Soljenitsyne, le dissident intégral

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Soljenitsyne, le dissident intégral
Soljenitsyne, le dissident intégral
Écrit par Arnaud Guyot-Jeannin
Dimanche, 31 Ao�t 2008 22:00
Disparu le 3 août dernier, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, Alexandre Soljenitsyne n’a cessé de témoigner,
par sa vie et son oeuvre, que la liberté s’acquiert héroïquement. Poète martyr, prophète écrivain, il ne
cessa de faire scandale : d’abord, en disséquant, de l’intérieur, la mécanique intrinsèque du goulag, en
montrant qu’en celui-ci s’incarnait tout le système soviétique ; ensuite, en condamnant le modèle
occidental et, au-delà, en remettant en cause les racines de la modernité ; et, toujours, en se faisant le
héraut de la Russie profonde, du peuple asservi et humilié.
Le rétrécissement mental d'une certaine intelligentsia française demeure, décidément, une
constante. En témoignent, à nouveau, la plupart des articles parus en France, le mois dernier, à
la suite de la disparition d’Alexandre Soljenitsyne. Hormis l’excellent texte – d’une haute portée
métaphysique – de Jean-François Colosimo, dans le Figaro (4 août 2008), le magnifique
hommage – très inspiré – d’Irina de Chikoff, dans
le Figaro
Magazine (9 août 2008), et la rétrospective de Georges Nivat, dans
le Monde
(5 août 2008), c’est surtout l’étroitesse de vue et le conformisme le plus pathétique qui ont
dominé. Quant à la toute récente biographie,
Alexandre Soljenitsyne, En finir avec l’idéologie
(Fayard/Commentaire), due à l’universitaire américain Daniel Mahoney, elle ne fait que relayer
les thèses néoconservatrices américaines, totalement étrangères à la tradition russe, donc à
Soljenitsyne.
Dissident intégral d’une modernité exécrée en général et d’un communisme abhorré en
particulier, Alexandre Soljenitsyne ne peut être compris qu’à partir de la réalité de son
incarcération au goulag et, concomitamment, dans la rédemption des souffrances qu’il y a
accumulées. « Rien n’aide mieux l’esprit que la souffrance », affirmait-il à Alexandre Sokourov,
lors d’un entretien, à Moscou, en 1998. Tout en alertant contre toute velléité masochiste
faussement ordonnée au christianisme : «
Il ne faut pas rechercher la souffrance, mais l’accepter avec courage !
» Inacceptable pour les modernes, cette vision du monde sacrificielle et louangeuse représente
pourtant une leçon de sagesse prodiguée par un homme qui, connaissant l’univers
concentrationnaire de l’intérieur, s’est libéré spirituellement de ses chaînes avant d’en être
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délivré matériellement. Cette transfiguration s’est d’abord accomplie par la volonté et la
croyance en son propre destin, avant que ne vienne la croyance en l’aide de la divine
providence. C’est ainsi qu’en sortant du goulag, Soljenitsyne renoua avec la foi de son baptême
chrétien. La confiance en lui-même se trouvant sublimée par l’obéissance en Dieu. Un
stoïcisme chrétien qui allait, désormais, animer tout le reste de l’existence du poète martyr et du
prophète écrivain.
Né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk, dans le Caucase russe, au sein d’une famille paysanne,
Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne ne connaît pas son père qui est mort six mois avant sa
naissance. Sténotypiste, sa mère vit confortablement avec son fils. Elle tient à lui donner une
éducation chrétienne en l’emmenant notamment aux offices religieux dans l’église
Saint-Pantaléon, où il a été baptisé. En 1924, ils partent pour une grande ville du Sud de la
Russie, Rostov-sur-le-Don. Après une scolarité normale, le jeune Soljenitsyne entre en faculté
de mathématiques et physique. Parallèlement, de 1939 à 1940, il suit par correspondance, les
cours de l’Institut de philosophie, littérature et histoire de Moscou. A l’âge de vingt et un ans, il
lit la littérature russe, mais aussi Hugo, Dante, Dickens et London. La même année, il se marie
avec Natalia Rechetovskaïa, une amie d’enfance, étudiante en chimie.
Terminant ses études universitaires, Alexandre Soljenitsyne obtient une mention et reçoit une «
bourse Staline ». Il enseigne pendant une courte durée. A l’époque, il adhère pleinement à
l’idéologie marxiste-léniniste. Puis il est mobilisé comme soldat, sur le front, le 19 octobre 1941.
Il y restera jusqu’à l’hiver 1944-1945. Blessé deux fois, il se voit décerner deux décorations et
un grade de capitaine. Soudain, tout bascule. En février 1945, il est arrêté en Allemagne parce
que, dans une lettre à un ami, « Koka » Vitkievitch, il émettait des réserves sur les « compétenc
es
»
militaires de Staline. La lettre ayant été ouverte par la sécurité militaire, une section spéciale du
NKVD – la police politique du régime – le condamne à huit ans de réclusion dans plusieurs «
camps de redressement par le travail ». Au cours de cette détention, son épouse demande le
divorce. De plus, un médecin lui apprend qu’il est atteint d’une tumeur maligne au cou. En mars
1953 – quelques jours avant la mort de Staline –, il est « libéré », c’est-à-dire condamné sans
jugement à une « relégation perpétuelle ». Le
zek
(prisonnier du goulag) qu’il est devenu atterrit à Kok-Teren, un petit village du Kazakhstan
soviétique, dans la région de Djamboul, au bord du désert. Instituteur, c’est là qu’il commence à
écrire. Ne nourrissant plus aucune illusion sur l’idéal communiste et son régime, il s’attelle à la
rédaction du
Premier Cercle
(de l’enfer). Le cancer se développe. Lorsque Soljenitsyne arrive péniblement à Tachkent, c’est
«
pour mourir
», écrira-t-il plus tard. Pourtant, contre tous les pronostics, il survit !
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En 1956, à la faveur de la déstalinisation entreprise par Khrouchtchev, sa relégation est levée,
puis il est réhabilité. Le « miraculé » russe s’installe, alors, en Russie centrale, près de Riazan.
Natalia revient vers lui. Ils se remarient. La rupture définitive interviendra en 1964. Mais, pour
l’heure, il ne pense qu’à témoigner de l’expérience du goulag. En l’espace de trois semaines, il
écrit une nouvelle, Une journée d’Ivan Denissovitch. En 1962, le texte est publié par la revue N
ovy Mir
(« nouveau monde »). Cette description effroyable de la vie d’un
zek
, et du courage qu’il lui faut pour endurer sa peine, obtient un grand succès en Union soviétique
et dans le reste du monde. Il s’attelle, dans la foulée, à la mise en chantier de son monument,
l’Archipel du goulag
. Son objectif réside dans la mise en cause des fondements mêmes du communisme, et pas
seulement de ses dérives staliniennes. Il ne tarde pas à inquiéter l’important appareil d’Etat et
ses relais. D’autant que le contexte politique a une nouvelle fois changé : au dégel a succédé
une nouvelle glaciation ; Khrouchtchev a été renversé le 15 octobre 1964 ; Brejnev lui a
succédé et, avec lui, la répression est redevenue, chaque jour, plus sensible. Soljenitsyne se
retrouve seul face à un système d’omnisurveillance, dont le KGB sert de bras armé. Par
précaution, il disperse certaines parties du manuscrit.
En janvier 1966, il publie un récit littéraire, Zacharie l’escarcelle. Il a acquis une certaine
notoriété. Le régime ne peut pas le faire taire entièrement. Mais en 1968, la situation se durcit
de nouveau.
Le Pavillon des
cancéreux et le Premier Cercle
paraissent à l’étranger et, surtout, un microfilm de
l’Archipel du goulag
parvient en Occident. L’année suivante, Soljenitsyne se voit interdire d’habiter à Moscou, où
demeure Natalia Svetlova, une dissidente avec laquelle il vit. Il s’installe chez son ami, le
violoncelliste Rostropovitch. En octobre 1970, le prix Nobel de littérature lui est attribué depuis
Stockholm. Il ne peut s’y rendre, de peur que le KGB l’empêche de passer la frontière à son
retour. Trois ans plus tard,
l’Archipel du goulag
est édité en France par les bons soins de Nikita Struve. Les autorités soviétiques enragent.
Entre-temps, il a eu un fils, Ermolaï (deux autres suivront) avec Natalia. Le 12 février 1974,
Soljenitsyne lance un appel depuis Moscou, exhortant ses compatriotes à «
ne plus vivre dans le mensonge
». Homme libre à la nuque raide et au discernement exceptionnel, il veut ouvrir les yeux des
Russes et du monde sur la nature du communisme. Il fait alors le constat que sa violence
repose sur le mensonge.
Son pari audacieux, dangereux et victorieux consiste donc à exposer les faits, depuis les
origines du communisme jusqu’à nos jours, afin que la vérité éclate et mette fin à un régime
totalitaire et génocidaire. Le lendemain, il est arrêté, déchu de sa nationalité et expulsé. Il gagne
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Zurich, en Suisse, et annonce que l’intégralité des droits d’auteur de l’Archipel ira à un fonds
destiné aux victimes du goulag et à leurs familles.
A cinquante-sept ans, Soljenitsyne est bien décidé à poursuivre le combat. Un combat qu’il ne
bornera pas – au grand dam de nombreux Occidentaux – à la lutte contre le communisme, mais
qu’il mènera contre la modernité prise dans son ensemble. En 1976, il émigre à Cavendish,
dans un village montagneux du Vermont, au nord-est des Etats-Unis. Retiré du monde, il est
entouré de sa femme et de ses enfants, mais aussi d’une nature constituée d’arbres complices
de sa grandeur comme de sa longévité dans l’épreuve. Refusant d’apprendre l’anglais de peur
d’altérer son russe, il envoie néanmoins ses enfants à l’école, qui en font l’apprentissage sans
se départir de leur langue originelle à laquelle leur père veille avec attention.
Le 8 juin 1978, après deux ans de silence, il crée le scandale. Une véritable bombe, lancée à
dessein, à l’occasion d’un discours de remise des diplômes à l’université de Harvard. Après
avoir stigmatisé le système communiste soviétique en le qualifiant de « bazar idéologique », il
fustige à présent le modèle américain en l’assimilant à un «
bazar mercantile
». Et met en garde l’Occident contre sa «
décadence
» matérialiste, en espérant que celle-ci ne déteindra pas sur la Russie : «
Après avoir souffert pendant des décennies de violence et d'oppression, l'âme humaine aspire
à des choses plus élevées, plus brûlantes, plus pures que celles offertes aujourd'hui par les
habitudes d'une société massifiée, forgées par l'invasion révoltante de publicités commerciales,
par l'abrutissement télévisuel, et par une musique intolérable.
»
Les intellectuels occidentaux sont littéralement « sonnés ». Une telle philippique ruine, en effet,
tout espoir de récupération du célèbre dissident. Dès lors, ils préféreront des insoumis plus «
corrects », adeptes de l’idéologie des droits de l’homme, tel que le physicien et prix Nobel de la
paix Andreï Sakharov. Et n’hésiteront pas à employer tous les moyens pour tenter de
discréditer Soljenitsyne. Entre autres calomnies, celui-ci sera traité de « fasciste », accusé de
ne rien comprendre à la démocratie, de faire preuve de fanatisme «
khomeynien
»… Il n’en tiendra jamais compte. Il sait que les hommes n’aiment pas entendre la vérité. Elle
entache leur bonne conscience et peut nuire à leurs intérêts du moment.
Poursuivant son oeuvre d’écrivain, d’historien et de témoin, Soljenitsyne publie, en 1983, le
deuxième tome de la Roue rouge, dont le premier, Août 14, était paru onze ans plus tôt. Cinq
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autres volumes suivront. Cette gigantesque fresque historique sur les origines de la Révolution
de 1917 constitue le second monument de l’écrivain. Six ans plus tard,
l’Archipel du goulag
paraît enfin à Moscou.
En1990, alors que l’URSS vit sa dernière année, Soljenitsyne publie un essai au titre
programmatique, Comment réaménager notre Russie. Il propose de remplacer le système en
train de s’effondrer, non par un régime de partis – facteur de division et de corruption – sur le
modèle des démocraties occidentales, mais par une «
démocratie des petits espaces
». Et d’énumérer les échelles territoriales d’une démocratie organique et participative, où le
peuple pourrait décider de son destin : « […]
petite ville, bourg, bourgade cosaque, canton (groupe de villages), et jusqu’aux limites d’un
district. C’est uniquement sur un territoire de cette ampleur que les gens pourront déterminer
sans se tromper leurs élus
[…]
On pourrait dire : à partir des “Etats”
[soslovia].
Ce sont là les deux principes naturels les plus habituels de collaboration et de coopération entre
les hommes : d’après le territoire commun sur lequel ils vivent et selon leur genre d’occupation,
la direction de leur activité. Chacun de nous a son travail, sa qualification et, de ce fait même,
trouve une place utile dans la structure de la société.
»
Près de deux années passent. Sa nationalité lui est restituée par Gorbatchev. En 1993,
nouveau coup de tonnerre. En cette année du bicentenaire de la Terreur en France, il se rend
en Vendée, à l’invitation de Philippe de Villiers. Dans le petit village martyr des
Lucs-sur-Boulogne, il se livre à un réquisitoire comparatif entre les révolutions française et
russe – y percevant deux manifestations antichrétiennes et jacobines de type sanguinaire – et,
symétriquement, à un plaidoyer en faveur de l’insurrection chouanne. Peu de temps après, il
rencontre le pape Jean-Paul II.
Dès les débuts de son exil forcé, Soljenitsyne avait annoncé : « Je rentrerai vivant dans mon
pays, je le sais !
» De fait, vingt
ans et trois mois après son expulsion, il retrouve enfin sa terre natale le 27 mai 1994. Débarqué
à Vladivostok, il traverse la Russie d’est en ouest. A Moscou, il est reçu par Boris Eltsine, dont
les orientations libérales et occidentalistes lui déplaisent. «
Nous ne vivons pas en démocratie, mais en oligarchie !
», déclare-t-il sur le nouveau régime en place. Sur les ruines du système soviétique ont, en
effet, fleuri un capitalisme prédateur et une précarité sociale terrifiante. Soljenitsyne vilipende
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les «
magnats financiers, les banquiers, les membres du gouvernement présidentiel, exécutif et
législatif, deux cents à trois cents oligarques qui dirigent et s’entraident sur le dos du peuple
». Et il n’arrête pas d’écrire : un deuxième essai,
le Problème russe à la fin du XXe siècle
(1994) ; ses mémoires d’exil,
le Grain tombé entre les meules
(1997) ; puis un troisième essai,
la Russie sous l’avalanche
(1998). Il vitupère contre le risque d’éclatement de la Russie en plusieurs Etats indépendants :
«
Nous avons entendu l’élite dirigeante répéter avec volupté les slogans du fédéralisme, sans
comprendre que les fédérations ne peuvent exister que grâce aux forces centripètes et non
centrifuges
». Autrement dit, l’unité russe doit demeurer la seule garante de la diversité ethnoculturelle de
ses peuples constitutifs. A ses yeux, seul un Etat fort, organique et décentralisé serait
susceptible de prévenir toute tentation séparatiste comme toute domination centralisatrice.
D’ailleurs, à rebours d’une certaine tradition impérialiste, grosse, selon lui, de sécessionnismes
convulsifs, il souhaite que la Russie redéploie sa politique sur son noyau historique central.
Tout en l’appelant à renouer avec le modèle social, autogestionnaire et populaire du zemstvo :
«
L’auto-administration locale, créée sans délai, sera susceptible de servir plus tard de socle à
une édification progressive de la “verticale” du “zemstvo”. Dans la Russie immense et si
diverse, le pouvoir central qui se répand de haut en bas n’est pas en mesure d’assurer la
prospérité du peuple. Une action en sens contraire – de bas en haut – est indispensable.
»
Dans le même temps, face aux ravages de la société industrielle, il préconise une alternative
écologique soucieuse de l’homme, de son enracinement et de son environnement naturel. Il
milite en faveur d’une politique de « restriction » et d’« auto-limitation individuelle » qui tourne le
dos à la frénésie productiviste. Contre l’«
avidité
» et la société du « toujours plus » en vogue, il en tient pour une « auto-suffisance » relative.
Selon lui, si le communisme engendre la pénurie, le capitalisme favorise la gabegie.
E n 1999, Soljenitsyne dénonce l’agression de l’Otan contre la Serbie, dans un texte fustigeant
« la loi de la jungle [où] le plus fort a raison en tout ». Il prévient aussi contre « l’encerclement
» de la Russie par l’Otan : «
Bien qu’il soit clair que la Russie d’aujourd’hui ne représente aucune menace pour elle, l’Otan
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construit méthodiquement et obstinément sa machine militaire dans l’Est de l’Europe, et en
entourant la Russie à partir du Sud.
»
Au cours des années 2001-2002, il publie Deux cents ans ensemble, un ouvrage historique sur
les juifs en Russie au cours des deux derniers siècles. S’il ne cesse d’écrire, il sort, en
revanche, de moins en moins. Le 12 juin 2007, Vladimir Poutine lui rend visite, dans sa datcha,
située à une demi-heure de Moscou, afin de lui remettre la médaille du Kremlin. Malade, il
apparaît le visage émacié. C’est là, chez lui, qu’il s’éteindra un an plus tard, le 3 août 2008.
Avec un regard de sainteté… La mairie de Moscou a décidé de rebaptiser la rue Bolchaïa
Kommunistitcheskaïa (« grande rue communiste ») rue Alexandre Soljenitsyne.
A lire La quasi-totalité de l’oeuvre d’Alexandre Soljenitsyne est disponible aux éditions Fayard. A voir Dialogues avec Soljenitsyne, fi
lm DVD d’Alexandre Sokourov (188 minutes), Idéale audience 2007, 22,26 €.
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