Sweet Cam

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Sweet Cam
Chiara Tillam
Sweet Cam
Publié sur Scribay le 10/09/2016
Sweet Cam
À propos de l'auteur
Bonjour, Je suis avant tout maman au foyer de deux adorables petites filles.
Passionnée d'écriture depuis toujours, et bercée par les romans d'amour historiques
ou contemporains, j'ai enfin décidé de me lancer.J'aimerais partager avec vous cette
belle aventure, et profiter de vos conseils et remarques avisés.
Abientôt
À propos du texte
Camilla est une belle jeune femme qui vient tout juste d'obtenir son diplôme de
journalisme. A cette occasion, son père recontacte un de ces anciens amis, William
Peters, homme d'affaire avisé, et qui possède notamment une revue spécialisée dans
l'environnement. Camilla se fait alors engagée comme pigiste, mais rien ne va se
passer comme prèvu. Autour d'elle gravitent, le fils de William, Romain, son meilleur
ami, Pierre, et la meilleure de Camilla, Marine.
Licence
Tous droits réservés
L'œuvre ne peut être distribuée, modifiée ou exploitée sans autorisation de l'auteur.
Sweet Cam
Table des matières
Sweet Cam
Chapitre deux
Chapitre trois
chapitre quatre
Chapitre cinq
chapitre six
Chapitre sept
Chapitre huit
Chapitre neuf
Chapitre dix
Chapitre onze
Chapitre douze
Chapitre treize
Chapitre quatorze
3
Sweet Cam
Sweet Cam
1
Sweet Cam !
Part one
Chapitre un :
Une rencontre inattendue2
- Camilla, ça y est, je crois que tu l'as enfin reçu !
La voix de son père résonna dans la maison, et agit sur la jeune fille comme un
électrochoc.
Tel un diable qui sort de sa boite, elle bondit de sa chaise, et se précipita dans les
escaliers qu'elle dévala quatre à quatre. Arrivée au bas, elle manqua trébucher sur la
dernière marche, et faillit s'étaler de tout son long sur l'unique guéridon qui meublait
le hall d'entrée. Elle rattrapa de justesse le vase rempli de fleurs, et arracha presque
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des mains de son père, l'enveloppe brune de format A4, qu'il brandissait comme un
trophée. A l'idée que ce simple bout de papier allait changer sa vie, la jeune femme
de vingt deux ans devint fébrile, et l'excitation fit place à l'angoisse.
Au lieu de l'ouvrir, elle se mit à la fixer intensément, et à la retourner dans tous les
sens.
_ A moins que tes yeux ne se transforment en laser, je crois que tu vas devoir
regarder à l'intérieur , ironisa son père.
_ Tu veux peut-être que je m'en charge ? ajouta t-il.
_ Non, c'est à moi de le faire, renchérit-elle sur un ton résolu, mais rien ne presse
après tout, n'est ce pas ?
Elle regarda son père d'un air suppliant, cherchant une approbation de sa part,
même infime, mais ce dernier ne lui facilita pas la tâche.
_ Comme tu veux , dit-il simplement, après tout, tu es maître de ton avenir.
Mon dieu ! Elle avait beau adorer son père, elle détestait ce genre de phrase toute
faite qu'il lui débitait inlassablement, quand il ne savait pas quoi dire, comme si cela
pouvait l'aider !
En fait, il était tout aussi nerveux que sa fille, si ce n'est plus, bien qu'il essaye de
s'en cacher.
3Depuis que sa femme était morte, dix ans auparavant, le temps passait si vite ! il
avait construit une relation fusionnelle avec cette fille unique, elle était sa seule
famille, et il l'aimait par dessus tout. Ensemble, ils avaient traversé tant d'épreuves,
se soutenant, s'épaulant dans les moments difficiles. Il réalisa soudain, que cette
belle jeune femme à la chevelure rousse et flamboyante héritée de sa mère, n'était
plus une enfant, mais une adulte prête à quitter le nid et à prendre son envol.Il
réprima avec peine les larmes qui lui montaient aux yeux.
Camilla, quant à elle, bien loin de toutes ces préoccupations affectives, continuait de
fixer le bout de papier brun, puis ,d'un seul coup, aspira une grande bouffée d'air pur
pour se donner du courage, et les doigts tremblants, commença à décacheter
lentement l' épaisse enveloppe kraft.
Elle prit tout son temps pour extirper un, puis deux feuillets. Le visage impassible,
inexpressif, elle parcourut les quelques lignes de la lettre officielle, les mots
dansaient devant ses yeux. Face au silence oppressant qui s'éternisait, son père
piaffait d'impatience. Les minutes s'égrenaient , puis, n'y tenant plus, il laissa éclater
son exaspération.
_ Alors, tu l'as eut ou pas ? s'exclama t-il d'un ton plus agacé qu'il n'aurait voulu.
Camilla releva la tête, là encore, son visage n'exprimait rien, ni joie, ni peine, ni
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malheur, rien !
Son père commençait déjà à chercher les mots, à élaborer un début de discours qui
se voulait consolateur.
_C'est pas grave, tu as fais ce que tu pouvais, tu feras mieux l'année prochaine...
En bref, le genre d’inepties qui nous vient à l'esprit dans ce genre de situation, mais
dont on sait pertinemment que cela ne sert à rien. Soudain, le visage de la jeune
femme s'éclaira d'un large sourire, et elle laissa éclater sa joie en une série de cris et
de sauts plus exaltés les uns que les autres. L'écho en retentit d'un bout à l'autre de
la maison.
Elle se jeta dans les bras de son père, et l'embrassa vigoureusement.
_ J'ai réussi, je suis enfin journaliste !
Elle exultait littéralement de joie. Il faut dire qu'elle l'avait amplement mérité. C'était
l'aboutissement de tous ses rêves, tous ses efforts, ses privations avaient enfin payé.
Ce n'est pas quelques menus échecs par ci par là, qui l'avait découragé, bien au
contraire. Elle s'était lancée à corps perdu dans la bataille, et elle avait gagné.
_ Bon, on va enfin pouvoir profiter de ces vacances comme il se doit, parce qu'à
présent, tu vas être une femme très occupée , lui glissa son père clin d’œil à l'appui.
4Camilla sourit. Elle savait que sous son apparente décontraction, l'homme redoutait
de se retrouver seul. Elle le rassura.
_ Je viendrais te voir aussi souvent que possible, et de toute façon, je n'ai même pas
de travail. Je crois que tu vas devoir me supporter encore un peu.
_ Justement à ce propos, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer. J'ai recontacté un vieil
ami, William Peters. On s'est perdu de vu il y a des années. C'est un homme d'affaire
avisé. Il possède plusieurs entreprises dans différents domaines, dont un journal
d'investigation. Je lui ai parlé de toi, et il est d'accord pour te rencontrer la semaine
prochaine. Je crois qu'il a un fils d' à peu près ton âge. Tu ne m'en veux pas d'avoir
pris une telle initiative ?
_ Bien sur que non, mais tu as pris un risque, si je n'avais pas eu mon diplôme ?
Son père la regarda d'un air attendri :
_ Je n'en ait jamais douté.
Camilla lui passa affectueusement les mains autour du cou, le serrant longuement
dans ses bras.
_ Allez,file, lui dit-il, je suis sûr que tu as mieux à faire que de passer du temps avec
ton vieux père.
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_ Effectivement, le railla t-elle gentiment, je m'en vais de ce pas appeler Marine.
Ce faisant, elle saisit son samsung galaxy, et composa le numéro de sa meilleure
amie.
_ Je ne sais pas quoi te dire, je suis tellement contente pour toi !!! fit Marine au bout
du fil quand elle eut fini de lui raconter.
_Eh bien moi, je dis que ça se fête ! Une soirée entre filles, ça te tente ?
_ C'est une super idée ! le temps de me préparer et je suis chez toi dans une heure.
A l'autre bout du fil, Camilla éclata de rire. Elle savait pertinemment qu'il lui en
faudrait au moins trois de plus , rien que pour la tenue.
_ C'est ça, rigole, rétorqua Marine faussement vexée, je suis chez toi en moins de
temps qu'il n'en faut, tu verras.
_ Ok, alors je t 'attends, à tout à l'heure.
Tout comme la jeune femme l'avait prévu, Marine daigna faire son apparition trois
heures et demie plus tard.
_ Je sais ce que tu vas dire, anticipa t-elle quand Camilla ouvrit la porte, je ferai
mieux la prochaine fois.
5 Les deux jeunes femmes se connaissaient depuis l'enfance, et dés le premier
contact, l'alchimie avait opéré. Elles avaient fait de leurs différences une force, une
complémentarité. Il y avait Camilla la rousse, vivante, spontanée, impétueuse, et
Marine, la blonde angélique, évaporée, d'une timidité presque maladive. Tout le
monde la connaissait ainsi, sauf Camilla qui savait la vraie nature de son amie, son
caractère tendre et attachant.
Mais pour l'heure, une fabuleuse soirée les attendait. Marine avait opté pour une
tenue sobre et réglementaire, legging imitation jean, petit haut noir à paillettes, et
ballerines vernies à talons compensés. un maquillage discret et une queue de cheval
complétaient l'ensemble. Camilla, elle, avait sorti le grand jeu, c'était Sa soirée, et
elle comptait bien en profiter. Robe rouge moulante et décolleté à la Jessica Rabbit,
mettait en valeur ses formes voluptueuses, à ses pieds, escarpins à talons aiguilles.
_ Mon dieu ! S'exclama Marine, encore une fois je me sens ridicule à coté de toi.
_ Tu veux que je te prête une robe ? proposa Camilla bien qu'elle connut déjà la
réponse.
Marine déclina gentiment l'offre, elle ne se sentirait pas à l'aise, pas vraiment elle
même.
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Camilla n'insista pas.
_ Comme tu voudras .
S'ensuivit un rapide apéro collation, histoire de se mettre dans l'ambiance. Camilla
prit ensuite le volant de la Rover, spécialement prêtée par son père pour l'occasion.
La discothèque se trouvait à proximité du domicile de la jeune fille, et elles y avaient
leurs habitudes. A peine arrivées, le videur leur décocha un grand sourire.
_ Salut les filles ! C'est toujours un plaisir de vous voir ! lança t-il en ouvrant la porte
du « paradis ». C'était un nom très pompeux au vu de l'endroit. En effet, le directeur
avait une vision très personnelle et édulcorée « du paradis ». La décoration était très
kitsch, mais pour surprenant que ce soit, la boite de nuit avait trouvé son public,
fidèle et régulier.
Ainsi, palmiers en plastique marron et vert, côtoyaient un comptoir ressemblant à
une paillote corse, avec bien entendu les cocktails assortis. La musique, mélange
subtil de rythmes afro, reggae et zouk, complétait l'ensemble. Pourtant, les filles s'y
plaisaient, justement peut-être pour ce côté décalé et dépaysant.
_Deux amours , annonça Camilla en s'accoudant nonchalamment au bar.
Le serveur leur tendit à chacune un verre torsadé, dans lequel ne manquait ni la
paille, ni l'inévitable petit parapluie en papier chinois. Munies de leurs boissons,
roses et 6oranges, elles allèrent s'asseoir sur une banquette arrondie, surmontée
d'un tissus rouge vif, et de coussins de même teinte. Elles avaient volontairement
choisi une place assez éloignée de la piste, pour pouvoir parler aisément.
Elles discutaient depuis une demi heure environ, tout en sirotant leurs boissons
tropicales, quand Camilla eut soudain la surprise de sentir un bras inconnu lui
enserrer le cou. Elle tourna la tête, prête à remettre sèchement en place le malotru,
quand elle se retrouva nez à nez avec un charmant jeune homme au sourire
ravageur. Ce dernier ne lui laissa d'ailleurs pas le temps d'en placer une.
_ Salut ma belle, on s'est pas déjà vu ? Moi c'est Romain , lui susurra t-il à l'oreille.
_ Oh mon dieu !!! ça existe encore ce genre de phrase ! songea t-elle, pourtant elle
répondit du tac au tac:
_ Camilla .
De l'autre coté de la banquette, son ami, plus réservé, avait prit place à côté de
Marine.
Camilla ôta délicatement mais fermement le bras indésirable qui lui massait à
présent l'épaule, et regarda plus attentivement son propriétaire. Ce n'était pas
vraiment son style , mais elle devait avouer qu'il était loin d'être dénué de charme.
En vérité, c'était le type même du beau brun ténébreux aux yeux de braise. Grand,
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élancé, l'allure sportive, en un claquement de doigts, il devait probablement mettre
toutes les filles à ses pieds.
Camilla avisa Marine d'un air blasé et qui semblait dire :
_ Ça y est, c'est parti, mais son amie paraissait l'avoir totalement occultée, et
dévorait des yeux, le beau Romain.
_ Voici mon amie Marine , dit Camilla pour rompre un silence gênant.
? Et voilà Pierre , renchérit Romain en tendant une main vers le jeune homme assit
en face de lui. Ce dernier esquissa un timide sourire à l'attention des deux jeunes
filles. Visiblement, cette incursion n'était pas de son fait, et encore moins de sa
volonté.
_ Et si on parlait de toi , reprit Romain d'une voix mielleuse en se tournant vers
Camilla.
Contre toute attente, elle décida de se prêter au jeu. Une conversation légère
s'engagea entre la jeune fille et son nouveau prétendant. Ils se découvrirent ainsi de
nombreux points communs. En effet, tout comme elles, les garçons étaient amis
depuis l'enfance, ils avaient même fini par entreprendre des études similaires en
droit.
_ Incroyable comme deux personnes si dissemblables, peuvent aussi bien s'entendre,
pensa Camilla, tout en réalisant qu'il en était de même pour elle et Marine, à ceci
près que son amie poursuivait de brillantes études aux beaux arts.
_ Je viens d'avoir mon diplôme de journalisme, et je m'apprête à faire mon entrée
dans 7la vie active,déclara fièrement Camilla en levant son verre, c'est d'ailleurs ce
que nous sommes venus fêter ce soir ».
_ Alors trinquons à ton avenir , renchérit Romain en s'emparant du sien et en
plongeant ses yeux dans ceux de Camilla.
_ Trinquons , reprirent en chœur Marine et Pierre.
_ Je t'envie tu sais , souffla soudain le jeune homme à Camilla, en reposant son verre
sur la table.
Elle le regarda étonnée.
_ Tu m'envie de quoi ?
_ De faire ce que tu aimes, à moi, on ne me pas laissé le choix. Il faut dire que je
n'avais pas beaucoup d'idées non plus, alors pour couper court, mon père à décidé à
ma place que je ferais du droit. Des fois j'ai l'impression qu'il aurait préféré avoir un
fils comme Pierre.
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Le jeune homme rieur et décontracté, avait laissé place à un garçon désabusé et
amer. Camilla senti son cœur se serrer, il avait l'air sincère.
_ Je suis sur que tu te trompes. Et ta mère, qu'est ce qu'elle pense de tout ça ?
_ Ma mère est partie quand j'étais enfant
C'était bien elle ça, les pieds dans le plat.
_ Désolée , balbutia t-elle confuse.
_ Pas de souci, tu pouvais pas savoir . Enfin, tout ça c'est du passé, on va pas se
gâcher la soirée avec des histoires tristes , n'est ce pas ? Il accommoda sa tirade d'
un clin d’œil complice. Ça y est , en un instant le garçon grave et soucieux, était
redevenu désinvolte et joyeux. Camilla douta même que cet intermède ait vraiment
eut lieu, pourtant, l'espace d'un instant, elle eut le sentiment d'avoir rencontré le vrai
Romain. Une âme sensible se cachait sous cette carapace d'apparente décontraction.
Son avis sur le jeune homme changea du tout au tout.
Au fur et à mesure que le temps passait, l'atmosphère de la soirée se détendit. Pierre
s'enhardit même à entraîner une Marine vacillante et vaguement consentante sur la
piste de danse. Tandis qu'il faisait tournoyer sa partenaire sur un zouk rythmé,
Romain resté près de Camilla, se fit plus engageant. Il s'aventura même à poser une
main ferme sur la cuisse dénudée de la jeune fille.
_ Tu me plais vraiment beaucoup !
Elle vit ses lèvres entrouvertes se rapprocher dangereusement de son cou, et avant
qu'il 8n'ait pu rentrer en contact avec sa peau, elle le repoussa aussi doucement que
possible. Comment lui faire comprendre sans le vexer, qu'elle l'aimait bien ,mais que
sa première impression était la bonne, il n'était vraiment pas son genre.
_ Pas ce soir , fut la seule chose qui lui vint à l'esprit. Bien entendu il s'empressa de
rebondir sur cette phrase ambigu.
_ Un autre soir alors , glissa t-il mielleusement.
Camilla sentit monter en elle une pointe d' agacement
_ mince, il avait très bien compris, pourquoi insister ?
_ Ecoute... commença t-elle
_ Je te charrie, la coupa t-il, j'ai bien compris que je ne te plaisais pas, dommage,
mais l'espoir fait vivre.
_ Soyons amis , hasarda t-elle dans un dernier effort de conciliation. Phrase stupide
s'il en est, mais qui avait le mérite de couper court à tout élan. Malgré elle, elle
éclata de rire en voyant son visage se décomposer de manière comique.
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_ Oh non ! T'as pas osé dire ça ?
_ Allez vient danser ! sans lui laisser le temps de répondre, Camilla l’entraîna à son
tour au milieu des danseurs plus ou moins aguerris. La soirée s'acheva ainsi sous les
meilleurs auspices, et après un échange de numéro de téléphone en règle, chacun
repartit de son côté.
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Chapitre deux
La semaine suivante, Camilla passa le plus clair de son temps à préparer son
entretien d'embauche avec son « probable » futur patron. Elle voulait en savoir
davantage à son sujet, et partit à la pêche aux informations. Malheureusement pour
elle, il semblait que William Peters évoluait sur une autre planète. Elle ne dénicha
pas une seule photo de lui. En revanche, elle glana divers renseignements
concernant le journal. Elle apprit ainsi, qu'il l'avait racheté alors qu'il était en perte
de vitesse, et, peu à peu, avait réussi à redresser la barre. Il avait également
accomplit le miracle de conserver tous les employés. Un vrai philantrope !
Au bout de deux ans, les bénéfices étaient là. Pour effectuer cette prouesse, il avait
complètement modifié le concept éditorial. En effet, c'était tout d'abord un journal
d'investigation politique, appelé « l'enquêteur ». Il l'avait habilement transformé en
un magazine écologique rebaptisé : green world. Visiblement, ça plaisait, les ventes
avaient explosé en quelques mois.
L'environnement ... Camilla était perplexe. Elle n'y connaissait absolument rien, ne 1
versait pas du tout dans les thèses de green peace, et n'avait rien à dire sur les
voitures électriques. Elle découvrit cependant, que loin d'être un simple magazine
pour écolo averti, le journal avait dénoncé certains scandales sanitaires, qui avaient
fait la une de la presse et de l'opinion publique. Heureusement, elle avait encore le
week end pour bûcher et rattraper son retard.
_ Ah ! C'est pas trop tôt ! j'arrive enfin à t'avoir ! s'exclama Marine quand Camilla
décrocha son téléphone.
_ Désolé, j'ai été super occupée,je te rappelle que mon entretien est pour demain.
_ Ok, je croiserais les doigts pour toi.
Camilla connaissait suffisamment son amie, pour sentir qu'il y avait anguille sous
roche.
_ Tu voulais me demander autre chose ? questionna t-elle.
_ Oui...
Nous y voilà !
Après une brève hésitation, Marine finit par se lancer
_ Tu te souviens de Pierre, il m'a rappelé, tu crois que je devrais prendre un verre
avec lui ?
Que ferait-on sans les conseils avisés d'une bonne copine ? Camilla dut cependant
faire un léger effort de mémoire, Pierre ... Ca y est ! ça lui revenait.
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_ Pourquoi pas, il a l'air d'un gentil garçon.
_ T'as raison, je vais l'appeler, et toi tu me tiens au courant.
_ Promis.
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Chapitre trois
Camilla se leva plus tôt qu'à l'accoutumée. Elle avait décidé de ne rien laisser au
hasard, et surtout pas le choix de sa tenue. Alors, il lui fallut prendre son temps...
beaucoup de temps.
Après avoir consciencieusement étalé les trois quarts de sa garde robe sur le lit,
multiplié les combinaisons possibles, ainsi que les essayages qui allaient avec, elle
opta pour un ensemble classique mais tendance. Chemisier blanc ouvert sur deux
boutons ( trois, c'est au mieux indécent, au pire vulgaire), tailleur veste pantalon
bordeaux foncé ( petite note de couleur oblige, ce n'est pas non plus un
enterrement), talons pas trop hauts. Du haut de son mètre soixante quinze, elle était
déjà bien assez grande. Les chaussures, bling bling, d'une hauteur démesurée
étaient réservées aux soirées, et à certaines grandes occasions . Aujourd'hui, mieux
valait se la jouer discrète. Le maquillage devait 1lui aussi être léger. Une touche de
blush à peine visible, un soupçon de mascara et un brin de rouge à lèvres, le tour
était joué. Enfin, elle releva sa flamboyante chevelure rousse en un chignon qu'elle
noua derrière la nuque. Toutefois, quelques mèches rebelles et indomptables
parvinrent à s'en échapper. Ainsi parée et à peu près sure d'elle, la jeune femme prit
la route, direction le centre ville. Le journal se situait non loin du quartier d'affaires.
Banques, assurances et autres entreprises renommées y avaient installé leur siège
social. Elle traversa une avenue bordée de gigantesques tours aux immenses baies
vitrées. Cela devait être la fin de la pause déjeuner car une foule compacte se
pressait d'un pas rapide et docile vers de grandes portes coulissantes, derrière
lesquelles les employés disparaissaient tour à tour. On aurait dit un amas de fourmis
rejoignant leurs fourmilières. Gps à l'appui, Camilla finit par trouver l'endroit exacte,
et, oh miracle ! Une place se libéra juste devant l'entrée au moment où elle arrivait.
Il y avait un tel contraste entre les tours de plexiglas qu'elle venait de quitter, et le
batiment qu'elle avait à présent sous les yeux, qu'elle revérifia l'adresse. Pourtant, le
nom du journal s'étalant en lettres d'acier sur une grand partie de la façade, laissait
peu de place au doute. C'était un immeuble en béton armé, aux lignes strictes et
austères, pas très haut, mais qui s'étendait en largeur sur la moitié de la rue .
Camilla le data des années trente, bien avant que par manque d'espace, les
architectes ne soient contraints de tout construire en hauteur.
Prenant son courage à deux mains, elle se dirigea d'un pas décidé vers les deux
portes en verre, qui s'écartèrent devant elle, et franchit le seuil. A peine entrée,
Camilla resta bouche bée.
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chapitre quatre
Autant, elle avait jugé l'extérieur glauque et déprimant, autant, une fois à l'intérieur,
on était sans nul doute au vingt et unième siècle. En effet, le visiteur se voyait
propulsé dans un immense hall, aux allures de banques new-yorkaise
surdimensionnées. Camilla était ébahie. Carrelage immaculé, murs blancs, plafond
blanc, lumière aveuglante, spots à néons juste au dessus de la récéption. Les
hôtesses pouvaient bronzer à l'année sans bouger de leur siège. Ces dernières
d'ailleurs, semblaient hyper affairées derrière leur comptoir. Oreillettes bluetooth
vissées sur l'oreille, il eut fallut au minimum que Camilla se mette à danser la gigue
pour qu'elles la remarquent . La jeune femme, d'où elle était, ne voyait dépasser que
leurs têtes, où plutôt, leurs impeccables chignons, et leurs visages outrageusement
maquillés, style vendeuse S.... Elle s' approcha de l'accueil, et se pencha légèrement
en avant. Elle constata que l'uniforme était également de rigueur. Tailleur jupe bleu
marine, corsage écru, dans une autre vie, elles avaient sûrement été hôtesses de
l'air. La jeune fille se posta devant la plus blonde des deux, attendant patiemment
que celle ci achève sa conversation téléphonique. Au bout de longues minutes, et
tout en restant en ligne, elle parut se rendre compte de la présence de Camilla, et
leva sur elle un regard indifférent. Agitant une main dans sa direction, qui semblait
vouloir dire « patientez s'il vous plait », elle désigna un siège un peu plus loin.
Camilla s’exécuta, et avisant une table basse en verre recouverte de magazines,
commença à feuilleter quelques revues. Elle ne s'était certes pas attendu à un tel
déploiement de faste . On était loin de la rédaction ambiance bon enfant où elle avait
imaginée faire ses premières armes. Enfin, maintenant qu'elle était là, autant aller
jusqu'au bout,pas question de faire marche arrière, de quoi aurait-elle l'air devant
son père ! Pourtant, si William Peters était l'incarnation de ce qu'elle voyait, elle
redoutait le pire.
Malgré elle, et pour occulter le stress qu'elle sentait monter,Camilla se plongea dans
la passionnante lecture d'un article intitulé « changez vos habitudes ! » tout un
programme.
¬Mademoiselle
Elle releva la tête. La deuxième standardiste, une brune au cheveux frisés
l'interpellait. Immédiatement, Camilla devina les heures passées devant son miroir
pour faire tenir cette masse capillaire dans ce minuscule petit chignon. C'était à coup
sur la bombe de laque tous les matins. Elle compatit. Un badge placardé sur la
poitrine indiquait son prénom et sa fonction.
Emma- hôtesse d'accueil.
¬ Que puis je faire pour vous ? poursuivit-elle. Elle sourit, découvrant des dents
d'une éclatante blancheur.
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Instinctivement, Camilla se passa la langue sur les siennes.
¬Bonjour, je suis Camilla Martins, j'avais rendez vous avec monsieur Peters.
Sans un mot, Emma la réceptionniste disparut sous son comptoir, sûrement pour
consulter son agenda. Ayant vérifié les dires de son interlocutrice, elle décrocha son
téléphone.
¬ Le rendez vous de monsieur Peters est arrivé... très bien , merci.
Elle raccrocha et regarda à nouveau Camilla.
¬Ascenseur au bout du couloir, Premier étage, deuxième porte à droite.
Waouh ! Même pas une phrase complète.La jeune fille s'abstint de tous
commentaires désobligeant, se contentant d'un merci à peine audible. En pure perte
d'ailleurs, l'autre répondant à un nouvel appel, l'avait déja complètement oublié.
A la place de l'ascenseur, Camilla opta pour la volée d'escaliers ultra design en
aluminium. Un peu d'exercice ne lui ferait pas de mal.
Arrivée sur le palier du premier étage, la jeune fille fut confrontée à un nouveau
dilemme.
En effet, trois couloirs se partageaient l'espace, desservant des embranchements
différents.
¬ Qu' avait-elle dit déjà ? Deuxième porte à droite ? Ok, mais de quel couloir?
¬ Je peux vous aider ?
Surprise,Camilla se retourna d'un bloc. Son interlocuteur parut aussi stupéfait
qu'elle.
¬ Ça alors, si je m'attendais !
Sans lui laisser le temps de répondre, Romain, lui entoura la taille d' un bras ferme,
et l'attirant vers lui, asséna une bise sonore sur chacune de ses joues. Il se mit
ensuite à la détailler attentivement.
¬ Dis donc ! Siffla t-il entre ses dents, quelle métamorphose ! J'ai bien faillit ne pas
te reconnaître.
Elle allait lui répondre sur un ton cinglant, qu'elle n'avait pas pour habitude de se
balader toute la journée en mini jupe et bas résille, mais se retint. Au fond, elle
devait bien avouer qu'elle était ravie de rencontrer un visage ami dans ce lieu si froid
et impersonnel.
¬Je suis là pour un entretien d'embauche , se sentit-elle obligée de justifier.
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¬Ah bon ! Avec qui ?
¬ Monsieur William Peters, mais il faudrait déjà que je trouve son bureau ,
poursuivit-elle sur le ton de la plaisanterie.
Romain éclata de rire.
¬ Je sais où c'est, je vais t'y conduire. Après vous charmante demoiselle , dit il en
mimant une petite révérence.
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Chapitre cinq
Camilla lui emboîta le pas, direction le couloir central. Il ouvrit une porte, et s'écarta
pour la laisser passer. Tous deux entrèrent dans un vaste bureau ovale. Camilla
constata immédiatement que cette pièce était différente des autres. Des cadres
photos, tableaux, souvenirs de voyages lointains, masques africains ou estampes
japonaises, le propriétaire des lieux avait tenu à apporter sa touche personnelle. Un
long bureau en acajou et deux fauteuils style louis 15, trônaient au milieu de la pièce.
Une grande bibliothèque faisait pendant sur tout le côté droit du mur.
Étonnamment, cette variété de style avait trouvé son harmonie, et se mariait même
plutôt bien. Camilla et Romain ne virent pas tout de suite la jeune femme agenouillée
derrière la table de travail. Elle classait consciencieusement une pile de dossier
étalée devant elle. En entendant la porte se refermer, elle releva la tête d'un air
mécontent, puis sa physionomie changea lorsqu'elle reconnut Romain. En revanche,
le regard qu'elle darda sur Camilla était franchement hostile.
La femme en question n'était pas laide, à proprement parler, mais elle avait des
traits très réguliers. De grands yeux marrons en amande, et des cheveux bruns
coupés courts encadraient un petit visage fin. On pouvait difficilement trouver plus
dissemblable, que Camilla et cette inconnue. Elles se toisaient d'ailleurs avec
méfiance, tels deux lionnes enfermées dans une cage, se demandant laquelle des
deux attaquera la première. Romain, insensible à la tension ambiante, rompit le
silence d'un ton enjoué.
¬ Marion, cette jeune femme a rendez vous avec mon père.
Camilla se tourna vers lui interloquée. Faisant mine de ne pas s'en apercevoir, il
poursuivit :
¬ Veillez à ce qu'elle ne manque de rien.
¬ Bien monsieur Peters répondit docilement la secrétaire, mais la dureté de son
regard, démentait la douceur de son ton. Camilla, de son côté, n'y prêta aucune
importance. Elle était habituée à l'animosité naturelle des femmes envers elle. Les
hommes la désiraient et la gent féminine la jalousait, cela avait toujours été ainsi, et
elle en prenait son parti.
¬ Asseyez vous, je vous en prie, l'invita Marion, désirez vous un café ou autre
chose ?
¬ Non merci , répondit Camilla, en prenant place sur l'un des deux fauteuils.
¬ Je dois y aller , dit Romain, mais on se voit plus tard.
Avant de quitter le bureau, il se retourna une dernière fois.
¬ Ah oui, j'oubliais, bonne chance quand même, et pour la petite histoire, ne
18
Sweet Cam
t'inquiète pas, en général mon père impressionne, mais il n' a jamais essayé de
manger personne. Enfin… à part moi bien sur.
Sur ce, il disparut dans le couloir accompagné de Marion, laissant derrière lui une
Camilla décontenancée et peu rassurée.
Se retrouvant seule, elle décida d'en profiter pour examiner plus attentivement les
lieux. Elle se dirigea naturellement vers la bibliothèque, et y découvrit des livres de
toutes sortes, albums, encyclopédies, manuels… portant sur les sujets les plus
diverses, histoire, politique, religion… Elle en déduisit que monsieur Peters était de
nature curieuse. Il avait en tout cas des goûts très éclectiques. Plongée dans la
contemplation d'une édition limitée des fables de la Fontaine, elle n'entendit pas la
porte s'ouvrir et se refermer doucement.
¬ Bonjour !
Elle sursauta si bien , que le livre qu'elle tenait à la main lui échappa. Elle le rattrapa
de justesse dans une sorte de pirouette à la fois comique et ridicule, mais l'homme
devant elle ne souriait pas. Camilla se sentit devenir cramoisie jusqu'aux oreilles . Ça
lui apprendrait à être indiscrète, bien que dans son métier, cela soit parfois
considéré comme une réelle qualité.
¬ Veuillez m'excuser... bredouilla t-elle, mais les mots moururent instantanément
sur ses lèvres. William Peters était de loin, l'homme le plus séduisant qui lui ait été
donné de rencontrer. Il devait avoisiner les quarante cinq ans. De taille haute,
d'allure sportive, juste ce qu'il fallait, elle détestait les montagnes de muscles. Sa
peau était légèrement halée par le soleil, ses cheveux bruns avaient de chatoyants
reflets auburn, des mèches rebelles descendaient sur son front, bordant ses yeux
d'un bleu sombre dont la couleur lui fit penser à la houle d' une mer déchaînée. Le
coeur de Camilla bondit dans sa poitrine. Soudain, un sourire se dessina au coin de
ses lèvres, avait-il deviné son trouble ? une chose était certaine, il était conscient de
son charme, et il en jouait. De son côté, la jeune fille n'avait aucune idée de l'image
charmante qu'elle même renvoyait. Son air penaud et confus, telle une enfant prise
sur le fait en train de faire une bêtise, la rendait irrésistible. Un silence gênant
commençait à s'installer, il fut le premier à le rompre.
¬ Asseyez vous, je vous en prie.
La jeune femme s’exécuta. Il prit place derrière le bureau, légèrement penché vers
elle, mains croisées , dans une attitude faussement nonchalante.
¬ Nous allons donc commencer, dans un premier temps, je vais me présenter, puis
ce sera votre tour. je veux connaître vos attentes et vos désirs quand à l'avenir.
Il fit une courte pause, lui laissant le temps d'enregistrer l'information, puis reprit.
¬ Comme vous le savez déjà, je m'appelle William Peters, je suis le directeur de ce
19
Sweet Cam
journal. Il s'agit avant tout d'un magazine d'investigation sur tout ce qui a attrait à
l'environnement. Je suis actuellement à la recherche d'une pigiste et je mets un point
d'honneur à recruter moi même tout mon personnel, que ce soit pour l'entretien des
locaux, ou pour la rédaction proprement dite.
« Cet homme aime avoir le contrôle » songea Camilla.
¬ Une dernière chose, ce n'est pas parce que votre père est un vieil ami que vous
aurez droit à un régime de faveur. J'ai d'autres candidatures en cours, et je donnerais
la même chance à tout le monde.
Camilla acquiesça, le message était passé. D'un signe de tête, il lui indiqua que
c'était à elle de prendre la parole. Elle prit une profonde inspiration. Cette scène, la
jeune femme l'avait répété chez elle un nombre incalculable de fois, et pourtant, en
cet instant, elle décida de laisser parler son coeur.
¬ Je m'appelle Camilla Martins, j'ai vingt deux ans et je viens d'achever mon école
de journalisme. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours rêvé de faire ce
métier, je suis curieuse et très entêtée de nature, je suppose que ça y est pour
beaucoup.
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle. Pressentant que William Peters haïssait
toute forme de mensonge et de dissimulation, elle choisit de jouer carte sur table.
¬ En vérité, je ne vous cache pas que je m'y connaît peu en matière d'écologie, mais
je ne demande qu'à apprendre, je suis très motivée, et si vous me donnez ma chance,
je sais que je ne vous décevrez pas.
Elle le fixait intensément, les yeux brillants, le défiant de la contredire. Lui non plus,
ne la quittait pas des yeux. Camilla craignit un instant de s'être laissée emportée par
l' émotion, peut-être aurait-elle du s'en tenir à son discours initial. Elle se mordit la
lèvre, pourquoi fallait-il toujours qu'elle en fasse trop !
Sans dire un mot, il se leva, fit lentement le tour de son bureau pour venir se poster
devant elle, et lui tendit la main. Décontenancée par cette attitude peu
conventionnelle, Camilla mit timidement sa main dans la sienne, puis se leva à son
tour.
¬ Je vous remercie de votre franchise, je vous appellerais dés que j'aurais pris ma
décision.
Ils restèrent là, face à face, le temps semblait s'être suspendu. Camilla sentait son
cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, elle trouva néanmoins la force de se
dégager doucement.
¬ Au revoir ! furent les seuls mots qu'elle parvint à articuler tant elle avait la gorge
serrée.
20
Sweet Cam
Elle sentait ses jambes flageoler sous son poids, mais essaya de se diriger aussi
naturellement que possible vers la sortie. Dans son dos, un regard bleu azur la
transperçait de toutes parts. Avec un immense soulagement, elle referma la porte
derrière elle. Seule la bienséance l'empêchait de se mettre à courir. Marion la toisait
d'un air suspicieux, mais Camilla continua son chemin, calmement, avant de
s'engouffrer dans l'ascenseur.
Que lui arrivait-il ? Il fallait absolument qu'elle se reprenne ! Jamais un homme ne
l'avait mis dans un tel état , mais jamais non plus elle n'avait éprouvé une telle
attirance. Camilla s'était sentie littéralement fondre de désir. Quand les portes de
l'ascenseur se rouvrirent , elle avait retrouvé un semblant de raison, cela ne devait
pas se reproduire, elle y veillerait.
21
Sweet Cam
chapitre six
Dehors, assis sur un banc, Romain l'attendait.
¬ Alors, le grand méchant loup ne t'as pas avalé toute crue ? la railla t-il, se
méprenant sur son air troublé.
¬ Tu avais raison, ton père est très impressionnant.
¬ Attention ma belle, c'est aussi un grand tombeur, fais gaffe à toi.
Sans trop savoir pourquoi, cette remarque exaspéra la jeune femme.
¬ Pour l'instant, c'est le cadet de mes soucis, tout ce que je veux, c'est avoir ce
travail !
répondit-elle sur un ton plus agressif qu'elle n'aurait voulu, mais Romain ne parut
pas s'apercevoir des sentiments qui l'agitaient.
¬ Je te proposerais bien de lui en toucher un mot, mais ça risque plutôt de te
desservir, lui et moi avons… comment dire… des divergences à peu près sur tout.
Camilla se radoucit, touchée par la bienveillance du jeune homme.
¬ Surtout pas, il m'a déjà bien fait comprendre que son amitié avec mon père n'était
pas un atout en ma faveur, alors ne t'en mêle pas s'il te plait.
Romain lui administra une tape amicale sur l'épaule.
¬ J'ignorais que ton père connaissait le mien, ça facilitera les choses pour le
mariage
Camilla éclata d'un rire franc.
¬ T'es incroyable, allez viens, je te paye un café, et tu m'expliqueras ce que tu fais
dans l'entreprise.
¬ Merci princesse, on va vite s'éloigner car mon paternel nous observe du haut de sa
tour.
Camilla se retourna, et mit sa main en visière pour pouvoir lever les yeux.
Effectivement, William Peters se tenait debout derrière sa baie vitrée, tel un sphinx,
et les observait fixement. Ils étaient trop loin pour que la jeune femme puisse
déchiffrer l'expression de son visage. Elle frémit tout en se laissant entraîner par
Romain vers une terrasse de café en centre ville. C'était une belle journée de
printemps ensoleillée, une 1brise légère leur caressait le visage. Ils choisirent une
place à l'ombre, au dessus d'eux, un tilleul embaumait l'air. Camilla détacha son
chignon, et renversa la tête en arrière, laissant ses cheveux flotter librement au vent.
Romain la regardait, admiratif.
22
Sweet Cam
¬ Je crois que j'adorerais travailler avec toi, ça mettrait un peu d'ambiance dans
cette boite sinistre.
¬ Tu ne crois pas que tu exagères un peu.
¬ Je te laisse le soin de le découvrir par toi même. dit-il en levant son verre.
Camilla apprit ainsi qu'en marge de ses études, Romain travaillait de temps à autre
comme pigiste ou coursier au journal. William tenait à ce que son fils connaisse la
valeur de l'argent et du travail accompli.
Lorsqu'elle rentra chez elle, monsieur Martins l'attendait de pied ferme.
_Eh bien c'est pas trop tôt ! raconte moi, comment c'est passé ton entretien ?
Plutôt que de lui répondre, Camilla prit le temps de se déchausser , puis, se rendit
dans la cuisine, où elle se servit un grand verre de jus de fruit. Elle but d'une traite
et regarda fixement son père. Ce dernier trépignait littéralement d'impatience.
_ Bien je crois, maintenant il n' y a plus qu' à attendre le verdict.
Monsieur Martins parut déçu, mais n'insista pas.
_ Au fait, ton amie Marine a essayé de te joindre au moins trois fois, elle aussi avait
l'air curieuse de savoir.
_ Je vais la rappeler tout de suite.
Camilla s'engagea dans l'escalier menant à sa chambre, puis, arrivée en haut des
marches, se tourna vers son père.
_ Quoi qu'il arrive, merci papa, ça a été une expérience intéressante.
La jeune femme lui envoya un baiser volé, et disparut au coin du couloir.
Tout en composant le numéro de Marine, une question la taraudait. Devait-elle
raconter à son amie les détails de l'entrevue, ce qu'elle avait ressenti au contact de
cet homme qui avait presque deux fois son âge ? Après mure réflexion, elle décida de
s'en tenir à une version plus formelle, d'autant qu'elle n'était même pas sure d'être
embauchée.
_ Allo ! Cam ! Alors, raconte moi ma belle, je parie que tu les a tous ébloui.
L'accueil hostile de Marion lui revint en mémoire.
_ Ebloui… je n'irais pas jusque là, à vrai dire, je ne sais pas du tout ce qu'il a pensé
de moi, par contre, j'ai eu une drôle de surprise, j'ai fait une rencontre imprévue .
_ Quelle rencontre ? fit Marine intriguée.
2_ Romain ! Figure toi que c'est son fils !
23
Sweet Cam
_Le fils de qui ?
_ Eh bien le fils de William Peters ! Incroyable comme coïncidence, tu ne trouves
pas ?
_ Plutôt oui, surtout que de mon coté, j'ai suivi tes conseils, j'ai revu Pierre.
_ C'est vrai ? à toi de me raconter alors.
_ Oh tu sais, il n'y a pas grand-chose à dire, c'est un gentil garçon, et j'ai passé un
moment agréable.
Camilla connaissait suffisamment son amie pour en déduire que la passion n'était pas
au rendez vous.
_ Et… Romain, tu comptes le revoir ? On pourrait peut-être s'organiser une soirée à
quatre, qu'est ce que tu en penses ?
Camilla n'osa pas lui dire qu'elle n'avait pas vraiment le cœur à la fête, et préféra
éluder la question.
_ Oui pourquoi pas, faut voir.
_ Ok, je m'incline devant tant d'enthousiasme, tu es sur que tout va bien ?
_ Excuse moi, j'ai un peu la tête ailleurs.
_ Pas de souci, tu sais que je suis là si tu a besoin de parler.
Camilla fut touchée.
_ Je sais, ne t'inquiètes pas, c'est juste un peu de fatigue,une bonne nuit de sommeil
me remettra d'applomb.
Elle savait pourtant pertinemment, que la nuit risquait au contraire d'être très
courte, à moins qu'elle n'arrive à chasser définitivement de son esprit l’envoûtant et
trop séduisant William Peters.
24
Sweet Cam
Chapitre sept
La semaine suivante, Camilla profita des premiers jours d'été, et des rayons de soleil
naissant pour s'occuper le corps et surtout l'esprit. Pas question de rester scotchée à
côté du téléphone en attendant un hypothétique appel, ou de traverser la maison en
trombe, dés que la sonnerie retentirait.
Farniente ! Était le maitre mot, et elle comptait bien ne pas y déroger. Elle en profita
donc pour s'adonner à ses plaisirs favoris, sorties, resto, ciné, shopping, shopping et
encore shopping. Elle devait se l'avouer, cela lui faisait un bien fou, lâcher prise, il y
avait si longtemps. Pourtant, en parallèle, dans un coin reculé de sa tête, elle
fomentait d'autres projets pour l' avenir.
1Au bout de dix jours, n'ayant toujours pas de nouvelles de William Peters, ou d'un
membre de son staff, Camilla se mit à rêver d'un voyage au bout du monde. Au revoir
la France, sa petite ville dorée de banlieue sud parisienne, bonjour l'Australie, le
Canada, et pourquoi pas l'Amérique. Une année sabbatique serait la bienvenue, elle
proposerait à Marine de l'accompagner.
Alors qu'elle s'était peu à peu résolue, à ce que ses premiers pas dans la vie
professionnelle n'aurait pas lieu au Green world, son père fit irruption un soir dans
sa chambre, le téléphone à la main et un sourire énigmatique aux lèvres.
_ Pour toi , annonça t-il simplement.
Camilla lui jeta un regard intriguée en se saisissant du combiné.
_ Allo , murmura t-elle .
_ Mademoiselle Martins, ici Marion Novak, je vous appelle de la part de monsieur
Peters. Votre candidature a été retenue au poste de pigiste. Vous êtes priées de vous
présenter lundi matin à neuf heures précises. Je vous souhaite une agréable journée,
au revoir.
La voix était sèche, le ton dénué de chaleur. Elle avait débité sa tirade d'une traite,
et raccrochée sans même laisser le temps à Camilla de pouvoir en placer une. Mais
celle-ci s'en fichait. Elle avait retenu le principal, elle était embauchée dans un grand
journal , et allait enfin pouvoir mettre à profit ses talents d'enquêtrice . A quelques
mètres d'elle, son père était resté immobile. Pas besoin de parler, ils se
comprenaient naturellement et elle devina qu’il exultait tout autant qu'elle.
Le réveil sonna à sept heures. Pas question d'être en retard dés le premier jour.
Camilla se sentait l' âme d'une battante. Elle allait tout dévorer sur son passage, elle
en était sure. Mais pour l'instant, elle devait régler un problème autrement plus
25
Sweet Cam
urgent. En effet, chacun sait que le choix d'une tenue, lorsque l'on débute un travail,
est toujours un problème cornélien. Pouvait-elle prétendre au jean baskets, peut-être
pas ! Elle opta pour un tailleur classique, jupe légèrement plissée au dessus du
genou, et mocassins à talons plat. Seule note de fantaisie autorisée, elle laissa ses
cheveux flotter librement en cascades sur ses épaules. Une touche de CK one dans le
cou, elle admira son reflet dans la psyché, satisfaite de l'image que lui renvoya le
miroir. Elle respira un grand coup, et partit.
26
Sweet Cam
Chapitre huit
Camilla avait le sentiment de vivre l'une des périodes les plus heureuses de sa vie.
Deux 1mois déjà qu'elle avait investi le journal, et pas une ombre au tableau. Un
travail passionnant, des collègues adorables, elle avait été accueillie de la meilleure
des façons . Le plus enthousiaste d'entre eux, était sans conteste Romain. Toujours
serviable, et aux petits soins pour la jeune fille. Non, décidément, ça ne pouvait pas
aller mieux. Elle n 'avait pas revu William Peters depuis leur entretien, mais avait cru
comprendre, qu'il naviguait entre ses différentes entreprises, laissant la gestion
partielle du journal à ses plus proches collaborateurs. Sans être physiquement
présent, il avait cependant un œil sur tout, et son ombre planait à chaque coin de
couloir. Un seul détail attristait Camilla. Romain semblait n'entretenir aucune
relation avec son père, que ce soit de près ou de loin. Elle ne pouvait s'empêcher de
trouver regrettable ce manque flagrant de communication. Bien qu'elle s'entende
formidablement avec le jeune homme, elle devinait qu'il s'agissait là d'un sujet
sensible et évitait de l'aborder, peut-être un jour, qui sait ?
Bien qu'étant la dernière arrivée, elle était très impliquée dans son travail. On
l'appréciait pour sa rigueur et sa ponctualité, elle ne comptait pas ses heures et était
toujours prompte à rendre service à un collègue en difficulté.
Tous les lundis matins, avait lieu une réunion d'information rassemblant tout le
personnel de l'hebdomadaire, journalistes, pigistes, mais également secrétaires de
rédaction.
Il s'agissait de décider, de mettre en forme et de répartir les sujets éditoriaux pour la
semaine à venir. Aucun retard, ni absence non justifiée, n'était tolérés à cette
occasion.
C'était veille de weekend. La semaine avait été riche en émotion, et Camilla
s'apprêtait à savourer un repos bien mérité. Avec Marine, elles avaient prévu une
virée au bord de la mer. Le temps promettait d'être de la partie et il lui tardait d'y
être.
¬ Mademoiselle Martins !
Marion l'interpella au moment où elle s'apprêtait à sortir. Camilla se retourna
surprise et légèrement sur la défensive. Il était rare que la secrétaire de William
Peters, lui adresse la parole, de surcroît sur un ton aussi aimable.
¬ Je voulais juste vous avertir que la réunion de lundi vient tout juste d'être annulée.
Monsieur Peters n'a pas eut le temps de faire passer une note interne, aussi c'est moi
qui vous prévient .
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Sweet Cam
¬ Merci de m 'avertir rétorqua simplement Camilla avant de s'engouffrer dans
l'ascenseur.
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Sweet Cam
Chapitre neuf
¬ Alors, tu es prête ?
Camilla trépignait d'impatience. Comme d'habitude, il fallait des heures à Marion
pour se préparer. Pour quelqu'un d'aussi ponctuel et organisé que Camilla, c'était à
la limite du supportable. Pourtant, dieu sait si elle faisait des efforts pour se contenir.
Mais là ! son amie abusait vraiment de sa patience.
¬ Je te préviens, dans une minute, je pars sans toi.
¬ C'est bon, c'est bon, j'arrive. Calmos ma belle, lui lança Marine en dévalant les
escaliers, on est en week end tu sais, il faut vraiment que tu te détendes.
Camilla sentit une incontrôlable bouffée d'énervement lui monter à la tête.
¬ J'aimerais quand même arriver avant ce soir ! rétorqua t-elle d'un ton irrité, on a
de la route je te rappelle !
¬ De toute façon, y'a pas plus près que Dieppe. Ca m'étonnerait que je me baigne,
mais j'ai quand même emmener mon maillot au cas où , dit Marine en agitant sous
les yeux de Camilla un minuscule bikini brésilien rose fluo, qui ne devait pas cacher
grand chose de son anatomie. Ces derniers temps, Camilla trouvait que son amie,
d'ordinaire si prude et réservée, avait tendance à se dévergonder d'une façon
exagérément audacieuse. Si extravertie soit-elle, elle n'oserait jamais porter en
public cette chose pas plus grande qu'un mouchoir de poche. Sans parler du fait, que
la température de l'eau devait avoisiner les dix sept degrés. Rien qu'en y pensant,
Camilla ne put retenir un frisson. Si vraiment le soleil était de la partie, une petite
bronzette sur la plage ferait largement l'affaire. Elle tremperait peut-être deux ou
trois orteils, mais certainement pas plus. Elles iraient ensuite flâner dans le centre
ville historique, le long de la grande rue avec ses allées centrales dégagées et
bordées d’innombrables boutiques, puis finirait la journée en dégustant une
succulente glace italienne. Camilla en salivait d'avance.
Un vent frais et léger lui caressait le visage . Elle aimait cette senteur iodée typique
du bord de mer. Finalement, Marine renonçant à sa baignade, avait préféré se
plonger dans la lecture d'un bon roman. Seuls les cris stridents de quelques
mouettes éparses, venaient troubler cette apaisante quiétude. Nonchalamment
allongée sur le sable fin, Camilla avait remonté et noué son tee shirt juste au dessus
du nombril. Son short court, laissait apparaître ses jambes longues et fuselées.Elle
sentait sur sa peau se propager la douce chaleur du soleil.
1 Fut-ce son intuition féminine qui éveilla ses sens ? elle eut soudain l'étrange
impression d'être observée. Elle se releva et regarda autour d'elle. Pendant un
29
Sweet Cam
moment, elle crut s'être trompée, puis, aperçut, à quelques mètres d'elle, William
Peters. Il était confortablement assis à la terrasse d'un café donnant sur le front de
mer, un verre de coktail à la main. Il l'observait fixement, intensément. Camilla se
sentit frémir. Même à cette distance, elle pouvait distinguer son regard de braise
parcourant son corps de haut en bas. D'abord il contempla sa voluptueuse poitrine à
peine couverte par l'étoffe légère, puis, s'attarda sur son ventre plat, et enfin, sur la
courbe généreuse de ses hanches. Ce regard lui faisait l'effet de la plus sensuelle des
caresses. C'était exactement comme si ses mains virils se posaient sur chaque partie
de son corps. Elle était littéralement envoûtée par la présence magnétique de cet
homme. Par la seule force de son regard, il la possédait entièrement. Le temps s'était
arrêté.L 'arrivée d'une femme rompit le charme. Elle prit place à ses cotés et lui
glissa quelques mots à l'oreille. Camilla reprit possession de ses sens,et revint à la
réalité.
¬ Eh Cam ! Tu m' écoutes, on va se la manger cette glace ?
La jeune femme se tourna vers son amie, lui sourit et acquiesça.
¬ Bien sur, qu'est ce qu'on attends !
Elle rassembla en hâte ses affaires éparpillées autour d'elle, et en passant près de
William Peters,s' efforça de ne pas tourner la tête dans sa direction.
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Sweet Cam
Chapitre dix
Camilla profita de la grasse matinée qui lui était inopinément offerte, pour paresser
langoureusement au lit deux heures de plus. Elle arriva au bureau fraîche et dispo,
ne prenant pas garde aux regards interrogatifs, que s'échangeaient ses collègues sur
son passage. Elle traversa, sourire aux lèvres, les demi open space, séparés par de
courtes cloisons amovibles en verre teinté. Ce ne fut qu'au moment où elle prit place
derrière son écran, qu'elle eut l'intuition que quelque chose clochait. Romain vint
s'asseoir nonchalamment sur un coin de son bureau, et la fixa d'un air soucieux.
Camilla pensa immédiatement qu'il avait passé un mauvais week end, et désirait
seulement trouver une oreille attentive pour épancher ses petits tracas existentiels.
¬ Eh bien, tu t'es levé du pied gauche ce matin, qu'est ce qui t'arrive ? le questionna
t-elle.
¬ Ce serait plus tôt à moi de te poser la question.
Elle le regarda perplexe.
¬ De quoi tu parles ?
1¬ La réunion de ce matin, j'espère que tu as une bonne excuse ! Le patron est
furieux, il t'attends dans son bureau.
¬ La réunion !!!
Camilla se mordit les lèvres, mais quelle idiote ! elle est tellement pressée de partir
ce vendredi soir , qu'elle n'avait pas prit la peine de vérifier les dires de Marion. Elle
ne perdait rien pour attendre celle là ! Enfin, pour le moment, elle pouvait surtout
s'en prendre à elle même. Elle n'avait qu'à être plus vigilante.
Camilla tenta de relativiser.Cela ne servait à rien de se lamenter, elle devait
maintenant trouver le moyen de se sortir de ce pétrin. Quelque chose lui disait que
ce ne serait pas une mince affaire. Elle tenta de se défendre auprès de Romain.
¬ Marion m'avait dit que...
Il l'interrompit en éclatant de rire.
¬ Marion !!!
Camilla se sentit encore plus honteuse, et se maudit intérieurement de sa fichue
naïveté. Ce n'était pas la première fois que son empathie l'amenait à faire confiance
aux mauvaises personnes.
¬ Tout le monde sait ici qu'elle est raide dingue de mon père. T'es pas la première
dont elle essaye de se débarrasser.Chaque fois qu'il y a une nouvelle recrue c'est
comme ça, surtout quand elle est aussi jolie que toi.
31
Sweet Cam
La jeune femme soupira. A quoi bon tergiverser plus longtemps,autant en finir. Elle
se dirigea d'un pas lent vers le bureau de William Peters et toqua doucement à la
porte.
¬ Entrez !
Le ton était sec et dénué de chaleur. Cela ressemblait plus à un ordre qu'à une
invitation. William Peters se tenait debout, adossé à son bureau, les mains posées à
plat de chaque côté. Il la regardait avancer, Camilla lut dans ses yeux une colère
sourde. Un pli dur lui barrait la bouche. Bien qu'intimidée, elle ne put s'empêcher de
le trouver encore plus séduisant.
¬ Asseyez vous !
Il ne prit même pas la peine de lui désigner un siège. Elle s' éxécuta et prit place
timidement sur un fauteuil face à lui. Ainsi, il la dominait de toute sa hauteur. Etait-il
possible, que ce fut le même homme qui quelques jours auparavant la dévorait des
yeux.
¬ Mademoiselle, il me semble avoir été assez clair, s'il y a une règle simple à laquelle
je ne tolère pas que l'on déroge, ce sont les manquements injustifiés. Vous avez sans
aucune explication prélable rater une réunion importante. Qu'avez vous à dire pour
votre 2défense ?
Il croisa les bras, la toisant d'un air sévère. Jamais Camilla ne s'était sentie aussi
humiliée. Elle avait l'impression d'être une écolière se faisant sèchement
réprimandée par son instituteur. Elle comprit en outre, qu'il ne servirait à rien de
reporter la faute sur Marion, cela lui serait au contraire encore plus préjudiciable.
Elle prit donc le parti d'attendre que la tempête passe, et baissa la tête en signe de
soumission.
¬ Je suis désolée, cela ne se reproduira plus, je vous assure.
Elle crut que cela suffirait.
¬ Effectivement, cela ne se reproduira plus. Vous allez immédiatement prendre vos
affaires, et passez à la comptabilité, on vous donnera votre solde de tout compte.
Camilla leva vers lui un regard éberlué, elle avait peine à croire à ce qu'elle
entendait.
¬ Vous me virez ! s'exclama t-elle.
¬ Au revoir.
Il fit le tour de son bureau, et se plongea dans un des dossier ouvert sur son sous
main, signifiant ainsi que l'entretien était fini. Camilla rassembla toute la dignité
dont elle était capable, non , elle ne ferait pas de scandale. Elle se leva avec
l'impression soudaine de peser une tonne. Elle marcha jusqu'à la porte avec des
32
Sweet Cam
gestes d'automate, et sortit sans se retourner.
Romain l'attendait.
¬ Alors ? demanda t-il inquiet en voyant son air défait.
¬ Je me suis fait renvoyer.
¬ Tu plaisantes !
Autour d'eux, des têtes se relevèrent, et un attroupement commença à se former.
¬ Je pensais bien que tu te ferais copieusement enguirlander, mais de là à te virer !
lui non plus ne semblait pas comprendre cette décision pour le moins radicale.
¬ Je vais aller lui parler.
Camilla posa la main sur son bras, le stoppant net dans son élan.
¬ Non merci, c'est gentil mais ça ne ferait qu'aggraver les choses.
¬ Comme tu voudras.
¬ Cette fois elle a été trop loin , retentit une voix dans l'assistance.
¬ Il faut lui donner une bonne leçon, renchérit une autre.
Camilla se sentit touchée et émue. Il y avait parmi eux des personnes à qui elle
n'avait jamais adressé la parole, et qui se proposait à présent de lui faire justice.
¬ Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?
3William Peters se tenait sur le seuil de la porte, et les fixait un à un.
¬ Retournez à vos postes ! intima t-il d'une voix forte.
Chacun s'écarta, et Camilla se retrouva à nouveau seule. Et mince, en plus il allait
croire qu'elle fomentait une rébellion ! Elle alla rassembler en hâte ses quelques
affaires, puis,malgré la déception et le chagrin qui l'étreignait, releva la tête. Les
bras chargés d'un carton à moitié plein, elle se dirigea vers l'ascenseur. Elle croisa
Marion revenant de sa pause. Cette dernière la regarda passer d'un air satisfait, un
sourire narquois au coin des lèvres. Camilla hésita un instant entre se mettre à
pleurer, où lâcher son carton et lui régler son compte, là, tout de suite. Mais elle ne
fit ni l'un, ni l'autre. Arrivée chez elle, elle s'effondra sur le canapé en cuir du
salon,réalisant avec peine ce qu'il venait de se passer.
33
Sweet Cam
Chapitre onze
¬ Camilla, ma chérie, sors de là s'il te plait, !
Monsieur Martins était complètemement désemparé.Il avait d'abord cru qu'il ne
s'agirait là que d'une petite déprime passagère. Camilla avait toujours été une
battante, elle se remettait vite d'applomb d'ordinaire. Pourtant, il semblait que cette
fois, ce fut différent. Il le sentait, sans vraiment pouvoir l'expliquer. En effet, depuis
trois jours, la jeune femme n'avait pas quitté sa chambre, à peine avait-elle touché à
son assiette. Elle lui avait bien sur brièvement expliqué la situation. Ce qui la
révoltait, n'était pas tant de se retrouver sans emploi, mais l'injustice flagrante dont
elle était victime. Lui, de son côté, avait bien pensé à appelé en personne William
Peters, mais une voix intérieure lui soufflait de ne pas s'en mêler. En désespoir de
cause, il avait finit par joindre Marine, la seule personne à sa connaissance capable
de raisonner sa fille. Elle ne devait d'ailleurs pas tarder à arriver.
Quand le coup de sonnette retentit, monsieur Martins se précipita à la porte, l'ouvrit
en grand, prêt à accueillir la jeune femme comme son sauveur. La vision qui se
présenta à lui le laissa sans voix. C'était bien Marine, mais une Marine, différente,
très éloignée de la personne prude et réservée qu'il connaissait habituellement. Il
fronça les sourcils et se pencha en avant. Oui, c'était bien elle, elle avait teint ses
cheveux, autrefois blond et soyeux, aujourd'hui noir corbeaux. Mais il n'y avait pas
que sa coiffure. Sa tenue aurait sans nul doute choqué quelqu'un de moins averti et
de moins tolérant que monsieur Martins. En haut, un débardeur quasi transparent
voilait à peine la courbure de ses seins, en bas, un short minuscule en coton dévoilait
jusque le haut de ses cuisses.
A ses pieds, d' énormes doc martens noires vernies qui tranchait furieusement avec
le 1reste de l'ensemble. Il se demanda l'espace d'un instant s'il avait bien fait de
s'adresser à elle.
¬ Marine ! J'ai bien failli ne pas te reconnaître.
¬ Vous aimez mon nouveau style ?
¬ C'est... comment dire... surprenant.
¬ Merci.
Avant qu'il ait pu ajouter quelque chose, elle se faufila dans la maison, et grimpa
quatre à quatre les marches menant à la chambre de Camilla.
¬ Eh Cam, c'est moi,Marine, je peux entrer s'il te plait.
Sans attendre la réponse, elle fit irruption dans la pièce. Tout comme son père,
Camilla écarquilla les yeux en découvrant la tenue de son amie.
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Sweet Cam
¬ Tu es sur que tout va bien ? lui demanda t-elle d'un air si suspicieux que Marine
plissa les yeux.
¬ Très bien ? rétorqua Marine, qu'est ce que tu veux dire?
Camilla cherchait ses mots afin de ne pas blesser ou vexer inutilement la jeune
femme.
Je parles de tes vêtements, ton nouveau look, j'avais déjà remarqué un sacré
changement tu sais.
Marine se rembrunit.
¬ Je suis venue pour parler de toi ma belle.
Camilla sentit qu'elle avait touché un point sensible. Elle décida de remettre cette
conversation à plus tard.
¬ Mon père t'a raconté ? fit-elle d'un ton las.
¬ Oui, et je ne comprends pas que tu sois partie comme ça sans rien dire, c'est pas
ton genre pourtant ! S'exclama Marine.
Camilla s'énerva :
¬ Et qu'est ce que tu voulais que je fasse ? un scandale peut-être ! Ça n'aurait rien
arrangé crois moi.
¬ De toute façon, c'est juste une stupide histoire de jalousie, tu vas faire quoi
maintenant ?
Camilla haussa les épaules. Elle n' avait pas eut le temps de réfléchir à son avenir
immédiat. Il allait pourtant falloir qu'elle se reprenne en main.
¬ Et Romain, qu'est ce qu'il en pense ? poursuivit Marine.
¬ Je n'ai pas eut de ses nouvelles. Camilla marqua une pause, en faite, je préférerais
qu'on change de sujet si tu veux bien.
2¬ Bien sur... ? Marine soupira légèrement, tu veux qu'on parle de moi j'imagine ?
¬ Seulement si t' en as envie, tu sais que tu peux tout me dire.
Marine la regarda longuement en silence. Camilla pensa que la jeune femme allait se
raviser, et garder pour elle ses confidences. Finalement, elle se lança.
¬ Tu te souviens de cette soirée en discothèque, quand nous avons fait connaissance
avec Romain et Pierre ?
¬ Oui, bien sur, d'autant que c'était pour fêter ma nouvelle embauche, laquelle vient
d'ailleurs de prendre fin, fit-elle d'un ton amer.
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Sweet Cam
¬ Je me suis dis qu'il fallait que je me lache un peu si je voulais plaire.
¬ Ah, c'est juste une histoire de mec en fait ?
Marine se mordit la lèvre.
¬ Oui, on peut dire ça comme ça.
¬ Le prends pas mal, mais je suis pas sur que ce soit la bonne solution.
¬ S'il te plait, ne me sers pas le vieux refrain du rester soi même, ou que je suis
mieux au naturelle !
¬ Eh bien si ! Justement, la taquina Camilla, j'ai envie de retrouver ma meilleure
amie. Elle marqua une pause . Tu finiras par trouver quelqu'un, j'en suis sur. Juste
une question, est ce que Romain a quelque chose à voir la dedans ?
Marine baissa les yeux et fixa la moquette.
¬ Pas Romain en particulier, mais ce style d'homme oui . »
Camilla soupira. A ce moment là, le téléphone de la table de chevet se mit à vibrer.
Camilla jeta un coup d'oeil sur l'écran pour savoir de qui provenait l'appel.
¬ Tiens, quand on parle du loup ! dit la jeune femme en brandissant son portable.
¬ Tu ne réponds pas ? s'étonna Marine.
¬ Non, je ne veux plus entendre parler de cette boite !
¬ Mais c'est peut-être important.
Devant le regard lapidaire que lui jeta son amie, Marine n'insista pas. Le portable se
remit à vibrer.
¬ Tu as un message.
¬ Je ne l'écouterais pas ! fit Camilla d'un ton résolu.
Elles restèrent une partie de l'après midi, à converser, et à profiter de leur
complicité retrouvée. Un peu plus tard, elles décidèrent de partir en virée shopping.
¬ Il faut d'abord que je me change déclara Marine sur un ton malicieux. Quelques
minutes plus tard, après que Camilla lui eut proposé des vêtements de rechange, la
jeune 3femme sortit de la salle de bain, vêtue d'une tunique fluide resserrée à la
taille, et d'un fin leggins noir.
¬ Par contre, pour les cheveux il faudra attendre, fit Marine en faisant passer une
mèche devant ses yeux. Normalement ça part au bout de dix shampoings. Les deux
amies éclatèrent de rire.
Elles passèrent un agréable moment, et oublièrent le temps d'une après midi, leurs
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Sweet Cam
petits tracas quotidiens.
¬ Je pense que le shopping devrait être remboursé par la sécurité sociale !
s'exclama joyeusement Camilla, tandis qu'elles sortaient d'une énième séance
d'essayage. Je ne connais pas de meilleur anti dépresseur.
¬ Tout à fait d'accord avec toi, approuva Marine, on devrait lancer une pétition.
Elles riaient encore en arrivant chez Camilla, les bras chargés de sacs.
¬ Papa, nous sommes rentrés ! s'écria la jeune femme en déposant ses paquets dans
le hall. Quelle ne fut pas sa surprise en relevant la tête, de se retrouver nez à nez
avec Romain. Marine qui lui emboîtait le pas, resta à son tour muette d'étonnement
devant cette soudaine apparition.
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Sweet Cam
Chapitre douze
¬ Bon, je crois que je vais vous laisser .Cam, à bientôt. fit-elle en s'éclipsant
discrètement. Camilla quand à elle, ne quittait pas Romain des yeux.
¬ Qu'est ce que tu fais ici ? Qu'est ce que tu veux ? demanda t-elle.
¬ J'ai quelque chose d'important à te dire.
¬ Je ne sais pas si j'ai envie de t'écouter , répondit la jeune femme en passant devant
lui pour accrocher sa veste à la patère. Camilla se savait injuste envers lui, après
tout, il n' y était pour rien. Elle tenta de se rattraper.
¬ Excuse moi, j'ai eut un peu de mal à encaisser le coup, tu comprends n'est ce
pas ?
Il s'approcha d'elle en souriant, et lui posa les mains sur les épaules.
¬ Alors tu devrais m'offrir un café, je crois que ce que j'ai à te dire va te faire plaisir.
Camilla fronça les sourcils. Cependant, intriguée par l'attitude de Romain, elle
accepta. Dix minutes plus tard, ils étaient assis, côte à côte sur le canapé du salon.
¬ Bon, tu as réussi à piquer ma curiosité, je t'écoute. Qu'est ce que tu as de si
important à me dire ?
Romain prit son temps pour ménager son effet. Il but une gorgée de café, et reposa
lentement la tasse encore fumante sur la table basse.
¬ Marion a été renvoyé ! annonça t-il soudain.
Camilla le regarda interloquée.
1¬ Tu peux répéter s'il te plait ?
¬ Ma-rion a été ren-voy-ée. dit-il en détachant chaque syllabe.
¬ Qu'est ce qu'il s'est passé ?
¬ Eh bien, tu peux te vanter d'avoir des collègues sacrément solidaires, et un
nouveau meilleur ami qui assure. Moi ! En l'occurence.
¬ Je sais que je ne devrais pas me réjouir, mais elle n'a que ce qu'elle mérite.
¬ Tu peux te réjouir au contraire, car pour toi ça change tout.
Camilla écarquilla les yeux.
¬ Comment ça ?
Romain afficha un sourire radieux.
¬ Ça veut dire que tu reviens quand tu veux. C'est ce que j'étais venu t'annoncer.
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Sweet Cam
La jeune femme était stupéfaite, elle s'attendait à tout sauf à ça.
¬ Alors tu ne sais plus quoi dire ?
¬ Mais comment vous avez fait ?
¬ Je dois avouer que la pauvre en a un peu bavé, dit Romain en s'affalant contre les
coussins du divan. Du jour au lendemain, on a tous arrêté de lui adresser la parole .
On a fait comme si elle n'existait plus .
¬ Et ça a marché ?
Romain éclata de rire.
¬ Tu parles que ça a marché ! Au bout d'une semaine, elle ne supportait déjà plus de
manger toute seule à la cafétéria. On lui a dit que ce serait comme ça tous les jours
dorénavant, à moins qu'elle ne répare son erreur. Au début elle a nié bien sur, puis
elle a finit par craquer. Elle est allée trouver mon père qui la renvoyé sur le champs.
¬ C'est lui qui t'as dit de venir me voir ?
¬ Non, pas vraiment, il voulait t'appeler, mais j'ai préféré me déplacer en personne.
Alors qu'est ce que tu en dis ?
Pour toute réponse, Camilla se jeta à son cou, laissant exploser sa joie.
¬ Merci, merci, merci !!!
¬ Je regrette pas d'être venu dis donc, j'en déduis que ça veut dire oui.
¬ Bien sur que ça veut dire oui !
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Sweet Cam
Chapitre treize
1Le retour de Camilla ne passa pas inaperçu . Jamais elle n'avait serré autant de
mains, ni ne s'était répandue en tant de remerciements. Elle retrouva sa place
comme si elle ne l'avait jamais quitté. Cette mésaventure lui avait toutefois servi de
leçon. Elle veillerait à être plus vigilante à l'avenir.
¬ Mademoiselle, je peux vous parler.
Cette voix suave et rauque. Le cœur de Camilla bondit dans sa poitrine. Elle se
retourna, essayant d'avoir l'air aussi naturelle que possible. Il se tenait à quelques
mètres d'elle, son teint halé faisait ressortir ses yeux sombre et profond. Il la fixait,
immobile, les mains enfoncées dans les poches.
¬ Oui, oui, bien sur , bredouilla t-elle en se levant de son siège. Il ouvrit la porte de
son bureau, et s'effaça pour la laisser passer. Camilla avança timidement jusqu'au
centre de la pièce. William Peters vint se poster face à elle, les yeux brillants,
affichant un sourire irrésistible.
¬ J'aimerais que nous repartions sur de bonnes bases, commença t-il, je dois avouer
que je suis ravi que vous soyez à nouveau parmi nous.
¬ Moi aussi monsieur, je suis très heureuse d'être là.
¬ Vous êtes très amie avec mon fils ?
La question prit Camilla au dépourvu.
¬ On ne se connaît pas depuis très longtemps, mais je l'apprécie et je l'estime
beaucoup .
¬ Lui aussi visiblement. Il s'est battu comme un lion pour que vous reveniez. Je dois
vous avouer que votre renvoi a été une décision vraiment difficile à prendre .
Il darda sur elle un regard intense qui la fit frémir, et se rapprocha ostensiblement.
Camilla savait qu'elle aurait du reculer, ne serait-ce que d'un pas, mais elle était
comme paralysée. Il était si près d'elle. Elle pouvait presque sentir son souffle chaud
lui effleurer le visage. Sa respiration devint haletante.
2¬ Une dernière question cependant... Quand je vous ait demandé de vous défendre,
pourquoi ne m'avez vous pas dit la vérité ?
Camilla pesa ses mots.
¬ Parce que cela n'aurait rien changé, et puis les coups bas, la manipulation, je
laisse ça aux autres.
¬ Mais vous avez failli perdre votre place !
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Sweet Cam
Elle haussa les épaules.
¬ Je crois que de toute manière, j'aurais du mal à travailler avec des personnes dont
je dois me méfier.
¬ Ce problème a été résolu, mais à présent, je vais devoir retrouver une secrétaire ,
dit-il sur un ton taquin.
Cet entretien prenait une tournure dangereuse, et Camilla s'apprêtait à sortir quand
il se pencha vers elle.
¬ Vous m'avez manqué , lui susurra t-il à l'oreille d'une voix sensuelle. Ils étaient
presque joue contre joue. Elle crut l'espace d'un instant qu'il allait l'embrasser. A
cette idée, une irrésistible vague de chaleur monta en elle, partant de ses reins, et
longeant toute sa colonne vertébrale. Mais au lieu de cela, il s'écarta et se dirigea
vers la bibliothèque. L'entrevue était terminée.
Elle ne sut pas comment elle réussit à quitter la pièce. Ses jambes la portaient à
peine. La jeune femme du se rendre à l'évidence, elle éprouvait pour son patron une
attirance physique incontrôlable. Pour Camilla, c'était un combat perdu d'avance.
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Sweet Cam
Chapitre quatorze
Les jours suivants, la jeune femme reprit peu à peu ses marques, et eut la joie de
faire connaissance avec la nouvelle assistante de William Peters, prénommée
Chantal. D'emblée, Camilla la trouva fort sympathique. C'était une femme petite et
replette, d'environ cinquante ans. Elle avait une coiffure indéfinissable, composée de
mèches courtes et colorées, lui balayant constamment le visage. Elle était également
la fière et heureuse maman de « quatre beaux gaillards » comme elle aimait à les
appeler. Elle passait d'ailleurs son temps à chanter leurs louanges. Elle avait même
proposé à Camilla de lui présenter l'un d'entre eux, et pourquoi pas les quatre à la
fois. La jeune femme avait gentiment mais fermement décliné l'offre.
? Tant pis, avait soupiré Chantal en s'éloignant, tu ne sais pas ce que tu rates.
Camilla, de son côté, n'avait pas eut l'occasion de se retrouver à nouveau en tête à
tête avec William Peters. Par moment, lorsqu'elle était occupée à la photocopieuse
ou à son 1bureau, elle avait l'impression étrange de sentir son aura, la puissance de
son regard posé sur elle. Cela lui faisait l'effet d'une décharge éléctrique, mais elle
ne se retournait pas, de crainte d'être déçue.
Ce lundi matin, promettait d'être identique aux autres. Camilla arriva légèrement en
avance.
La réunion n'avait pas encore commencé. Chacun prenait place autour de la longue
table ovale, tout en discutant, un gobelet de café chaud à la main. William Peters
arriva. Il arborait une barbe de trois jours, et Camilla, ne put s'empêcher de trouver
ce petit côté négligé encore plus sexy.
Il prit la parole.
¬ Bonjour à tous. j'ai une annonce importante à faire, avant que nous étudiions les
sujets de cette semaine.
Il fit une pause, afin de s'assurer qu'il avait toute l'attention de son auditoire.
¬ Comme vous le savez sans doute, reprit-il, Matt est malade. Il devait initialement
partir en Afrique ces jours ci, pour rédiger un article sur la découverte d' une
gigantesque source d'eau souterraine. Malheureusement, pour des raisons
personnels, il ne pourra pas être du voyage avec Romain et Alice. J'ai donc du
prendre une décision afin de le remplacer au pied levé.
Il tourna la tête à gauche, et tous les regards de l'assistance convergèrent dans la
même direction.
¬ Camilla, c'est toi que j'ai choisi.
La jeune femme le regarda stupéfaite. D'abord, il la tutoyait pour la première fois.
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Ensuite,il s'agissait là d'une véritable promotion. Jusqu'ici, elle s'était cantonnée à
rédiger divers petits articles sans importances sur des événements locaux et des faits
divers, et voilà que l'Afrique s'offrait à elle. Elle n'en revenait pas . Camilla se rendit
compte, que certains de ses collègues échangeaient déjà des regards suspicieux. Pas
la peine d'être devin pour imaginer ce qu'ils pensaient. Comment avait-elle fait ?
Pourquoi elle ? La réponse se lisait dans leurs yeux, mais elle s'en fichait. Elle allait
enfin pouvoir exercer ses talents de journalistes et prouver de quoi elle était capable.
C'était une chance inespérée de leur montrer à tous qu'ils se trompaient s'ils
pensaient qu'elle n'était pas à la hauteur de la tâche.
William Peters poursuivit.
¬ Il s'agit d'une zone dangereuse, la guerre civile fait rage. Il faudra être très
prudent. 2Sur place, vous aurez un guide qui vous servira également d'interprète.
Pour les détails, voyez avec Chantal, c'est elle qui s'est occupée de tout. Bon, passons
maintenant aux autres sujets.
A la fin de la séance, Camilla se demandait quelle attitude adopter. Devait-elle le
remercier pour cette marque de confiance. Elle n'eut pas à se poser longtemps la
question, car après que chacun eut rejoint son poste de travail , il s'approcha d'elle.
Camilla se lança.
¬ Je ne sais comment vous remercier, vous n'aurez pas à le regretter, je vous le
promets ! fit-elle d'un ton enjoué.
¬ J'espère que je n'aurais pas à le regretter en effet.
¬ Je travaillerais jour et nuit si il le faut...
¬ Je ne parlais pas du travail.
Soudain, il glissa un bras autour de sa taille et l'attira doucement contre lui.
¬ Sois prudente, je t'en supplie, murmura t-il tout contre sa joue.
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