'endigage sont abandonnées et constituent les "marais perdus", reprenant un aspect de schorres. Types de bassins unitaires rencontrés (formes et systèmes hydrauliques ) Les premiers marais salants rétais ont été creusés au XIIIème siècle à La Prée en profitant de l'endiguement pour la protection du village naissant des Portes-en Ré. Les prises des Fenasses, du Roc et de la Crique sont concédés et aménagés après endiguement entre 1493 et 1500. La conquête des terres sur la mer se poursuit tout au long de XVIème siècle, époque du grand développement de l'activité salicole des Portes : les lais de mer de l'Ilot et des Niges, émergeant loin dans le fier, sont mis en valeur ainsi que les actuels marais de la Poterie, de la zone sud des Fenasses, du petit Fief, suivi en 1604 du grand Fief. Les assèchements postérieurs au XVIème siècle s'exercent sur des surfaces beaucoup plus réduites. La préoccupation des saulniers est de défendre le territoire conquis sur la mer, et le XVIIIème siècle est l'époque du renforcement des endiguements. Il faut arriver à la fin des guerres de l'Empire pour voir la reprise des endiguements. Les derniers travaux de défense contre la mer datent de 1945, et concernent le rétablissement de la digue des Ains, où se jettent au fier d'Ars les trois principaux chenaux : chenal du Port, du Roc et des Fenasses. Après la première guerre mondiale, la saliculture tombe en désuétude, et les marais sont progressivement abandonnés. De nombreux marais salants ont été reconvertis en claires ostréicoles ou bassins aquacoles depuis cette époque. D'autres, plus récemment, ont reçu des affectations nouvelles telles que réserves naturelles (Les Portes en Ré), bassins écoles de voile (La Couarde et Ars), bassins de récupération des eaux de stations d'épuration et d'écoulement des terrains utilisées au printemps pour l'arrosage des pommes de terre. Trois secteurs ont été remembrés (Les Portes-en Ré, St-Clément, Ars). Hydrographie Bassins versants (régimes et hydraulicité des cours d'eau, sols, types d'activités, aménagements et ouvrages) L'examen de la couverture végétale des 1 500 ha de marais de l'île donne une idée assez claire de la faiblesse des apports d'eau douce : la végétation halophile (salicorne, obione) se rencontre dans plus de 90 % des marais, les phragmites dans moins de 1 % tandis que les scirpes occupent l'espace saumâtre restant. Alimentation en eau de mer (courants et masses d'eaux, circulation en fonction de la morphologie côtière) Les marais de l'île jouissent du régime le plus océanique de tous les bassins de marais atlantiques. Les eaux estuariennes de la partie est du Pertuis Breton (Lay - Sèvre) sont généralement tenues écartées de l'île par la configuration bathymétrique qui interpose devant l'ouverture du fier le volume marin considérable de la fosse de Chevarache (-40 m) ; cependant les eaux de surface n'y sont pas à l'abri de certaines dessalures (9). L'extension du banc du Bûcheron et l'ensablement du fier lui-même menacent directement l'alimentation des marais. Réseaux et ouvrages dans le marais (chenaux et canaux, état d'entretien, projets d'aménagement) En raison de l'abandon de l'activité salicole, les chenaux, faute d'entretien, subissent le sort du fier d'Ars, et se colmatent ; un lit mineur, au tracé sinueux, se crée dans le lit des chenaux encombrés par de très nombreux bancs de vase. La circulation des eaux, au flux et au reflux, est freinée, ce qui accélère le phénomène de sédimentation. Les champs de marais, les métières et les vasais, non entretenus, s'envasent également. Le volume d'eau circulant se réduit en raison de la réduction des volumes de bassins : certains bassins ne boivent plus, leurs "cois" n'existent plus ou ne fonctionnent plus. A la suite d'une étude de zonage conduite par la Direction Départementale de l'Agriculture (1981), les propriétaires ont demandé le remembrement du marais, en vue de la reconversion des anciennes salines à l'aquaculture. Le schéma général était adopté fin 1983 par le SIVOM de l'île (8). L'étude conduite par l'UNIMA a abouti à la conception et à la réalisation d'un nouveau réseau "en boucle" par zone concernée, comportant des chenaux spécialisés d'adduction et de rejet, calibrés en fonction des besoins en eau des différentes zones d'activités : piscicole, aquacole, ostréicole et salicole. Trois zones de marais sont ainsi aménagées : Les Portes-en-Ré, Ars en Ré et St-Clément-des-Baleines ; des travaux ont également été réalisés dans la bassin de Loix, à La Couarde. Eaux souterraines Hydrogéologie (localisation des nappes) Piézométrie : Autour du fier d'Ars, il ne nous a pas été possible de tracer des isohypses tant les potentiels de la nappe sont proches. Ceci tient à la topographie très plate des lieux. Retenons seulement que l'eau avoisine souvent la côte +2,5 m NGF. Caractéristiques des eaux disponibles (débit et physico-chimie) Les eaux des nappes de l'Oxfordien supérieur au Kimméridgien sont bicarbonatées, calciques faiblement minéralisées en sulfates. Un forage réalisé à Ars-en-Ré à 491 m de profondeur a montré des venues d'eau souterraine salée au niveau des calcaires kimméridgiens (salinité 30 à 40 %o) entre 50 m (15,2 °C) et 200 m (18,1 °C). Cet ouvrage a, en outre, atteint les couches calcaires du Dogger et duLlias, montrant de fortes arrivées artésiennes (40 m3/h) d'eau de mer diluée (6-7 %o de salinité) à une température de 30 °C (5). Cet ouvrage s'est aujourd'hui dégradé et n'offre plus qu'un artésianisme de 5 m3/h avec une température de 17 °C. Il alimente néanmoins une écloserie pour le maintien en température de l'eau des bassins. Un second forage réalisé pour une ferme aquacole à St-Clément-des-Baleines a atteint 590 m sans rencontrer de venues d'eau exploitables au niveau du Dogger et du Lias inférieur (5). En outre, un aquaculteur de Loix-enRé exploite des puits superficiels (8-10 m) et a réalisé récemment un forage de 60 m dans le Kimméridgien qui s'est révélé non-productif en dessous de 20 m (5). Activités du marais Etat actuel Saliculture L'activité salicole se stabilise depuis plusieurs années : environ 75 salines sont encore en activité groupées autour d'Ars où se trouve la coopérative. Sur 363 ha de marais salants, 110 ha exploités par 60 paludiers produisent environ 3 000 t en 1989 (7). Agriculture Les "bosses" qui séparent les pièces d'eau ne sont plus exploitées par les agriculteurs ; tout au plus quelques animaux paissent ici et là et les nettoient. Conchyliculture L'ostréiculture est principalement implantée dans le secteur de la Passe de Loix, du Martray et des Tonilles. Aquaculture L'aquaculture est présente à Loix, Ars et St Clément pratiquant différentes activités : ● écloseries de naissains d'huîtres et palourdes, ● élevage de crevettes japonaises (grande Tonille), ● élevage de poissons. Aqua-Ré, ZA La Croix Michaud à La Flotte-en-Ré (anguilles), Ecloserie du Coin-Sableux, Ars-en-Ré, (écloserie de palourdes), ferme de la petite Tonille, Loix-en-Ré, (poissons, crevettes, palourdes). Loisirs Un plan d'eau destiné à l'apprentissage de la voile a été aménagé dans le marais de la Couarde. Assainissement La station d'épuration de la Couarde a été construite dans le marais. Protection Une réserve ornithologique d'une superficie de 55 ha a été créée en 1980 sur la commune des Portes en Ré, à l'Ileau des Niges ; depuis la création de la réserve, d'importants travaux hydrauliques ont été effectués pour rétablir une circulation d'eau convenable ; une reprise d'exploitation d'un marais salant y est envisagée. Le Conservatoire du Littoral possède 10 ha aux Portes-en-Ré et 13 ha à Rivedoux (dunes et marais du Défens). Evolution actuelle (tendances et perspectives...) Problèmes environnementaux : Phénomènes d'envasement et d'ensablement, en particulier dans le fier d'Ars, qui nuisent notamment à l'exploitation des claires dans ce site précieux pour l'engraissement et le verdissement des huîtres (6). Cette tendance est accentuée par le développement algal récent (sargasses) qui freine les échanges d'eau. Nécessité particulière de veiller aux performances des dispositifs d'épuration du fait de l'ampleur de la pression touristique et de ses variations dans l'année. Problèmes de développement : Pour les remembrements des marais, les procédures réglementaires (PQPN, étude d'impact) ont permis d'éviter les conflits ; mais si des classements sans précaution étaient pris, ils risqueraient à l'avenir d'alourdir les procédures d'aménagement ; on constate également "le démarrage très lent des activités aquacoles qui devaient occuper l'espace remembré le plus rapidement possible" (8). Données numériques Morphologie Bassin versant total : Surfaces (en ha) 15 200 Bassin versant total Bassin de marais total : Surfaces (en ha) 1 700 Bassin de marais total (9) Bassin de marais alimenté en eau salée ou saumâtre : Surfaces (en ha) 1 250 Bassin de marais alimenté en eau salée ou saumâtre (4) Rapports des surfaces : 1/2/3 : 10 / 1,1 / 1 Cote du plafond des bassins (m NGF) : Mini 0,90 Maxi 1,50 Mini -0,50 Maxi 1,50 Cote des plafonds des chenaux (m NGF) : Cote des radiers des ouvrages à la mer (m NGF) : Les Portes-en-Ré : écluse du chenal des Fenasses Les Portes-en-Ré : écluse du chenal du Roc Les Portes-en-Ré : écluse du chenal du Port St-Clément-des-Baleines : prise d'eau des Niges St-Clément-des-Baleines : rejet des Niges Ars-en Ré : barrage-écluse du Rouet Ars-en Ré : ouvrages de prise du Boutillon Loix-en-Ré : ouvrage de la petite Tonille Correspondance: NGF = C.M.-3,45 m -0,50 -0,25 -0,50 0,00 -0,25 1,03 -0,53 à 0,60 -0,86 Hydrographie Salinité au débouché du bassin versant : Chevarache (9) Mini (%o) 30,9 Maxi (%o) Activités : utilisation des marais salés (en ha) Statistiques des Affaires Maritimes (CAAM) : Saliculture (7) Conchyliculture . Marais à Poissons Surfaces (en ha) 110 121 18 Documentation (1) HANTZPERGUE P., 1988. Notice explicative de la feuille La Rochelle-Ile de Ré à 1/50 000 B.R.G.M., notice, 27 p. (2) MONTAGNE J., 1971. L'île de Ré, étude géomorphologique D.E.S. Géogr., Poitiers, inédit. (3) LONG B., 1975. La côte nord-ouest de l'île de Ré, les processus de la sédimentation et l'évolution côtière résultante. Thèse de 3ème cycle, univ. Paul Sabatier, III : 236 + annexes. (4) UNIMA, 1982. Commune des Portes-en-Ré. Utilisation des anciennes salines après remembrement. Etude préliminaire à l'aménagement du réseau hydraulique. DDA-17, Mémoire explicatif 21 p. + cartes. (5) BRESSON G., 1988. Possibilités d'utilisation des eaux souterraines pour l'aquaculture sur le littoral atlantique. Rencontres interrégionales Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays de Loire : Arcachon 12-13 février 1988, 10 p. (6) AFFAIRES MARITIMES, 1985. Monographie conchylicole et aquacole, bassin de Marennes-Oléron, situation au 30.06.84. Affaires Maritimes, quartier de Marennes-Oléron, La Tremblade. (7) MARTIN H., 1989. Année exceptionnelle de Ré à Guérande, des marais très salés. Article de presse, Le Marin, 1989. (8) MERCIER J.P., 1986. Les marais de Charente-Maritime : activités humaines, conflits d'usage D.D.A.F. de la Charente-Maritime. 21 p. + planches. (9) SOULARD R., 1988. Principales caractéristiques hydrobiologiques estivales du Pertuis Breton en 1988. Tendances à la stratification et à l'eutrophisation. Rapport d'ingénieur D.P.E. Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse :109 p. © Ifremer - EID atlantique