Ce qu`il faut savoir pour bien renégocier son crédit immobilier
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Ce qu`il faut savoir pour bien renégocier son crédit immobilier
29 AOUT/04 SEPT 09 Hebdomadaire Paris OJD : 65383 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS - 01 57 08 73 00 N° de page : 63 Page 1/3 Ce qu'il faut savoir pour bien renégocier son crédit immobilier L'opération entraîne le paiement d'indemnités et de frais annexes qui peut en annihiler l'intérêt • Depuis huit mois, les taux des crédits immobiliers marquent une forte baisse. Ds sont ainsi passés de 5,15 % en moyenne au mois de novembre 2008 à 3,96 % en juillet 2009 (source : Observatoire crédit logement/CSA). Un reflux qui redonne le sourire aux futurs acquéreurs - la baisse constatée entre janvier et juillet 2009 produit les mêmes effets qu'une chute des prix de 10 % - mais qui peut rendre amers ceux qui ont emprunté au plus haut. Les voilà alors tentés de renégocier les conditions de leurs prèts. « En un an, nous sommes passés de 1.000 demandes de renégociation par mois à plus de 3.000 demandes, explique Sandrine Allonier, porte-parole du courtier en crédits Meilleurtaux.com. Les clients savent que les taux ont baissé fortement et ils cherchent à en profiter. Pour autant, le taux de transformation reste encore marginal. » Et pour cause. Si, par le passé, les banques acceptaient, bon gré mal gré, de renégocier les conditions d'un prèt en cours, il semblerait qu'elles s'y refusent désormais systématiquement. K Quel intérêt pourraientelles y trouver alors que le prèt est toujours en charges dans leurs comptes et qu 'elles ne peuvent pas elles-mêmes renégocier leurs propres créances ? », s'interroge Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi. Une opération coûteuse L'opération doit donc passer par un rachat de crédit par un autre établissement bancaire. Mais elle est souvent coûteuse. Il faut tout d'abord payer à sa banque les indemnités pour remboursement anticipé (Ira), qui représentent en général entre 1,5 et 3 % du capital restant dû, plafonné à six mois d'intérêts. « Si, par le passe, les emprunteurs pouvaient négocier avec leur banquier l'absence d'Ira, cette pratique est révolue depuis deux ans », explique Philippe Taboret. A ces indemnités, il convient d'ajouter les frais de constitution de garantie. « Si vous aviez une hypothèque pour votre ancien prêt, il faut compter environ 0,7 % de frais de mainlevée, puis 2 % pour la constitution de la nouvelle garantie », détaille Sandrine Allonier. Et il ne faut, enfin, pas oublier les frais de dossier, qui peuvent atteindre 1.000 euros. Un coût total qui peut rapidement atteindre 5 % du capital à emprunter. Pour autant, l'opération peut s'avérer payante, « à condition de remplir au moins deux des trois conditions suivantes: un différentiel de taux d'au moins I point, un capital restant dû supérieur à 50.000 euros et une durée de remboursement restant à courir d'au moins dix ans », souligne Philippe Taboret. Effectuer le rachat les premières années du prêt Les premières années d'un crédit sont en effet consacrées essentiellement au paiement des intérêts. Plus on avance dans le temps, et moins l'opération s'avère rentable. Réduire la durée de remboursement Le rachat de crédit peut également être l'occasion de réduire la durée de remboursement du prêt, soit en augmentant le montant des mensualités, soit en effectuant un apport complémentaire. « Ainsi, pour un emprunt de 150.000 euros souscrit en août 2008 au taux de 5,05 % sur vingt ans, l'économie liée à un rachat de crédit aux conditions actuelles (4 %) s'élève à 16.500 euros si l'emprunteur conserve la même durée. Celle-ci peut même atteindre 34.500 euros en réduisant la durée de remboursement à quinze ans, mais au prix d'une légère augmentation des mensualités », explique Sandrine Allonier. - Au final, avant de se lancer dans l'aventure du rachat de crédit, il ne faut pas hésiter à s'adresser à un professionnel pour obtenir des simulations fiables afin de s'assurer que l'opération est réellement rentable. Frédéric Durand-Bazin 29 AOUT/04 SEPT 09 Hebdomadaire Paris OJD : 65383 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS - 01 57 08 73 00 Surface approx. (cm²) : 516 N° de page : 63 Page 2/3 LES TAUX DE CREDIT DEVRAIENT ENCORE BAISSER LES PROCHAINS MOIS • Evolution des taux fixes, en % Baisse potentielle dcs tau» de reference Taux moyen des emprunts à 45 ans I 2009 Source Cafpi Le besoin de production devrait amener les banques à diminuer leur marge sur le dernier trimestre 2009 et à réduire en conséquence les taux de crédit. Osez le taux variable • Faut-il profiter de la baisse des taux pour geler à un niveau bas son crédit à taux variable ? « C'est exactement le contraire qu'il faut faire, martèle Philippe Taboret. tes taux variables sont aujourd'hui I point à 1,5 point moins chers que les taux fixes. Et cette situation devrait durer encore quelque temps. Je conseille plutôt aux clients souhaitant racheter leur crédit d'étudier la possibilité de souscrire un crédit à taux variable. » Les taux variables, c'est-à-dire sans cap pour limiter la hausse du taux, bénéficient même d'un avantage de poids : l'absence d'indemnités de remboursement anticipé. Mais, revers de la médaille, le taux peut fluctuer librement au gré des soubresauts du marché monétaire. Les emprunteurs les moins avertis souhaitant bénéficier d'une protection doivent privilégier les taux capes : cette fois, leur éventuelle augmentation ne peut excéder un plafond, fixe à I ou 2 points au-dessus du taux initialement négocié. s UNE ECONOMIE POTENTIELLE DE 7 A14 % DU MONTANT EMPRUNTE • Pour acquérir son habitation principale, un couple souscrit un prèt de 200.000 € sur 180 mois, au taux de 5,40 % hors assurance. Pour profiter de la baisse des taux, il décide de racheter son credit en août 2009 • Hypothèse I : rachat en conservant une mensualité égale Octobre 2008 Rachat en août 2009 ^ Capital emprunté 200.000 € • Hypothèse 2 : rachat en conservant la même durée de remboursement Octobre 2008 191.859 € (capital restant dû) + 5.149 € (IRA) + 2.100 € (frais de garantie) = 199.108 € 200.000 € 5,4% Mensualité ^ Mensualités restantes (en août 2009) ^ Total à honorer jusqu'à la fin du prêt CAFPI 7329201200501/GDF/MYE/2 1.623,57 € 169 1.623,57 € x 169 mois = 274.383 € Eléments de recherche : 1.623,07 € 158 1.623,57 € x ISS mois = 256.445 € Rachat en août 2009 I t 191.859 € (capital restant dû) + 5.149 € (IRA) + 2.100 € (frais de garantie) { = 199.108 € 5,4% 4% 1.623,57 € 1.524,91 € I 169 169 i 1.623,57 € X 169 mois 1.542,91 € x 169 mois i = 274.383 € = 260.752 € i CAFPI ou Conseil à l'Accession et au Financement en Prêts Immobiliers : société de courtage, toutes citations 29 AOUT/04 SEPT 09 Hebdomadaire Paris OJD : 65383 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS - 01 57 08 73 00 Surface approx. (cm²) : 516 N° de page : 63 Page 3/3 Pas de rachat sans l'accord du bénéficiaire acceptant d'un contrat d'assurance-vie Face au bénéficiaire acceptant d'un contrat d'assurance-vie, le souscripteur peut-il librement effectuer des retraits ou des rachats ? Tout dépend des clauses figurant dans le contrat. Par les Editions Francis Lefebvre (www.efl.fr) • Les conditions générales d'un contrat d'assurance-vie prévoyaient que, « en présence d'un bénéficiaire acceptant, celui-ci doit donner son accord aux opérations telles que le rachat partiel, rachat total, rachats partiels programmes, demande d'avance (...) que l'adhérent souhaite effectuer ». Par un arrêt en date du 7 mai 2009, la cour d'appel de Rouen (n° s 08-3256, 08-3573 et 08-3636, 2« ch.) a clairement indiqué qu'il se déduit de cette clause que le souscripteur avait renoncé, en cas d'acceptation du bénéficiaire, à l'exercice unilatéral de son droit de rachat. Par suite, en lui refusant ce rachat sans l'accord de ses enfants qui avaient accepté leur désignation comme bénéficiaires du contrat en cas de décès, l'assureur n'a fait qu'appliquer les dispositions contractuelles. « Le bénéficiaire acceptant ne peut pas s'opposer à une demande de rachat en l'absence de CAFPI 7329201200501/GDF/MYE/2 Eléments de recherche : renonciation expresse du souscripteur à son droit » Pour les contrats qui, comme en l'espèce, ont été acceptés avant le 18 décembre 2007, la loi ne règle pas la question de la possibilité pour le souscripteur d'effectuer un rachat (ou une avance) après l'acceptation du bénéficiaire. Comblant cette lacune, la Cour de cassation a décidé que le bénéficiaire acceptant ne peut pas s'opposer à une demande de rachat en l'absence de renonciation expresse-dû souscripteur à son droit (Cass. ch. mixte 22-2-2008 n° 06-11.934 ; dans le même sens, Cass. 2e civ. 19-2-2009 n° 08-11.917). Faut-il considérer, comme semble le faire la cour d'appel de Rouen, que la présence dans les conditions générales du contrat d'une clause subordonnant le droit de rachat du souscripteur à l'accord du bénéficiaire acceptant vaut renonciation expresse ? A notre avis, non. Seul un acte distinct du contrat et manifestant de façon indiscutable la volonté du souscripteur de subordonner son droit de rachat au bon vouloir du bénéficiaire devrait valoir renonciation expresse. La Cour de cassation devra trancher la question. On rappelle que, depuis le 18 décembre 2007, l'acceptation du bénéficiaire ne peut intervenir qu'avec l'accord exprès du souscripteur et interdit à ce dernier d'effectuer des rachats ou d'obtenir une avance sans l'accord du bénéficiaire (C. ass. art. L 132-9,1-al. I in fine, dans sa rédaction issue de la loi 2007-1775 du 17-12-2007). CAFPI ou Conseil à l'Accession et au Financement en Prêts Immobiliers : société de courtage, toutes citations