Cahiers pédagogiques n°476 : travailler par compétences Notes de

Cahiers pédagogiques n°476 : travailler par compétences
Notes de lecture :
Article de Anne Hiribarren et Vincent Guédé : n'enterrons pas vivantes les compétences,
Depuis 2006, le travail par compétences fait l'actualité pédagogique, mise en place des livrets de
compétences à l'école primaire et maintenant au collège. Travailler par compétences c'est mettre un
place un outil très utile au service de conceptions pédagogiques comme la différentiation. La
difficulté en France vient du manque de concertation , de formation des enseignants, d'une réflexion
poussée sur les livrets de compétences lisibles et exploitables,parents oubliés.
Article de Marc Romainville : compétences et savoirs, deux faces d'une même pièce
Atouts d'une approche par compétences : la mobilisation des savoirs est au coeur de l'enseignement.
Une compétence est un savoir vivant c'est à dire un ensemble articulé de ressources diverses que la
personne « compétente » est capable de mobiliser pour affronter avec efficacité une situation .
Comme le disait déjà Alain : « savoir et ne point faire usage de ce qu'on sait, c'est pire
qu'ignorer »La logique des compétences cherche à ce que les acquis scolaires constituent pour les
élèves d'authentiques « outils pour penser et pour agir à l'école et dans le monde ».Le travail par
compétences place au coeur de la formation la mobilisation des ressources à apprendre. Un nouveau
savoir n'apparaît que rarement par hasard, il est lié aux questionnements.
Article de François Audigier : ne pas renoncer à introduire aux univers disciplinaires.
L'auteur est plus réservé . En histoire géographie, éducation civique les thèmes étudiés ne peuvent
se limiter à des ressources pour travailler des compétences tant ils relèvent d'un projet politique. Les
transformations de l'école, des pratiques scolaires, les exigences des évaluations font que les
compétences sont partout.
Pour les compétences : la fin des savoirs trop fragmentés entre les disciplines scolaires séparées les
unes des autres. Une distance de plus en plus grande entre les cultures des élèves et la culture
scolaire, entre leurs préoccupations leurs mondes, qui devrait réduire. La fin d'un formalisme de
l'enseignement qui laisse place à l'innovation et l'initiative. Choisir des savoirs utiles et qui aient du
sens , parce qu'utiles.
Contre : ne réduire le savoir, qu'au seul usage fonctionnel.
Un autre terme s'impose, c'est celui des situations, il n'est de compétence construite et mise en
oeuvre qu'en situation. Un curriculum par compétences devrait alors s'accompagner nécessairement
d'un énoncé de situations pertinentes.
Article de Philippe Perrenoud : Du concept aux programmes : incohérence et précipitation
Dans la précipitation, les contenus classiques de la scolarité peuvent être magiquement convertis en
compétences. Le socle commun de 2006 adopte une conception des compétences proche de celle
qui prévaut dans le monde du travail : être compétent, c'est maîtriser une famille de situations de
même type en mobilisant des ressources hétérogènes: savoirs, habiletés, informations, attitudes,
postures, valeurs.
2 obstacles :
le système éducatif dispose d'une impressionnante liste de connaissances et 'habiletés qu'il faut
absolument « recaser » dans les programmes censés développer les compétences.
A la différence des métiers, on peut identifier un certain nombre de familles de situations de travail.
Pas d'équivalent à l'école. Le rapport entre le socle commun et les programmes n'est pas clair.
Comment faire pour que l'incohérence entre le concept de compétence et les programmes censés les
développer ne se voie pas trop , ou pas tout de suite ?
1. mettre des verbes d'action, devant les notions ( compétence à bas prix).
2. Enumérer des compétences transversales : communiquer, raisonner, analyser, observer,
Corinne Guesnet référente ZAP Dax La Chalosse stage du 8 décembre 2009
comparer. En feignant de croire qu'on peut analyser n'importe quoi.
3. Proposer de travailler en classe des situations complexes comme une préfiguration des
situations extra scolaires qui appellent des compétences.
4 Considérer comme des compétences les diverses habiletés que l'école travaille depuis
toujours. La manière dont on introduit les compétences dans plusieurs pays peut faire craindre un
violent retour en arrière dans moins de 10 ans: non pas par manque de valeur mais par excès de
précipitation et déficit de pilotage intellectuel.
10 problèmes à résoudre :
Pourquoi et pour qui veut -on infléchir le curriculum en faisant une large place aux compétences ?
Développer les compétences n'est un véritable progrès que pour les élèves qui ne dépassent pas le
niveau du bac, voire du certificat d'études.
Toutes les finalités scolaires sont-elles censées se décliner en compétences ?
Que gagne-t-on à redéfinir tous les acquis comme des compétences ou des ressources au service
des compétences , au risque de brouiller les cartes ?
Faut-il rattacher tous les savoirs disciplinaires à des compétences ? Que gagne-t-on à référer tous les
savoirs à des situations complexes ?
En travaillant le savoir analyser pense-t-on sérieusement préparer à analyser aussi bien une roche,
un plat cuisiné, une radiographie, un opéra ?
Est-on prêt à prendre au sérieux le lien entre une compétence et une famille de situations à affronter
hors de l'école, qu'on soit enfant, adolescent ou adulte ? A quelles situations se référer ?
Peut-on imaginer de définir les compétences et les ressources à partir d'une analyse de la vie des
gens au 21 é siècle et des problèmes auxquels ils sont ou seront confrontés ? Ou veut-on retrouver
dans les programmes orientés vers le dvpt de compétences tout ce que l'école enseigne depuis le 21
é siècle.
Envisage-t-on de bouleverser la clé de répartition entre disciplines et d'en introduire d'autres ?
Sommes-nous prêts à donner la priorité dans la construction des programmes à ceux qui ne suivent
pas la voie royale des études longues ?
Quelles transformations des dispositifs d'enseignement-apprentissage et d'évaluation le nouveau
curriculum implique-t-il ?
Article de Dominique Raulin : La délicate intégration des compétences dans les programmes .
L'utilisation du mot « compétence » remonte aux années 70 (CAP, BEP, BTS). Années 80 : en
seconde : détail des compétences à développer. Chgt très prudent ds certaines disciplines: capacités.
Le socle commun de connaissances des années 2000 est exceptionnel: son inscription dans la loi, sa
rédaction en amont des disciplines scolaires, la définition qu'il retient pour le terme «
compétence ».L'approche par compétences est la seule réponse possible à la construction et à la
conception des programmes à notre époque. L'augmentation de la quantité et la diversité des savoirs
rend la sélection de ce qu'il faut enseigner très difficile. Une difficulté reste majeure : comment
valider la maîtrise des compétences en évitant trop de subjectivité ? Inscrire l'enseignement par
compétences amène à revoir en profondeur le métier de professeur, le déroulement et l'organisation
de l'heure de classe. En 1980 margaret Thatcher a fait rédiger le core curriculum, privilégiant
l'utilisation de compétences plutôt que les connaissances. Les évolutions ont été renforcées par les
choix opérés par l'OCDE ( pisa). Seule solution pour comparer les acquis des élèves des différents
pays. C'est la réflexion sur la société de la connaissance qui a amené les ministres de l'éducation à
rédiger un doc de cadrage sur les compétences en 2006.
Article de Sabine Kahn : le socle commun, outil pour un authentique travail par
compétences ?
7 grandes compétences sont à construire. Liste détaillée par des listes de « connaissances » à
mettre en oeuvre et « d'attitudes ». Prolongement par les livrets d'évaluation et des grilles de
Corinne Guesnet référente ZAP Dax La Chalosse stage du 8 décembre 2009
références. Les 7 macro compétences peuvent se détailler en compétences de rangs inférieurs.
Rappel : dire que quelqu'un est compétent dans un domaine c'est lui reconnaître la capacité de
jugement qui lui permet face à des situations inattendues de déterminer ceux qu'il convient de
mobiliser. Construire des compétences c'est développer leur faculté de juger par eux-mêmes et leur
donner une autonomie intellectuelle. Comment développer chez nos élèves la capacité à mobiliser à
bon escient les procédures de base auxquelles ils ont été entraînés ? Comment aiguiller les élèves
vers tel type d'interprétation des situations qu'exigent les savoirs scolaires ?
3 pistes : les élèves ont plus d'aisance à choisir les procédures qui conviennent à 1 situation nouvelle
quand ils sont fréquemment confrontés à des tâches complexes et inédites.
Piste 2: Les élèves doivent avoir automatisé des procédures pour pouvoir choisir celle qui convient.
Piste 3: mobiliser à bon escient les savoirs scolaires.
Article de Vincent Guédé : La compétence une notion aux contours flous
En 1989 Mérieu Philippe définissait la compétence comme « un savoir identifié mettant en jeu une
ou des capacités dans un champ notionnel ou disciplinaire déterminé. On peut nommer compétence
la capacité d'associer une classe de problèmes précisément identifiée avec un programme de
traitement déterminé » Pour Guy Le Boterf, la compétence est de l'ordre du savoir mobiliser.
Perrenoud, Philippe précise que « la compétence permet de faire face à une situation complexe, de
construire une réponse adaptée sans la puiser dans un répertoire de réponses préprogrammées.
Points communs: Une compétence repose sur la mobilisation l'intégration la mise en réseau d'une
diversité de ressources. Cette mobilisation s'effectue dans le but d'agir. C'est donc une conception
dynamique et invitent à un recentrage sur les processus d'apprentissage de l'élève plutôt que sur les
contenus d'enseignement. Ils insistent sur le processus de contextualisation, décontextualisation,
recontextualisation.
Une connaissance est un savoir restitué.
Article de Arouna Diabate : Situation et ressources
Une situation est motivante quand elle touche les intérêts des élèves, est un défi, est utile et fait
avancer l'apprenant, permet de donner du sens au savoir, permet d'explorer les champs d'application
des savoirs, interpelle sur la construction des savoirs, permet de mettre en évidence les écarts entre
la théorie et la pratique.
Situation de pré-test: évaluation diagnostique
situation d'apprentissage ponctuel :dvpt de microcompétences
situation d'intégration : situation problème complexe.
Situation de remédiation : après avoir identifier les lacunes des apprenants, situations problèmes
autour des erreurs récurrentes.
Situation d'évaluation sommative : validation de l'apprentissage.
Une ressource est l'ensemble des moyens diversifiés et coordonnés auxquels a recours une
personne compétente pour traiter avec sucés une situation problème.
Ressources internes: les connaissances de l'apprenant, attitudes qualités physiques. Soient
ressources cognitives, conatives, corporelles. Cognitives = connaissances. Conatives= savoir être.
Corporelles = coordination des parties du corps pour réaliser certains actes et gestes.
Ressources externes : ressources humaines (toutes les personnes susceptibles d'aider la personne) et
matérielles ( moyens matériels disponibles pour améliorer une situation).
Article de Jean-Michel Zakhartchouk : Formation : doucement, mais résolument
Quels objectifs pour la formation ?
Informer sur le socle de compétences en montrant bien qu'il ne peut exister que si on travaille par
compétences. Montrer qu'on peut utiliser l'approche à petite ou à grande vitesse. Les compétences
transdisciplinaires ne sont pas des machines de guerre contre les disciplines.
Corinne Guesnet référente ZAP Dax La Chalosse stage du 8 décembre 2009
Faire construire des séquences qui intègrent les compétences du socle.
Relier avec des pratiques qui existent déjà.
Des formations stratégiques :
Se forger une série de questions qu'on sera amené à affronter .
Est-ce que les compétences sont conciliables avec les programmes ? Qu'est-ce que le travail par
compétences apporte de nouveau ? Quel lien entre le socle et le travail par compétences ? Se mettre
dans un établissement sur les compétences, est-ce possible ? Les disciplines sont-elles remises en
cause ? Quand décide-t-on que la compétence est acquise ? A l'étranger, cela a marché ? Dans les
classes hétérogènes ? Est-on formé pour enseigner de cette manière ? L'institution n'est pas claire ?
Chacun doit toujours tout refaire dans son coin . Ces questions sont des axes majeurs pour élaborer
les objectifs. Proposer des dispositifs qui amènent à donner du sens aux activités scolaires.
Les compétences, au-delà de définitions byzantines
ce qui est important c'est la réflexion collective permettant l'appropriation de la notion.
Echanger sur les pratiques possibles :Un inventaire de pratique est un outil intéressant pour
mutualiser les pratiques, échanger, susciter de la curiosité. Les idées répertoriées se référent à
l'évaluation, l'apprentissage, les démarches pédagogiques.
Pour travailler par compétences, il est nécessaire de varier sa pédagogie : w par groupes/ w
individualisé, démarche inductive/déductive; phases magistrales, phases actives.
Un autre incontournable d'une formation est la construction d'outils presque clé en main. Bâtir une
séquence interdisciplinaire en définissant bien les compétences mises en jeu.
Article de Nicolas Prévost : les compétences au service de la remédiation
Outil très efficace pour repérer les difficultés des élèves et élaborer des dispositifs de remédiation
les plus appropriés. Dans cette classe de 6é expérimentale, les compétences travaillées évaluées sont
indiquées devant chaque consigne. Ainsi une consigne commençant par le verbe définir correspond
à la compétences : savoir mémoriser. Une consigne « démontrer » c'est utiliser son savoir ,
s'informer, raisonner pour utiliser les bonnes informations.
Compétences pour ce collège : être autonome ( respecter les règles de vie en classe, travailler
sérieusement en classe, travailler sérieusement à la maison, s'organier). Savoir ( mémoriser,
appliquer). S'informer ( comprendre précisément les consignes, tirer des informations). Raisonner
( expliquer, mettre en relation). Communiquer ( respecter les règles de mise en forme, s'exprimer
correctement à l'oral, s'exprimer correctement à l'écrit). Réaliser ( faire avec précision, manipuler).
4 piliers de compétences : l'élève réussit la compétence : Rarement/ De temps en temps / Souvent/
Très souvent. Les matières n'apparaissent pas dans le bulletin, ni le nom des collègues. C'est un
bulletin transdisciplinaire.
Article de Jérôme Dewasch : les compétences sont-elles solubles dans les programmes ?
Comment concilier en classe de français l'approche par compétences et une matière aux frontières
très larges?
Des profs stagiaires répondent lors d'un stage :
il est possible d'évaluer :
avoir un esprit critique
cerner l'implicite dans un texte
organiser mes idées
exprimer clairement ma pensée
exprimer mes émotions
avoir une culture humaniste
voici une grille qui croise compétences et programme ;
j'écris de manière lisible E4
Je respecte les indications de ponctuation et de mise en page E5
Corinne Guesnet référente ZAP Dax La Chalosse stage du 8 décembre 2009
J'effectue correctement accords sujet/verbe
j'effectue correctement les accords dans le GN E7
Je place correctement les terminaisons verbales du présent E8
le risque : l'apparition du saucissonnage et de microcompétences.
Le problème c'est que les grilles ne dispensent pas de l'essentiel : comment faire pour faire
apprendre ? Comment passer des intentions à l'appropriation des compétences ? Quelles stratégies
mettre en place avec et pour les élèves afin qu'ils acquièrent ces compétences ?
La seconde étape du travail est une relecture des programmes à partir du socle commun :
l'étude des oeuvres se retrouve dans le pilier « maîtrise de la langue française et culture
humaniste » . Aborder le conte ce n'est pas seulement y voir la dimension narrative, mais la
dimension culturelle: mettre en valeur la dimension orale, enrichir le bagage culture des élèves, le
conte s'inscrit dans une culture commune, que chaque culture produit ses contes.
Enfin un lien vers des livrets de compétences :
http://ww2.ac-poitiers.fr/apprend/spip.php?article52
A découvrir absolument.
Autre lien à découvrir (communiqué par Anne Rabeau, le 16 octobre 2009)
http://crdp.ac-bordeaux.fr/sciences/sudouest/quefaireaveclesarticles?
Corinne Guesnet référente ZAP Dax La Chalosse stage du 8 décembre 2009