Cahier pédagogique LA JEUNE-FILLE ET LA MORT

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Cahier pédagogique LA JEUNE-FILLE ET LA MORT
Crédit photo : Émilie Baillargeon
Cahier pédagogique
LA JEUNE-FILLE ET LA MORT
Une production du Bureau d’APA
Du 25 au 28 février 2015 à 19h 1945, RUE FULLUM, MONTRÉAL Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected] L’équipe
Production Bureau de l’APA Texte Laurence Brunelle-­‐Côté et Simon Drouin, D’après le recueil du collectif de Tiqqun : Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-­‐Fille Conception Laurence Brunelle-­‐Côté, Simon Drouin, Stéphanie Béliveau (installation, objets et tableaux), Mélanie Drouin et Jérôme Bourque (conception du livre), Simon Elmaleh (musique), Alexandre Fatta, Pascal Robitaille et Zoé Laporte (conception des objets), Philippe Lessard-­‐Drolet (lumières) Performeurs-­‐interprètes Laurence Brunelle-­‐Côté, Marie-­‐Lou Cottinet, Simon Drouin, Gregory Elfesen, Simon Elmaleh, Robert Faguy, Daniel Fréchette, Bernard Langevin, Philippe Lessard Drolet, Jonasz Slovanski, Maxime Therrien Renseignements
Principaux thèmes abordés par le spectacle : Performance – interdisciplinaire – arts visuels – aliénation – capitalisme Tarif billet groupe scolaire : 22 $ (Espace Libre et Omnibus), 24 $ (NTE) Réservations de groupe : Marie Semel 514-­‐521-­‐3288 poste 5 [email protected] Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Page 2 sur 7 Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected] La Jeune-Fille et la mort Une œuvre indisciplinée, à voir si vous vous intéressez aux formes actuelles du spectacle vivant! LA DÉMARCHE ARTISTIQUE
Laurence Brunelle-­‐Côté et Simon Drouin sont des individus comme les autres qui cherchent à rendre compte adéquatement de la complexité de leur rapport au monde. Ils ont créé à cet effet le bureau de l’APA, structure indisciplinée et intelligente, dont le mandat consiste à générer des créations artistiques multiformes répondant largement et spécifiquement à la question : comment ce qui fait du sens fait-­‐il du sens ? Par conséquent, leur art est une science, celle qui s’intéresse à la manière qu’ont les choses de devenir signifiantes, de s’ancrer dans l’expérience humaine et de se relier les unes aux autres. Le sens étant ce qu’il est, il jaillit de partout et on ne peut jamais en faire le tour. On le trouve ici, et déjà il est ailleurs. Pour l’APA, il s’agit donc de trouver un moyen de saisir sans circonscrire, de prendre les choses par le bon bout. En partant de l’hypothèse qu’on sait plus qu’on pense, la pensée ordinaire, la vie quotidienne et les dénominateurs communs deviennent les matériaux de base à partir desquels l’APA questionne la manière de connaître et de se questionner. Et c’est ici que commence le nouveau théâtre. « Ce qui nous intéresse c’est de mieux comprendre les choses, mais les choses bougent. Nous nous intéressons donc à la trajectoire des choses. » Le bureau de l’APA suppose le « commentaire » comme langage premier. Il s’agit de commenter au fur et à mesure l’expérience que nous avons envie de faire vivre à la manière d’une «note en bas de page»; de faire en sorte que nos propos s’ajoutent aux éléments de réponses et de questions que nous envoyons par ailleurs (vidéo, musique, arts visuels, danse, performance, bande dessinée, livre, contorsion, ready-­‐made, etc). Le «commentaire» se rapproche de la conférence, nous nous adressons aux spectateurs directement, nous nous positionnons comme guides plutôt que comme personnages face aux situations créées. Non seulement le quatrième mur est tombé, mais on invite le public à l’intérieur. Toujours spectateur, pas tout à fait participant, il doit se questionner sur son rôle. On s’adresse à un public en situation d’apprentissage sans prétendre avoir quelque chose à lui apprendre. Il faut noter que les œuvres de l’APA sont destinées à un public diversifié et hétérogène et non pas aux seuls adeptes de formes d’expression contemporaines. L’indiscipline ? 1 Les créations de l’APA permettent et stimulent la rencontre d’artistes et d’artisans autour de projets artistiques suscitant la réflexion et la mise en commun d’expériences, de ressources et de savoir-­‐faire pluriels. Il s’agit de faire en sorte que les projets demeurent toujours au service d’une intention affranchie des exigences liées au travail disciplinaire. L’intelligence véritable ne doit pas perdre pied dans les vases clos. Le bureau de l’APA se rapproche donc d’un atelier de bricolage indiscipliné en art vivant. 1
Référence sur l’indiscipline artistique : http://www.mouvement.net Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Page 3 sur 7 Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected] Puisque les expertises attendues et les connaissances préalables ne sont pas mises en jeu, il faut partir à la recherche de solutions hors-­‐pistes et réinventer ailleurs la notion de virtuosité. En s’approchant du bricolage, on s’éloigne de l’uniformité et de la standardisation. Il s’agit, en quelque sorte, d’un plaidoyer en faveur de la débrouillardise et de l’intelligence. Les résultats et les conclusions émergent d’eux-­‐mêmes à force d’improvisation et d’adaptation aux circonstances. Art et handicap ? L’APA fait un art intégré qui mise sur la mixité. Laurence est une personne handicapée. Simon n’en est pas une. Cette question ne peut pas s’éviter et peut même faire partie des réponses artistiques. Affirmer les possibilités artistiques de l’APA, c’est un peu prendre position pour la fin des catégories étroites et stigmatisantes. Les créations de l’APA ne traitent pas du handicap. Bien sûr, en situation spectaculaire, le fauteuil de Laurence devient signifiant. Le corps, la façon de bouger, la voix de Laurence sont aussi des moteurs de création. Il ne s’agit pas de gommer les différences ou d’éviter le sujet, mais bien d’admettre que le spectre des préoccupations des personnes handicapées est plus large que celui du handicap. L’enjeu central se trouve probablement dans les façons dont les différences peuvent stimuler les créations, forcer à emprunter de nouvelles avenues, bousculer les façons de faire traditionnelles. Scène du spectacle. Crédit photo : Nicolas Tondreau Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Page 4 sur 7 Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected] LA JEUNE-FILLE ET LA MORT Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille
Cette création du Bureau de l’APA a d’abord pris racine autour du recueil d’aphorismes Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-­‐Fille2 de Tiqqun. Il ne s’agit pas d’un texte de théâtre a proprement parlé. Tiqqun est le nom sous lequel le recueil a été publié. Tiqqun est un collectif philosophique dont chacun des membres agit de manière anonyme; on ne peut donc pas identifier clairement les auteurs des premiers matériaux. Les réflexions politiques3 de Tiqqun relèvent de l’ultra gauche et se rapproche parfois de certaines idées développées par des courants de l’anarchisme. On peut faire un lien direct entre « le spectacle », que dénoncent les situationnistes4, et la Jeune-­‐Fille de Tiqqun. La Jeune-­‐Fille est l’emblème de la société du spectacle, son symptôme, la racine du mal et une véritable pathologie sociale à la fois. Si nous écrivons Jeune-­‐Fille avec un trait d’union, c’est qu’il s’agit d’un concept et non pas que de la retranscription concrète d’une fille qui serait jeune. La Jeune-­‐
Fille est sans âge et sans genre. Trash théorie?
Au-­‐delà du contenu, la forme des Premiers matériaux se prête très bien au travail du Bureau de l’APA et à ses réflexions sur la complexité du monde et de ses systèmes. Tiqqun, en choisissant de mettre le doigt et les poings sur la Jeune-­‐Fille dans un recueil d’aphorismes présentés en tant que «premiers matériaux», est à la recherche d’alternatives à la «doctrine univoque» et laisse transpirer le processus d’élaboration de la théorie plutôt que de s’en tenir au crachat sec d’une théorie figée. Tiqqun parle de «trash théorie» pour parler des fragments, des détours, des fractions et des chemins qui bifurquent et qu’on emprunte vers la démonstration de ce qu’est la Jeune-­‐Fille. Cette façon de faire nous fascine et est à l’image de nos idées sur la démonstration et l’échantillonnage. Le défi pour nous consiste donc, entre autres, à transposer cette théorie en œuvre intelligible, mais sans tomber dans le piège de la narration ou du collage conventionnel. Nous ne voulons surtout pas reformater la force du brut pour le rendre digeste et disciplinaire. Nous voulons transformer le spectateur en observateur et en témoin d’une réalité placée sous une loupe, grossie parce que condensée, mais néanmoins tout à fait réelle. Nous voulons rendre sur scène la « trash théorie », sans la détourner, en faisant en sorte de démontrer par l’expérience ce qu’est la Jeune-­‐Fille ou qui elle est. Notre travail d’écriture et de mise en scène se situe donc dans le choix des aphorismes et dans le travail rythmique plutôt que dans la refonte d’une théorie doctrinaire, ce qui serait allé à l’encontre du travail de Tiqqun et l’aurait rendu beaucoup moins important et essentiel. 2
Texte complet de Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-­‐Fille disponible téléchargeable à cette adresse : http://www.clairefontaine.ws/tiqqun/Theorie.pdf 3
Autres textes du collectif disponibles à cette adresse : http://www.bloom0101.org/tiqqun.html 4
Situationnisme : mouvement d’avant-­‐garde philosophique, politique et esthétique, http://www.toupie.org/Dictionnaire/Situationnisme.htm Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Page 5 sur 7 Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected] RÉSUMÉ Dans une salle de classe poussiéreuse, un professeur au regard impérieux donne une leçon imprécise. Dans les mains des spectateurs, des manuels scolaires passent en revue les aphorismes du recueil Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-­‐Fille de Tiqqun. Le public est guidé dans une sorte de lecture dirigée et obligatoire du manuel à laquelle se coordonnent poésie sonore, performance, danse, quatuor à cordes, muséologie. L'intervention se déroule à la manière d'une journée d'école ponctuée par les cloches, les périodes de lecture, les devoirs, la récréation, les consignes et les règlements. Les «performeurs-­‐écoliers» tentent l’impossible pour faire la démonstration du concept de «Jeune-­‐Fille» mis de l’avant par Tiqqun Nous avons travaillé sur l’école, lieu ultime de toutes socialisations, et antre de l’apprentissage. Nous voulions explorer un univers qui, sans le dater précisément, prend des allures surannées. Il ne s’agit pas uniquement d’un lieu physique, mais bien d’un monde de secrets et de chuchotements que nous créons entre autres avec Simon Elmaleh, musicien électro-­‐acousticien, qui a composé des œuvres originales pour notre création et dirigé le quatuor à cordes qui soutiendra les actions scéniques. La classe qui accueillera le public sera habitée par une installation de Stéphanie Béliveau5 et des objets d’Alexandre Fatta. Avant l’intervention, les spectateurs pourront se recueillir dans le Jardin secret de Claudie Gagnon. LE LIVRE
La dimension visuelle est d’autant plus forte que l’élément scénique qui supporte l’entièreté du commentaire demeure le manuel scolaire que nous avons conçu à partir de bricolages de Mélanie Drouin et de photos de Jérôme Bourque. Avoir un livre, être laissé seul dans la classe, permet au spectateur de vivre une réelle expérience de l’intimité. Le livre nous a semblé être la manière la plus judicieuse de transmettre nos considérations : le spectateur est partagé entre des moments privés et publics, la question de l’autorité est amenée (qui a le contrôle quand je lis un livre? est-­‐ce que je dois réellement suivre les instructions?), les niveaux de présence scénique sont multiples (y a-­‐t-­‐il encore spectacle lorsque les acteurs n’y sont plus?). Ces moments de solitude, qui font référence à la récréation ou à l’étude, sont particulièrement saisissants pour le spectateur demeuré seul. L’utilisation d’un manuel scolaire est donc au cœur de la situation. C’est d’ailleurs ce livre qui constitue le texte du spectacle et qui témoigne le mieux de la nature de la performance qui lui fera contrepoint. LE JEU
Notre façon de travailler le jeu, la prise de parole ou la présence scénique relève davantage de la performance que du théâtre. Nous nous intéressons au « ready-­‐made ». Dans la foulée des réflexions de Duchamp qui faisait des objets manufacturés des œuvres d’art, nous travaillons avec des gens non-­‐
acteurs. Pour La Jeune-­‐Fille et la mort, nous faisons intervenir des gens issus de différents milieux. En faisant porter la parole par des non-­‐acteurs, nous avons l’intention d’approcher une certaine vérité. Pour nous, la justesse du jeu réside dans le fait que chaque prise de parole doit être incarnée. D’ailleurs, nous ne sommes pas des comédiens non plus. 5
http://stephaniebeliveau com
Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Page 6 sur 7 Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected] «La Jeune-Fille sait trop bien ce qu’elle veut dans le détail pour vouloir
quoi que ce soit en général.»
Montage du spectacle. Laurence Brunelle côté et Simon Drouin. Crédit photo : Bureau de l’APA Espace Libre — Cahier pédagogique La Jeune-­‐Fille et la mort Page 7 sur 7 Renseignements : Marie Semel — 514-­‐521-­‐3288 poste 5 — [email protected]