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AV R I L 2 0 0 7 - N ° 1 4 3
vie du réseau
national :
• prix
destination
Lisbonne
(P.2)
délégués
• Les
d’apprentis
en action
(P.4)
jeune,
• Un
un parcours :
Joselito arisma,
plombier (P.5)
environnement
locales :
• Missions
interview d’annie
Jeanne
(P.8)
CCCA-BTP
vie du RÉSEAU
échos nationaL
échos bretagne
➤
étudiants
reconvertis
destination Lisbonne
L’affiche de promotion du prochain Prix national a été diffusée dès
janvier dans le réseau. C’est pour Lisbonne que s’envoleront les
futurs lauréats du 14e Prix national, du 11 au 14 octobre 2007. Au
programme : visites du quartier de Belém et du cloître de Jeronimos,
du vieux quartier de l’Alfama et du musée des azulejos… Le troisième
jour, les apprentis et leurs accompagnateurs quitteront la capitale
portugaise pour aller découvrir le palais royal de Queluz et la ville de Sintra. Le cédérom
relatant le voyage à Prague des lauréats du Prix national 2006 a lui aussi été diffusé. Les
photos et enregistrements réalisés pendant le séjour témoignent de son intérêt et de son
ambiance pour tous les participants, et constitue un outil de promotion du réseau et du
prochain voyage.
SUR LA TOILE
Démarches 24 h/24
échos auvergne
visite présidentielle
« Ils quittent la fac pour l’atelier » : c’est
le titre d’un article
paru dans Ouest France le
le
22 décembre dernier. On y parle du CFABTP de Saint-Grégoire, près de Rennes, à propos d’un phénomène croissant : des étudiants
titulaires d’un bac, d’un BTS, se découvrant
de nouvelles motivations ou découragés par
des années d’études sans débouchés, choisissent l’apprentissage. Ils sont notamment
séduits par les perspectives d’emploi, en
particulier en matière de reprise de petites
entreprises. André Klitting, directeur général
du CFA, insiste dans l’article sur plusieurs
points : l’image sociale du travail manuel
s’est modifiée, la sécurité fait désormais l’objet de toutes les attentions et l’apprentissage
permet d’aller jusqu’au niveau ingénieur. Le
CCCA-BTP estime que ce type de diplômés
représente aujourd’hui 2 % des effectifs de
l’apprentissage dans son réseau, alors qu’ils
étaient quasi absents dans le passé.
échos pays de La Loire
Le nouveau site www.administration24h
24.gouv.fr se présente comme “un guichet
unique pour accéder à toutes vos démarches administratives en ligne”. Destiné
à s’enrichir progressivement, ce portail
touffu propose d’ores et déjà les changements d’adresse en ligne, la demande de
certificat de non gage pour un véhicule, la
demande d’acte de naissance, le téléchargement de nombreux formulaires… La
page d’accueil offre divers types d’entrées
(par rubriques, par mots clés à saisir, par
thèmes…). La rubrique « Suivez le guide »
bifurque sur le site de la modernisation
de l’administration. Sa mascotte Adèle
– un personnage de type BD figurant une
jeune grand-mère plutôt sexy – se veut
symbolique à la fois de l’expérience et de
la modernité d’une administration désormais branchée et connectée. Elle accompagne l’internaute notamment dans « La
maison d’Adèle », qui propose entre
autres, sous une forme attractive, des
“tutoriels” d’aide à l’utilisation du portail.
ILS BOUGENT
Présidents
Jean-Marc Bernollin (FFB)
préside l’AFOBAT du Rhône à la suite de
Jean-Pierre Bouchardon (CGT-FO).
2
Le président du conseil régional d’Auvergne, René Souchon, a visité le CFA-BTP de
Massiac le 30 janvier dernier. Cité par l’élu
régional comme “exemple de réussite”, ce
CFA enregistre depuis quelques années une
forte croissance de ses effectifs : quatre cent
vingt apprentis cette année contre deux cent
soixante en 2003, soit une hausse de 60 %
en trois ans. Parallèlement, le CFA a renoué
en 2006 avec l’équilibre financier. L’établissement recrute bien au-delà du Cantal – sur
quatre cent vingt apprentis, deux cents jeunes
sont issus du département – ce qui n’est pas
sans poser des problèmes d’hébergement. Un
phénomène de saturation dont le président de
Région a pu prendre conscience sur place.
jumelage
france-québec
Le CFA-BTP de la Sarthe et l’AFORBAT Vendée viennent de renouveler leur entente avec
le centre de formation professionnelle Pierre
Dupuy situé à Longueuil, au Québec, par la
signature d’une 4e convention de jumelage.
Elle se traduit concrètement par des échanges de stagiaires et d’apprentis entre les deux
pays. Début mars, chacun des deux CFA ligériens a accueilli une dizaine de jeunes Québécois durant deux semaines. Leur séjour a été
agrémenté de visites de chantiers et de visites
touristiques, notamment à Saint-Malo et au
Mont-Saint-Michel lors d’un week-end commun aux deux CFA. En avril, c’est au tour des
apprentis français de partir pour Longueuil.
échos Languedoc-roussiLLon
apprentis
journalistes
Pour motiver des jeunes dispensés d’épreuve de
français au CAP, car déjà titulaires d’un diplôme,
un formateur de Perpignan a imaginé de leur faire
fabriquer un journal. Les farfadets du CFA, c’est
son titre, fait des émules parmi les apprentis. Réalisé pendant les heures de français, ce mensuel est
un outil efficace pour renforcer la cohésion de
la section tout en désacralisant l’écrit. Les jeunes ont trouvé le titre et conçu la maquette. Ils se
réunissent tous les mois en comité de rédaction
apprentissage - Avril 2007 - no 143
et rédigent des textes sur des sujets variés. L’abbé
Pierre fait la une du 4e numéro, paru en février
dernier. La page centrale, consacrée au sport, présente une photo de l’équipe de basket féminine
du CFA, en tournoi à Pau (ci-dessus).
édi tO
échos cHampagne-ardenne
sortie à eurobois
Une dizaine d’apprentis du CFA de Chaumont en première année de CAP Menuisier fabricant de menuiserie, mobilier et
agencement, ont visité le salon Eurobois, le
14 février à Lyon. Ce salon du bois dans la
construction et de la machine à bois réunit
tous les deux ans des centaines d’exposants.
Les apprentis, impressionnés par la taille des
machines en activité, ont pu appréhender les
deux facettes de la filière bois : l’aspect industriel de la profession et son versant artisanal. Du sylviculteur au distributeur, chaque
acteur s’attache de plus en plus, par ailleurs,
à respecter l’environnement – gestion et sélection des déchets par les machines, recyclage, etc. Cette préoccupation croissante n’a
pas échappé aux apprentis.
chantier
pédagogique
Une visite du chantier du futur CFA-BTP de
Poix-Terron, dans les Ardennes, a été l’occasion, pour une dizaine de jeunes en Brevet
professionnel gros œuvre au CFA-BTP de
Charleville-Mézières, de recevoir une leçon
de technologie grandeur nature. Le ballet des
engins de travaux publics équipés de GPS
(global positioning system) leur a offert le
spectacle d’un travail tout en finesse et en
précision. Lequel permet, entre autres, de garantir la sécurité des maçons, deuxième corps
d’état intervenant sur le chantier. Des visites
vont avoir lieu tout au long de l’évolution du
chantier, pour toutes les sections d’apprentis.
Le nouvel établissement devrait ouvrir ses
portes à la rentrée 2008, la pose de la première
pierre étant prévue au début de l’été prochain.
La santé et la
sécurité au travail
constituent pour
notre réseau
une nécessité
salutaire pour
nos apprentis
échos centre
communication
cfa-entreprises
Les professionnels
d’Eure-et-Loir l’attendaient : le CFABTP de Chartres
vient d’inaugurer une publication destinée
aux entreprises.
Diffusé à six
cents exemplaires, Itinéraire gagnant paraîtra trois
fois par an.
Le journal
comporte un article phare – le premier numéro le
consacre à la taxe d’apprentissage –, un
métier mis à l’honneur, une rubrique de
brèves et un calendrier des événements à
venir. Le CFA vient par ailleurs de lancer un
“ e-cfa”, un espace collaboratif partagé entre
les maîtres d’apprentissage, les jeunes et les
formateurs. L’outil est pour l’instant utilisé
par une vingtaine d’entreprises et une cinquantaine d’apprentis.
beau blog de blois
Le CFA-BTP de Blois intervient depuis
cinq ans sur un beau chantier-école dans le
village de Saint-Montan, en Ardèche. Les
jeunes y participent à la sauvegarde d’un
élément du patrimoine, dans le cadre d’un
projet éducatif plus global. Les quatorze
apprentis ayant participé au chantier en juin
2006 ont créé un blog relatant leur action
et l’histoire de ce village, restauré par une
association depuis les années 70. Outre
l’initiation aux technologies de communication, ce blog permet à chacun de donner
libre cours à son ressenti sur le chantier, les
visites culturelles et les sorties proposées
(visite du pont du Gard, descente des gorges de l’Ardèche en canoë…). Un album
photos permet de visiter le village et les
éléments restaurés.
http://apprentistmontan.canalblog.com/
Nous considérons que la santé et la
sécurité doivent impérativement devenir
partie intégrante de la qualification des
jeunes professionnels du BTP comme
l’ont souhaité les partenaires sociaux
dans l’accord du 8 février 2005. Cela doit
être pour nous tous une priorité absolue,
tellement ses enjeux sont lourds de
conséquences.
Le CCCA-BTP, conformément à sa
mission, a impulsé et développé ces
dernières années un certain nombre
d’actions fortes dans ces domaines :
sauvetage, secourisme du travail,
prévention des risques liés à l’activité
physique, exposition à l’amiante,
utilisation des machines dangereuses,
conduite des véhicules utilitaires, travail
en hauteur. Ces actions sont souvent
conduites avec des partenaires spécialisés
(OPPBTP, INRS) et impliquent fortement
les équipes de direction.
Il faut plus que jamais mobiliser
toutes nos énergies pour continuer à
approfondir ce travail afin de l’inscrire
dans la durée. Sensibiliser les apprentis
à la santé et à la sécurité réduira leurs
risques d’accident du travail et par voie
de conséquence préservera leur condition
physique.
Patrick Del Grande
Président
som mAiRE
ViE DU RÉSEAU
P 2 Échos, mouvements, initiatives
P Expression des apprentis :
les délégués en action
P Un jeune, un parcours :
Joselito Arisma, plombier
Toulouse développe
les formations TP
En chAntiER
P Étape clé pour l’apprentissage
de la santé et sécurité au travail
EnViROnnEmEnt
P Interview d’Annie Jeanne,
présidente de l’ANDML
Nouveau contrat d’apprentissage
apprentissage - Avril 2007 - no 143
3
vie du RÉSEAU
Expression des apprentis
▲
Les délégués d’apprentis
en action
Des CFA-BTP poursuivent
l’éducation à l’expression
citoyenne en s’appuyant
notamment sur les apprentis
délégués. C’est le cas,
par exemple, à Poitiers et
Valenciennes. Au CCCA-BTP,
commence aussi à flotter dans
l’air l’éventualité d’une future
troisième rencontre nationale
des apprentis du BTP.
L
es apprentis délégués du CFA-BTP
de Saint-Benoît, dans la Vienne, se
réunissent chaque jeudi ou vendredi.
Vingt-trois à vingt-six jeunes, selon le
nombre de sections présentes cette semainelà. Leur rôle : servir d’interface entre leurs
camarades, qui les ont élus comme porteparole, et l’équipe éducative du CFA. « Les
échanges portent souvent sur des questions
de routine » observe Christophe Steckowski,
adjoint de direction chargé de l’animation
qui a repris depuis l’automne dernier le
flambeau de William Tam, parti en retraite.
Nous passons des messages de rappel, par
exemple sur le stationnement des véhicules
ou sur le port de vêtements de sport ; de leur
côté, ils nous font remonter des remarques
sur le matériel, l’état des équipements. Je
souhaite faire évoluer cela vers plus d’éducation citoyenne. »
Dans cette optique, Christophe Steckowski
assigne un rôle important aux sorties hors
du CFA. Le 23 février dernier, il a emmené
Pour mieux remplir leur fonction, quatorze délégués des
apprentis du CFA-BTP de Saint-Benoît (Vienne) ont suivi
un stage de formation de trois jours en janvier dernier.
les délégués de cette semaine-là participer à
un vote destiné à départager les équipes de
lycéens et apprentis participant à un concours
organisé par la Région sur le thème de l’environnement : “Dix plaidoyers pour un changement durable”.
Le projet suivant fera découvrir in situ à un
groupe de délégués de deuxième année les
institutions démocratiques nationales à Paris.
Plan de métro en main, les jeunes se guideront en partie eux-mêmes sur le circuit qui les
conduira à l’Assemblée nationale, au Sénat,
à l’Élysée… Une vue panoramique depuis la
butte Montmartre permettra de boucler avec
une explication sur l’organisation politique,
économique et sociale de la capitale.
Communiquer, argumenter
Entre autres objectifs, Christophe Steckowski
entend « faire évoluer la représentation que
les apprentis peuvent avoir du rôle de délégué, pas toujours très valorisante notamment
du fait de l’image qu’ils ont pu
en avoir au collège ». L’action
annuelle de formation des délégués de 1re année, lancée depuis
2002 au CFA de la Vienne, aide
ces jeunes à améliorer leurs compétences, notamment à s’exprimer. Trois jours de stage, alternant séances de formation en salle
et activités de plein air, aident
ensuite les jeunes élus à mieux
remplir leurs missions et accroître ainsi la crédibilité de leur
rôle. « Nous comprenons mainUn atelier de formation des délégués avec Sandra
Nowack, animatrice au CFA-BTP de Saint-Benoît.
tenant la nécessité de se concen-
apprentissage - Avril 2007 - no 143
trer lors d’une réunion afin de transmettre
les informations à nos collègues, ont écrit les
jeunes stagiaires à l’issue de leur formation de
janvier dernier. Nous savons mieux communiquer, argumenter et défendre nos idées. »
Les objectifs poursuivis à quelques centaines de kilomètres plus au nord, au CFA-BTP
de Marly-les-Valenciennes, ne sont pas très
éloignés. Le dispositif coordonné par Anne
Masure, animatrice, y a vu le jour à la dernière rentrée. Les soixante-quatre apprentis
délégués y ont toutefois un rôle plus exclusif qu’à Poitiers d’échange d’informations
et de “régulation sociale”, selon les mots
du directeur Benoît Élouard. Ainsi, celuici tient-il à assister à toutes les réunions de
délégués. Jonathan Malara, jeune élu des BP
carreleurs, plaide pour ce principe : « C’est
important que le directeur soit là, parce que
lorsqu’on demande quelque chose, c’est lui
qui décide. » L’intéressé précise : « La dynamique est celle d’une prise en compte et d’un
traitement rapides des demandes des jeunes.
Ils jouent de cette manière un rôle actif dans
le dialogue. Ils construisent avec nous la vie
au sein de l’établissement ».
Au-delà des différences d’approche, deux éléments résonnent de manière identique dans
les témoignages de Poitiers et de Valenciennes. L’un est très conjoncturel : les délégués
apprentis se sont retrouvés en première ligne
de la médiation au moment de l’arrêt complet
du tabac dans les CFA. L’autre concerne le
fond du sujet : à Poitiers comme à Valenciennes, on évoque l’importance de l’éducation
à une parole libre, mais respectueuse et maîtrisée, en vue de l’efficacité de l’expression
du professionnel et citoyen en formation. ■
▲
campagne d’images un jeune, un parcours
Photo : Bernard Charpenel - CCCA-BTP
Un avenir dans les tuyaux
D
Joselito Arisma a fait sienne
une devise simple : avancer.
Lauréat du CFA-BTP de SaintDenis pour le Prix national 2006
du CCCA-BTP, ce jeune homme
de dix-neuf ans prépare un
CAP de plombier et concourt
actuellement pour le titre
“Un des meilleurs apprentis”.
e son enfance en Haïti, Joselito Arisma
retient, entre autres, « une scolarité très
difficile du fait des événements et de la situation là-bas ». À cette époque, il ne connaît
son père que par les lettres, cassettes audio
et coups de téléphone qu’il lui adresse depuis
Sarcelles, près de Paris.
Alors, à seize ans, « j’ai demandé à mon père
de me faire venir en France, pour les études,
pour avoir un avenir ». Il débarque le 11 mars
2004 : « Je m’en souviens, ça m’a marqué : les
voitures, les habits, les routes, les lumières. Et le
froid. Il y avait même de la neige ce jour-là ! »
Joselito apprend le français en quelques mois
de cours intensifs, et entre en préapprentissage. Puis il choisit la plomberie « parce que
j’en rêvais : chez nous en Haïti, il n’y a pas
d’eau dans les maisons ».
Jérôme Robcis, formateur en installations
sanitaires au CFA-BTP de Saint-Denis,
raconte l’arrivée de Joselito : « Il a tout de
suite été très investi dans sa formation, et a vite montré son adresse. Sa première note a
été un 18. C’était le premier 18 que je mettais
à un apprenti de 1re année. Il cherche toujours
la perfection. » Et en 2006, la nomination
pour le Prix national et le voyage à Prague
donne lieu à « un vote en sa faveur à une
écrasante majorité » assure le formateur.
Le jeune homme passera son CAP en juin.
Sa personnalité et sa volonté d’“avancer”,
comme il dit, lui assurent soutiens et encouragements de toutes parts. Dont celui de
Claude Bersac, son maître d’apprentissage,
un artisan investi de longue date dans la formation des jeunes. « J’en ai eu des apprentis,
et je sais vite à qui j’ai affaire. Là, j’ai vu un
gars adroit, intelligent, qui avait très envie
d’apprendre et de progresser… Je ne me fais
vraiment pas de souci pour lui. »
Joselito, lui, poursuit sa route avec constance :
« Si je compare avec ce que j’ai connu, je vois
qu’ici, on te donne toutes les possibilités pour
avancer. Je me donne encore quatre ans pour
la formation, et une dizaine d’années pour
me mettre à mon compte. C’est pour ça que
je me bats, mais je veux le faire sans précipitation. » ■
▲
Stratégie régionale
Toulouse développe les formations TP
Le CFA-BTP de Toulouse et
la profession des travaux publics
en Midi-Pyrénées continuent à
développer la formation initiale
dans les principales spécialités
des TP. Dernier lancement en
date : des stages pour préparer
des demandeurs d’emploi à un
contrat de professionnalisation.
A
près le lancement d’un CAP Constructeur
de routes par l’apprentissage en 2005, le
CFA-BTP toulousain a ouvert diverses formations TP sous contrat de professionnalisation.
Le dernier dispositif mis en place est une
innovation : la Région finance un parcours
de préparation de neuf semaines pour des
demandeurs d’emplois non qualifiés en vue
d’optimiser leurs chances ultérieures de réussite en contrat de professionnalisation.
Les candidats sont d’abord sélectionnés
par l’ANPE grâce à la méthode des habiletés. Ils suivent ensuite une formation avec
Quelques-uns des stagiaires en
contrat de professionnalisation
“génie civil” au CFA-BTP de
Toulouse.
un organisme utilisant beaucoup la vidéo
comme support pédagogique. Les stagiaires
commencent par quatre semaines de travail
sur les “profils de postes”, à l’aide de vidéos
personnalisées, tournées dans leurs futures
entreprises. Cette phase leur permet de se
projeter peu à peu, avec l’aide des formateurs, dans le quotidien de l’entreprise. Interviews de chefs d’agence et de conducteurs
de travaux à l’appui, l’imprégnation porte
sur les activités de chantier, les notions et
le vocabulaire associés, et sur les “comportements sociaux et professionnels” attendus
des ouvriers travaillant sur ces chantiers.
La deuxième période, de quatre semaines
également, se déroule en entreprise. Elle
apprentissage - Avril 2007 - no 143
permet de mettre les acquis “en salle” à
l’épreuve de la réalité. La dernière semaine
est consacrée au bilan et à la signature éventuelle du contrat de professionnalisation.
Une première promotion de douze stagiaires en génie civil (construction d’ouvrages d’art), âgés de vingt à trente-cinq ans,
a ainsi démarré début janvier sous contrat
de professionnalisation après un parcours
préparatoire d’octobre à décembre 2006. Le
système paraissant assez efficace, le CFA et
les représentants de la profession ont négocié avec le conseil régional la réitération
du dispositif pour de futurs stagiaires en
construction de routes, en canalisation et en
génie civil. ■
en chantier
Traitement des risques
▲
apprendRe la santé
et sécurité au travail
L’année 2007 devrait être
une année charnière pour
l’apprentissage de la santé et
sécurité au travail, notamment
pour la formation à la PRAP
(Prévention des risques liés à
l’activité physique) : celle-ci
doit en effet franchir un cap
décisif en passant du statut de
discipline autonome à celui d’un
enseignement intégré à toutes
les activités de l’apprentissage.
De plus, un nouvel axe de
développement dans le réseau
est prévu pour 2007 : la
formation des apprentis au
travail en hauteur.
Le massage cardiaque externe fait
partie des gestes de premiers secours
enseignés pour la préparation du brevet
de sauveteur-secouriste du travail (SST).
S
L’enseignement de la PRAP “ancienne approche” au CFA-BTP d’Évreux :
Cédric Bottiau entraîne des apprentis maçons en 1re année à soulever
des charges en sécurité pour le dos. La séquence aborde des notions de
mécanique, de géométrie, d’anatomie, de physiologie, de traumatologie…
Dès la rentrée prochaine, ce type d’apprentissage ne sera plus traité à part,
mais complètement intégré à l’enseignement professionnel.
ST, PRAP, S&ST… Ces sigles deviennent familiers dans le réseau de l’apprentissage BTP. « Personne ne fait
plus aujourd’hui l’impasse, dans la
formation en CFA, sur les questions de santé
et de sécurité au travail, se félicite Jean-Yves
Nohé, le conseiller formation chargé de ce
domaine au CCCA-BTP. L’enjeu à présent,
c’est que chacun, et en particulier les formateurs d’enseignement professionnel, s’approprie les grands principes de référence : tous
acteurs, et obligation de résultat. Il s’agit
d’acquérir vis-à-vis de tout cela une posture
systématique, consciente et réfléchie. »
Et cette posture, rappelle Jean-Yves Nohé,
est très différente de celle ayant longtemps
prévalu. Avant, pour chaque type répertorié
de situation, on mettait en place et on tentait
de faire respecter l’application d’une procédure de prévention bien définie. Aujourd’hui,
instruits par l’expérience, les spécialistes de
la question rejettent cette approche en soulignant son caractère mécanique et passif.
La nouvelle école fait plus appel à l’intelligence des acteurs confrontés aux risques :
c’est l’analyse consciente et réfléchie de
la situation rencontrée qui doit conduire à
apprentissage - Avril 2007 - no 143
la mise en œuvre de mesures préventives
appropriées. Transcrit dans l’apprentissage,
cela conduit à éduquer cette attitude comme
un réflexe, afin qu’elle devienne partie intégrante de la qualification des jeunes professionnels du BTP.
Démultiplication à venir
Ce qui vaut pour la santé et sécurité au travail
(S&ST) en général vaut, en particulier, pour
la prévention des risques liés à l’activité physique (PRAP). L’enjeu de la PRAP est particulièrement important dans l’apprentissage
des métiers du BTP : selon les statistiques
2003 de l’INRS, un accident du travail sur
trois dans le secteur de la construction est lié
à la manutention manuelle.
Depuis deux ans, la PRAP avait suscité le
lancement d’un enseignement spécifique,
mis en œuvre notamment à Évreux (voir les
photos). L’approche va changer dès la prochaine rentrée. Un groupe de travail va réunir
les instructeurs PRAP* du réseau CCCABTP et un chargé de mission de l’INRS. Ce
groupe de travail va définir les modalités particulières de la formation des apprentis à la
PRAP, adaptées au contexte des CFA-BTP.
La mise en œuvre reposera sur deux principes : démultiplication de la formation des
acteurs et intégration de la PRAP à la pratique
professionnelle.
Le CFA-BTP d’Évreux est depuis longtemps à
la pointe du traitement de ces questions. Directeur général, Bernard Bottiau délègue maintenant ce domaine à son fils Cédric ­Bottiau,
animateur devenu personne ressource dans
la mise en œuvre des divers enseignements
concernant la santé et la sécurité au travail.
Cédric Bottiau est notamment l’un des six
instructeurs nationaux ayant permis de démultiplier dans le réseau la formation SST (sauveteur-secouriste du travail) et l’un des cinq
instructeurs PRAP du réseau. Les deux hommes
expliquent que la douzaine d’heures de PRAP
prévues dans la formation en CAP seront, dès
la prochaine rentrée, directement intégrées
aux enseignements professionnels, à l’éducation physique et sportive (EPS) et à la VSP.
Une approche globale
En couverture de ce numéro, Sébastien
Fleury, aujourd’hui en 2e année de BP de
maçonnerie, montre comment manier la
pelle pour protéger son dos. Il dit aujourd’hui
avoir totalement intégré ce geste. Mais il se
rappelle aussi avoir été fortement incité à
l’acquérir par un mal de dos apparu après
quelque semaines seulement d’apprentissage
en maçonnerie : « Je travaillais à l’arrache,
comme tous les apprentis de 1re année. »
Grâce à l’enseignement de la PRAP au CFA,
« j’ai appris comment soulever les charges, et
surtout à pelleter. La pelle, dans mon métier,
c’est trois heures par jour ». Aujourd’hui, le
mal de dos a disparu. Et Sébastien affirme
veiller lui-même, lors de ses périodes en
entreprise, aux gestes de son jeune collègue
en 2e année de CAP.
La PRAP va néanmoins bien au-delà des “gestes et postures”. Elle est partout : dans l’aménagement du poste de travail comme dans
l’ergonomie générale de l’activité, dans le
choix des matériaux et des outils comme dans
la coordination du chantier… Elle réside, en
fait, dans l’approche globale de toute situation
professionnelle. Les principes de l’analyse du
travail, tels que présentés par exemple lors du
dernier séminaire national de spécialité du
CCCA-BTP (métiers de la finition) en mars
dernier, apportent ainsi beaucoup en termes
d’approche et de méthodologie.
Ces orientations s’appliquent d’ailleurs à
l’ensemble du champ de la santé et sécurité
au travail. Ce qui se traduit, sur le terrain de
l’apprentissage, par le développement continu
de la formation au sauvetage-secourisme du
travail (SST), à la prévention des risques
Repères : des chiffres du réseau
Le compteur de la démultiplication des formations SST (sauveteur-secouriste du travail) engagée
dans le réseau des CFA-BTP depuis 2003 totalise aujourd’hui trois cent soixante moniteurs formés. Ce qui a permis de former en 2005-2006 près de douze mille cinq cents jeunes, soit 34 %
de plus que l’année précédente. Plus modestes, les chiffres de la PRAP font état de soixante-cinq
moniteurs fin 2006, pour cinq cent quatre-vingt jeunes formés en 2005-2006. L’objectif affiché
par le CCCA-BTP en 2007 est que chaque CFA du réseau dispose d’au moins un moniteur
PRAP, avec l’idée qu’il organise ensuite la formation des autres formateurs de son CFA. De plus
le développement des compétences PRAP, intégrées à l’apprentissage, sera suivi et évalué à l’aide
d’un document spécifique dont la forme reste à définir. Chaque formateur intervenant auprès de
l’apprenti (enseignement professionnel, EPS,VSP…) y pointera les acquis de celui-ci. Le tout sera
finalement validé par le moniteur PRAP de l’établissement, qui aura accès à la base de données
de l’INRS (sur le même principe que le SST) et délivrera aux jeunes leur certificat.
apprentissage - Avril 2007 - no 143
liés à l’amiante, à la conduite d’engins ou à
l’utilisation de machines dangereuses, à la
sécurité routière… Il est aussi prévu en 2007
de développer un nouvel axe : la formation
des apprentis au travail en hauteur. En s’appuyant sur ses organismes de branche, ses
partenariats et son dispositif d’apprentissage,
la profession du BTP souhaite ainsi opérer,
sur l’ensemble du domaine de la prévention,
un réel saut qualitatif. ■
* Ces instructeurs sont les formateurs de formateurs
aux principes de la PRAP. Ils sont actuellement cinq
dans le réseau, à Bordeaux-Blanquefort, Caen, Dijon,
Ermont et Évreux.
D’abord une affaire
de direction
Pour Bernard Bottiau, directeur général
du CFA-BTP d’Évreux, le management
des questions de santé et de sécurité au
travail est une véritable priorité : « C’est
primordial pour notre public et c’est une commande des partenaires sociaux par rapport
à l’apprentissage. De plus, la responsabilité
des chefs d’établissement est de plus en plus
exposée juridiquement par rapport aux questions de conformité. J’ai d’abord à jouer un
rôle de conviction et d’impulsion des actions,
puis à aller chercher les moyens d’agir. Il s’agit
en particulier de veiller à ce que les conseils
régionaux prennent bien en compte dans
les contrats d’objectifs les différentes dimensions de la qualité de la formation, y compris
celle-ci. » La diffusion de cette culture du
management, essentielle pour une prise
en compte efficace des questions de prévention dans les CFA, passe aussi par la
formation des équipes de direction. C’est
la raison d’être du stage de “Management
et pédagogie de la santé et sécurité au
travail” inscrit au catalogue de formation
continue du CCCA-BTP, dont les trois
modules de deux jours ponctuent une
année de réflexion et de mise en œuvre
sur le terrain.
Photos : Bernard Charpenel - CCCA-BTP
Cet échafaudage équipe l’atelier de couverture du CFA-BTP d’Évreux
dans le cadre d’un partenariat avec la CRAM. Il est régulièrement
montré comme bon exemple d’équipement de sécurité pour le travail
en hauteur.
Pascal Amelot, formateur en menuiserie,
charpente et plaques, est aussi moniteur
SST et PRAP à Évreux : « À l’atelier, on
est amené à porter toutes sortes d’objets.
J’enseigne aux jeunes comment éviter
les gestes superflus. Je ne me positionne
pas comme infaillible, mais j’insiste tous
les jours et en permanence sur
l’importance des bons gestes. À force,
ils finissent par se corriger entre eux. C’est
un travail de fond à long terme, qui mise
sur le changement de génération. »
environ nement
▲
Insertion
Photo : Bernard Charpenel - CCCA-BTP
« Un formidable
outil de connaissance
des jeunes »
Annie Jeanne, qui dirige la mission
locale de Rouen, a été élue
en juin 2006 présidente
de l’Association nationale
des directeurs de missions
locales (ANDML). Elle souhaite
contribuer à une meilleure
prise en compte, dans
les politiques publiques, des jeunes
en difficulté d’insertion.
Qu’est-ce que l’ANDML, et quel est son
objet ?
Annie Jeanne : Notre association est l’une
des trois “têtes de réseau”* des missions
locales. Elle joue un rôle de concertation,
d’échanges, d’études, d’analyse et de diffusion d’information au sein du réseau des
directeurs de mission locale. L’ensemble
du territoire français est représenté à notre
conseil d’administration, afin de refléter
le réseau des cinq cents missions locales.
L’ANDML participe ainsi activement à la
mise en œuvre des politiques de jeunesse.
Quels axes avez-vous fixés à votre mandat de présidente ?
A.J. : L’axe majeur est de parvenir à
une meilleure prise en compte du public
accueilli dans les missions locales : des
jeunes non scolarisés, souvent non inscrits à l’ANPE et dont on ne parle en
général que lorsqu’ils posent ou révèlent
des problèmes. Sur un million deux cent
mille jeunes accueillis chaque année, la
moitié n’apparaissent dans aucune statistique. Notre réseau est un outil formidable de connaissance de ces publics. Nous
avons un entrepôt de données nationales
avec des profils, des parcours, des données sur les entretiens et leur suite… On
peut analyser tout cela et en faire un véritable instrument de pilotage pour les pouvoirs publics. Nos autres orientations sont
le développement de la communication
interne au réseau, la diffusion d’études et
le développement des échanges de bonnes
pratiques.
Quelles relations les missions locales
ont-elles avec le monde de l’apprentissage ?
A.J. : Les CFA sont associés aux politiques
mises en œuvre, au sein des conseils d’administration des missions locales. Mais
nous avons une relation complexe avec
l’apprentissage. On se bat pour que les
CFA prennent des jeunes n’ayant pas forcément « le bon profil ». Statistiquement,
l’apprentissage représente une faible part
de nos solutions d’insertion : 4,6 % des
emplois obtenus en 2005. De plus, une
partie du public que nous accueillons a
déjà connu l’apprentissage sans parvenir
à s’insérer.
Et avec le BTP ?
A.J. : Le BTP a entrepris un gros travail
pour redorer son image… Il reste à faire
pour diversifier les publics accueillis en
apprentissage, notamment du côté des
jeunes filles, ou des jeunes stigmatisés
par une origine familiale, de quartier
ou autre. Les missions locales devraient
être considérées comme un bon allié pour
aller dans ce sens car elles proposent
un accompagnement global des jeunes
­qu’elles accueillent. Pas seulement dans
une recherche d’emploi, mais plus largement dans un parcours d’insertion dans
la vie sociale.
Quel message aimeriez-vous transmettre au réseau de l’apprentissage BTP ?
A.J. : Continuez à valoriser l’image de
votre profession, et ouvrez vos portes.
Aidez-nous à relayer le message d’une
nécessaire ouverture à notre public. Je
pense que les CFA ont une carte intéressante à jouer avec les ML, notamment pour
réduire les taux de ruptures de contrat, qui
entraînent des coûts de toutes sortes. Nous
avons une expérience et un savoir-faire de
l’accompagnement qui peuvent aider à
surmonter d’éventuelles difficultés, et soutenir la continuité du contrat de travail,
aussi bien du côté du jeune salarié que de
l’employeur… ■
* Le Conseil national des missions locales
(CNML), constitué de membres nommés par le
gouvernement, assure l’interface entre ce dernier, le réseau et les branches professionnelles au
niveau national. L’Union nationale des missions
locales (UNML) est le syndicat employeur du
réseau dans le cadre d’une convention collective
spécifique s’appliquant à onze mille salariés.
Nouveau contrat d’apprentissage Un arrêté interministériel du 15 janvier 2007, publié au JO du 30 janvier*, a fixé un nouveau contrat type
d’apprentissage. Les deux anciens imprimés Cerfa (contrat d’apprentissage et déclaration en vue de la
formation d’apprenti) sont fusionnés en un seul (CERFA FA 13a), disponible sur les sites www.servicepublic.fr et www.travail.gouv.fr. Par ailleurs, une circulaire de la DGEFP du 24 janvier 2007 précise, dans le
prolongement de la loi de cohésion sociale, les modalité d’application des nouvelles dispositions du Code
du travail relatives à la rémunération des apprentis.
* Voir Juris-Info n° 35 du 31 janvier 2007 et n° 36 du 14 février 2007.
apprentissage - Avril 2007 - no 143
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Dépôt légal : avril 2007 Tirage : 10 000 exemplaires - ISSN : 12403563