START-UP - Entomo Farm
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START-UP - Entomo Farm
18 décembre 2015 Acteurs N° 183 © Green News Techno START-UP Entomo Farm industrialise la production d’insectes Particulièrement prometteuse à moyen et long terme pour répondre à l’enjeu des protéines alternatives, la filière des insectes émerge en Europe via quelques start-up, notamment dans un premier temps dans un but d’alimentation piscicole et animale (les deux seules voies autorisées) avant un élargissement programmé de la réglementation européenne d’ici 2017 et un déploiement parallèle de production de molécules à valeur ajoutée. Le marché piscicole est notamment prioritaire pour le remplacement des farines de poissons qui sont aujourd’hui importées à 70 % et dont la traçabilité et la qualité (pollution) ne sont pas évidentes. Pour accompagner ce mouvement qui semble inéluctable, Entomo Farm, récent nominé au concours Génopole pour l’environnement, l’agronomie et l’industrie, se propose de concevoir et fabriquer des outils de production d’insectes à très haut rendement, selon un modèle industriel. Très concrètement, Entomo Farm se décrit comme un équipementier de la filière insectes, développant des briques techniques permettant de gérer industriellement les conditions d’élevage en fonction du niveau de maturité des insectes (température, hygrométrie, éclairage, alimentation), les opérations de récolte, de tri et d’abattage mais aussi facilitant la maintenance. La jeune entreprise est donc à même de vendre des installations « clés en mains » à des pisciculteurs qui font eux-mêmes leur mix alimentaire ou à des industriels de l’agro-alimentaire (animale et après humaine) qui vont sécuriser leur appro- visionnement avant leurs étapes de transformation. En industrialisant et en optimisant les processus d’élevage et de récolte, pour sortir de procédures artisanales, cela permet de réduire les coûts de production mais aussi de répondre plus facilement à des exigences de sécurité sanitaire ou de traçabilité. L’approche d’Entomo Farm permet par exemple sur l’opération de tri d’augmenter la cadence de plus de 50 fois par rapport à un tri artisanal : soit 900 kg triés sur la journée au lieu de 3 kg en une heure et demi. Certains processus ont ainsi été pensés par les fondateurs de la start-up, auxquels sont aussi ajoutées des briques issues de partenariats, et notamment dans le domaine de la gestion des automates ou de la gestion énergétique, développées en partenariat avec Schneider Electric. Au-delà de cette compétence en conception industrielle (de 15 t/an pour un petit pisciculteur à 1 000 t/an pour une grande usine), Entomo Farm intègre une connaissance approfondie du monde de l’entomologie, permettant de définir le cahier des charges optimal en fonction de l’espèce élevée et donc de fournir réellement des unités industrielles « clés en mains ». Pour l’instant, trois espèces ont été retenues : le ver de farine (alimenté en coproduit meunier), les grillons et les criquets (alimentés en végétaux). Un élargissement de l’offre est à terme possible, l’idée étant de penser la conception des unités de manière assez standardisée mais en permettant une adaptation aux différents cas spécifiques d’élevage. Vis-à-vis d’autres experts de l’élevage d’insectes (typiquement des sociétés telles qu’Ynsect), Entomo Farm peut bien sûr se situer uniquement dans un cadre de fournisseur d’unités industrialisées optimisées répondant au cahier des charges de l’exploitant. A ce jour, Entomo Farm a finalisé une installation pilote sur le site de Blanquefort en Aquitaine (une grande région piscicole) : une unité de 56 m2 capable de produire 15 t/ an et conçue autour de modules conteneurisés (deux conteneurs en l’occurrence). La production est aujourd’hui en cours. Selon le dimensionnement choisi, cette conception en conteneurs (donc modulable) peut laisser la place à une conception en bâtiment industriel plus traditionnel, ce qui devrait être le cas pour le marché agro-alimentaire où les volumes de production d’insectes seront impérativement importants. Pour accélérer sa R&D (sur les autres espèces et l’optimisation des processus industriels), et livrer un premier client, la start-up est aujourd’hui à la recherche de fonds : environ 500 k€, dont une partie à travers une campagne lancée sur SoWeFund pour 400 k€ et un complément auprès de Business Angels. Entomo Farm Grégory Louis, CEO > [email protected] > 06 42 26 84 72 Clément Soulier, CTO > [email protected] > 06 80 25 77 81 Une voie propre et non OGM pour de futurs édulcorants En alternative à l’aspartam, édulcorant artificiel connu depuis une cinquantaine d’année, a émergé sur le marché le Stevia, une molécule sucrante naturelle issue des plantes. Celle-ci ne répond cependant pas totalement aux attentes du marché du fait d’un goût amer et de son coût élevé. C’est donc pour pallier cette double problématique que devrait se créer en début d’année la société StevLife, récente nominée au concours Génopole. L’idée de StevLife est de produire les stéviols via des bioréacteurs à partir de germes de plantes, à la fois pour augmenter les rendements (quantités d’extraits valorisables et vitesse du cycle de production), mais également pour orienter le métabolisme naturel de la plante et l’inciter à produire les stéviols d’intérêt, c’est-à-dire les non-amers. Naturellement, les stéviols non amers représentent 3,5 % : en stimulant la plante via des éliciteurs et des micropeptides (mais sans modification génétique de la plante), on pourra augmenter le taux de ces stéviols (dits D et M) et inhiber la production des stéviols amers. Ce savoir-faire sur l’usage des micropeptides sur des plantes a déjà fait ses preuves avec Alkion Biopharma qui s’est concentrée pour sa part aux marchés pharmaceutiques et cosmétiques. Il s’agit donc avec StevLife d’une diversification, la future start-up devenant la spin-off d’Alkion. Le développement doit donc porter sur l’optimisation de ces usages en bioréacteurs, le mode optimal d’injection, le cycle de production etc. Entre l’augmentation de la quantité totale de steviols, l’augmentation du taux de « bons » stéviols, et la multiplication par dix du nombre de cycle de production par rapport à une production de plantes en champ, la production de stevia non amer pourrait être augmentée d’un facteur 1 000 voire plus. L’objectif industriel est d’être en capacité de produire 1 kg de ce nouveau stevia d’ici 18 mois environ puis cible une capacité d’une centaine de tonnes dans les années suivantes. A noter que le projet intègre les processus d’extraction propre (au CO2 supercritique), de purification et de stérilisation de masse, et s’intéresse également aux potentielles co-valorisations des pigments, huiles et autres co-produits de la plante. StevLife Franck Pradier > [email protected] > +39 3 666 96 05 91 Alkion Biopharma > [email protected] > 01 60 87 89 36 2