la danse de mort - Théâtre Prospero

Transcription

la danse de mort - Théâtre Prospero
DOSSIER DE PRESSE
La Veillée retrouve
STRINDBERG
père du théâtre moderne
du 20 novembre au 15 décembre 2012
LA DANSE DE MORT
conception et mise en scène
Gregory Hlady
avec
Paul Ahmarani, Denis Gravereaux et Danielle Proulx
Partenaire de production
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Retrouver Strindberg
« Se blottir contre sa poitrine… L’énorme Strindberg, cette rage, ces pages gagnées à
la force du poing. » Kafka
Le Groupe de la Veillée, en plus de s’attacher à la découverte de textes nouveaux, puise
dans les écritures d’auteurs qui nous ont précédés et qui ont proposé de manière forte, et
encore maintenant avec beaucoup d’acuité, une vision de l’humanité lucide et pénétrante,
tout en participant à l’évolution du théâtre.
Après avoir présenté Créanciers en 1993, c’est avec beaucoup de plaisir que nous
proposons une deuxième pièce de Strindberg - rarement monté sur les scènes québécoises à
l’exception de Mlle Julie. Nous en offrons la direction à un metteur en scène audacieux dans
ses propositions scéniques, Gregory Hlady. Ce dernier nous invitera sans doute, avec ces
personnages mythiques de LA DANSE DE MORT, à une valse brute, parfois cruelle, mais
aussi avec ses enchantements et mystères.
« Je me sens mieux parce que j’ai lu
Strindberg. Je ne le lis pas pour le lire,
mais pour me blottir contre sa poitrine…
L’énorme Strindberg. Cette rage, ces
pages gagnées à la force du poing. »
Franz Kafka
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SOMMAIRE
LA PIÈCE / LA DANSE DE MORT …...…………………………………………...………………….. Page 5
L’AUTEUR / AUGUST STRINDBERG…………………………..…….………..……………...…….. Page 6
Notes biographiques
L’œuvre théâtrale
L’œuvre autobiographie
Ses romans et nouvelles
Sa correspondance
L’ÉQUIPE DE CRÉATION …………………………...………………………………...……..…….... Page 13
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LA PIÈCE
LA DANSE DE MORT
Edgar et Alice, « tourtereaux du diable », déchirés et soudés autant par les années de vie commune
que par la haine et de la détestation battent le rythme d’une « liaison dangereuse » strindbergienne où
se succèdent les phrases accusatrices, cruelles. Passant des attirances aux répulsions successives,
sur fond de musiques puissantes et bacchanales, ils esquissent les pas d’une danse qui les enfoncent
de plus en plus dans une autodestruction. Puis, un visiteur, Kurt, mystérieux cousin, ancien ami de la
famille, richissime revenant de l’Amérique, vient interrompre momentanément cette mécanique
conjugale. Séducteur ? Ange ou démon justicier ?
Pièce phare, écrite par l’un des auteurs suédois les plus prolixes et les plus significatifs, toutes
époques confondues, elle fait partie des œuvres qui ont fait de lui un des pionniers de
l’expressionnisme européen, connu surtout comme étant un des pères du théâtre moderne. Auteur
d’au-delà de soixante-dix pièces, d’une autobiographie, de romans et de nouvelles, il a inspiré des
dramaturges aussi illustres que Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Eugene O’Neill et Tennessee
Williams.
Contexte historique
On reconnaît, dans le texte d’origine, plusieurs aspects appartenant à l’histoire personnelle d’August
Strindberg: ses nombreux exils, la « tour bleue » où il passa ses derniers jours, ses rapports houleux
avec des femmes ayant renoncé au théâtre, une gloire en dents de scie et une susceptibilité qui l’a fait
tanguer entre l’abîme de la folie et la lucidité exaltée du génie tout au long d’une existence marquée
par la désillusion. Écrite juste après le Chemin de Damas (I-II, 1898), où August Strindberg cherche à
représenter son univers intérieur comme un long mystère médiéval onirique, La Danse de mort se
situe à la charnière entre deux périodes de l'œuvre de l’auteur, se détachant du naturalisme
dont elle est issue pour entrer dans le symbolisme qu'elle préfigure.
La danse de mort a été mise en scène pour la première fois, en 1912, quelques mois après le décès
de l’artiste, par un titan du milieu théâtral, Max Reinhardt. Depuis, ses pièces ont été portées à la
scène par de nombreux créateurs réputés à travers le monde dont Bergman, entre autres, qui fut
fortement influencé par l’œuvre de Strindberg.
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August Strindberg
Un siècle après sa mort, il continue de fasciner. Précurseur et novateur à son époque, cet auteur
magistral parvient encore à provoquer le public du théâtre partout dans le monde. La lutte inlassable
qu’il a menée toute sa vie pour la liberté de pensée et de parole est plus importante que jamais
à une époque où la censure règne dans bien des pays.
Notes biographiques
Né le 22 janvier 1849 et mort le 14 mai 1912 à Stockholm, sa ville natale, trois fois marié, cent fois
fâché, ayant séjourné quinze ans hors de Suède, Johan August Strindberg a dérouté et ébloui ses
contemporains.
Il grandit au sein d'une famille déjà nombreuse qui connaît des moments difficiles. Son père, d'origine
bourgeoise, est épicier, puis commissionnaire maritime ; tandis que sa mère, issue d'un milieu
modeste, était serveuse, puis gouvernante. Au sortir du lycée, en 1867, il est le premier de sa famille
à passer le baccalauréat et il part pour Uppsala pour y étudier l’esthétique et les langues modernes. Il
rentre à Stockholm l’année suivante et y trouve une place de précepteur. Il écrit ses premiers articles,
entreprend une carrière manquée d’acteur et commence à écrire ses premiers drames. Il se découvre
une vocation d'auteur dramatique et renonce à la carrière médicale qu’il avait jadis convoitée. Il
présente son mémoire de licence en esthétique mais, à son grand désarroi, il obtient une note
moyenne. Le roi Charles XV lui décerne néanmoins une bourse personnelle de 200 couronnes.
L’auteur s'établit à Stockholm à partir de 1872, sans avoir obtenu de diplôme universitaire.
Il fait la connaissance et tombe amoureux de Siri von Essen (1850-1912), baronne Wrangel, en 1875.
Après avoir obtenu le divorce, celle-ci fait ses débuts au théâtre et Strindberg ne tarde pas à
l’épouser. Les premières années de mariage sont heureuses ; Strindberg a deux filles, Karin et Greta.
Son premier grand drame, Maître Olof (1872), et surtout le roman de critique sociale la Chambre
rouge (1879), lui apportent la célébrité sans qu’il obtienne la faveur de la critique. Or, sa susceptibilité
maladive le force à fuir la Suède, mettant fin à la carrière théâtrale de son épouse. En 1883,
Strindberg s’établit en France avec sa famille. L'année suivante, il s'installe en Suisse, où naît un fils :
Hans. La parution de la première partie de Mariés (1884) provoque un procès, ce qui le force à
retourner à Stockholm, incident qui suscite énormément d’amertume. Il s’établit ensuite au Danemark
en 1887, où il vit avec sa famille dans des conditions de plus en plus difficiles. De retour en Suède, la
discorde mènera au divorce en 1891.
Pourtant, ces années de brouilles et de précarité donnent lieu à une importante production littéraire. Il
écrit une autobiographie intitulée le Fils de la servante (1886), les romans Gens de Hemsö (1887) et
Au bord de la mer (1890), en plus de grands drames naturalistes intitulés Père (1887), Mademoiselle
Julie (1888) et Créanciers (1888).
Strindberg part pour Berlin en 1892, où il rencontre Frida Uhl, une journaliste autrichienne de vingt et
un ans. Ils se marient quelques mois plus tard. Après un voyage de noces en Angleterre ainsi qu’un
séjour en Allemagne puis en Autriche, une petite fille, Kerstin, voit le jour en 1894. Mais, le bonheur
est de courte durée puisque Strindberg sombre à nouveau dans la misère et la folie dès qu’ils
s’établissent à Paris. Le couple rompt inopinément, mais n’obtiendra le divorce qu’en 1897.
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Pendant son séjour à Paris, Strindberg entre dans la période de crises qu’il décrit dans Inferno
(1897) : cinq crises de névrose de 1894 à 1896. Ce roman qui porte sur son séjour en France et en
Autriche, semble confirmer sa maladie mentale. Il retourne en Suède et, après un voyage en Autriche,
s'installe à Lund jusqu'en 1899.
Porté par l’inspiration, il écrit un drame allégorique en trois parties, intitulé le Chemin de Damas (18991904). Mais, Strindberg se tourne surtout vers les drames historiques, dont le plus connu est
indubitablement Gustave Vasa (1899). La prospérité lui revient enfin vers cinquante ans et il peut
enfin s’établir à nouveau dans sa ville natale. Il s'éprend d'une jeune actrice norvégienne, Harriet
Bosse, qu'il épouse en 1901. Une fille naît aussi de cette union, Anne-Marie, et leur union se dissout
en 1904.
Seul face à lui-même, l’auteur rédige Drapeaux noirs (1904), puis créé, en 1907, et créé le ThéâtreIntime dont il rêvait. C’est d’ailleurs en rappel de cette désignation que Le Groupe de la Veillée a
nommé la Salle intime du Prospero.
En 1911, Nathan Söderblom le propose pour le Prix Nobel, mais on lui répond que cette suggestion
arrive trop tard. Le jour de ses 63 ans, il est fêté par 50 000 personnes dans une marche aux
flambeaux organisée par la commune ouvrière de Stockholm. Atteint d’un cancer, il meurt le 14 mai
1912 entouré de ses enfants. Une foule borde le trajet du cortège funèbre depuis sa demeure, la «
tour bleue », et des milliers de gens l’accompagnent. La procession est marquée par la bonne
centaine de drapeaux rouges des organisations ouvrières.
En septembre de la même année, on joue à Berlin la première de La Danse de mort dans la mise
en scène marquante et expressionniste de Reinhardt. La pièce fit l’objet d’un film célèbre de
Erich Von Stroheim en 1948.
Erich Von Stroheim dans La danse de mort
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L'œuvre théâtrale
La place de choix qu'occupe Strindberg dans la littérature mondiale est due avant tout à son œuvre
dramatique, d'une importance considérable, qui ne comprend pas moins d'une soixantaine de pièces.
Une tragédie antique, en vers ïambiques non rimés, Hermione (1869) lui permet d’obtenir une mention
de l'Académie suédoise, seule distinction qui lui soit d'ailleurs jamais accordée. Une comédie, le Libre
Penseur (1869), est déjà caractéristique de la manière dont il transpose ses expériences
personnelles. Il puise aux sources islandaises pour deux pièces en un acte jouées au Théâtre
dramatique de Stockholm, intitulées À Rome (1870) et le Banni (1871).
Le premier chef-d'œuvre de l'écrivain, trop audacieux pour l'époque, ne connaît pas de succès
immédiat : Maître Olof (1872), drame en prose consacré à Olaus Petri, le grand réformateur suédois,
pose le problème de la vocation, mais en termes différents de ceux de Brand d'Ibsen. Il rédige en vers
libres rimés une seconde version de Maître Olof (1876), plus philosophique, mais mieux adaptée à la
scène. La pièce sera jouée au Nouveau Théâtre en 1881. L'Année quarante-huit (1875) est une
comédie politique sans grande envergure. Par contre, le Secret de la guilde (1880), tragédie dont
l'action se déroule au Moyen Âge, célèbre la foi et dénigre le doute. Le Voyage de Pierre-l'Heureux
(1881) est à mi-chemin entre le conte et la légende. Tout le mérite en est une ironie tantôt bouffonne,
tantôt mordante. Dans la Femme du chevalier Bengt (1882), l'écrivain déchire le voile romantique qui
enveloppe l'idée que la femme se fait du mariage, marquant au théâtre le début de son opposition à
l'idéologie d'Ibsen.
Après ces trois pièces qui reflètent le bonheur conjugal éphémère, paraissent, de 1886 à 1888, quatre
drames naturalistes. Le premier, Maraudeurs (1886), qui deviendra les Camarades (1888), marque
une évolution vers le naturalisme psychologique. Il forme sa nouvelle conception du théâtre, s'en
tenant à l'esthétique et à la force dramatique. Le conflit conjugal est aussi exposé dans le Père
(1887). Mais, ce n'est plus une pièce à thèse, comme la précédente. Il y observe l'unité d'action et
d'intérêt.
Mlle Julie, production du théâtre Sfumato
Il simplifie davantage avec Mademoiselle Julie (1888), drame en un acte influencé par les idées de
Nietzsche et de Darwin, véritable chef-d'œuvre du théâtre européen. On trouve à la fois dans ce
drame la tension entre l'homme et la femme et la confrontation entre deux classes sociales.
Créanciers (1888) est encore plus près de son idéal d'un drame bref et concentré. La lutte presque
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essentiellement psychologique, illustre l'exploitation du mari par sa femme. L’auteur pousse sa
nouvelle « formule » à l'extrême dans trois courtes scènes : Paria, la Plus Forte et Simoun (18881890). Après une seconde légende dramatique intitulée les Clés du ciel (1892), où la fiction est
empreinte de satire et de poésie, il écrit six pièces en un acte d'un naturalisme plus conventionnel
(1892-1893) : Doit et avoir démontre une vision cynique ; Premier Avertissement a pour sujet la
jalousie ; Devant la mort porte sur l'ingratitude ; Amour maternel traite du sort réservé à la fille d'une
courtisane ; Il ne faut pas jouer avec le feu a pour intrigue des infidélités ; le Lien reproduit son divorce
et sa désillusion conjugale.
« Lorsque je fais ma promenade (…) cela me rappelle (…) l’asile de fous et le danger auquel j’ai
échappé (…) Swedenborg m’a libéré des électriciens, des praticiens de magie noire (…) Il m’a montré
la seule voie du salut : d’aller chercher les démons (…) à l’intérieur de moi-même, et de les tuer par…
le repentir. » A. Strindberg, Inferno, 1897
Après les crises d'Inferno, il publie le Chemin de Damas (1898-1904). Il n'y a, dans la pièce, qu'un
seul héros, c'est-à-dire Strindberg lui-même, et l'action se joue en lui, dans son esprit halluciné.
Temps, espace, rêve et réalité sont mêlés, alors que le héros parcourt les étapes d'un voyage qui doit
le mener au repos intérieur. Le drame La Danse de mort (1901) rejoint le théâtre naturaliste des
années 1880 et reprend le thème du vampirisme avec un élément de mystère et de surnaturel.
L’histoire inspirée d’une dispute avec sa sœur Anna et son mari Hugo von Philip, dépeint un couple
qui, après vingt-cinq ans de mariage, se trouve lié par la haine qui naît de l'amour.
En 1899, Strindberg écrit trois pièces : la Saga des Folkungs, Gustave Vasa et Eric XIV. Trois drames
sont aussi publiés en 1902 : La Mariée parée d'une couronne, Blanche-comme-cygne et Le Songe.
Auteur très prolifique, il créé Gustave Adolphe en 1900, Engelbrekt et Charles XII en 1901, La Reine
Christine en 1903, Gustave III et le Rossignol de Wittenberg en 1903, Le Dernier Chevalier et
l'Administrateur du royaume en 1908, ainsi que Jarl de Bjälbo en 1909. Avec l'aide d'un jeune
directeur audacieux, August Falck, Strindberg crée le théâtre dont il rêvait et qu’il nomme le ThéâtreIntime (1907). Son dessein est de transposer au théâtre les atouts de la musique de chambre afin
d’offrir à un public plus restreint un jeu de scène concis, dans un décor simplifié. Il écrit quatre
« pièces intimes » sur le thème de l'illusion qui entoure la réalité : Orage, La Maison brûlée, La Sonate
des spectres, Le Pélican. Il écrit encore deux légendes dramatiques : l'une, intitulée le Gant noir
(1909), est un conte de Noël qui rappelle la manière de Dickens ; l'autre, les Babouches d'Abou
Kassem (1908), emprunte des motifs orientaux aux Mille et Une Nuits. Son dernier drame, la GrandRoute (1909), se compose de tableaux dont chacun représente une halte au cours du voyage
qu'entreprend le héros, le Chasseur, qui n'est autre que Strindberg, vieilli, indépendant, assailli par les
souvenirs.
L'œuvre autobiographique
La vie et l'œuvre de Strindberg ne font qu'un : toute sa création artistique est, pour ainsi dire, une
confession. Mais l'écrivain dépeint en outre une bonne part de son existence dans une série
d'ouvrages qui constituent une autobiographie unique dans l'histoire de la littérature suédoise. Il en
compose les quatre premiers livres à partir de 1886 : le Fils de la servante, Fermentation, Dans la
chambre rouge et l'Écrivain. Il se fait le disciple de Rousseau, présente le contexte social de son
évolution, mais insiste davantage sur la réalité psychologique. Le premier volume porte un sous-titre
révélateur : Histoire du développement d'une âme. Il s'en prend à divers critiques ainsi qu’aux
féministes. Il réunit sous le nom de Lui et elle les lettres qu'il a adressées à sa future épouse, Siri von
Essen, en 1875-1876.
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D'un tout autre ton sont les attaques qu'il lui lance en 1887 dans Plaidoyer d'un fou, rédigé en français
; on y trouve la première expression de sa misogynie, sentiment d'ailleurs doublé d'une sorte de
vénération pour la femme idéalisée. Également écrit et publié en français, Inferno (1897) est le récit
que August Strinberg donne lui-même de ses douloureuses expériences psychiques qui l'ont mené au
bord de la folie.
« Ceci est un livre atroce. Je l'admets sans objection, car, de l'avoir écrit, j'ai un regret
cuisant. Ce qui l'a fait naître, ce livre? La juste nécessité de laver mon cadavre avant qu'il
soit enfermé pour jamais dans la bière. (…) Strindberg
Autoportrait d’August Strindberg
Délire de la persécution, sentiment de culpabilité, heurts entre le rêve et la réalité, tout un
bouillonnement de pensées l'ont agité dans cette période de crises. Légendes (1898) et le Combat de
Jacob (1898) exposent les mêmes épreuves. Ses visions l'entraînent sur le chemin de la religion. Il
satisfait son besoin de surnaturel par la lecture de Swedenborg, participe aux recherches des
occultistes, et le catholicisme l'attire pour un temps. Il finira par adopter, en matière religieuse, une
position modérée de tolérance. Le Deuxième Récit du Maître de quarantaine, qui fait partie de Baie de
beauté, détroit de honte (1902), est l'histoire à peine romancée de son mariage avec Frida Uhl, tel
qu'il le voit après Inferno et quatre ans de séparation. Dans Seul (1903), il raconte sa vie solitaire à
Stockholm ainsi que dans l'archipel, avant son troisième mariage.
Source
www.lexpress.fr/culture/livre/italique-correspondance-1858-1885
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Ses romans et nouvelles
« Je me sens mieux parce que j’ai lu Strindberg. Je ne le lis pas pour le lire, mais pour me blottir
contre sa poitrine… L’énorme Strindberg. Cette rage, ces pages gagnées à la force du poing. »
F. Kafka
S'il est avant tout dramaturge, sa production romanesque n'en est pas moins considérable. Ses
romans et nouvelles lui ont permis d'exprimer ses idées, ses sentiments et ses griefs, et sont tout
aussi bien le miroir de sa personnalité.
Parmi ses premiers écrits, la Saga d'Ån Bogsveig (1871) est un court récit tiré d'une vieille légende
scandinave. Fjärdingen et Svartbäcken (1877) est un recueil de nouvelles qui, nommé d'après deux
quartiers d'Uppsala, évoque la vie à l'université. Son génie se révèle dans son premier grand roman,
la Chambre rouge (1879), où l'auteur s'attaque aux divers milieux de la société de Stockholm et fait
une critique sévère des institutions. Cet ouvrage brillant, à la manière naturaliste, étonnamment riche
et varié, est suivi d'un Épilogue (1882) beaucoup plus optimisme. Avec le Nouveau Royaume (1882),
Strindberg poursuit sa critique sociale osée, impitoyable et se moque presque ouvertement de ses
propres adversaires. Au même moment, il commence à rédiger ses Destinées et contes suédois
(1882-1894). Il y met à profit son goût pour l'histoire et donne à chaque épisode dramatique la
tournure personnelle de son style.
Dans les nouvelles groupées sous le titre de Mariés (première partie, 1884), il réagit vivement contre
le mouvement d'émancipation féminine : la femme idéale est l'épouse et la mère. Et c'est pour avoir
ridiculisé dans un des récits le dogme de la communion de l'Église suédoise qu'il est l'objet de
poursuites judiciaires. La seconde partie de Mariés (1886) est précédée d'une préface virulente où
s'affirme encore davantage sa polémique antiféministe. Cependant, les nouvelles intitulées Utopies
dans la réalité (1884-1885) sont la première expression littéraire de son socialisme. Au sein des
Vivisections, qui sont des articles, des essais, des esquisses, il faut retenir le Combat des cerveaux
(1887), qui évoque le pouvoir de suggestion que peut exercer un cerveau plus développé, comme
c'est le cas en politique, en littérature, en religion.
Il prend pour cadre l'archipel de Stockholm et la vie des paysans dans Gens de Hemsö (1887), roman
d'un humour tendre, aux peintures réalistes, et Gens de l'archipel (1888), recueil de nouvelles d'un
style sobre, aux personnages bien campés. On y reconnaît la philosophie de Nietzsche dans
Tschandala (1888), récit dans lequel le héros est un surhomme intellectuel. Cet idéal se retrouve dans
Au bord de la mer (1890), où se dresse le personnage grandiose et méprisable de l'inspecteur Borg.
Le Marais d'argent (1898) reflète par les portraits et la psychologie, ses tourments intérieurs.
Baie de beauté, détroit de honte (1902) est empreint de symbolisme et de mystère. Les Contes (1903)
sont des récits pleins de lyrisme écrits dans le style de H. C. Andersen. Un nouveau désir de critique
sociale porte Strindberg à écrire les Chambres gothiques (1904). Mais, il reprend des idées déjà
exprimées et est mal accueilli par la critique. Il rédige alors Drapeaux noirs (1904), roman au titre
symbolique qui témoigne d'une haine démesurée et d'une indignation sans bornes. Ce chef-d'œuvre
n'est publié qu’en 1907 afin d’éviter le scandale. Il écrit ses Miniatures historiques (1905), récits qui
prennent leurs sujets dans l'histoire, depuis l'Égypte ancienne jusqu'à la Révolution française, et
Nouvelles Destinées suédoises (1906), où il présente de grands personnages. Deux nouvelles
s'imposent par leur modernisme : le Couronnement de la maison (1906) et le Bouc émissaire (1907).
Dans la première, l'auteur se sert du délire traumatique et passe du rêve à la réalité. La seconde,
centrée autour des deux personnages, est remarquable par la subtilité des analyses psychologiques
qui demeurent dépouillées.
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Sa correspondance, plus de 10 000 lettres
La correspondance de Strindberg est - à elle seule - un roman fleuve, une saga de la réalité
convulsive de son époque, le témoignage des contradictions existentielles d'un homme qui voulut
mettre à bas la bourgeoisie et le capitalisme. On y découvre un créateur en perpétuelle effervescence
à la santé fragile, un moraliste intransigeant, un poète. Un siècle plus tard, sa correspondance restitue
un univers d'exacerbation passionnelle face à l'arbitraire et d'aspirations ludiques à une autre vie,
enfin libre et sereine.
Une édition suédoise les a rassemblées en 22 volumes. Elena Bolzamo, quant à elle, a traduit et
rassemblé en 3 tomes le nectar de l’œuvre épistolaire de 1884 à 1912 parus aux éditions Zulma. Un
voyage sur les pas de ce « pèlerin de l’absolu».
http://www.fabula.org/actualites/strindberg-correspondance-t-1-1858-1885_33370.php
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Équipe de création
GREGORY HLADY - conception et mise en scène
Acteur et metteur en scène d’origine ukrainienne, il est diplômé de l’Institut
théâtral de Kiev en interprétation et de l’Institut théâtral de Moscou en mise
en scène. Il a débuté avec des rôles-titres dans Cyrano de Bergerac et Le
prince constant. Élève puis acteur fétiche du metteur en scène Anatoly
Vassiliev, il a joué dans Six personnages en quête d'auteur, Caligula, Ce
soir, on improvise, Les démons, L’idiot et Oncle Vania. En 1990, il décide de
poursuivre son parcours à Montréal. Il a joué dans Électre, sous la direction
de Brigitte Haentjens, Intérieur, mise en scène de Denis Marleau, et L'autre,
mise en scène de Paula de Vasconcelos. En 2000, sous la direction
d’Anatoly Vassiliev, il a incarné le rôle de Salieri dans Mozart et Salieri de
Pushkin à Rome, puis en tournée aux Festivals de Théâtre d’Amsterdam et
d’Avignon (2006). Il a signé plusieurs mises en scène dont Urlicht de Gustav
Mahler (Vienne), L'invitation au supplice de Nabokov (École Nationale de
Théâtre du Canada), L’ange de feu de Valeri Brioussov au Théâtre National
Mihai Eminescu (Roumanie). Avec La Veillée, il a mis en scène Le retour de Pinter (Prix de la critique
- Meilleure mise en scène), Amerika de Kafka, Le roi se meurt de Ionesco, Cœur de chien, une
adaptation du roman de Boulgakov, en plus de La noce de Bertolt Brecht. Il a aussi incarné plusieurs
rôles au cinéma et à la télévision dont La face cachée de la lune (2003), L’appât (2010), The
assignment (1996), Omerta III (1998) et Urgence II (1996) pour n’en nommer que quelques-uns.
PAUL AHMARANI - rôle de Kurt
Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 1993, il est un
acteur polyvalent aux multiples facettes. Les cinéphiles québécois ont
découvert son talent dans les films La moitié gauche du frigo de Philippe
Falardeau (Jutra 2001 de la meilleure interprétation masculine), Le marais
de Kim Nguyen (2002), deux films de Sébastien Rose : Comment ma mère
accoucha de moi durant sa ménopause (2002) et La vie avec mon père
(2004), Congorama de Philippe Falardeau (Jutra 2007 de la meilleure
interprétation masculine), Un capitalisme sentimental d’Olivier Asselin
(2007), ainsi que Mars et Avril de Martin Villeneuve (2012). À la télévision, il
a été de la distribution des séries Bunker, Le cirque, La job, Toute la vérité
et Trauma. Au théâtre, il a joué dans La tempête de William Shakespeare
(mise en scène de Denise Guilbault, Victor Pilon et Michel Lemieux, TNM,
2005), Blasté de Sarah Kane (mise en scène de Brigitte Haentjens, Usine C,
2008) et Woyzeck de Georg Büchner (mise en scène de Brigitte Haentjens,
Usine C, 2009). Il a aussi incarné des rôles marquants dans le solo Exécuteur 14 d’Adel Hakim (mise
en scène de Peter Batakliev, Usine C, 2010), L’enclos de l’éléphant (Espace Libre, 2011) et Cantate
de guerre (Théâtre d’Aujourd’hui, 2011). Avec La Veillée, il a collaboré à Cœur de chien de Boulgakov
(2009) et La noce de Bertolt Brecht (2011 et 2012), toutes deux mises en scène par Gregory Hlady.
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DENIS GRAVEREAUX - rôle d’Edgar
D’origine française, il a travaillé dans son pays sous la direction de Jacques
Lassalle, Daniel Mesguisch, Bernard Sobel, Robert Gironès et P.E.
Heymann. Il débute au Québec en 1997 avec La Veillée en jouant dans Le
procès de Kafka, mise en scène d’Elisabeth Albahaca. Il participe ensuite à
la pièce Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène de Claude Poissant,
puis collabore à deux productions de Wajdi Mouawad, Willy Protagoras
enfermé dans les toilettes et Littoral. En 2000, il entame une collaboration
avec Brigitte Haentjens dans Électre et participe à deux autres spectacles :
Malina et Éden cinéma. En 2003, il est de la distribution d’OEdipe à
Colonne, mise en scène de Jean-Pierre Ronfard et dans Au bout du fil
d’Evelyne de La Chenelière, mise en scène de Daniel Brière. En 2006, il
incarne plusieurs rôles dans Le château de Kafka et joue en solo Quelques
conseils utiles aux huissiers de Lydie Salvayre sous la direction de JeanMarie Papapietro. En 2007, il interprète le rôle-titre dans Bashir Lazhar
d’Évelyne de la Chenelière. Pour Le Groupe de la Veillée, il a incarné Gombrowicz dans TransAtlantique, mise en scène de Téo Spychalski, a fait partie de la distribution de Cœur de chien de
Mikhaïl Boulgakov, mise en scène de Gregory Hlady, et de La noce de Bertolt Brecht, mise en scène
de Gregory Hlady. En 2011, il était dans la pièce L’enclos de l’éléphant d’Étienne Lepage, mise en
scène de Sylvain Bélanger, et L’affiche de Philippe Ducros à l’Espace Libre.
DANIELLE PROULX - rôle d’Alice
Tout au long de sa carrière, elle enchaîne plusieurs grands rôles dans des
séries télévisées et téléromans, entre autres dans Sous le signe du lion (9799), Jamais deux sans toi (90-92), Les héritiers Duval (94-96), Cornemuse
(98-02), Mon meilleur ennemi (00-02), Histoire de famille (04), ainsi que
dans Casino (06-07). Dernièrement, elle était de la série Aveux (09) et dans
30 Vies (11). Au grand écran, son interprétation dans Portion d’éternité lui
vaut, en 1989, le prix d’interprétation au FFM de Montréal. Nous la verrons
après dans Amoureux fou (90) et L’enfant d’eau (94). En 2004, elle incarne
Laurianne Beaulieu dans le film C.R.A.Z.Y., rôle pour lequel elle reçoit
plusieurs prix en 2006. Plus récemment, elle participe à plusieurs longs
métrages dont Truffes (07), Le déserteur (09), ainsi que Monsieur Lazhar
(11) qui a été finaliste aux Oscars 2012. Au théâtre, elle participe à plus
d'une trentaine d’œuvres, dont Vie et mort du roi boiteux (81-82), Les
nonnes (89 à 94), Les trois sœurs (01), Les belles-sœurs (03), Vincent
River (06), L’opéra de quat’sous (10), Transmissions (11). Elle jouera aussi dans La cousine
Germaine (09-10), À la recherche d’Elvis (11) et Femme cherche homme désespérément (12), tous
de grands succès d’été au Théâtre Beaumont St-Michel. Au printemps 2012, elle est de la distribution
de l’Invention du chauffage central en Nouvelle-France, créée à l’Espace Libre.
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VLADIMIR KOVALCHUK - scénographie, costumes, lumières
Collaborateur de longue date auprès de Gregory Haldy, peintre et scénographe, Vladimir Kovalchuk a
terminé sa formation à l’Académie lettonienne des Arts de Riga. Plusieurs collections importantes ont
acquis ses oeuvres d’art parmi lesquelles La Galerie nationale de la Lettonie, le ministère de la culture
de l’U.R.S.S. à Moscou et le musée du Théâtre Bakhrushin de Moscou. Il compte plus de vingt-cinq
ans d’expérience comme artiste et scénographe. Il a travaillé à travers le monde : en Allemagne,
Belgique, Canada, Etats-Unis, Finlande, France, Hollande, Hongrie, Italie, Lettonie, Russie,
Tchécoslovaquie, et Yougoslavie. Il a conçu un nombre impressionnant de décors pour une multitude
de productions de théâtre parmi lesquelles Amphitryon (2002) de Molière à la Comédie Française,
Don Juan est mort (2006) de Pouchkine, mise en scène d’Anatoli Vassiliev au théâtre de l’École d’Art
de Moscou, Le marchand de Venise (2007), mise en scène de Markholia au théâtre Russe de Vilnius,
et plus récemment Les enfants du soleil (2008) de Gorki, mise en scène de Shapiro au théâtre Maly à
Moscou. Avec Gregory Hlady, il a collaboré à plusieurs spectacles dont la comédie musicale Dracula
(2006), Hysteria (2004) au théâtre Ivan Franco en Ukraine, Dream of pride (1999) pour Infinitheatre à
Montréal et Not Medea (1998) pour Mabou Mines Suite à New York. Il en est à sa sixième production
avec Le Groupe de la Veillée pour lequel il a réalisé les scénographies suivantes : Le retour (1992) de
Pinter, Amerika (1993) d’après Kafka, Le roi se meurt (1994) d’Eugène Ionesco, Coeur de chien
(2009) de Mikhaïl Boulgakov, La noce (2011 et 2012) de Bertolt Brecht. Il renouvelle ainsi une
collaboration de longue date avec Gregory Hlady qui a signé ces mises en scène.
NIKITA U - bande sonore
Nikita U, compositeur et concepteur, a reçu une formation en guitare classique. Il a collaboré avec
Dmitri Marine, à titre de co-compositeur, à de nombreux projets dont les bandes sonores des pièces
The swan (Théâtre « Master » Moscou, 2009), Marie Stuart (Théâtre du Rideau Vert, 2007). Il a
renouvelé cette collaboration pour la musique « live » de 12 (Théâtre Deuxième Réalité, tournée nordaméricaine, 2007) et L’évangile selon Salomé (Prospero, 2006). Il a signé la trame sonore de Judith
en solo, mise en scène Victor Garaway (Marianopolis Theatre, 2003) en plus d’avoir participé aux
discographies Black Waters (Black Waters, 2006) et Where you been (Projet M.U., 2007).
Récemment, il a créé la musique du spectacle L’éclipse, présenté par La Veillée en 2012.
FRÉDÉRIC LAVALLÉE - assistance à la mise en scène
Diplômé en 2003 de l’École Supérieure de théâtre de l’UQÀM, il amorce sa carrière professionnelle en
Suisse dans la trilogie des Pièces de guerre d’Edward Bond, présentée en 2004 au théâtre VidyLausanne, mise en scène d’Armand Deladoëy, et à Montréal à l’Usine C en 2005. Depuis, il collabore
régulièrement avec Le Groupe de la Veillée. En 2004, il incarnait Thomas dans Démons de Lars
Norén, mise en scène de Claude Lemieux. L’année suivante, il créait le personnage de Siphon dans
l’adaptation du roman Ferdydurke, de Gombrowicz, mise en scène de Carmen Jolin. Il était de la
distribution de Cœur de chien, en 2008 et repris en 2010, puis dans la pièce La noce, présentée en
2011 et 2012, toutes deux mises en scène par Gregory Hlady. Il jouait également dans Cantate de
guerre de Larry Tremblay, mise en scène de Martine Beaulne (Théâtre d’Aujourd’hui, 2011) et dans
Roméo et Juliette de Shakespeare, mise en scène de Jacques Rossi (en tournée de 2010 à 2012). Il
a joué dans plusieurs téléséries dont, entre autres, Les Bougon, C.A., Les hauts et les bas de Sophie
Paquin, La galère, Destinées, Lance et compte, La revanche et Le grand duel.
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