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CINÉ-TAMBOUR
RALLIER, RAILLER...
En partenariat avec le Musée de Bretagne
Mercredi 12 octobre 2016
[20h30] Le Mécano de la « General »
[The General]
de Buster Keaton et Clyde Bruckman
États-Unis / DCP / 1926 / 94 min
Le Mécano de la « Générale » est considéré aujourd'hui comme un chef-d’œuvre du burlesque et du cinéma
en général.
En effet, le film correspond à l'apogée de la carrière de Buster Keaton. Il débute avec ses parents dans le
music-hall, notamment dans le genre du slapstick, qui signifie « coup de bâton » et correspond à un humour basé
sur la violence exagérée. Le jeune Buster comprend très tôt qu'il ne doit pas avoir l'air de s'amuser sur scène.
Effectivement, le public rit davantage en voyant ce pauvre petit garçon malmené par son père qui le jette en l'air et
lui botte les fesses en public. C'est de là que vient son surnom de « Buster » qui pourrait se traduire par « cassecou » en français. C'est aussi sur ces modestes scènes de music-hall que naît le célèbre personnage de « l'homme
qui ne rit jamais ». Car si Buster Keaton nous fait autant rire, c'est bien parce qu'il semble toujours subir les
situations burlesques qui lui tombent dessus. Ce sont précisément sa maladresse et sa naïveté qui provoquent le
rire et la compassion chez le spectateur.
Après avoir débuté au cinéma à la même époque que les plus grandes stars du burlesque américain (Mack
Sennett, Fatty Arbuckle, Laurel et Hardy, Harold Llyod ou encore Charlie Chaplin), Buster Keaton devient l'un des
comiques les plus célèbres d'Hollywood dans les années 1920. Cependant, il a besoin d'autonomie : en effet Buster
Keaton pense réellement que l'avenir du cinéma est dans le long métrage. Pourtant les studios hollywoodiens,
soucieux du budget de leurs films et préférant ne pas prendre de risques en se cantonnant au succès du burlesque
dans un format court, ne lui font pas confiance. Bien qu'il en ait eu le désir depuis longtemps, Buster Keaton débute
dans le long métrage au début des années 1920 avec de grands films comme Les trois âges en 1923, Sherlock
Junior et La croisière du navigateur en 1924 en collaboration avec le scénariste et réalisateur Clyde Bruckman.
Avant de signer un contrat avec la MGM dans les années 1930 qui anéantira sa liberté artistique, Buster Keaton
s'associe à United Artists pour tourner notamment Le Mécano de la “General” en 1926. Dans cet âge d'or pour
l'homme qui ne rit jamais, ce film, qui bénéficie d'une grande autonomie artistique et d'un énorme budget,
représente l'apogée de sa carrière.
Ainsi, Buster Keaton met tous ses gags burlesques et son inventivité visuelle au service d'un long métrage
historique. La combinaison des deux genres est un succès. Le comique dynamise le film dont la toile de fond est
pourtant sérieuse : la guerre de Sécession. Buster Keaton y incarne le personnage de Johnnie Gray, le conducteur
de la locomotive «General ». Lorsque la guerre éclate, il ne peut pas s'engager dans l'armée, perdant ainsi son
honneur et l'amour de la belle Annabelle Lee. Cependant, lorsque l'armée du nord s'empare des deux amours de sa
vie : sa locomotive et sa fiancée, Johnnie saura faire preuve d'énormément de courage. Et il vous embarquera dans
une gigantesque et hilarante course poursuite de locomotives.
J.D.
Réalisation
Buster Keaton
Clyde Bruckman
Scénario
Al Boasberg et Charles Smith
d'après B. Keaton,
C. Bruckman et William Pittenger
Montage
J. Sherman Kell
Harry Barnes
Photographie
Dev Jennings
Bert Haines
Décors
Fred Gabourie
Production
Joseph M. Schenck
pour la United Artists
CINÉ-TAMBOUR
RALLIER, RAILLER...
En partenariat avec le Musée de Bretagne
Mercredi 12 octobre 2016
[18h00] Europa
de Lars von Trier
Danemark / 35 mm / 1991 / 113 min
On parle souvent au cinéma d’un contrat entre le réalisateur et le spectateur, auquel ce dernier
souscrit pour être immergé dans ce qu’il s’apprête à visionner. Dans Europa, c’est à travers l’hypnose que
cette relation s’établit. Un narrateur s'adresse au spectateur dès l’introduction, mais aussi au héros auquel
nous devons nous identifier : Leopold Kessler. Arrivé fraîchement dans une Allemagne ravagée par la
Seconde Guerre mondiale, sa candeur est une porte ouverte au mal qui s’insinue dans le pays ; et une
opportunité pour Lars Von Trier d’insinuer dans cette mécanique une hiérarchie à la pensée unique proche
du nazisme. Tout juste assigné aux wagons-lits de la compagnie ferroviaire Zentropa, Kessler s’adapte
mais ne semble pas remettre en question les ordres. C’est un pantin, comme nous, avec lequel le
réalisateur joue et instille la sensation glaciale qu’une machine nous broie de l’intérieur. Plus le cauchemar
avance, plus le narrateur renforce la dimension sensorielle de l’histoire. Le mal s'infiltre par les couleurs qui
rongent les décors sinistres, forçant le héros à courir après des souvenirs insaisissables, réminiscences
d’un homme qui n’existe déjà plus. Impossible pour nous de savoir où et comment tout cela finira.
L’intérêt d’Europa repose sur ce double langage entre la hiérarchie que Kessler essaie de supporter,
et celle du film que le réalisateur s’amuse constamment à déconstruire. Les deux s’opposent et constituent
le questionnement inévitable d’un spectateur qui serait contraint par un scénario sans en avoir conscience.
Von Trier ne se concentre pourtant pas sur ce discours méta filmique. Le but n’est pas de questionner
notre rapport à l’image et aux procédés narratifs. Il se lance, imperturbable, sur la voie d’un homme forcé
d’agir à l’encontre de sa pensée. La voie de chemin de fer agit comme un tout ; c’est un long-métrage
lancé à toute allure, une pensée à laquelle on ne peut barrer la route et un voyage spirituel qui ne mène
qu’au désespoir. Le message particulièrement pessimiste qui s’en dégage tombe en fin de métrage, tel un
coup de massue, en nous laissant dans l’expectative car sans réelle finalité. Il vient à remettre en question
toute cette fantasmagorie que Von Trier a construite jusque-là, mais laisse aussi un amer sentiment de
détresse.
F.B.
LA SEMAINE PROCHAINE
Drôle de substance amère qui se
décolle de tes lèvres rouges.
Séances fortement déconseillées aux mineurs
18h00 : Le Marché sexuel des filles
de Noboru Tanaka
(Japon / DCP / 1974 / 83 min)
20h30 : Film surprise
(Italie / Num. / années 1990 / environ 100 min)
Réalisation
Lars von Trier
Scénario
Lars Von Trier et
Niels Vorsel
Production
Bo Christensen et
Peter Aalbæk Jensen
Photographie
Henning Bendtsen et
Edward Klosinski
Compositeur
Joachim Holbek
Avec
Jean-Marc Baar,
Barbara Sukowa,
Eddie Constantine,
Max Von Sydow...

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