Le Fort de Sainte-Marine Monument aujourd`hui dédié à des
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Le Fort de Sainte-Marine Monument aujourd`hui dédié à des
Le Fort de Sainte-Marine Monument aujourd’hui dédié à des activités tout-à-fait pacifiques au profit de la collectivité, le fort de Sainte-Marine n’en demeure pas moins une trace évidente de l’importance que le site de la Pointe a pu avoir dans le passé sur le plan militaire. Le contexte : la défense des côtes de la France après l’Empire Après les guerres de l’Empire, la défense des côtes de la France, longtemps négligée au profit des guerres terrestres, laissait à désirer. Le projet de tours modèles, initié en 1811 par Napoléon en vue d’y remédier, fut abandonné alors que quelques exemplaires seulement avaient été réalisés, sur les centaines initialement prévues. En outre, en 1817, la Restauration, devant les demandes insistantes des Anglais, accepta de démanteler les anciennes batteries qui, comme celle de Sainte-Marine (Ti Napoléon), jalonnaient les côtes. En 1841, de nouvelles tensions se faisant jour avec l’Angleterre, et face au relatif état d’abandon des défenses côtières, une commission mixte (artillerie, génie, marine) est mise en place et chargée d’étudier tous les problèmes relatifs à la défense des côtes. Elle doit présenter un travail complet sur l’armement « des côtes, de la Corse et des îles ». Après avoir effectué un inventaire complet de l’existant (sites et armements) la commission rendit un état des lieux assez consternant et conclut à la nécessité de rationaliser et d’uniformiser la défense des côtes. Pour ce qui est des bâtiments, s’appuyant sur les travaux de la commission de 1811, elle préconisa d’adopter des tours et réduits modèles. Ces ouvrages, placés en arrière des batteries dont ils constituaient le seul bâtiment, répondaient à trois types, sensés pouvoir faire face à tous les cas de figure en fonction des différentes configurations du terrain, ainsi répartis: - Type N° 1 pour 60 hommes et 12 canons, Type N° 2 pour 40 hommes et 8 canons, Type N° 3 pour 20 hommes et 4 canons. Accessoirement, la commission produisit également des plans type pour des redoutes modèles N° 1 (300 hommes) et 2 (200 hommes). Accessibles par un pont-levis franchissant le fossé, chacun de ces réduits comportait les logements du chef de poste, des canonniers, du gardien permanent (les ouvrages n’étaient armés qu’en cas de crise), et des magasins à poudre, d’artillerie et à vivres, une cuisine, un puits ou une citerne. Lorsque la batterie n’était pas armée, les pièces étaient remisées dans l’ouvrage. Les caractéristiques des réduits sont résumées dans le tableau ci-dessous (*) : Nombre de chambres Nombre d’hommes Nombre de canons Dimensions extérieures Type N° 1 3 60 12 14,97 x 23,98 Type N° 2 2 40 8 14,97 x 19,58 Type N° 3 2 20 4 10,97 x 13,18 Dimensions des 12 x 3,80 12 x 3,80 8 x 3,30 chambres Les matériaux utilisés pour la construction des réduits varient suivant les ressources locales, du granit breton au basalte de la Réunion, en passant par le calcaire et la brique. Entre 1846 et la fin des années 1860, entre 150 et 170 tours et réduits furent construits le long des côtes. Les départements du Finistère et du Morbihan, qui semblent être les mieux dotés en auraient compté chacun entre 25 et 30. En cours de réalisation du programme, des modifications seront apportées sur certains sites, portant sur les effectifs des troupes (30 ou 50 hommes) et sur les structures des ouvrages (murs et voûtes épaissis). Nombre d’ouvrages devenus inutiles parce qu’inopérants face aux nouvelles menaces, furent désarmés et déclassés. Certains furent désaffectés par la loi de 1888 et transférés à l’administration des Domaines, en vue d’être vendus, souvent à des particuliers. Dans les années 1980, d’autres ouvrages ont été cédés, mais les contraintes (notamment de la loi « littoral ») sont aujourd’hui telles qu’ils restent accessibles surtout à des acquéreurs institutionnels tels que les communes et conseils généraux, ou le conservatoire du littoral. (*) Ces dimensions, très théoriques, constituent une moyenne, et sont susceptibles de varier d’un ouvrage à l’autre ; ainsi le fort de la pointe de Combrit (type N° 1) présente des dimensions légèrement supérieures. Le réduit de batterie de côte de la pointe de Combrit (autrement nommé fort de Sainte-Marine) La décision de construire cet ouvrage à la pointe de Combrit est prise en 1861. Le terrain de 3 hectares environ est acheté par le ministère de la guerre, entre l’ancienne batterie côtière (dite aujourd’hui « Ti Napoléon ») et un terrain appartenant déjà à la Marine, où se trouvait le sémaphore. La construction du fort est aussitôt entreprise et se termine en 1862 (cette date est toujours visible au-dessus de la porte). Comme il a été dit plus haut, il se trouve dès sa mise en service inadapté au service pour lequel il a été construit. Il a probablement peu ou pas servi. Comme beaucoup de ses semblables il est déclassé avant la fin du XIX° siècle, probablement au début des années 1890, tout en restant dans le domaine militaire. Il connaît dès lors des utilisations diverses : - Dans les années 1890 et 1900, il abrite pendant au moins onze années deux familles combritoises ; En 1938 il est loué à l’association de l’auberge de jeunesse de Pont l’Abbé ; la guerre met fin à ce bail ; Après la guerre, il est occupé pendant un certain temps par l’école de voile de Sainte-Marine. Pendant la guerre il est bien évidemment occupé par les troupes allemandes qui le renforcent de quelques casemates dont certaines sont encore visibles. Le tout était destiné à interdire les approches de l’estuaire par voie de surface et à gêner les actions aériennes des Alliés contre les activités navales allemandes à Bénodet. Plus ou moins abandonné, il est mis en vente en 1990 et acquis par la commune de Combrit qui y fait effectuer dans les années suivantes de remarquables travaux de remise en état et de restauration. Il compte aujourd’hui parmi les ouvrages de ce type les mieux conservés, et dont la structure originelle n’a pas été modifiée de manière significative (le percement d’une deuxième porte dans le mur du fond, relativement récente, constitue probablement la plus importante modification de structure). -=-=-=-=-=-=-=-=On pénètre dans le fort par un pont fixe qui a remplacé le pont-levis d’origine (une partie du mécanisme de celui-ci est encore visible dans le vestibule. d’entrée). De part et d’autre du vestibule se trouvent les locaux initialement destinés à servir de logement au chef de poste d’une part, et de cuisine, d’autre part. Sous le vestibule se trouve la citerne destinée à la récupération des eaux de pluie (réserve d’eau de l’ouvrage), dont le trop plein est visible sous le pont. Suivent ensuite les trois salles voûtées qui servaient d’abri aux hommes. Dans la première, où l’emplacement de la porte qui donne accès au toit est visible, l’escalier qui y menait a été démonté pour des raisons de sécurité. Enfin les trois petites salles du fond servaient de magasins, notamment pour les munitions (les murs extérieurs de cette dernière tranche sont plus épais que ceux du reste de l’ouvrage, mais ce détail n’est pas visible). Il est à noter enfin que l’emplacement des canons ne se trouvait pas sur le toit, contrairement à ce que d’aucuns croient, mais en arrière de l’ouvrage, côté sud, là où la banquette qui les protégeait est toujours visible. Réduit modèle 1846 de la pointe de COMBRIT (Type N° 1 pour 60 hommes)