(I) CANTILENE ET GROS BRAS (Dockers à la calata Eritrea) 1`36

Transcription

(I) CANTILENE ET GROS BRAS (Dockers à la calata Eritrea) 1`36
CD-31
GE01
GÊNES (I)
CANTILENE ET GROS BRAS (Dockers à la calata Eritrea)
1’36”
SPÉCIFICATIONS
RÉSUMÉ
Chargement de pommes de terre sur un quai du ponte Eritrea, enregistré entre les entrepôts frigorifiques et un cargo.
Chocs de bois (palettes) et de métal. Moteurs des chariots élévateurs, des grues et d’un transporteur à bande. Cris et
échanges verbaux entre dockers.
RECONNAISSANCE
Facile pour la majorité des auditeurs. Quelques-uns ont parfois situé la séquence à la calata Sanità, où a lieu la
manutention des conteneurs.
RÉCEPTION
Générale : Positive. Le fragment a un fort pouvoir attractif, il donne l’envie à certains auditeurs de se rendre sur les
lieux. La scène, souvent méconnue, est représentative du port et déclenche un discours sensible et social [voir en
annexe 3 les dessins correspondants].
Relation ville-port : On est totalement dans le monde portuaire, considéré comme une ville en soi (on entre « dans
une autre ville »). Dans un cas, le port représente le ventre (ou le bas-ventre) d’une ville anthropomorphique, le
diaphragme en est la grille des quais.
Représentativité génoise : Accent.
EFFETS SONORES
Anamnèse, attraction-répulsion, bourdon, enveloppement, harmonisation, intrusion, irruption, phonotonique, sharawadgi, synecdoque.
SYNTHÈSE DES HYPOTHÈSES ET DES COMMENTAIRES
ESPACE
Espace de travail à l’intérieur du port, à l’air libre.
MATIÈRE SONORE
La signification des paroles ne transparaît pas, seul l’accent génois est repéré. Les éléments rythmiques du fragment,
la cadenza ou cocina vocale génoise quasi musicale (qui évoque les chants populaires des dockers, les « trilli »), le
rythme des engins de manutention, plus lancinant, et les chocs métalliques, sont opposés à la continuité du moteur du
tapis roulant. Tous les auditeurs perçoivent dans la séquence des mouvements internes ou liés à la prise de son. Les
synesthésies sont fréquentes (« presque des parfums, des odeurs »).
TEMPS
On pense en général à une activité « à l’ancienne » qui disparaît, et l’enregistrement semble dater lui aussi
d’« autrefois », des années 30, sur un quai en plein soleil. On donne d’ailleurs une cinquantaine d’années aux
dockers, comme si le contexte était inchangé et comme si eux seuls avaient changé.
SÉMANTICO-CULTUREL
Cette séquence est souvent opposée à GE03 pour la forte humanisation qu’on y perçoit. Toutes les réflexions tournent
autour du personnage du docker (il camallo) et de son travail. Les dockers sont reconnus à leur accent et leurs
« hurlements » dans un contexte où la communication verbale est difficile. Ils font l’objet d’une description très
« physique », pas toujours très flatteuse. On stigmatise certains traits de leur caractère, mais on admire aussi leur
franchise. Cette séquence à l’aspect suranné recèle un message d’espoir pour les Génois.
CRITÈRES DE QUALITÉ SONORE
Interconnaissance et potentiel de rencontres, mémoire collective (amarre sonore, prosopopée), narrativité,
expression du pouvoir des dockers (en voie de disparition). Relief (perspective et profondeur), rythmicité.
Signatures du port (voix et accent), infrastructure sonore, métabolisme, distinctibilité des voix et des sons.
CRITÈRES DE QUALIFICATION SONORE
Artificialisation (machinisation, fonctionnalisation). Métropolisation (humanisation), patrimonisation
(accentuation, historicisation, authentification). Esthétisation (musicalisation), visualisation (coloration), olfaction
(parfums), affabulation.
CRITÈRES DE QUALITATIVITÉ SONORE
Lisibilité, rareté, authenticité. Sentiment d’immersion et d’appartenance (mitigée), sentiment d’intériorisation
(d’incarnation et de latence). Eidophonie, symphonie.
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EXPRESSIONS REMARQUABLES
— I portuali sono persone che urlano. — Fa pensare a cantilene tradizionali liguri folcloristiche con ritmiche
particolari, al canto trallallero, a De Andrè. — Una vita di lavoro che si sta spegnendo. — Non abbiamo
riconosciuto le frasi dette, solo che sicuramente era genovese. — Difficoltà di comunicare. — [I portuali], a meno di
5 persone non vanno, non fanno mai, sempre dovunque… dove c’è qualcuno, ci sono almeno 3 o 4. — Erano sacchi
di patate quelli che lavoravano… un po’ grassocci, di quelli che hanno fatto sforzo fisico, già sono un po’ più di
mezza età. — Ah ! Lì sono proprio le persone che, dopo aver’ fatto questo, se ne vanno a « bever un gotto », come si
dice a Genova. — Gente autentica, gente che ti non darà mai la coltellata alla schiena, come magari il uomo
civilizzato… Ah, attenzione, sono civili anche loro, eh ! — La fatica del lavoro. — Sentivo dei profumi quasi, degli
odori. — Io andavo subito allo stimulo visivo, per cui vedevo delle mani che lavoravano, delle mani molto grosse e
molto indaffarate. — Persone… in età, cioè persone su 55 anni magari, anche molto abbronzate, molto robuste,
persone solide. — In mezzo a tante notizie negative, in fondo se fosse un discorso di speranza, in termini di economia
e di cultura… ? — Mi ha dato la sensazione di entrar’ in altra città. — Vorrei veder’ il porto, l’attività, come la
vedrebbe un pittore, o uno scrittore, o un musicista, pero cogliendo sempre la dinamicità della gente. — È come se
vivessi il limite del porto come limite del corpo. La città, il porto, l’acqua dentro del porto, rappresentano un
tutt’uno.
TRADUCTION FRANÇAISE
— Les dockers sont des personnes qui hurlent. — Ça fait penser aux cantilènes ligures traditionnelles, folkloriques,
avec leurs rythmiques particulières, au chant « trallallero » [chants traditionnels génois], à De Andrè [chanteur
génois]. — Une vie de travail en voie d’extinction. — Nous n’avons pas reconnu le sens des phrases, sauf que c’était
sûrement du génois. Difficulté de communiquer. — [Les dockers], s’ils ne sont pas au moins 5 [pour travailler], ils
ne s’y mettent pas, ils ne font jamais autrement ; c’est toujours pareil [dans le port], là où il y a quelqu’un, ils sont
au moins 3 ou 4. — Les sacs de pommes de terre, c’était ceux qui travaillaient… un peu grassouillets, de ces gens qui
ont fait des efforts physiques, maintenant ils ont dépassé l’âge moyen. — Ah ! Là vraiment ce sont les personnes qui,
après avoir fait [leur boulot], s’en vont « boire une goutte », comme on dit à Gênes. — Des gens authentiques, des
gens qui ne te donneront jamais un coup de couteau dans le dos, alors que l’homme civilisé, lui… Ah ! Attention, eux
aussi ils sont civilisés, hein ! — La fatigue du travail. — Je sentais presque des parfums, des odeurs. — Je suis allé
directement à des sensations visuelles, et alors je voyais des mains qui travaillaient, des mains très grosses et très affairées. — Des personnes… d’un certain âge, c’est-à-dire des personnes qui ont probablement 55 ans, et puis très
bronzées, très robustes, des personnes solides. — Parmi tant d’informations négatives, et si au fond il y avait un
discours d’espoir, en termes d’économie et de culture… ? — Ça m’a donné l’impression d’entrer dans une autre
ville. — Je voudrais voir le port, l’activité, ainsi que la verrait un peintre, un écrivain ou un musicien, mais en captant en même temps la dynamicité des gens. — C’est comme si je vivais la limite du port comme la limite du corps. La
ville, le port, l’eau à l’intérieur du port forment un tout.
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