Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - Chapitre 5

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Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - Chapitre 5
écrit par Sunwalker
d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima
Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr
Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons
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Entertainment.
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L'officier prit la serviette qui trainait sur la table et essuya calmement ses mains mouillées jusqu'au
coude. Lorsqu'il eut fini de sécher sa peau, il but quelques gorgées à sa gourde puis releva et roula
davantage les manches de son treillis. Pliant les coudes, il s'assura de ne pas être gêné dans ses
mouvements, fit craquer les articulations de ses mains et fit volte-face.
Au centre de la petite pièce, attaché à une chaise, se tenait un homme avec une cagoule sur la tête.
Ses vêtements étaient trempés et le sol était éclaboussé autour de lui. D'un claquement de doigts,
l'officier indiqua à l'un des gardiens de retirer de la pièce le baquet d'eau dont il n'avait plus besoin puis,
quand il se retrouva seul avec son prisonnier, il commença à lui tourner autour, à la manière d'un fauve
qui cherche la faiblesse de sa future proie.
― Hé bien, je dois dire que tu m'impressionnes toi, dit-il de sa voix grave. En général, ils ne tiennent
pas cinq minutes avec cette méthode. Soit ils craquent, soit ils y passent. Et toi, pas un mot, pas un
signe de faiblesse.
L'officier s'arrêta face au prisonnier et lui retira la cagoule encore trempée. Solid Snake leva ses yeux
bleus vers son tortionnaire et le fixa sans broncher. L'officier découvrit un large sourire.
― On n'a pas été présenté, je crois. Je suis le Lieutenant Leone, officier en second d'Eguabon. Cette
prison, c'est ma forteresse à moi. Mon petit royaume perso.
― Très joli, railla Snake en regardant les murs décrépis et couverts de moisissures.
Leone lui envoya un crochet dans la figure.
― La ferme ! On ne me coupe pas la parole. Tu crois que tu peux débarquer comme ça chez moi et
buter l'un de mes hommes ? Qui es-tu ? (pas de réponse.) A ton accent, je dirais que tu n'es pas d'ici.
Américain ?
Snake soutint le regard de Leone sans laisser percevoir un quelconque changement même après le
coup qu'il venait d'encaisser.
― Tu n'es pas de cette maudite résistance en tout cas. Qui t'envoie ?
Face à l'absence de réponse de son prisonnier, Leone le cogna de nouveau à plusieurs reprises.
― Réponds-moi, chien d'américain !
Sonné, Snake secoua la tête pour reprendre ses esprits et déposa un crachat sanglant au pied de sa
chaise. Un bip retentit dans la petite pièce. Leone attrapa la radio posée sur une table et répondit :
― Leone.
― C'est moi, fit une voix calme. Rappliques tout de suite ici, on doit changer nos plans.
― Compris, Général. Je suis là dans cinq minutes.
L'officier coupa la communication et glissa la radio à sa ceinture.
― Voilà qui met fin à notre entretien. Tu m'en vois déçu mais ça n'est que partie remise, pas vrai ? Je
te laisse le temps de cogiter. J'espère que tu seras plus loquace la prochaine fois car, vois-tu, ce genre de
relation est basé sur l'échange et je m'en voudrais d'être le seul à participer.
Sur ces mots, il fit de nouveau craquer ses articulations sous le nez de Snake, pour s'assurer que le
message soit bien clair, puis marcha vers la porte.
― Ramène-le en cellule, ordonna-t-il.
Un gardien entra en faisant cliqueter les clés qui pendaient à sa ceinture, détacha les cordes de Snake
et lui intima l'ordre d'avancer dans le couloir d'un simple mouvement du canon de son arme. Alors
qu'ils traversaient les bâtiments de la prison et que Snake observait avec attention la structure des lieux,
l'homme parla lentement dans son dos.
― Je ne cautionne pas tout ça. La torture. Le général a un idéal qui me plait mais je n'accepte pas ce
genre de débordements.
― Alors pourquoi rester à ses côtés ? Vous pourriez m'aider à sortir d'ici et à le renverser.
― Je ne suis pas prêt à trahir les miens, ni à mourir pour l'envahisseur Blanc. J'essaie juste
d'accompagner au mieux les prisonniers jusqu'au bout. Contrairement à vous autres Blancs qui avez
traité les miens comme des animaux pendant l'apartheid, je vous respecte en tant qu'homme, seulement
vous n'êtes plus les bienvenus dans mon pays !
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― J'avais bien compris, oui.
Le gardien utilisa sa clé et ouvrit la cellule avant de pousser Snake à l'intérieur.
― Désolé pour tout ça, mais les révolutions se font dans le sang, dit-il en tournant le verrou.
Sur ces mots, il s'éloigna. Snake en profita pour se tâter le visage. Rien de cassé mais il aurait de
beaux hématomes sur la figure.
― Ça va, Snake ?
― Parfaitement. Ça me rappelle l'hospitalité irakienne.
― En partie, oui, avoua Fox. Mais avec moins de classe et d'imagination.
Snake observa Fox un instant. Son vieil ami avait bel et bien perdu du poids depuis leur mission
dans le Golfe quatre ans plus tôt mais, malgré sa frêle carrure, il semblait toujours aussi vif et musclé.
La quarantaine bien entamée, les cheveux courts couleur platine, le visage fin et creusé, Fox avait
toujours cette étrange lueur dans ses yeux gris-bleus. Elle lui donnait l'air absent, sans âme, comme un
fantôme rodant sur le champ de bataille. Mais Snake savait qu'il n'en était rien. Fox était intelligent,
attentif, observateur et extrêmement efficace. Un adversaire à ne pas sous-estimer et un allié de taille.
― Et maintenant ? Demanda-t-il.
― Parle-moi de Metal Gear.
― D'après les informations que j'ai pu dénicher avant d'être découvert, il s'agit d'une arme à capacité
nucléaire d'un genre inédit et des plus dangereux. Apparemment, Eguabon compte beaucoup dessus et
pense pouvoir obtenir l’indépendance du Gindra grâce à la menace de cette arme. J'ai vu les caisses
d'ogives nucléaires dans la forteresse. Ça me suffit déjà pour prendre au sérieux ce Metal Gear. Juste
avant de me faire prendre, j'ai réussi à mettre la main sur un nom. Dr. Pettrovich Madnar.
― Russe, d'après le nom. Un ingénieur soviétique rescapé de la Guerre Froide ?
― Peut-être bien. Après l'éclatement de l'URSS, pas mal d'ingénieurs spécialistes en technologie
nucléaire ont disparu dans la nature. Quoi qu'il en soit, on devrait trouver cet homme pour qu'il nous
donne plus de renseignements sur Metal Gear.
― D'accord. Pour commencer, on doit sortir d'ici.
― Et tu penses t'y prendre comment ? On attend encore quelqu'un pour nous secourir ? Plaisanta
Fox.
Snake se pencha entre les barreaux.
― Gardien ! Hurla-t-il.
― Qu'est-ce que tu fais ? S'étonna Fox.
― J'appelle le gardien.
― Je vois bien, mais pour quoi faire ?
― J'ai besoin de mes cigarettes.
Fox écarquilla les yeux.
― C'est ça ton plan pour nous sortir de là ? Fumer une clope ? Si je ne te connaissais pas mieux, je
dirais que tu as perdu la boule sous les coups de Leone.
Le gardien apparut en faisant tinter son trousseau, son fusil d'assaut à la main.
― Qu'est-ce que tu veux ?
― Mes cigarettes.
L'homme hésita un instant, regarda autour de lui.
― Vous avez dit vouloir aider les prisonniers. J'vous demande pas de me libérer. Juste d'accélérer ma
mort en me permettant de fumer une clope.
Le gardien disparut. Fox interrogea Snake du regard avant d'ajouter :
― Qu'est-ce que tu prépares ?
― Tu te souviens en Irak, quand on arrivait à se sortir des pires situations ? (Fox opina.) Hé bien,
c'est le même genre de plan.
― Autrement dit, on va sûrement se faire tuer... Je marche.
Le gardien refit son apparition et Fox se glissa dans l'ombre de sa cellule. Le soldat du GLF montra
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le paquet de cigarettes tout en restant bien au milieu de l'allée, à distance des barreaux.
― C'est celles-là ?
Snake acquiesça. Le gardien attrapa une cigarette et la renifla puis il la fit rouler entre ses doigts pour
la mettre en pièce et en vérifier le contenu. Rien que du tabac. Il en prit une autre dans le paquet et la
démantela de la même manière.
― Elles m'ont l'air normales.
Il jeta le paquet à Snake.
― Pas de coup fourré, l'américain.
Snake glissa une clope entre ses lèvres et renvoya le paquet à l'extérieur avant de faire le geste de
l'allumer. Le gardien se servit aussi une cigarette fouilla dans sa poche et sortit le briquet de Schneider.
Il réussit après deux essais à allumer sa cigarette puis envoya le briquet au prisonnier.
― Je te l'ai piqué, expliqua-t-il. Ça te déranges pas, j'espère ? J'en avais un comme ça dans le temps,
ça me rappelle ma jeunesse.
― Pas de problème, assura Snake.
L'agent de Fox-Hound secoua le briquet prêt de son oreille pour s'assurer qu'il était toujours plein
puis actionna le mécanisme à plusieurs reprises en vain.
― J'peux en avoir une aussi ? demanda Fox.
Le gardien se retourna vers la cellule d'en face.
― Allez, c'est ma tournée.
Il lui fit passer le paquet puis s'orienta vers la cellule de Snake qui lui tendait le briquet à travers les
barreaux après avoir enfin réussi à s'en servir. Confiant, le gardien s'approcha de la grille et le prit avant
de reculer d'un pas en tirant sur sa clope. Quelque chose tomba à ses pieds. Le gardien baissa la tête
pour s'apercevoir que c'était le réservoir du briquet, apparemment vide. Étonné, il leva les yeux vers le
prisonnier. Snake projeta tout à coup sa tête vers l'avant et lui cracha du liquide à la figure.
Au contact de la cendre incandescente de sa cigarette, l'essence s'enflamma brusquement et le brûla
au visage. Le gardien poussa un hurlement de douleur, tituba vers l'arrière en essayant tant bien que mal
d'éteindre ses vêtements qui avaient pris feu. Il sentit dans son dos les barreaux de la cellule de Fox.
Ce dernier passa ses bras entre les barreaux et enserra le gardien à la gorge. Le soldat du GLF se
débattit, essaya de se libérer puis d'éteindre les flammes sans savoir vraiment quelle menace était
prioritaire sur l'autre. Quinze secondes plus tard, il glissait sur le sol, inanimé.
Fox se baissa pour ramasser le trousseau de clé du gardien et déverrouilla sa cellule. Il libéra Snake
qui s'accroupit auprès du gardien inconscient et éteignit avec une couverture les dernières flammes qui
dansaient sur ses vêtements.
― Désolé, dit-il à l'attention du geôlier.
Fox récupéra le AK et les chargeurs qu'il vérifia tandis que Snake saisissait le gardien sous les
aisselles et le trainait dans la cellule de Fox avant de l'y enfermer.
― Beau boulot, souffla Fox. Et maintenant ?
― Surveille l'entrée, je dois chercher quelqu'un.
Fox épaula le fusil et trottina vers la porte d'accès.
― Diane ! Cria Snake, balayant la salle de son regard. Diane, où êtes-vous ?
― Ici, répondit une voix.
Snake leva les yeux et aperçut une main qui s'agitait au premier étage. Il s'élança vers l'escalier et
s'arrêta devant la cellule de Diane. Au premier coup d’œil, la jeune femme avait l'air en forme à part un
gros hématome sur la joue gauche, surement survenu lors de son arrestation. L'agent de Fox-Hound la
libéra.
― J'ai entendu du bruit. Qu'est-ce qu'il s'est passé, Snake ?
― On s'évade. (il lui donna le trousseau.) Sortez les gens de là en commençant par vos amis de la
résistance, je reviens dans cinq minutes.
Snake redescendit au niveau du sol et retrouva Fox qui braquait son arme sur la porte.
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― On doit récupérer notre équipement. En revenant de mon... entretien avec Leone, j'ai vu la salle
où ils entreposent le matériel. Une fois cette porte passée, on prend à droite à la première intersection
et la porte est à environ vingt mètres sur la gauche au bout du couloir.
― Je passe devant, dit Fox en ouvrant la porte.
Le couloir était désert. Les deux hommes se faufilèrent dans le bâtiment en toute discrétion et
atteignirent leur objectif en moins de deux minutes. La salle était vacante et ils purent récupérer leur
matériel sans être dérangés. Avant de quitter les lieux, ils prirent quatre AK47 supplémentaires et des
chargeurs qu'ils fourrèrent dans la sacoche de Diane puis retournèrent dans le quartier de détention.
― Diane, c'est Snake.
La jeune femme sortit d'un recoin sombre où elle s'était réfugiée en les entendant arriver. Deux
hommes et une femme la rejoignirent tandis qu'un autre résistant continuait de libérer les prisonniers,
cellule après cellule, armé du trousseau de clés.
Snake et Fox distribuèrent les armes et les munitions aux résistants et leur indiquèrent l'endroit où ils
pourraient en trouver d'autres.
― Restez-là pour l'instant. Laissez-nous un peu de temps pour déclencher une diversion puis quittez
le bâtiment et trouvez-vous un endroit à l'abri en attendant l'assaut des hommes de Schneider.
Snake rendit sa radio à Diane tandis que les prisonniers libérés se regroupaient autour du petit
groupe armé.
― Prévenez-le, dites-lui de se tenir prêt. (il regarda sa montre.) Dans une heure et quart, l'ONU doit
bombarder la forteresse. On devra avoir évacué les lieux d'ici là.
― Quoi ? Un bombardement ? Pourquoi ?
― Pour empêcher Eguabon d'utiliser une arme nucléaire. C'était ça ma mission au départ. Saboter
ses installations de lancement avant qu'il ne commette le pire. Il détient une arme d'un nouveau genre à
capacité nucléaire que Fox et moi devons détruire.
― Comment vous allez la trouver en si peu de temps ?
― Je peux vous aider, lança une voix parmi les prisonniers.
Une adolescente aux traits tirés fendit la foule et s'avança.
― Mon père travaille à la mise au point de cette arme, expliqua-t-elle avec un fort accent de l'est.
― Qui êtes-vous ? Demanda Gray Fox.
― Ellen Madnar. Ils me retiennent ici pour forcer mon père à travailler sur leur projet.
Snake et Fox échangèrent un regard surpris puis se tournèrent vers la jeune fille brune.
― Nous devons parler à votre père. Vous savez où il est retenu sur la base ?
Elle opina et leur sourit tristement.
― Vous avez un plan ? Demanda-t-elle.
Diane fouilla dans sa sacoche et tendit à Snake la pile de plans pliés que Schneider lui avait confié.
Cinq minutes plus tard, après avoir étudié les plans de la base et localisé l'endroit où était retenu
Madnar, Snake et Fox s'éclipsèrent discrètement de la prison et se faufilèrent entre les nombreuses
constructions de la forteresse sans se faire repérer. Galuade ressemblait a une véritable petite ville avec
des passages tantôt dégagés, tantôt tortueux et sombre. Les deux hommes privilégiaient les ruelles et
tachaient d'éviter les patrouilles du GLF qui se faisait de plus en plus nombreuses à mesure que le jour
se levait.
Snake profita d'une pause à l'abri d'un bâtiment pour contacter Big Boss avec sa radio :
― Ici Snake. J'ai trouvé Gray Fox.
― Beau boulot. Comment va-t-il ?
― Il aurait bien besoin de repos mais il est tout à fait en état de continuer. On est en route pour
rencontrer le concepteur de ce Metal Gear.
― Fox n'a pas pu te donner plus d'infos là-dessus ?
― Rien que le nom et la présence du concepteur. Dr. Pettrovich Madnar. Ça vous dit quelque
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chose ?
― Pas du tout. Russe ?
― Il semblerait.
McBride intervint dans la conversation :
― D'après ce que je sais, depuis la chute de l'URSS il y a quatre ans, une poignée d'anciens
scientifiques soviétiques ont trouvé refuge en Afrique pour tenter de disparaître et recommencer à zéro.
On dit qu'ils se sont éloignés autant que possible de leur terre natale, pourchassés par le KGB qui
préférait les éliminer plutôt que de laisser tomber leurs connaissances entre des mains ennemies.
J'imagine que l'Afrique du Sud est particulièrement isolée pour permettre d'y disparaître.
― Sans doute, fit Snake. On en est où du bombardement de l'ONU ?
― Tout se déroule conformément à ce qui était prévu. Aucun changement de planning à l'horizon.
Des bombardiers sont en cours d'armement à Galzburg. Ils devraient décoller d'ici trente minutes pour
un largage au-dessus de Galuade à 0800. Vous feriez bien d'accélérer un peu si vous voulez éviter le
bombardement.
― Compris. On vous tient au courant. (Snake coupa la communication et se tourna vers Fox.)
L'ONU n'est pas revenu sur sa décision. Dépêchons-nous de trouver Madnar et Metal Gear.
Fox tendit le bras vers un groupe de bâtiment au bout d'une rue.
― D'après ce que nous a dit la fille, le laboratoire de Madnar est à environ cinq-cent mètres dans
cette direction. Le bâtiment devrait être gardé, compte tenu de l'importance de notre homme. Je te
retrouve là-bas dans quinze minutes.
― Où vas-tu ? S'étonna Snake.
― Je fais un détour par l'armurerie. C'est là que je me suis servi quand je suis arrivé. Si on doit
détruire ce Metal Gear, quoi que ce soit, on aura bien besoin de plastique. Et j'ai justement vu du C4, làbas.
― D'accord. Fais attention, Frank.
Son ami sourit, lui donna une tape amicale sur l'épaule puis disparut. Snake reprit sa progression,
passa de couvert en couvert, restant caché quand des soldats du GLF passaient à proximité. Il arriva
bientôt en vue du bâtiment rectangulaire qui faisait office de laboratoire.
Comme Fox le présageait, l'endroit était bien gardé. De là où il se trouvait, Snake pouvait compter au
moins quatre sentinelles. Pénétrer à l'intérieur allait être coton. L'agent de Fox-Hound prit ses jumelles
et zooma sur la construction pour essayer d'y trouver une entrée improvisée. Les fenêtres étaient
équipées de barreaux qui avaient visiblement été installés récemment. Pas moyen d'entrer par là.
Snake entreprit alors de changer de point de vue pour observer une autre façade du bâtiment. Le
mur ouest était tout aussi imprenable, d'autant plus qu'il s'agissait de l'entrée principale et que deux
hommes étaient en faction de chaque côté de l'accès. La porte s'ouvrit précisément à ce moment-là et
les sentinelles se mirent au garde-à-vous au passage des deux officiers qui en sortirent. Eguabon et Leone
en personne. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard et qu'ils n'aient pas éliminé Madnar ! Le Général et son lieutenant
grimpèrent dans une jeep qui fila en direction de l'ouest.
Snake continua son observation. Une tache sombre au niveau du sol attira son attention lorsqu'il
détailla la face nord. La grille rectangulaire d'un conduit de ventilation s'ouvrait dans le mur. Encore un
passage sombre et étroit, mais sans doute moins dangereux que le système d'évacuation, qu'il avait
emprunté pour passer sous les murs de la forteresse. Aucun risque de noyade cette fois.
Snake attendit que la sentinelle qui couvrait la zone se soit éloigné puis il alla s'accroupir auprès de la
grille. Elle refusa de bouger, lorsqu'il tenta de la retirer.
Merde, pas encore, se dit-il. D'abord une clé, et maintenant quoi ? Un tournevis ?
Snake glissa davantage ses doigts entre les volets pour assurer sa prise et tira de toutes ses forces en
prenant appui contre le mur avec ses pieds. Quand il relâcha son effort, il découvrit que les vis rouillées
qui la maintenait en place commençaient à sortir de leur logement. Il tira à nouveau en secouant un peu
la grille et les vis du haut cédèrent.
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Snake poussa un soupir de soulagement et regarda alternativement à droite et à gauche pour
s'assurer que personne n'était en vue, puis il prit appui sur la grille et la tordit jusqu'à ce que les fixations
du bas lâchent à leur tour. Il retira alors la grille et l'appuya contre le mur de béton avant de se pencher
par l'ouverture.
Quatre-vingt centimètres de larges et environ soixante de haut. Pas bien large mais il allait pouvoir
s'y glisser. On y voyait peu mais les nombreuses ouvertures, qui s'ouvraient sur des salles à l'intérieur,
dispensaient assez d'éclairage pour s'orienter. A première vue, pas moyen de manœuvrer à l'intérieur
pour tenter de se retourner et remettre la grille en position. Il fallait espérer que personne ne remarque
son absence.
Snake jeta les vis au loin et poussa la grille à l'intérieur du conduit de ventilation avant de se glisser à
l'intérieur juste au moment où il commençait à entendre les pas de la sentinelle qui revenait en faisant sa
ronde.
Snake rampa à l'intérieur du système de ventilation en tirant sur ses coudes et poussant avec la
pointe de ses pieds. Il arriva rapidement à une première grille, regarda à travers les volets et découvrit le
sol carrelé des toilettes. Une forte odeur de désinfectant s'insinuait dans le petit passage et Snake reprit
aussitôt sa reptation.
Après un premier virage sur la droite, le conduit monta en pente vers le haut. Au bout d'une
quinzaine de mètres, une nouvelle ouverture se présenta et Snake pu découvrir que, suite à cette
montée, il se trouvait maintenant juste sous le niveau du plafond. A première vue, c'était une salle de
repos ; personne à l'intérieur.
Snake continua d'avancer quand son oreillette bipa. Il prit la communication.
― Snake, c'est Fox. Je viens de planter un pain de C4 sur un camion citerne garé à côté de
l’armurerie. Prépare-toi à un beau feu d'artifice. Ça devrait faire l'affaire pour ta diversion, non ?
― Parfait, j'appelle Diane, tout de suite.
― Tu en es où de ton côté ?
― Je suis à l'intérieur du labo. J'ai du passer par un conduit de ventilation vu le nombre important de
soldats en faction dans les parages.
― Compris. J'arrive sur ta position. Contacte-moi quand tu compte faire sortir le doc.
Snake passa ensuite sur la fréquence de la résistante.
― Tout va bien, Diane ?
― Pour l'instant, ça va. On a libéré tout le monde et on a réussi à se débarrasser d'une poignée de
soldats du GLF qui trainait dans le bâtiment. C’est une chance qu'on soit encore le matin parce que
j'imagine qu'il y a plus de monde en temps normal, ici.
― Okay. Fox va déclencher une diversion dans les prochaines minutes. Ça devrait attirer l'attention
d'une bonne partie du personnel de la base. Profitez de la confusion pour mettre tout le monde à l’abri
jusqu'à l'arrivée de Schneider.
― Ils sont déjà en position devant l'entrée de la forteresse et n'attendent plus que votre signal.
Snake coupa la communication et reprit sa progression dans le conduit. Deux minutes plus tard une
puissante explosion ébranla les murs du bâtiment et résonna dans le petit conduit. Quelques instants
plus tard, une sirène se déclencha et des bruits de véhicules passèrent tout près. Si certains soldats
trainaient encore au lit, voilà qui devrait définitivement les réveiller.
― Seigneur qu'est-ce qu'il se passe ! S'écria quelqu'un en russe.
Snake rampa jusqu'à la grille suivante et tomba sur un petit bureau dans lequel il vit un homme en
blouse blanche le nez collé à la fenêtre. C'était sans doute Madnar. Snake tapa à deux reprises sur la
grille et celle-ci tomba bruyamment par terre. Le vieil homme sursauta et fit volte-face juste à temps
pour voir l'agent de Fox-Hound s'extraire par l'ouverture.
― Qui êtes-vous ? Demanda-t-il apeuré. Qu'est-ce que vous faites ici ?
― Je ne suis pas avec le GLF, expliqua Snake en russe.
En entendant sa langue maternelle, l'homme sembla se détendre un peu.
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― Qui vous envoie alors ?
― Peu importe, je ne vous veux aucun mal. J'ai juste besoin de vos informations.
― Vous êtes venu me sortir de là ? Risqua-t-il, les yeux emplis d'espoir.
Snake acquiesça faiblement.
― Vous êtes le Dr. Madnar ? Parlez-moi de Metal Gear.
― Que voulez-vous savoir ?
― Ma mission est commanditée par l'ONU. Eguabon est sur le point de lancer une attaque nucléaire
avec votre Metal Gear. J'ai besoin de savoir ce que c'est afin de le détruire. Vous semblez être retenu
contre votre gré ici et j'imagine qu'ils vous ont forcé à travailler sur ce projet. Dites-moi ce que c'est.
― Metal Gear est le nom de code d'un tout nouveau type d'engin de guerre. C'est un tank bipède
équipé d'un lanceur de missile nucléaire. Ses deux jambes et sa grande maniabilité lui permettent de se
déplacer sur pratiquement tous types de terrains. Metal Gear est l'arme de dissuasion ultime, une arme
révolutionnaire car elle est capable de lancer une attaque nucléaire de n'importe quel terrain stable sans
l'aide d'un silo nucléaire. Il peut virtuellement être déployé n'importe où à la surface du globe et
attaquer n'importe quelle cible.
― Un tank bipède ? S'étonna Snake. Comme un... robot ?
― Précisément. Je suis ingénieur en robotique. Et comme de nombreux scientifique de ma trempe,
j'ai finis par travailler pour les militaires. A la fin de la Guerre Froide, durant la course aux armements
contre les USA, on m'a demandé d'utiliser mes compétences pour mettre au point une arme nucléaire
furtive capable d'écraser définitivement l'Ouest. Quoi de plus furtif qu'un lanceur de missile qui peut
être déplacé aussi aisément qu'un bataillon ?
― Alors vous avez créé Metal Gear pour les russes ?
― J'ai commencé à travailler dessus pour eux, oui. J'ai une fille, vous savez, et après la mort de sa
mère, j'avais peur qu'elle ne soit victime d'une troisième guerre mondiale avec les américains. Je pensais
agir pour les protéger, elle et ma patrie. Et puis Gorbatchev est arrivé au pouvoir et avec lui la
Perestroïka qui a mit fin à la course aux armements. A partir de ce moment-là, une purge visant les
chercheurs soviétiques a commencé en ex-URSS. J'ai pris la fuite avec Ellen, ma fille, et nous avons fini
par échouer chez un ami de la famille à Galzburg.
― Et les hommes du GLF ont fini par vous enlever pour vous forcer à travailler sur un nouveau
Metal Gear, c'est ça ?
Madnar opina tristement en redressant ses petites lunettes rondes.
― Je voulais éviter la guerre à mon enfant et je n'ai fait que la précipiter en plein cœur de celle-ci.
― Rassurez-vous, docteur. La guerre n'a pas encore éclaté. Où en êtes-vous du développement de
Metal Gear ? Est-il fonctionnel ?
― Bien sûr que non. J'essayais de gagner du temps en attendant que quelqu'un comme vous vienne
me libérer.
Snake écarquilla les yeux, surpris.
― Et si personne n'était venu ?
― Quelqu'un devait venir ! S'emporta Madnar. C'est ce qui était prévu.
Une nouvelle explosion claqua au loin, faisant trembler la vitre de la fenêtre, suivie par des coups de
feu.
― Qu'est-ce que c'était, encore ? S’inquiéta Madnar.
― J'imagine que c'est la résistance qui vient de faire sauter la porte d'entrée de Galuade. Ils viennent
pour mettre un terme aux agissements d'Eguabon. Ça va être la débandade dans la forteresse. On doit
en profiter pour atteindre Metal Gear et le détruire. Conduisez-moi là où il est entreposé.
― Je vais vous y conduire, dit Madnar. Mais pas avant d'être sûr qu'Ellen est en sécurité, surtout
après tous ces coups de feux.
Snake plongea ses yeux dans ceux du vieil homme au crâne dégarni. Inutile d'essayer de le résonner
et de le pousser de force à lui révéler l'emplacement de Metal Gear ; Il était sérieux et rien ne le ferait
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changer d'avis tant qu'il n'aurait pas eu de nouvelle de sa fille. Snake porta la main à son oreillette.
― Diane, tout va bien ?
― La diversion de votre ami a fonctionné, nous nous sommes réfugiés dans un entrepôt non loin de
la prison. Kyle vient de donner l'assaut depuis l'extérieur.
― J'ai entendu ça. Ellen Madnar est avec vous ?
― Bien sûr, pourquoi ça ?
― Son père veut lui parler, passez-lui la radio.
Snake retira son oreillette et la tendit à Madnar qui la porta à sa tempe. Le vieux scientifique
échangea quelques mots en russe avec sa fille, la joie de la savoir en bonne santé s'entendant dans ses
paroles. Madnar rendit son oreillette à Snake et afficha une profonde détermination.
― Je vais vous conduire au hangar de Metal Gear mais, avant ça, je dois effacer toutes les
sauvegardes des plans. Je ne veux pas que ça tombe entre de mauvaises mains.
L'ingénieur se glissa devant un ordinateur et pianota quelques minutes dessus avant de jeter
brusquement l'appareil au sol et de l'écraser à coup de chaise en métal. Essoufflé par cet effort, le vieil
homme manqua de perdre l'équilibre et prit appui contre le mur.
― Ça va aller ? S’inquiéta Snake en lui posant une main sur l'épaule. Vous n'arriviez pas à supprimer
les données ?
― Si, bien sûr, seulement je voulais bien m'assurer que personne n'essaierait de récupérer quoi que ce
soit concernant cette arme infernale. Allons-y maintenant.
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