LES LARMES DES INNOCENTES
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LES LARMES DES INNOCENTES
LES LARMES DES INNOCENTES LE ROYAUME INACHEVE, VOL 1) Polar historique, à paraître en septembre 2010 EXTRAIT « Je me nomme Jacques de Moroges et suis né, le 10 octobre 1433, jour de la Saint Ghislain, en la proximité dʼAutun, dans une famille de petite noblesse, alors que la guerre ravageait le Royaume de France. Ma mère, Aliénor, nʼavait plus aucune parenté vivante hors sa propre mère Bonnette et sa soeur Blanche avec qui nous partagions Beaumercy, le manoir hérité de leur lignée. Mon père, Federico, que la reconnaissance du Duc de Bourgogne avait doté dʼun petit fief et transformé en Frédéric de Moroges, était le bâtard dʼun prince castillan. À vingt ans, il avait quitté sa terre natale pour des raisons qui me restent mal connues. Lorsquʼil épousa ma mère, il avait une dizaine dʼannées de plus quʼelle et devait sa position à ses talents militaires. Les guerres anglaises − elles furent si longues que beaucoup nʼen connurent ni le début ni la fin, lʼavaient conduit des plaines dʼAquitaine aux forêts de Champagne, de la Garonne au Rhin. Dans sa jeunesse, mon père avait prononcé des vœux mineurs et gardait de ses années de couvent une culture peu commune chez un chevalier. Outre le castillan, sa langue maternelle, il parlait le latin, la langue de France et celle des Allemands. Il pouvait comprendre le lusitanien, lʼanglois et même − bien quʼil sʼen défendît − le parler des Infidèles. Sans doute est-ce pour cela que ma mère, femme très instruite, lʼavait finalement agréé pour époux. Jʼavais trois ans lorsquʼil quitta notre château pour nʼy jamais revenir, laissant en ma jeune âme lʼinguérissable blessure de son absence. Quelques mois plus tôt sʼétait tenue, en la ville dʼArras, une conférence qui, à défaut de clore la guerre civile opposant notre Duc, Philippe de Bourgogne, à nos ennemis groupés autour du Comte dʼArmagnac, avait entraîné la démobilisation dʼun grand nombre de combattants. Mon père qui avait jusque là surtout vécu de sa solde de capitaine de Bourgogne, se trouva donc fort appauvri. Craignant la misère pour notre famille, il sʼengagea sous la bannière du Bâtard de Trêves, en compagnie dʼEnguerrand de Livry, son beau-frère, pour combattre les Turcs. Au printemps, leur troupe gagna les plaines danubiennes. Lʼépoux de ma tante Blanche sʼen revint comme tombaient les premières neiges. Il rapportait un pourpoint délavé par les orages de Pannonie. Cʼétait tout ce qui restait de mon père, avec lʼultime image de son cheval blanc cerné par les Janissaires. A ce que ma mère me conta pour mes sept ans, la demande de rançon arriva en avril, accompagnée de sa médaille de fiançailles. Pour réunir la somme, ma mère − alors enceinte de mon frère Jean − et ma tante durent céder des terres et gager leurs bijoux. Pourtant Frédéric de Moroges, mon père ne devait jamais reparaître. » LE CONTEXTE HISTORIQUE Du milieu du XIVe siècle à la fin du XVe, un état, allant de Dijon à Amsterdam, sʼest progressivement organisé à partir de territoires appartenant aux Ducs de Bourgogne. Ses contemporains prirent lʼhabitude de le désigner comme le Grand Duché dʼOccident. Si le gouvernement, lʼart et les techniques incas émerveillèrent les chroniqueurs espagnols, les élites européennes de cette période furent impressionnées par la prospérité et la bonne administration des possessions bourguignonnes. Pourtant, à un demi-siècle de distance, ces deux états cessèrent dʼexister. Ami de jeunesse et homme de confiance de Charles le Téméraire, Jacques de Moroges − le narrateur de la saga du « Royaume inachevé » − va mener, pour son Prince, des enquêtes sensibles, des négociations délicates, voire des missions dʼespionnage. Les larmes des innocentes, premier tome des aventures de Jacques de Moroges, se déroule quand se termine la Guerre de Cent ans. Cette période vit la fin dʼun des plus longs conflits qu'aient connus la France et lʼEurope. Commencées en 1337 et considérées comme définitivement terminées en 1453, les « Guerres anglaises » comme les nommèrent ceux qui vécurent cette époque de feu et de sang − ravagèrent la France durant 116 années, justifiant lʼappellation de « Guerre de cent ans » donnée par les historiens du XIXe siècle. Cet interminable conflit fut à lʼorigine une guerre dynastique opposant deux grandes familles féodales, les Plantagenet, souverains en Angleterre, et les Valois, qui gouvernaient le centre de lʼespace français actuel. Puis il se transforma en une effroyable guerre civile opposant, pour le contrôle du trône de France, deux grandes coalitions, les Armagnacs et les Bourguignons. PRESSE « Joachim Sebastiano Valdez est le pseudonyme d'un Français qui dirige, près d'Avignon, une entreprise de formation et de production à l'audiovisuel. En 1983, déjà, il publie Un Hiver de notre histoire, un roman d'adieu au Parti communiste auquel il a appartenu pendant quinze ans. Puis, les choses de la vie et les aléas de l'édition ralentissent sa carrière littéraire. Il revient en 2001 avec Trente Loups gris aux Éd. de l'Ecailler du sud à Marseille. L'héroïne de ce polar est une femme, cadre dans la gendarmerie, Clara Wyler. Valdez lui donne des origines chiliennes car il se considère lui-même «Chilien de cœur. En témoignent le pseudonyme et deux romans policiers qui se déroulent dans l'empire inca, vers 1450 : Celui qui sait lire le sang et Puma qui sommeille. Valdezespère, à travers ses livres, «mieux comprendre la condition humaine» et rêve de l'améliorer. » Isabelle Rüff, Le Temps, Genève, 5 juillet 2008