MGS ROOH Chapitre 12

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MGS ROOH Chapitre 12
Metal gear Solid
r i s e
o f
o u t e r
h e a v e n
écrit par Sunwalker
d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima
Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr
Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons
by-nc-nd. Merci d'en respecter les règles.
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Entertainment.
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Quand il reprit connaissance, il était toujours plongé dans l'obscurité. Il tourna la tête, essaya de
trouver la lumière, mais les ténèbres persistaient. Il perçut un son. Des voix, des murmures, des
chuchotements. Et des rires à peine étouffés.
Il essaya de bouger, mais il lui était impossible de faire le moindre mouvement. Ses bras et ses
jambes étaient solidement retenus aux accoudoirs et aux pieds du fauteuil sur lequel il était assis.
― Il est mort ? Couina une petite voix. Tu crois qu'il est mort ?
― Non, Charlie, répondit la voix douce d'une femme. Il n'est pas mort.
― Il ne peut pas mourir ? Demanda une voix plus aiguë que la précédente. Comme grand-père ?
― Comme grand-père, acquiesça l'adulte avec un petit rire. Pour l'instant, en tout cas.
Snake entendit des pas s'approcher, puis il sentit une présence tout près. La pointe d'un doigt
d'enfant s'enfonça dans ses côtes. Sous le coup de la surprise, il eut un léger sursaut. L'enfant eut un
petit cri effrayé et battit en retraite.
― Il a bougé ! S'écria-t-il. Tu l'as vu, maman ?
Le bois d'une chaise qui craque, quelques bruissements de pas, puis il sentit une main sur sa tête. On
lui retira sa cagoule et la lumière l'aveugla aussitôt.
― Il est réveillé, dit la femme.
Les yeux brillants de larmes, il lui fallut quelques secondes pour s’accommoder à l'éclairage. Sentant
une petite main qui lui pressait le bras, Snake se tourna vers la droite. Une petite fille aux longs cheveux
blonds le regardait avec de grands yeux bleus. Quatre ans tout au plus. Elle lui sourit. Surpris, l'agent
secret esquissa un sourire, mais la douleur qui fusa dans sa mâchoire le ramena à la réalité, le fit
grimacer et il ferma les paupières, serrant les dents le temps que l'élancement se dissipe.
Bon sang, je suis où ? Se dit-il.
Quand il rouvrit les yeux, la petite était toujours là, jouant avec les plis de la manche de son
uniforme de Fox-Hound, sans se soucier de quoi que ce soit. Il se tourna vers la femme plantée devant
lui. Un petit garçon, du même âge que la fillette, l'observait à l'abri derrière les jambes de celle qu'il avait
appelée maman.
Les cheveux blonds coupés courts, cette dernière l'observait. Snake détailla les traits fins de la jeune
femme et il ne lui fallut que quelques secondes pour la reconnaitre. C'était la passagère de la jeep de Fox
qui s'était tournée dans sa direction, alors qu'il suivait les caisses d'ogives nucléaires. Mais il se rendit
compte qu'il l'avait déjà rencontrée avant ça.
― Diane... articula-t-il avec difficulté.
― Snake, répondit-elle froidement.
― Vous avez survécu, vous aussi ? Je vous ai vu prendre une balle dans la tête pendant la débandade
du camp de la résistance.
― Je m'en suis sortie, mais pas sans séquelle. (elle se pencha sur lui, son visage s'arrêta à quelques
centimètres du sien, ses yeux à la rétine d'une blancheur laiteuse fixés sur lui.) La balle que j'ai reçu m'a
privée de la vue, mais je n'ai pas abandonné le combat pour la liberté. Au fil du temps on m'a appris à
me servir de mes autres sens pour palier à ce handicap. Je n'ai pas eu la moindre difficulté à vous mettre
hors de combat, preuve que les yeux d'un soldat ne font pas tout. Même un soldat aussi entraîné que
vous, Solid Snake.
Elle se releva, s'éloigna en faisant glisser ses pieds nus sur le sol, puis prit une radio. Le petit
bonhomme ne la lâchait pas d'une semelle, gardant un œil méfiant sur le prisonnier menotté à son
fauteuil.
― Owl, lança Diane dans la radio. Il s'est réveillé.
― J'arrive, répondit son interlocuteur.
Elle coupa la communication, tourna un instant sur place, comme si elle cherchait quelque chose,
puis s'assit sur la chaise dont le bois craqua sous son poids. Elle croisa les jambes. Ses bas de pantalons
camouflage étaient roulés jusqu'au niveau des genoux et elle ne portait pas de bottes de combat.
― Drôle de tenue pour le champ de bataille, remarqua Snake.
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― Peut-être, répliqua Diane. Chaque combattant a ses propres trucs. Vous voulez qu'on parle de
votre boite en carton ? (Snake ne répondit pas.) Sans mes yeux, je ne peux me reposer que sur le sens
du toucher et de l'ouïe. Saladin m'a appris à sentir et analyser les vibrations produites par les
déplacements des individus. Associé à l'écoute de la propagation des sons, je peux localiser presque
n'importe quel obstacle ou être vivant. Parfois mieux que quelqu'un doté de tous ses sens.
― Voilà qui explique les fumigènes pour me désorienter. Pour vous ça ne faisait aucune différence,
puisque vous n'étiez pas gênée par la fumée.
― Diane, la résistante sud africaine est morte au Gindra. Quand j'ai repris connaissance, j'ai ouvert
les yeux sur un monde nouveau. J'étais quelqu'un d'autre et j'avais ma place au sein d'Outer Heaven. On
m'appelle Blind Owl, désormais, déclara-t-elle.
― Le hibou aveugle.
― Les hiboux chassent la nuit. Ils n'ont pas besoin de voir leur proie pour les capturer.
L'agent secret remarqua l'équipement attaché à la ceinture de la jeune femme. Une matraque sur la
cuisse droite et une machette au côté gauche.
― Pas d'armes à feu, remarqua-t-il.
― Je continue à m'entrainer au tir, mais il y a certaines choses qu'il est difficile de maitriser dans ma
situation. Cela dit, j'apprends vite. Je n'avais jamais manipulé de fusil avant d'entrer dans la résistance.
(elle fit glisser ses doigts sur la matraque.) Une arme pour capturer. (elle dégaina la machette de son
fourreau, fit tourner la lame dans la lumière du néon.) Une arme pour tuer.
― Une chance pour moi que vous ayez choisi de me capturer vivant, plaisanta Snake.
Owl remit son arme en place, puis ses traits s'adoucirent.
― Lucy, ma puce, dit-elle, laisses le soldat tranquille, tu veux bien ?
La petite s'écarta du prisonnier et, après un nouveau sourire angélique, elle alla se jeter dans les bras
de Owl qui assit la fillette sur ses genoux. Le petit garçon restait à couvert dans le dos de la jeune
femme, suçant son pouce.
― Qu'est-ce que vous allez faire de moi ? Demanda Snake sur la défensive.
― Ça n'est pas à moi d'en décider. Si j'avais été aux commandes ne serais-ce qu'une seule fois, je vous
aurais tué au Gindra, il y a quatre ans, après vous avoir capturé dans la forêt.
― Heureusement que Schneider était là.
― Et vous n'avez pas hésité à le tuer, répliqua-t-elle sèchement en jouant avec les cheveux de l'enfant
qui se pelotonnait dans ses bras.
― C'était lui ou moi...
― N'est-ce pas toujours le cas ? Tuer ou être tué ?
― Je ne savais pas qu'il avait survécu au bombardement, ni qu'il se cachait sous l'armure de ce
cyborg. Et puis, Madnar aurait pu le sauver, mais Schneider a refusé son aide.
Elle garda le silence quelques instants, serrant les lèvres.
― Oui, fit-elle. Kyle avait de plus en plus de mal à supporter sa condition. Après le Gindra, il n'était
plus que l'ombre de lui-même. Plus solitaire que jamais. S'il n'y avait pas eu Outer Heaven et les rêves
apportés par Saladin, il aurait mis fin à ses jours il y a longtemps. Mais, je sais qu'il n'est plus seul,
désormais.
Owl faisait évidemment référence à la famille que Schneider avait perdu et dont le souvenir motivait
son combat contre le GLF et le régime d'Eguabon.
― Ce sont vos enfants ? S'enquit Snake.
― Je ne pourrais jamais être mère, lâcha-t-elle. Mais ce sont mes enfants. Mes frères, mes sœurs.
Lucinda, Charlie et tous les autres. Des orphelins de guerre trouvés sur le champ de bataille et recueillis
par Saladin. Certains sont nés ici, à Zanzibar. Ils représentent l'avenir d'Outer Heaven.
― De futurs enfants-soldat.
― C'est à eux de le décider. Nous ne leur mettons pas les armes dans les mains en les forçant à
exécuter des prisonniers. Nous ne sommes pas des criminels. Lorsqu'ils sont en âge de comprendre ce
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que cela implique de devenir un soldat, de défendre un idéal auquel ils croient, ils font ce choix d'euxmême. De plus, je crois savoir que vous êtes mal placé pour dénoncer le cas des enfants-soldats.
― Qu'est-ce que vous voulez dire ? Demanda Snake sur la défensive.
La porte s'ouvrit et Gray Fox entra. Après avoir jeté un œil au prisonnier, il se tourna vers Diane.
― C'est bon, Owl. Tu peux y aller, je m'occupe de lui.
― Vous me guidez, mes chéris ? Fit-elle avec tendresse.
Elle reposa la fillette par terre, puis quitta la pièce, les enfants la tenant par la main pour lui montrer
la voie. Fox ferma la porte après leur passage.
― Fox, fit Snake. Tu viens me faire évader ?
― Pas vraiment, répondit-il.
― Me tuer, alors ?
― Ça ne fait pas non plus partie du plan. Nous n'avons plus besoin de toi. Pour l'instant, on te garde
ici.
― Plus besoin de moi ? S'étonna l'agent secret. De quoi est-ce que tu parles ?
― Marv n'a jamais voulu nous donner la formule de l'OILIX et Saladin pensait qu'il ne craquerait
pas, de toute façon.
― Alors, vous l'avez torturé.
― Non. Nous avons essayé de le convaincre, de lui expliquer ce pourquoi nous nous battions et
pourquoi nous avions besoin de son invention. Marv était fragile. Il avait des problèmes cardiaques et
était sous traitement. Il a finit par tomber à cours de médicaments et il nous a été impossible de lui en
fournir d'autres. Avec le stress de la captivité, son cœur a finit par lâcher.
― C'était de la torture psychologique dans ce cas. De l'endoctrinement, même.
― Appelle ça comme tu veux. Trop tard pour revenir en arrière de toute façon. Sans la formule,
Metal Gear ne représentait pas une menace suffisamment sérieuse. Il fallait que nos missiles aient une
portée illimité pour en faire l'arme de dissuasion ultime. Bref, il nous fallait l'OILIX. Nous avions la
mallette contenant l'échantillon que Marv comptait présenter aux Nations-Unies, mais pas moyen de
mettre la main sur la clé permettant de l'ouvrir.
― Pourquoi ne pas en avoir forcé la serrure, tout simplement ?
― Impossible. C'est une mallette spéciale équipée d'un dispositif de stérilisation haute température
qui aurait réduit en cendres le caisson et son précieux contenu. Sans la clé, il nous était impossible de
retrouver le caisson. Saladin a alors proposé que l'on profite de ta présence à Zanzibar pour obtenir
cette clé. Nous savions que tu chercherais toi aussi à mettre la main sur la formule et qu'à terme tu
serais obligé de chercher la clé, afin d'accomplir ta mission. Nous ne savions pas que c'était Vanessa
Heffner, l'assistante de Marv, qui l'avait, sans quoi nous ne l'aurions pas laissée prendre la fuite. Nous
espérions qu'elle allait se joindre à toi et qu'elle t'aiderait à trouver la formule.
― Vanessa est morte, lança Snake d'un ton accusateur.
― Et j'en suis désolé ! Répliqua violemment Fox. Je ne voulais pas la tuer. Nous avons planifié
l'embuscade uniquement pour récupérer Madnar. Je n'avais pas prévu qu'elle serait sur le pont au
moment où je le détruisais. Si tu crois que je ne me sens pas coupable de ce qui lui est arrivé, tu te
trompes, Snake. Après ton départ, je suis même retourné là-bas et je l'ai enterrée moi-même.
― Sans doute les remords qui t'ont poussé à le faire...
Fox secoua la tête, visiblement agacé.
― Je voulais mettre un terme à tout ça. C'est sans doute le geste le plus dur que j'ai eu à faire de mon
existence. Lui dire adieu définitivement. Il n'y a pas beaucoup de personnes sur cette Terre pour
lesquelles je me serais battus jusqu'au bout. J'aurais donné ma vie pour elle. Ne pas pouvoir vivre avec
elle à cause des considérations politiques de nos deux pays, m'a définitivement prouvé que Saladin avait
raison et que la mission d'Outer Heaven était justifié.
― Tu trouves que déclencher une Guerre Nucléaire, c'est justifié ?
― Ça n'est pas de ça qu'il est question. Tu ne sais rien. Tu ne peux pas comprendre. Je te l'ai déjà dit ;
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Metal Gear sert uniquement d'arme de dissuasion. Nous ne comptons pas déclencher la troisième
guerre mondiale. Pas encore en tout cas. Pour l'instant, on attire l'attention sur Outer Heaven. Et, croismoi, à l'heure qu'il est, Il a les yeux rivés sur nous, craignant le pire. Ta présence à Zanzibar en est la
preuve irréfutable.
― De quoi est-ce que tu parles ? C'est Fox-Hound qui m'a envoyé, ici.
― Je sais bien. Et Fox-Hound est dépendant de la CIA qui est sous Son contrôle. On le surnomme
Cipher. Tu ne le sais pas, évidemment, mais tu es là sous ses ordres. Tu es un peu son arme secrète.
― Moi ? Qu'est-ce que j'ai de si spécial ?
― Tu es son petit chouchou. Sa politique d'assurance en quelque sorte. Un super-soldat surentraînée
et préparé à résoudre les crises les plus difficiles. A vrai dire, Saladin se doutait que tu serais l'homme
qu'il enverrait. On a fait en sorte que le scénario soit un écho à celui du Gindra : une place-forte, une
armée de renégats, des armes nucléaires, Metal Gear. Tu t'en es bien tiré la dernière fois. Cipher agit
toujours avec logique ; il allait forcément faire appel à toi. C'était prévisible.
― Je n'ai rien d'un super-soldat, ni d'un super-héros. Je suis juste un type formé au combat et qui suit
des ordres.
― Je crois que tu ne comprends pas Snake. Tu es bien plus important que tu ne l'imagines. Quand il
a appris ton existence, Saladin a passé près de vingt ans à te chercher. Il voulait te sortir de l'emprise de
Cipher et empêcher qu'on ne se serve de toi, comme on s'est servit de lui par le passé. Et, finalement,
c'est moi qui t'es trouvé, par le plus grand des hasard, lorsqu'on a combattu ensemble au Moyen-Orient.
C'est à partir de ce moment-là que Saladin a décidé de mettre son plan à exécution. Tu es la seule
variable de l'équation capable de changer les choses.
― Où est-ce que tu veux en venir ?
Fox se massa la nuque, visiblement mal à l'aise.
― Snake, tu es notre prisonnier. On ne te fera pas de mal. Saladin va vouloir te parler. Il supervise
actuellement les derniers préparatifs de Metal Gear et ensuite...
La radio qu'il portait à sa ceinture grésilla. Il prit l'appel, plaça un doigt sur son oreillette.
― Fox, dit-il. Il est réveillé et n'attends plus que toi. (Un silence, le temps d'écouter son interlocuteur,
puis il jeta un œil à sa montre.) Je peux être là-bas dans trente minutes. Bien sûr, je ne raterais ça pour
rien au monde.
Il coupa la communication et fit face au prisonnier, toujours immobilisé dans son fauteuil au centre
de la pièce.
― C'était lui, expliqua-t-il. Je vais devoir te laisser, je suis attendu ailleurs. Quand je serais partis, tes
attaches seront débloquées et tu pourras te dégourdir un peu les jambes. Inutile d'essayer de t'évader : la
porte est blindée, fermée à clé et bien gardée. Tu es enfermé ici, jusqu'à nouvel ordre. A bientôt, Snake.
Sur ces mots, Gray Fox sorti et l'agent secret entendit la clé tourner dans la serrure. Deux minutes
plus tard, le mécanisme qui maintenait ses menottes en place se désactiva et il fut libre. Libre de tourner
en rond dans la pièce et de ruminer son échec désastreux.
Les minutes s'écoulèrent, semblant durer des heures. Après avoir tenté d'ouvrir la porte de sa cellule,
en dépit des conseils de Fox, il en avait observé chaque centimètre carrés, du sol au plafond, à la
recherche d'une faille. Impossible d'espérer réaliser une percée à mains nues à travers le mur : aucun
être humain n'était capable de creuser dans du béton armé sans outils ni explosifs.
Résultat, il était pris au piège, sans possibilité de sortir de là. Le pire dans tout ça c'est qu'il ne savait
pas ce qui se passait à l'extérieur, ni ce que projetaient de faire les mercenaires d'Outer Heaven. Avec
l'OILIX en leur possession, tout était possible. Surtout le pire. Et l'heure tournait. D'autant plus vite
qu'il lui était très difficile d'estimer depuis combien de temps Fox l'avait laissé seul.
Des sons étouffés lui parvinrent de la pièce voisine, sans qu'il ne parvienne à déterminer
précisément ce que c'était. Quelques secondes plus tard, il entendit qu'on mettait la clé dans la serrure.
Aussitôt, il vint se placer contre le mur, près de la porte, prêt à passer à l'attaque dès que quelqu'un
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entrerait dans son champ de vision.
Le battant s'ouvrit brusquement et vint buter avec violence contre le mur. Un mercenaire déboula
dans la pièce et s'écrasa lourdement sur le sol après avoir passé le seuil. Comme ça, sans raison
apparente. Surpris, Snake, qui avait bondit dans l'axe de la porte pour attaquer le garde, ne comprenait
pas du tout ce qu'il se passait. Le soldat d'Outer Heaven avait l'air inconscient. Dans ce cas, comment...
― Bouge pas ! Lança une voix dans son dos.
Snake se figea, leva les mains, se tourna pour faire face à celui qui l'avait interpellé. Le type portait un
treillis camouflage, une cagoule et braquait son fusil d'assaut sur lui.
― Recule vers le mur du fond, ordonna-t-il.
L'agent secret obéit et l'homme passa le pas de la porte. Il fit ensuite passer par-dessus sa tête le sac à
bandoulière qu'il portait au côté et le jeta aux pieds de Snake.
― Ramasse-le.
Snake lui lança un regard suspicieux mais s'accroupit. Sans geste brusque, il ouvrit le sac, jeta un œil
à l'intérieur. Se relevant d'un bond, l'agent de Fox-Hound braqua le M9, pris dans le sac, droit sur le
mercenaire. Ce dernier laissa pendre son fusil à la sangle et retira vivement sa cagoule.
― On n'a pas de temps à perdre, Snake ! S'écria-t-il. Récupère ton matériel et tirons-nous d'ici.
Snake resta sans voix en découvrant le visage au teint halé et les cheveux blonds du mercenaire.
― Maitre Miller ? S'étonna-t-il. Qu'est-ce que vous faites là ?
Miller sourit et chaussa une paire de lunettes d'aviateur.
― C'est la CIA qui m'a envoyé ici. Je suis l'agent infiltré au sein d'Outer Heaven.
― L'agent White, c'était vous.
Miller acquiesça et Snake entreprit de récupérer son matériel.
― Pourquoi avoir fait sauter votre couverture ? Je croyais qu'on ne devait jamais entrer en contact.
L'agent de la CIA jeta un œil à sa montre-bracelet et s'élança vers la porte de la cellule. Snake le
suivit dans les couloirs du bâtiment.
― Ma couverture n'a plus d'importance, répondit-il. Réussir ta mission est prioritaire et nous n'avons
plus de temps à perdre.
Sur leur passage, Snake remarqua que les mercenaires qui occupaient les lieux avaient tous été mis
hors d'état de nuire et gisaient inconscient à même le sol. Miller ouvrit une porte battante et commença
à gravir quatre-à-quatre les marches d'un escalier.
― Je ne comprends pas, Maitre. Qu'est-ce qu'il se passe ?
― Je ne sais pas encore, répondit l'autre en atteignant le dernier palier.
Poussant la porte, Miller et Snake débouchèrent à l'air libre sur le toit du bâtiment. Miller s'avança
vers le bord du toit, mit sa main en visière pour se protéger du soleil et balaya du regard les alentours,
cherchant apparemment quelque chose. Il pointa l'index vers l'Est.
Snake plissa les yeux et se tourna vers l'endroit indiqué par son mentor. A moins d'un kilomètre de
leur position, au sommet d'un petit plateau, il découvrit le Metal Gear D, immobile. L'engin était
équipée d'un long lanceur de missiles et avait déployé trois trépieds plantés dans le sol et qui le
maintenaient fermement arrimé en position.
Les mercenaires qui s'affairaient autour du tank bipède s'éloignèrent en courant. Le lanceur de
missiles bougea, s'orienta lentement. Les bruits des servomoteurs qui l'animaient étaient portés par le
vent jusqu'aux deux hommes témoins de la manœuvre, depuis le toit de leur bâtiment. Snake comprit
alors ce qui était en train de se passer.
― C'est trop tard, lança-t-il le souffle coupé.
Le silence se fit. Le vent cessa de souffler. Toute la base semblait avoir suspendu ses activités pour
observer le déroulement des opérations. La détonation fut énorme, son écho se répercuta sur les murs
des bâtiments de la base. Metal Gear trembla mais resta debout, maintenu par ses trépieds qui
grincèrent faiblement au moment au moment du tir.
Il s'éleva lentement, quitta son lanceur. Laissant une épaisse trainée de fumée blanche dans son
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sillage, le missile balistique monta vers le ciel, poussant l'ogive nucléaire, dont il était équipé, vers sa
cible, à l'autre bout du monde.
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