Chapitre 2.2.6.
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Chapitre 2.2.6.
CHAPITRE 2.2.6. PARATUBERCULOSE (Maladie de Johne) RÉSUMÉ La paratuberculose (Maladie de Johne) est une entérite chronique des ruminants causée par Mycobacterium avium subsp paratuberculosis (M. paratuberculosis) (34). Identification de l’agent pathogène : Le diagnostic de la paratuberculose est divisé en deux parties : le diagnostic de la maladie clinique et la détection de l’infection subclinique. La dernière est essentielle pour le contrôle de la maladie sur le terrain, au niveau national ou international. Le diagnostic de la paratuberculose repose sur les signes cliniques confirmés par la mise en évidence de M. paratuberculosis dans les fèces par microscopie, par culture ou par l’utilisation de sondes ADN et la réaction d’amplification en chaîne par polymérase (PCR). Le diagnostic est fait à l’autopsie par la découverte de lésions pathognomoniques de la maladie dans les intestins, soit macroscopiques avec la démonstration d’organismes acido-alcoolo-resistants typiques sur frottis des lésions soit histologiquement et par isolement de M. paratuberculosis en culture. La détection de l’infection subclinique repose sur la détection d’anticorps spécifiques par sérologie, ou la culture de M. paratuberculosis à partir des fèces ou des tissus récoltés à l’autopsie, ou la démonstration de la réponse à médiation cellulaire par l’utilisation de la recherche de l’interféron gamma. Le choix de l’épreuve dépend des circonstances et du degré de sensibilité requis au niveau individuel ou du troupeau. La culture de M. paratuberculosis peut être obtenue à partir des fèces ou des tissus, après traitement pour éliminer les contaminants, par inoculation sur des milieux artificiels avec et sans le facteur de croissance spécifique, la mycobactine, qui est essentielle pour la croissance de M. paratuberculosis. Épreuves sérologiques : Le problème le plus important dans le contrôle de la paratuberculose est la difficulté de détecter les ruminants ayant une infection subclinique. Les épreuves sérologiques communément utilisées pour la paratuberculose chez les bovins sont la fixation du complément (FC), la réaction immuno-enzymatique (ELISA) et l’immunodiffusion en gélose. La sensibilité et la spécificité sont souvent déterminées par référence aux résultats de la culture des fèces, qui a une sensibilité inconnue chez les bovins infectés subcliniquement. Quand elles sont utilisées pour confirmer le diagnostic de la paratuberculose chez des vaches ayant des signes cliniques typiques, certaines épreuves, par exemple le test de FC et l’ELISA absorbée, sont très performantes. Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique : Les vaccins contre la paratuberculose peuvent être des bactéries vivantes atténuées ou tuées. Soit un adjuvant est incorporé dans les vaccins, soit ils sont lyophilisés et mis en présence d’un adjuvant lors de la reconstitution. La numération des bactéries est difficile et le contenu bactérien des vaccins peut être basé sur le poids, tandis que l’activité du vaccin peut être évaluée par l’analyse des lots en sensibilisant des cobayes. La sécurité des vaccins ou une toxicité anormale peuvent aussi être testées chez les cobayes. Pour les épreuves cutanées, la tuberculine aviaire et la johnine sont des dérivés protéiques purifiés (PPD pour Purified Protein Derivatives) d’une culture de M. paratuberculosis ou de M. avium traitée par la chaleur, respectivement. Pour ce qui est du contenu en PPD, la johnine est standardisée par essai chimique et son activité biologique est identifiée chez des cobayes sensibilisés avec M. paratuberculosis. L’activité de la tuberculine aviaire est déterminée chez des cobayes sensibilisés avec M. avium par comparaison avec une préparation de référence calibrée en unités internationales. 390 Manuel terrestre de l’OIE 2005 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) A. INTRODUCTION Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis (M. paratuberculosis) est un organisme d’abord observé par Johne et Frothingham en 1895. M. paratuberculosis cause la paratuberculose ou maladie de Johne, une infection intestinale granulomateuse. D’abord reconnue chez les bovins puis chez les moutons et plus tard chez les chèvres, la paratuberculose est trouvée le plus souvent chez les ruminants domestiques et sauvages et sa distribution est mondiale. La maladie a aussi été rapportée chez les chevaux, les porcs, les cerfs et les alpagas et récemment chez les lapins, l’hermine, le renard et la belette (3, 10). Dans les conditions naturelles, la maladie chez les bovins s’étend par ingestion de M. paratuberculosis à partir de l’environnement contaminé. La maladie persiste après l’introduction d’animaux infectés. L’infection peut se propager verticalement au fœtus (16) et les spermatozoïdes peuvent être infectés par l’organisme (31). La source primaire de l’infection chez les veaux est le lait de vaches infectées ou le lait qui est contaminé par les fèces de bovins malades. L’identification de M. paratuberculosis repose sur son besoin en mycobactine et sa pathogénicité chez l’hôte. La dépendance en mycobactine a longtemps été utilisée comme un caractère taxonomique pour M. paratuberculosis car la plupart des mycobactéries sont capables de fabriquer de la mycobactine par eux-mêmes. Cependant, Mycobacterium paratuberculosis, M. silvaticum et certains isolements primaires de M. avium n’ont pas cette capacité, et ils exigent de la mycobactine pour se développer au laboratoire. Aussi, l’exigence en mycobactine n’est pas limitée à M. paratuberculosis ; cette caractéristique existe à différents degrés au sein du groupe M. avium (33). Les signes cliniques de la paratuberculose sont un amaigrissement lent et progressif et une diarrhée, qui est d’abord intermittente, devenant progressivement plus sévère jusqu’à être constamment présente chez les bovins (9). La diarrhée est moins commune chez les petits ruminants. Les lésions précoces surviennent dans les parois de l’intestin grêle et les nœuds lymphatiques mésentériques drainant, l’infection étant limitée à ces sites pendant cette phase. Comme la maladie progresse, des lésions macroscopiques apparaissent dans l’iléon, le jéjunum, l’intestin grêle terminal, le caecum et le colon, et dans les nœuds lymphatiques mésentériques. M. paratuberculosis est présent dans les lésions et dans tout le corps, à la phase terminale. Les lésions intestinales sont responsables d’une perte de protéine et d’un syndrome de malabsorption des protéines, qui conduit à une fonte musculaire. Les signes cliniques apparaissent habituellement d’abord chez les jeunes adultes, mais la maladie peut apparaître chez l’animal à n’importe quel âge pendant 1 à 2 ans. Quelques semaines après l’infection, une phase de multiplication de M. paratuberculosis commence dans les parois de l’intestin grêle. Suivant la résistance de l’individu, l’infection est éliminée ou l’animal reste infecté comme porteur sain. La proportion des animaux dans cette catégorie est inconnue. Une phase plus tardive de multiplication des organismes chez une partie des porteurs conduit à l’extension des lésions, à des troubles du métabolisme de l’intestin et à des signes cliniques de la maladie. Les porteurs d’infection subclinique excrètent un nombre variable de M. paratuberculosis dans les fèces. Dans la plupart des cas, un plus grand nombre d’organismes est excrété du fait du développement de la maladie clinique. L’hypersensibilité de type retardé (HSR) est détectable précocement au cours de l’infection et reste présente dans une proportion de porteurs infectés subcliniquement, mais comme la maladie progresse, l’HSR diminue et peut être absente dans les cas cliniques. Les anticorps sériques sont détectables plus longtemps que l’HSR. Ils peuvent aussi être présents chez les porteurs guéris. Les anticorps sériques sont présents plus constamment et ont des titres plus élevés quand les lésions deviennent plus étendues, reflétant la quantité d’antigène présente. Chez les moutons, il peut y avoir une réponse sérologique détectable dans les cas cliniques. D’autres maladies et infections mycobactériennes, incluant la tuberculose bovine et aviaire, provoque une HSR et la présence d’anticorps sériques. Il s’ensuit donc que ces maladies ont besoin d’être différenciées de la paratuberculose et de l’infection à M. paratuberculosis, cliniquement et par l’emploi d’épreuves de diagnostic spécifiques. L’exposition aux mycobactéries saprophytes de l’environnement peut aussi sensibiliser le cheptel, avec pour conséquence une réaction HSR non spécifique. Les animaux vaccinés contre la paratuberculose développent une HSR et des anticorps sériques. La vaccination est une aide à la prévention de la maladie clinique, mais ne prévient pas nécessairement l’infection. Elle interfère aussi avec les programmes de diagnostic et de contrôle de la tuberculose bovine. Aussi, s’il est nécessaire de faire un diagnostic de l’infection chez les animaux vaccinés, seules les épreuves pour détecter M. paratuberculosis dans les fèces peuvent être utilisées (14). Chez les animaux individuels, surtout dans une ferme dans laquelle la maladie n’a pas encore été diagnostiquée, un essai de diagnostic clinique doit être confirmé par des épreuves de laboratoire. Cependant, un diagnostic définitif ne peut être garanti sur des signes cliniques seuls que si ceux-ci sont typiques et s’il est établi que la Manuel terrestre de l’OIE 2005 391 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) maladie est présente dans le troupeau. La confirmation de la paratuberculose dépend de la découverte soit de lésions macroscopiques avec démonstration d’organismes acido-alcoolo-résistants typiques sur un frottis, soit dans des lésions microscopiques pathognomoniques et l’isolement en culture de M. paratuberculosis. B. TECHIQUES DE DIAGNOSTIC Pour diagnostiquer la présence de paratuberculose chez un animal individuel cliniquement suspect, un certain nombre d’épreuves de laboratoire peut être utilisé comprenant : des frottis sur fèces, la culture de tissu et de fèces, les sondes ADN utilisant des fèces ou des tissus, la sérologie, l’autopsie et l’histologie. Les tests sur troupeaux pour détecter l’infection subclinique sont effectués pour déterminer la prévalence de l’infection, habituellement afin des mesures de contrôle soient instituées. Comme aucune épreuve n’est sensible ou spécifique à 100 %, le contrôle de la maladie au moyen de réagissants positifs dépend de la répétition des épreuves à 6 mois ou 1 an d’intervalle sur un certain nombre d’années et l’élimination des réagissants aux épreuves sérologiques ou à l’excrétion fécale ; l’élimination de la descendance des femelles réagissantes est aussi considérée comme très prudente. Toutefois, même ces procédés ne sont pas toujours couronnés de succès sans changement dans l’hygiène et la conduite du troupeau afin de réduire la transmission de l’infection au sein du troupeau (2). 1. Identification de l’agent pathogène a) Autopsie La paratuberculose ne peut pas être diagnostiquée sur un examen superficiel des intestins pour observer des signes d’épaississement. Les intestins doivent être ouverts du duodénum au rectum pour exposer la muqueuse. Il n’y a pas de corrélation étroite entre la sévérité des signes cliniques et l’étendue des lésions intestinales. La muqueuse, surtout celle de l’iléon terminal, est inspectée pour la corrugation et l’épaississement pathognomonique. Les lésions précoces sont observées en maintenant l’intestin à la lumière, quand des plaques discrètes peuvent être visualisées. Les nœuds lymphatiques mésentériques peuvent être hypertrophiés et oedémateux. Les frottis de la muqueuse affectée et les sections des nœuds lymphatiques doivent être colorés par la méthode de Ziehl-Neelsen et examinés au microscope pour les organismes acido-alcoolo-résistants, qui ont la morphologie caractéristique de M. paratuberculosis. Cependant, les organismes acido-alcoolo-résistants ne sont pas présents dans tous les cas. Le diagnostic est donc mieux confirmé par la récolte de multiples échantillons de paroi intestinale et de nœuds lymphatiques mésentériques fixés (solution de formol à 10 %) pour l’histologie. Les sections colorées par l’haematoxylin-éosine et les sections colorées par le Ziehl-Neelsen doivent être examinées. Les lésions pathognomoniques consistent en l’infiltration de la lamina propria, les plaques de Peyer et le cortex des nœuds lymphatiques mésentériques avec de nombreuses cellules épithélioïdes de coloration pâle et des cellules géantes de Langhans multinuclées dans lesquelles des bacilles acido-alcoolo-résistants disposés en amas ou isolés sont habituellement, mais pas toujours, trouvés. Les cellules géantes de Langhans ne sont pas rares et contiennent quelques organismes. Les lésions chez les moutons et les chèvres sont semblables à celles observées chez les bovins. Souvent, il y a seulement un léger épaississement et une inflammation de la muqueuse, mais parfois des nodules de caséification et de calcification se forment dans l’intestin et les nœuds lymphatiques associés. L’hypertrophie des nœuds lymphatiques mésentériques est observée chez l’alpaca. Quelque fois la forme pigmentée de la paratuberculose est observée chez le mouton. b) Bactériologie (microscopie) Les frottis de fèces colorés par la coloration de Ziehl-Neelsen sont examinés au microscope. Un diagnostic de paratuberculose peut être fait si des amas (3 organismes ou plus) de bacilles petits (0,5 à 1,5 µm) fortement acido-alcoolo-resistants sont trouvés. La présence de bacilles acido-alcoolo-resistants isolés en absence d’amas n’indique pas un diagnostic définitif. Les désavantages de cette épreuve sont que seulement environ 1/3 des cas peuvent être confirmés sur l’examen microscopique d’un seul échantillon de fèces. c) Bactériologie (culture) L’infection à Mycobacterium paratuberculosis implique principalement la partie basse de l’intestin grêle et le caecum adjacent. Les organismes Mycobacterium paratuberculosis sont beaucoup plus nombreux que les autres bactéries dans les spécimens de fèces et de tissu intestinal. 392 Manuel terrestre de l’OIE 2005 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) Les colonies primaires de M. paratuberculosis peuvent apparaître n’importe quand de 5 à 14 semaines 1 après l’inoculation. Les colonies primaires sur le milieu de Herrold contenant de la mycobactine sont très petites (1 mm de diamètre) incolores, translucides et hémisphériques. Leurs bords sont ronds et uniformes, et leurs surfaces sont lisses et brillantes. Les colonies deviennent plus opaques et augmentent en taille (4 ou 5 mm) quand l’incubation continue. La morphologie des colonies change avec l’âge de lisse à rugueuse et d’hémisphérique à mamelonnée (32). Rare, la souche de mouton pigmentée jaune brillant se développe difficilement sur milieu artificiel. Il a été rapporté que les souches de mouton non pigmentées poussaient moins bien que les souches de bovin, et aucune culture ne doit être éliminée comme négative sans une incubation prolongée. Pour l’identification de M. paratuberculosis, un petit inoculum de colonies suspectes doit être repiqué sur le même milieu avec et sans mycobactine, pour mettre en évidence la dépendance en mycobactine (l’épreuve n’est pas valable si un grand nombre de bacilles est présent). Deux méthodes basiques sont utilisées pour la culture de M. paratuberculosis à partir d’échantillons cliniques : la méthode utilisant l’acide oxalique et la soude pour la décontamination et le milieu de Lowenstein-Jensen pour la culture, et la méthode utilisant le CCP (chlorure de cétylpyridinium) pour la décontamination en combinaison avec le milieu de Herrold pour la culture. Les deux milieux contiennent de la mycobactine. • Milieux Exemples de milieux appropriés : i) Milieu de Herrold au jaune d’œuf avec mycobactine (19) Pour 1 litre de milieu : 9 g de peptone ; 4,5 g de chlorure de sodium ; 2,7 g d’extrait de bœuf ; 27 ml de glycérine ; 4,1 g de pyruvate de sodium ; 15,3 g de gélose ; 2 mg de mycobactine ; 870 ml d’eau distillée ; 6 jaunes d’œuf (120 ml) ; et 5,1 ml d’une solution aqueuse de vert malachite à 2 %. Mesurer les 6 premiers ingrédients et les dissoudre par chauffage dans l’eau distillée. Ajuster le pH du milieu liquide à 6,9-7,0 en utilisant de la soude à 4 % et tester pour s’assurer que le pH de la phase solide soit de 7,2 à 7,3. Additionner la mycobactine dissoute dans 4 ml d’alcool éthylique. Autoclaver à 2 121°C pendant 25 min. Refroidir à 56°C et ajouter aseptiquement les 6 jaunes d’œuf stériles et la solution de vert malachite stérile. Agiter doucement et distribuer dans des tubes stériles Il est possible d’additionner 50 mg de chloramphénicol, 100 000 d’unités de pénicilline et 50 mg d’amphotéricine B. ii) Milieu de Dubos modifié (28) Pour 1 litre de milieu : 2,5 g d’acides casamine Difco ; 0,3 g d’asparagine ; 2,5 g de phosphate disodique anhydre ; 1 g de phosphate monopotassique ; 1,5 g de citrate de sodium ; 0,6 g de sulfate de magnésium cristallisé ; 25 ml glycérine ; 50 ml d’une solution à 1 % de Tween 80 ; et 15 g de gélose. Dissoudre chaque sel dans l’eau distillée avec un minimum de chauffage et compléter à 800 ml. Ajouter la mycobactine en solution alcoolique à 0,05 % (2 mg dissout dans 4 ml d’alcool éthylique) chauffer le milieu à 100°C à la vapeur, et ensuite stériliser par autoclavage à 115°C pendant 15 min. Refroidir à 56°C dans un bain d’eau, ajouter les antibiotiques (100 000 U de pénicilline ; 50 mg de chloramphénicol ; et 50 mg d’amphotéricine B et le sérum (200 ml de sérum bovin stérilisé par filtration à travers un filtre Seitz « EX » et inactivé par la chaleur à 56°C pendant 1 h). Le milieu est conservé parfaitement mélangé et ensuite distribué dans des tubes stériles. Un avantage de ce milieu est qu’il est transparent ce qui facilite la détection précoce des colonies 1 2 iii) Milieux de Middlebrook 7H9, 7H10 et 7H11 (Difco) et milieu 7H12 Bactec enrichis avec de la mycobactine dans la même proportion que pour le milieu de Herrold peuvent aussi être utilisés. L’avantage de ces milieux est qu’ils sont transparents ce qui facilite la détection précoce des colonies. iv) Milieu de Löwenstein-Jensen avec ou sans mycobactine (13). La mycobactine peut être obtenue commercialement (mycobactine J) auprès de Allied Monitor, P.O. Box 71, 201 Golden Drive, Fayette, MO 65248, États-Unis d’Amériques, ou de la Société Synbiotics, 299 av. Jean Jaurès, 69007 Lyon, France. Utiliser des œufs frais de moins de 2 jours d’un élevage qui n’a pas reçu d’antibiotiques. Avec une brosse, frotter les œufs avec de l’eau contenant un détergent. Rincer avec de l’eau et mettre les œufs dans de l’alcool à 70° pendant 30 min. Sécher entre 2 serviettes stériles. Avec des pinces stériles, casser une extrémité de la coquille de l’œuf, faire un trou d’environ 10 mm, et enlever le blanc d’œuf avec les pinces et par gravité. Agrandir le trou et casser le jaune. Mélanger les jaunes d’œuf en faisant tournoyer les pinces et enlever le sac du jaune. Verser les jaunes d’œufs mélangés dans le milieu. Manuel terrestre de l’OIE 2005 393 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) • Préparation de l’échantillon Bien que la culture fécale soit techniquement difficile et longue à réaliser, c’est encore une bonne méthode pour le diagnostic de la paratuberculose chez les animaux vivants. C’est la seule épreuve qui ne donne pas de résultats faussement positifs (100 % de spécificité). Elle détectera des animaux infectés de 6 mois ou plus avant qu’ils ne développent des signes cliniques, et pendant la phase clinique sa sensibilité approche 100 %. • Procédé pour les échantillons de tissu Les conservateurs chimiques ne doivent pas être utilisés. Les tissus peuvent être congelés à –20°C. Pour éviter les contaminations, les fèces doivent être rincés à partir des portions du tractus digestif avant l’envoi au laboratoire. i) Digestion des tissus Approximativement 4 g de muqueuse de la valvule iléo-cæcale ou 4 g de nœuds lymphatiques mésentériques sont placés dans un mixeur stérile contenant 50 ml de trypsine (2,5 %). Le mélange est ajusté à la neutralité en utilisant de la soude à 4 % et un papier pH, et agité pendant 30 min à la température du laboratoire sur un agitateur magnétique. Le mélange digéré est filtré sur une gaze. Le filtrat est centrifugé à approximativement 2 000 à 3 000 g pendant 30 min. Le surnageant liquide est décanté et mis de côté. ii) Décontamination de l’inoculum Le culot est remis en suspension dans 20 ml de CCP à 0,75 % et maintenu sans remuer pendant 18 h à la température du laboratoire. Les particules qui se déposent dans le fond du tube vont être utilisées comme inoculum et prélevées à la pipette sans remuer le surnageant liquide. D’autres méthodes de décontamination peuvent être utilisées, tel que le traitement avec l’acide oxalique à 5 %. iii) Inoculation des milieux de culture et incubation Approximativement 0,1 ml d’inoculum est transféré sur chacune des 3 pentes du milieu de Herrold contenant de la mycobactine et 1 pente de milieu de Herrold sans mycobactine. L’inoculum est distribué uniformément sur la surface des pentes. Les tubes sont laissés dans une position inclinée à 37°C pendant environ 1 semaine avec les capsules à vis desserrées. Les tubes sont remis dans une position verticale quand l’humidité des pentes s’est évaporée. Les capsules sont resserrées et les tubes sont placés dans des paniers dans une étuve à 37°C. Les œufs dans le milieu de Herrold contribuent, grâce à suffisamment de phospholipides, à neutraliser l’activité bactéricide du CCP résiduel de l’inoculum. Les autres milieux (Dubos modifié et Middlebrook) n’ont pas cette propriété. D’autres traitements peuvent être utilisés pour la décontamination des échantillons, par exemple l’acide oxalique à 5 %. Le CCP est relativement inefficace dans le contrôle du développement des contaminants fungiques. Merkal & Richards ont montré que l’amphotéricine B (fungizone) (22) permet de contrôler efficacement l’envahissement fungique des milieux inoculés. La fungizone peut être incorporée dans le milieu de Herrold à une concentration finale de 50 µg par ml de milieu. En raison de la perte d’activité fungique, le stockage des milieux de Herrold contenant de la fungizone doit être limité à 1 mois à 4°C. Les pentes sont incubées pendant 15 à 20 semaines et observées toutes les semaines à partir de la 6e semaine. • Procédé pour les échantillons de fèces Aucun réfrigérant ou conservateur chimique n’est utilisé. Les échantillons de fèces peuvent être congelés à –70°C. i) Suspension et décontamination des fèces 1 g de fèces est transféré dans un tube de 50 ml contenant 20 ml d’eau distillée stérile. Le mélange est agité pendant 30 min à la température du laboratoire. Les particules les plus grosses sont décantées pendant 30 min 5 ml de la phase supérieure de la suspension de fèces sont transférés dans un tube de 50 ml contenant 20 ml de HPC. Le tube est retourné plusieurs fois pour assurer une distribution uniforme et maintenu sans remuer pendant 18 h à la température du laboratoire. ii) Inoculation des milieux de culture 0,1 ml de sédiment non agité est transféré sur chacune des 4 pentes de milieu de Herrold, 3 avec mycobactine et 1 sans mycobactine. Un frottis peut être réalisé à partir du sédiment et coloré par la méthode de Ziehl-Neelsen. iii) Incubation et observation des pentes La même que pour les échantillons de tissus. 394 Manuel terrestre de l’OIE 2005 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) Des variations dans les méthodes ci-dessus ont été décrites (4, 15, 21, 24, 27, 38, 39). La sensibilité de la culture peut être améliorée en utilisant des milieux liquides et la centrifugation plutôt que la sédimentation. La méthode de double incubation aide à la décontamination de l’inoculum (30). Une technique plus rapide pour l’isolement de M. paratuberculosis emploie un système de détection basé sur la radiométrie, le Bactec 460. La culture des mycobactéries est mesurée par la libération au cours du métabolisme bactérien du 14CO2 à partir du palmitate marqué. Cependant comme ce système est basé sur la radioactivité, il n’est pas utilisable dans certains laboratoires et a été supprimé progressivement dans d’autres. Récemment 3 autres méthodes rapides basées sur la fluorescence ont été introduites, le système Bactec 960, le système MGIT (Mycobacterial Growth Indicator Tube) (Becton Dickinson) et le système MBBact (Organon Technica). De sérieux problèmes ont été rencontrés, durant les expériences initiales au cours desquelles ces méthodes étaient testées sur des échantillons de fèces, dus à l’envahissement par d’autres bactéries (formes sporulées et champignons) ; cependant ces méthodes ont été mises au point et sont maintenant utilisées avec succès dans beaucoup de laboratoires. d) Sondes ADN Les sondes ADN sont développées ce qui permet de détecter M. paratuberculosis dans des échantillons et d’identifier rapidement des isolats bactériens (8, 20). Elles ont été utilisées pour distinguer M. paratuberculosis des autres mycobactéries, spécialement celles du groupe avium. McFadden et al ont identifié une séquence (17, 18), nommé IS900, qui est une séquence d’insertion spécifique pour M. paratuberculosis. Il a été rapporté qu’un petit nombre d’isolats autres que M. paratuberculosis ont donné des produits amplifiés de même taille que ceux attendus pour M. paratuberculosis. La digestion par une enzyme de restriction peut être appliquée à des produits IS900 positifs pour confirmer que leur séquence est compatible avec M. paratuberculosis (5). L’utilisation de l’IS900 comme sonde ADN pour l’identification de M. paratuberculosis dans les échantillons de fèces de bovins par amplification enzymatique de l’ADN utilisant la réaction d’amplification en chaîne par polymérase (PCR) a été décrite (36). Un test diagnostic commercialisé basé sur la détection des séquences IS900 suivant l’isolement de mycobactérie à partir d’échantillons de fèces et l’enrichissement d’une fraction d’ADN à partir des séquences IS900 par PCR a été développé. Le test est disponible sous la forme d’une 3 trousse de diagnostic appropriée pour l’utilisation dans les laboratoires. Il a une sensibilité diagnostic médiocre comparé à la culture fécale. Une autre trousse de diagnostic, PCR Adiavet Paratb, est maintenant 3 disponible . 2. Épreuves sérologiques Les épreuves sérologiques communément utilisées pour la paratuberculose chez les bovins sont la fixation du complément (FC), la réaction immuno-enzymatique (ELISA) et l’immunodiffusion en gélose (IDG) (29) correspondant à l’immunité humorale, et l’interféron gamma correspondant à l’immunité cellulaire. a) Le test de fixation du complément Le test de FC a été le test standard utilisé chez les bovins pendant de nombreuses années. Le test de FC donne de bons résultats chez les animaux cliniquement suspects, mais il n’a pas une spécificité suffisante pour permettre son utilisation sur l’ensemble du cheptel dans un but de contrôle. Néanmoins, il est souvent demandé par les pays qui importent des bovins. Des techniques variées du test de FC sont utilisées internationalement. Un exemple de microméthode pour réaliser la fixation du complément est donné ci-dessous : 3 i) L’antigène est un extrait aqueux de bactérie à partir duquel les lipides ont été éliminés (souche M. paratuberculosis 316F). M. avium D9 peut aussi être utilisée. ii) Tous les sérums sont inactivés dans un bain-marie à 60°C pendant 30 min et dilués à 1/4, 1/8, et 1/16. Un sérum témoin positif et un sérum témoin négatif doivent être inclus dans chaque plaque. Les témoins suivants sont aussi préparés : un témoin antigène, un témoin complément et un témoin du système hémolytique. iii) Reconstitué, le complément lyophilisé est dilué pour contenir 6 fois H50 (50 % d’hémolyse) comme il est calculé par titrage de l’antigène. iv) Les hématies de mouton ; 2,5 %, sont sensibilisées avec 2 unités de H100 d’hémolysine. v) Toutes les dilutions et réactifs sont préparés dans du tampon véronal calcium/magnésium ; un volume de 25 µl de chaque réactif est utilisé dans des plaques de microtitration à fond rond de 96 puits. Trousse de diagnostic Sonde ADN IDEXX pour la détection de M. paratuberculosis ou la trousse de diagnostic PCR paratb. Adiavet. Manuel terrestre de l’OIE 2005 395 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) b) vi) La première incubation est à 4°C pendant une nuit et la seconde incubation est à 37°C pendant 30 min. vii) Lecture et interprétation des résultats : les plaques peuvent être laissées pour sédimenter ou centrifugées et lues comme suit : 4+ = 100 % de fixation, 3+ = 75 % de fixation, 2+ = 25 % de fixation et 0 = hémolyse complète. Le titre du sérum testé est donné comme la réciproque de la dilution la plus élevée du sérum donnant 50 % de fixation. Une réaction de 2+ à 1/8 est considérée comme positive. Les résultats doivent être interprétés en relation avec les signes cliniques et autres observations du laboratoire. Méthode immuno-enzymatique L’ELISA est, à présent, l’épreuve la plus sensible et la plus spécifique pour les anticorps sériques de M. paratuberculosis. Sa sensibilité est comparable à celle de la fixation du complément dans les cas cliniques, mais est plus grande que celle de la fixation du complément chez les porteurs infectés subcliniquement. La spécificité de l’ELISA est augmentée par l’absorption des sérums par M. phlei. L’ELISA absorbé, étudié par Yokomizo et al (43, 44) et modifié par Milner et al (23) a été développé dans une trousse de diagnostic commercialisée par Cox et al (6). Cette trousse de diagnostic a été évaluée par Ridge et al (25), qui ont trouvé, chez les bovins, une sensibilité de 88,3 % dans les cas cliniques et de 48,8 % dans les cas subcliniques, et une spécificité de 99,8 % et chez les moutons, une sensibilité de 35 à 54 % et une spécificité de 98,2 à 98,5 %. Cependant, d’autres auteurs ont trouvé une sensibilité et une spécificité plus basses (40). L’ELISA absorbé combine la sensibilité de l’ELISA avec la spécificité additionnelle d’une étape d’absorption. Les sérums à être testés sont dilués avec du tampon contenant un antigène de M. phlei soluble avant d’être testés dans un ELISA indirect. Ce procédé élimine les réactions croisées des anticorps non spécifiques. Dans les premières versions, le sérum était absorbé avec M. phlei entier, qui était éliminé par centrifugation préalablement à l’épreuve. Une plaque de microtitration a été développée dans laquelle l’antigène de M. paratuberculosis est tapissé dans les 96 puits de la plaque. Les échantillons sont dilués dans un diluant contenant M. phlei pour éliminer les réactions croisées. Pendant l’incubation des échantillons dilués dans les puits sensibilisés, les anticorps spécifiques de M. paratuberculosis forment un complexe avec les antigènes qui tapissent les parois. Après lavage le matériel non fixé est éliminé des puits, l’immunoglobuline anti-bovin marquée à la peroxydase de raifort (HPRO) est ajoutée. Les réactions avec les immunoglobulines lient l’antigène à la phase solide. Le taux de conversion du substrat est proportionnel à la quantité d’immunoglobuline fixée. La couleur consécutive, mesurée (à 450 nm) avec un spectrophotomètre est proportionnelle à la quantité d’anticorps présent dans le sérum testé. L’antigène utilisé pour sensibiliser les plaques ELISA est disponible commercialement Une IgG anti-bovin marquée avec HRPO est utilisée comme conjugué. La solution chromogène du substrat est la benzidine tétraméthyl peroxyde hydrogène. Une solution de 0,5 M H2SO4 est utilisée pour stopper la réaction quand l’absorption du sérum témoin positif atteint un point prédéterminé. Plusieurs trousses de diagnostic ELISA absorbé sont t disponibles dans le commerce. La méthode et les matériels nécessaires, l’interprétation des résultats et des calculs sont entièrement décrits dans les instructions accompagnant la trousse de diagnostic commercialisée. Le procédé est le même que pour n’importe quel ELISA de routine. Les épreuves de dépistage sont habituellement réalisées dans un seul puits par sérum, mais sont peu fidèles et les épreuves de diagnostic doivent être réalisées dans des puits en double exemplaire. c) Épreuve d’immunodiffusion en gélose L’épreuve d’immunodiffusion en gélose est utile pour la confirmation de la maladie chez des bovins cliniquement suspects, des moutons et des chèvres (26). Plusieurs variations de la méthode sont utilisées. L’antigène employé est un extrait protoplasmique brut d’une souche de laboratoire M. avium 18 (formellement M. paratuberculosis 18) préparé par destruction des cellules dans une presse hydraulique. Les cellules brisées sont centrifugées à 40 000 g pendant 2 h pour éliminer les débris de parois cellulaire et la fraction surnageante est conservée et lyophilisée. Cet antigène est remis en suspension dans l’eau à une concentration de 10 mg/ml. L’agarose est dissoute dans du tampon barbital, à pH 8,6, contenant de l’azide de sodium, pour donner une concentration finale de l’agarose de 0,75 %. L’agarose peut être versée dans des boites de Petri ou sur des lames de verre. Les puits sont découpés suivant un modèle hexagonal. Les puits ont 4 mm de diamètre, 396 Manuel terrestre de l’OIE 2005 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) séparés par 4 mm, et la gélose doit avoir 3 à 4 mm de profondeur. L’antigène est déposé au centre des puits. Les sérums à tester, les sérums témoins négatif et positif sont déposés dans les puits périphériques en alternance. Les plaques sont incubées dans une chambre humide à température du laboratoire. Les gels sont examinés pour les lignes de précipitation après 24 et 48 h d’incubation. L’apparition d’une ou plusieurs lignes de précipitation clairement définies, montrant une identité avec celles du sérum témoin positif, avant ou à 48 h, constitue un résultat positif à l’épreuve. L’absence de ligne de précipitation est enregistrée comme un résultat négatif à l’épreuve. Des lignes non spécifiques peuvent apparaître. 3. Épreuves pour l’immunité cellulaire a) Recherche de l’interféron gamma L’essai repose sur la libération de l’interféron gamma à partir de lymphocytes sensibilisés pendant une période d’incubation de 18 à 36 h avec un antigène spécifique (tuberculine aviaire PPD [Purified Protein Derivatives], tuberculine bovine PPD ou la johnine) (42). La détection quantitative de l’interféron gamma bovin est effectuée avec un ELISA sandwich qui utilise 2 anticorps monoclonaux de l’interféron gamma bovin. La sensibilité et la spécificité peuvent être comparables à celles de l’épreuve cutanée à la tuberculine. Une épreuve de diagnostic commercialisée basée sur la détection de l’interféron gamma a été mise au point. La méthode, les matériels nécessaires, l’interprétation des résultats et les calculs sont entièrement 4 décrits dans les instructions accompagnant la trousse de diagnostic commercialisée . b) L’hypersensibilité de type retardé L’épreuve pour l’hypersensibilité de type retardé (HSR) est une mesure de l’immunité cellulaire, mais elle a une valeur limitée. L’épreuve est effectuée par une injection intradermique de 0,1 ml de tuberculine PPD 5 aviaire ou de johnine (la tuberculine aviaire et la johnine sont de sensibilité et spécificité comparables) dans un site tondu ou rasé, habituellement sur le côté du cou, au niveau du tiers moyen. L’épaississement de la peau est mesuré avec un pied à coulisse avant et à 72 h après l’injection. Une augmentation de l’épaississement de la peau de plus de 2 mm doit être considérée comme indiquant la présence de HSR. Il faut noter que les réactions positives chez les cervidés peuvent prendre la forme de plaques diffuses plutôt qu’une inflammation circonscrite et discrète, rendant ainsi la lecture de l’épreuve plus difficile. La présence de n’importe quelle protubérance doit être considérée comme positive chez une espèce. Cependant, la sensibilisation au complexe avium est répandue chez les animaux, et ni la tuberculine aviaire ni la johnine ne sont hautement spécifiques (12). Une épreuve de troupeau donne seulement une indication sur le nombre d’animaux sensibilisés et ne peut être utilisée que comme une épreuve préliminaire antérieure à l’initiation d’un programme de contrôle. C. SPÉCIFICATIONS APPLICABLES AUX VACCINS ET AUX PRODUITS BIOLOGIQUES À USAGE DIAGNOSTIQUE Vaccins : les vaccins utilisés contre la paratuberculose sont : vivants, atténués, incorporés à de l’huile et de la pierre ponce ; lyophilisés, vivants, atténués, qui peuvent être associés à un adjuvant, par exemple, de l’huile après reconstitution ; et des bactéries tuées par la chaleur. Les vaccins peuvent être préparés à partir d’une souche de M. paratuberculosis 316F ou 2E (Weybridge) ou M. paratuberculosis 3 et 5 ou II (souches canadiennes) ou les 3 souches peuvent être utilisées. L’information ci-dessous s’applique à un vaccin vivant atténué avec de l’huile et de la pierre ponce comme adjuvant (7, 35, 41). La vaccination peut déterminer une réaction au site de l’injection. La vaccination peut aussi interférer avec les programmes d’éradication basés sur l’élimination des animaux infectés et avec l’interprétation des épreuves cutanées de l’HSR pour la tuberculose bovine. Produits de diagnostic : La johnine PPD est une préparation d’un produit de culture traitée par la chaleur et lysée de M. paratuberculosis. La tuberculine aviaire PPD est une préparation d’un produit de culture traitée par la chaleur et lysée de M. avium D4ER ou TB 56. Les détails sur la tuberculine aviaire PPD sont dans le Chapitre 2.7.8., « Tuberculose aviaire ». Les 2 préparations sont utilisées, par injection intradermique, pour révéler l’HSR comme un moyen d’identifier les animaux infectés ou sensibilisés avec M. paratuberculosis. Les lignes directrices pour la production des vaccins vétérinaires sont données dans le Chapitre I.1.7., « Principes de fabrication des vaccins à usage vétérinaire ». Les lignes directrices données ici et dans le 4 5 Trousse de diagnostic interféron gamma M. paratuberculosis, CSL Limited (veterinary), 45 Poplar Road, Parkville, Victoria 3052, Australie. La tuberculine aviaire peut être obtenue auprès de VLA Weybridge, New Haw, Addlestone, Surrey KT15 3NB, Royaume-Uni, ou de la Société Synbiotics, 299 av. Jean Jaurès, 69007 Lyon, France. Manuel terrestre de l’OIE 2005 397 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) Chapitre I.1.7. sont destinées à être générales dans la nature et peuvent être complétées par des exigences nationales ou régionales. 1. Gestion des semences bactériennes a) Caractéristiques de la semence bactérienne Vaccin : les souches de la semence doivent être d’un type courant, qui peut être vérifié par analyse génétique ou biotypage. Elles doivent avoir démontré leur innocuité quand elles sont administrées par la voie recommandée pour la vaccination destinée aux espèces cibles. Johnine : Les souches de M. paratuberculosis utilisées pour préparer la culture des germes doivent être identifiées par des tests génétiques ou de biotypage. Elles doivent être exemptes d’organismes contaminants. b) Méthode de culture Vaccin : la culture de la semence peut être faite sur des pentes de pommes de terre partiellement immergées dans un milieu approprié, tel que le milieu synthétique de Reid6 (37). Les cultures peuvent être stockées lyophilisées. Les cultures actives sont normalement incubées à 37°C. Johnine : Le substrat de la culture doit être capable de produire un produit exempt de substances connues pour provoquer des réactions toxiques ou allergiques. Un milieu approprié pour la culture de la semence est celui de Reid, solidifié avec 1,75 % de gélose, dans des tubes à vis. Les cultures peuvent aussi être stockées lyophilisées. c) Validation de la semence candidate comme semence vaccinale Vaccin : Des tests de pureté doivent être effectués sur les cultures de la semence et la récolte finale par des frottis colorés. Le vaccin doit être utilisé comme une partie d’un programme de contrôle et il ne permet pas à lui-même de donner une protection complète contre la maladie causée par M. paratuberculosis (41). Il y a habituellement un bon contrôle de la maladie clinique, mais l’infection subclinique persiste chez les troupeaux vaccinés, quoique à un niveau réduit. Le vaccin doit être administré aux animaux seulement au début de leur vie, ex. chez les veaux au cours du premier mois. Il doit être inoculé par voie sous-cutanée et il provoque un petit œdème inflammatoire. Celui-ci est graduellement remplacé par un nodule froid, indolore, fibrocaséeux, qui varie en taille et qui peut persister pendant des années. La vaccination a été utilisée pour contrôler la maladie chez les moutons et les chèvres, y compris chez les plus vieux animaux. Pour obtenir les meilleurs résultats d’une campagne de vaccination, des mesures coordonnées de contrôle de la maladie doivent également être mises en place. L’utilisation des vaccins peut interférer avec le résultat des épreuves cutanées pour la tuberculose et ceci doit être rappelé quand un programme de contrôle est planifié (11). Johnine : Les cultures doivent être vérifiées par des frottis colorés pour la présence d’organismes contaminants. Pour tester la non sensibilisation, 3 cobayes qui n’ont pas été préalablement traités avec un quelconque produit pouvant interférer avec l’épreuve, sont injectés par voie intradermique à trois reprises à 5 jours d’intervalle avec 0,01 mg de la préparation sous un volume de 0,1 ml. Chaque cobaye, de même que chacun des 3 témoins qui n’ont pas été injectés antérieurement, est injecté par voie intradermique 15 à e 21 jours après la 3 injection avec la même dose de la même johnine. Les réactions des 2 groupes de cobayes ne doivent pas être significativement différentes quand elles sont mesurées 24 à 48 h plus tard. 6 398 L-Asparagine, 5,0 g Phosphate monopotassique (KH2PO4, anhydre), 2,0 g Sulfate de Magnésium (MgSO4-7H2O), 1,0 g Citrate d’Ammonium ([NH4]3C6H5O7), 2,0 g Chlorure de Sodium, 2,0 g Citrate de fer ammoniacal, 0,075 g Dextrose monohydraté B.P., 10 g Glycérol B.P., (48 ml), 60 g Eau distillée qsp 1000 ml pH (non ajusté), 5,6-5,8 Quand c’est nécessaire, le milieu ci-dessus est solidifié par l’addition de 1,5 % d’agarose (Difco). Stérilisé à 121°C pendant 15 min Manuel terrestre de l’OIE 2005 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) 2. Méthode de fabrication Vaccin : Pour les lots de vaccin, les organismes peuvent être cultivés sur un milieu synthétique liquide, tel que le milieu synthétique de Reid. Les organismes poussent en formant une pellicule à la surface du liquide. Pour garantir une bonne surface, il est pratique d’utiliser des récipients tels que des flacons coniques contenant un tiers de leur volume nominal de milieu liquide. Ces flacons peuvent être ensemencés directement à partir des milieux de culture à la pomme de terre, mais avec certaines souches, un ou plusieurs passages sur milieu liquide peuvent être nécessaires pour assurer la culture d’une pellicule adéquate pour le passage final du lot de vaccin. De tels passages doivent habituellement pendre place à 2 semaines d’intervalle car des périodes plus longues peuvent aboutir à une sur-maturation et au coulage de la pellicule. L’incubation se fait à 37°C. Pour préparer le vaccin, la croissance en pellicule à partir de cultures vieilles de 2 semaines de chaque souche incluse peut être séparée du milieu liquide par décantation, filtration et pression entre des tampons de papier filtre. La culture humide de M. paratuberculosis est mélangée à un adjuvant, tel que la paraffine liquide, l’huile d’olive et la pierre ponce (7). Johnine : La johnine pour l’épreuve de diagnostic cutanée est une PPD préparée à partir d’une ou plusieurs souches de M. paratuberculosis (disponibles à Weybridge ou au CDI, Lelystad, Pays-Bas). Elle peut être préparée par la méthode suivante. Les souches de M. paratuberculosis sont cultivées en pellicule sur milieu liquide de Reid. Les cultures pour la production sont habituellement inoculées à partir d’ensemencement sur culture liquide plutôt que directement à partir d’ensemencement sur milieu solide (milieu synthétique de Reid). Les cultures pour la production sont incubées à 37°C pendant 10 semaines. A la fin de la période d’incubation, le milieu de culture a un pH d’environ 5 ; peu ou pas de johnine sera obtenu à moins que le pH ne soit augmenté, à environ 7,3 avant chauffage à la vapeur, en utilisant de la soude. Après mélange minutieux, les cultures sont chauffées à la vapeur pendant 3 h. Le volume des organismes tués est enlevé par filtration grossière et le filtrat est clarifié par plus de filtration. La protéine dans le filtrat est précipitée chimiquement avec de l’acide trichloracétique à 40 %, lavée, et redissoute (solvant alcalin). Le produit est stérilisé par filtration. Un conservateur antibactérien qui ne donne pas lieu à des réactions faussement positives, tel que le phénol (moins de 0,5 % [w/v]), peut être ajouté. De la glycérine (moins de 10 % [w/v]) peut être ajoutée comme stabilisateur. Le produit est distribué aseptiquement dans des récipients en verre stérile, qui sont ensuite scellés. 3. Contrôles en cours de fabrication Vaccin : La croissance adéquate et la pureté de la culture doivent être vérifiées. La présence d’organismes contaminants peut être détectée par les tests de stérilité conventionnels sur les récoltes. Les tests pour les mycobactéries pathogènes sont effectués par injection de la culture humide, prise avant son mélange avec un adjuvant et dilué 10 fois dans du sérum physiologique, à 2 cobayes, chacun recevant 1 ml. Ils sont observés pendant 8 semaines, sacrifiés humainement et examinés pour des lésions anormales. Johnine : Après la filtration finale la stérilité de chaque filtrat de la solution de PPD est contrôlée. Les filtrats stériles sont analysés pour le contenu en protéine par la méthode de Kjeldahl (1). Le contenu en protéine est ajusté pour donner entre 0,475 et 0,525 mg/ml de protéine dans le produit final. Le pH est ajusté entre 6,5-7,5. 4. Contrôle des lots a) Stérilité Les tests de stérilité et d’absence de contamination peuvent être trouvés dans le Chapitre I.1.5., « Contrôle de la stérilité ou de l’absence de contamination des matériels biologiques ». Les organismes du vaccin ne poussent pas normalement à un niveau détectable dans les tests conventionnels de stérilité. b) Innocuité Vaccin : Ces tests sont normalement réalisés chez des animaux de laboratoire, bien que les tests multidoses chez les animaux cibles seraient aussi satisfaisants. Un test sur l’animal de laboratoire type serait comme suit. Pour un lot acceptable de vaccin, deux cobayes sont inoculés, par voie sous-cutanée, avec une fraction de la dose bovine prédéterminée pour donner un nodule mais pas de nécrose manifeste au site d’injection. Les animaux sont observés pendant 8 semaines, sacrifiés humainement et examinés pour les lésions anormales. Manuel terrestre de l’OIE 2005 399 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) Johnine : 2 cobayes doivent être inoculés par voie sous-cutanée avec 0,5 ml de johnine à tester. Aucune lésion systémique locale significative ne doit être observée pendant 7 jours (1). Les tests sur la johnine pour les mycobactéries vivantes peuvent être réalisés soit sur du matériel immédiatement avant qu’il soit distribué dans les derniers récipients, soit sur des échantillons pris à partir des derniers récipients eux-mêmes. Un échantillon d’au moins 10 ml doit être prélevé, et doit être injecté par voie intrapéritonéale ou sous-cutanée à au moins 2 cobayes, en divisant le volume à tester à parties égales entre les cobayes. Il est souhaitable de prendre un échantillon plus important, à savoir 50 ml, et de concentrer les mycobactéries résiduelles par centrifugation ou par filtration sur membrane. Les cobayes sont observés pendant au moins 42 jours et des examens post mortem sont effectués. Les lésions macroscopiques sont examinées au microscope et par culture. c) Activité Vaccin : Comme les tests de protection apparaissent peu réalistes, un test de capacité sensibilisante peut être utilisé. Il peut être comparé au contenu bactérien basé sur le poids. Un test type doit être comme suit : les cobayes sont sensibilisés par injection intramusculaire de 0,5 ml d’une solution au 1/100 du vaccin à tester dans de la paraffine liquide. Les épreuves cutanées sont réalisées 6 semaines après la sensibilisation en utilisant des inoculations intradermiques de 0,2 ml d’aux moins 3 séries de dilutions d’un antigène M. paratuberculosis, tel que la johnine PPD, les dilutions étant choisies pour donner des réactions de 8 mm à 25 mm de diamètre. Chaque cobaye reçoit plusieurs dilutions sur les flancs, leur distribution étant choisie suivant un carré latin. Après 24 à 48 h, les réactions cutanées sont mesurées. Une préparation de référence pour les épreuves de ce type n’a pas encore été totalement établie. La tuberculine aviaire PPD, d’unités internationales connues, peut être utilisée comme antigène cutané dans les épreuves de ce type pour s’assurer que le vaccin est capable de produire une sensibilisation adéquate (correspondant à la vaccination). Johnine : L’activité de la johnine est actuellement déterminée par essai chimique pour les protéines en utilisant la méthode de Kjeldahl. Il est recommandé qu’une PPD contienne de 0,5 ± 0,025 mg/ml du produit final (1). L’identité du matériel doit être confirmée par injection intradermique chez les cobayes sensibilisés par injection de M. paratuberculosis tués (100 mg de poudre de mycobactérie + 25 ml de vaseline + 100 mg de pierre ponce) 6 semaines avant. Il est possible de réaliser un test d’activité en utilisant des dilutions de johnine chez les cobayes sensibilisés avec M. paratuberculosis, semblable aux tests pour l’activité des tuberculines bovine et aviaire, mais une préparation standard pour ce type de test n’a pas encore été totalement établie. d) Durée de l’immunité Vaccin : Après vaccination à l’âge de 14-30 jours, les effets de la vaccination sont exprimés comme la réduction du taux d’animaux excréteurs parmi les animaux vaccinés comparée aux bovins non vaccinés (14). Il y a normalement un bon contrôle de la maladie clinique, mais l’infection subclinique persiste à un niveau réduit. Les résultats favorables reflètent probablement une diminution de l’exposition à l’infection résultant d’une réduction du nombre des excréteurs lourds dans le troupeau. e) Stabilité Vaccin : Le vaccin peut être stocké entre 2 et 8°C pendant 9 à 12 mois sans perte d’activité. Il ne peut pas être congelé. Johnine : La johnine doit être protégée de la lumière et stockée entre 2 et 8°C. Dans ces conditions, elle conserve son activité pendant au moins 5 ans. f) Agents de conservation Un agent de conservation est normalement inclus pour les vaccins dans des récipients multidoses. Pour la johnine, la concentration du phénol utilisé est inférieure à 0,5 % (w/v). La concentration des agents de conservation dans le produit final et leur persistance pendant les étapes de la vie doivent être contrôlées. g) Précautions d'emploi et mise en garde Vaccin : Le vaccin provoque des effets secondaires, la formation d’un nodule et une sensibilisation des animaux à l’épreuve à la tuberculine (11). Chez l’homme, des injections accidentelles de vaccin ont provoqué des réactions inflammatoires chroniques nécessitant un traitement chirurgical (14). 400 Manuel terrestre de l’OIE 2005 Chapitre 2.2.6. — Paratuberculose (Maladie de Johne) 5. Contrôles du produit fini a) Innocuité Voir section C.4.b. b) Activité Voir section C.4.c. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. ANON (1985). Johnin purified protein derivative. British Pharmacopoeia (Veterinary), 184–185. 2. ARGENTE G. (1988). Utilisation de la culture fécale dans un plan de prevention de la paratuberculose dans 500 troupeaux; justifications techniques et économiques. 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Manuel terrestre de l’OIE 2005 403