Les deux cogneurs et le casque bleu
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Les deux cogneurs et le casque bleu
10 LA LIBERTÉ CANTON MERCREDI 4 NOVEMBRE 2015 ENSEIGNEMENT EXERGUE Les deux cogneurs et le casque bleu Une pétition du Syndicat des services publics le candidat démocrate du centre a réussi à semer la zizanie à gauche comme à droite. PATRICK PUGIN CONSEIL DES ÉTATS • Entre les deux tours de l’élection qui se jouera dimanche, Jean-François Rime, Beat Vonlanthen et Christian Levrat: distribution définitive des rôles ce prochain dimanche. ALAIN WICHT LOUIS RUFFIEUX Fédérales Il serait tentant de les comparer au trio infernal d’un vaude8 novembre ville – la femme, le mari, l’amant – s’il ne s’agissait de trois hommes, et pas toujours drôles. Comme au théâtre, il y aura pourtant au soir du deuxième tour de l’élection au Conseil des Etats un cocu et deux élus, qui seront appelés à se présenter en couple uni pour défendre le patrimoine fribourgeois à Berne. Que s’est-il passé et que se passe-t-il sur scène, à quelques jours de la distribution définitive des rôles, ce prochain dimanche? Voyons un peu. Le candidat qui a bruyamment fait irruption à l’issue du premier acte n’en finit pas de savourer sa surprenante entrée sur les planches. Jean-François Rime fait penser à ces anciennes stars de la boxe qui veulent s’offrir un dernier combat-spectacle, qui font donc beaucoup de ramdam, qui manient l’invective pour impressionner l’adversaire au moment de la pesée mais qui, au fond, s’intéressent plus au titre qu’à ce qu’il exigerait d’engagement sur le terrain. Il y a du Donald Trump chez ce provocateur qui, de plus, ne se soucie pas toujours de vérifier ce qu’il assène. Quand, lors du débat organisé par «La Liberté», il parle des «700 à 800 millions» que touche Fribourg de la péréquation financière intercantonale, il fait bondir ses adversaires qui, eux, connaissent précisément le montant (420 millions), l’un pour l’avoir âpre- MUSEE D’ART ET D’HISTOIRE FRIBOURG QUOI DE NEUF ? <wm>10CAsNsjYFAkNdc1NLCyNjAHFTmxEPAAAA</wm> <wm>10CFWKsQqAMAwFvyglLzamMaN0Kw7i3kWc_f_J6ubBg-NxrYUm_rbW7ah76ABk6kWmgORkkkPMkrkGWFwYusCYgVzKr6fvVu5vQ2AS75hJfXg35XSf1wNG88bxcgAAAA==</wm> Vernissage Avec Oscar et sa bande, apéritif Demain, 18h30 Partenaire média: WWW.MAHF.CH Sans sourciller, Jean-François Rime prône le retour du statut de saisonnier puisque, maintenant, les travailleurs portugais peuvent profiter des bas tarifs de l’aviation pour aller embrasser leur famille… L’industriel est là dans la caricature de lui-même; la bienveillance nous interdit d’imaginer qu’il soit si peu pourvu d’humanité. Mieux vaut en rire, donc. Comme on peut sourire de son initiative de promouvoir le duo bourgeois Vonlanthen-Rime au Conseil des Etats, au nom de la majorité des deux tiers que détient la droite dans le canton. Le tandem Vonlanthen-Rime bricolé par l’UDC, sans l’accord du PDC, c’est encore un coup marketing. Sa part de sincérité? Observez ce «couple». Quand Rime regarde Vonlanthen, on croit entendre ce bon mot d’un académicien: «Je lui ai donné ma parole. Je ne vais pas encore lui donner ma voix»… Hier, d’ailleurs, Beat Vonlanthen avait disparu des publicités électorales de Jean-François Rime, qui s’est recentré sur lui-même. Le mariage blanc aura duré une petite semaine. Le président de l’Usam se délecte par-dessus tout de la zizanie suscitée par sa candidature à gauche comme à droite. Il a même réussi à enfoncer un coin dans le tronc libéral-radical. Vexés d’avoir été mis devant le fait accompli de la candidature de JeanFrançois Rime, les libéraux-radicaux refusent d’émettre une recommanda- tion de vote en sa faveur. Mais les voilà confrontés au cavalier seul de leur section singinoise, qui prône un ticket Vonlanthen-Rime… Avec la Singine, décidément, le monde ne sera jamais simple. Sans sourciller, J.-F. Rime prône le retour du statut de saisonnier A gauche, le conseiller aux Etats Christian Levrat la joue profil bas, comme s’il soignait toujours, quinze jours après, l’hématome provoqué par l’uppercut du changement stratégique de l’UDC. Dans sa campagne promotionnelle, le président du PSS a évacué toute référence à son parti. Un sénateur pétri de sagesse se doit de s’élever au-dessus des marais partisans, non? Christian Levrat lévite donc. Le ton grave et ferme, la mine soucieuse et le propos recentré, il se campe en arrière central intransigeant de la défense de choc des intérêts fribourgeois à Berne, rôle qu’il a partagé avec l’excellent Urs Schwaller, dit-il. Pourquoi changer les couleurs d’une équipe qui gagne, pourquoi me conteste-t-on mon bilan, pourquoi toucher à la «formule magique» à la fribourgeoise? demande-til en cooptant Beat Vonlanthen, dauphin singinois du maître en partance et, à ce titre, d’ores et déjà promu garant de la pérennité des succès cantonaux au Sénat. Le voici donc, Beat Vonlanthen, dandy british coincé entre deux cogneurs, chantre du «high-tech in the green» condamné aux rudes empoignades dans un rond de sciure, apologiste du «win-win» en quête d’une solution «gagnant-gagnant» pour lui et… pour qui? That’s the question! Courtisé sur sa gauche et sur sa droite, rassuré sur sa capacité de séduction mais finalement soucieux de rester fidèle à ses premiers engagements en faveur d’un tandem respectueux des équilibres et souvent plébiscité par le peuple, le conseiller d’Etat a d’abord privilégié une posture de casque bleu susceptible de lui ménager l’appui potentiel d’électeurs de l’UDC et du PS. En gros et en langage démocrate-chrétien, cela donnait: «Je me suis certes prononcé pour un duo PDC-PS au Conseil des Etats, mais en me fondant sur les expériences passées. Je ne m’exprime pas pour le futur, même si le peuple privilégie en général la stabilité et la continuité». Ce barbotage de méduse dans un aquarium de requins était intenable. Beat Vonlanthen a fini par dire, lors du débat organisé par «La Liberté», que la non-réélection de Christian Levrat serait un «gâchis». On retrouve ainsi, à la fin de l’acte 2 de cette pièce de théâtre, la configuration qui prévalait au lever de rideau: une alliance non scellée mais devenue naturelle entre le PS et le PDC pour les deux fauteuils du Sénat, et une candidature UDC qui retourne à son plaisir solitaire après avoir assuré le spectacle. Au peuple, maintenant, d’envoyer dans les décors l’intrus de son choix. I ÉLECTIONS FÉDÉRALES Rappel des règles à respecter pour voter PATRICK PUGIN L’électeur fribourgeois fera ce dimanche le choix 8 novembre définitif de ses deux représentants au Conseil des Etats. En concurrence, trois poids lourds: le sortant Christian Levrat (ps), Beat Vonlanthen (pdc) et Jean-François Rime (udc). bulletin officiel, fourni avec le matériel de vote. L’électeur a ainsi le choix entre les trois bulletins de liste (PDC, PS, UDC) et le bulletin vierge, qu’il remplira à la main exclusivement en n’oubliant pas d’inscrire, en plus du nom du candidat, le numéro qui lui correspond. Il n’est par contre pas nécessaire de mentionner en en-tête le nom d’une formation politique. Mais pour que sa voix compte, attention à respecter les règles du scrutin. Au soir du premier tour, le 18 octobre, près de 1800 bulletins nuls avaient été déposés dans l’urne. Petit rappel des préceptes à suivre pour éviter l’invalidation de son suffrage. Tout d’abord, il convient de ne glisser dans l’enveloppe qu’un seul Le bulletin de liste peut être utilisé tel quel (vote compact). Mais on peut aussi y ajouter le nom de l’un des deux autres candidats sur la ligne vierge. Il n’est par contre pas possible de distribuer plus de deux suffrages. Gare cependant à ne pas voter deux fois pour le même candidat: le scrutin selon le système majoritaire n’admet pas le cumul. Fédérales PUBLICITÉ ment défendu, l’autre pour avoir craint sa disparition. Si l’on vote par correspondance, il ne faut pas oublier, sous peine de nullité, de signer le certificat de capacité civique qui sert d’envelopperéponse. Ladite enveloppe, fermée, contient l’enveloppe de vote dans laquelle se trouve le bulletin électoral. Elle doit être postée de manière à parvenir au bureau électoral avant la clôture du scrutin – les enveloppes insuffisamment affranchies sont refusées. L’enveloppe-réponse peut également être déposée au secrétariat communal au plus tard le 8 novembre, une heure avant l’ouverture du local de vote. Enfin, pour ce second tour, l’élection se fait selon le système de la majorité relative: les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix sont élus. I Le groupe Enseignement du Syndicat des services publics (SSP) – région Fribourg lance une pétition pour diminuer les effectifs par classe. Dans un communiqué, l’organisation relève que dans le canton, «les maxima d’élèves par classe, autorisés par la législation, sont parmi les plus élevés de Suisse». Et de détailler: «Une classe peut ainsi être composée de 23 élèves à l’école enfantine et de 26 en primaire. Au secondaire I, le nombre peut atteindre 23 en exigences de base (EB), 27 en général (G) et 29 en prégymnasial (PG). Au secondaire II, 27 élèves peuvent être amenés à fréquenter la même classe.» Selon le SSP, ces seuils maximaux sont même parfois dépassés, «sans que des appuis pédagogiques suffisants ne soient octroyés». Pour le syndicat, les classes ne devraient pas dépasser 20 élèves à l’école enfantine et en primaire. Au secondaire I, le seuil minimal devrait se situer à 17 (EB), 20 (G) et 24 (PG). Enfin, au secondaire II, les classes ne devraient pas compter plus de 24 élèves. Selon le SSP, «de nombreuses recherches relèvent qu’une réduction de la taille des classes a des effets bénéfiques tant pour les élèves (qui bénéficient d’un meilleur suivi) que pour les enseignants (dont la surcharge de travail est réduite)». Cette politique, affirme l’organisation, est garante d’une école de qualité. Si la FEDE est parvenue à obtenir du Conseil d’Etat qu’il renonce à certaines mesures d’économies dans l’enseignement (notre édition d’hier), le SSP estime que «la situation de l’école fribourgeoise reste très difficile». Et de poursuivre: «Les moyens pour un enseignement de qualité sont insuffisants et la volonté d’économies est toujours présente.» Le syndicat appelle donc les enseignants à se mobiliser, le 13 novembre prochain, à l’occasion de la manifestation du personnel de l’Etat contre les mesures d’austérité. I EN BREF CONFÉRENCES Brunor en visite L’illustrateur et scénariste de bandes dessinées Brunor, de son vrai nom Bruno Rabourdin, donnera une série de conférences à Fribourg et Bulle. Il sera demain soir à l’Université Miséricorde (19 h 30, salle 3119) et vendredi de 12 h 15 à 13 h 15 au Collège SaintMichel (salle 206). Samedi dès 14 h, il participera à une conférence à la librairie chrétienne Centre Horizon de Fribourg, qui a établi le programme de cette tournée. Elle sera suivie par la dédicace de ses BD. Dernier rendez-vous: 19 h à la paroisse réformée de Bulle. ABU ORIENTATION PROFESSIONNELLE Le chef de service partira à la retraite l’été prochain Marc Chassot, chef du Service de l’orientation professionnelle et de la formation des adultes (SOPFA) partira à la retraite anticipée à fin juillet 2016, annonce la Direction de l’instruction publique (DICS). Après un début de carrière à l’Hôpital psychiatrique de Marsens et à l’Institut de pédagogie curative, ce licencié en psychologie clinique a été nommé chef du Service de l’orientation professionnelle en 1992. Le début des années 1990 est marqué par l’accroissement du nombre de consultations pour adultes et par l’augmentation du chômage. Marc Chassot «a donné beaucoup de son énergie pour que la frange de la population la plus fragilisée ne soit pas mise en marge de la société», relève la DICS. En plus de vingt ans, l’orientation professionnelle a beaucoup évolué. Le chef du SOPFA a été un acteur «important» de son développement. «La formation des adultes est devenue une composante à part entière du système de formation», souligne la DICS. Marc Chassot en a été un précurseur, en modelant la loi de 1997 sur la formation des adultes. Sur un autre plan, il a notamment contribué à la mise en place du Forum des métiers. CAG