60ème anniversaire de la Déclaration de Philadelphie

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60ème anniversaire de la Déclaration de Philadelphie
Organisation internationale du Travail
Bureau du Directeur général
Discours 2004
Déclaration de Juan Somavia
Directeur général du Bureau international du Travail
à l’occasion du 60ème anniversaire de la
Déclaration de Philadelphie
(Genève, 10 mai 2004)
Il y a aujourd'hui soixante ans, la Conférence internationale du Travail se réunissait aux derniers
jours de la Seconde Guerre mondiale pour définir une série de buts et objectifs pour l'OIT.
Exprimant leur conviction que, comme il est énoncé dans la Constitution de l'OIT, «une paix
durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale», les délégués tripartites des 49
Etats Membres ont pris une décision qui non seulement assurera la survie de l'OIT au 21e siècle
mais délimitera également les paramètres sociaux de ce que nous dénommons aujourd'hui
mondialisation et interdépendance.
Avec le recul, nous pouvons dire sans conteste que nos pères étaient de véritables précurseurs. La
Déclaration de Philadelphie a permis à l'OIT de demeurer le seul vestige de la Société des Nations
qui ait survécu à la guerre et qui ait été intégré dans l'institution qui a succédé à la SDN,
l'Organisation des Nations Unies.
La Déclaration de Philadelphie affirme que le travail n'est pas une marchandise, que la liberté
d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès soutenu, que la
pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous et que « tous les êtres
humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur
progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité
économique et avec des chances égales. »
Ces principes sont tout aussi pertinents aujourd'hui qu'ils ne l'étaient, il y a soixante ans. L'OIT
continue d'adhérer au grand dessein de la Déclaration de Philadelphie et à son message principal,
à savoir que les politiques sociales ne suffisent pas pour instaurer le progrès social. Ce message a
été réaffirmé par la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. Cette
commission, instituée par l'OIT et composée de chefs d'Etat, de représentants d'employeurs et de
travailleurs, de décideurs, d'universitaires et d'autres acteurs sociaux de tous horizons, a en
substance demandé instamment à l'OIT d'honorer la promesse contenue dans ce mandat
historique. Elle préconise un cadre éthique plus fort pour relever les défis de la mondialisation.
Elle invite l'OIT à mettre pleinement en œuvre la mission économique et sociale intégrée qui est
la sienne conformément à la Déclaration de Philadelphie: évaluer les politiques économiques en
fonction de leur impact sur les politiques sociales et du travail. Enfin elle nous rappelle que l'OIT
a été et restera une organisation en constante évolution, qui, tout au long de son histoire, s'est
redéfinie et s'est redynamisée chaque fois que la nécessité de modifier ses grandes orientations se
faisait clairement sentir.
Cette redynamisation est rendue possible par le système tripartite qui est propre à l'OIT. Le
partenariat des travailleurs, des employeurs et des gouvernements a été déterminant lors de
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chacun des événements majeurs qui ont marqué l'histoire de l'OIT. Il demeure aujourd'hui le
fondement même de l'adéquation de l'Organisation à un monde du travail en mutation. Grâce au
tripartisme, l'OIT continuera de tirer parti des moments précieux où il faut savoir saisir les
occasions qui se présentent. Le tripartisme donne la force et la clairvoyance nécessaires pour
discerner ces occasions ainsi que le courage de prendre les décisions qui s'imposent.
Nous avons décidé il y a cinq ans que le travail décent deviendrait le principe autour duquel
s'articuleraient les activités de l'OIT. Il est évident que les efforts que nous déployons pour
parvenir au travail décent sont en accord avec les buts définis par les rédacteurs de la Déclaration
de Philadelphie. La Commission mondiale nous a encore fait progresser dans cette direction en
confirmant que le travail décent est essentiel pour instaurer une mondialisation plus équitable,
profitant à tous. Elle souhaite que le travail décent devienne un but mondial que chaque pays et
que la communauté internationale doivent poursuivre en menant à bien les objectifs liés à la
création d'emplois et d'entreprises, aux droits des travailleurs, à la protection sociale et au
dialogue social.
Je ne crois pas qu'il existe un meilleur moyen pour nous de célébrer ce 60e anniversaire de la
Déclaration de Philadelphie qu'en renouvelant notre engagement en faveur de la réalisation de ce
mandat au 21e siècle.
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