Madame, Monsieur, Je me permets de vous contacter en ma qualité

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Madame, Monsieur, Je me permets de vous contacter en ma qualité
Madame, Monsieur,
Je me permets de vous contacter en ma qualité de conseil de la S.A. LE ROOZ, dont le siège social
est établi à Verviers, rue de France n° 34.
Comme vous le savez, cette société est propriétaire d’un terrain situé à Stembert, entre la rue de
Mariomont et le chemin du Cossart, et elle envisage de faire bâtir sur celui-ci quelques habitations.
A la demande de ma cliente, j’ai pris connaissance du contenu de votre site Internet.
J’ai pu y constater que ce site entretient (habilement) auprès du grand public, et essentiellement
auprès des amoureux de la nature, le sentiment que le projet de ma cliente constitue une menace
grave à l’encontre du Val du Cossart.
On peut en effet y trouver de nombreuses photographies prises dans les environs, sans qu’à aucun
moment ne soit précisé la localisation exacte des prises de vue, ni surtout la distance entre les
paysages et la parcelle litigieuse.
Or vous savez, en tant que responsables de ce site Internet, que les endroits bucoliques que vous
souhaitez – à juste titre – protéger sont situés à plusieurs centaines de mètres de ladite parcelle.
Et vous savez également que celle-ci n’est pas « perdue au milieu de nulle part » mais bien jouxtée
par le chemin du Cossart (et ses villas) et par la rue de Mariomont qui comprend à cet endroit une
imposante ferme.
Or, si votre site se veut didactique et touristique (sous les onglets « Balade », « Nature », etc.), il se
veut malheureusement aussi politique puisque l’on peut lire sous l’onglet « Sauvez le Val » :
« La campagne pour sauver Le Val du Cossart
Le Val, son paysage et son écosystème sont malheureusement aujourd’hui menacés par un ambitieux
projet de lotissement immobilier ».
Un lien promet des informations sur ce projet, mais il renvoie à un article du journal local de Stembert
lui aussi emprunt des mêmes raccourcis et imprécisions que ceux qui balisent votre initiative.
Là où la désinformation tourne à la malhonnêteté intellectuelle, c’est lorsque l’on s’attarde sur la liste
des Amis du Cossart.
Le lien qui permet d’y accéder se trouve sous la référence au projet immobilier, citée ci-dessus, ce qui
ne laisse aucune équivoque quant à la portée que vous voulez y donner.
Il se trouve toutefois que les responsables de ma cliente ont été interpelés d’y voir figurer certains
noms.
Renseignements pris auprès des « signataires » concernés, il s’est avéré, d’une part, qu’ils n’avaient
aucune connaissance d’avoir signé une quelconque pétition ou de faire partie d’un quelconque
comité, et d’autre part, qu’ils ignoraient tout du projet immobilier que vous souhaitez combattre en
utilisant leur nom.
Bien plus, il semble que le simple fait pour un internaute de consulter votre page Facebook et d’y
cliquer sur « J’aime » entraîne d’office la présence de son nom sur la liste précitée.
Vous avez eu la décence de supprimer plusieurs noms après que les personnes concernées se soient
manifestées auprès de vous, mais il n’en reste pas moins que vous trompez sciemment les gens sur
la marchandise.
L’essentiel reste bien de savoir si le projet de ma cliente risque d’avoir un impact environnemental.
Or, les éléments que je vous ai rappelés ci-dessus quant à la localisation du terrain apportent déjà
une réponse rassurante.
De plus, une étude d’incidence, dont l’objectif est notamment d’évaluer ledit impact, est actuellement
en cours, et je ne vois pas comment vous pourriez en anticiper les conclusions.
En résumé, votre site Internet ne fait que créer un phénomène « NIMBY » auprès de la population, en
usant et abusant de raccourcis trompeurs.
Au nom de ma cliente, je vous demande dès lors de bien vouloir, sous huitaine, supprimer de votre
site toute référence au projet immobilier jusqu’à ce que les résultats de l’étude d’incidence soient
connus, et publier sur ce même site le contenu du présent message.
Vous comprendrez qu’il est de votre intérêt d’agir de manière volontaire plutôt que de voir un juge
vous y contraindre.
D’avance je vous en remercie.
Bien à vous.
Jean-François DISTER
Avocat au barreau de Liège (Belgique)
Assistant en droit pénal à l’ULB