La nécessité du sacrifice
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La nécessité du sacrifice
La nécessité du sacrifice E Eccrriitt ppaarr N Neellssoonn ZZiinnkk,, aauutteeuurr ddee ""TThhee ssttrruuccttuurree ooff D Deelliigghhtt"",, rroom maann iinniittiiaattiiqquuee P PN NLL P Paarruu ddaannss llee M Mééttaapphhoorree N N°° 1144 eenn A Avvrriill 11999955 La “magie” est-elle un peu ternie et les promesses furent-elles répandues trop superficiellement ? Une des clameurs des années 80 fut : “Je veux tout, et je le veux tout de suite !”. Un système nouvellement formulé appelé PNL s’engouffra dans cette brèche, en murmurant les mots de la séduction “c’est possible, c’est une des options du consommateur”. Le mot “magique” apparut dans les annonces PNL, dans les titres des livres et fut employé à tout bout de champ dans les formations. L’utilisation du mot impliquait que les changements émotionnels et comportementaux obtenus par la PNL l’étaient à un coût personnel minime. développer n'est pas acquérir Ces changements semblaient magiques parce qu’ils ne demandaient ni temps, ni efforts considérables, ni - plus important encore - de sacrifice. Fondamentalement, la PNL promettait que le changement personnel pourrait s’acquérir d’à peu près la même manière qu’un produit de consommation. Vous voulez avoir une nouvelle chemise, une nouvelle voiture, vous voulez manger des pâtes à midi ? Il suffit d’aller acheter. Vous voulez devenir une personne nouvelle et différente ? Il suffit d’aller se faire installer un nouveau programme (mindware), d’acquérir une nouvelle stratégie, un nouveau système de croyances. Cela prendra quelques heures, mais la PNL vous aura remis à niveau (vous aurez fait le plein) à temps pour aller dîner et avoir la dernière séance de cinéma. La PNL a promulgué la croyance que le changement personnel n’était pas une question de développement mais d’acquisition. La métaphore informatique du software est très séductrice. “Le développement personnel prend du temps. Pourquoi attendre alors qu’il suffit de vous l’installer ?” Très années 80. Au début des années 90, le mot cœur commença à apparaître dans les annonces et les titres de livres PNL dans une tentative d’amadouer le scepticisme des consommateurs potentiels. Récemment “Spiritualité” est le plus nouveau des produits marketables. La Spiritualité peut maintenant être “acquise”, mettez-vous en ligne, on va vous brancher. Et les années 90 ne sont même pas finies. Le sacrifice requis Il ne serait pas terriblement surprenant que les métaphores fondamentales de la PNL reflètent les méthodes informatiques actuelles et leurs applications. Après tout, le nom est bien “Programmation Neuro-Linguistique”. L’ordinateur était une métaphore centrale dès le démarrage. Mais ceci m’éloigne de ma thèse. Pendant toutes les années où j’ai été associé à la PNL, je n’ai jamais entendu mentionner le mot “sacrifice”. L’ampleur mise à éviter ce mot et ce concept est troublante. “La PNL ne demande pas de sacrifice, c’est son attrait principal”. Et bien, pour les praticiens qui travaillent au jour le jour, dans les tranchées de la vie réelle, l’histoire est un peu différente. A ces moments où les techniques créent des changements permanents spontanés, la notion de sacrifice est peu apparente parce que l’individu a consciemment et/ou non-consciemment accepté automatiquement les sacrifices requis par l’état désiré. Jusqu’à un certain point, Erickson connut le succès parce qu’il tendait à attirer des personnes de classe socio-économique moyenne à plus faible. Beaucoup de ses clients étaient désespérés, et par là-même motivés. Donc que veut réellement dire “motivé” ? La volonté-acceptation de faire des sacrifices. C’est au moment où les changements désirés ne sont pas si spontanés ou si permanents que la notion de sacrifice devient évidente. A ces occasions, le praticien a été formé à essayer d’autres techniques et/ou examiner les applications du processus dont ils font l’essai. Souvent la faute n’est ni celle de la technologie ni celle du praticien, mais se trouve au niveau du sacrifice requis. Lorsque les choses ne marchent pas, c’est parfois parce que l’individu n’est pas désireux de faire les sacrifices requis. abandonner une certaine notion de soi-même Au centre du concept de changement, il y a un fait très simple : tout changement demande sacrifice. Laissez-moi être aussi certain que je le puis sur ce point. Pour que quelque chose puisse changer, quelque chose doit être payé, abandonné ou mis de côté. On doit renoncer à quelque chose, lâcher prise. Une sorte d’échange doit intervenir, quelque chose doit être offert. Que vous considériez le sacrifice comme insignifiant ou monumental, quelque chose doit être donné, quelque chose doit lâcher. Et c’est ici que les fidèles en PNL commencent à renâcler parce qu’ils croient et prêchent avoir trouvé un système différent des autres; spécifiquement, un système où le sacrifice n’est pas requis en vue du changement personnel. Ils essaient de se jouer de ce point en parlant de “contextualisation”, “hiérarchie de priorité” et bla-bla. Pour que la PNL continue à se développer, cet élément doit être affronté honnêtement : tout changement demande sacrifice. Le changement devient alors une décision “Quels sont les coûts ? Qu’est-ce que je dois lâcher ?”. La vitesse est l’une des caractéristiques dont la PNL est fière à juste titre. Mais il devrait être compris que, bien que de nombreux facteurs déterminent la vitesse requise pour le changement, le facteur essentiel est le temps requis pour faire le sacrifice. Une fois le sacrifice accompli, le changement peut se produire, pas avant. Le sacrifice est un prérequis à “l’installation”; c’est un précurseur nécessaire. A quelle vitesse nous serons capables d’abandonner une certaine notion de nous-mêmes, c’est la déterminante la plus importante de la rapidité avec laquelle le changement interviendra. Donc, de quoi parlons-nous en utilisant le terme de sacrifice ? Laissez-moi utiliser comme exemple l’autodiscipline. La plupart des changements désirés requièrent l’installation ou l’amélioration d’une autodiscipline. Bien que nous voulions souvent considérer l'autodiscipline comme un comportement isolé, évité avec bonheur jusqu’à ce qu’il ne soit absolument nécessaire, il est central à la plupart de nos tentatives. Un moyen de tester cela est de vous demander si une augmentation en autodiscipline serait profitable ou nuisible à un processus de changement quelconque que vous pourriez envisager. La friction commence lorsque nous réalisons que autodiscipline peut seulement s’accomplir au dépens de l’auto-indulgence. Une certaine dose d’auto-indulgence devra être sacrifiée. Discipline et indulgence sont antithétiques. Pour être plus disciplinés, nous devons abandonner une certaine dose de spontanéité. Et pour beaucoup, ceci constitue un sacrifice inacceptable. D’autres ne peuvent s’envoler à l’instant pour le Tibet, Bali ou Tombouctou, ils ont abandonné cette option. Ou nous pourrions dire qu’ils ont échangé cette option contre une autre, ils en ont fait le sacrifice. Lorsqu’une personne change, elle devient quelqu’un de différent; vous ne pouvez rester le même ET changer. A quel point ce nouveau moi sera différent du moi ancien dépend de ce que je suis disposé à sacrifier. Un ancien dicton dit : “le problème avec la satisfaction instantanée, c’est qu’elle prend trop de temps”. Abandonnant pour un moment la notion de sacrifice et nous focalisant directement sur la notion autodiscipline, il est important de comprendre que (pour la plus grande partie) le point-clé de l’autodiscipline n’est pas de se refuser la satisfaction, c’est de postposer la satisfaction jusqu’à ce qu’une tâche particulière soit accomplie. Cela peut signifier dix minutes ou cela peut signifier dix ans. C’est une question de temps : “quand connaîtrai-je la satisfaction ?”. Une nouvelle offre PNL Toutes les stratégies efficaces d'autodiscipline contiennent ces deux éléments : 1) la perception de la tâche adéquatement découpée et 2) une certaine perception de la satisfaction résultant de la complétion de la tâche. Un test de maturité individuelle est la longueur du temps pendant lequel on peut postposer la satisfaction. Les enfants nouveaux-nés ont une marge de temps zéro alors que des adultes accomplis peuvent opérer sur des années. Combien de temps cela prend-il de cuire un gâteau, produire une récolte, écrire un livre, créer une entreprise prospère, faire pousser un arbre, construire une pyramide ? La longueur du temps pendant lequel une personne peut repousser le besoin de gratification définit quelles activités et tentatives sont possibles pour cette personne. Grand-mère appelait cela patience. Que cela soit explicitement dit ou pas, l’avant-dernière étape de toute intervention PNL est une vérification écologique. Je propose une étape automatique du même ordre juste après la définition d’objectif. Sa version condensée serait “connaissez-vous et acceptez-vous les sacrifices personnels nécessités par votre objectif ?” Combien parmi vous, dans le secret de votre cœur, ont été désappointés parce que la PNL n’avait pas tenu ses promesses à propos de l’un ou l’autre objectif spécifique ? Le désir seul ne suffit pas, - il y a un autre volet dans ce marché. De nombreux clients et consommateurs sont attirés par la première promesse non-dite de la PNL : ”aucun sacrifice exigé !” et ils sont alors stupéfaits de découvrir que la promesse était du vent. Vous voyez, il y a eu un petit problème appelé réalité. Faisons donc une nouvelle offre PNL : “vous pouvez avoir ce que vous désirez dans la catégorie du changement personnel, si vous êtes d’accord pour faire les sacrifices nécessaires”. Cela enlève beaucoup de la magie, pas vrai ? Même avec “la transparence dans la publicité” (de l’annonceur), la PNL est toujours une bonne affaire, nous n’avons pas besoin de la déception. Cet article a eu une première parution en anglais dans Anchor Point.