dossier Maisons-relais, une dynamique vers le logement
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action habitat n° 20 - printemps 2008 dossier Maisons-relais, une dynamique vers le logement Photo Ljubisa Danilovic/Fondation Abbé Pierre n°20 - printem ps 200 Dans ce numéro un encart sur la nouvelle formation “Responsable de résidence sociale” 8 2 le point sur… Les adhérents de l’Unafo 01 alfa3a. . . . . . . . . . . . . 03AGAT. . . . . . . . . . . . . . . 06ALIF . . . . . . . . . . . . . . . 06API Provence. . . . . . . . . 06ATE. . . . . . . . . . . . . . . . 08 AFTAR. . . . . . . . . . . . . . 10AATM. . . . . . . . . . . . . . . 13ALOTRA. . . . . . . . . . . . . 13ACPM. . . . . . . . . . . . . . . 25 AMAT. . . . . . . . . . . . . . . 25 APAT. . . . . . . . . . . . . . . 26 CALD. . . . . . . . . . . . . . . 28 COATEL . . . . . . . . . . . . . 34ADAIS . . . . . . . . . . . . . . 34 ILES . . . . . . . . . . . . . . . 38 ODTI. . . . . . . . . . . . . . . 42AGFA. . . . . . . . . . . . . . . 52AHMI. . . . . . . . . . . . . . . 53Les Deux Rives. . . . . . . . 54 AGARSP. . . . . . . . . . . . . 54Le Pélican. . . . . . . . . . . 57AMLI. . . . . . . . . . . . . . . 59AILD. . . . . . . . . . . . . . . 59ARéLI . . . . . . . . . . . . . . 63ALTIC. . . . . . . . . . . . . . . 68 aléos. . . . . . . . . . . . . . 68 ALSA. . . . . . . . . . . . . . . 68ANARF. . . . . . . . . . . . . . 69 ARALIS . . . . . . . . . . . . . 72 RS Nelson Mandela. . . . . 74 AATES . . . . . . . . . . . . . . 74ALAP. . . . . . . . . . . . . . . 75AFTAM. . . . . . . . . . . . . . 75ALFI . . . . . . . . . . . . . . . 75ADOMA . . . . . . . . . . . . . 78LOGOTEL . . . . . . . . . . . . 94ADEF. . . . . . . . . . . . . . . 94 BLJ. . . . . . . . . . . . . . . . Tél. 04 74 38 29 77 Tél. 04 70 29 03 03 Tél. 04 93 83 42 56 Tél. 04 93 58 98 74 Tél. 04 97 08 21 00 Tél. 03 24 57 48 49 Tél. 03 25 80 59 03 Tél. 04 91 18 01 80 Tél. 04 91 07 75 30 Tél. 03 81 91 34 43 Tél. 03 81 39 15 17 Tél. 04 75 79 04 01 Tél. 02 37 21 85 01 Tél. 04 67 74 66 49 Tél. 04 62 41 65 80 Tél. 04 76 42 60 45 Tél. 04 77 49 57 67 Tél. 03 25 03 45 06 Tél. 02 43 66 88 55 Tél. 03 83 81 20 10 Tél. 03 83 32 91 89 Tél. 03 87 16 33 00 Tél. 03 27 88 92 93 Tél. 03 20 57 17 11 Tél. 04 73 31 97 97 Tél. 03 89 33 37 77 Tél. 03 89 32 13 62 Tél. 03 89 45 74 57 Tél. 04 72 75 79 30 Tél. 02 43 86 30 58 Tél. 04 50 52 81 45 Tél. 04 50 51 53 14 Tél. 01 53 46 38 38 Tél. 01 49 95 37 37 Tél. 01 40 61 42 00 Tél. 01 69 12 37 93 Tél. 01 46 70 16 00 Tél. 01 58 43 09 94 www.unafo.org : un nouveau site à votre service Le nouveau site Internet de l’Unafo a été conçu pour améliorer la gestion globale de la documentation de notre secteur. Accessible au grand public, il dispose également d’un espace collaboratif de travail (Extranet) dont l’accès est exclusivement réservé aux adhérents. Une nouvelle présentation, de nouvelles rubriques En page d’accueil sont présentées les principales actualités liées au secteur du logement social et à l’Unafo, et les différentes rubriques situées dans le bandeau supérieur balaient l’ensemble de nos activités : Unafo - Formation - Demande d’asile Logement d’insertion - Gestion des organismes - Politiques publiques - Publications Unafo - Evénements. Vous y trouverez les textes réglementaires, les reportages, les dossiers consacrés aux sujets traités. La possibilité vous est offerte de consulter l’ensemble de la base documentaire, sur le menu de la colonne de droite “Ressources documentaires”. En cliquant sur “Parcourir l’arborescence”, vous pourrez visualiser les rubriques dans lesquelles sont rangés tous les documents à disposition (Attention ! Il faut cliquer sur le signe à gauche du nom de la rubrique pour dérouler l’ensemble de l’arborescence, et ensuite sur le dossier qui contient les documents). Une rubrique “Offre d’emploi” dans le menu de la colonne de droite permet aux internautes de visualiser les postes proposés par l’ensemble des adhérents. Un espace de travail collaboratif réservé aux professionnels L’accès à l’Extranet est réservé aux adhérents de l’Unafo et aux membres des groupes de travail. Ces derniers trouveront dans un espace réservé les coordonnées des prochaines réunions, les participants, les documents associés, etc. L’Extranet permet donc aux adhérents d’avoir accès à une base importante de documents de travail, et de mettre à jour directement les informations concernant leurs structures qui apparaissent sur le site. Les login et mot de passe pour accéder à ce nouveau service seront prochainement envoyés aux adhérents par email. Pour toute question sur l’utilisation du site ou de l’Extranet, vous pouvez contacter Audrey Foulquier : [email protected] ou 01 40 71 71 16 29 / 31 rue Michel-Ange - 75016 Paris Tél. 01 40 71 71 10 - Fax 01 40 71 71 20 e-mail : [email protected] site Internet : www.unafo.org action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 édito 3 Jean-Marie Oudot, président de l’Unafo Photo Guy Durand C’était une première : vingt-neuf associations, dont l’Unafo, ont appelé d’une seule voix à une “nuit solidaire pour le logement” le 21 février dernier. La loi instituant un droit au logement opposable a soulevé un immense espoir chez les trois millions de personnes mal logées, et organisé dans un premier temps la file d’attente de tous ces demandeurs. Mais les juges ne construisent pas de logements. C’est donc aujourd’hui que les pouvoirs publics doivent agir. C’est pourquoi les associations ont fait 13 propositions au Premier ministre pour prévenir les situations d’exclusion, héberger dignement les personnes, permettre l’accès à un logement autonome. La création de maisons-relais est, de ce point de vue, décisive, car leur but est d’offrir un logement sans limitation de durée à des personnes en situation de grande précarité, leur permettant de sortir des dispositifs d’hébergement. Le Premier ministre, dans sa réponse aux associations, a notamment confirmé que l’Etat s’engageait à produire 12 000 places dans la période 2008-2012. Il a aussi confirmé que “chaque place de maison-relais comptera pour deux logements au titre de l’article 55 de la loi SRU”, et que “le coût de l’accompagnement social sera unifié dans toutes les maisons-relais sur la base d’un prix de journée de 16 euros”. Maisons-relais, petites structures, grands enjeux C’est un premier pas, et il faut saluer l’engagement du Premier ministre sur ce dossier en réponse à la mobilisation des associations. Mais est-ce suffisant pour aboutir à des résultats tangibles ? La nomination d’un préfet placé sous l’autorité du Premier ministre avec la “mission de coordonner sur le terrain toutes les actions” va certes dans le bon sens, mais les moyens dégagés (250 millions d’euros pour 2008) ne semblent pas à la hauteur des enjeux. Pour développer la réalisation de maisons-relais, les associations proposent notamment d’augmenter le taux de subvention des PLAI, de financer le travail d’ingénierie sociale des gestionnaires, ou encore d’inscrire, dans tout programme immobilier de plus de 10 logements, un nombre minimum de 20% de logements sociaux, et notamment des maisons-relais. Ces demandes s’adressent aux pouvoirs publics mais elles sont aussi une exigence pour l’ensemble du réseau associatif. Pour développer ces structures de façon efficace et pérenne, les gestionnaires doivent repérer les besoins en amont des opérations, nouer des relations étroites avec les bailleurs sociaux pour être réactifs devant des opportunités immobilières, renforcer le professionnalisme de leurs actions. sommaire L’Unafo a fait du projet maisons-relais un objectif prioritaire en 2008. Des actions sont prévues tout au long de l’année, afin de proposer une palette de services aux acteurs de terrain : une journée nationale d’échange d’expériences sur les maisons-relais (le 25 juin à Paris), une formation diplômante “Responsable de résidence sociale”, une formation en direction des hôtes, un référentiel de gestion locative et un autre d’auto-évaluation des prestations et services rendus. L’expérience capitalisée par l’Unafo peut favoriser et accompagner le développement de maisons-relais. Cependant, ce projet ne pourra être mené à bien sans le soutien, les moyens et la mobilisation de tous, qui se révèlent aujourd’hui indispensables. p 4 [interview] p 5 [dossier] Maisons-relais une dynamique vers le logement p 8 [reportage] Jean-Jacques Trégoat, directeur général de l’Action sociale p 10 [métier] Le Cetaf, partenaire prévention santé de l’Unafo p 11 [libre propos] Le financement du logement très social p 12 [événement] Le catalogue Formations 2008 Logotel en Ile-de-France action habitat n°20 - printemps 2008 Directeur de publication : Jean-Marie Oudot - Comité de rédaction : Virginie Camelin, Serge Caquant, Emmanuel Chardon, Catherine Coux, Gilles Desrumaux, Laurent Dunet (Point Com’), Jacques Dupoyet, Audrey Foulquier, Christine GavendBellini, Dominique Giudicelli, Pierre-Marc Navales - Rédaction : Unafo - Point Com’ - Photos : Ljubisa Danilovic, sauf mention contraire - Conception et réalisation : Point Com’ Tél. 04 76 48 76 88 - mars 2008 Impression : Imprimerie des Eaux Claires - Tél. 04 76 09 34 14 - Dépôt légal à parution 4 interview Jean-Jacques Trégoat, directeur général de l’Action sociale est un maillon important dans notre système de prise en charge des publics en difficulté. La philosophie du projet est fixée, reste à passer à la vitesse supérieure ! Photo Christophe Petiteau Justement, de votre point de vue, quelles sont les conditions à réunir pour passer à la vitesse supérieure ? Avec le recul de quelques années d’expérience et sur la base de l’évaluation conduite par “Ville et Habitat”, quels premiers éléments de bilan peut-on tirer du concept des maisons-relais ? Les maisons-relais plongent leurs racines dans une histoire, celle des pensions de famille, initiées en leur temps par Xavier Emmanuelli. Elles sont une des innovations majeures de notre secteur au cours de la dernière décennie. En intégrant une maison-relais, les personnes, souvent très désocialisées, vont pouvoir changer de “statut”. En donnant un toit, on restaure en même temps l’estime de soi et la confiance. La démarche de réadaptation sociale peut alors se mettre en place d’autant plus efficacement que la taille des structures est volontairement réduite (20 à 25 places maximum) et bien insérée dans l’environnement. Cette question de taille est essentielle pour créer du lien. La seconde spécificité des maisons-relais tient au projet mis en œuvre autour de la vulnérabilité de la personne. Elles ont une vraie mission sociale confiée à des professionnels qui, dans ce cadre, peuvent mener des interventions moins normées, moins prédéterminées que dans d’autres. Par sa souplesse, cette formule originale donne du temps pour stabiliser des parcours chaotiques, restaurer des liens sociaux et la dignité des personnes. On est bien dans une logique de logement et non d’hébergement. La maisonrelais est à mes yeux un dispositif très cohérent assurant un juste milieu et une réelle qualité d’accueil sans perdre de vue l’objectif de réinsertion sociale, qui reste la finalité d’une politique de lutte contre l’exclusion. Voilà pourquoi ce dispositif, même s’il a besoin d’améliorations, En préalable, un point sur le volet quantitatif. A fin 2007, on dénombrait 4619 places en service dans plus de 200 maisons-relais. Même s’il est encore notoirement insuffisant, nous commençons à disposer d’un véritable parc de logements adaptés. Le plan de cohésion sociale voulu par Jean-Louis Borloo a véritablement dynamisé ce dispositif, dont le PARSA a encore accéléré le rythme. Mais il est vrai que nous connaissons certaines difficultés de programmation. Ainsi, en 2007, des milliers de places financées en fonctionnement dans le cadre du PARSA n’ont pu être réalisées faute de projets en nombre suffisant. Les difficultés ne sont donc pas d’ordre financier puisque, de programmes pluriannuels en loi de programmation (DALO), les financements sont mobilisés sans faille, tant en investissement qu’en fonctionnement. La question qui se pose à nous est donc celle du “virage” que nous devons prendre dans la production de maisons-relais pour tenir l’objectif cible des 12 000 places du PARSA. Autrement dit, comment passer d’une production “artisanale” à une production plus “mécanique” [de la dentelle artisanale à la dentelle mécanique pour reprendre l’image de l’animateur de notre journée technique du 8 Janvier dernier sur les maisons-relais] sans dénaturer le dispositif ? C’est la mission qui a été confiée à M. Pélissier. De mon point de vue, nous avons à travailler sur plusieurs axes de progrès. En premier lieu, nous devons rapidement créer une dynamique avec les élus locaux qui connaissent encore mal ce dispositif. Il faut absolument partir de l’analyse des besoins locaux et intégrer les maisons-relais dans les outils de programmation de logements (PDALPD, PLH). Elles doivent être présentes à notre esprit dans toutes les opérations immobilières sociales et nous devons être beaucoup plus proches des opérateurs pour lever les blocages fonciers et aussi mieux définir le partenariat entre opérateurs et gestionnaires. Enfin, des objectifs normatifs plus contraignants sont à préciser à l’échelle des régions pour remédier aux inégalités territoriales constatées. Je crois également que nous devons être plus attentifs à la recherche d’opportunité et de nouveauté. Imagination et innovation sont des leviers à ne pas perdre de vue ! Comment améliorer les conditions de montage des opérations ? A ce qui précède, j’ajouterai que l’Etat doit accompagner l’ensemble des acteurs. Pour répondre à l’évolution permanente des besoins, il est aujourd’hui indispensable de travailler en réseau et d’impliquer les différents acteurs dans le développement de logiques de partage d’expériences, ne serait-ce que pour faire face aux problématiques de vieillissement des publics ou à l’accueil de publics ayant des problématiques psychiques (concept de Résidenceaccueil). Je milite dans ce contexte pour faire émerger le concept de groupement de coopération, qui est une nécessité pour organiser le parcours de nos publics les plus fragiles dans toutes ses dimensions, internaliser à leur bénéfice la complexité de nos dispositifs, afin de leur permettre d’y accéder beaucoup plus simplement. C’est l’idée de fluidité des parcours et de “gestion” des échecs, des retours en arrière qu’il faut prévoir et assumer. Quel rôle et quel profil professionnel de la fonction d’hôte ? Le binôme d’hôtes assure une fonction primordiale, pour laquelle les qualités relationnelles sont déterminantes. Des profils tels que conseiller en économie sociale et familiale ou aide médico-psychologique me paraissent bien répondre à une mission nécessairement transverse. Mais il faut aussi raisonner - pour rendre attractive cette fonction - en termes de parcours professionnel et donc de formation continue, d’alternance et de VAE. Je dirai aussi que les hôtes ne doivent pas être abandonnés à euxmêmes, car il est parfois lourd d’animer le temps et l’espace, d’être à l’écoute, de maintenir le contact avec les services orienteurs et avec les partenaires institutionnels… C’est pourquoi, là encore, il est nécessaire de développer l’échange dans un travail en réseau et en partenariat pour soutenir au quotidien ces professionnels. Je dirai pour conclure que le concept de maison-relais - toutes choses étant égales par ailleurs - est la déclinaison, pour les personnes “sans domicile fixe”, de celui de maintien à domicile pour les personnes âgées. C’est “leur domicile” à eux… action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 dossier Photo Ljubisa Danilovic/Fondation Abbé Pierre Les maisons-relais proposent à des personnes isolées et désocialisées des logements sans limitation de durée au sein de structures à taille humaine ouvertes sur leur environnement. Pour combiner logements privés et vie collective, elles intègrent la présence quotidienne d’hôtes salariés, élément-clé du projet. Dispositif singulier récemment élevé au rang de priorité par l’Etat, la maison-relais est une forme originale de résidence sociale qui met de fait l’Unafo en position de fédérateur de projets. Maisons-relais, une dynamique vers le logement Si, pendant dix ans, les initiatives locales ont prévalu, du fait notamment de l’émiettement des acteurs, les maisons-relais sont aujourd’hui placées au cœur de l’actualité nationale dans le cadre du plan d’action renforcé en faveur des sans-abri (PARSA). Le 8 janvier dernier, le ministère de la Santé et des Solidarités réunissait une palette représentative de partenaires, opérateurs, gestionnaires et financeurs, pour évaluer ce dispositif. À vocation spécifique, produit spécifique. La maison-relais repose en effet sur trois exigences bien définies. C’est un projet social adapté pour des publics définis : les personnes en situation de grande exclusion, notamment des personnes âgés, ou connaissant des difficultés de santé mentale (Résidences-accueil). C’est aussi un projet immobilier de taille restreinte qui regroupe de 10 à 25 logements bien insérés dans leur environnement. C’est enfin un projet de gestion locative, avec redevance et titre de logement pour les résidants. Un logement sans limitation de durée dans un parcours résidentiel “Parce que la maison-relais est une résidence sociale, elle est au cœur de notre métier”. Jean-Jacques Jeulin, directeur de la RS Nelson Mandela et d’une maison- relais au Mans, pose spontanément la maison-relais comme une solution à développer. Selon Bernadette Martin, attachée de direction au Coatel, “notre maison-relais à Chartres répond au besoin de créer un point d’étape pour stabiliser des parcours de vie”. L’écho est le même au sein du groupe Arcade quand Guillaume Brugidou, directeur des résidences sociales à l’Alfi, constate que “pour un gestionnaire, la maison-relais est avant tout un outil dans la poursuite d’un parcours résidentiel vers le logement autonome”. La maison-relais s’adresse donc aux personnes isolées et désocialisées. Elle n’est ni un CHRS bas de gamme ni une résidence sociale haut de gamme, mais bien un produit immobilier spécifique, destiné à un public décalé qui ne trouve pas sa place dans les dispositifs existants. Pour Lydie Barrau, chef de service développement social d‘Adoma, qui gère 5 maisons-relais et 30 projets, “les résidants ne sont pas là par hasard. Venus de la rue, sortis de prison ou de l’hôpital, ils correspondent à une demande spécifique. Nous logeons très peu de personnes issues de FTM, peu de couples, peu de jeunes… Un profil maison-relais s’esquisse”. Un constat partagé par Djamel Cheridi, directeur développement produits à l’Aftam : “La maison-relais est fidèle à sa action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 vocation, elle ne devient pas une orientation par défaut de solution”. Les maisonsrelais se définissent donc à la fois par le type de public accueilli, par leur fonction d’accueil sans limitation de durée dans un parcours de logement et par un travail d’accompagnement social spécifique. Hôte, sweet home Pour organiser le lien social, les maisonsrelais disposent de deux atouts majeurs : les locaux de vie commune et la présence des hôtes. L’espace collectif cuisine salle à manger est essentiel en raison même des fonctions de la maison-relais. Souvent les logements proposent des kitchenettes et des sanitaires privés. Mais cet espace collectif est essentiel : c’est une unité de vie, un lieu d’échanges qui favorise la sortie de l’isolement social et affectif. C’est lui qui permet le renfort à la vie quotidienne et propose une dimension collective autour des repas et des échanges, essentiels aux habitants. La présence quotidienne d’hôtes est un élément déterminant de la vie collective et de l’insertion de la maison-relais dans son environnement. Pour “structurer le quotidien des personnes”, selon les termes de Guillaume Brugidou, il est à la fois nécessaire de 5 6 dossier renforcer une aide à la vie quotidienne auprès de personnes fragiles, de permettre leur accès aux droits, de proposer des animations permettant une bonne insertion des résidants dans leur environnement. Par ailleurs, puisque les maisons-relais proposent un logement, il est nécessaire d’assurer également une gestion locative faite, selon les cas, par l’un des hôtes ou par un autre intervenant, de façon mutualisée, quand la taille et l’organisation du gestionnaire la rendent possible. La présence de l’hôte s’étend sur 5 à 6 jours par semaine dans les maisons-relais. “On ne gère pas des quittances, mais surtout des personnes fragiles qui occupent des logements” aime rappeler Jean-Jacques Jeulin, et le profil d’animation souhaitable semble proche d’un CESF1 ou d’un AMP2. Dans les trois maisons-relais de HauteSavoie, “les questions d’hygiène corporelle, de propreté du logement et des parties communes, mais aussi les problèmes de santé et d’alcoolisme, parfois lourds, sont au coeur du travail des hôtes” souligne Christine Gavend-Bellini, directrice d’AATES. L’addiction à l’alcool est d’ailleurs en croissance, au Mans comme à Chartres, à Paris ou à Cluses, et pose la question d’un partenariat à mettre en place avec des professionnels de la santé. Les maisons-relais sont un dispositif récent, et leur pilotage reste à parfaire. La concertation en est un des piliers en interne (conseils de concertation, assemblées des résidants) mais aussi en externe avec les partenaires qui sont associés à la maison-relais selon les problématiques concernées. Enfin, pour structurer le métier d’hôte, AATES, Adoma, RSNM et l’Aftam ont chacun pris l’initiative d’organiser des groupes de parole et d’échange au sein du personnel des maisons-relais. Le développement de ces structures implique d’ores et déjà la nécessité de partager les expériences, voire de superviser les actions. Ainsi, Christine GavendBellini met en place à AATES “un groupe de travail concerté entre plusieurs maisons-relais”. Lever les freins Aujourd’hui, les maisons-relais sont en retard sur leur calendrier de développement. Parallèlement, on constate à Paris, à Chartres, au Mans, à Annecy, que des opérations de recyclage immobilier ont permis de créer des maisonsrelais dans des délais brefs et à coûts réduits. Faut-il s’inquiéter de ces “opérations coucous” qui utilisent une partie du parc existant ? Gageons que toutes les opportunités sont bonnes à saisir, ce que Djamel Cheridi résume ainsi : “Il s’agit là d’un effet de première génération, aujourd’hui on fait des maisons-relais avec ce que l’on a, et dans 5 ans personne ne parlera de recyclage”. Pour lever concrètement certains freins au développement des maisons-relais, Michel Anselme, directeur résidences service des foyers d’Antin Résidences, propose de réformer la réglementation sur l’accessibilité. L’opération d’acquisition-amélioration qu’il mène à Paris Xe avec Alfi permet l’accès aux personnes à mobilité réduite en rez-de-chaussée et au 1er étage, mais pas dans les étages supérieurs pour des raisons techniques : “Si l’on n’assouplit pas ces contraintes, on aura beaucoup de mal à produire des maisons-relais en centre-ville !” alerte-t-il. Pour Lydie Barrau, “maître d’ouvrage et gestionnaire, Adoma souhaite que des études de marché viennent bien identifier les besoins pour mieux pouvoir y répondre, plus particulièrement en milieu rural. C’est la population accueillie qui doit définir le type de produits à développer et pas l’inverse !” La finalité des maisons-relais est d’être partie prenante d’un contexte, pour y insérer ses habitants. Djamel Cheridi témoigne : “On peut donner du temps au temps dans une maison-relais, la personne qui arrive se pose, se repose si nécessaire, pour reprendre le fil d’un parcours locatif”. Restent ceux qui sont encore aujourd’hui dehors, sans logement ; c’est pour eux que le temps presse. (1) (2) C ESF : conseiller en économie sociale et familiale AMP : aide médico-psychologique Les clés pour comprendre Un dispositif récent Les maisons-relais font suite au programme expérimental “pensions de famille” initié en 1997. Elles ont été mises en place par la circulaire n°2002/595 du 10 décembre 2002 complétée par l’instruction du 11 mars 2003 et une note d’information de 2005 (disponibles sur notre site Internet (www.unafo.org/ logement d’insertion/les maisons-relais). Logement individuel et vie collective Qu’est-ce qu’une maison-relais ? C’est une résidence sociale de petite taille, dix à vingtcinq logements, destinée à accueillir des personnes en situation de grande exclusion. Elle leur propose un logement autonome sans condition de durée, des espaces communs, ainsi qu’une aide renforcée à la vie quotidienne (santé, hygiène, alimentation), et vise une bonne intégration de la structure dans l’environnement local. La maison-relais s’articule autour d’une fonction “d’hôte” qui joue un rôle primordial d’animation et d’appui à la vie quotidienne. Un à deux emplois sont ainsi financés par une participation de l’Etat qui est passée de 8 € à 12 €, et qui va être unifiée pour l’ensemble des maisons-relais à 16 € par jour et par place. Une priorité La loi sur le droit au logement opposable (Dalo) et le plan d’action renforcé pour les sans-abri (PARSA) encouragent leur développement et prévoient la création de 12 000 places en maison-relais. 4 619 places sont installées en décembre 2007. Un rapport d’évaluation des maisons-relais réalisé par Ville et Habitat (disponible sur notre site Internet) a fait l’objet d’une journée de travail à la DGAS le 8 janvier 2008. En décembre 2007, une mission nationale d’évaluation des freins au développement des maisons-relais est confiée à Michel Pélissier, président d’Adoma. A noter sur vos agendas : Journée Unafo Maisons-relais, mercredi 25 juin 2008 à Paris action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 Photo Ljubisa Danilovic dossier Une question… trois réponses Quelles sont les conditions de réussite des maisons-relais ? Michel Pélissier, Florence Hanff, Jean-Marie André, “Pour développer les maisons-relais, clarifions les objectifs et simplifions les procédures. Il est difficile aujourd’hui pour un bailleur social d’immobiliser du foncier et d’attendre que le gestionnaire soit assuré de pouvoir en financer le fonctionnement. Plus qu’un problème de calendrier, nous devons résoudre là une contradiction entre aide à la pierre et aide au fonctionnement. La mise en cohérence des services de l’Etat est donc essentielle pour sécuriser le financement des opérations. La réactivité vis-à-vis des opportunités foncières suppose donc des partenariats bien construits en amont, entre les services de l’Etat, ceux des collectivités locales, les bailleurs sociaux et les gestionnaires potentiels. Si nous voulons atteindre 12 000 places à l’horizon 2009, il convient de décliner localement cet objectif auprès des collectivités territoriales et des bailleurs sociaux, en le quantifiant. Concrètement, quand un office HLM demande un financement, le service financeur devrait pouvoir fixer un pourcentage minimum de logements en maisons-relais. Du point de vue du bâti, les maisonsrelais comportent nécessairement des parties communes, élément central du projet social : dans un ensemble de 20 logements, le coût des espaces communs devient donc rapidement prohibitif. Répondre à la question du financement des parties communes, c’est lever un frein majeur à la création de maisons-relais. Enfin, l’ambition de diffuser une meilleure connaissance des maisons-relais doit aboutir à une définition plus précise du produit. Bâtir une charte des maisonsrelais permettrait sans doute une avancée dans ce sens”. “Les maisons-relais permettent à des personnes cassées par la vie de retrouver une dignité, dans une structure qui le leur permet. C’est un dispositif à faire connaître et reconnaître, en ne perdant pas de vue que ces structures doivent rester ce qu’elles sont. Il est souhaitable qu’elles perdurent sous la forme de petites unités d’une vingtaine de logements très bien insérés dans leur quartier. C’est la condition pour développer des maisons-relais en centre-ville, comme à Grenoble où trois structures nous donnent entière satisfaction, tant du point de vue du suivi de ses habitants que des bons rapports de voisinage. Évidemment, ce type d’opération immobilière est difficile à produire, et la Ville participe activement à leur montage. Si l’engagement financier du conseil régional, du conseil général et de la Ville est un prérequis, l’Etat doit aussi prendre toute sa part et garantir la mise en œuvre des priorités qu’il énonce. Du point de vue de la collectivité, les partenariats et, au-delà, la relation de confiance nouée avec les réseaux associatifs sont un gage de réussite. Dans le fonctionnement des associations gestionnaires, le rôle de l’hôte est primordial pour faire de la maison-relais un lieu d’écoute au quotidien. Cet accueil permanent structure une vie collective ouverte sur l’extérieur, essentielle pour sécuriser des femmes et des hommes seuls et isolés, et leur donner des repères qui stabilisent leur parcours personnel. On ne peut développer des produits immobiliers dont le coût de fonctionnement est élevé, sans se poser et poser la question de la pérennité des soutiens financiers”. “Depuis 2001, le groupe 3F a réalisé 11 maisons-relais ou pensions de famille dans 4 départements d’Ile-de-France avec 4 associations gestionnaires différentes. Pour réussir une maison-relais, il est essentiel de conjuguer les compétences : le projet social est porté par le gestionnaire auprès de ses tutelles et financeurs, et le travail d’optimisation des financements à l’investissement repose sur le maître d’ouvrage. Nous sommes à l’écoute de l’association qui répond aux besoins de sa population, qu’elle connaît mieux que quiconque, et en retour, nous alertons nos partenaires associatifs sur la conception des produits. Nous devons traduire les besoins en termes de typologie des logements, de surfaces et de mode de fonctionnement, en neuf comme en réhabilitation. Le coût des travaux pour des logements de petites surfaces, tout équipés, et comprenant des locaux communs est évidemment plus élevé que pour le logement traditionnel, et le recours à de multiples sources de financement est une solution pour réduire le loyer des murs acquitté par le gestionnaire. Réaliser un projet suppose l’appui indispensable des collectivités locales. Pour obtenir le soutien des élus, nous devons expliquer ce qu’est une maison-relais, préciser la fonction de ce produit. C’est en étant pertinentes localement que les maisons-relais s’intègreront dans le tissu urbain, à proximité des transports en commun, des commerces et des services. Notre souci est d’adapter les programmes aux besoins des publics accueillis, pour que la maison-relais devienne pour ses habitants un point de passage vers le logement classique”. président d’Adoma, chargé d’une mission “maisonsrelais”par la ministre du Logement Ville de Grenoble, adjointe au logement et à l’habitat action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 directeur général de RSIF, filiale du groupe 3F 7 8 reportage Photo Ljubisa Danilovic Logotel, qui gère 219 logements répartis en 16 résidences à Paris et dans la première couronne, a rejoint l’Unafo en 2007. Cette association, entité à part entière du groupe Opievoy, est spécialisée dans l’hébergement temporaire des ménages. Ce “ticket commun” entre un gestionnaire de résidences sociales et le deuxième office public de l’habitat d’Ile-de-France fait ses preuves en milieu urbain dense, où le marché immobilier tendu ne facilite pas la fluidité des parcours locatifs. Logotel en Ile-de-France Une association adossée à un important bailleur social Gilles Krier, secrétaire adjoint de Logotel Au début de la rue de Solférino, la résidence sociale de Boulogne-Billancourt, inaugurée en 2004, s’insère bien dans son cadre urbain. L’architecte a poussé le souci du détail jusqu’à peindre une partie de la façade en “jaune Renault”, pour rappeler que l’on est ici à 200 mètres de l’ancienne entrée des usines automobiles qui ont fait l’histoire de Billancourt. Face à l’immeuble de 11 logements, l’Artistic Palace, studio d’enregistrement aujourd’hui reconverti en programme immobilier, donne aux lieux une touche Art déco. C’est un peu “la marque de fabrique des résidences sociales de Logotel, elles sont implantées dans des quartiers de centres urbains. Cela favorise la mixité et la proximité sociales” précise Sylvie Koumskoff, gérante de la résidence de Boulogne-Billancourt et de cinq autres sites. Les loyers s’étagent de 379 euros mensuels pour un 16 m2, à 539 euros pour un 36m2, la part restante pour une personne aux minima sociaux étant de 67 euros. Madame B.Y nous ouvre sa porte ; la jeune femme affiche un volontarisme que les aléas d’un parcours de vie n’ont pas entamé. “De 2000 à 2004, j’étais fleuriste. Je travaillais en CDI, 13 heures par jour, pour avoir mon appartement, mais ça ne suffisait pas”. Un divorce lui impose de “repartir à zéro”. Elle a créé son entreprise dans le XVIIe arrondissement à Paris, mais un accident et deux opérations ont contrarié la poursuite de ce projet. Le 13 avril prochain, la jeune femme passera le concours d’aide-soignante pour intégrer la formation diplômante qui lui permettra “d’avoir enfin un travail stable”. Pour l’heure, ses projets personnels sont subordonnés à l’obtention d‘un logement : “Je dois repousser mon mariage avec mon fiancé, le temps de pouvoir habiter un logement pour deux”. D’abord la formation, puis l’emploi, sésame pour un logement qui permet d’espérer le mariage attendu. Cette trajectoire répond bien au profil que Logotel souhaite pour ses résidants : une personne qui vit une situation transitoire dans un hébergement temporaire, le temps nécessaire pour rebondir dans son parcours locatif. Un mandat de gérance C’est pour organiser cette capacité à rebondir que Logotel est née en 1986, afin d’apporter une réponse adaptée aux besoins des personnes vivant en hôtels meublés. Cette association loi 1901 gère aujourd’hui 219 logements, essentiellement des T1, répartis en 16 résidences sociales implantées à Paris, dans les Hautsde-Seine, l’Essonne et le Val de Marne. Logotel était rattachée à la société HLM “Logement pour tous”, reprise en 1999 par le groupe Opievoy. action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 Photo Ljubisa Danilovic reportage La résidence sociale de Boulogne-Billancourt Pour Gilles Krier, “l’objectif étant d’accéder à un logement ordinaire, la réussite passe par l’attitude volontariste du résidant, pour s’inscrire dans un nouveau parcours résidentiel”. À l’initiative des gérants de Logotel, un comité de suivi des projets résidentiels personnalisés a été créé. Ce comité, interne au groupe Opievoy, recherche des possibilités de sortie pour les résidants. Les services attribution de l’Opievoy examinent les dossiers pour lesquels un logement social peut être proposé. À sa tête, Viviane Rofort, directrice générale d’Opievoy et secrétaire générale de Logotel, gère plus de 48 000 logements (l’OPH représente 40 000, la SA HLM Orly Parc 5 500). Depuis la récente dissolution de “Logement pour tous” et un transfert de patrimoine, la grande majorité des résidences Logotel appartient aujourd’hui à l’Opievoy. Logotel s’appuie sur la structure Opievoy dans le cadre d’un mandat de gérance. Les directions métiers d’Opievoy assurent la gestion des logements et des prestations de services techniques, financiers, de gestion du personnel et de système informatique en contrepartie du paiement d’une rémunération. Le mandat de gérance fixe les prestations dues par l’Opievoy à Logotel. Pour Gilles Krier, secrétaire adjoint de l’association, “la force du groupe donne une assise stable à Logotel et sécurise ses activités”. Les agences de proximité de l’Opievoy à Chaville et Juvisy-sur-Orge accueillent les gérants de Logotel et leur apportent un soutien technique et administratif. L’accompagnement social, mission principale L’association salarie à temps plein quatre gérants de résidences. Sylvie Koumskoff définit ainsi la polyvalence de son métier : “Chacun de nous est à lui seul une microagence”. Sa mission est claire : élaborer un projet résidentiel qui fixe les objectifs de réinsertion, les étapes et les moyens d’y parvenir. Ce projet est un préalable qui conditionne la signature du contrat d’occupation. Sylvie Koumskoff et ses collègues mobilisent les résidants et entreprennent toutes les démarches nécessaires à l’entrée à Logotel, pour “leur permettre d’acquérir de bons réflexes de locataires”. Il s’agit concrètement de faciliter l’intégration dans la résidence par le respect des règles, de veiller à l’ouverture et au maintien des droits par une aide aux personnes vers les services publics (Caf, Assedic, Fsl…), et de prévenir les impayés. Ce travail repose sur la nécessaire bonne connaissance des résidants. Ainsi, Logotel organise une enquête approfondie préalable à l’attribution de logements. Le résidant bénéficie également d’un suivi personnalisé, il peut rencontrer le gérant lors de sa permanence hebdomadaire, et un accompagnement spécifique est là pour une gestion maîtrisée de son budget. Un protocole de relogement Sylvie Koumskoff constate “qu’après 6 mois ou un an, bon nombre de locataires sont prêts pour un logement ordinaire. On se heurte alors aux difficultés de relogement en région parisienne”. Comment gérer la situation d’engorgement et agir pour tenter de l’infléchir ? Un protocole de relogement a été mis en oeuvre au sein du groupe Opievoy en décembre 2006. Cette action vise à faciliter les sorties des résidences Logotel vers les autres entités du groupe. Neuf relogements ont eu lieu dans ce cadre en 2007. Logotel travaille aussi avec des partenaires extérieurs : collectivités territoriales, collecteurs du 1 %, autres bailleurs. Une étude d’octobre 2006 constate que, pour les 27 personnes relogées dans le parc Opievoy en Essonne et dans les Hauts-de-Seine de 2000 à 2004, l’intégration en habitat collectif est globalement réussie. “Ces résultats encourageants font la preuve de ce que Logotel et l’Opievoy peuvent réussir ensemble, pour faire coïncider parcours personnel et résidentiel”, commente Gilles Krier. Il est convaincu que “c’est dès la signature du contrat d’occupation que l’on prépare la sortie. Il faut présenter le plus tôt possible la résidence sociale pour ce qu’elle est : un sas, qui offre un logement meublé, des services et une adresse administrative”. Un partenaire témoigne Carole Chiarenza, responsable du CCAS de Saint-Pierre-du-Perray “La résidence sociale Logotel est proche des arrêts de bus et des commerces, elle est bien insérée dans le quartier et dans la commune. Elle apporte une solution locale pour l’hébergement des Saint-Perrayens en difficulté et leur permet de bénéficier d’une écoute dans un véritable lieu de vie. Nous sommes doublement satisfaits : côté relogement, un turn-over régulier offre des disponibilités d’hébergement rendues possibles par le bon fonctionnement de la structure, et côté intégration, la majorité des résidants souhaite à terme rester dans la commune. De plus, l’image véhiculée par Logotel est plutôt positive, aucun problème de voisinage n’est à déplorer. Il faudrait que chaque ville puisse proposer ce type d’hébergement qui donne un réel coup de pouce pour l’accession à un logement définitif”. action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 9 10 action Le Centre technique d’appui et de formation des centres d’examens de santé (Cetaf) coordonne l’activité des centres d’examens de santé (CES) relevant de la caisse nationale d’assurance maladie. Les actions de prévention menées par ces CES auprès des populations précaires ont conduit le Cetaf et l’Unafo à un rapprochement de leurs réseaux afin de faciliter l’échange de bonnes pratiques. Si les associations gestionnaires assument leur rôle de veille sanitaire au quotidien, les actions de prévention auprès des travailleurs migrants vivant en foyer nécessitent l’intervention de professionnels de la santé. Photo Cnamts/ Philippe Caumes Le Cetaf, partenaire prévention santé de l’Unafo Depuis 1945, les CES proposent un examen périodique de santé (EPS) tous les cinq ans aux assurés du régime général de sécurité sociale. Depuis 1992, la politique de prévention s’est renforcée en direction des populations en situation de précarité et des plus de 60 ans. “La santé n’est pas vécue comme une priorité par les personnes fragilisées et l’accès aux soins est de ce fait rendu difficile” constate le docteur Helfenstein, responsable du programme précarité des CES de Lorraine. Ainsi, des échanges se développent entre CES et certains adhérents de l’Unafo, pour faire, des résidants en foyer, une cible prioritaire des actions de prévention. Le docteur Pagnon, directeur du CES de Mulhouse, témoigne : “Notre abord commun de populations précaires nous a rapprochés, et le point de rencontre s’est établi autour d’une formation conduite par Aléos, à laquelle certains membres de mon personnel ont participé“. Rapidement, l’abord commun s’est mué en apport mutuel, pour bien connaître les besoins spécifiques des travailleurs migrants, et mieux y répondre. Isolement et maux de leur âge Les travailleurs migrants vieillissent isolés. Comment sensibiliser une population qui cumule précarité et grand âge à la nécessité de réaliser un EPS ? Pour répondre à cette question, une convention tripartite entre le conseil général de Meurthe-et-Moselle, le CES et les associations gestionnaires de foyers permet “d’aller au-devant des personnes en foyer avec des recrutements sur place et de prendre en charge leur transport jusqu’au centre d’examens” relate le docteur Helfenstein. “Et, depuis 2002, une formation santé-précarité de 3 jours est proposée aux animateurs de structures sociales”. Les EPS font clairement apparaître que les “vieux migrants” vivent mal leur situation d’isolement et développent un sentiment d’abandon. D’un point de vue sanitaire, ils souffrent de pathologies davantage liées à leur âge et à leur parcours professionnel que l’ensemble des personnes précaires. En foyer, pas ou peu de problèmes d’addiction, mais des troubles de la mémoire, des problèmes auditifs, de vue ou des affections cardio-vasculaires. Les pathologies rhumatologiques liées à la vieillesse ou à l’exercice de métiers pénibles posent d’ailleurs la question de la compatibilité des locaux : “Un 4e étage sans ascenseur condamne un vieux monsieur souffrant d’arthrose ou de lombalgie à ne plus bouger de chez lui“ souligne le docteur Helfenstein. La mise en réseaux Dans le cadre de son programme Prévention des risques liés au vieillissement, le Cetaf a publié en 2006 le guide Amhef (Approche des migrants hébergés en foyers). Il relate et met en perspective les expériences de 13 CES dans le recrutement des migrants résidant dans des structures d’hébergement social. Pour Angélique Bourg, chargée d’étude dans ce programme, Ahmef est “un outil pratique bâti sur des initiatives riches et variées. Le Cetaf les mutualise, les fédère et incite ainsi les partenariats locaux en proposant des exemples concrets qui peuvent faire école”. Ahmef permet de mieux comprendre les modalités d’intervention du CES dans un foyer : pourquoi présenter l’examen de santé au sein du foyer, comment aménager la venue des résidants au CES, pourquoi réaliser un compte-rendu médical individuel à l’issue de l’examen ? Basé sur le partage d’expériences, cet outil vise à impulser des rapprochements tenant compte des enseignements tirés des expériences. Cette coopération locale avec des organismes adhérents de l’Unafo est déjà amorcée, par exemple à Orléans et à Auxerre avec l’Aftam, à Metz avec l’Amli, ou à Dijon et Toulouse avec Adoma. Angélique Bourg estime que “le Cetaf est aux centres d’examens de santé ce que l’Unafo est aux professionnels de l’hébergement social : un fédérateur d’initiatives locales”. Dès lors, la bonne concordance entre le réseau des CES et celui des foyers doit venir nourrir positivement nos pratiques. À Mulhouse, selon le docteur Pagnon, “la convergence entre le Cetaf et l’Unafo permet de poursuivre notre travail commun d’éducation individuelle à la santé, et d’engager un travail épidémiologique pour une population particulière”. action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 libre propos… libre propos… libre propos… actualités 11 Photo Ljubisa Danilovic Le mal-logement en France Georges Bullion, président de l’ARRA HLM Le financement du logement très social Face à l’augmentation des prix fonciers et immobiliers du logement depuis 5 ans, les conditions d’équilibre du financement du logement locatif social ne sont plus réunies aujourd’hui. En effet, les aides à la pierre de l’Etat au logement social sont forfaitisées et ne suivent plus l’évolution des coûts. Les subventions des collectivités locales peinent aussi à être actualisées avec l’évolution des prix de construction et suivent au mieux l’augmentation du volume fixé dans le cadre du plan de cohésion sociale, sans améliorer l’équilibre des opérations. Restent les fonds propres des organismes HLM. Ceux-ci doivent être arbitrés entre une affectation sur l’entretien et la réhabilitation, le renouvellement urbain, le développement des nouvelles constructions. Le système touche aujourd’hui à ses limites avec encore deux contraintes récentes supplémentaires : l’accroissement du taux du livret A qui fragilise un peu plus nos équilibres d’exploitation et de bilan, et le surinvestissement annoncé sur le respect de l’environnement. Quand on sait que le logement très social financé avec les PLA intégration coûte plus cher que le logement social classique, car il est souvent réalisé dans de petites opérations d’acquisition-amélioration situées en centre-ville, on s’interroge sur la pérennité de notre système de financement. Si aujourd’hui le droit au logement opposable entre en vigueur, peut-être faudrait-il s’inquiéter des conditions de production et de financement du PLA intégration et ceci quels que soient les opérateurs. La mise en œuvre du droit au logement et la réalisation de la totalité du plan de cohésion sociale, soit 100 000 logements en PLUS et PLAI en 2008, passent sans doute par l’adaptation d’une partie des PLAI en logements à loyer minoré sans obligations d’accompagnement social spécifique. action habitat - magazine d’information de l’Unafo - n°20 - printemps 2008 Dans son rapport annuel sur le mal-logement paru le 1er février dernier, la Fondation Abbé Pierre estime à 3 318 000 le nombre de personnes mal logées, dont plus d’un million privées de domicile personnel. Elle constate la persistance de la crise du logement, induisant un pouvoir d’achat en baisse et entraînant une hausse considérable de la part de budget des ménages consacrée au logement. Face à ce constat, elle propose certaines mesures, comme élargir la taxe sur la vacance, obliger tout programme immobilier à produire un quota de logements sociaux, examiner au plus près les démolitions de logements sociaux dans les programmes ANRU, améliorer la solvabilisation des aides personnelles. Mobilisation nationale pour une nouvelle politique publique du logement Dans le cadre d’une mission confiée par le Premier ministre à Etienne Pinte, un collectif de 29 associations (dont l’Unafo) a formulé 13 propositions d’actions pour la mise en œuvre immédiate de la loi instituant un droit au logement opposable. Le rapport d’Etienne Pinte propose au gouvernement certaines mesures que les associations ont jugées décevantes, tout en déclarant vouloir continuer à négocier. Elles regrettent notamment que les moyens annoncés ne soient pas à la hauteur des besoins et des engagements : l’effort financier à fournir est, selon elles, de 1,5 milliard d’euros, alors que le Premier ministre a débloqué une enveloppe de 240 millions d’euros seulement. Elles demandent au gouvernement de compléter ces mesures et appellent à la mobilisation de tous les acteurs du secteur. Journées professionnelles Metz - novembre 2007 Nos journées professionnelles 2007 ont rassemblé à Metz deux cent trente professionnels du secteur du logement social. Ces deux jours de travail étaient bâtis autour des trois défis actuels à relever pour préparer l’avenir : comprendre les mutations des publics et celles des politiques sociales, adapter le patrimoine et les services offerts aux résidants et adapter nos organisations en les professionnalisant, partager les enjeux dont nous sommes porteurs et le partenariat que nous développons au quotidien dans les territoires où nous intervenons. Catalogue Formations 2008 20 formations spécifiques et adaptables à vos besoins Plus de Pensez à vous inscrire ! 01 40 71 71 10 www.unafo.org