DE PEER EN PIRE Les sociétés World
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DE PEER EN PIRE Les sociétés World
Swiss Moot Court 2007/2008 DE PEER EN PIRE Les sociétés World Entertainment Corporation, French Films Group Inc., Mondial Cinema Productions Inc. et All in One Studios Corporation sont titulaires à elles seules des droits sur la majeure partie des œuvres cinématographiques françaises et américaines distribuées dans le monde. Au début 2006, ces sociétés avaient mandaté une grande société, Big and Brother Inc., spécialisée dans la traque d’activités illicites sur Internet et dont le siège est à Miami. Après plusieurs mois de recherches et de surveillance sur la Toile, Big and Brother Inc. a délivré un rapport impressionnant, accompagné de très nombreuses pièces et faisant état des éléments suivants : Luca Fonti, résidant à Lausanne, âgé de 38 ans, de nationalié italienne, ainsi qu’un de ses amis, Antonio Caruso, ressortissant italien vivant à Naples et passionné depuis toujours par tout ce qui touche à Internet, ont mis en place un réseau d’échanges de fichiers sur Internet au moyen du système peer to peer (P2P). Ils offraient aux internautes un logiciel P2P et ils faisaient la promotion de ce système (spécialement de ses grandes qualités en matière de téléchargement de films) via un serveur situé à Naples, ce service comprenant, en outre, la mise à disposition gratuite d’espaces de stockage, « parfait pour les films », pouvait-on lire sur le site des deux amis. Le P2P, désormais bien connu, permettait à chaque internaute connecté de partager avec ses pairs les fichiers dont il disposait, et inversement. On retiendra en l’espèce ce qui suit au sujet du système P2P mis en place: le logiciel P2P décentralisé permettait aux utilisateurs de rechercher des fichiers numériques directement auprès des ordinateurs des autres internautes connectés au réseau. Ainsi, l’utilisateur ne consultait plus une base de données centralisée mise à disposition ; Luca Fonti et son ami intervenaient comme des « créateurs de liens entre les personnes » et n’avaient pas les moyens de contrôler les échanges et l’utilisation qui avait été faite de leur logiciel, une fois que les utilisateurs l’avaient installé. L’exploitation du serveur précité et le réseau P2P mis en place par Luca Fonti et Antonio Caruso ont permis, de façon très étendue, également en Suisse, de multiples téléchargements gratuits d’œuvres cinématographiques françaises et américaines protégées, de même que des téléchargements gratuits d’images pornographiques. Le rapport ne contient cependant pratiquement pas d’éléments au sujet de la nature de ces images. 1 Swiss Moot Court 2007/2008 Le 27 août 2006, les sociétés World Entertainment Corporation, French Films Group Inc., Mondial Cinema Productions Inc. et All in One Studios Corporation ont déposé plainte pénale contre Luca Fonti, devant le Juge d’instruction de l’arrondissement de Lausanne, pour pornographie, violation du droit d’auteur et violation des droits voisins. A l’appui de leur plainte, les sociétés susmentionnées ont produit le rapport de Big and Brother Inc., accompagné de ses très nombreuses annexes, relatives à la surveillance mise en place et aux résultats de celle-ci. Pour des raisons qu’il n’y a pas lieu de détailler ici, ces documents sont les seuls éléments matériels figurant au dossier transmis au Tribunal. Au cours de l’instruction diligentée, Luca Fonti a admis que, informaticien de profession, il s’était rapidement passionné pour Internet, « un outil formidable de communication, de partage et finalement de liberté », que c’est dans cet esprit qu’il avait pris part à la mise en place d’un réseau décentralisé d’échanges, libres et sans barrières, sur Internet, en assurant la promotion du système sur la Toile et en donnant les conseils techniques nécessaires à Antonio Caruso. Luca Fonti a également concédé qu’il pouvait accéder au serveur à distance, via une connexion sécurisée. Il a toutefois insisté sur le fait qu’il n’était jamais à proprement parler intervenu dans la gestion du serveur, qu’il n’avait pas participé à son financement ni n’avait accompli quelque acte d’ordre technique que ce soit sur celui-ci, la seule personne susceptible d’accomplir de tels actes étant celle se trouvant sur place, à savoir Antonio Caruso. Luca Fonti, qui est désormais l’accusé devant le Tribunal, et son ami, ont arrêté leurs activités et l’exploitation de leur serveur immédiatement après l’ouverture de l’enquête pénale. Auparavant, aucune autorité, société de production ni aucun organisme de protection des oeuvres n’avait attiré leur attention sur les reproches pouvant être adressés à leurs activités. Malheureusement pour Luca Fonti, les choses ne s’arrêtent pas là. Dans le cadre de l’enquête, le juge d’instruction a découvert les faits suivants, que, la tête basse, Luca Fonti a bien dû admettre : En colère suite à son licenciement, en été 2006, séance tenante, du poste de responsable informatique de la société Macroflop SA, à Lausanne, Luca Fonti, grâce aux codes d’accès dont il disposait de par son ancienne fonction, s’est introduit, quelques semaines après son départ, dans les fichiers centraux de la société, dont il a soustrait certaines données, en particulier des fiches d’évaluation des employés, des fiches de salaires ainsi que le plan stratégique de Macroflop SA, détaillant notamment un projet de fusion avec un gros concurrent. Par la même occasion, il a injecté dans le système informatique de Macroflop SA un redoutable virus qu’il avait lui-même développé, par pur intérêt scientifique, deux mois auparavant. Il suffit qu’une opération donnée 2 Swiss Moot Court 2007/2008 soit accomplie pour que le virus se déploie. Pour l’heure, tel n’a pas été le cas. Mis au courant de ces faits par un téléphone des enquêteurs, le 26 janvier 2007, André Zurcheret, successeur de Luca Fonti depuis quelques jours (dans l’urgence, Macroflop SA a finalement dû faire appel à une société de travail intérimaire pour trouver rapidement un remplaçant à l’accusé), a déposé plainte in extremis, le 26 avril 2007. Le côté obscur de Luca Fonti est apparu plus encore au grand jour lorsque les enquêteurs ont mis en évidence que, via un forum de discussions sur Internet créé par son ami Antonio Caruso, Luca Fonti est entré en contact avec des adolescents, entretenant dès l’été 2006 une relation électronique « platonique » avec une mineure de 15 ans, domiciliée dans la région lausannoise. Luca Fonti et sa correspondante ont convenu peu à peu de personnaliser leurs liens en se procurant chacun une webcam. A maintes reprises, Luca Fonti et son interlocutrice ont entretenu des rapports visuels et sonores par ce mode de communication. En particulier, ils ont échangé des poèmes de nature érotique et se sont présentés, la plupart du temps, dévêtus devant leur webcam. A une reprise, Luca Fonti s’est masturbé devant sa webcam, alors que l’adolescente était en ligne. Le sexe de Luca Fonti n’était cependant pas visible à cette occasion. Ses traits étaient toutefois relativement évocateurs. Plus récemment, Luca Fonti a pu, aux termes de plusieurs appels à sa correspondante, convenir avec celle-ci d’un rendez-vous dans sa caravane. Il est établi que l’accusé s’est rendu au rendezvous mais que, sur le chemin, l’adolescente a finalement renoncé. Aucune demande d’extradition n’a été déposée en l’espèce. Veuillez rédiger deux mémoires concernant Luca Fonti – l’un pour sa défense, l’autre pour l’accusation – exposant l’ensemble des moyens et arguments juridiques à disposition ainsi que leur portée sur le jugement à intervenir. 3
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