Close to home » en Californie, une expo qui franchit les

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Close to home » en Californie, une expo qui franchit les
Les Libanais dans le monde
lundi 1er juin 2015
5
Événement
« Close to home » en Californie,
une expo qui franchit les frontières
Trois artistes arabes, ayant un rapport avec le Liban, exposent leurs œuvres dans la
Maison du Liban, à l’initiative de l’« Arab American National Museum ».
Pauline M. KARROUM
Dix ans, ça se fête. Pour
célébrer son anniversaire, le
« Arab American National
Museum » (AANM) organise,
avec la « Lebanese American
Foundation », une exposition
qui débute aujourd’hui à la
Maison du Liban en Californie.
Depuis 2012, l’Association
des amis de l’AANM, fondée en Californie, parraine
des programmes culturels afin
de faire connaître les artistes
arabo-américains. En 2013 et
2014, plusieurs expositions se
sont tenues à l’Université de
Californie puis au Japanese
American National Museum
de Los Angeles.
Entre l’art et la politique
Cette fois, c’est à la Maison
du Liban que John Halaka,
Doris Bittar et Olfet Agrama
auront la possibilité d’exposer
leurs œuvres. « Nous avons
choisi ces trois artistes pour
diverses raisons, raconte Helen Hatab Samhan, respon-
sable de l’AANM. D’abord
pour leur renommée de plus
en plus nationale, et ensuite
pour leur style unique. »
Elle ajoute : « Chacun d’eux
a su établir à sa façon une
relation forte avec sa terre
d’origine. Un attachement qui
influence évidemment son travail. En même temps, chacun
représente une voix particulière. Mais tous considèrent
le sud de la Californie comme
leur deuxième maison. »
C’est pour toutes ces raisons
que cette exposition s’intitule
« Undefined Folding Linens Filigree », en 1999, par Doris Bitar.
Close to home. Proche, John
Halaka l’est sans doute de
ses origines. Cet Américano-Palestinien, dont la mère
libanaise est peintre, est réalisateur de documentaires et
professeur d’art visuel à l’Université de San Diego. Dès ses
débuts, il a tenu à préserver
la mémoire de la Palestine à
travers son art. Chacune de
ses œuvres rappelle en effet
ses engagements politiques, et
elles sont mises au service de sa
cause. Une notion revient souvent chez lui, celle de l’exil, du
déplacement. Selon cet artiste,
son art doit jouer un rôle dans
la résistance et la construction
identitaire. Récemment, son
exposition à l’AANM a levé le
voile sur les maisons détruites
dans les territoires occupées.
Doris Bitar est elle aussi
restée fidèle à ses racines. Née
à Bagdad de parents libanais,
cette enseignante auprès de
l’Université de Californie,
à San Diego, perçoit l’art
comme multidisciplinaire. Ses
toiles, ses photos, ses cartes ou
encore ses peintures à l’huile
évoquent toutes le passé et
redessinent le monde arabe.
Trois thèmes sont souvent
abordés dans ses œuvres : le
colonialisme, les relations
judéo-arabes et l’expérience
migratoire. Mais l’artiste ne
revient pas sur ces sujets qui
opposent l’Est à l’Ouest. Elle
ne se focalise pas vraiment sur
un pays spécifique, mais plutôt sur les événements qui ont
secoué le monde arabe. Son
« ADN culturel », selon des
propos qui lui sont chers, est
métissé. Plusieurs expositions
individuelles et collectives
lui ont déjà été consacrées,
notamment au Musée d’art
contemporain de San Diego,
et au « California Center for
the Arts » à Escondido.
Des liens avec le Liban
Enfin, l’artiste égyptienne
Olfet Agrama sera elle aussi
présente à la Maison du Liban.
Son art nous plonge partout
au Moyen-Orient, en Europe
et aux États-Unis. Cette artiste a été formée en France,
en Espagne, en Égypte et aux
USA. Ses toiles apportent une
touche d’optimisme au public
depuis quatre décennies. On
y découvre des visages, des
paysages, une nature peinte
sans artifices. Agrama a déjà
exposé à la « Galerie Oaks »,
en Californie, à la galerie d’art
Delphes, en Espagne, et à la
Danny Galerie d’art déco, à
« Remember-Forgive », une œuvre qui date de 2009, par John Halaka.
Paris. Elle a participé par ailleurs à plusieurs festivals d’art.
Agrama a déjà vécu au Liban
lors de sa jeunesse. Tout comme
Halaka et Bitar qui sont passés
par Beyrouth à des périodes
différentes et dans des circonstances particulières : Bitar, en
2005, lorsqu’elle enseignait à
l’Université américaine de Beyrouth ; Halaka, lorsqu’il avait
reçu une bourse de recherche
lui permettant d’enregistrer les
récits de trois générations de
réfugiés palestiniens vivant au
Liban.
Trois artistes et trois visions
de l’art s’uniront donc à la
Maison du Liban en Californie. Preuve qu’aux États-Unis,
les migrants sont prêts à entendre diverses voix.
Plus de 150 personnes
doivent assister à l’ouverture
privée de cette exposition : des
responsables diplomatiques,
politiques et culturels, des
membres de la communauté
arabo-américaine, mais aussi
des fonctionnaires, des dirigeants de sociétés commanditaires.
L’exposition sera ouverte
au public du 1er au 28 juin.
Pour plus d’informations :
http ://www.arabamericanmuseum.org/close_to_home
« Undefined Mosque Gate », par Olfet Agrama.
Diaspora
Des combinaisons familiales
compliquées et de la mixité
Les histoires des familles Abdel Massih, Zreik et Tarraf sont un exemple
d’imbrication socioculturelle et religieuse, éparpillée aux quatre coins du monde,
reflétant une facette de l’émigration libanaise dans le monde.
Naji FARAH
Tout commence dans une
ville de Colombie, où Ibrahim Zreik, l’un des employés
préférés d’un riche commerçant de la famille Abdel
Massih du Akkar, vient lui
demander la main de sa fille,
Sara. Conscient des qualités
d’Ibrahim, son patron acquiesce mais lui demande de
ne pas dévoiler sa religion et
de se marier à l’église. Ibrahim, de confession musulmane chiite, n’hésite pas à
accepter, et le voilà fondant,
avec Sara, une famille chrétienne de quatre garçons et
cinq filles : Luis, Servando,
Abrancito et Georges, et
Orita, Sarita, Nadimé, Alice
et Adèle.
De nombreuses années
plus tard, Ibrahim rentre au
Liban avec sa femme Sara
pour lui faire visiter son village et sa famille d’origine.
Elle se retrouve à Debbine,
près de Marjeyoun, et se rend
compte que toute la famille
de son mari est musulmane.
Elle prend la chose dans la
bonne humeur, et devient
très populaire car elle servait
dans l’humanitaire et apportait une aide médicale aux
femmes. Mais lorsque l’une de
ses filles, Nadimé, demande à
se marier avec un prétendant
local, Sadek Tarraf, elle lui
pose comme condition : « Tu
vas baptiser tous tes enfants. »
Nadimé a eu six garçons et
trois filles, dont Hajj Mikhaïl
Samir Tarraf. Le ministre des
Affaires étrangères, Gebran
De jeunes Libanais se sont
retrouvés à Ottawa pour
des prières et des activités
La seconde convention des jeunes maronites
du Canada a été organisée récemment dans la
capitale.
Frédéric ZAKHIA, MONTRÉAL
En compagnie de Samir, Leila et leur mère Nadimé Zreik Tarraf,
le 27 mai à Tyr.
Bassil, le rencontra à l’ambassade du Liban à Dakar lors
d’un récent voyage au Sénégal.
Amusé par son histoire familiale, il l’a invité à participer à
la conférence sur les émigrés
libanais qui s’est tenue à Beyrouth il y a dix jours. C’est son
cousin Abdel Amir Tarraf, ou
Abou Carlos, un grand ami
du Brésil très influent dans la
ville de Foz de Iguaçu, qui m’a
fait faire sa connaissance. Il ne
l’avait plus vu depuis quarante
ans ! Leurs pères respectifs,
Sadek et Youssef, sont pourtant frères, mais l’éloignement
est compréhensible dans le cas
des familles nombreuses, obligées de s’éparpiller dans tous
les continents pour se forger
une place honorable dans la
société.
Samir Tarraf a profité de
ce voyage pour revoir sa sœur
Leila et sa famille, ainsi que sa
maman Nadimé, aujourd’hui
âgée de 99 ans, mais toujours
en pleine forme. Elle a habité
un an avec sa fille à Tyr, et
vient de repartir avec son fils
pour la ville de Mbour à Dakar
au Sénégal, où elle a toujours
vécu.
Chacun des frères et
sœurs de Nadimé a bien sûr
sa propre histoire, pouvant
servir d’exemple à de nombreux cas de mixité. Deux
des sœurs, Alice et Adèle, ont
épousé deux frères, cousins
de son mari, Abdel-Hassan
et Ahmad. Alice a eu plusieurs enfants, mais a tenu à
baptiser le dernier. Elles ont
vécu entre la Sierre Leone et
le Liban. Leur frère Georges
a épousé une femme de Nabatiyé, avec laquelle il a eu
Hassan et Hussein, ainsi que
deux filles. Abrancito a vécu
au Liban mais ses enfants sont
Abdel Amir Tarraf, venu de Foz de Iguaçu au Brésil, rencontre sa
petite cousine Hiba Farah lors de la conférence sur les émigrés le
21 mai à Beyrouth.
partis pour la Côte d’Ivoire,
où vivait leur oncle Servando
et ses enfants, dont Carlos, un
médecin renommé.
Si la famille Zreik est championne de la mixité religieuse,
la famille Tarraf (à l’origine
Caracalla, de Baalbeck) n’est
pas en reste, mais cela nécessite un chapitre à part. En
voici un petit aperçu, à travers les enfants de Nadimé : le
mari de l’une des filles, Georgette, est de la famille Rebeiz
d’Achrafieh ; le mari de Souad
est de la famille Haïdar, cette
dernière vit comme ses frères
Samir et Adel à Dakar où
elle a fondé une école ; Leila,
dont le mari est de la famille
Moussa Ahmad de Hariss, vit
au Liban ; trois des garçons,
Nassim, Fawzi et Johnny
Riad, sont établis à Calgary,
au Canada ; Saleh vit dans le
Minnesota aux États-Unis
avec son épouse américaine et
leurs enfants, et il est devenu
pasteur protestant après avoir
pris sa retraite.
Et les combinaisons religieuses se multiplient avec la
prolifération d’enfants de tous
bords dont ceux descendant
des familles Zreik et Tarraf.
Lors d’un voyage en novembre
2012 au Brésil, je rencontrai
pour la première fois à Foz
de Iguaçu Abdel Amir Tarraf, venu accueillir la délégation du ministre du Tourisme
Fadi Abboud. Je lui demandai
aussitôt s’il connaissait Amal
Tarraf, fille d’Adèle et mariée
à Akram Saïdi de Tyr. Il sursauta, me disant que c’était
sa cousine. Tout content, je
lui répondis que sa fille Hiba,
rencontrée il y a vingt ans à
Paris lors d’une grande soirée
libanaise, est devenue mon
épouse.
Distinction
La seconde convention des
jeunes maronites du Canada
s’est déroulée cette année du
15 au 18 mai, à la paroisse
Saint-Charbel d’Ottawa. Environ 500 personnes ont participé à cet événement organisé
par l’éparchie Saint-Maron
sous le thème : « Toucher le
Christ – créer la différence
dans sa communauté ».
Des jeunes maronites de
toutes les provinces canadiennes, âgés entre 18 et 35
ans, ont afflué à Ottawa dès
le vendredi soir. Une centaine
venaient des paroisses montréalaises. Le samedi à 10h,
une prière et une cérémonie
d’inauguration ont été célébrées. Au menu de la journée
figurait un « rallye paper »
pour découvrir Ottawa, la
capitale du Canada.
Mgr Paul-Marwan Tabet,
évêque maronite du Canada, a
donné une conférence à 11h,
au cours de laquelle il a insisté
sur l’unité au sein de la communauté. Le soir, une messe
a été célébrée à 19h, suivie
d’une procession en direction
du sanctuaire canadien NotreDame de Lourdes, puis d’un
dîner rassemblant tous les
participants.
Le ministre canadien de la
Défense, Jason Kenney, a fait
une brève apparition au cours
de la convention pour saluer
l’esprit d’unité de la jeunesse
maronite. « N’ayez pas peur
d’afficher votre foi et de la
célébrer, les lois fondatrices
Des jeunes, accompagnés du Mgr Élie Zouein, en route vers
Ottawa.
du Canada reconnaissent la
suprématie de Dieu. On le
dit même dans notre hymne
national », a-t-il affirmé. Il
a poursuivi : « En Orient, le
mouvement terroriste Daech
se livre aux massacres les plus
odieux contre les chrétiens,
habitants millénaires de la
région. Priez pour eux durant
la messe. L’Église maronite a
souffert de persécution durant
des siècles, mais vos ancêtres
dans le Mont-Liban n’ont
jamais abandonné leur foi.
Soyez fiers d’eux et continuez,
comme eux, à être fidèles à
votre foi. »
Une expérience
« mémorable »
Une autre ministre a participé à l’événement, le jour
Un prix prestigieux décerné
à Doha à Pierre Terzian
Pierre Terzian recevant son prix à Doha.
L’expert pétrolier libanais
Pierre Terzian a reçu le prix
de la Fondation internationale
Abdallah al-Attiyeh, lors de
la cérémonie du Prix international de l’énergie 2015.
Il a, selon les termes du jury,
« marqué son époque » dans
le journalisme de l’énergie.
Le prix « Life Time achievement » lui a été décerné le 5
mai à Doha en présence de
plusieurs ministres, d’ambassadeurs, de secrétaires généraux d’organisations internationales, de présidents de
société et de quelque 300
convives de marque.
Ce prix prestigieux avait
récompensé notamment dans
le passé le directeur exécutif
de l’Agence internationale de
l’énergie et le secrétaire général de l’Opep.
Pierre Terzian a exercé
son métier au Liban jusqu’en
1976. Il est établi à Paris
depuis et dirige la société
Pétrostratégies, qu’il a fondée en 1985, et qui a plusieurs types d’activités autour
du secteur de l’énergie :
publication d’articles, lettre
hebdomadaire, conseil, organisation de conférences et
traduction.
Mgr Tabet accueillant les participants.
suivant. Suite à une conférence donnée dimanche par le
nonce apostolique au Canada,
Mgr Luigi Bonazzi, sur l’importance de la charité et du
pardon, Léna Diab, ministre
canadienne de l’Immigration
d’origine libanaise, a raconté
son expérience en tant que
descendante d’immigrants.
« Cette expérience et ce
week-end étaient mémorables.
(...) Ces derniers jours m’ont
rendu fier d’être libanais et
maronite », a commenté pour
sa part Mark Chedrawi sur le
compte Facebook de « Maronite Youth of Canada ».
Les journées de la jeunesse
maronite du Canada ont été
lancées pour la première fois
en mai 2014 à la paroisse de
la cathédrale Saint-Maron
de Montréal, à l’initiative de
Mgr Tabet. Les responsables
des mouvements de jeunesse
de chaque province se réunissent depuis pour collaborer
ensemble. Au Québec, Pascale Salem-Abi Raad organise les réunions de jeunes du
Grand Montréal et de la ville
du Québec. Quant à Joseph
Mitri, il est le coordinateur au
niveau du diocèse maronite de
tout le Canada.
« La prochaine convention
des jeunes maronites aura
lieu en 2016, dans la ville de
Toronto », a annoncé Mgr
Tabet lors de la cérémonie de
clôture.
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban.
E-mail : [email protected] – www.rjliban.com