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LE PODIUM
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Entretien réalisé par
Brigitte BLOIS
CTN formation - FFHB
Photos : © Stéphane Pillaud
APPROCHES DU HANDBALL – NOVEMBRE 2015 # 1 50
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pactualité
Estelle NZEMINKO
Chloé BULLEUX
Gérer une équipe implique de faire
des choix et de mettre en place des
stratégies. C’est le cas d’Alain
Portes, entraîneur de l’équipe de
France féminine qui va disputer le
championnat du Monde au Danemark, du 5 au 20 décembre 2015.
APHB. Pouvez-vous nous
rappeler le parcours de l’équipe
de France depuis votre arrivée ?
Alain PORTES
Alain Portes. Voilà bientôt deux
ans que je suis en charge de
l’équipe de France féminine avec
laquelle j’ai vécu 2 grandes compétitions. En 2014, on se classe
5ème au championnat d’Europe. En
2013, nous perdons en quart de
finale du championnat du Monde
contre la Pologne pour terminer
6ème. Un seul but nous a manqué pour aller en demifinale.
Sur ces 2 compétitions, j’ai un peu d’amertume car le
dernier carré n’était pas si loin. Notre souhait est de
remonter sur le podium, même si nous souffrons de la
comparaison avec les masculins. Les joueuses disent
que c’est une source de motivation et d’inspiration.
C’est surtout une grosse pression…
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APPROCHES DU HANDBALL – NOVEMBRE 2015 # 1 50
APHB. Quels constats pouvez-vous faire ?
A.P. Un petit but nous manque à chaque fois et toujours pour les mêmes raisons. Si on commence les
compétitions sur un bon niveau, on baisse sur la
deuxième semaine par manque de qualités physiques.
Nous avons aussi une incompétence dans les tirs de
près. Sur les statistiques de l’Euro 2014, en pourcentage de réussite nous sommes classés derniers ! Nous
manquons de savoir-faire et les joueuses sont maladroites dans la qualité des passes et des réceptions.
Ceci est meurtrier dans la money time, comme contre
l’Allemagne par exemple. Ces défaillances techniques
nous posent des questions et c’est un gros chantier à
mettre en œuvre.
APHB. Vous avez des pistes de progression à
proposer aux joueuses ?
A.P. Comme nous n’avons pas LA joueuse extérieure
au groupe actuellement qui, en arrivant, pourrait
résoudre ces problèmes, il faut faire progresser individuellement les joueuses ! Tout le monde nous parle
du mental. Mais si la joueuse est forte physiquement
et techniquement et que l’équipe a la maîtrise de la
tactique, elle se construira son mental. Nous allons
donc nous orienter vers le physique, la technique et la
tactique qui amèneront une prise de confiance individuelle et collective. Un travail physique complémen-
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Laura GLAUSER
taire semble indispensable pour exister au niveau
international. Au niveau technique, la progression doit
passer par l’aisance balle en main. Nous nous posons
des questions avec les collègues des pôles espoirs sur
la position du bras, trop basse, qui ne permet pas de
marquer à ce niveau de jeu. Le volume d’entraînement
règle beaucoup de problèmes d’aisance technique
avec la balle. Il nous faudra également prendre en
compte, dans les entraînements, que les filles ne sont
pas aussi « joueuses » que les garçons.
D’un point de vue tactique, nous ne possédons pas la
joueuse qui inscrira des buts toute seule. Cela nous
oblige à avoir un jeu d’attaque en mouvement avec de
la précision et de la variété. Faire les enclenchements
est une chose. Les maîtriser en est une autre. Il faut
avoir les bonnes courses et surtout donner du sens à
ce que l’on fait. Cela demande une vraie compréhension et de la répétition pour se l’approprier. Il faut aussi
savoir lire une défense et là, dans la formation, il y a
aussi un gros chantier…
APHB. Quel profil de joueuses recherchez-vous
pour ce projet ?
A.P. Il nous faudra des joueuses adaptées aux formes
de jeu mises en place avec du mouvement, des
enclenchements à plusieurs sorties ou solutions. Des
joueuses qui doivent percevoir les situations et, en
priorité, adhérent aux constats réalisés. Elles doivent
être athlétiques pour jouer 7 matches en 15 jours.
Elles doivent être habiles balle en main et ambitieuses. N’oublions pas qu’elles ont signé une charte
et en ont fixé les objectifs.
APHB. Quelle est votre stratégie globale ?
A.P. Il faut se qualifier aux grandes compétitions pour
être confronté à des situations d’enjeu et de stress.
C’est le meilleur moyen pour faire progresser les
joueuses et l’équipe. Les Jeux Olympiques arrivent et
nous pensons déjà à l’Euro 2018. D’où notre tendance
à chercher des jeunes à profil.
Nous cherchons des plages de travail en stage pour
faire progresser individuellement les joueuses. Ce
n’est pas en 6 jours de stage que l’on peut les transformer, mais on les sensibilise. Je discute aussi beaucoup avec les entraîneurs des clubs pour les informer
et les sensibiliser à ce travail. Le gainage, le tir au
près, la fixation vers le but sont les priorités actuelles.
Pour ce qui est de notre jeu collectif, nos adversaires
reconnaissent que nous sommes difficiles à jouer car
nous avons un jeu varié. Sauf que le Monténégro n’a
que 2 enclenchements depuis 8 ans et est toujours
dans le dernier carré. Cela me questionne. La variété
est quand même plus une richesse qu’un handicap.
Encore faut-il la maîtriser !
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