Rapport Ch Lacape Medellin

Le Président
Christian LACAPE
14/04/2014
Compte rendu de délégation du CA au Forum Urbain Mondial d’ONU Habitat,
à Medellin (Colombie), du 07 au 11/04/2014
Le Conseil d’Administration de l’ACAD a délégué son président pour représenter l’association au
Forum Urbain Mondial d’ONU Habitat, dans le cadre de la participation de l’ACAD au Partenariat
Français pour les Villes et Territoires (PFVT).
Le présent compte-rendu vise à informer le CA, et l’ensemble des adhérents, du déroulement, des
enjeux pour l’ACAD, et des modalités de la présence de l’ACAD à cet évènement
Le Forum Urbain Mondial
Le « FUM », plus connu sous son sigle anglais « WUF » (World Urban Forum), est organisé tous les 2
ans par ONU Habitat, depuis 2002, dans une ville et un continent à chaque fois différents ; il s’agit de
la principale conférence au niveau mondial portant sur l’urbain. Ce forum rassemble des
organisations très diverses, du monde entier, œuvrant dans le champ de l’urbanisme, de
l’aménagement, du développement urbain et social, et de la revitalisation de territoires : Etats,
autorités locales, institutions financières, ONG, centres de recherches et universités, grands groupes
privés, bailleurs de fonds, agences internationales, organisations professionnelles et experts.
Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale est urbaine (60 % en 2030), en majorité dans les
pays du Sud. Aussi, l’objectif politique d’ONU Habitat, à travers le forum, est-il de mobiliser et
d’accompagner les autorités publiques de chaque pays dans l’analyse et le traitement des défis les
plus pressants en matière d’habitat, dont l’urbanisation galopante et incontrôlée, et ses impacts sur
les villes, les communautés, l’économie, le changement climatique et les politiques publiques.
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Le thème transversal du Forum était cette année « l’équité urbaine dans le développement – des
villes pour la vie ». Le choix de ce thème de l’équité reposait largement sur l’expérience très
significative accumulée dans ce domaine par la ville de Medellin dans les dernières années, et qui lui
a valu d’être choisie comme lieu du Forum, dans un contexte très concurrentiel.
Le Forum a rassemblé 20 000 participants, de 130 pays, et plusieurs centaines d’évènements, débats,
conférences. Plusieurs personnalités de renom étaient présentes, parmi lesquelles Joseph Stiglitz,
prix Nobel d’économie.
Le directeur d’ONU Habitat, Juan Clos (ancien maire de Barcelone) a ouvert le Forum en soulignant 3
enjeux essentiels, en réaction aux tendances actuellement dominantes dans la plupart des villes du
monde, et notamment dans les villes du Sud :
- La maitrise de l’espace public
- La lutte contre l’étalement urbain
- La mixité urbaine et sociale
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Plus d’infos sur http://unhabitat.org/
La France et le PFVT
Le pavillon de la France était réparti entre 2 organisations, l’AFD (Agence Française de
Développement, principal outil français de financement de la lutte contre la pauvreté et l’aide au
développement dans les pays du sud), et le PFVT.
Le PFVT, Partenariat Français pour les Villes et Territoires, créé à l’initiative du sénateur Yves Dauge
en 2011, est une structure informelle regroupant les intervenants français à l’international dans le
champ de l’aménagement et du développement de territoires : ministères, agences d’Etat, groupes
privés, universités et centres de recherche, collectivités locales, ONG, organisations professionnelles
(dont l’ACAD).
A Medellin, la délégation française comportait une centaine de personnes ; les acteurs français,
organisaient ou participaient à une cinquantaine d’évènements : conférences, exposés, débats,
ateliers, tables rondes, vidéos, etc…, ou pour employer le vocabulaire ONU : networking events, side
events, training events, special sessions, round tables, dialogues, etc…
Parmi ces évènements, le PFVT, es qualité, organisait un « networking event » sur le thème de la
maitrise d’ouvrage publique. Cette table ronde a fait l’objet d’une préparation préalable à Paris,
pendant plusieurs mois ; l’ACAD a contribué à cette préparation par la production d’un document sur
les « outils au service de la maitrise d’ouvrage publique en France » (document ci-joint ou sur le site
de l’ACAD)
Medellin
Le choix par ONU Habitat de la ville de Medellin n’est donc pas innocent : il vient conforter la
transformation très impressionnante de cette cité de 2 millions d’habitants (agglo : 3 millions),
deuxième ville de Colombie qui, en une dizaine d’années, est passée du statut de capitale mondiale
de la drogue et de la criminalité, à celui de capitale mondiale de l’innovation et de laboratoire de
l’urbanisme social, modèle repris dans de nombreuses villes d’Amérique latine.
La transformation de la ville est due, depuis 2003, à une action politique ferme et résolue, continue
à travers plusieurs équipes municipales successives, méthodiquement mise en œuvre, et résultant de
réflexions approfondies : la philosophie qui guide l’action municipale réside dans la conviction que
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les inégalités sociales et territoriales sont le terreau de la violence qui a déchiré la ville pendant des
décennies. A partir de cette conviction, la municipalité a élaboré et mis en œuvre une politique ciblée
sur les quartiers les plus précaires (33 quartiers). Cette politique est en cours de réalisation, quartier
après quartier (4 quartiers aujourd’hui traités sur les 33) et, s’il reste encore beaucoup à faire, un
cercle vertueux est manifestement engagé.
La ville a créé des outils spécifiques et originaux pour la mise en œuvre de cette politique : une
société a été créée, sorte de super SEM ou Etablissement Public, l ’ « EDU », Entreprise de
Développement Urbain, chargée de piloter tout le processus d’études, de concertation, et de
développement opérationnel des projets. Un cadre d’intervention a été défini pour chaque projet de
quartier, le « PUI », Projet Urbain Intégral, sorte de super schéma directeur urbain, social, technique,
culturel (le fameux projet global après lequel nous courrons depuis 30 ans dans notre politique de la
ville française…).
Le projet est élaboré dans le cadre d’une concertation très poussée avec les habitants des quartiers,
puis il est réalisé dans des délais très courts, 2 à 3 ans (cela peut nous faire rêver, en France !) pour
créer un choc de transformation, avec des investissements massifs et simultanés dans tous les
domaines ; ce choc, et la concertation très poussée, ont permis d’instaurer la confiance des habitants
dans les pouvoirs publics (ces quartiers étaient auparavant contrôlés par la mafia de la drogue, et les
pouvoirs publics, police incluse, ne pouvaient ni y pénétrer, ni y collecter d’impôts). Ces
investissements comportent la réalisation de tous les réseaux, et la création d’espaces publics, qui
faisaient défaut dans ces favelas, réalisations particulièrement complexes dans un tissu urbain
enchevêtré et des pentes allant jusqu’à 30 %. Les équipements culturels et sociaux réalisés sont de
très grande qualité, le leitmotiv de la ville étant de « donner le meilleur à ceux qui n’ont rien», et ces
équipements, « de quartier », feraient rêver beaucoup de nos municipalités comme équipements
« d’agglomération » : chacun des quartiers bénéficie d’une sorte de super « centre de quartier »,
avec, notamment, librairie, vidéothèque, ordinateurs avec wifi, salle de musique, salle de théâtre et
de concert. La qualité de l’architecture, des matériaux, des outils, de l’encadremen test très
impressionnante.
Mais, parmi la grande diversité des actions, la plus spectaculaire est le désenclavement : ces
quartiers, très éloignés du centre-ville et des zones d’emploi (Medellin est un pôle économique très
dynamique, où le taux de chômage est un des plus faibles d’Amérique latine) sont situés sur des
pentes très fortes, et des zones très urbanisées, et ne pouvaient donc pas être desservis par le métro
ou le bus. La ville a donc mis en place des solutions très originales (avec notamment l’aide financière
de l’AFD) : le « métro-câble », télécabines reliées au métro, et escaliers mécaniques, également reliés
au métro. Certains habitants ont pu ainsi passer d’un temps de transport domicile-travail de 2 heures
à ¼ heure. Ces systèmes de transports collectifs originaux, au service de l’inclusion urbaine et sociale,
font des émules en Amérique latine (Rio de Janeiro, Bogota, etc…)
Escalier
mécanique
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Métro câble
Ci-après, liens sur 2 émissions de France Culture (2 fois une heure) consacrées à Medellin à l’occasion
du Forum :
http://www.franceculture.fr/emission-villes-mondes-ville-mondes-medellin-escale-1-2014-03-30
http://www.franceculture.fr/emission-villes-mondes-ville-mondes-medellin-escale-2-2014-04-06
Barrio
Maison de quartier
et départ de l’escalier mécanique
Fresques réalisées par les habitants de la favela (barrio)
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Un centre social « librairie » et ses équipements
L’ACAD au FUM
Les enjeux pour l’ACAD
La présence de l’ACAD répond à plusieurs objectifs :
-
Jouer un rôle actif au sein du PFVT :
o Continuer à renforcer la visibilité de l’association et de nos consultants auprès des
prescripteurs français présents dans le PFVT : ministères, agences d’Etat,
collectivités, etc…
o Valoriser notre expertise dans le cadre de la construction d’une offre française à
l’international dans nos champs de compétence
o Renforcer nos liens avec les autres organisations professionnelles présentes au PFVT
(SFU, GRET, etc…)
-
Rechercher un accès direct à la commande auprès de maitres d’ouvrages étrangers
-
Créer des liens avec des réseaux professionnels étrangers
Modalités de la présence de l’ACAD
Participation à un « side event » sur les politiques comparées de réhabilitation des grands ensembles
en France et au Mexique, avec rédaction et présentation d’un powerpoint, en français et en
espagnol sur « les politiques de réparation des quartiers pauvres en France » (document ci-joint ou
sur le site de l’ACAD)
Diffusion en boucle sur le stand PFVT d’un film, sous-titré en anglais et espagnol présentant un
exemple d’intervention d’un consultant de l’ACAD, Arnaud Villar, sur la rénovation urbaine du
quartier du plan d’Aou à Marseille, comprenant une présentation de l’ACAD (film disponible sur le
site de l’ACAD)
Distribution de 400 plaquettes ACAD, en anglais, espagnol et français
Contacts avec prescripteurs, donneurs d’ordre, partenaires potentiels, notamment AFD, Commission
Européenne, Provive (entreprise mexicaine en recherche de partenariats) (30 cartes de visite
collectées)
Contacts avec consultants français intervenant à l’étranger, sollicités pour adhérer à l’ACAD
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Entretien des liens avec les membres du PFVT, par la présence sur le stand
Contribution au « networking event » du PFVT sur le thème de la maitrise d’ouvrage publique
(document déjà cité sur « les outils au service de la maitrise d’ouvrage publique en France », ci-joint
ou sur le site de l’ACAD)
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