joost vandesteene steeno

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joost vandesteene steeno
JOOST
VANDESTEENE
STEENO
— www.entrepriseagricole.be —
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— N° 2 | 2016 —
— A TRAVERS LES YEUX DE ... —
JOOST VANDESTEENE
“ON PEUT DIMINUER
L’UTILISATION DE CHARRUE”
et
: Antoon Vanderstraeten
C
’est en 1909 que l’arrière-grand-père de Joost Vandesteene s’est
lancé dans la production de pompes à lisier et de charrues
dans son petit atelier d’Otegem. Aujourd’hui, Joost représente
la 4ème génération qui se trouve à la tête de l›entreprise familiale
«Steeno». A part la fabrication de charrues et de cultivateurs, Joost
est également vice-président de Fedagrim et a une opinion bien
prononcée concernant la politique mondiale. Entreprise Agricole a
parlé avec Joost dans son bureau de Vichte.
tout alors qu’aujourd’hui, il lui faut pour
ainsi dire un bureau et un employé pour
tout gérer. Tout comme mes distributeurs
et mes clients, je dois aussi constater que
les machines deviennent de plus en plus
chères. Pas parce que nous, fabricants,
voulons gagner de plus en plus, mais parce
que nous devons faire de plus en plus de
frais afin de nous conformer aux règles
qui nous sont imposées par les gouvernements nationaux et européens. Toutefois,
la nourriture étant une nécessité de base,
je suis convaincu que les secteurs agricole
et horticole ont de l’avenir.
Les négociations pour le TTIP sont
terminées, mais pas encore d’accords
définitifs. Que penses-tu de cet accord?
Agribex et les Werktuigendagen sont certainement prévus dans le planning.
Joost, Steeno est connu en Belgique
et aux Pays-Bas pour ses machines
de travail du sol. Pouvez-vous nous
résumer l’histoire de l’entreprise?
L’agriculture et les secteurs relatifs à
l’agriculture connaissent des temps
difficiles. La cinquième génération
arrive. Comment vois-tu l’avenir?
Mon arrière-grand-père a commencé avec
la construction de pompes à lisier et de
charrues dans sa forge d’Otegem. Le nom
de l’entreprise, «Steeno», est une contraction de «Vandesteene» et «Otegem».
L’entreprise a continué avec mon grandpère et ensuite mon père et ses oncles. En
1991, j’ai commencé moi-même à l’entreprise dont je suis aujourd’hui administrateur délégué. Deux cousins sont également
administrateurs-associés. Bientôt, mon fils
ira à l’université. J’espère qu’il rejoindra
l’entreprise en tant que cinquième génération après cela. En plus de l’usine de charrues Steeno, avec un siège de production
à Grammont et le siège principal à Vichte,
nous avons également une autre entreprise, Vanometaal, où nous importons une
large gamme de machines. Des machines
qui compléteront la gamme Steeno ou qui
sont destinées à d’autres secteurs.
Selon moi, l’agriculteur est parmi les personnes qui travaillent le plus dur dans notre
société. Il fait de longues journées dans des
circonstances souvent dures, avec toujours
plus de paperasses et de règles à suivre. Je
connais peu de personnes qui travaillent
autant du matin au soir et doivent parfois
encore sortir de l’argent de leur poche,
comme c’est le cas actuellement dans le
secteur porcin. A mon avis, si l’on désire
maintenir une nourriture saine, durable et
locale à l’avenir, il faudra que le consommateur se rende compte qu’il devra payer
plus. Je lis souvent que les paysans se font
traiter de chasseurs de primes, alors que
primes et subsides ne devraient pas exister
si on payait un prix honnête pour la nourriture. Il faut un prix minimum respectable.
Ensuite, c’est sûr que les choses ne deviendront pas plus faciles. Avant, un paysan
disposait d’un carnet dans lequel il notait
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Nos politiciens nationaux et européens
devraient défendre les intérêts des agriculteurs. Ce n’est quand même pas possible
de nous noyer dans des règles, des lois et
des normes auxquelles nous devons conformer nos produits, suivis par des contrôles
stricts, et qu’on constate qu’on importe
des produits venant de pays où toutes ces
normes ne sont pas appliquées. De la nourriture aux frais de productions réduits qui
en plus ne se conforment pas à nos normes
devrait, à mon avis, être taxée afin d’éviter
que notre propre production ne souffre pas
de cette concurrence déloyale.
Retournons vers ton entreprise. On
constate la tendance de cultiver sans
labourer. Quelle est ta position face à
cette évolution?
Cultiver sans labourer est possible, bien
que cela dépend de, de la fertilisation, du
climat et du type de sol. Notre région se
trouve justement dans la zone frontière
entre l’agriculture avec ou sans charrue.
Les exigences que nous avons pour nos sols
rendent également possible l’agriculture
sans charrue. Nous voulons obtenir un rendement optimal, et cela implique que pour
certaines cultures, on ne peut pas se passer
de charrue. Il y a bien entendu des avantages au travail sans charrue (comme pour
l’érosion ou la faune du sol), mais il ne faut
pas oublier qu’il y a également des inconvénients. Diminuer l’utilisation, oui, mais
En plus des machines construites à l’usine, plusieurs marques
sont également importées comme Bugnot.
je ne conseillerais pas d’arrêter complètement. Certaines cultures n’ont pas besoin
de terres travaillées à la charrue. Pensons,
par exemple, aux cultures de céréales.
Toutefois, travailler sans charrue implique
qu’il faut avoir le temps d’attendre les
circonstances idéales, alors qu’en utilisant une charrue, on peut contourner
des circonstances moins avantageuses. Je
constate cependant que la vente de charrues augmente à nouveau, tant chez Steeno
que dans les autres marques. Bien entendu,
nous avons suivi attentivement ces évolutions à travers les années. Notre gamme de
produits est adaptée à cette évolution. Les
agriculteurs qui passent à un système sans
labour peuvent aussi trouver les machines
idéales chez nous, allant de simples cultivateurs à des machines striptill.
Presque deux mois après la fin d’Agribex, comment revis-tu la foire en tant
que vice-président de Fedagrim?
Je pense qu’on peut dire que c’était réussi.
Nous ne pouvons pas nier que le nombre de
visiteurs était moins élevé. Mais les raisons
sont très claires. Un nombre de personnes a
indiqué que le climat économique actuel les
empêchait de se rendre à Bruxelles, où les
machines neuves les tenteraient à l’achat
alors que leurs comptes ne le permettent
pas. La menace terroriste a également été
un facteur déterminant, même si le niveau
n’était plus au maximum à ce moment-là.
Toutefois, tous les ministres de l’agriculture sont passés, ce qui indique que nous
sommes une vraie foire nationale. Le groupe
de travail Xebirga a repensé le concept et
tout chamboulé. La réception n’était pas
unanime, mais par après, on a constaté
que cela s’était avéré positif. Les visiteurs
étaient plus dispersés, les plus petits stands
d’habitudes cachés se trouvaient au milieu
des palais, ce qui leur a valu plus de visites,
et les visiteurs eux-mêmes étaient positifs
Renaat, le père de Joost, reste
présent tous les jours au bureau,
et ne rate aucune foire.
à propos de la réorganisation. Les différents îlots thématiques furent également
bien reçus. Il est certain qu’il y a encore
des choses à améliorer, mais le sentiment
général était bon. Chapeau aux gens de
Xebirga et à ceux qui ont réalisé les îlots
thématiques.
Quel est le sentiment de Joost, administrateur de la société Steeno?
Tout comme mes concurrents- collègues,
les attentes étaient en-dessous de la réalité. Le climat économique, la menace
terroriste,... représentaient des facteurs
défavorables. Mais ces attentes ont donc
été surpassées. Surtout chez nous et dans
les machines plus abordables. Il y avait de
l’intérêt pour les machines plus grandes et
plus chères comme les mélangeuses, mais
les banques ne sont pas trop enthousiastes
à financer des investissements pareils.
Les machines que les visiteurs pouvaient
payer sans prêt, comme les cultivateurs,
les charrues ou le matériel plus petit, ont
bien marché. J’ai également remarqué que
les agriculteurs, qui ont pourtant toutes les
raisons de se plaindre, restent positifs.
On entend souvent qu’il y a trop de
foires. Quelle est ton opinion?
Je suis d’accord, il y a trop de foires. Lorsque
je regarde les chiffres pour la Belgique: les
frais supplémentaires pour toutes les foires
d’un côté et les gains engendrés grâce à
ses foires, je constate que nous sommes
un pays très cher. Surtout si on considère
le groupe que l’on atteint. Le public atteint
est beaucoup plus grand à l›étranger. Mais
qu›y pouvons-nous, voilà la question. Ce
serait bien qu›on ait à nouveau une foire
à Amsterdam. On pourrait alors l›alterner
avec Bruxelles. Pour l›instant, il y a une
incroyable dispersion de foires aux PaysBas. Le message se perd dans la masse.
Car, n’oublions pas, pour bien faire, il fau-
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drait être présent partout. Les foires sont
également trop proches les unes des autres.
Organiser les Journées de la Mécanisation et
Agribex est possible, mais la période entre
les deux est trop courte. Je pense qu’il serait
mieux d’organiser des foires pareilles en
alternant les années. Je crains que les visiteurs aussi soient saturés. Un entrepreneur
agricole devrait se rendre à Matexpo, Potato
Europe, les Journées de la Mécanisation,
Agritechnica et Agribex et tout cela en
quelques mois de temps. Tout cela entrecoupé de démonstrations des plus grandes
marques et des journées portes ouvertes
d’importateurs locaux. Si le point de saturation n’est pas encore atteint, cela ne durera
en tout cas plus longtemps. Et n’oublions
pas que les frais des foires sont calculés dans
les prix des machines. Je constate également
que de plus en plus de foires sont organisées
en partant d’un modèle de rendement. Or, si
une foire est organisée par une fédération, le
but est de rassembler le secteur. Par contre,
une foire organisée par une entreprise dans
un but lucratif causera une domination
de la quantité sur la qualité et permettra
à n’importe qui de tenter de vendre leurs
produits. Il faut penser à l’avenir. Les organisateurs peuvent-ils collaborer? Les années
prochaines le diront...
Le stand de Steeno est connu comme
le stand où l’on peut boire une bonne
bière. D’où vient cette rumeur?
Vichte est proche d’Oudenaarde, où se
trouve la brasserie Roman. Vu que je suis
fier de mes racines, j’emmène nos bières
locales aux foires. Je trouve que les Belges
peuvent être fiers de ce qu’ils produisent,
qu’il s’agisse de charrues ou de bières.
C’est pour cela que j’emmène un produit
local afin de le faire connaître. Que ce
soit une Romy Pils ou une bière d’abbaye
Ename, peu importe. ■

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