Bernhard Fischer, Johann Friedrich Cotta. Verleger

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Bernhard Fischer, Johann Friedrich Cotta. Verleger
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Genton, François: Rezension über: Bernhard Fischer, Johann
Friedrich Cotta. Verleger, Entrepreneur, Politiker, Göttingen:
Wallstein, 2014, in: Francia-Recensio, 2015-4, Frühe Neuzeit –
Revolution – Empire (1500–1815), heruntergeladen über
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Francia­Recensio 2015/4
Frühe Neuzeit – Revolution – Empire (1500–1815)
Bernhard Fischer, Johann Friedrich Cotta. Verleger, Entrepreneur, Politiker, Göttingen (Wallstein) 2014, 967 [16] S., ISBN 978­3­8353­1396­5, EUR 49,90.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
François Genton, Grenoble
Après avoir produit depuis 2000 plusieurs monographies sur les multiples activités et relations littéraires de l’éditeur de Schiller, Goethe, Herder, Wieland, Jean Paul, mais aussi d’Alexander von Humboldt, Uhland et Heine »journaliste«, Bernhard Fischer vient de publier une somme sur la vie et l’œuvre de Johann Friedrich Cotta. L’ouvrage de l’ancien directeur des archives Cotta à Marbach (1992–2007) complète et couronne une bibliographie déjà relativement fournie, car Cotta (1764–1832) est un personnage central de l’histoire non seulement littéraire de l’Allemagne, mais aussi politique, économique, industrielle et technique. Héritier d’une famille d’éditeurs de Tübingen, dont l’entreprise était traditionnellement étroitement liée aux publications des professeurs de l’université et du Tübinger Stift, séminaire protestant de formation des pasteurs et des maîtres, Cotta a cherché, après que son père lui eut vendu l’entreprise en 1787, à élargir l’éventail des publications, créant des organes de presse et attirant les meilleurs poètes allemands, en particulier grâce à une réputation justifiée de générosité et de fiabilité. Dès 1803, il dirige la maison d’édition la plus grande d’Allemagne (p. 203). Homme de goût et d’affaires, prudent mais résolu, il s’engagea aussi sur le plan politique. Tout en veillant à conserver le soutien du pouvoir en place, il n’a pas été insensible aux grandes tendances de l’époque, éditant (mais en toute discrétion) le »Straßburgisches politisches Journal« dans lequel son frère Christoph Friedrich célèbre »en direct« la radicalisation de la Révolution française en 1792, au demeurant une mauvaise affaire d’un point de vue financier. Il a entretenu avec son »compatriote« Schiller une véritable et profonde amitié et a été l’éditeur de ses entreprises de presse, à commencer par »Die Horen« où ont paru en 1795 les antirévolutionnaires »Lettres sur l’éducation esthétique«. Cotta évolue par la suite vers un certain libéralisme. Sans doute »napoléonien« fidèle, à l’instar de Goethe, il s’engage, notamment au congrès de Vienne, pour combattre les »éditeurs­pirates« et obtenir un statut juridique (et financier) bien défini pour les éditeurs, les libraires et les auteurs et défend après 1815 son idéal »constitutionnaliste« au royaume de Wurtemberg. Anobli, comme »ses« auteurs, à savoir Schiller, Herder et Goethe, ce fils d’éditeur­libraire bien établi, voire reconnu, mais dont le rayonnement restait limité, est devenu l’incarnation même de l’ascension d’une certaine bourgeoisie de culture et d’entrepreneuriat jusque dans les plus hautes sphères politiques et sociales. On note que, sur le plan politique, il s’oppose après 1815 à un budget militaire trop élevé: cette question de l’attachement des dynasties à leur budget militaire n’est­elle pas un point central de l’histoire allemande du XIXe siècle? Cet éditeur de nombreux auteurs »juifs« (Börne, Heine, Beer, etc.) s’oppose – avec le gouvernement en place – au maintien des discriminations pour lesquelles Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
s’engage avec véhémence son ancien associé Christian Jakob Zahn. Au total, un homme résolument moderne et dont les dernières années sont marquées par l’échec de ses investissements pour l’introduction du bateau à vapeur sur le Lac de Constance, en raison de l’opposition des organisations professionnelles des bateliers. La veuve de Cotta, sa deuxième épouse, n’a eu droit qu’à une portion réduite de l’héritage et a épousé Ernst Eugen von Hügel, ministre de la Guerre wurtembergeois et ancien général de la Grande Armée. Quant au principal héritier, Georg von Cotta, fils issu du premier mariage, il a développé l’entreprise familiale. Un tout petit regret: c’est dans le »Straßburgisches politisches Journal« que Goethe a trouvé (mais presque trente ans plus tard) la source de la formule qu’il affirme avoir forgée le soir de la bataille de Valmy. Ce fait, relevé dans les années 1980 par l’auteur de ces lignes, aurait peut­être mérité de figurer dans une étude aussi approfondie. Ce livre très documenté gagnerait à faire l’objet d’une édition abrégée, permettant à un public plus large de se faire une idée exacte et riche ce que qu’a représenté Cotta pour l’Allemagne »en construction« de l’Ancien Régime aux premières décennies de la Confédération germanique. L’éditeur protestant d’une région relativement éloignée des centres vivants de l’Aufklärung, notamment en Saxe, est parvenu à construire à partir de sa position provinciale et excentrée une entreprise qui fut le centre éditorial de l’Allemagne moderne, rassemblant dans un même catalogue les meilleurs auteurs et les périodiques ou journaux les plus importants. Le livre de Bernhard Fischer rend très bien compte du génie de Johann Friedrich Cotta, un mélange d’ambition, de créativité, d’intelligence, de diplomatie qui n’exclut nullement la fermeté et l’honnêteté intellectuelle.
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