l`exemple de l`interprétation du pronom "lui"
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l`exemple de l`interprétation du pronom "lui"
L'origine des difficultés de compréhension de l'écrit à l'école primaire : l'exemple de l'interprétation des pronoms personnels objets "lui" au CE2. Introduction La lecture étant une activité complexe, les difficultés en lecture peuvent avoir de multiples origines. On peut tout d'abord séparer celles qui résultent d'erreur de décodage de celles mettant en jeu la compréhension. En effet, il existe en relatif consensus pour diviser la lecture en deux composantes principales. L'une, spécifique à l'activité de lecture, est appelée décodage, et l'autre, qui apparaît aussi dans le traitement du langage oral, est appelée compréhension. Cette distinction à conduit certains auteurs ( Gough, Hoover et Peterson, 1996) à modéliser la lecture comme le produit du décodage et de la compréhension représenter par la formule : l = d x ci où d et c peuvent évoluer entre 0 et 1. D'autres, comme Pearson (2000), ont proposé d'ajouter une troisième composante pour prendre en compte les stratégies de compréhension utilisées par les lecteurs. Ce modèle complexe peut être résumé par la formule l = d x c x stratcii. Pearson ne fournit pas de preuve expérimentale directe de la supériorité de son modèle sur le modèle simple. Il s'appuie sur les résultats de recherches sur l'enseignement de stratégies qui montrent que le niveau de compréhension en lecture peut être amélioré par un entraînement à l'utilisation de stratégies employées par les bons lecteurs (Palincsar & Brown, 1984, Bauman, 1986, O'sullivan & Pressley, 1994). On peut constater que dans ces deux modèles, lorsque le décodage est maîtrisé, c'est à dire, lorsque d=1, la lecture dépend essentiellement de la compréhension (et des stratégies de compréhension si on soutient le modèle complexe de la lecture). Après plusieurs années d'apprentissage du code écrit, chez la majorité des apprentis lecteurs, la part de la compréhension dans la réussite de la lecture va donc être majeure. C'est alors dans les difficultés de compréhension qu'il faut rechercher une des sources principales des problèmes en lecture. Plusieurs domaines de l'activité de compréhension semblent mal maîtrisés par les lecteurs qui présentent des difficultés de compréhension: Tout d'abord une faible habileté à produire des inférences. Les sujets qui ont le plus de difficultés à comprendre des textes sont aussi ceux qui produisent le moins d'inférences (Barnes et Dennis, 1996). Il paraît possible que, soit ces sujets ne réalisent pas qu'il est nécessaire de produire des inférences pour extraire la signification du texte, soit ils n'arrivent pas à accéder aux connaissances impliquées et à les intégrer avec les informations textuelles. De même ces sujets ont des difficultés à interpréter les anaphores (Yuill et Oakhill, 1991; Bianco, 1996) dont le traitement implique aussi l'accès à des informations stockées en mémoire ainsi qu'un traitement de ces informations. Une seconde source de difficultés est une mauvaise appréhension de la structure textuelle. Selon les résultats obtenus par Cain (1996) avec des enfants de 8 ans, il semble que les plus faibles compreneurs aient un déficit de connaissances sur la façon dont les textes, particulièrement les narrations, sont organisés. De même, ils savent moins bien que les autres lecteurs utiliser les informations présentes dans les titres. Or ces deux types de déficits peuvent affecter la construction de la représentation des textes en empêchant l'organisation et la mise en relation des informations contenues dans différentes parties du texte (Idol, 1987). Une troisième source de difficultés potentielles est la gestion de la compréhension. Les faibles compreneurs ont des difficultés à identifier les incohérences et à évaluer leur propre niveau de compréhension (Brand-Gruwel et col., 1998). Il semble que ces difficultés proviennent d'une tendance à ne retenir qu'une interprétation unique du texte (Ruffman, 1996). Les informations qui ne correspondent pas avec cette interprétation ne sont pas prises en compte pour la construction de la représentation du texte. Il semble que l'un des points communs à ces sources de difficultés potentielles soit la capacité de la mémoire de travail (Perfetti, Marron et Foltz, 1996; Just et Carpenter, 1992). En effet, l'une des caractéristiques des sujets qui éprouvent le plus de difficultés à comprendre un texte est leur faible capacité à intégrer des informations provenant de différentes parties du texte. Ce type de tâches implique à la fois une composante de stockage d'informations et une composante de traitement qui sont toutes deux gérées en mémoire de travail. Plus la capacité de la mémoire de travail est faible, plus la concurrence entre stockage et traitement est forte. C'est à dire que les sujets qui ont une mémoire de travail de faible capacité, ce qui semble être une des caractéristiques des sujets qui comprennent le moins bien les textes, ne pourront pas à la fois maintenir un grand nombre d'informations en mémoire et effectuer simultanément des traitements sur ces informations. Selon Oakhill et Yuill (1996, p82) "les bons compreneurs sont meilleurs pour produire des inférences, gérer leur compréhension, interpréter des anaphores et extraire la structure narrative parce qu'ils ont une mémoire de travail plus efficace". Toutefois, les différences de capacité de la mémoire de travail ne peuvent pas rendre compte à elles seules des différences interindividuelles de compréhension. Et d'autres aspects du traitement du langage, comme les capacités métacognitive, sont souvent évoqués (Cornoldi, De Beni et Pazzaglia, 1996). En fait, il semble que touts ces facteurs peuvent potentiellement induire des difficultés de compréhension, mais qu'ils ne peuvent pas forcément être tous invoqués pour expliquer le faible niveau de compréhension d'un lecteur particulier ( voir Cornoldi, De Beni et Pazzaglia, 1996) L'un des dispositifs textuels faisant intervenir aussi bien le stockage d'informations que leur traitement est l'anaphore. On dit qu'il y a anaphore lorsqu'un terme doit être interpréter en référence à un autre terme déjà apparu dans le discours pour acquérir une signification. Parmi les différentes classes de dispositifs anaphoriques, les pronoms ont particulièrement été étudiés. Ils possèdent en effet des caractéristiques intéressantes pour la recherche sur le traitement des anaphores. Tout d'abord, ils possèdent une signification propre minimale. Cette signification se réduit au fait qu'ils renvoient à un référent qui possèdent généralement le même genre et le même nombre que le pronom. Leur interprétation est donc déterminée par la relation anaphorique. Ensuite, ce sont des mots courants, morphologiquement simples, qui possèdent des propriétés syntaxiques bien définies et dont le décodage est maîtrisé de façon précoce. Enfin, à l'école primaire, un grand nombre d'élèves éprouve des difficultés pour interpréter les pronoms pendant la lecture (Rémond, 1993, Bianco, 1996). On dispose d'un ensemble d'informations sur la façon dont les enfants interprètent les anaphores et sur les stratégies qu'ils emploient pour déterminer la référence des pronoms personnels sujets aussi bien à l'oral qu'à l'écrit (Oakhill & Yuill, 1986, Garrod & Sanford, 1994). D'une façon générale, les enfants fondent tout d'abord leurs interprétations sur la saillance des référents potentiels. Dans un premier temps, ils prennent seulement en compte la saillance locale, ce qui donne lieu au choix du référent le plus récemment cité, puis au choix du référent possédant le statut syntaxique le plus central localement (l'agent). On observe ensuite la prise en compte de la saillance globale des référents, avec le choix du personnage principal comme référent des pronoms sujets. Parallèlement à cette évolution, on assiste à l'utilisation des critères morphologiques de genre et de nombre pour déterminer la référence des pronoms. Ce n'est que tardivement que les enfants acquièrent la capacité d'utiliser les informations sémantiques pour déterminer la référence des anaphores pronominales. On dispose par contre de peu d'informations sur l'interprétation des pronoms compléments d'objets. Les résultats expérimentaux montrent toutefois que, pour les enfants, leur interprétation est plus difficile que celles des pronoms sujets (Rémond, 1993), et que ces difficultés pourraient perdurer jusqu'à la fin de l'école primaire (Lima et Bianco, 1999). Ainsi, les résultats obtenus par Lima et Bianco (1999) montrent que les élèves de CE2 et de CM2 interprètent correctement moins de 40% des pronoms "lui" lors de la lecture de textes courts. Le résultat majeur observé lors de cette expérience est que le pronom "lui" est majoritairement interprété en référence au sujet syntaxique de la phrase dans laquelle le pronom apparaît. Les auteurs avaient formulé deux hypothèses pour rendre compte de ce résultat. La première repose sur une mauvaise utilisation des propriétés syntaxiques du pronom "lui" qui entraînerait une interprétation réfléchie. La seconde fait intervenir l'effet du traitement du pronom "il" qui précédait le "lui", et qui entraînerait soit une diminution des ressources cognitives disponibles, soit une augmentation de l'accessibilité du référent du "il". Cette expérience a donc été conçue pour tenter de déterminer, parmi ces deux hypothèses, celle qui conditionne l'interprétation réfléchie du pronom "lui" conjoint. exemple 1 a) Pierre regardait devant lui. b) Pierre regardait Paul. Il était assis en face de lui. c) Pierre regardait Paul. Il lui souriait. L'analyse des propriétés syntaxiques du pronom "lui" peut permettre de cerner les raisons qui pourraient conduire les enfants à l'interpréter de façon réfléchie. En effet, contrairement au "le" qui, dans sa forme pronominale, est toujours employé comme pronom objet et n'occupe qu'une fonction dans le système des pronoms personnels, le pronom "lui" peut être employé de manière réfléchie (exemple 1a) ou non réfléchie (exemple 1b et c). Il peut être conjoint, donc précéder le verbe (exemple 1c), ou être un pronom disjoint placé après le verbe (exemple 1a et b). C'est à dire que sa position dans la phrase n'est pas constante. Il faut noter que, lorsqu'il est conjoint, il occupe une position entre le sujet et le verbe qui est celle de certains pronoms réfléchis comme "se". On peut penser que ces multiples "visages" du pronom "lui" n'en facilitent pas l'interprétation. Le fait qu'il puisse être employé de façon réfléchie ou non réfléchie, et que, lorsqu'il est non réfléchi, il puisse occuper la position habituelle de certains pronoms réfléchis pourrait conduire les enfants à attribuer au pronom "lui" des propriétés syntaxiques erronées. Ces propriétés particulières pourraient amener les jeunes lecteurs à interpréter le pronom "lui" uniquement de façon réfléchie. En effet, des travaux s'appuyant sur la théorie du gouvernement et du liage (Chomsky, 1987) tendent à montrer que dans les langues qui acceptent un usage réfléchi et non réfléchi des pronoms, les enfants commenceraient par interpréter tous les pronoms, y compris ceux qui sont toujours non réfléchis, de façon réfléchie (voir Jakubowicz 1995). Or, cette interprétation réfléchie de l'ensemble des pronoms pourrait se prolonger jusqu'à 6 ou 8 ans, selon les études (Chien et Wexler, 1990; Koster, 1995). Expérience Hypothèses 1- Notre première hypothèse expérimentale est que les enfants interprètent le pronom "lui" de façon réfléchie, et donc, que ce n'est pas la présence d'un pronom sujet "il" qui entraîne l'interprétation en faveur du sujet que nous observons dans l'expérience précédente. Pour tester cette hypothèse, on comparera l'incidence de la présence de la forme nominale ou pronominale du sujet grammatical précédant le pronom "lui". En effet, On peut supposer que si les élèves interprètent le pronom "lui" de façon réfléchie, cette interprétation se maintiendra qu'elle que soit la forme, nominale ou pronominale, du sujet syntaxique précédant le pronom. 2-Notre seconde hypothèse expérimentale stipule que si le pronom "lui" , en tant que pronom libre, est interprété sur la base de la saillance des référents, alors, lorsque le matériel comporte la séquence "il lui", l'antécédent rendu saillant par l'interprétation de "il", deviendra l'antécédent privilégié pour interpréter "lui". Pour tester cette hypothèse, on cherchera à déterminer l'impact de la fonction syntaxique, sujet ou objet, de l'antécédent du pronom "lui" sur son niveau d'interprétations exactes. En effet, si les sujets emploient une stratégie d'interprétation faisant intervenir la saillance des référents en présence, ils doivent référer le pronom "lui" au référent qu'ils ont attribué au pronom "il". Lima et Bianco (1999) ont montré que le pronom "il" était mieux interprété lorsqu'il référait au sujet de la phrase précédente. Nous devrions donc observer plus d'erreurs d'interprétation des pronoms "lui" lorsque l'antécédent des pronoms "il" occupe la fonction de sujet, et que l'antécédent du "lui" occupe la fonction d'objet. 3-Enfin, notre troisième hypothèse expérimentale avance que les questions faisant intervenir une interprétation explicite du pronom sont responsables des faibles performances observées dans l'expérience de Lima et Bianco (1999). En effet, La question posée dans cette expérience: "Indiquez sous le pronom mis en gras, le mot qu'il remplace" implique une interprétation explicite du pronom. Cela nécessite au minimum de la part du sujet la mise en œuvre d'un processus d'interprétation du pronom. Or, les travaux de Greene, Mc Koon et Ratcliff (1992) montre que la rencontre avec un pronom n'implique pas toujours l'attribution d'un référent unique. Selon les auteurs l'attribution de la référence se fonde sur l'accessibilité des entités présentes dans le focus attentionnel et sur leur compatibilité morphologique avec l'anaphore. L'entité morphologiquement compatible la plus accessible sera choisie comme référent. Lorsque plusieurs entités, ayant une accessibilité proche dans le modèle discursif, entrent en compétition pour l'attribution de la référence du pronom, la proposition contenant le pronom sera mise en relation, de façon automatique, avec chaque référent potentiel. L'interprétation définitive du pronom sera alors soit différée jusqu'à ce que le contexte fournisse des éléments permettant de fixer l'interprétation, soit déterminée à l'aide d'un processus stratégique. Lorsque que la détermination précise de la référence d'un pronom n'est pas essentielle à la compréhension du discours, elle pourrait ne pas être effectuée (Webber, 1983). On peut supposer que les questions explicites sur la référence des pronoms peuvent contraindre les sujets à produire une interprétation précise en s'engageant dans un processus stratégique. Alors que cette interprétation pourrait ne pas être effectuée lors de la simple lecture du texte. On a cherché à éprouver cette hypothèse en posant des questions nécessitant une interprétation explicite des pronoms "lui", et des questions ne nécessitant qu'une interprétation implicite de ces pronoms qui peut alors se fonder uniquement sur le contexte sémantique. Si notre hypothèse est exacte, c'est à dire, si les enfants ne s'engagent pas spontanément dans un processus d'interprétation des pronoms "lui" mais qu'ils se fondent sur le contexte sémantique pour comprendre les phrases incluant un "lui", alors, les questions implicites induiront plus de réponses exactes que les questions explicites. Matériel expérimental Exemple 2 : antécédent sujet a) Alain demande à François de l’aider à effacer le tableau. Il lui refuse ce service. A qui refuse-t-on un service ? b) Alain demande à François de l’aider à effacer le tableau. François lui refuse ce service. Quel mot a été remplacé par lui ? Exemple 3 : antécédent objet a) Pendant la leçon d’histoire, Marc questionne André sur la vie au moyen âge. Marc lui demande le nom d’un roi. A qui demande-t-on le nom d’un roi ? Le matériel est composé de deux tests comprenant chacun 12 paragraphes de deux phrases. La première phrase introduit deux personnages sous forme nominale, l'un a la fonction de sujet grammatical, l'autre celle d'objet. Cette phrase contient un verbe de valence neutreiii. Dans la phrase suivante, un des personnages est repris avec la fonction d'objet indirect sous la forme pronominale "lui". Ce pronom a soit le sujet syntaxique (Exemple 2 a et b), soit l'objet syntaxique de la phrase précédente comme antécédent (Exemple 3 a). Selon le test, l'autre personnage occupe la fonction de sujet soit sous la forme pronominale "il" (Exemple 2 a) soit par reprise de la forme nominale (Exemple 2 b et 3a). La question posée est soit une question explicite (Exemple 2 b) soit une question implicite (Exemple 2 a et 3 a). Procédure Les passations ont eu lieu collectivement en classe. Pendant la première séance les élèves ont complété l'un des deux protocoles. Afin de s'assurer que les élèves comprenaient bien la tâche demandée, trois exemples ont été présentés collectivement avant la passation des tests. Dans six énoncés, il fallait produire une interprétation explicite du pronom "lui", dans les six autres, c'était une interprétation implicite qui était demandée. Lors d'une seconde séance, les élèves ont répondu à un test de compréhension en lecture (le test de lecture silencieuse de l’INETOP). Plan d'expérience Trois variables indépendantes ont été manipulées au cours de cette expérienceiv. -la forme de Reprise de l'antécédent non pertinent qui occupe la fonction de sujet syntaxique dans la phrase contenant le pronom "lui". Le sujet pouvait être soit un pronom "il" (R1), soit une répétition du nom ou du prénom (R2). -la fonction syntaxique de l'antécédent pertinent qui pouvait occuper la fonction sujet (A1) ou la fonction objet (A2). -la formulation de la question qui pouvait soit entraîner un traitement implicite du pronom "lui" (Q1), soit impliquer un traitement explicite du pronom "lui" (Q2). La variable dépendante est le nombre d'interprétations correctes (entre 0 et 12). Sujets 66 élèves de CE2 scolarisés dans des écoles situées en zone rurale ont participé à l'expérience. 36 élèves (âge moyen 9 ans) ont reçu des protocoles avec sujet pronominal et 30 élèves (âge moyen 8 ; 8 ans) ont reçu des protocoles avec sujet nominal. Les sujets des deux groupes obtiennent des scores au test de compréhension en lecture qui ne sont pas significativement différents. Résultats Le dépouillement à porté sur le nombre d'interprétations correctes. Les analyses statistiques ont été réalisées à l'aide d'une procédure d'analyse de la variance (ANOVA). Les différences observées sont considérées comme statistiquement significatives lorsque la probabilité de faire une erreur en affirmant cette différence est inférieure à 5%. On admettra une tendance à la significativité des différences observées lorsque la probabilité est comprise entre 5% et 10%. Antécédent Antécédent sujet objet Sujet nominal 67% 72% 69% Sujet pronominal 41% 42% 42% Total 54% 57% 56% Total Tableau I : pourcentage de réponses correctes en fonction de la forme du sujet et de la fonction de l'antécédent L'analyse des résultats permet d'affirmer que les pronoms "lui" sont globalement mal interprétés puisqu'on obtient 56% d'interprétations correctes pour l'ensemble des questions (voir Tableau I). Les résultats ne confirment pas notre première hypothèse puisqu'on observe une différence significative du niveau d'interprétations correctes selon la forme nominale ou pronominale du sujet. Le pronom "lui" n'est donc pas interprété comme un pronom réfléchi. Cette différence permet d'affirmer que la présence d'un pronom sujet "il" entrave l'interprétation du pronom objet "lui". La fonction syntaxique de l'antécédent du "lui" n'a pas d'influence sur son interprétation. Puisqu'en moyenne 54% des pronoms à antécédent sujet et 57% des pronoms à antécédent objet sont correctement interprétés. Ce résultat se maintient lorsque le sujet est sous forme pronominal puisqu'on obtient 45% de réponses correctes lorsque l'antécédent a la fonction de sujet et 45% avec les antécédents objets . Cela démontre que ni la fonction de l'antécédent du pronom "il" qui influence le niveau d'interprétations correctes de ce pronom, ni celle de l'antécédent du "lui", n'entraîne de variation de l'interprétation du "lui". On peut en conclure que l'attribution de la référence du "lui" ne se fonde pas sur la saillance des référents. On peut alors supposer que c'est l'association des deux pronoms "il" et "lui" qui entraîne une chute des performances lorsque le sujet est sous forme pronominal. Cette diminution du niveau d'interprétations exactes pourrait être due à une diminution des ressources cognitives provoquée par le traitement successif des deux pronoms. On observe que la majorité des sujets testés présente des difficultés spécifiques pour interpréter explicitement les pronoms "lui". En effet, ces sujets obtiennent un meilleur score aux questions implicites qu'aux questions explicites (Q1>Q2). Ils produisent 69% de réponses correctes aux questions implicites alors qu'ils n'en donnent que 42% pour les questions explicites. On peut donc supposer que nos sujets expérimentaux ne produisent une interprétation des pronoms "lui" que lorsqu'on le leur demande explicitement. Dans ce cas, ils réfèrent le pronom "lui" au sujet qui le précède dans plus de 50% des cas. Nous avons vu que cette interprétation ne découle pas d'une utilisation réfléchie du pronom, ni de la saillance des référents potentiels. Elle pourrait alors se fonder sur le choix du référent le plus récent. 100,0% 80,0% 60,0% il lui 40,0% nom lui 20,0% 0,0% implicite explicite Figure 1: pourcentage de réponses correctes en fonction du type de questions et de la forme du sujet Il existe une interaction entre la forme de reprise du sujet et le type de question, cette interaction ne s'exprime qu'en tendance. L'écart entre le niveau d'interprétations correctes aux questions explicites et implicites est d'autant plus important que le nombre de pronoms à traiter dans la phrase est élevé (voir Figure 1). La présence du pronom "il" peut concourir de deux façons à cette dégradation du niveau d'interprétations correctes. Tout d'abord, le traitement de la forme pronominale du sujet peut augmenter de façon suffisante l'accessibilité de son référent pour qu'il soit préférentiellement choisi par un processus d'attribution automatique de la référence à l'entité la plus accessible. Ensuite, la diminution des ressources cognitives disponibles, due au traitement quasi-simultané de deux pronoms, peut empêcher l'utilisation d'un processus stratégique d'interprétation. Après cette première analyse, on peut affirmer qu'en majorité les élèves de CE2 étudiés n'interprètent pas le pronom "lui" comme un pronom réfléchi. Leurs interprétations ne semblent pas fondées sur la saillance des référents potentiels. Avec notre matériel textuel, il semble que, lorsqu'on ne les incite pas à enclencher un processus d'interprétation, les sujets ne fixent pas la référence des pronoms "lui". Quand plusieurs entités d'accessibilité équivalente sont présentes dans le focus attentionnel, le processus d'attribution automatique de la référence ne permettrait pas de dégager un référent unique. Dans le modèle discursif, Le rôle des différentes entités serait fixer par le contexte sémantique global. Lorsqu'une entité devient plus accessible que les autres, l'attribution automatique de la référence conduit à un résultat unique. Le "lui" serait interprété en référence à cette entité. Toutefois, l'analyse que nous venons de présenter repose sur des résultats moyens. Comme les résultats présentés ci-après vont permettre de l'illustrer, les élèves de CE2 étudiés n'interprètent pas le pronom "lui" de façon homogène. Sujet grammatical sous forme nominale Lorsqu'on se centre sur l'analyse des résultats des élèves qui devaient interpréter des pronoms "lui" précédés d'un nom, on note que les lecteurs testés présentent des variations de performances importantes, puisqu'ils fournissent entre 0% et 100% de réponses exactes avec une moyenne de 68.3% (e. t.= 31.1%). Une classification en trois groupes, par la technique d'agrégation de Wardv, permet d'analyser les résultats obtenus par les sujets qui traitent le pronom "lui" de façon homogène. Ces résultats sont présentés dans le Tableau II. Questions implicites Questions explicites Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 N=8 (26%) N=11 (37%) N=11 (37%) sujet objet sujet objet sujet objet 67% 79% 51% 67% 100% 100% 58% 87% 09% 06% 100% 100% Tableau II : pourcentage de réponses correctesvi en fonction du type de questions et de la fonction grammaticale de l'antécédent pour les trois groupes obtenus par la technique d'agrégation de Ward. Une analyse des résultats montre que les sujets qui appartiennent à ces trois groupes obtiennent des scores significativement différents et que cette différence de performance varie selon le type de questions, puisqu'il existe une interaction entre le facteur groupe et le facteur question. Toutefois, les sujets des trois groupes ne se différencient pas significativement par leurs scores au test de lecture silencieuse (voir Tableau III). Score Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 N=8 (26%) N=11 (37%) N=11 (37%) 20.6 19.3 23.9 Tableau III : Scores moyens au test de lecture silencieuse de l'INETOP des groupes déterminés par la technique d'agrégation de Ward groupe A 100% 80% 60% sujet 40% objet 20% 0% implicite explicite Figure 2: scores en fonction du type de questions et de la fonction grammaticale de l'antécédent pour le groupe 1 Les sujets du groupe 1 ont des performances qui varient selon le type d'antécédents. Ils identifient correctement 62 % des antécédents sujets, contre 83% des antécédents objets quel que soit le type de questions. Il semble donc que ces sujets interprètent systématiquement le pronom "lui" et que cette interprétation ne sélectionne pas le référent le plus récent ni celui qui occupe la fonction syntaxique la plus saillante (le sujet grammatical). On peut penser que ces sujets privilégient le dernier référent apparu dans la proposition précédente pour deux raisons. Tout d'abord parce qu'ils excluraient les référents appartenant à la proposition contenant le pronom, conformément aux propriétés syntaxiques des pronoms libres. Ensuite, parce qu'ils sélectionneraient le référent le plus récent dans la proposition précédente probablement à cause des limites de leur mémoire de travail. groupe B 100% 80% 60% sujet 40% objet 20% 0% implicite explicite Figure 3 : scores en fonction du type de questions et de la fonction grammaticale de l'antécédent pour le groupe 2 D'une façon générale, les sujets du groupe 2 obtiennent des scores assez faibles avec seulement 33% d'interprétations exactes. Cependant, leurs scores varient selon le type de questions. Avec 59% d'interprétations correctes, les questions implicites sont mieux réussies que les questions explicites (7% d'interprétations correctes). Il faut remarquer que le résultat obtenu pour les questions implicites est proche d'une réponse au hasard puisque avec deux référents possibles on obtient 59% de réponses correctes contre 50% pour le hasard. Cela pourrait provenir du fait que les sujets n'interprètent pas réellement le pronom "lui" mais lui attribuent arbitrairement la référence d'un des deux personnages présents dans le texte. Ce résultat peut être éclairé par la proposition de Greene, Mc Koon et Ratcliff (1992) selon laquelle une référence peut rester non résolue. Les faibles performances obtenues avec les questions explicites indiqueraient que les sujets du groupe 2 interprètent réellement les pronoms lorsqu'on le demande explicitement. Cette interprétation se fonde sur des procédures d'attribution de la référence du "lui" qui ne conduisent pas à l'interprétation correcte. La stratégie de récence de mention pourrait conduire à l'interprétation observée en faveur du sujet précédant le pronom. Les sujets du groupe 3 qui représentent près de 40% de la population, réussissent à répondre correctement dans 100% des cas, quel que soit le type de questions. On peut donc affirmer que leurs résultats ne confirment aucune de nos hypothèses. Ces sujets sont capables d'utiliser de façon adéquate les informations disponibles pour déterminer la référence du "lui". Ces résultats nous apprennent que les difficultés constatées dans l'expérience de Lima et Bianco (1999) pour l'interprétation du pronom "lui" continuent à apparaître dans une moindre mesure lorsque le "lui" n'est pas précédé d'un pronom "il". Il semble que, pour une partie de la population, c'était bien la présence d'un pronom sujet "il" qui gênait l'interprétation du "lui", mais que ce n'est pas le seul facteur qui explique la faiblesse des scores observés pour l'ensemble de la population. En effet, 60% des sujets ont des difficultés plus ou moins importantes pour attribuer correctement la référence des pronoms "lui" même lorsqu'ils sont précédés d'un nom. Chez 40% des sujets, ces difficultés sont plus importantes lorsqu'ils doivent explicitement interpréter les pronoms que quand ils peuvent répondre en se fondant sur le contexte sémantique. L'attribution de la référence du "lui" au sujet grammatical qui le précède montre que ces sujets produisent leurs interprétations en se fondant sur des procédures, comme le choix du référent le plus récent, qui n'aboutissent pas à l'interprétation correcte. Cette attribution de la référence en fonction de la récence de mention pourrait être la manifestation d'une procédure d'attribution automatique de la référence fondée sur un appariement avec l'entité la plus accessible. Chez les 20% restants, il semble que l'on observe une interprétation systématique du pronom et que cette interprétation privilégie le référent qui occupe la fonction d'objet grammatical dans la phrase amorce. Cette interprétation pourrait être le fruit de la prise en compte des propriétés syntaxiques du "lui" et d'une attribution de la référence fondée sur la récence de mention découlant de contraintes mnémoniques. Sujet grammatical sous forme pronominale Lorsque les sujets doivent interpréter un pronom "lui" précédé d'un sujet pronominal, on constate de nouveau que les sujets ayant reçu ce questionnaire ne forment pas un groupe homogène, les scores obtenus variant de 0% à 83% de réponses exactesvii avec une moyenne de 51% (e.t.=19%). Une classification à partir des scores obtenus au test d'interprétation de pronoms "lui" par la technique d'agrégation de Ward répartie les élèves dans trois groupes dont les scores moyens aux différents tests sont présentés dans le Tableau IV. Questions implicites Questions explicites Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 N=13 (36%) N=8 (22%) N=15 (42%) sujet Objet : sujet Objet : sujet Objet : 85% 87% 46% 83% 49% 33% 18% 15% 50% 71% 27% 11% Tableau IV : Pourcentage de réponses correctes selon le type de questions et la fonction grammaticale de l'antécédent pour les trois groupes obtenus par la technique d'agrégation de Ward On constate que les sujets des groupes identifiés ont des niveaux de compréhension en lecture significativement différents. Avec une moyenne de 15.7 seulement, les sujets du groupe 3 obtiennent des scores nettement inférieurs à ceux des sujets des groupes 1 et 2 au test de lecture silencieuse (voir Tableau V). Score (max=33) Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 N=13 (36%) N=8 (22%) N=15 (42%) 19.9 22.1 15.7 Tableau V : Scores moyens au test de lecture silencieuse de l'INETOP pour les trois groupes obtenus par la technique d'agrégation de Ward groupe A 100% 80% 60% sujet 40% objet 20% 0% implicite explicite Figure 4 : scores en fonction du type de questions et de la fonction grammaticale de l'antécédent pour le groupe 1 Les sujets du groupe 1 ont des scores qui varient selon le type de questions. Ils répondent de manière correcte à plus de 85% des questions implicites, alors qu'ils ne traitent correctement qu'environ 20% des questions explicites. Leurs performances ne diffèrent pas selon la fonction de l'antécédent du pronom. Ces résultats laissent penser que ces sujets n'interprètent pas le pronom "lui" lorsqu'ils n'y sont pas contraints. Ils ne seraient donc pas affectés par la diminution des ressources cognitives provoquée par l'interprétation du "il" lorsqu'ils répondent à des questions implicites. Quand on leur demande une interprétation explicite, ils pourraient enclencher un processus d'appariement automatique avec le référent le plus accessible. Compte tenu des faibles ressources disponibles, seul le dernier référent apparu dans le texte serait présent dans le focus attentionnel et donc accessible. groupe B 100% 80% 60% sujet 40% objet 20% 0% implicite explicite Figure 5 : scores en fonction du type de questions et de la fonction grammaticale de l'antécédent pour le groupe 2 Les sujets du groupe 2 ont des performances proches quel que soit le type de questions. Par contre, les résultats varient avec la fonction grammaticale de l'antécédent (voir Figure 5). On observe 77% d'attributions correctes de la référence lorsque l'antécédent est le complément d'objet grammatical alors que le pourcentage se réduit à 48% avec les antécédents sujets. Ce résultat est l'inverse de celui impliqué par notre seconde hypothèse. Il semble que ces sujets produisent systématiquement une interprétation du pronom "lui", et que cette attribution de la référence ne se fonde pas le choix du référent le plus saillant, mais sur celui du référent le plus récent de la proposition précédente. groupe C 100% 80% 60% sujet 40% objet 20% 0% implicite explicite scores en fonction du type de questions et de la fonction grammaticale de l'antécédent pour le groupe 3 Les scores obtenus par les sujets du groupe 3 varient selon le type de questions et selon la fonction de l'antécédent, sans qu'il y ait d'interaction entre ces deux facteurs. Comme on peut le voir dans la Figure 6, les questions explicites entraînent plus de mauvaises interprétations que les questions implicites. De même, les pronoms "lui" à antécédent objet sont moins bien interprétés que ceux à antécédent sujet. Il semble que les lecteurs appartenant à ce groupe ne produisent pas d'interprétation du pronom "lui" lorsqu'ils n'y sont pas contraints, et que, lorsqu'ils en produisent une, ils la fondent sur le niveau de saillance des référents potentiels. Les sujets produiraient une interprétation du "lui" sur la base d'un appariement automatique avec le référent le plus accessible dans leur focus attentionnel. Discussion Cette expérience montre de façon claire que le pronom "lui" n'est pas interprété de façon réfléchie. On peut donc considérer que ce ne sont pas les propriétés syntaxiques attribuées au pronom "lui" qui gênent son interprétation. L'analyse des résultats indique que la présence d'un pronom sujet "il" a une incidence négative sur l'interprétation du pronom "lui", mais que cette influence ne découle pas toujours du niveau de saillance acquis par le référent du "il". On peut penser que l'interprétation du pronom "il" consomme une partie des ressources cognitives nécessaires aux traitements interprétatifs du "lui", ce qui provoque en partie les erreurs d'interprétation observées. Toutefois, l'influence de cette diminution des ressources disponibles ne peut être perçue que si les sujets s'engagent bien dans un processus de traitement interprétatif du pronom "lui". Lorsque les sujets n'interprètent pas le pronom "lui", mais utilisent le contexte pour distribuer les rôles aux différents référents, les réponses exactes se maintiennent à un niveau élevé malgré la présence d'un pronom sujet. C'est ce qui se passe chez une partie des sujets lorsqu'on leur pose des questions implicites. Toutefois, une part importante de la population expérimentale (64% avec sujet nominale et 22% avec sujet pronominal) obtient un score identique quel que soit le type de questions. On peut supposer que ces sujets interprètent systématiquement les pronoms "lui" quand ils les rencontrent dans un texte. Lorsqu'ils interprètent le pronom objet. La référence est souvent attribuée au sujet grammatical qui précède le pronom. Cette interprétation, en faveur du sujet précédant, pourrait être la conséquence de l'application d'une procédure automatique d'appariement fondée sur l'accessibilité des référents. Plus les ressources cognitives sont faibles, plus le nombre de référents pouvant être maintenu dans le focus explicite est réduit. Cela conduirait à l'attribution de la référence du "lui" au seul référent présent dans le focus explicite, le plus récemment cité. Toutefois, une partie des sujets privilégie l'antécédent qui occupe la fonction d'objet dans la phrase précédente. On peut supposer que ces lecteurs sélectionnent le référent le plus récent compatible avec les propriétés syntaxiques des pronoms libres, qui excluent l'établissement d'une relation anaphorique dans une même proposition. Cette expérience a permis de montrer que parmi les lecteurs, des sujets qui ont un niveau semblable de compréhension en lecture, tel qu'il est couramment évalué, traitent différemment le pronom "lui". Certains semblent produire systématiquement une interprétation du pronom, alors que d'autres n'interprètent ce pronom que lorsque la tâche le nécessite. De même, certains semblent tenir compte des propriétés syntaxiques du pronom lors du processus d'interprétation, alors que ces propriétés n'interviennent pas chez d'autres. Ces disparités pourraient être attribuées à des capacités différentes de la mémoire de travail, à une gestion différente des ressources cognitives, à des degrés différents d'automatisation des procédures d'interprétation ou à des niveaux de connaissances syntaxiques divers. Les erreurs d'interprétations des pronoms objets qui peuvent affecter la compréhension peuvent donc avoir des origines variées. Cette analyse permet de penser que les tests qui sont couramment utilisés pour évaluer la compréhension en lecture ne sont pas suffisamment fins pour permettre de discriminer des sujets qui atteignent des niveaux de compréhension similaires en utilisant des procédures différentes. Cela montre l'intérêt d'outils qui peuvent permettre d'évaluer non seulement le résultat final du processus de compréhension mais aussi d'identifier les procédures cognitives intervenant au cours de ce processus. Nos résultats permettent de penser que c'est principalement l'utilisation d'une procédure d'interprétation automatique du pronom "lui" qui conduit une partie de la population expérimentale à mal interpréter ce pronom. Cette procédure automatique consommerait peu de ressources cognitives. C'est pour cette raison qu'elle serait employée. Elle conduit à fonder l'interprétation sur le choix du (ou des) référent(s), morphologiquement compatible(s), le(s) plus accessible(s). Les référents accessibles seraient contenus dans une partie de la mémoire de travail appelée focus explicite. Selon les ressources cognitives disponibles, le focus explicite pourrait contenir un nombre plus ou moins important de référents. Il semble que chez certains sujets, lorsque des traitements accaparent une part des ressources cognitives, le focus explicite puisse se réduire à un seul référent. Dans ce cas, c'est le dernier référent apparu dans le discours qui est maintenu accessible. La procédure d'attribution automatique de la référence du pronom aboutie au choix de ce référent. On constate que même lorsqu'elle est en contradiction avec le contexte sémantique, cette interprétation n'est pas modifiée. Cela signifie que les sujets n'utilisent pas de stratégie d'interprétation après la procédure d'attribution automatique de la référence, et qu'ils ne détectent pas les fausses interprétations. Bibliographie BARNES, M. A., et DENNIS, M. (1996). Reading Comprehension Deficits Arise From Diverse Sources: Evidence From Readers With and Without Developmental Brain Pathology, In C. Cornoldi et J. Oakhill (Eds), Reading Comprehension Difficulties. Processes and Intervention, Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates, 251-278. BAUMANN, J. F. (1986). Teaching third-grade students to comprehend anaphoric relationships: The application of a direct instruction model. Reading Research Quarterly, 21 (1), 70-90. BIANCO, M. (1996). 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