Entretien avec un ancien : Retrouvons l`école d`avant
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Entretien avec un ancien : Retrouvons l`école d`avant
Entretien avec un ancien : Et moi encore moins ! Antoine :-Oui, et vous encore moins ! Retrouvons l’école d’avant R.C. : Caroline : On a un certain nombre de documents qui nous été prêtés par M. Etienne et Mme Clément. Notamment des cahiers de classe. On va vous les montrer un petit peu et voir comment on écrivait et ce qu’on faisait à l’école autrefois. Après, les enfants, vous poserez des questions et nous discuterons avec René Chapelier qui est le papi de Mahaut et de Nathan ! Attention !C’est très fragile et c’est très précieux. Ce sont des cahiers qui viennent de « loin ». Il faut les manipuler avec soin. Vous verrez que certains ont été, un petit peu, dévorés par les souris. (rire des enfants) Et vous admirerez l’écriture. Je vais vous les passer, vous allez les regarder, les passer aux copains délicatement. On va en mettre un petit peu partout. René Chapelier : Vous avez ici les tables de multiplication. Et c’était obligé de les savoir de par cœur ! Votre primaire, vous l’avez fait en quelle année ? R.C. : Eh bien, j’ai quitté Tout d’abord, je voulais dire quelque chose ! De notre époque, très c’était discipliné. Tout le monde respectait l’institutrice et l’instituteur. Personne ne protestait ! Quand on rentrait en classe, on se découvrait, on s’asseyait à son bureau et quand l’instituteur entrait, tout le monde se levait : « bonjour Monsieur, bonjour Madame ». Et puis, tout le monde s’asseyait quand le maître disait assis, et tout le monde se taisait ! Le brouhaha qu’il y a eu tout à l’heure, ça n’existait pas à notre époque ! Tout le monde restait calme, chacun posait sa question l’un après l’autre. Quand vous écriviez, que vous faisiez des fautes, …. J’ai entendu dire que s’il y avait des fautes, on vous faisait mal aux doigts ou quelque chose comme ça. Des coups de règle ? l’école à l’âge de quatorze ans. R.C. :Il arrivait que quelqu’un Et j’en ai 81 ! qui désobéissait ou qui faisait Antoine :-Donc, là, on parle de l’école, il y a, presque 70 ans ! Ca veut dire que Caroline et moi n’existions pas mal son travail, présentait ses doigts et il donnait un coup de règle sur les doigts. Alors, comme tout le monde le craignait, on faisait tout son possible pour R.C :A une époque, on n’acceptait pas qu’on que tout soit parfait. Il n’y avait pas écrive de la main gauche. Par la suite, ça a d’autre solution ! été autorisé d’écrire de la main gauche. Est-ce qu’il règlementaires ? y avait des habits R.C :Nous avions tous une blouse grise, il fallait que quand on arrive en classe, la blouse soit très propre ! Qu’il n’y ait pas de tâches d’encre, qu’il n’y ait rien ! Il fallait arriver avec la blouse impeccable ! Est-ce qu’avant, il y avait déjà les marronniers dans la cour ? R.C :Les marronniers existaient, mais l’école était dans le village, à l’ancienne mairie. Je ne sais pas si vous connaissez. Et les classes étaient au rez de chaussée. Et cette école où nous sommes, je l’ai vu construire ! En quelle année ? Et quand un enfant était polisson, le professeur allait trouver les parents. Il leur disait : « voilà ! Votre enfant est puni pour telle ou telle raison… et c’étaient les parents qui nous grondaient ! On ne R.C :Ouh ! je sais pas ! Ici, ça s’appelait l’aire de la poste. La poste était en-dessous, près du monument aux morts. Et le cyprès, c’est moi qui l’ai planté, petit comme ça ! reprochait pas à l’instituteur de nous avoir punis ! C’était le contraire ! Ça marchait très bien, on avait de très bons résultats. Est-ce que ça été très dur pour vous l’école ? R.C. :Non ! Pas du tout ! Du tout ! Nous étions habitués à être disciplinés, à écouter. C’était tout à fait normal ! Et pour nous ce n’était pas plus difficile que maintenant. Est-ce que si vous écriviez de la main gauche, on vous faisait quelque chose ? Eh bien, il a grandi ! R.C :Je faisais partie du conseil municipal et c’est moi qui l’environnement. Quel âge aviez-vous ? m’occupais de R.C :Je devais avoir 35 ans, à peu près ! L’écriture qui est sur les cahiers, elle est tellement jolie, qu’on dirait qu’elle a été faite à l’ordinateur ? C’est normal ? R.C :C’était obligatoire ! On faisait des pages entières d’écriture, avec des grandes lettres fantaisie. Il fallait que tout soit très lisible, très correct. classe, soit chez des voisins de l’école. Ils venaient à pied, ils rentraient à pied ! Par tous temps, même l’hiver ! Qu’il pleuve, neige, n’importe quel temps ! Et les crayons, les stylos, les bureaux ? R.C :En classe, quand n arrivait, on nous fournissait les cahiers, on nous donnait le papier Il ne fallait pas une rature ?! R.C :Quand il y a pour couverture. mettre C’est nous une qui couvrions les cahiers. IL fallait des que ce se soit fait proprement ratures, ce sont des cahiers et ne pas les déchirer. de brouillon. Quand on avait Nous commencé sur le cahier de avions différents, brouillon, on recopiait sur des ils bureaux étaient légèrement inclinés. Il y avait un cahier au propre. des trous pour mettre les encriers dedans et une rainure Quand vous faisiez une rature, qu’est-ce qui vous arrivait ? pour poser les plumes. Le banc était relié R.C :Eh bien, si on ne mettait pas assez de au bureau. volonté, on prenait une feuille et on Caroline : On a récupéré une ancienne trousse, il y a notamment un porte-plume, des crayons de couleur, un vieux compas en bois, …. recopiait 100 fois, la lettre qu’on avait mal écrite. On le présentait, il fallait qu’elle soit correcte, sinon on doublait ! -2OO fois !!!!!! Antoine : on est trop gentils, aujourd’hui !! Tollé général des enfants !! R.C :Les stylos à bille n’existaient pas Et si vous n’étiez pas propre ? R.C :Nous n’étions pas propre, parfois, pas à cause de nos parents, mais parce que nous Est-ce qu’à la cantine, on mangeait toujours la même chose ? avions joué… R.C :C’est-à-dire voir nos mains, on regardait nos oreilles, …. que la cantine, à notre époque, ça n’existait pas. Mais il y avait des enfants qui venaient de loin, des mas, à plusieurs kilomètres d’ici, qui apportaient leur casse-croute, et qui mangeaient soit en Et quand on arrivait en classe, on regardait si tout le monde était propre, on faisait Les récréations duraient combien de temps ? R.C :Elles devaient durer une demi-heure, … Oh ! C’était plus long que nous ! c’est pas du jeu ! L’école commençait à quelle heure le matin ? R.C :9 heures jusqu’à midi, on reprenait à 1 propriétaires. Tous faisaient leur jardin heure jusqu’à 4 heures et demi. potager, Est-ce mercredi ? qu’on allait à l’école le Oui, mais ….c’était jeudi relâche ! et on venait le samedi. Et c’était encore les écoles de filles et de garçons ? R.C :Dans les classes, d’un côté, c’étaient les filles et de l’autre les garçons. et pendant les vacances ils maintenant, les faisaient des bricoles. Ce n‘est plus comme enfants sont souvent trop gâtés, … Caroline : Vous ne réalisez pas la différence entre votre vie d’enfant et la vie qu’on pouvait avoir quand on était enfant à cette époque-là. C’était beaucoup plus difficile, on avait moins de jouets, on avait moins de loisirs, … A quel âge on terminait le primaire ? Et dans la récréation, il y avait 2 cours : R.C :A 14 ans, ça durait plus longtemps. une pour les filles et l’autre pour les on Est-ce que ça vous est arrivé de vous faire sur les doigts ? pratiquait malgré tout le sport : le R.C :Pas souvent, mais …il ne basket-ball, le football et puis la fallait gymnastique aussi pour être puni. garçons. La cour était petite mais grand-chose Antoine : Est-ce qu’il y avait d’autres châtiments corporels ? Est-ce que le collège existait ? R.C :Le collège de la Gardonnenque R.C :Au coin avec un bonnet n’existait pas. Il fallait aller à d’âne ! Nîmes ! mais souvent la punition était pendant les récréations, du temps, on était au coin avec A Nîmes !!! Est-ce que tout le monde allait au collège ? R.C :Non, non non Ceux qui voulaient aller au collège, il fallait que les parents paient. Et comme petits pas salaires, même un bonnet d’âne. Est-ce qu’on avait le droit de chiper des affaires aux autres ? R.C :Ah non ! ça, c’était la honte ! à l’époque, la vie Comment faisait-on pour mettre l’encre dans la plume ? était plus dure R.C :On trempait la plume, on écrivait, on que maintenant, retrempait, ainsi de suite, …. Jai même même si on se écrit des lettres avec des plumes d’oie. plaint. Les gens Même quand je suis allé travailler au travaillaient Canada, j’ai écrit des lettres à ma mère à la les à instituteurs plume d’oie. avaient de petits salaires. A cette époque- Pour éviter de salir le cahier, on utilisait le là, pendant les vendanges, le dimanche, les buvard. Il absorbait le trop plein et on instituteurs allaient vendanger chez les pouvait fermer son cahier. Si vous tachiez la table avec de l’encre, comment vous faisiez ? R.C :Là, R.C :Il y avait un panier pour le basket-ball, des fois, on jouait aux gendarmes et aux voleurs, il n’y avait que le football qui c’était comptait. Dans la grave vie, il n’y a pas parce qu’il que le sport. fallait Les jeunes filles le nettoyer ! jouaient Il marelle, fallait avait rien à faire, il à la colin Maillard, frotter, il n’y à Est-ce que ça vous arrivait d’aller voir le directeur ? fallait R.C :Non, nettoyer ! Jamais pendant la classe, toujours pendant les récréations, ou après l’école, quand tout le monde était parti ! jamais personne ne disait rien, c’était le maître qui se chargeait de la discipline Est-ce que vous avez connu la guerre ? R.C :Je voulais faire une remarque .Là, vous R.C :Oui, j’ai connu la guerre, mais ça je voyez, vous levez la main et tout le monde n’aime pas en parler. J’ai trop vu de morts. parle. De cette époque, c’était interdit ! On J’ai vu battre des enfants à coup de levait la main et personne ne parlait ! Et crosse. c’était très sévère là-dessus. Antoine : Une autre question ! Caroline : Ça c’est quelque chose qu’on a complètement perdu en route !!! Est-ce que votre instituteur, vous le vouvoyiez ? R.C : Ah oui, tout le monde disait « vous ». Et quand on rencontrait l’instituteur ou l’institutrice dans la rue, à l’époque on portait tous un béret, on se découvrait : « bonjour Monsieur, bonjour madame ! » Toujours ! Et quand on rencontrait quelqu’un dans la rue, qui que ce soit ! on le saluait ! Malheureusement, les jeunes, maintenant, ils nous marchent dessus sans un mot. A quoi vous jouiez dans la cour de récréation ? Est-ce que vous deviez parfois effacer le tableau ou des choses comme ça ? R.C :Ah oui ! Quelquefois on venait au tableau pour faire des additions, des soustractions, ou écrire des choses, aussi. Caroline : Dites-nous ce que vous faisiez dans la journée de classe ? R.C :EN arrivant, d’abord, il y avait une grande horloge en carton, et à tour de rôle, on allait marquer l’heure pour apprendre. Nous avions des cartons pour apprendre à lacer nos chaussures. Ensuite, il y avait la morale : c’était qu’il fallait respecter ses parents, ses grands-parents, être très poli avec tout le monde, et ne jamais faire de bêtises, évidemment. Pour la morale, il y avait une phrase tous les jours au tableau. Nous apprenions aussi, beaucoup de poésies de La Fontaine, en partie parce que ce sont des poésies à morale. Est-ce que vous faisiez des sciences ? R.C :Eh bien, on avait l’arithmétique, l’histoire et la géographie, les dictées. Est-ce plastiques ? R.C :Oui, que on vous en faisait faisiez R.C :Oui, il y avait l’encre bleue, l’encre violette et l’encre rouge. Est-ce que vous êtes allés au collège ? R.C :Non, parce que moi, avec la guerre, à 16 ans, j’étais dans un camp. Alors, …. Au CM2, quand vous avez fini, est-ce que vous avez eu un diplôme ? R.C :On avait le certificat primaire. Et la plupart des arts beaucoup, par des gens s’arrêtait là, pour différentes raisons, soit à cause des moyens financiers, puis les moyens de transport. exemple quand on apprenait une poésie, on faisait le dessin Est-ce qu’il y avait des tableaux à feutre ? R.C :Non, il y avait des tableaux à craie, il y avait le tableau en plaque d’ardoise, et le tableau en carton. Pour les plus petits car ils les tombaient et les cassaient. Combien il y avait de sortes de plume pour écrire à l’école ? R.C :Oh, une seule ! Comment étaient vos cartables ? R.C :Il y en avait plusieurs sortes : en cuir, en toile, on avait des sacoches, on en avait des simples ou des doubles, on avait la poche pour les cahiers, pour les livres, … Puis, il fallait aller à Nîmes, il fallait prendre revenait l’autobus, cher. tous En les jours, pension, ça c’était impossible ! Ce qui fait que ce n’était pas pour tout le monde. Antoine : On va s’arrêter là, on a entendu pas mal de choses. ON a eu beaucoup de réponses à nos questions. On dit merci à René ! Merci Est-ce qu’on pouvait les mettre sur le dos ? R.C :C’est bien gentil ça ! époque, Caroline : Vous avez connu le tableau à craie, regardez ce qu’on a maintenant ! (le tableau blanc interactif) R.C :Non, de notre il y en avait très peu. IL y avait des enfants qui en avaient en bois ! Est-ce qu’il y avait plusieurs sortes d’encre pour écrire ? N’oubliez pas !! R.C :Ah, mais c’est génial ça !