Harcèlement versus droit de gérance
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Harcèlement versus droit de gérance
minute du gestionnaire, n° 29 Harcèlement versus droit de gérance Dans une société où tout est défini par des lois et où les relations de travail sont décrites en termes de droits et d’obligations, gérer des employés peut sembler de plus en plus compliqué. La population est de mieux en mieux sensibilisée à la problématique du harcèlement. On encourage les organisations à mettre en place des politiques de prévention en la matière et, à cet effet, des lois sont mises sur pied afin de protéger les employés. Dans ce paysage juridique, il convient de se rappeler que les gestionnaires peuvent et même doivent se prévaloir de leur droit de gérance, qu’il faut bien dissocier du harcèlement psychologique. Des concepts différents… Le harcèlement psychologique, selon la loi, est décrit comme « une conduite vexatoire qui se manifeste par des comportements, des paroles ou des gestes répétés, qui sont hostiles ou non désirés, laquelle porte atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique du salarié et qui entraîne, pour celui-ci, un milieu de travail néfaste. »1 (CNT, 2002) Le droit de gérance, quant à lui, fait référence à la responsabilité du gestionnaire de diriger ses employés. Plus précisément, ce droit prévoit que le gestionnaire est responsable de superviser le personnel, de gérer la ponctualité et l’absentéisme, de s’occuper de la discipline, de gérer les changements dans l’organisation et dans les conditions de travail et de procéder à l’allocation des ressources. Le gestionnaire doit agir dans l’intérêt de l’entreprise et veiller à son bon fonctionnement; il n’agit pas dans le but de nuire aux employés. Bien évidemment, il doit toujours être prudent dans l’exercice de ses fonctions et s’assurer de ne pas verser dans l’abus d’autorité. 1 http://www.cnt.gouv.qc.ca/guide-interpretation-et-jurisprudence/partie-i/la-loi-sur-les-normes-du-travail/les-normesdu-travail-art-391-a-97/le-harcelement-psychologique-art8118-a-8120/8118/ … mais une frontière parfois mince. « Est-ce qu’il est sur mon dos ou est-ce qu’il fait simplement son travail? » Si les intentions du superviseur sont malveillantes, il peut s’agir de harcèlement. Si les sanctions disciplinaires visent à isoler ou à humilier l’employé, on peut se questionner sur le bien-fondé de la mesure. Lorsqu’un employeur crie après un employé ou utilise des paroles blessantes, la relation est devenue malsaine. Un employeur connu pour son caractère bourru ne peut justifier son ton sous prétexte que c’est dans sa nature et qu’il agit de la même manière avec tout le monde. Le droit de gérance implique d’être diplomate et de veiller à utiliser le ton et les mots appropriés. Malgré tout, il arrive parfois que l’intervention de l’employeur semble particulièrement désagréable à l’employé, voire vexante. Il peut arriver également que des conflits de personnalités surviennent entre l’employé et son superviseur et que les relations de travail deviennent particulièrement tendues. Si ces situations sont considérées comme « à risque », il ne faut pas pour autant invoquer le harcèlement à la moindre contrariété. Un indice pouvant aider à faire la différence entre harcèlement et droit de gérance est que l’utilisation de ce dernier vise à apporter des corrections dans le comportement ou dans le rendement de l’employé et non pas simplement à le punir. Droit de gérance et changements organisationnels La prise de décisions, visant le bon fonctionnement de l’équipe de travail, dans le respect des normes de travail et des conventions collectives, peut impliquer des changements majeurs dans les façons de fonctionner, dans les tâches ou les objectifs de travail des employés. Cependant, il convient de faciliter l’adoption de ces nouvelles mesures par un accompagnement des employés, en leur offrant de la formation supplémentaire, si cela est nécessaire. Faut-il laisser faire? Des conflits non réglés peuvent être plus nuisibles à l’entreprise que les mesures disciplinaires que peut adopter un gestionnaire. Ainsi, certaines mesures peuvent sembler fort désagréables à l’employé qui les vit sans pour autant constituer du harcèlement, par exemple : la rétrogradation, les menaces de mesures disciplinaires, un congédiement pour rendement insatisfaisant, etc. Dossier de l’employé et gradation des sanctions disciplinaires On recommande généralement une progression dans les mesures adoptées pour soutenir un employé dont le rendement est insatisfaisant ou qui manifeste des comportements inappropriés. Le premier élément dans la démarche est l’obtention de faits objectifs et vérifiables. Il est conseillé de tenir les dossiers des employés à jour et d’y consigner tant les bons que les moins bons coups : lacunes, absences, retards, mauvaise attitude, mais aussi entraide, prise d’initiatives, dépassement des objectifs, etc. Il est également important de s’assurer que les employés soient bien informés des attentes de l’entreprise à leur égard. Les évaluations de rendement doivent se baser sur des critères équitables. Il est essentiel de rencontrer les individus lorsque nécessaire afin de leur signaler leurs faiblesses et leur proposer des outils afin de les aider à atteindre les objectifs liés à leur poste. Le gestionnaire doit leur fixer des délais raisonnables pour apporter les correctifs demandés et leur fixer une nouvelle rencontre à la fin de cette période afin de réévaluer la situation. Advenant le cas où les difficultés sont importantes, il faut informer l’employé que si le rendement reste insatisfaisant à la fin de cette période, il risque une suspension ou un congédiement. La mise à pied en soi ne pourra se mettre en place qu’après l’application de toutes ces mesures. Un employé ne peut être congédié s’il ne sait pas qu’il n’atteint pas les objectifs. Autres recommandations Quelques outils supplémentaires soutiendront les gestionnaires dans l’exercice de leur fonction et les aideront à exercer leur droit de gérance de manière plus efficace et objective : une description de tâches détaillée et à jour, un plan de formation, un suivi régulier de la performance des employés, des politiques de gestion claires. Finalement, le fait de sensibiliser les employés et les gestionnaires à la différence entre droit de gérance et harcèlement peut suffire à diminuer le risque de conflits. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à parler à une personne de confiance qui pourra vous aider à faire la part des choses. Le coaching de gestion proposé par votre programme d’aide aux employés pourra vous guider dans cette démarche. Votre programme d’aide peut vous aider. 1 888 687 - 9197 RÉFÉRENCES www.cnt.gouv.qc.ca http://www2.ulaval.ca/services-de-a-a-z/harcelement/harcelement/ distinction-entre-le-droit-de-gerance-et-le-harcelement-psychologique.html http://www.ajbm.qc.ca/documents/file/documents/diner-conference/ conference-10-mars-resume.pdf http://www.portailrh.org/harcelement/ www.portailrh.org/expert/ficheSA.aspx?p=561809 www.portailrh.org/vigiert/fiche_campusrh.aspx?p=338228 La minute du gestionnaire est consacrée à des articles traitant de psychologie. Elle est publiée tous les trimestres par le Groupe Renaud et Associés inc. Tous droits réservés. ©