Bonnes vacances quand même
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Bonnes vacances quand même
▼ édito Philippe TOURNIER 6 Notre imaginaire professionnel est encore encombré d’un fatras de fausses obligations : des S + ou des R (disparus), des permanences (disparues), voire des astreintes (qui n’ont jamais existé […]) Bonnes vacances quand même ! Secrétaire général Entre une année agitée et pénible qui s’en va et une année probablement non moins agitée et pénible qui s’en vient, s’intercale une période de vacances… pardon, de congés ! Quelques semaines durant lesquelles on ne se préoccupe plus du tout de toutes ces urgences qui n’en sont pas et qui nous rongent la vie, quelques semaines durant lesquelles on peut penser à autre chose et prendre du recul. Savoir s’arrêter ! Savoir s’arrêter de son propre gré et non parce qu’il n’y a plus rien à faire (d’autant qu’il n’y a jamais plus rien à faire dans notre métier) : un grand enjeu de qualité de vie au travail pour chacun d’entre nous. Mais nous sommes tous pareils : il n’est pas si aisé de se dire « allez, stop, j’arrête : ça attendra bien demain ». Ou mieux : « allez, stop, j’arrête : de toute façon, ce qu’on me demandait de faire ne servait à rien » ! LE LONG CHEMIN VERS LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL Un article paru dans Direction en 2008, consacré au temps de travail, débutait par la saynète suivante : « Bonjour, ici l’Inspecteur d’académie. Pourriez-vous me passer Madame la Principale ? - Ah, non : elle est en congé aujourd’hui. Je vous passe son adjoint ? - Oui. - Bonjour ! Alors, c’est vous le Principal aujourd’hui… » Le jour où un tel dialogue sera naturel, ce sera une avancée décisive mais nous n’y sommes pas encore : il est fort probable que la collègue n’aurait pas osé s’avouer en congé, que l’inspecteur d’académie l’aurait peut-être ouï avec peine et qu’il aurait rappelé plutôt que de considérer le chef d’établissement-adjoint comme son interlocuteur. Le regard que les autres portent (et/ou nous incitent à porter) sur notre travail entrave parfois sans réelle nécessité une meilleure qualité de vie. Bien sûr, il y a des obstacles objectifs qu’il ne faut pas minimiser (des équipes de direction incomplètes, un pôle administratif non opérationnel, les errements bureaucratiques) contre lesquels nous luttons mais ce n’est qu’une partie du long chemin vers la qualité de vie au travail. 28 AOÛT 2007 Notre imaginaire professionnel est encore encombré d’un fatras de fausses obligations : des S + ou des R - (disparus), des permanences (disparues), voire des astreintes (qui n’ont jamais existé bien qu’une autre organisation syndicale voulait récemment les introduire). Vous êtes peutêtre surpris en lisant cela. Vous vous dites : « Il devrait vraiment prendre des vacances ! Il faut bien préparer la rentrée ! Et qui va s’occuper de DIRECTION 190 JUILLET/AOÛT 2011 ▼ ÉDITO l’internat ? Et que va dire le conseil général s’il n’y a personne le week-end ? Et l’encadrement des agents pour les travaux ? ». Pourtant, tout cela n’existe pas ou plus : ce sont bien souvent nos habitudes qui les maintiennent en vie… C’est que nous n’avons pas encore mesuré combien l’arrêté du 28 août 2007 sur notre temps de travail avait posé les conditions d’une profonde transformation en nous faisant migrer des « vacances » aux « congés ». Hors de la responsabilité qui flotte, permanente, au-dessus de nous (mais dont l’impact matériel se limite à être joignable), notre temps est simplement binaire : c’est du travail ou des congés. Et quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre. QUARANTE-SEPT JOURS Quarante-sept jours de congés auxquels s’ajoutent deux-cent-huit demi-journées libres (quatre par semaine). Nous respectons scrupuleuse- ment les textes sur le travail de tous les autres mais une malédiction plane sur le nôtre : nous devons nous les appliquer à nous-mêmes car personne ne le fera à notre place. Et une sorte de restriction mentale, remontée du fond des âges, fait que nous avons parfois vaguement honte de nous avouer ne pas travailler. « Oui, mais ce n’est pas possible : il y a cela à faire, et cela, et cela ». Est-ce toujours si certain ? Dans le cadre de sa politique de formation mais aussi de réflexion collective sur nos pratiques professionnelles, le SNPDEN va poursuivre son inlassable travail syndical d’investissement de ce terrain afin de faire bouger les lignes de notre travail. Sinon, nous attendrions longtemps, et longtemps, et longtemps… Puisqu’il faut savoir s’arrêter, j’ai divisé mon éditorial par deux. Vous mettrez ainsi deux fois moins de temps à le lire : gardez précieusement ce temps gagné pour vous ! Bonnes vacances. ■ [email protected] L’ARRÊTÉ DU 28 AOÛT 2007 ARTICLE 1 En application de l’article 10 du décret du 25 août 2000 susvisé, les personnels régis par le décret du 11 décembre 2001 susvisé qui exercent leurs fonctions dans des établissements d’enseignement ou de formation relevant du ministre de l’Éducation nationale sont responsables de l’organisation de leur travail dans le cadre des dispositions fixées par le présent arrêté. A ce titre, le chef d’établissement organise le service pour lui-même et son adjoint, en recherchant la complémentarité des temps de service. Leur temps de travail est décompté en jours. ARTICLE 2 Dans le respect des garanties minimales définies à l’article 3-I du décret du 25 août 2000 susvisé, le service de ces personnels ne peut excéder dix demi-journées par semaine. L’amplitude maximale de la journée de travail est fixée à onze heures. ARTICLE 3 Les personnels mentionnés à l’article 1er bénéficient de quarante-cinq jours de repos, dont vingtcinq jours de congés annuels et vingt jours de réduction du temps de travail. En application du décret du 26 octobre 1984 susvisé, deux jours de fractionnement peuvent s’ajouter aux jours de repos mentionnés à l’alinéa précédent. Il n’y a pas d’autre texte. Comme il est court et clair, il n’a pas été utile de rédiger de circulaire d’application et il s’applique donc directement de plein droit. LA CIRCULAIRE DU 15 NOVEMBRE 2006 Dans une période où les missions et l’environnement des établissements scolaires connaissent des changements notoires, je tiens à rappeler qu’il revient au chef d’établissement, comme le précise le décret n° 85-924 modifié du 30 août 1985, de fixer les périodes d’ouverture et de fermeture de l’établissement en prenant en compte les missions de ce dernier. Cette décision doit être prise dans le respect des statuts des personnels, après concertation avec ces derniers et consultation de la collectivité territoriale de rattachement s’agissant des personnels dont elle assure la gestion. Elle sera portée à la connaissance des autorités et des collectivités territoriales. Cette circulaire a remplacé celle du 29 avril 1996 sur le « service de vacances ». Il n’y a donc plus, depuis cinq ans, ni S + 1, + 2, R - 1, - 2 etc. mais simplement un temps d’ouverture durant les vacances des élèves, décidé par la direction de l’établissement (et elle seule) selon les besoins. Il faut aussi rappeler que le passage des agents à la collectivité a modifié leurs conditions d’encadrement. DIRECTION 190 JUILLET/AOÛT 2011 7